~Biographie~ -Les jumeaux & L'accident-
Cet évènement est celui qui à radicalement changé la vie de Tran, au point de lui faire perdre tout pouvoir mais aussi fait disparaitre l'arrogance qui entravait ses actes.
Avant même de savoir quoique ce soit du monde, on lui découvre à l'âge de 6 ans une capacité à faire usage de magie. Il est trop jeune pour suivre la formation d'un mage et va apprendre auprès d'un précepteur pendant plusieurs année non seulement à contrôler sa magie, mais aussi à lire, écrire, calculer, puis vinrent l'histoire, la géographie et autres enseignements. L'argent pour payer de telles études n'a jamais été un problème, sa famille, de riches marchands de Kendra Kâr, pouvait se l'offrir sans problèmes, quand aux divers professeurs, ils se montraient ravi de partager leur savoir avec "l'enfant-mage". Vers 14 ans il entre officiellement en tant qu'élève à la l'école de magie (une institution ayant aujourd'hui disparu de Kendra Kâr) et à 20 obtient le titre de Mage, bien que ses pouvoirs et son habilité soient déjà bien supérieure à ceux d'un simple mage. Mais le revers de la médaille est aussi sombre et l'autre est brillant: Tran devient trop confiant, fier et finalement: carrément arrogant.
C'est dans ce contexte qu'il reçoit un ordre de mission concernant la magie, que le seigneur de l'époque (Solennel V) adresse aux mages de l'école, voulant prouver encore une fois son talent, Tran se porte volontaire et va jusqu'à exiger qu'il l'accomplisse seul. L'école (comprendre par là le directeur même) finit par accepter, Tran se met donc rapidement en route à la recherche d'un temple abandonné censé se trouver quelque part dans l'est des montagnes de Nirtim, non loin de la frontière du Royaume d'Anorfain.
Il lui faudra 2 mois pour regrouper les informations dans diverse villes et découvrir un possible emplacement qui pourrait abriter un temple en ruines, dans la dernière ville qu'il traverse (il est alors proche du but), à environ 20km à l'ouest de la frontière du Royaume d'Anorfain, il rencontre deux elfes. Deux faux jumeaux, un frère et une sœur, à la recherche du même lieu que lui. Enthis (le frère) et Adraëna (la sœur) sont tous deux doués de magie et ont alors 95 ans, le premier est un ménestrel et la seconde archer-mage. Mais plutôt que de joindre ses efforts aux leurs, Tran, tout à son arrogance, les mets au défi de trouver l'endroit avant lui. Sur de lui, il se met en route et, sous peu, découvre le temple. Il n'en reste plus grand chose, rien ne permettant d'identifier la divinité à laquelle il était dédié, seule une salle taillée dans les parois d'une grotte de belle taille subsiste réellement. Circulaire et percée de nombreuses alcôves sur son contour, par lesquelles on accède grâce à un chemin de pierre étroit qui s'élève au dessus de la vingtaine de centimètres d'une eau sombre qui tapisse le fond de la salle. Laquelle est alimentée par cinq petites et discrètes coulées d'eau tombant en chutes droites et blanches du plafond, produisant en permanence un bruit de clapotis. Au centre, surélevé d'un peu plus d'un mètre au dessus du sol, circulaire et orné d'un côté par une vasque de pierre devant autrefois être un large flambeau, celui de l'autre côté s'étant effondré (il n'en reste que le pied, le reste dépasse légèrement de la surface de l'eau un peu plus bas), se trouve un large promontoire. En son centre se tient un large autel formé d'un seule pierre plate et polie, peut-être si le temps, et surtout l'humidité de l'endroit, n'avais pas parfaitement effacé les traces rouges sang qui la couvrait autrefois, ni fais disparaitre les outils pointus et coupant sous le tapis d'eau, aurait-on pu reconnaitre le caractère sanglant et sinistre de ce qui se passait en ce lieu.
Mais en y pénétrant, la seule chose que Tran remarqua fut les deux jumeaux.. arrivés avant lui. Ils étaient parvenu à trouver le temple moins d'une heure auparavant mais c'était suffisant pour en faire les premiers à arriver ici depuis plusieurs siècles, ils avaient prit pour preuve de leur découverte le seul objet encore reconnaissable de l'endroit: un poignard aux dorures presque totalement effacées et au tranchant émoussé. Furieux d'avoir été devancé, Tran provoque les deux elfes, à grands renfort d'insultes et menaces. Les choses s'aggravent quand, aux comble de la haine, les deux partis s'affrontent. Mais tout prodige qu'il est, Tran ne parvient pas à les défaire ni même à prendre l'avantage: le combat d'équipe des jumeaux elfique est rodé et imparable pour un combattant seul. L'issue penchant clairement pour leur victoire, Tran s'obstine à refuser qu'il puisse être défait, incapable de vaincre il détruit leur trophée: le poignard.
Son geste aurait pu être leur fin à tous les trois, Tran à du mal à se remémorer exactement ce qui s'est produit par la suite mais les images les plus claires qu'il en garde ne laissent pas de place au doute: il se souvient de l'étreinte implacable de l'être bien au delà des simples mortels enserrant sont esprit dans un étau indestructible, prenant possession de lui jusque dans ses pensées. Il se souvient du sol tremblant et de l'eau s'agitant sous eux, des deux elfes se tordant au sol se tenant la tête à deux mains et tremblants de douleur, soumis à la torture mentale et physique. Réduit à un mince rai de conscience caché au fond de lui même, Tran succomba à la culpabilité: tout cela était de sa faute, ils allaient périr tous les trois et ce par la faute de son orgueil, il se voyait trainant de force l'un des elfes vers l'autel et ramasser la lame brisée mais encore pointue du poignard. Si seulement il pouvait disparaitre, mourir, alors la divinité en fureur ne pourrait plus agir à travers lui, mais il ne pouvait pas faire le moindre mouvement de sa propre volonté, maitrisé par la magie surpuissante d'un immortel.
Incapable de faire quoique ce soit d'autre, Tran tourna le pouvoir qu'il avait non pas contre l'être divin qui l'habitait mais contre lui même, réceptacle de l'être en question. Agressant son propre esprit, sa propre âme, avec le peu de force qu'il avait. Il trancha les flux qui faisaient son pouvoir, brisant la source de sa magie en la retournant contre elle-même. Il perdit connaissance en portant le coup fatal.
...
Tran s'éveilla bien plus tard, ignorant combien de temps avais passé. Il était allongé sur le sol froid au pied de l'autel, il se sentait faible, vidé et glacé.. Autour de lui le temple était vide, comme si rien ne s'était passé. Les elfes avaient disparus, probablement étaient-ils partis de ce lieu maudit dès que leurs souffrances avaient cessées, le poignard aussi avait disparu. Il se releva doucement, en tremblant et en titubant pour se trainer hors d'ici. Dès qu'il fut à l'extérieur il tomba à genoux, il se sentais comme si on l'avait éventré, comme si son cœur lui avait été arraché, vide.. et il pleurait, sans interruption, secoué de haut-le-cœur et respirant par à-coup, il n'en finissait pas de pleurer.
Il ne revint pas à Kendra Kâr, mais erra seul dans le nord des duchés des montagnes, s'arrêtant quelques fois dans les petits villages, il utilisait l'argent qu'il avait pour acheter sa nourriture, parfois même il mendiait, dormais aussi loin des habitations qu'il le pouvait et avançait chaque jour un peu plus vers l'ouest, jusqu'au compté de Bouhen puis sur les terres de la république d'Inori. Au fond il fuyait, habité par la honte et le dégout de lui-même, comme s'il pouvait effacer ce qui s'était passé en partant et en oubliant.
Son errance dura, puis se mua en lent voyage, il offrit son aide pour la première fois à un petit hameau en offrant ses possessions à une bande de pillards connus des environs, il fut remercié et resta avec ces gens, la plupart de bonnes personnes, l'espace de quelques mois. Aidant aux travaux routinier: semer dans les champs, réparer une toiture ou entretenir les routes et chemins. Ces jours calmes et simples lui firent du bien, les habitants appréciait cet homme au regard triste mais au cœur chaleureux qu'il était. Puis il reprit son chemin, il se déplaçait au gré de ses rencontres, d'un village ou d'une ville à l'autre, apportant son aide à ceux qui en avaient besoin, ses enseignements lui servant pour la première fois à quelque chose de réel. Il découvrit également que bien qu'incapable de produire le moindre sort depuis l'accident au temple abandonné, il n'en était pas moins capable de découvrir la cause de bien des désagréments d'origine magique ou d'aider à guérir d'un mal dû à un sort, une malédiction ou une simple erreur. C'est ainsi qu'il se lia d'amitié avec un prêtre au grand cœur qui voyageait lui aussi pour apporter son aide où il le pouvait, Tran l'aidait. Le prêtre pouvait aussi bien être sollicité pour une cérémonie (baptême, mariage) que des affaires plus graves que pouvait être la purification d'un mal ou un exorcisme.
Il quitta le prêtre 3 ans après l'avoir rencontré, cela faisait maintenant 11 ans qu'il n'était pas retourné à Kendra Kâr. Il trouva enfin le courage de rentrer chez lui. Il avait été oublié et presque personne ne le reconnu, son père n'était plus mais sa mère et sa sœur se portaient bien et leur retrouvailles après plus d'une décennies fut un moment de pure joie, ils s'étreignirent et Tran ne fut pas le seul à pleurer. Il n'osa jamais leur révéler ce qui lui était arrivé lors de sa mission, ne leur parla ni du temple, ni des elfes, mais racontât le voyage qui s'ensuivit. Sa sœur avait reprit depuis longtemps le travail de leur père et était devenue une marchande reconnue pour son honnêteté mais aussi la fermeté de son caractère, on disait qu'il valais mieux tenter de provoquer un Orque que d'essayer de l'escroquer elle, la première option étant la moins dangereuse. Ce qui fit rire Tran plus d'une fois. Lui-même se rendit à la Tour de Thaumaturgie, l'école n'existant plus et de toute façon il n'aurait jamais osé y remettre les pieds, une seule personne le reconnu. Audart, un autre élève qu'il avait connu à l'école était aujourd'hui un professeur à la Tour, fort heureusement il ne révélât à personne le passé de Tran ni ne le questionnât. Ils devinrent de proches amis et c'est de son plein gré qu'un jour, Tran lui avoua la vérité sur la raison pour laquelle il n'avait plus aucun pouvoir. Audart est la seule et unique personne à qui il à révélé la vérité. Tran a alors 31 ans.
Tran ne devint pas professeur car seul un mage le pouvait mais fut accueilli comme un érudit fort savant, lui et Audart menèrent de nombreuses recherches dans le domaine de la magie. Quand aux jumeaux elfiques, Tran n'a jamais entendu parler d'eux, il ne sait s'il ont tenté de le retrouver, ce qu'est devenu le poignard brisé, qui priait-on dans ce temple ni même s'il sont encore en vie. S'il est une chose que Tran regrette souvent, c'est de ne les avoir jamais revu, plus que tout il voudrait s'agenouiller devant eux et s'excuser pour ses actes.
Et aujourd'hui, 32 ans après, alors que la journée s'annonçait comme les autres, Tran se retrouve au milieu d'un couloir désert, frappé sans avertissement d'une intense douleur, semblable à une vive brulure, au milieu de la main droite. Sans prévenir apparait une marque ronde comme si on lui avait posé un cercle de fer chauffé à blanc dans la paume. Pourquoi? Pourquoi lui qui n'avais plus le moindre pouvoir ressent aujourd'hui l'effet d'une magie venant de lui-même, car aucun doute ne subsiste, il le sent au fond de lui: c'est lui-même qui produit cette brulure.. sa magie.. Et avec elle la crainte et la peur venue d'un ancien trauma mais aussi.. .. l'espoir.
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