L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 28 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Lun 31 Aoû 2009 12:15 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Entrée Est


Image


Chacun se sauve in extremis du Vaisseau-Lune avant que celui-ci ne vienne percuter avec puissance le roc, réduisant le bois en charpie, le Vaisseau en déchets méconnaissables. Des échardes énormes de bois blancs peuplent l’atmosphère aqueuse de ce fond océan, alors qu’Aëlwinn, les yeux troubles et rempli d’une tristesse réelle, regarde la fin de son bâtiment, une fois de plus… Une fois de trop, peut-être.

Tous arrivent près de cette entrée avec la statue de l’homme âgé vous regardant avec un air de défi. Ergoth, armure ailée calée sous un bras, passe l’autre autour des épaules de la capitaine, en signe de réconfort. Gleol est – pour une fois – silencieux, ou presque, puisqu’il bougonne dans sa barbe à travers son masque, ce qui pour lui, est un silence tout à fait exceptionnel. Maelan est assis sur le sol, jambes ramenées vers son buste, tremblant de cette mort à laquelle il vient de réchapper. Son regard est mêlé de sentiments contradictoires que vous ne pouvez percevoir.

Dans les bras de Léonid, un elfe bleu et un chat… Le chat semble inconscient, mais de son masque nouvellement fixé, quelques bulles sortent régulièrement. Il vit, même s’il n’est pour l’instant pas apte à vous suivre dans cette aventure.

Une fois que Silmeï sort de la poche de Léonid, le géant Ergoth s’approche de lui et dépose devant lui la carcasse en armure, avec une expression qui semble être un sourire. Il désigne d’un doigt la cicatrice gelée qui se referme doucement le long de son torse, puis l’emplacement de la petite aldryde, dans le creux de la tête. Aëlwinn s’approche à son tour avec le visage de cette armure.

« Ergoth a raison, sire Silmeï. Cette armure aura plus d’utilité pour vous que pour son actuelle propriétaire, qui ne mérite sans doute pas un cercueil de cette qualité. Mais nous vous laissons choisir si c’est une bonne solution ou non… Je crains que ça n’entrave momentanément vos pouvoirs magiques… »

Gleol, insensible à toute cette scène, et apparemment remis de toute cette bousculade, avance vers la porte close, derrière la statue.

« Bon, on rentre ou quoi ? »

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Mar 1 Sep 2009 16:11 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 23 Déc 2008 19:03
Messages: 318
Tout s'accéléra... Je ne comprenais plus ce qui se passait, Santias ne se réveillait toujours pas et une peine vint à se peindre sur mon visage, éclaboussant le reste des aventuriers qui se trouvaient encore sur le Vaisseau-lune d'une indicible tristesse. Mes yeux regardaient l'animal toujours inconscient, sa vie ne tenait qu'à un fil, celui que j'étais en train de tisser de toute ma bonne foi. Pourtant, nous devions fuir, le navire continuait sa progression, allant toujours plus vite dans cette apocalypse qu'était les fonds marins. Je ne désirais pas mourir, mais, je ne pouvais pas laisser mon chat dans ce chaos, s'il y avait bien quelque chose que je refusais c'était l'abandonner au triste sort qui allait bientôt me le prendre, tout comme moi par la même occasion. Des larmes toujours plus chaudes s'évadaient dans l'eau, échappant à mon emprise, à mon bonheur tari par cette terrible sécheresse... Au fond, tout ce qui m'importait était de sauver un animal... Les autres devaient certainement penser que j'étais timbré, mais ils ne pouvaient savoir ce que je ressentais, c'était mon ami, le seul et l'unique, celui qui ne m'avait jamais abandonné ! Que ferais-je sans son âme ? Pourrais-je survivre, suivre ma voie, mon destin tracé par les mains des Dieux ? Non ! L'impact aurait bien été trop brutal, flagellant ainsi mon corps avec des effroyables orties encore fraîches...
«Non ! Ne pars pas je t'en supplie, je ne veux pas que tu m'abandonnes !»

Mon visage vint se coucher contre le ventre du chat, de mon chat, de ce chat si intimement lié à mon passé... Cependant, je sentis une emprise, deux mains vinrent prendre Santias et me le déposèrent entre mes bras. À ce moment-là, je sus qu'il était trop tard, que le sablier du temps venait de déverser son dernier grain... Nous devions nous en aller avant la collision qui marquerait la fin de toute histoire. Ce fut l'Humain qui me récupéra, fardeau terrible qui aurait pu causer sa débâcle dans ce sauvetage in extremis qu'était le nôtre. Quittant rapidement le pont du navire, nous fûmes offerts à l'océan tout entier, ce monstre d'eau qui nous avalait, cherchant sans doute le goût insipide de nos pauvres personnalités... Néanmoins, quelques secondes après avoir été livrés au bon vouloir des courants, le Vaisseau-lune finit sa course dans un énorme rocher bien plus résistant que la coque en bois du navire elfique. Il ne itplus que des brindilles et des morceaux de planches qui semblaient tout à fait calmes et paisibles à présent. En effet, après la course effrénée contre la pierre, les stigmates du bateau se déplaçaient avec une étrange lenteur dans l'onde encore troublée par ce qui venait de se produire.

Ce spectacle termina de m'achever et me fit sombrer dans une torpeur encore jamais éprouvée auparavant. Tout ceci n'était qu'une illusion, ce n'était pas possible, notre vie avait failli partir en fumée en une fraction de seconde ! Je n'arrivais toujours pas à le croire, j'étais toujours ici, dans ce monde sous-marin... Peut-être n'étais-je pas dans un de mes meilleurs jours, je devais bien le concevoir, mais, tant de difficultés ne pouvaient être réelles... L'Humain continuait d'avancer, de fuir ce cataclysme afin de se diriger vers la citadelle, source certaine de nouveaux problèmes... Malgré tout je devais poursuivre le chemin qui m'incitait à le prendre, je ne pouvais me résoudre à la solitude, cela était bien trop difficile... Et puis ! J'avais encore beaucoup à faire, j'en étais persuadé, les dieux m'avaient fait venir ici, il devait bien y avoir des raisons !

(Oh ! Doux lyrisme de mes sens, approche-moi de la transcendance, je t'en supplie !)

Rapidement, notre petit groupe s'immobilisa, nous venions d'arriver à l'entrée de la citadelle et j'avais la nette impression que notre capitaine voulait nous expliquer plusieurs choses avant de pénétrer à l'intérieur. Puis, reprenant mes esprits, je m'aperçus que des bulles sortaient des naseaux de Santias cycliquement, signe que ses poumons continuaient d'opérer. Malheureusement, son corps minuscule ne devait pas être en mesure de se réanimer aussi facilement, il allait avoir besoin de temps pour récupérer... Je m'en fichais ! Tout ce qui m'importait, c'était de le savoir en vie, éloigné de tout danger... Enfin, c'était vite dit ! D'un bond je sautai, expulsant toute ma joie, tout mon amour pour cette pelote de poils adorée !
«Il est en vie ! Il est en vie !» hurlai-je, répétant ces quelques mots une bonne douzaine de fois !

Pourtant, je ne pouvais nier que si on se retrouvait là tous les deux, c'était grâce à ce jeune Humain qui nous avait empêchés d'attendre tristement sur le pont du Vaisseau-lune. Il fallait le remercier, sinon, il allait croire que je me moquais encore de lui ce qui n'était pas du tout le cas !
«Oh ! Merci à vous Léonid ! Regardez, il respire !» lui montrai-je le chat en le mettant sous ses yeux.

Pourtant, l'heure était grave, nous venions d'arriver devant une entrée, et gagnions ainsi la possibilité de pénétrer au cœur de ce nouveau mystère. En face de nous, une statue imposante représentant un vieil humain s'élevait, le bras en l'air comme pour tenter de nous chasser de ce lieu maudit ! Mais, rien, cela ne m'effrayait pas du tout, après ce que nous venions de vivre, il m'aurait été vraiment idiot de partir en courant en apercevant ce tas de cailloux. Autour de moi, chacun paraissait perplexe, imaginant sans doute le pire ou se remémorant la collision du Vaisseau-lune. Aëlwinn était vraiment atteinte, après tout son bijou venait de sombrer dans les profondeurs et ne reverrait plus jamais le jour... Ergoth passa son bras autour de la Capitaine, geste de réconfort par excellence, quel véritable dandy ! Quant à Maelan... on ne pouvait pas dire qu'il soit dans son assiette et semblait même au bord de la psychose... Il était assis et avait l'impression de méditer sur son sort, sur sa vie qui avait failli le quitter. Ce jeune homme me faisait de la peine, je ne pouvais pas le laisser là et attendre qu'il sombre dans la démence. Et puis, cela me permettrait de garder un œil sur lui au cas où il serait notre ennemi...

(Bon ! Mode psychologue enclenché !)

Je m'approchai de l'elfe, m'asseyant à ses côtés pour tenter de le réconforter du mieux que je le pouvais :
«Maelan, désirez-vous discuter ? Je vous sens un peu perdu...»

De leur côté, Ergoth et Aëlwinn voulaient donner l'armure de l'aldryde à Silmeï ce qui n'était pas une mauvaise chose, cela lui permettrait de gagner quelques tailles et ainsi de se mouvoir plus rapidement. Quant au nain, hé bien, c'était vraiment un nain ! Tout ce qui lui importait c'était de faire la guerre... Gleol voulait déjà entrer dans la citadelle, se moquant de l'état dans lequel nous nous trouvions tous...

_________________

Maître musicien pour vous servir...


Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Jeu 3 Sep 2009 06:01 
Hors ligne
 Profil

Inscription: Jeu 27 Nov 2008 00:40
Messages: 102
C’est dans un concert de halètements pénibles projetant tous azimuts une farandole de bulles au sein de l’océan que je continue de nager à en perdre haleine en direction de ces petites taches floues colorées et mouvantes que je devine être mes compagnons de route, si obsédé par l’idée de sauver mes deux passagers en même temps que moi que je ne prête pour ainsi dire aucune attention aux tiraillements qui me torturent les muscles, ne me résignant à me poser parmi mes camarades que lorsque je juge à leur instar que nous sommes suffisamment loin du navire pour ne pas risquer de nous retrouver hérissés d’éclats de bois, laissant alors choir en position assise un Dôraliës toujours à moitié délirant pour me tourner vers le lieu du sinistre, imitant Aëlwinn qui, en bonne capitaine, garde l’œil sur son navire jusqu’à ses heures les plus sombres.
Et sombre est l’heure du Vaisseau-Lune puisqu’il s’agit justement de sa dernière heure, le fier bâtiment de bois s’abîmant irrémédiablement contre l’irréductible saillie de roc qu’il frappe de plein fouet, la pierre semblant un moment engloutir le bâtiment qui la heurte violemment avant que celui-ci ne vole en éclats en un spectacle formidable à couper le souffle : on dirait une sorte de verre brisé… ou plutôt un feu d’artifices… ou plutôt… en fait, il n’y a pas moyen de comparer quelque chose de pareil ; cette vision est unique, et la sensation terrible de perte irrémédiable teintée de rage que j'en ressens me prend aux tripes. Involontairement, mon regard se porte vers la pyromancienne qui doit ressentir toutes ces choses au centuple comme l’indique sa posture figée et sa tête baissée en signe d’affliction, la présence du brave Ergoth n’étant manifestement pas de trop pour l’aider à ne pas s’effondrer sous le poids de tout ce qu’elle a subi depuis les prémices mêmes de cette chasse au trésor maudite dès son commencement.

(Tu le paieras, Visage.)

Ce serment, je le formule sans qu’aucun son ne sorte de ma bouche puisque j’observe tout comme le reste de l’équipage désormais dépourvu de bateau un silence respectueux, celui-ci n’étant troublé que par quelques bruits sous-marins parasites ainsi que par des bougonnements graves qui ne peuvent qu’appartenir à Gleol l’éternel ronchon, celui-ci n’étant décidément en rien cérémonieux même dans les moments les plus marquants. Enfin bon, cela dit, c’est vrai que ça ne servira à rien de traînasser : la vie continue, et comme l’indiquent les remuements de Silmeï, il est préférable que nous nous bougions plutôt que de rester plantés là à attendre qu’une autre tuile nous arrive, aussi je m’empresse d’aider l’aldryde qui se débat à l’intérieur de ma poche pour l’en faire sortir, le petit être s’empressant d’aller nager en direction du colosse elfique avec qui il a manifestement à s’entretenir comme l’indique l’air relativement incroyablement expressif de ce dernier.
Cependant, je n’ai pas le loisir de m’attarder sur ce phénomène, car mon champ de vision est tout à coup obstrué par une petite masse de fourrure dont l’irruption soudaine me fait par réflexe reculer tandis que des remerciements clamés d’une voix presque hystérique me résonnent aux oreilles. Faisant de mon mieux pour comprendre de quoi il s’agit et mettre de l’ordre dans un pareil tintamarre, je finis par me rendre compte qu’il s’agit du chat de Dôraliës que ce dernier a manifestement réussi contre toute attente à ramener à la vie comme l’indique le souffle dont il est animé. Dans un premier temps, je suis plus agacé que réjoui par cette nouvelle, trouvant que l’eärion pourrait se préoccuper d’autre chose que de son matou, puis je me souviens que pour plus d’un, un animal de compagnie peut avoir une immense valeur sentimentale, et me rends compte en même temps que l’elfe vient de remercier, élément que je m’empresse de rattraper au vol, voyant là une bonne occasion de mieux nous entendre :

« De rien Dôraliës ! Je suis ravi d’avoir pu vous aider. » Lui réponds-je avec tout ce que je peux afficher d’entrain. « Mais allons, ne nous reposons pas sur nos lauriers. » Ajouté-je ensuite raisonnablement.

Car, ne l’oublions pas, nous sommes tout de même à une profondeur inouïe, devant l’entrée d’une espèce de tour géante qui, à mes yeux, pue le mal à cent mètres, et c’est un succès bien modeste en comparaison de ce qui devrait nous attendre que d’avoir réussi à ranimer un humble félidé. Non pas que je déprécie la valeur d’une vie, mais je parierais ma queue de cheval que les harpies de métal qui nous ont attaqués n’étaient que l’avant-goût d’épreuves toutes plus vicelardes les unes que les autres comme seule une entité aussi perverse que le Visage peut en élaborer. Peut-être que tout ce qui nous est arrivé depuis mon irruption même au port m’a rendu aigri, mais le fait est que ne compte pas me laisser marcher sur les pieds ni connaître un instant de repos tant que je n’aurai pas fait passer à notre détracteur le goût du pain pour tout ce qu’il nous a fait subir et pour toutes les pertes qu’il a causées pour ce qui ne semble être rien d’autre que son amusement, l’infâme être se délectant des souffrances d’autrui à la manière d’un gosse pourri gâté qui mériterait bien à tout moins une bonne fessée.
Ainsi, pour ne pas perdre de temps, pendant que le musicien va remettre un peu de cœur à l’ouvrage à un Maelan en état de choc et que les magiciens étudient l’armure subtilisée à nos précédentes adversaires, j’avise Gleol le téméraire qui n’en peut déjà plus d’attendre et nous enjoint de nous lancer sans tarder dans l’exploration de ce qui s’annonce devant nous. Jugeant que l’archer se sentirait plus oppressé qu’autre chose avec plus d’un interlocuteur, que je ne pourrai apporter rien d’utile sur cette considérable mécanique et que Fein peut faire ce qui le regarde, j’en déduis que je serai le plus utile en compagnie du torkin pour aller mener les premières investigations. Tournant ma tête en direction du trio rassemblé autour de l’enveloppe d’acier dans un but assez explicite et ahurissant (mais bon, avec tout ce qui nous est arrivé, « ahurissant » s’est assez galvaudé comme terme) bien que possiblement très profitable, je leur annonce clairement mes intentions :

« Gleol et moi allons ouvrir la marche. Nous vous préviendrons si nous remarquons quelque chose. »

Puis je rejoins celui qui a été mon instituteur, l’accompagnant autant pour lui prêter main forte que pour tempérer ses ardeurs et éviter qu’il ne commette une imprudence, donnant le signe de départ par un simple hochement de tête sur lequel nous nous mettons tous les deux à avancer en direction de la bien inquiétante forteresse, maître et élève côte à côte, les yeux bien ouverts de manière à ne pas être pris au dépourvu par une énième menace. Comme on pourra le deviner, aux abords de cette citadelle des abysses et avec cette statue de triomphe qui paraît se moquer de notre déconfiture, l’ambiance est tout ce qu’il y a de plus pesante, et sans la présence rassurante de Rana, autant physiquement que mentalement, je serais probablement une vraie pelote de nerfs instable. Toutefois, en chemin, autant pour essayer de rendre l’atmosphère moins angoissante que par volonté de rendre à Nimaru ce qui est à Nimaru, je finis par prendre la parole sans cesser de scruter l’architecture environnante :

« Au fait, je voulais vous dire : votre efficacité » Hé oui, ça sonne mieux que « bourrinisme », il faut bien être diplomate « au combat était remarquable. »

_________________
Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Ven 4 Sep 2009 22:34 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Maelan, tremblant, ne relève même pas la tête à l’interjection de Dôraliës. Il se contente de murmurer d’une voix angoissée :

« Continuer, il nous faut continuer… continuer… »

Fein se tient un peu à l’écart, observant la scène d’un air sombre et calculateur… Sans doute cherche-t-il encore à confondre un de ses coéquipiers en l’accusant de traîtrise…

Du côté de Silmeï, Aëlwinn et Ergoth, la situation est moins tendue. Aëlwinn a délicatement ôté le petit cadavre de l’armure de la harpie, et Ergoth tient droit cette-même armure afin que Silmeï puisse s’installer dans l’emplacement prévu pour la contrôler. Le système, après un brin d’observation, semble assez simple à manier. Le grand corps semble obéir simplement aux gestes effectué par l’aldryde pilote, raison pour laquelle tous les membres, tête et ailes comprises, sont attachés en plusieurs points. L’unique difficulté étant de passer de quelques centimètres à plus d’un mètre et demi à diriger…

Près de la porte d’entrée, le Nain se retourne vers Léonid.

« Bah, ces tas d’ferraille faisaient pas de vrais ennemis. Chez nous, dans les montagnes, quand ça castagne contre les Garzoks, ça frappe fort et dur, qu’importe le nombre de ces saletés toutes vertes ! J’me souviens même avoir abattu un ogre géant d’un seul coup de hache ! Boudiou, c’tait l’bon temps ! Y f’sait moins humide… »

Dans ses propos rustres, une certaine nostalgie teint son ton. On sent le mal du pays l’habiter… Il est vrai que, tout nain qu’il soit, il est bien loin de sa patrie d’origine… D’un geste de la main, il chasse quelques pensées et pose ses gros doigts caparaçonnés sur la poignée de la porte.

Mais à peine l’a-t-il effleuré qu’une voix sombre et puissante retentit derrière le groupe :

« Elfes, arriver ici aura été votre dernière erreur. Préparez-vous à mourir ! »

Gleol réagit au quart de tour à l’affront qui lui a été fait, lui qui n’est pas elfe…

« Boup !!! C’est quoi ça encore ? »

Image


L’être se dresse de toute sa hauteur, derrière le groupe. Son armure est impressionnante, mais elle n’est rien à côté de la taille de sa terrible épée, ou de l’aura malfaisante de son bouclier. Son casque ailé protège un visage à la peau pâle. Seules ses dents – mâchoire à nu – sont visibles, et peu engageantes, tout comme la lueur inquiétante qui se réfléchit dans ses yeux. C’est un ennemi puissant qui vous menace, un ennemi plus mort que vivant…

(Ceci sera pour vous un combat libre, combat que je voudrais coopératif. Je veux du travail d’équipe, que vous le prépariez entre vous, en incluant à votre stratégie les PNJ. Je vais vous donner quelques indications sur le combat et son déroulement. Les plus proches sont Aëlwinn, Ergoth et Silmeï. Viennent ensuite Fein, Maelan et Dôraliës, pour finir par Léonid et Gleol. Ergoth se lancera donc en premier dans la bataille, en défenseur de vos vies, et empêchera votre ennemi de vous atteindre le temps que la capitaine aide Silmeï à prendre possession de l’armure de la harpie. Il en perdra hélas la vie… bravement. Fein n’ira pas combattre, se dissimulant discrètement derrière le socle de la statue, et Maelan aura besoin d’encouragements constants pour vous aider de ses flèches. Gleol voudra se battre et suivra les directives de Léonid sur une éventuelle stratégie… Sinon, vous le connaissez, il bourrine… XD Aëlwinn, visiblement terriblement affectée par la mort de son compagnon, n’utilisera pas de sorts pour le combat. Vous sentirez juste une force brûlante réchauffer votre ardeur et vous donner du courage. Elle se battra seulement avec son bâton, avec acharnement et rage… A vous de jouer, donc. Pour les questions, s’il y en a, vous connaissez le topic, ou mes MPs !
Perte de PVs pendant le combat :
Fein : 0
Maelan : 0
Dôraliës : -18 pv
Silmeï : -8 pv
Léonid : -13 pv
Aëlwinn : elle se fait blesser à la jambe, assez gravement, sans pour autant la perdre.
Gleol : monsieur le tank ne subira de dégâts qu’à son armure.
Ergoth : tous ses pv ! Je vous laisse le choix de sa mort… huhuhu.)

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Dim 6 Sep 2009 17:58 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 3 Jan 2009 13:20
Messages: 950
Localisation: Quête 26 - Cellule n°5
Je crois que j'ai perdu connaissance un court instant. Je ne vois que ça pour expliquer le changement radical de ma situation en un clin d'oeil. Je me souviens très clairement avoir senti le Vaisseau-Lune accélérer brusquement. Mes os douloureux se rappellent aussi avoir rebondi sur le pont. Et l'image fantôme d'une falaise se rapprochant à une vitesse terrifiante du navire -de nous!- hante encore ma rétine. D'ailleurs, mon coeur palpite encore violemment de la peur qui m'avait alors paralysé sur le pont: je n'avais pas réussi à m'envoler et allais droit à la broyeuse. Or me voici doucement balloté dans un écrin de tissu, des milliers de bulles dansant autour de moi et me chantant la berceuse de leur création. Et apparemment, loin du bateau, puisqu'il me suffit de tourner la tête pour voir l'immense vaisseau continuer sa course suicidaire droit sur un pic rocheux. Fendant les flots dans un fracas silencieux d'écume sous-marine, le majestueux navire ne semble plus pouvoir être arrêté, même si l'eau elle-même décidait soudainement de se mobiliser pour le stopper. Fasciné malgré moi, je garde les yeux fixés sur la coque scintillante. Jusqu'au bout. Jusqu'au moment où un bruit atroce de craquement retentit sous l'océan, à peine assourdi par les flots. Jusqu'au moment où le Vaisseau-Lune n'est plus.

C'est peut-être bête, -ce n'était qu'un bateau après tout!-, mais je ressens sur l'instant un cruel pincement au coeur. Le Vaisseau-Lune est le premier endroit où j'ai pu passer une nuit sans avoir peur d'être capturé pendant mon sommeil. C'est aussi le premier endroit où j'ai rencontré, parlé, et appris à apprécier d'autres êtres que Kiana. Léonid, ce cher Léonid. Aëlwinn, Eleth et Ergoth, aussi valeureux qu'aimables. Courageux. L'étrange Maelan, le changeant mais néanmoins attachant Dorâliës, le bourru et bourrin Gleol, tous différents et pourtant j'apprécie chacun d'eux. Après un siècle à n'avoir connu que la haine de son prochain, ça change agréablement, tout de même. Comment ça, j'ai oublié Fein? Oui, bon, on ne peut pas aimer tout le monde non plus. Il doit avoir du sang d'Akrilla dans les veines, voilà tout.

Je me rappelle soudain d'une main bienveillante me saisissant au dernier moment sur pont. Je n'ai pas besoin de lever la tête pour savoir que Léonid m'a une fois de plus sauvé la vie. Je vais finir par perdre le compte, à ce train-là. Il faudra que je le remercie. Encore.
(Dis-donc le bouloum, pour être « petit et puissant », tu repasseras!)
(La ferme, la boule de fluide. C'est forcément plus facile de survivre quand on est immatériel, hein?)
Le restant du trajet, je reste les yeux dans le vague et continue de me chamailler avec Aurore, dans un esprit bon enfant bien sûr (n'empêche que si jamais un jour je trouve un moyen de lui botter les fesses...)

C'est donc d'un regard absent que je balaie la citadelle bizarre que nous avons aperçue avant le combat contre les... autres et vers laquelle mon porteur se rapproche rapidement à présent. Notre petit groupe, désormais sans plus aucun moyen de remonter à la surface (je viens tout juste de m'en rendre compte...), un peu orphelin, finit par arriver à l'entrée de la citadelle. Tout en pierre, le décor dans lequel nous arrivons semble appartenir à un autre monde, celui de la surface. Il n'y a pas grand chose à voir, finalement: une place carrée au centre de laquelle se dresse une grande statue de pierre représentant un vieillard imposant. Deux trois algues, par-ci par-là, une absence notable de toute vie sous-marine (bon signe pour nous? Telle est la question), et un peu plus loin, je crois distinguer dans l'ombre une lourde porte donnant accès à l'intérieur du bâtiment.

Léonid touche terre, et pose délicatement au sol Dorâliës, qu'il semble avoir sauvé aussi. Je me fige quelques instants en apercevant le chat de l'elfe, mi-amusé mi-apeuré par l'image qu'offre ce félin masqué. Je profite du fait que mon ami humain soit accroupi pour me hisser hors de sa poche et me laisser doucement glisser jusqu'au sol. Je lui souffle un chaleureux « Merci, Léonid », mais je ne suis pas sûr qu'il m'entende, affairé à veiller à la survie de Santias.

A peine ai-je le temps de faire quelques pas qu'Ergoth vient s'accroupir devant moi avec ce qui semble être une posture ouverte et amicale, trahissant avec un peu de chance la présence d'un sourire sous son masque impassible. J'avoue être profondément touché par ce signe de bienveillance, car je n'ai pas oublié la blessure qu'il a reçue à cause de moi et de mon incompétence. Ah. Apparemment, lui non plus, puisqu'il me la désigne du doigt, avant de me montrer la carcasse de métal abritant le cadavre de la dernière folle. Que suis-je censé comprendre?
(Il veut que tu fasses trois tours à cloche-pied de l'armure en criant comme un singe. Attends. Non, pardon, il voulait dire « comme un bouloum ». J'avais mal compris, désolée.)
Fort heureusement à cet instant arrive Aëlwinn, avec une traduction bien plus fidèle de l'idée d'Ergoth: les deux elfes me proposent de prendre la place de l'aldryde morte.

J'en reste coi quelques secondes. Il est vrai que l'idée est très bonne, surtout pour ma survie, et de toute façon, je suis dans un état de fatigue tel que pour l'instant, il n'est pas question d'utiliser mes fluides. Pourtant... Je ne peux pas dire que ça me plaise de m'installer à la place d'une saloperie d'Akrilla, dans une armure qui a failli nous tuer, moi et mes compagnons. Le souvenir d'une nuit "lupine" passe fugitivement dans mon esprit. A l'époque, je n'avais pas hésité à dépouiller la cryomancienne -morte- de ses possessions. Instinctivement, ma main vient se poser sur la bourse, puis l'aiguille de pin, toujours sagement rangées à ma ceinture, fidèles au poste. Il faut me secouer: l'armure n'est qu'un outil, voilà tout. Au diable son ancien possesseur, et qu'il brûle en enfer pour l'éternité. Je réponds finalement à la capitaine, m'efforçant d'éliminer toute trace d'hésitation dans ma voix:

« Vous avez raison, tous les deux. Je vais l'essayer. »

Il n'en faut pas plus pour mes interlocuteurs, qui s'occupent d'évacuer le corps de... l'indésirable. Je sursaute alors violemment, surpris par les éclats de voix de Dôraliës, qui semble rayonner de bonheur. Je jette un coup d'oeil derrière moi, et constate avec amusement qu'il a sauté dans les bras de Léonid pour le remercier. Même si je l'ai un peu pris en grippe à cause de son comportement avec Fein, il n'est pas un mauvais bougre, et tant mieux pour lui si Santias a survécu (et après tout, j'ai du mal avec Fein aussi. Qu'il sache se servir avec autant de maestria d'une dague m'impressionne, mais sa couardise m'horripile au plus haut point).

Je reporte mon attention sur l'armure et mes deux compagnons devant moi. La place est libre. Je me rapproche du trou béant qui sert de visage à l'armure pour l'instant incomplète, et scrute le dispositif de contrôle. J'avoue que l'opération ne me sert pas à grand chose: je n'y vois qu'un entrelacs incompréhensible de lanières et de filins, où je crois seulement deviner une silhouette aldrydique. L'endroit où je suis censé me placer? Un peu décontenancé, je me hisse à l'intérieur du crâne de métal, et m'écroule dans le tas de lanières. Je crains un instant de m'emmêler dans tout ce fatras, mais étrangement, je me redresse sans trop de problèmes. Plus pour moi-même que pour les elfes qui me regardent, je marmonne:
« Vous croyez que je dois m'attacher à toutes ces lanières? »
Je m'accroupis pour mieux observer le paquet de liens: à bien y regarder finalement, il y a deux types bien distincts de fils là-dedans. Esquissant la silhouette d'aldryde, un nombre respectable de petites boucles en peau quelconque se détache à présent clairement du reste du crâne, uniformément argenté. Alors en passant mes membres à l'intérieur...? Ca alors, il y a même des lanières pour mes ailes! Bon, autant essayer tout de suite. Je tourne mon regard vers Ergoth, qui a toujours une main posée sur l'armure:
« Excusez-moi, pourriez-vous redresser un peu l'armure à la verticale? Je vais avoir du mal à harnacher mes ailes, en position allongée... Merci! » ajouté-je, une fois l'opération effectuée. J'ai noté au passage que pendant le mouvement de l'armure, l'ensemble des lanières a bougé pour que la silhouette en creux d'aldryde adopte la même position assise.

Passer toutes les parties de mon corps à travers toutes ces lanières peut se résumer en mot: laborieux. Et je ne le souhaite à personne. Au cours de la manoeuvre, j'ai découvert des muscles dont j'ignorais l'existence, mais dont la tangibilité fut prouvée par des crampes douloureuses. Quelques (bon d'accord, beaucoup de) jurons se sont faufilé en dehors de ma bouche durant l'opération, et j'espère que mon vocabulaire n'a pas choqué mes compères elfes. La partie la plus délicate a été, comme je m'y attends dès l'instant où je pose les yeux sur la machinerie, le passage des ailes. Finalement, après cinq bonnes minutes d'efforts, je suis fin prêt. Autrement dit, complètement saucissonné de toutes parts. Conseil d'ami, dans cette situation, n'essayez jamais, ô grand jamais, de vous gratter le nez. Surtout quand le masque de fer qui est censé vous protéger n'est pas encore en place. Bref, passons.

Après avoir assuré à Aëlwinn d'une voix tremblante que je suis parfaitement installé (je remercie encore une fois l'impassibilité totale que nous octroient les masques, car à cet instant, je pense afficher un air de totale constipation.), cette dernière remet en place la dernière pièce, ce qui me dissimule totalement à mes compagnons. Planqué ainsi derrière une solide plaque de métal, je pensais que ma vue serait gênée, pourtant je suis bien vite détrompé: je ne sais par quel prodige magique, il me suffit de désirer voir clairement pour le métal devant moi cesse d'être opaque. Le phénomène semble d'ailleurs analogue aux glaces sans tain, car mes compagnons ne semblent pas me voir au travers du masque (je sais, ça vous étonne que je connaisse ça, mais ils ont des trucs comme ça dans l'arbre-communauté de Cuilnen. Ne me demandez pas à quoi servent ces demi-miroirs, je préfère taire cette abominable révélation.).

Me voilà donc assis, à cent mille lieues sous les mers, dans une armure étrange, ficelé comme une bobine de fil tant et si bien que ma fesse gauche me démange sans que je puisse la gratter. J'échange quelques paroles avec Ergoth et Aëlwinn, pour vérifier qu'on peut m'entendre sans problèmes (ce qui est le cas: cette armure est décidément stupéfiante), avant de leur demander de s'éloigner prudemment de quelques pas pendant que je tente de me relever. Bienheureuse initiative. Je peux vous assurer que contrôler un corps dix fois plus grand que le sien n'est pas simple. En particulier quand on ressent à peine le sol sous soi. Bref, pensant devoir mobiliser toute ma force pour me relever, j'ai convulsivement agité mes ailes, ce qui a eu pour effet de déployer sur toute son envergure mon plumage d'acier dans un concert de bulles et de grincements, et qui aurait pu par la même occasion couper en fines lamelles n'importe quel corps à proximité. Il se trouve en fait que l'armure, décidément aussi magique que mécanique, ne demande pas énormément d'effort pour être maniée. A peine quelques pressions sur les lanières, rien de bien méchant. Le gros problème dans le maniement de cette chose, c'est que je n'ai aucune conscience de la taille de l'exosquelette. Inutile de préciser que mon premier pas a été comique, et s'est soldé par une chute presque immédiate, dans un fracas cocasse de boîte de conserve.

Quelques minutes m'ont tout de même été nécessaires pour marcher correctement, et effectuer sans frapper personne des mouvements élémentaires. Malgré tout mon talent, je ne suis pas encore prêt à danser une petite gigue, mais cela fera l'affaire pour le moment, d'autant plus que la petite troupe semble prête à se remettre en marche. Je suis sur le point de rejoindre mon ami humain et Gleol, qui décident d'ouvrir la marche, quand une voix d'outre-tombe (beaucoup trop proche à mon goût) retentit, funeste:

« Elfes, arriver ici aura été votre dernière erreur. Préparez-vous à mourir! »

Oh oh. On dirait que le Visage a décidé de nous envoyer un autre partenaire de jeu! Je déglutis avec difficulté en le détaillant, car on dirait le champion de la mort elle-même. Son armure sombre et épaisse tranche avec la pâleur lugubre de ce qu'on peut apercevoir de son visage, mais est de bon ton avec l'aura qui se dégage de lui et qui me fait autant frissonner que l'éclat terrifiant de son regard inhumain. Car de cela je suis certain, et du premier coup d'oeil: notre ennemi n'appartient pas au monde des vivants. Pire, il semble parfaitement capable de nous envoyer tous six pieds sous terre (comme si nous n'étions pas descendus assez profond!). Le temps se fige imperceptiblement, tandis que chaque camp évalue les forces adverses. Puis le sablier se brise et les événements s'emballent: le combat à mort commence.

En un battement de cils, alors que je suis toujours immobile, Ergoth se trouve déjà au contact avec le chevalier noir, opposant sa meurtrière masse d'armes à la lame noire. Derrière moi, Gleol se précipite en hurlant je-ne-sais-quoi dans sa langue maternelle, et rapidement, tout le monde s'apprête à bondir à l'assaut, moi y compris. Je fixe mes prunelles sur notre adversaire, en train de faire tournoyer furieusement son épée, et serre mes poings. Je m'efforce de repousser le doute qui menace de m'assaillir, car je n'ai absolument aucun idée de mon efficacité au combat avec cette armure, et sans magie. Priant pour ne pas être un poids pour mes compagnons, je m'élance...

...et m'arrête aussitôt, percutant de plein fouet un mur d'horreur. Absurde. Non... Mes yeux m'ont joué un tour. Cela ne peut pas être vrai. Je n'ai pas vu la lame acérée du squelette fendre l'eau à une vitesse létale. Je n'ai pas vu le métal mordre avidement la nuque vulnérable d'Ergoth. Je n'ai pas vu la peau céder, les muscles se déchirer, les os se disloquer sous la puissance du coup. Non, je ne peux pas avoir vu la tête d'Ergoth, presque coupée entièrement, chuter grossièrement sur le côté. Non... Comme pour dissimuler l'atrocité à nos yeux choqués, le sang qui s'échappe en torrents de la plaie se diffuse dans l'eau, tout autour du corps de l'elfe, et forme un nuage sombre. La scène, d'une violence dépassant même la folie du port de Kendra-Kâr se marque au fer rouge dans ma mémoire. Le dernier acte du vaillant Ergoth est joué; il tire sa révérence et tombe sur lui un rideau rouge sang...

Je me retiens à grand peine de vomir. Mon estomac en tête, suivi de près par mon coeur qui se serre d'affliction, tous mes organes semblent violemment protester contre l'abomination dont j'ai été le témoin impuissant. Un gémissement discontinu s'échappe d'entre mes lèvres, pourtant hermétiquement scellées pour éviter à mon estomac de faire des fantaisies. Et les larmes, des larmes faites de détresse pure jaillissent des mes yeux pour se perdre dans les flots environnants. Je suis pris de tremblements incontrôlables, et je n'arrive plus à formuler une pensée cohérente. Mon esprit n'est plus que chaos, tourbillon de couleurs et sons inhumains. L'horreur et le dégoût pulsent, luisant d'une lumière verdâtre écoeurante, et la tristesse retient ses hurlements à s'en étouffer, mais n'y parvient même pas. Elle est tenace, la tristesse, elle ne crève pas facilement. Puis soudain, aussi inexorable que la marée, et dans sa dimension effrayante et meurtrière, un océan de rage roule ses flots tumultueux, rugit, et commence à monter pour tout noyer. L'horreur disparaît la première, d'abord corrompue par le rouge, puis devenue clairement marron, et enfin disparue dans l'océan monochrome. La rage, cette rage que je ressens, n'est pas de celles qui laissent la place aux autres sentiments. Celle-là, elle gobe tout, annihile tout le reste, et emplit l'esprit, hurlant à la vengeance jusqu'à être satisfaite. Alors seulement l'océan refoule, et les dégâts apparaissent, énormes. Les autres sentiments restent longtemps après la décrue des fossiles éclopés. La tristesse, elle, ne disparaît pas vraiment. Elle est temporairement camouflée, car les flots de rage se déchaînent en produisant un boucan sorti tout droit des enfers. Mais elle sera la première à faire entendre ses hurlements silencieux lorsque la rage aura reflué.

J'ai un goût de sang dans la bouche, mais n'y prête pas attention. Je suis tout à la rage, anesthésié. Retentit alors le hurlement d'Aëlwinn, transfiguration même de l'affliction, puissant à en faire pleurer le plus dur des hommes. Mes larmes coulent toujours. Je serre toujours les lèvres. J'ai toujours du sang plein la bouche. Je n'ose pas crier, de peur de souiller mon armure. Aurore est parfaitement silencieuse.

Je suis proprement paralysé, statufié, jusqu'à ce que la voix de Léonid, chargée de la même haine et de la même furie que je ressens, emplisse les lieux pour nous appeler à anéantir le monstre qui a tué Ergoth. Brisant l'étau de stupeur qui m'enserre, j'actionne mon armure pour me porter au plus vite à proximité de mon ennemi. Pendant ce temps, Gleol et Léonid sont déjà au corps à corps, virevoltant en tous sens, frappant à la hache, à l'épée, pour essayer d'envoyer au tapis l'immonde être qui nous tient d'adversaire. La terrible claymore du squelette -ensanglantée- frappe de taille et d'estoc, sans heureusement blesser conséquemment mes compagnons. J'assiste cependant, une nouvelle fois impuissant, au bouclier noir percutant violemment le visage de Léonid. Toujours plus empli de rage à mesure que je me rapproche, je me jure de faire mon possible pour détruire l'ordure.

Soudain nous sommes tous sur lui, dans une furie collective qui ferait craindre pour notre santé mentale. L'entourant complètement, chacun y va de sa contribution hargneuse pour blesser et tuer notre ennemi. Léonid, épée en main, frappant de pair avec Gleol et sa hache. Dôralies harcelant les flancs du monstre, avec ce qui me semble être une grosse paire de ciseaux. Et surtout Aëlwinn, le regard plus meurtrier encore que le bâton qu'elle manie pourtant avec force et fougue. Les coups pleuvent sur l'adversaire, mais j'avoue qu'absorbé que je suis par ma colère, je ne me rends pas bien compte s'ils ont de l'effet ou non. Pour ma part, j'use avec toute ma force et ma haine mes poings d'acier. Frappant dès que l'occasion se présente sur les parties de son corps vulnérables, je me rends bien vite compte qu'ils ont un impact certain (l'armure doit augmenter ma force de frappe), mais négligeable. Gêné par notre proximité, le chevalier noir manie avec difficulté son épée, et joue plutôt du bouclier pour tenter de nous éloigner. Je m'en prends d'ailleurs un coup dans mon abdomen de fer, et titube un instant, manquant de tomber à la renverse. Je n'ai ressenti aucune douleur, mais ai été méchamment secoué, et les lanières collées à ma peau ne manquent pas de la meurtrir férocement.

Je me redresse tant bien que mal, et repars à l'assaut, cette fois-ci m'apprêtant à lui faire tâter de mes tranchantes plumes. Seulement, je ne sais pas si nous nous sommes relâchés dans la cadence ou la puissance de nos attaques, mais le chevalier squelette semble trouver tout d'un coup une ouverture pour manier correctement son épée. Mes yeux s'agrandissent instinctivement lorsque je le vois frapper un gigantesque coup de taille qui me heurte à nouveau en plein ventre-fer, m'envoyant valdinguer des mètres en arrière. A cause du choc, je suis secoué comme un prunier dans le crâne de l'armure, et sans que je me l'explique, mon bras gauche échappe aux lanières pendant ma chute, et je suis projeté à toute vitesse contre le côté droit du crâne, la tête la première. Un cri de douleur m'échappe et je vois trouble quelques instants. Ah génial. J'ai ouvert la bouche, il y a du sang partout maintenant. Zewen merci, je n'ai pas vomi. Je me dépêche de remettre mon bras en place, ignorant la douleur qui pulse dans mon crâne. D'abord tuer l'ordure noire et blanche, geindre ensuite.

J'actionne mes lanières pour retourner au combat. En chemin, j'aperçois Aëlwinn en train de se relever, pas très en forme. Et qu'a-t-elle à la jambe? Mais je n'ai pas le temps de m'appesantir, car au moment où j'arrive à côté de l'adversaire, il a l'erreur de me présenter son dos. Avec un grognement sauvage, je ramène brusquement mes deux ailes vers moi, afin de lancer sur lui une pluie de plumes qui frappe avec fracas son casque ailé et sa nuque. Cette fois-ci, il semble se rendre compte de la douleur (quoique je doute qu'une abomination de Phaïtos puisse ressentir quoi que ce soit), car il envoie immédiatement son bouclier me percuter, sans à peine se retourner. Au moment où je repars en arrière, à nouveau bringuebalé en tous sens, tant et si bien que mon poignet droit se tord douloureusement, j'aperçois avec une sadique satisfaction Léonid lui planter sa lame dans son bras d'arme, handicapant sérieusement l'ennemi. La rage, encore et toujours, et le sentiment que le combat touche à sa fin me fait relever à une vitesse folle pour à nouveau harceler le squelettes de vengeurs et vindicatifs coups d'armure.

Et je crois que nous l'avons tous compris au même moment, si j'en juge par l'ardeur et la fougue avec lesquelles nous nous sommes précipités sur le mort-vivant pour l'anéantir, tels des charognards ayant assez d'attendre la mort de leur future proie. Le squelette devient peu à peu inerte sous la pluie de coups qui le pilonne sans discontinuer. Il n'échappe au bâton d'Aëlwinn que pour être cueilli par la hache de Gleol, ou l'épée de Léonid, ou mes poings, tandis dans un tourbillon chaotique mais étrangement synchronisé, quelqu'un parvient à lui retirer son casque. Son crâne, je ne saurais le décrire tant fut fulgurante la rapidité avec laquelle il explosa sous nos coups... Et nous continuons ainsi, fous de colère, fous de tristesse, à nous déchaîner sur le cadavre, cette fois-ci immobile à tout jamais, du tueur d'Ergoth.

_________________


Dernière édition par Silmeï le Mer 18 Aoû 2010 15:20, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Sam 12 Sep 2009 04:51 
Hors ligne
 Profil

Inscription: Jeu 27 Nov 2008 00:40
Messages: 102
[:attention:] Cette scène de combat inclut des effusions de sang et une mise à mort dont la description pourrait heurter la sensibilité de certains. [:attention:]

A la fois gêné et flatté de mon compliment, le torkin lève son visage dans ma direction, bombant du torse à travers son lourd plastron qui me fait toujours autant me demander comment il peut transbahuter quelque chose d’aussi lourd sans broncher alors qu’il se fend d’un petit discours improvisé sur la piètre qualité de nos précédents adversaires que je n’aurais pour ma part pas demandé à trouver plus féroces ou plus violents, embrayant ensuite sur ses précédents exploits en matière de castagne. M’attendant d’abord à avoir affaire à un récit de faits d’armes en bonne et due forme, je dois avouer que je suis quelque peu déçu de m’apercevoir que ce n’est pas parce que Gleol évoque son sujet de prédilection qu’il se montre pour autant plus virtuose que d’habitude en matière d’oralité, restant aussi gaillardement braillard que d’habitude, ce qui ne m’empêche pas de lui prêter l’oreille, quelque peu rassuré je l’avoue par l’allant de ce guerrier décidément aussi inébranlable moralement que physiquement.
Toutefois, je ne peux m’empêcher de penser que ses propos tiennent un peu trop de la vantardise, la preuve en étant de l’exploit dont il se vante : non pas que je veuille remettre en doute sa force ou son habileté à la hache, mais nom de Rana, abattre un mastodonte pareil d’un coup d’un seul, je le croirai quand je le verrai ! En tout cas, cette volubilité a au moins pour mérite de faire naître un sourire sur mes lèvres jusqu’ici figées par l’anxiété, autant parce que je suis aussi ému que d’habitude par l’attitude empreinte de nostalgie de ce rustaud des montagnes que parce que sa complainte a tout de même quelque chose de comique qui ne peut qu’amuser. Cependant, comme l’indique le geste du discoureur, point n’est le moment de se plonger dans les souvenirs, et il est déjà temps de laisser là les réminiscences pour se consacrer à nouveau au présent, ce que je fais avec le plus grand sérieux, une main posée aussi fermement que possible contre la garde de l’Ongle de Rana pour être prêt à couvrir mon coéquipier au cas où de vilaines choses se cacheraient derrière ces lourdes portes à l’aspect peu rassurant, tout comme l’est d'ailleurs celui de l’endroit où nous nous trouvons dans son entièreté.

Cependant, il s’avère très vite que plutôt que de devant, le danger vient de derrière, et c’est avec les cheveux qui se dressent sur la tête que j’entends derrière moi retentir une voix dont l’écho me glace le cœur, ne me retournant que par réflexe, pétrifié par les tonalités de l’entité monstrueuse qui a fait irruption. « D’outre-tombe », « Sépulcrale », j’avoue que ces termes m'ont jusqu’à aujourd’hui toujours paru quelques peu exagérés pour qualifier le timbre d’une personne, mais maintenant, en entendant ce que je viens d’entendre, je comprends tout à fait le sens qu’ils recèlent : les mots que prononce le nouveau venu paraissent tout droit sortis d’un vieux cliché, et pourtant, la dernière chose dont j’ai envie est d’en rire, tout bonnement tétanisé devant l’apparence de celui qui sera sans nul doute possible notre prochain adversaire, et qui paraît cent fois plus redoutable que les harpies auxquelles nous avons été confrontés.
A peine moins grand qu’Ergoth, même sans compter son casque, le nouveau venu est encore plus redoutablement entouré de plates que Gleol, son armure recouvrant jusqu’aux moindres parcelles de son corps si ce n’est son visage… et le contraire aurait très certainement mieux valu car cet humanoïde arbore un faciès si épouvantablement décharné qu’il ne peut pas être celui d’un être humain normal, ses orbites luisant d’un éclat qui me soulève de douloureuses nausées dans la poitrine et m’empêche de le fixer droit dans ses absences d’yeux. Comble de la terreur, celui qu’on peut très aisément qualifier de chevalier noir tient dans sa main gauche un bouclier orné d’un affreux crâne grimaçant d’allure démoniaque, et dans l’autre une épée de sa taille, le tout avec une nonchalance ostentatoire en dépit du poids considérable d’un pareil équipement.

Si je suis stupéfié, tel n’est pas le cas de mon camarade torkin qui ne cache pas son mécontentement devant le qualificatif dont il a été gratifié, le ton de sa voix se partageant entre étonnement et colère devant la méprise dont il a été victime alors que c’est pour ma part le cadet de mes soucis, mortifié que je suis par l’idée d’avoir à combattre un cauchemar incarné pareil. Oui, je sais, après avoir démonté des femmes-oiseaux sans trop sourciller, on pourrait se dire que je n’aurais aucun mal à me mesurer à d’autres adversaires, et on pourrait également se dire qu’avec autant d’équipiers à mes côtés, je n’ai pas de quoi penser que mon heure est arrivée, mais tout ce que je vois, c’est ce personnage de cauchemar à à peine quelques mètres de moi, et rien qu’à l’idée de devoir croiser le fer avec lui, je sens ma gorge devenir sèche, ne laissant plus passer l’air qui circule en elle qu’avec difficulté alors que les battements de mon cœur s’accélèrent et se désorganisent. J’ai certainement l’air du plus grand des lâches, mais sur le moment, je n’ai qu’une seule envie, c’est de m’enfuir le plus vite et le plus loin possible hors d’atteinte de cette horrible entité, et je ne dois un sursaut de décence qu’à l’intervention de Gleol qui me donne une bonne bourrade dans le creux des reins avant de vociférer :

« Taïaut nom d’Valyus ! »

S’ensuivent alors une bordée de jurons et d’exclamations dans sa langue natale alors que, de toute la force de ses petites jambes, le robuste bonhomme qui, lui, n’a pas froid aux yeux se rue dans la direction de ce terrible opposant, sa hache brandie aussi vaillamment que d’habitude en dépit des circonstances fort peu rassurantes, suivi d’un Léonid timoré qui tient son épée sans grande conviction, n’osant même pas se mettre en avant en dépassant le torkin bien que ses jambes pourraient facilement le lui permettre. Toutefois, en chemin, mon regard croise celui de Maelan, et je vois dans son attitude le reflet de la mienne, le pauvre archer tremblant tellement de tous ses membres qu’il ne parvient même pas à encocher la flèche qu’il serre dans sa main, fixant celui qu’il n’ose pas mettre en joue avec des yeux que l’on devine sans peine révulsés par l’effroi. A voir un spectacle aussi dégradant, certainement similaire à celui que je dois offrir, il me vient un regain de confiance en moi certes forcé mais salvateur qui me pousse à héler l’elfe pour lui crier d’une voix enrouée et tremblotante mais bien audible une seule parole qui veut tout dire :

« Tirez ! »

Grâce à Rana, mon injonction fait l’effet d’un choc électrique sur l’archer, et celui-ci reprend un peu de poil de la bête, hochant frénétiquement la tête tout en reprenant ses gestes avec cette fois-ci davantage d’habileté tandis que je reporte mon attention vers l’infernale créature impie.

Musique

Et là, je sens mon cœur éclater en morceaux en voyant quelque chose de si horrible que je voudrais véritablement plus que jamais que toute cette histoire ne soit qu’un déplaisant cauchemar pour me laisser me réveiller dans la chambre que j’occupe chez mon oncle, à Kendra Kâr : dans un mouvement d’une puissance démente qui paraît attirer à lui tous les regards de par son caractère épouvantablement fatidique, la lame noire du combattant des ténèbres s’abat en un arc de cercle improbable sur… sur le cou nu d’Ergoth dont la chair cède sans résistance face au tranchant de l’arme, se retrouvant pratiquement sciée de part en part, la tête ne tenant plus que grâce à un petit bout de chair dérisoire au milieu d’un geyser de sang d’apparence irréellement vaporeuse.
Tout cela, je l’enregistre en moins d’une seconde, et le plus délirant est que le tout s’exécute sans un son, l’eau calfeutrant le bruit de l’espadon tranchant chairs, veines, nerfs et os comme un voile dérisoirement pudique jeté sur cette scène qui est certainement une des plus affreuses dont j’aie été témoin. Ironie suprêmement sordide, le colosse qui jusqu’ici ne pouvait proférer le moindre son produit désormais des bruits de gargouillis écœurants alors qu’il tombe à genoux, un poing levé face au destin, masse à la main, en un baroud d’honneur face au triomphal vainqueur, l’autre plaquée contre sa gorge dégoulinante. A voir cela, toute trace d’espérance paraît m'être vampirisée, toutes mes émotions sont anéanties sous l’emprise d’une chape d’affliction et d’abattement, les beuglements de Gleol qui n’ont fait que redoubler ne me donnant même pas quelque chose auquel me raccrocher pour éviter de sombrer dans la catatonie.

Mais soudain, attrapant le voile de mon désespoir pour le déchirer en pièces, une autre voix vient se joindre aux cris du valeureux torkin, un hurlement féminin retentissant avec un fracas digne des pleureuses Oraniennes les plus éprouvées : ce hululement poussé par Aëlwinn semble contenir tout le malheur de la race elfique, et me donne l’impression d’avoir la cage thoracique transpercée par son intensité alors que le vernis de vilénie glauque dont je m’étais laissé recouvrir vole en éclats pour me laisser me redresser tout en secondant les deux clameurs de mes propres exclamations imprégnées de haine et de colère. Peu importe ce qui m’arrive, peu importe ce qui nous arrive, peu importe ce que cela pourra bien nous coûter, c’est une injure mortelle que ce monstre nous a portée à tous, et aucun de nous ne se doit donc de connaître le repos tant qu’Ergoth n’aura pas été dûment vengé à la force de nos bras qui s’abattront à l’unisson sur la carcasse damnée de ce trompe-la-mort mortifère ! Rugissant avec tout le coffre que je peux donner, je laisse avec une satisfaction malsaine la rage envahir chaque parcelle de mon être, depuis mes pensées qui se dirigent désormais exclusivement vers l’extermination rapide, pure et simple d’un individu odieux au service d’un autre individu encore plus odieux jusqu’à mon arme dont la lame se teinte en son intégralité de noir, Noir prenant possession de l’Ongle qui semble désormais feuler et cracher à l’unisson avec moi :

« A mort ! Tuons-le ! »

Votre serviteur ayant écopé d’un temps de retard à cause de mon arrêt inopiné, Gleol qui n’a pas cessé de cavaler de toute l’énergie de ses petites jambes arrive au contact de l’hideux avant moi et fait heureusement preuve de plus de discernement que l’étourdi vociférant aveuglé par la fureur que je suis : profitant de la distraction offerte par une flèche de Maelan que l’affreux pare hélas sans difficulté de son pavois d’anthracite, il fait honneur à la technique qu’il m’a inculquée en tirant parti de sa petite stature pour passer sous l’immense épée et bondir hardiment contre son adversaire, creusant dans sa protection un sillon qui part depuis son aine jusqu’au niveau de sa cage thoracique, blessure qui ne paraît extraordinairement pas affecter l’horrible chose plus que ça alors que n’importe quel être normalement constitué n’aurait jamais pu encaisser un pareil choc sans broncher.
Mais de toute manière, dans l’état d’esprit ou je suis, je ne prêterais probablement qu’à peine attention à Thimoros s’il se trouvait à deux pas de moi, et c’est donc en continuant de brailler tout ce qui me vient à l’esprit en un diatribe follement assassin que je me précipite sans discernement sur lui. Bien mal m’en prend, car, faisant preuve d’une vivacité inhumaine, le séide obscur exécute un moulinet qui, en ce qui concerne le torkin roux, ne lui fait pas grand mal, car le plat de la lame s’abat sans dommage sur son casque, mais me cueille au passage, traçant le long de ma hanche un sillon sanguinolent en dépit de la résistance qu’offre l’Empreinte de Rana, l’artefact m’épargnant sans doute tout de même l’éviscération. Quoi qu’il en soit, dopé par l’adrénaline et la colère, je ne prête pas attention à cette blessure dont je ne ressens que des picotement inopportuns, toute mon attention étant focalisée sur ce meurtrier géant en plates que je brûle d’envoyer sur le champ aux Enfers pour de bon.

C’est avec fracas que mon coup porte, la soudaineté de l’assaut ayant joué en ma faveur puisque, n’ayant pas eu le de temps de reprendre une posture plus équilibrée après le coup que Gleol lui a porté, l’antithèse de paladin se fait taillader le menton et la clavicule, mais je n’ai même pas le temps de jouir de ce succès qu’il s’est déjà remis de ce horion, et pare cette fois-ci avec une aisance proprement écœurante la nouvelle attaque que je lui assène, fléchissant à peine tandis que, rageusement, je frappe et frappe encore avec une telle insistance que j’ai au moins le mérite de maintenir occupé son bras droit qu’il doit monopoliser pour me maintenir en berne. Hélas, il s’avère bien vite qu’il ne compte pas en rester à un pareil statu quo, et, concentré sur sa claymore, je ne vois as son lourd écu venir, celui-ci balayant les alentours d’un geste ample qui force Gleol à reculer tandis que le faciès sardoniquement grimaçant dont est décoré le bouclier vient cogner mon visage de plein fouet.
Ironiquement, le masque de celui qui n’a eu de cesse jusqu’ici d’être notre détracteur le plus assidu et le plus retors me protège assez efficacement de l’impact, la surface d’aspect marbré absorbant sans même se fendiller une partie du choc… « une partie » seulement toutefois, et ce qui reste de la puissance du geste se fait bien sentir contre mon front, mon nez et ma mâchoire, me faisant voir trente-six chandelles alors que je tombe à la renverse, à moitié assommé.
Ma perception des choses se réduisant pendant un moment trop long à des formes floues et indéfinissables, je n’arrive pas à discerner ce qui se passe autour de moi, mais je crois sur le moment que je peux remercier Rana d’avoir des compagnons d’arme à mes côtés, car sans leur présence, le chevalier malfaisant aurait probablement continué son œuvre pour m’achever à terre. Le bouillonnement de haine qui m’avait précédemment envahi n’a pas complètement cessé, mais, sous ce coup de semonce sévèrement administré, son intensité a quelque peu décru, étant passé d’une furie purement inconsciente à une ardeur qui me fouaille toutefois toujours autant les entrailles, comme si un brasier tumultueux avait pris naissance à l’intérieur de mon abdomen pour remonter aux cinq extrémités de mon corps et me pousser à me relever sans plus tarder pour me joindre à la bataille qui bat désormais son plein et défaire notre adversaire au lieu de rester étalé les quatre fers en l’air à compter les étoiles.

Rempli de fougue, je me remets sur mes pieds aussi vite que je le peux en dépit des vrombissements qui habitent l’intérieur de ma tête, et, sans faire ni une ni deux, je bondis de nouveau à l’assaut, l’épée brandie, accompagnant mes mouvements tumultueux d’un « Par Rana ! » vindicatif.
Spectacle d’aspect sans doute surréaliste que celui que nous offrons à attaquer à l’unisson : faisant front avec toute la hargne et la dignité dont un représentant de son peuple de costauds peut faire montre, Gleol mouline sec de la hache, cognant et cognant encore de toute la puissance de ses bras épais dont les muscles saillent, tout en abreuvant le salaud qu’il assaille d’injures, d’insultes et d’autres exclamations diverses. A sa droite, Aëlwinn, ayant apparemment laissé tomber l’idée de se servir de ses sortilèges, s’est joint à la bastonnade au mépris de toute prudence, agitant son catalyseur magique reconverti en arme contondante avec une violence dont seule une personne pénétrée de la rage d’avoir perdu un être cher peut faire montre, l’hiniön ne se montrant pour l’occasion pas moins acharnée que le torkin. Du côté gauche, armé de l'espèce de canif aiguisé dont on l’avait pu voir précédemment doté, Dôraliës n’est pas en reste et pique à répétition avec la célérité d’une nuée de frelons, la pointe de métal ne parvenant pourtant pas, malgré tout son acharnement, à entamer la carapace diablement solide de notre agresseur des ténèbres. Mais le plus étonnant se trouve sans conteste du côté de Simeï dont l’apparence consiste désormais en l’une des harpies que nous avions précédemment affrontées, l’aldryde s’étant apparemment plutôt bien adapté à sa nouvelle combinaison de combat puisqu’en dépit de ses mouvements anormalement lourds et saccadés, il enchaîne les taquets, les gnons et les mandales, rudoyant d'importance l’infâme malfrat.

Sur ces entrefaites, je me joins à la danse avec un enthousiasme de carnassier, et le monstre se trouve ainsi littéralement submergé sous les coups tranchants, perçants et contondants qui le harcèlent de toutes parts comme autant de punitions pour l’immonde sacrilège qu’il vient de commettre en immolant le vaillant Ergoth, et malgré l’équipement dont il est doté, il ne peut pas parer toutes ces attaques, et encore moins y riposter efficacement à cause du gabarit de son matériel. Cependant, malgré l’insistance et la violence avec laquelle elle est mitraillée de frappes vengeresses, l’abomination ne faiblit pas, son rictus supérieur se muant en une grimace féroce alors que ses yeux lancent sur l’assemblée des éclats colériques et qu’il ouvre grand la bouche pour vomir de sa voix affreuse aux accents de craquements cadavériques :

« Arrière, rebuts ! »

Et sur ce, il baisse sa garde, cette apparente faiblesse ne se montrant que pour laisser place à une offensive des plus dévastatrice, le géant faisant tourniquer sa gigantesque épée avec une force ahurissante, frappant tout autour de lui avec une telle puissance que de nous tous, seul Gleol s’en sort indemne, devant une fois de plus son salut à ses considérables protections sur lesquelles le tranchant de jais s’abat sans parvenir à creuser au-delà de l’épais plastron d’acier de facture décidément remarquable. En ce qui concerne la Capitaine déchue, une exclamation de douleur s’échappe de ses lèvres jusqu’ici crispées par la résolution alors qu’elle se fait littéralement scier la cuisse de part en part dans le mouvement circulaire, l’altière dame échappant à l’amputation de peu par un bonheur tout de même relatif.
Silmeï, lui, est tout simplement fauché par l’impact qui le choque au niveau du thorax mécanique de la poupée surdimensionnée qu’il manipule, l’énergie cinétique accumulée l’envoyant voler à plusieurs mètres de distance avec, je l’espère de tout cœur pour lui malgré le critique de la situation à laquelle je suis moi aussi exposé, des dommages superficiels du fait du cocon de métal dans lequel il est abrité. Malheureusement pour le pauvre Dôraliës qui est décidément bien plus taillé pour jouer de la flûte que de l’arme, il ne bénéficie pas d’un équipement aussi performant, et à cause de ce défaut matériel, l’attaque n’a aucune difficulté à porter, traçant comme dans du beurre une déchirure dans le tissu de son habit avant de plonger de plusieurs centimètres dans sa poitrine, envoyant le pauvre eärion voler au loin sous la puissance proprement inhumaine du choc ; et la simple pensée que cela pourrait lui être une blessure fatale à l’image d’Ergoth me soulève l’âme d’un grand coup nerveux.

Cependant, je n’ai pas trop le loisir de m’attarder sur son cas, et pour finir par le mien, c’est par un réflexe salutaire que je lève les bras pour abriter mon visage vers lequel le colossal moulinet était au passage dirigé, offrant ainsi la résistance de mes kote contre le tranchant de l’épée qui traverse toutefois ces protections pourtant faites de bon cuir, la lame me tailladant les avant-bras heureusement pas au point de les léser sérieusement, ce qui me permet de refaire face à cet épouvantable agresseur avec des traits grimaçants, la rage encore au ventre et toujours vaillant. Nous sommes peut-être sévèrement amenuisés, mais il ne faut pas oublier que nous devons toujours offrir une juste et prompte rétribution pour la mort de notre compagnon qui n’a pas hésité à donner sa vie pour protéger la nôtre, et c’est avec une vindicte assassine dans la voix que je sonne l’hallali en m’exclamant tout en pointant l’Ongle de Rana toujours aussi pénétré de la teinte de Noir :

« Sus ! »

Alors, par un effet de cohérence de groupe peut-être mû par notre détestation commune de cet adversaire inhumain, et peut-être simplement accidentel, tout se passe très vite, chaque mouvement de chaque membre de l’offensive s’orchestrant à la suite du précédent avec une maestria que l’on ne peut que louer même si l’heure n’est absolument pas aux réjouissances : alors que Gleol, toujours aussi distingué et raffiné à la lutte, continue d’ahaner ses amabilités sans discontinuer, Aëlwinn assène soudain à l’entité maléfique un rude coup de son bâton qui fend l’eau dans laquelle nous évoluons pour venir la frapper par l’arrière du genou, la forçant à fléchir sous l’impact et à faire usage de son instrument de mort pour s’appuyer afin d’éviter de tomber à genoux. Le débordant par sa gauche, profitant de ce moment de faiblesse et de sa taille supérieure nouvellement acquise, Silmeï bat alors des poings et des ailes pour le déstabiliser, le monstre finissant par devoir le repousser de son bouclier pour faire cesser les harcèlements qu’il lui fait subir.
Tout à coup, vif comme une bourrasque, je saisis la balle au bond, et, sous l’effet d’une décharge d’adrénaline instillée par la pensée que c’est maintenant ou jamais, je me place d’un pas de côté rapide à la droite de l’abominable horreur des mers tout en levant haut mes deux bras qui empoignent mon arme presque rugissante et l’abats avec un grognement d’effort acharné, pointe en avant, sur le défaut de la cuirasse en lequel consiste l’articulation au niveau de son coude, la lame vengeresse s’enfonçant avec une aisance impressionnante à travers les chairs mortes de cet adversaire haï au dernier degré, le privant ainsi à ma grande satisfaction sadique de l’usage de son bras droit comme le prouve la mollesse de son membre directeur désormais pendouillant.

Peut-être est-ce alors parce que j’ai la certitude que c’est la fin pour lui, mais je bondis ensuite éperdument sur l’affreux avec une fougue inédite sans me soucier davantage de ma défense que précédemment, criant tandis que je frappe de taille et d’estoc, ne laissant plus que jamais pas la moindre trêve à cet être qui n’en mérite aucune. A ce moment, je dois avouer que le déroulement du combat devient plutôt flou, aussi je ne saurais a posteriori dire avec précision qui a bien pu infliger telle ou telle blessure, ou même qui a bien pu lui porter le coup final tellement de tels détails se noient dans un maelström de destruction confuse. En revanche, ce qui est très clair dans mon esprit, c’est l’esprit de cohésion ravageur digne d’un sabbat de sorcières qui nous habite tous lorsque nous taillons, tranchons et cognons en cœur, déversant de tout notre saoul notre hargne contre le coupable frappé de sentence de mort ; une mort qui ne tarde pas sous la violence des assauts et en dépit des malédictions que ce salaud profère à tire-larigot à notre encontre de sa voix sépulcrale, cela jusqu’à ce qu’une énième attaque d’une rare violence lui brise à moitié le crâne… même si ce n’est pas pour autant que nous nous arrêtons, ivres de vengeance…


Au moment où mes perceptions redeviennent suffisamment claires pour que je me rende compte de ce que je fais, je suis en train de donner un bon coup de pied, autant pour m’assurer que ce maroufle est cette fois un mort-vivant mort que par un dépit haineux des derniers instants alors que Gleol le fend en deux au niveau du bassin, séparant les régions supérieures de son corps des inférieures pour faire bonne mesure. Ce qui me remet un peu les idées en place après ce que l’on peut appeler une furie sanguinaire, ce n’est pas tant la conclusion de l’éradication de notre ignoble adversaire ou le murmure de l’Ongle qui s’est mu en un triste chuintement que des sanglots déchirants qui donnent l’impression d’emplir les alentours en une complainte accablante : Aëlwinn pleure son plus fidèle serviteur dont elle a déposé la tête à moitié arrachée et toujours sanglante sur ses genoux, ayant fermé les yeux au fidèle géant après lui avoir retiré son masque puisqu’il n’en aura plus besoin, le visage d’Ergoth étant ainsi exposé dans toute son émouvante et magnifique dignité qu’il arbore même par-delà la frontière séparant la vie de la mort.
De mon côté, la colère a fait place à une affreuse tristesse de prendre désormais la pleine mesure d’un évènement aussi funeste, et je reste pour ainsi dire cloué au sol, les yeux baissés, remettant en un geste machinal mon arme à la ceinture qui regagne sa place avec un dernier fredonnement funèbre. Ayant toujours peine à croire ce qui vient de se passer, et louant muettement Rana que nous n’ayons eu aucune autre perte car sachant que ç’aurait bien pu être plus que je n’aurais pu supporter, je dois me faire violence pour ne pas m’effondrer sous le poids de tout ce qui vient de se passer, cela s’ajoutant à la rudesse impitoyable des évènements glauques des derniers jours qui me repassent en ce moment un à un en mémoire, depuis le massacre sur les quais jusqu'au naufrage du Vaisseau-Lune en passant par l’explosion de l’Eclair de Roc.

Pour autant, une petite étincelle qu’il serait trop optimiste d’appeler espoir mais que l’on peut nommer courage subsiste en moi, et c’est en puisant dans son éclat que je parviens à me diriger dans la direction de la Capitaine à pas de zombie pour venir poser une main tremblante sur son épaule non moins tremblante, ayant du mal à extirper des paroles de ma gorge qui n’en sortent qu’en des espèces de phonèmes sifflants et rauques :

« … je suis désolé, je… je suis avec vous et… »

C’en est alors trop : vaincu, ne serait-ce que pour un moment, par l’adversité dont le poids se fait définitivement trop dur, je ne peux empêcher ma voix de s’éteindre avant même qu’elle ne franchisse le seuil de mes lèvres, mes sanglots se joignant irrésistiblement à ceux d’Aëlwinn.

_________________
Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Sam 12 Sep 2009 19:11 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 23 Déc 2008 19:03
Messages: 318
Maelan restait plongé dans sa détresse, dans son immensité ténébreuse qui le tirait toujours vers les bas-fonds de son âme. Je commençais sérieusement à douter de moi-même et en particulier de mes suspicions envers Valor... Cet Elfe sylvain n'avait vraiment rien d'attachant et semblait se refuser à créer des liens avec les autres membres de l'équipe... Pourtant, depuis un certain temps déjà, je tentais de lui parler, de savoir ce qui n'allait, enfin, je voulais le réconforter tout simplement ! Néanmoins, Maelan paraissait refuser toutes mes tentatives, comme s'il préférait s'enfermer dans une bulle de déprime, de désolation, le genre de choses qui ne me disait rien qui vaille. Bien entendu, cette quête était sa première grande aventure, tout comme moi d'ailleurs, mais, l'ensemble des événements qui s'acharnaient sur nous n'était pas une raison valable pour qu'il rejette mon aide et mon amitié... Il cachait quelque chose et mon petit doigt me disait que notre adversaire onirique y était pour beaucoup ! Une idée me traversa l'esprit, peut-être qu'il recevait des ordres provenant de cet être étrange, que seul lui pouvait entendre ! Si cela était le cas, Maelan devait terriblement souffrir de cette présence menaçante qui contrôlait tous ses mouvements. Branchant une nouvelle fois mes neurones, je songeai à Valor qui malgré toute sa bêtise et son mépris, restait un elfe blanc... Sans compter son haut statut social qui avait dû lui monter à la tête depuis quelque temps déjà;peut-être que son comportement était naturel après tout et si cela était le cas, hé bien nous n'étions pas sortis de l'auberge !
«Cher Maelan, nous devrions discuter tous les deux, votre comportement m'effraie un tout petit peu... Dites-moi ce qui ne va pas, je vous assure, je serais très heureux de vous aider.»

Heureux, heureux, c'était vite dit ! Si Maelan était bien le traître, tout ce que je pourrais gagner d'un hypothétique lien que je cherchais à créer avec lui était une mort rapide et indolore... Non ! Je garderai un coup d'œil sur ce garçon, ce ne devait pas être un mauvais bougre, et puis, si notre ennemi invisible s'amusait à tirer les ficelles, ce n'était pas réellement de sa faute... Bref ! Un peu de repos, ne me ferait pas de mal, je m'assis sur le sol, gardant Santias inconscient dans mes bras. Son abdomen s'élevait et retombait à un rythme exceptionnellement lent qui semblait ne pas se soucier du monde impitoyable qui l'entourait. Je me mis à caresser son dos, regardant fixement ses poils qui essayaient de s'en aller au gré de l'océan. Ce chat, mon trésor le plus précieux se retrouvait dans mes bras, à l'article de la mort, pris au piège dans un coma profond qui l'empêchait de revenir parmi nous. Bien entendu, je ne désirais pas vraiment savoir comment il réagirait en apercevant cet environnement aqueux... Peut-être serait-il parti en quête de poissons ? Ou alors il aurait pris peur et se serait caché dans un endroit incongru... Pauvre de moi ! J'aurais dû le laisser à Lùinwë chez mes parents, il n'aurait pas eu tous ces problèmes par ma faute...

(Je suis vraiment un idiot de première catégorie ! En même temps, je ne pouvais pas savoir que nous allions nous retrouver à des mètres sous l'eau !)

Pendant que je me laissais écraser par le poids des remords, j'observais les autres aventuriers qui désiraient vraisemblablement aider l'aldryde à revêtir son armure de métal.... Même s'il était évident que cet être frêle serait bien mieux protégé des coups portés par nos éventuels adversaires, je ne pouvais m'empêcher de revoir les harpies démoniaques qui voulaient notre peau... Quelques frissons s'emparèrent de mon corps, me faisant vibrer dans cette eau, me faisant choir une nouvelle fois dans une tombe de cristal, sépulture intemporelle qui m'emprisonnerait à jamais. Pourtant, je devais bien me rendre à l'évidence que nous allions devoir avancer aux côtés de Silmeï vêtu de ce genre de vêtements terrifiants... Bref ! Tant qu'il n'approchait pas trop près de moi ses ailes aiguisées, il n'y aurait aucun problème. Mais rapidement, venant de derrière les fagots, une voix étrangère retentit, un glas profond qui m'immobilisa, me glaça le sang sur place, me transformant en véritable statue de pierre. Son timbre était totalement froid, déplaisant, une aura malsaine de pur massacre émanait de ce son venu d'outre-tombe. Bloqué sur place, je sentais que tout mon courage s'en était allé, que toutes mes forces étaient réduites à néant, détruites, déchirées. Je ne comprenais pas ce qui nous tombait dessus, je crus tout d'abord à une blague idiote de notre ennemi de toujours, mais lorsque je m'aperçus de l'arrivée de l'étrange protagoniste, je me rendis compte que ma vie ne tenait plus qu'à un fil...

«Qu'est-ce donc ?» dis-je dans un murmure...

Un monstre, un guerrier, un véritable chevalier chaotique qui ne demandait qu'à nous réduire en miettes se dressait devant nous. Tout son corps était masqué par une armure de métal, une sorte de mur indestructible qui paraissait infranchissable. Au niveau de ses épaules, il y avait même des pics d'une bonne vingtaine de centimètres, le genre de choses qui ne me disait vraiment rien qui vaille ! Sa tête était même surmontée d'un casque, un véritable chapeau de la mort d'où s'élevaient deux espèces de cornes gigantesques. Quant à son bouclier, alors là, je ne pouvais pas nier l'évidence, il était splendide, vraiment il n'y avait rien à dire ! Même s'il était terriblement effrayant, les ornements qui courraient tout au long de la protection métallique me donnait vraiment envie d'achever cette créature infernale pour récupérer ce pavois indestructible. Mais, cela n'était rien par rapport à son épée, une véritable lame qui faisait presque sa taille ! Cela ne présageait rien de bon, un être aussi teinté par les forces du mal me donnait envie de fuir, pourtant, je n'étais pas un lâche, jamais je ne détalerai face au danger, je n'étais pas le genre de personnes à fuir, ça jamais ! Pourtant, même si ce chevalier avait mis le paquet pour nous faire fondre de terreur, il possédait quelque chose d'étrange, d'inconsistant, comme si ce n'était plus que la dépouille d'une être de chair. Ce pouvait-il qu'il soit mort depuis déjà des siècles ? Était-ce un squelette, le gardien de ce terrible lieu ?

(Qu'allons-nous faire ?!)

Je déposai Santias sur le sol, je ne pouvais pas attendre qu'il se réveille pour aider mes compagnons car cette fois, ce n'était pas un simple combat, nous jouions notre vie, notre fluide vital qui coulait dans nos veines ! Quant à Maelan... hé bien ! On ne pouvait pas dire qu'il soit très enthousiaste à l'idée d'affronter ce cauchemar dessiné par toute la réalité possible et inimaginable ! Non ! Nous avions besoin de toute notre force, même des plus faibles, de toutes les personnes qui se trouvaient avec nous. Mais, Ergoth dans un élan de bonté réagit en héros, en véritable protecteur de notre équipée ! Il fondit sur cette créature modelée par les mains de Thimoros car un monstre aussi épouvantable ne pouvait être né d'une autre personne ! Mes mains tremblèrent, ne sachant vraiment quoi faire pour aider mes coéquipiers, je ne pouvais certainement pas me jeter dans la mêlée comme j'avais l'habitude de le faire depuis le début de l'aventure, j'aurais fini en bouillie... Non ! Le seul moyen que j'avais de survivre était l'utilisation de mon arc et de mes flèches peu transperçantes, mais, suffisamment puissantes pour affaiblir un tantinet cette bestiole cauchemardesque... Enfin... j'espérais avoir la force nécessaire pour tendre la corde...

«Allez Maelan ! Je crois qu'il va falloir que l'on aide les autres ! L'union fait la force !»

De leurs côtés, Gleol et l'Humain se dépêchaient dans l'unique but d'aider l'Elfe muet et musclé, véritable mur de chair face à la force du métal tintinnabulant. L'issue du combat était terriblement incertaine, la vie n'était qu'un passage, un moment iridescent qui ne durait que quelques années par rapport à l'immortalité du monde qui poursuivait inlassablement son chemin à travers le temps. Nous étions si inutiles, si maigres et frêles face à tout cet environnement indestructible sous le joug des Dieux. Non ! Ce n'était pas aujourd'hui que nous mourrions, la vie était un paradis réel, un univers personnel tout aussi intemporel qui celui dans lequel nous vivions et passions notre temps. J'attrapai mon arc, récupérant au passage des flèches qui je l'espérais nous aideraient à en finir avec ce monstre. Faisant tout mon possible pour rester debout et ne pas succomber à l'envie de me cacher dans un trou de souris, je fis face à notre adversaire de métal. Son bouclier à tête de dragon parait les coups d'Ergoth, repoussant la plupart de ses attaques d'un geste empli de force et d'une puissance incroyable... Que faisais-je ici ? Je ne servais strictement à rien, il n'y avait même pas une semaine que j'avais combattu pour la première fois de ma vie et à présent je me trouvais à nouveau en face d'un ennemi invincible ! Mais, sous la sommation de Léonid qui semblait tout aussi frustré par cette bestiole que nous, je tirai ma flèche qui ne toucha point la masse de fer !
«C'est pas vrai !»

Cependant, avant que je n'aie pu reprendre une nouvelle flèche, un crime épouvantable se fit voir par mes yeux horrifié par un tel acte de sauvagerie ! Le géant de métal donna un grand coup tissé d'une habileté invraisemblable dans le le cou d'Ergoth qui fut presque décapité... Seuls quelques lambeaux de chair réunissaient encore son chef à son corps... L'immortel Ergoth, le massif Ergoth, le seul et unique Ergoth n'était plus, partant vers l'univers de Phaïtos qui l'attendait déjà dans son antre. Mon regard se perdit dans un flou le plus total, ce qui n'aurait pas dû arriver se réalisa en une fraction de seconde. Comment était-ce possible ? De quel droit cette chose avait fait ça ! Qui lui avait parmi de l'assassiner, de venir nous détruire alors que nous ne lui avions rien demandé ? Ma tête ne fit qu'un tour sur elle-même lorsqu'Aëlwinn se mit à hurler sachant qu'elle ne pourrait rien faire pour son ami... Le seul être qui semblait le plus invulnérable venait de nous quitter, comment pourrions-nous survivre alors que nous n'étions que de simples novices dans l'art du combat ? Le désespoir m'acheva et me libéra de toutes les traces de joie et d'optimisme qui planaient encore en moi. Notre Capitaine ne se remettrait peut-être pas de ce crime, elle l'aimait peut-être plus que ce qu'elle voulait bien nous faire croire, mais à présent, elle allait devoir faire sans... si nous survivions bien entendu.

«Impossible ! Pourtant... Nous devons faire quelque chose ! Vite ! Tirez Maelan, utilisez tout votre carquois s'il le faut, mais tirez bon sang !»

Jetant mon arc sur le sol, je dégainai mon sécateur, prêt à libérer toute ma colère qui venait de se déverser dans mes veines en voyant le corps d'Ergoth allongé sur le sol dans un brouillard ensanglanté. L'eau avait un pouvoir dispersant, souffrant peut-être elle aussi de cet acte inconsidéré qui venait de couper court à la vie de ce pauvre elfe. Des larmes ruisselèrent sur mes joues, même si je ne le connaissais guère, il avait fait partie de notre aventure et ça je ne l'oublierai jamais ! Foi de Dôraliës ! Mon cœur battait, explosant les chaînes de la peur et du désespoir, nous n'avions plus le choix, nous devions repousser aussi loin que possible nos problèmes et nos craintes. Il nous fallait tenter le tout pour le tout, libérant l'entièreté de notre sadisme intérieur pour faire payer cet affront à cette créature sortie tout droit d'un égout pestilentiel ! J'étais sur le point de déchaîner toute la hargne incontrôlable de mon corps lorsque j'aperçus du coin de l'œil la silhouette de Valor qui se cachait derrière la statue de ce sanctuaire si particulier.
«Fein espèce de lâche ! Regardez ce qui se passe autour de vous pour une fois !» hurlai-je à m'en déboîter la mâchoire.

Comment ce crétin pouvait-il attendre la fin des évènements, nous laissant seul sur le champ de bataille alors que nous venions de perdre un membre de l'équipage ! De son côté l'Humain nous ordonna de tuer ce monstre, ce que nous allions bien entendu tenter de faire... Quant à moi, armé de mon fidèle sécateur, je me mis à courir, laissant derrière moi cet imbécile de Valor qui ne perdait vraiment rien pour attendre ! Il ne s'en sortira pas aussi facilement, il nous le paiera et s'il le faut de sa vie ! Le poing gauche serré, j'étais prêt à frapper, suivant de peu Léonid qui lui-même suivait le nain qui nous devançait tous de ses courtes jambes boudinées... La petite personne frappa de manière peu délicate notre adversaire, donnant de grands coups imparables tant ils étaient rapides. Mais, le géant de métal ne s'arrêta pas là, tentant de décapiter le rouquin de son immense lame... Malheureusement pour lui, l'armure du nain était aussi résistante que la sienne et ne broncha pas lorsque le plat de l'épée vint s'abattre sur son crâne. Dans mon élan, ce coup m'arrêta, un moment de lucidité illumina mon esprit, qu'allait-il m'arriver si jamais j'étais touché par cette créature ? Serais-je un tas d'os sans substance ? Pourtant, ce n'était pas le moment de penser au pire, le mal était devant nous et il me fallait aider les autres aventuriers à éradiquer la menace ! Oubliant cette emprise psychique qui m'incitait à reculer et à partir dans le sens opposé, je me dirigeai peut-être vers la mort.

(Tu vas payer salaud !)

D'un bond, je me mis en marche vers le chevalier chaotique, embrassant par mes pensées mes parents qui ne devaient pas se douter de ce que j'étais en train de vivre. Mon cœur était tout près d'eux, j'aurais aimé les voir une dernière fois avant de peut-être mourir ! Qui leur dirait que je reposais au fond de l'océan ? Personne ! Ils vivraient jusqu'à leur mort dans le doute et l'abandon et tout cela était une nouvelle fois ma faute ! Je m'en voulais, je ne m'étais pas préparé pour une telle aventure et cela me fracassait le crâne d'une douleur insurmontable ! Néanmoins, le combat était entamé, nous devions éradiquer la menace et même si je ne ferais pas grand chose, ma diversion les aiderait peut-être à prendre le dessus ! Le sang battait à mes tempes et pourtant, la haine, toute cette colère que je possédais contre moi-même devançait mes peurs.

«Maelan s'il vous plaît ! Si je dois mourir, allez à Lùinwë et dites-le à mes parents !»

Cette fois, plus rien ne m'empêcherait d'en finir ! Je me mis à courir, hurlant dans ce silence aquatique macabre qui semblait atténuer le moindre des sons produits. Le sécateur en avant, je fis bien attention de ne pas me retrouver face à l'épée gigantesque qui aurait pu me couper en deux ! Le cœur battant la chamade, je pris le sécateur à deux mains et le plantai dans l'armure incroyablement dure de cet être terrifiant. Mais, rien, seules quelques rainures maculèrent la beauté de sa protection, j'étais si faible que rien ne traversa... Autour de moi, tous s'affairaient à frapper, à essayer de tuer, de transpercer la coquille ferrique, même Aëlwinn était apparue à nos côtés, donnant de grands coups à l'aide de son bâton. Elle faisait son possible pour venger son ami et je perçus même l'utilisation d'un sortilège, non contre l'ennemi mais sur nous. À moins que je ne me fasse des idées, la Capitaine essayait de nous redonner courage, enfin... je me trompais peut-être, toute cette adrénaline aurait tout aussi bien pu renforcer nos capacités.

Mais rapidement, la créature ouvrit la bouche, nous ordonnant de reculer... Toutefois, je ne compris pas réellement ce qu'il se passa, le chevalier s'arrêta quelques secondes avant de donner un coup circulaire, frappant tout d'abord la Capitaine, Silmeï et moi ! L'impact fut inouï, une telle puissance n'était pas permise pour une créature aussi sombre et encore moins pour nos ennemis. Pourtant, je ne pus éviter l'attaque, il était bien trop rapide, trop fort, trop agile, alors que de mon côté, je n'étais qu'une poupée de chiffon... Le coup me propulsa même sur le côté, me faisant rouler sur le sol tant il était terrible. Lorsque je m'immobilisai, j'aperçus une blessure qui traversait de part en part mon torse peu musclé. Tout comme Ergoth, la balafre commençait à laisser échapper mon si précieux fluide vital que je ne pouvais retenir par tous les moyens possibles et inimaginables. Je sentais peu à peu mes forces me quitter, la vie disparaissant à jamais de mon enveloppe charnelle. Tout ceci était trop bête, je n'avais plus de force, je ne pouvais me relever, m'alourdissant peu à peu... Pourquoi avais-je été fauché aussi violemment, qu'avais-je fais aux Dieux pour être remercié d'une manière aussi sombre... Était-ce tout simplement la malchance qui m'avait frappé tout comme l'aurait fait un éclair sur une tige métallique ?

«Au revoir Santias...»

À quelques mètres de moi, le combat se poursuivait, les coups tombaient sur l'être indestructible, tentant tout simplement de le chasser de ce lieu taché de tristesse. Mes yeux se posèrent une nouvelle fois sur ma blessure, elle était si profonde, je ne survivrai pas cette fois, il était trop tard... Je souffrais tellement, mes lèvres se crispèrent, mes dents se serrèrent et ma main se referma sur le sable fin... Je me sentais inoffensif, je n'étais plus qu'un tas de chairs inutile et sans force. Le monde semblait se brouiller autour de moi, les poissons avaient quitté ce lieu infernal marqué par la violence et la mort. J'étais seul, abandonné dans un coin comme une sorte de relique néfaste et sans intérêt. Tout ceci me paraissait invraisemblable, la mort était donc si longue à venir... La douleur lancinante ne cessait de fondre sur moi, je ne la supportais plus mon visage devait être crispé, anéanti. Je n'en pouvais plus ! C'était insupportable, mes pensées me fuyaient, me laissant en compagnie de mes nerfs qui allaient bientôt me lâcher... Et rapidement, la douleur s'intensifia, je perdais du sang, toujours plus, la dernière chose que je pus voir fut le champ de bataille filtré par un brouillard écarlate qui n'était rien d'autre que mon sang...

_________________

Maître musicien pour vous servir...


Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Sam 19 Sep 2009 09:58 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
[Sil, tu auras la possibilité de faire le combat dès que tu auras un moment de libre. Je te conseille de poursuivre sur la suite des événements pour ne pas être dépassé et ne plus avoir la motivation pour poster et participer activement à la quête. Il y a de toute façon un petit délai avait que je ne corrige cette partie, tu t’en doute…]

Le combat était terminé, les aventuriers étaient épuisés, blessés, traumatisés par les événements… Aëlwinn s’état trainée, en pleurs, jusqu’au cadavre inerte et étêté de son fidèle Ergoth. L’elfe muet ferait encore moins de bruit, désormais. L’elfe invincible avait été vaincu, sa force de taureau n’ayant pu éviter son équarrissage dans les règles de l’art. L’elfe au tempérament de feu semblait détruite, profondément affectée par la mort de son compagnon, plus que par sa blessure à la jambe, qui entourait le binôme effondré d’un brouillard sanguinolent. Elle ne réagit pas à l’appui mental de Léonid. Une chape de silence et de prosternation est tombée sur le petit groupe. Maelan, lui, s’est rué vers l’elfe bleu, dans un piteux état, inconscient et grièvement blessé à la poitrine. Il a sorti avec une rapidité effrénée et un regard paniqué un onguent crémeux qu’il s’acharne à appliquer directement sur la plaie, stoppant l’hémorragie, formant une croute protectrice qui favorisera sans doute une cicatrisation rapide. Ses gestes, bien que bienveillants, sont saccadés et tremblant, et des larmes invisibles coulent le long de ses marques bleues, sous son masque.

Gleol semble aussi abattu. Totalement silencieux, pour une fois, la tête penchée sur sa hache encore fichée dans le corps inerte de ce non-mort désormais détruit. Il ne risquerait aucun cri de victoire suite à l’exécution d’un si brillant compagnon…
Fein, lui, reste à l’écart, à proximité de la statue, regardant le groupe d’un air sombre. Pendant le combat, il n’a pas dégainé sa lame, restant sous le couvert de la statue de marbre sans se mettre en danger.

C’est alors qu’une voix inconnue, féminine mais impérieuse et impressionnante, résonne aux alentours.

« Voyageurs du Vaisseau-Lune, laissez-moi me présenter à vous. »

Il s’agit d’un personnage étrange, qui fait son apparition par delà Gleol et le cadavre immobilisé. D’apparence humaine, elle est néanmoins pourvue d’une paire de cornes impressionnantes, qui cernent ses cheveux ébène. Elle est vêtue d’un riche uniforme aux couleurs pourpres et bordeaux, relevées d’or. Elle tient à la main un crane, ainsi qu’un simple bâton de bois tortueux. Elle ne porte comme masque respiratoire qu’un demi-masque qui recouvre son nez et sa bouche, de couleur pourpre, lui aussi, et qui semble fait de tissus.

Image


« Je suis la Capitaine, et l’unique survivante de la Voile Noire, ce navire qui a quitté Kendra Kâr parmi les vôtres. Mon équipage a été détruit, et mon dernier héro vient de se faire massacrer par vos soins. »

Elle jette un regard terne et sévère vers la carcasse d’Ergoth.

« Une vie pour une vie… Nous devons poursuivre, et nos destins sont désormais liés. Je vous suis nécessaire comme vous l’êtes pour moi. N’essayez pas de m’attaquer, faibles comme vous êtes… cela ne serait qu’un sacrifice futile et irréfléchi. »

Elle porte alors son regard sur Valor Fein, et poursuit.

« Fein…J’aurais pensé que la Reine de Cuilnen aurait envoyé un élément plus brave. Étrange choix que le votre… »

Il reste silencieux et sombre, alors que la mystérieuse capitaine se tourne à nouveau vers vous, s’approchant du corps inerte de Dôraliës. Maelan recule à son approche, peureux… Elle s’empare alors d’algues et les végétaux marins semblent luire d’une lueur verte et les applique sur la plaie soignée par l’elfe… Tout le corps de l’elfe bleu semble lumer d’une lumière verte pendant un instant, puis la lumière s’éteint… La plaie de son torse n’est plus qu’une cicatrice refermée… Souvenir de ce combat…

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Lun 21 Sep 2009 04:56 
Hors ligne
 Profil

Inscription: Jeu 27 Nov 2008 00:40
Messages: 102
(A quoi bon ?)

Telle est la pensée qui résumé l’état d’esprit de ce pauvre archer Ynorien complètement abattu par les évènements qui viennent de survenir, si occupé à broyer du noir et à se répandre en larmes et en sanglots amers qu’il ne prend stupidement même pas la peine de se préoccuper de ce qui l’entoure à l’image de la Capitaine elfique qu’il essaie vainement et avec d’ailleurs si peu de conviction de soutenir, laquelle s’abîme toujours dans la contemplation éperdue de son plus fidèle lieutenant. Autour du défunt, une chape de silence pesant et sordide est tombée… ou tout du moins, il me semble que c’est le cas, mais dans l’état d’esprit où je suis, c’est à se demander si je pourrais remarquer une charge de garzoks qui passerait à mes côtés tellement je suis occupé à me lamenter indignement de la plus inutile et inefficace des façons sans pour autant pouvoir trouver la capacité ou même l’envie de remédier à cette attitude éminemment négative : ni l’étreinte délicate et enveloppante des artefacts ranaéens, ni l’odeur entêtante et agressive du sang frais mêlé d’effluves salines, ni même le critique de notre situation ne peuvent suffire à me ramener à une mentalité plus alerte et moins défaitiste.
A quoi bon, en effet, vouloir s’entêter à poursuivre avec autant d’entrain désormais, alors que face aux épreuves qui nous sont infligées, nous ne cessons de nous affaiblir, à l’image d’un moineau poursuivi par un corbeau qui voit son plumage et sa chair tendres être maltraités à coups de bec et de serres jusqu’au moment où le fragile volatile se laisse mettre à terre par un ultime picorement qui le laisse exposé au coup de grâce ? C’est… quoi ?! Coup de grâce !? Alors que nous sommes encore tout un petit groupe uni, j’oserais prétendre qu’il ne reste plus qu’à nous porter une estocade facile pour nous faire tous tomber et voir les occupants du fier Vaisseau-Lune être réduits en morceaux impuissants à l’instar du navire à bord duquel nous avons vogué et qui nous a soutenus jusque dans ses derniers instants ? Jamais de la vie, foi d’Archevent ! A l’image de ma grande, belle et forte ville natale d’Oranan, nous devons nous ramasser sur nous-même pour rassembler toutes nos forces et ne pas en laisser échapper ne serait-ce qu’une fraction dans l’attente du moment où nous aurons à faire appel à toute notre énergie pour nous défendre, moment auquel si nous devons partir, nous ne partirons pas sans un combat !

Oui, la vaillance dont j’entends faire preuve ne sera peut-être qu’un masque dont je me revêtirai pour calfeutrer le plus possible les fenêtres de mon âme et ne pas laisser l’insidieux désespoir y entrer, mais un courage feint vaut mieux qu’un abattement véritable : je ne veux pas ressembler à ces chevaux jadis fougueux et hardis, désormais usés par l’âge et la fatigue, si indolents et déprimés qu’ils se laissent recouvrir d’insectes se repaissant de leur chair sans même se donner la peine de s’ébrouer pour les chasser. Je m’accrocherai de toute l’ardeur dont je pourrai faire montre jusqu’aux dernières parcelles d’espoir, même si cela doit relever d’un optimisme qui confine à la folie, car si nous devons mourir, que nous puissions au moins le faire avec la conscience tranquille plutôt qu’en étant hantés par la pensée que nous aurions pu mieux faire. En aucun cas je ne laisserai ce monstrueux Visage qui vient de causer la perte d’Ergoth nous faire du mal sans que j’aie au préalable eu mon mot à dire, et lorsqu’il m’empoignera pour me jeter à bas, je compte bien à tout moins refermer mes griffes et mes crocs autour de sa chair au moment où il se saisira de moi afin de finir ma vie avec la satisfaction d’avoir jusqu’à l’ultime moment freiné des quatre fers contre lui. Plus jamais, plus jamais je ne me laisserai aller à chouiner de la sorte, et même si mon cœur est déchiré d’angoisse et que ma poitrine ne veut plus laisser échapper que des gémissements de terreur, ce seront toujours des harangues qui s’extirperont de ma gorge pour jaillir face à mes compagnons et leur insuffler un peu de cette détermination dont je veux être autant que je pourrai le héraut.

Il semble que cette résolution arrive à point nommé, car à peine l’ai-je prise qu’une voix inconnue retentit derrière nous ; une voix que je n’aurais pas pu négliger même si je l’avais voulu puisqu’il s’en dégage des intonations puissantes et impérieuses qui pourraient imposer le respect même aux plus effrontés et qui me fait me retourner en un demi-tour précipité, ravalant mes larmes dans un hoquet de surprise pour découvrir la nouvelle venue. Et là, je sais bien qu’il est incorrect de juger les gens uniquement sur leur apparence, mais nom de Rana, en découvrant le physique de l’arrivante (des cornes sur la tête, un crâne et un bâton distordu à la main), je ne peux empêcher le terme de « démon » de me sauter aussitôt à l’esprit tant cette… personne s’apparente de désagréablement près aux créatures malfaisantes telles qu’on peut les voir représentées dans les contes populaires, et ce ne sont pas les riches et élégants atours dont elle est parée qui me donnent une meilleure opinion d’elle.
Ainsi, je suppose que ma méfiance sera aisément excusable, et, détournant mon attention d’Aëlwinn que plus rien ne paraît toutefois pouvoir atteindre tellement elle est éprouvée, je me tourne vers la dame cornue, la main à nouveau sur la garde de l’Ongle, prêt à le dégainer pour nous défendre à nouveau s’il le faudra en dépit de la douleur qui me tenaille toujours le corps entier, et plus particulièrement la hanche gauche et le visage où j’ai été le plus touché par le meurtrier fou furieux. Toutefois, lorsque je l’entends dire qu’elle est dans le même bain que nous, c’est avec un grand soulagement que je me détends, étant si éprouvé par les évènements récents que je ne cherche même pas à remettre en doute cette version : évidemment, je n’ai pas vu de bateau dont l’allure pourrait mériter le nom de « Voile Noire », mais bon après tout, ils ont tout simplement pu partir avant nous ; qu’importe au fond à ce stade ?

Cependant, lorsque la seconde partie de sa deuxième phrase vient à mes oreilles encore résonnantes des sanglots déchirants de la pyromancienne, la compassion qui m’était venue en songeant que cette femme est la dernière survivante de son équipée s’envole aussitôt que je l’entends avouer sans le moindre complexe que l’inqualifiable monstre qui vient de nous arracher Ergoth était sous sa directe responsabilité. Pénétré de rage, je fais un effort pour me secouer des restes de la léthargie dans laquelle je m’étais laissé plonger et gonfle ma cage thoracique en même temps que je brandis mon épée pour me précipiter sans réfléchir sur cette salope, n’ayant qu’en tête de lui faire regretter sa cruauté. Pourtant, un obstacle inattendu vient faire tourner court mes velléités et mettre en berne ma furie renaissante, car tout à coup, une sorte de barre de métal inflexible me tape juste sous la cage thoracique, me bloquant le passage en même temps qu’elle me coupe le souffle, me forçant à reculer sans comprendre ce qui se passe.
Mon attitude toute entière reflète une incrédulité que l’on comprendra aisément quand je découvre que celui qui vient de me couper la route de la sorte n’est autre que Gleol : ce farouche et téméraire guerrier des montagnes qui avait auparavant semblé prêt à affronter Oaxaca en personne m’a barré le chemin du manche de sa bardiche, et me fixe d’un regard que je peux deviner dur à travers l’apparence impassible de son masque. Pénétré d’incrédulité, de colère et de déception à la fois, je ne peux qu’articuler des commencements de mots dans le vide, trop gêné par ma douleur momentanée au ventre pour faire preuve de plus de volubilité devant le torkin qui se met tout à coup à s’agiter, se faisant comprendre de moi par signes précipités : pointant successivement du doigt le chevalier des ténèbres et l’elfe muet, il se passe ensuite le tranchant de la main près de la gorge en un geste dont la signification n’est pas difficile à élucider, puis, pour finir, désigne l’impitoyable Capitaine avant de mettre ses bras en croix devant lui, signe universel d’interdiction.

Le temps pour moi de reprendre mes esprits aussi bien que de comprendre ce que le combattant caparaçonné a voulu me dire, mes bouillonnements de rage se sont calmés pour ne plus former que de déplaisants remugles d’animosité profonde et indéfectible, et force m’est de reconnaître qu’en fin de compte, la sagacité de mon instituteur en matière de rapports de force est à louer. Après tout, c’était bien lui qui, malgré toute la hargne dont il avait fait preuve lors de son arrivée à bord du Vaisseau-Lune –y compris à mon encontre !- avait su faire taire ses ardeurs devant l’incinération dont Aëlwinn l’avait menacé, et maintenant, malgré son indubitable envie d’en découdre, il s’efforce de se montrer aussi raisonnable : en effet, si celui qui n’était qu’un des hommes de cette garce cornue nous a mis dans un pareil état, celle sous le commandement de laquelle il était serait fort bien capable de nous annihiler tous, ou à tout moins de nous infliger des pertes au moins aussi lourdes que son lieutenant.

Ainsi, contraints et forcés, nous devons bien ronger notre frein comme l’approuvent les paroles dédaigneuses de notre persécutrice qui font écho à mes pensées, et j’utilise le pluriel, car je sais que Gleol au moins est du même avis que moi si j’en crois l’insistance avec laquelle il fixe l’intruse, les doigts si crispés sur le manche de son arme qu’il n’est que trop visible que cela le démange de la déchaîner contre la rescapée de la Voile Noire… et il m’est avis qu’il ne sera pas exagéré d’étendre cette humeur à l’entièreté de notre groupe, excepté pour Fein qui se coule comme un serpent à nos côtés pour la toiser du haut de tout son orgueil. Ah celui-là… ah celui-là ! Oh ! Oh l’infâme, l’abject scélérat, l’ignoble et déshonorable grouillot, il ne s’est pas privé de se mettre vite fait à l’écart dès que le danger s’est trouvé être un tant soit peu trop grand à son goût, et ce malgré son aptitude certaine au combat comme l’ont indiqué ses faits d’armes contre les harpies !
Si je ne me retenais pas, je l’étriperais sur place ce putois puant, mais le fait est que nous avons mieux affaire, l’hiniön bénéficiant d’un sursis justement grâce à celui qu’il haïssait le plus parmi nous, l’état de Dôraliës s’avérant effectivement bien trop préoccupant pour que je puisse me soucier d’éviscérer l’ambassadeur dans l’immédiat : si la dame aux cheveux de feu est durement éprouvée mentalement, l’homme aux cheveux d’eau l’est physiquement, et je ne m’aperçois que maintenant que j’ai été bien stupide de ne pas faire d’abord un tour d’horizon de notre équipée avant de me préoccuper de ce qui me sautait le plus aux yeux. D’autant que je puisse en juger, les jours du musicien ne sont dans l’état présent des choses pas en danger, le pauvre ayant par bonheur bénéficié de soins relativement efficaces de la main de Maelan comme l’indique le pot qu’il tient à la main et dont il continue d’appliquer le contenu avec des gestes frénétiques.

Et tandis que Gleol et moi nous approchons de concert pour dire notre façon de penser à la cornue, je peux la voir aussi bien que l’entendre avec stupéfaction adresser la parole à l’elfe confit d’orgueil comme si elle le connaissait de longue date, suscitant en moi de nouveaux élans d’indignation et d’incompréhension. Alors comme ça, môssieur l’envoyé de la Reine s’est acoquiné avec des pratiquants des arts obscurs ? Dès que le moment sera venu, je peux dire qu’il va m’entendre celui-là, et que si nécessaire, je le secouerai comme un prunier jusqu’à ce qu’il veuille bien lâcher la réponse qui nous est due !
Mais pour l’instant, nous avons d’autres soucis sur les bras, l’apparemment nécromancienne se penchant sur le corps de l’eärion mis à terre pour se livrer à je ne sais quoi sur lui, et à la simple pensée qu’elle pourrait vouloir le faire passer par les mêmes rituels que son dernier serviteur récemment « massacré par nos soins » afin d’en faire à son tour un mort-vivant servile et de le mettre à son service, ma main saisit l’avant-bras de la dame pour l’en écarter de Dôraliës. Pendant ce temps, l’archer aux yeux bleus, de toute évidence terrifié, se recule précipitamment, et je dois avouer qu’il n’a peut-être pas tort, car alors qu’elle applique les plantes sous-marines rendues fluorescentes par je ne sais quel magie, je sens la peau de l’étrange femme vibrer d’une énergie à ce point surprenante que je lâche instinctivement très rapidement prise. Mais, contrairement à ce que je redoutais le plus, avant que je n’aie le temps de me maudire pour ma couardise ou de faire d’ailleurs quoi que ce soit d’autre, je peux voir le sortilège de la magicienne faire effet, lequel referme en un rien de temps et le plus admirablement du monde la blessure pourtant profonde… blessure que son propre comparse vient d’ailleurs d’infliger !

Stupéfié devant la maestria de celle que je peux difficilement appeler autrement qu’une sorcière, je ne pipe mot tandis que la susmentionnée me fixe d’un regard peu amène qui me fait me sentir parfaitement stupide, n’ayant certainement pas apprécié ma tentative d’empêchement. Perdu, je reste un moment planté là au milieu de la tuerie récente avec un air sot plaqué sur le visage bien que celui-ci ne puisse heureusement pas se voir, ma fureur s’étant en partie évanouie devant les évènements tout récents qui m’ont définitivement déboussolé plus que jamais. Toutefois, très rapidement, à force de me poser des questions, celles-ci s’entremêlent en un écheveau si inextricable que, excédé, je choisis bien rapidement de le trancher plutôt que de tenter de le défaire, décidant en fin de compte de faire abstraction de mes interrogations les moins importantes pour me concentrer sur les nécessités les plus vitales, me rendant bien compte qu’il nous faut plus que jamais presser le pas dans cette incroyable course infernale vers l’avant ; et pour commencer agrémentant mes paroles d’un geste catégorique, je m’adresse au terrorisé :

« Maelan, allez vous occuper d’Aëlwinn, et de Silmeï si besoin est. » Ordonné-je d’une voix impérieuse qui ne me ressemble pas, mais que je n’utilise que pour masquer le profond désarroi agrémenté de désespoir et d’immense lassitude dont je ferais autrement montre.

Poursuivant dans ma résolution, je fais à nouveau face à notre nouvelle alliée par la force des choses, et divulgue d’une traite, d’une voix des plus intelligible bien qu’anormalement hachée :

« Je suis Léonid Archevent. A mes côtés se trouve Gleol Mirr’Brathass. Celui que vous venez de soigner se nomme Dôraliës. A l’intérieur de l’armure mobile, il y a Silmeï. Notre Capitaine est Aëlwinn, et celui qui vient d'être tué… » Mes yeux brillent à nouveau d’une envie de vengeance nette et rapide à cette mention, mais le poids des évènements récents à tôt fait d’engloutir une pareille émotion, que je le veuille ou non. « …s’appell…ait Ergoth. Vous connaissez Fein à ce que je vois. »

Finissant ma phrase, je lance à l’intéressé un coup d’œil qui en dit long, et il y a fort à parier que si j’avais eu des poignards à la place des yeux, ce furoncle blanc aurait été aussitôt transpercé de part en part sans espoir de guérison pour nous avoir caché tant de choses et pour avoir fait preuve d’une telle lâcheté. S’il avait été un soldat Oranien, il aurait très certainement été exécuté sur le champ, mais nous ne sommes –malheureusement- pas au cœur d’un corps d’armée Ynorien, et il va donc falloir que cette ordure s’en tire à bon compte si je ne veux pas créer un énième tumulte au sein de notre groupe qui menace littéralement de s’effondrer d’un moment à un autre tant le ciment qui nous unit est fragile et peut fort aisément se dissoudre à la première occasion de discorde. Mais bref, pour finir, je plante à nouveau mon regard dans celui de l’inconnue, et, faisant à grand-peine preuve d’une certaine cordialité, je lui tends la main pour l’inviter à la serrer ainsi qu'à se présenter, mon ton reflétant assez ostensiblement une amertume que je ne cherche même pas à dissimuler puisque je sais bien que n’importe qui d’autre parmi nous la ressent :

« Je vous ai divulgué nos noms ; à vous de nous donner le vôtre. Je suppose que vous n’avez pas plus envie que moi de perdre notre temps en longs discours, aussi je propose que nous mettions nos différents de côté et que nous scellions simplement un accord d’entraide d’une poignée de main afin de promettre d’œuvrer de concert pour nous unir contre celui qui nous persécute et faire en sorte de nous en défaire. »

Très belles paroles Léo, mais franchement, la situation est quand même merdique : notre Capitaine est à moitié catatonique, notre bande s’est vue amputée d’un membre supplémentaire (et un des plus valeureux qui plus est !), nous devons par la force des choses nous allier à quelqu’un qui nous ne connaissons ni de Gaïa ni de Phaïtos, et l’un d’entre nous est un salopard fini. Mais le pire dans tout ça, c’est que je m’en moque à moitié, ou plutôt que je sais bien que je dois m’efforcer de m’en moquer à moitié si je ne veux pas devenir complètement fou et me faire le seppuku sur le champ pour abréger mes souffrances, la situation étant devenue à ce point désastreuse désormais que tout ce qui importe est de continuer coûte que coûte jusqu’à l’aboutissement de cette quête de malheur.
J’avoue que je n’aurais jamais cru que je pourrais en arriver à un tel point, mais force m’est de reconnaître que même si l’on fait preuve de la meilleure volonté du monde, on ne peut pas toujours faire en sorte que les choses se passent comme on le voudrait ou qu’elles ne se passent au moins pas trop mal. Je suis peut-être en train de devenir cynique pour me dire ça, mais j’imagine que c’est ce qu’on veut exprimer en disant que les voyages forment la jeunesse, car pour être formé, je suis formé, à l’instar d’une pièce de métal rougie au feu sous le marteau de ce cruel forgeron qu’est la vie : tout frais émoulu de mon entraînement d’archer, je n’ai cessé d’être bringuebalé plus ou moins contre mon gré d’aventure en aventure, et je m’aperçois maintenant plus que jamais que, de jour en jour, j’y laisse de ma nonchalance juvénile pour gagner en fermeté ce que je perds en insouciance et en innocence… reste à espérer que je n’y perdrai pas mon âme.

_________________
Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Mer 23 Sep 2009 22:08 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Maelan, subitement tiré de son angoisse de cette nouvelle apparition par les ordres de Léonid, s’exécute prestement, trop heureux d’avoir une tache confiée pour ne plus penser ou réfléchir à la peur qui lui étreint les entrailles. Il fonce vers Aëlwinn, qui semble trop affectée physiquement et mentalement pour s’insurger de la présence de la curieuse capitaine rivale. Gleol, quant à lui, préserve son attitude méfiante, mais reste silencieux, aussi étrange que ça puise paraître pour un membre de sa race aussi encré dans les traditions…

La cornue, par contre, répond de manière dédaigneuse et supérieure au Soldat Oranien.

« Notre accord est déjà passé, humain. Nul besoin d’un serment ou de pacte futile. Je vous suis seulement parce que vous êtes ma seule chance d’atteindre mes buts, et vous m’acceptez parce que vous ne pouvez vous permettre de répandre davantage votre sang malmené. Quant à mon nom, je ne vois pas à quoi il vous servirait. Je n’ai d’ailleurs pas demandé les vôtres… Je connais en effet Fein, cette raclure de nobliau de Cuilnen… »

Elle a un regard sans pitié pour l’intéressé, qui s’insurge du haut de sa pédanterie.

« Cessez vos persifflages médisants, sorcière ! Vous ne nous abuserez pas de vos tours. Sire Archevent, ne voyez aucune bonté dans cette démone, elle ne peut rien apporter de bon. Je nie tout rapport avec elle. »

Le regard de la cornue se fait tranchant, alors qu’elle scrute l’elfe blanc.

« Valor, ne dites pas de sottises, nous nous connaissons bien plus que vous ne le faites entendre… Oh mais… Sans doute n’est-ce pas avantageux pour vous de le faire savoir. Après le combat que vous venez de négliger, votre posture doit être délicate au sein de ce groupe… N’est-ce pas, humain ? Fein n’a-t-il pas été distant, hautain et malveillant, depuis Kendra Kâr… à quoi ce lâche vous a-t-il donc servi, pendant tout ce temps ? Et comment se fait-il qu’il soit encore en vie ? »

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Jeu 24 Sep 2009 03:36 
Hors ligne
 Profil

Inscription: Jeu 27 Nov 2008 00:40
Messages: 102
De seconde en seconde, plus le temps passe tout dernièrement, et plus j’ai l’impression de tenir entre mes mains les ficelles de notre équipée et de tirer désespérément dessus pour en maintenir le tout en une cohésion qui se fait de plus en plus difficile à mesure que la situation gagne en tension et en horreur : Aëlwinn tétanisée, Dôraliës sur le carreau, Ergoth l’arme à gauche, Fein aussi inutile et malfaisant que d’habitude, Maelan au bord de la crise de nerfs, Silmeï sous le choc… et bien entendu Léonid complètement excédé par la situation. Par bonheur, au milieu de ce que l’on pourra fort légitimement nommer un foutoir sans nom, Gleol est le seul à sembler conserver un minimum de sang froid et d’intelligence, le guerrier se montrant décidément homme de contraste pour l’occasion puisque après avoir grommelé et pesté sans cesse aux premiers moments de sa présence parmi nous, le voilà désormais qui se fait la sentinelle vigilante et muette de nos agissements, rôle que je lui suis intensément reconnaissant de remplir et qui m’apporte un réconfort bienvenu en ce moment de grande affliction.
Pour autant, la réponse dégoulinante de superbe de la nouvelle venue n’en fait pas moins mouche pour m’énerver encore davantage, et sur le coup, j’avoue que je ne sais pas ce qui me retient de me jeter sur elle pour l’étrangler jusqu’à ce que mort s’ensuive en rétribution de ses agissements autant que pour me défouler un bon coup… l’instinct de survie certainement, étant donné que même à ce point excédé, je n’ai pas plus envie qu’à l’ordinaire de me jeter dans les bras de Phaïtos. Outré par le dédain de celle qui ne pourrait pas être plus en tort et qui mériterait bien de passer à la trappe au même titre que son sombre séide auquel elle ne paraît d’ailleurs pas accorder la moindre attention, je passe toutefois une fois encore l’éponge pour ne pas jeter de l’huile sur le feu, et me contente d’aligner mes bras le long de mon corps en une attitude de stoïcisme fragile alors que j’ouvre la bouche pour lui expliquer la nécessité de connaître nos noms au cas où il serait nécessaire de nous appeler les uns les autres en situation de crise.

Hélas, comme en un concours de méchanceté, la larronne n’a pas manqué de se saisir de mes propos au sujet de l’émissaire de Cuilnen pour se les approprier et les lui envoyer en pleine figure avec une vénénosité qui est sûre de ne pas passer inaperçue aux oreilles du fat personnage. Et de fait, l’imbécile ne manque pas de tiquer et de se mettre à se récrier avant même que j’aie pu avoir ne serait-ce que l’occasion d’en placer une, clamant à cor et à cri son innocence sans se priver de persifler au passage contre la « sorcière » avec cette verve haineuse que je lui connais, manifestation de hargne qui ne fait que renforcer ma lassitude et mon agacement. Bien entendu, il aurait été trop facile que les amabilités en soient restées là, et c’est presque avec désabusement que je vois la balle passer à la cornue pour être encore une fois ardemment renvoyée, celle-ci me prenant pour le coup à témoin en m’agonissant de persiflages hypocrites à la manière d’un courtisan avide de renverser ses pairs afin de garder tout le crédit pour lui.
Nom de Rana, mais ces deux-là sont-ils à ce point aveuglés par leur rancune et par leur méchanceté naturelle qu’ils ne se rendent pas compte d’à quel point la situation nécessite plus que jamais que nous nous serrions les coudes plutôt que de nous cracher les uns à la figure des autres à la manière de chats en plein règlement de compte ? Ou bien ils sont complètement idiots, ou bien ils jugent que s’occuper de leurs rancunes personnelles vaut mieux que de nous concentrer sur l’idée de sauver ce qui peut encore l’être (ce qui revient à mon sens au même), mais le fait est que de mon côté, je ne l’entends pas de cette oreille, et ai bien l’intention de ne pas me laisser entraîner dans un petit manège aussi sordide. D’ordinaire, fidèle aux préceptes de sagesse que m’a inculqués mon si bon père qui me manque en ce moment plus cruellement que jamais, j’aurais fait en sorte de régler la situation à l’amiable, mais en l’occurrence, je suis face à deux oiseaux de mauvais augure dont le ramage pourrait épuiser la patience d’un ange, aussi je ne me gêne pas pour leur exposer mon point de vue de vive voix :

« Cessez tous les deux ! Au point où en sont les choses, je me fiche que Valor soit aussi lâche et irresponsable qu’un nourrisson, et je me fiche que La Cornue soit aussi venimeuse et cruelle qu’une vipère ! Nous avons mieux à faire que de nous écharper ! »

Voilà qui est lâché, et au regard que me lancent de concert les deux gredins, je peux aisément deviner qu’ils n’ont pas apprécié mes doux mots d’amour, ce dont je n’ai cure puisque mon intention n’était pas d’entrer dans les bonnes grâces de l’un ou de l’autre mais de mettre les points sur les i. Si se disputer de la sorte n’est pas une chose constructive à faire en temps normal, c’est une activité qu’il est d’autant plus conseillé d’éviter dans un moment aussi tendu que celui que nous vivons, et je tiens bien à ce que cela entre dans le crâne de ces deux réfractaires : que cela leur plaise ou non, nos destins sont mêlés à partir de maintenant pour ne pas dire depuis le début, et la meilleure conduite à aborder reste donc de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Je me suis moi-même fait à l’idée que nous sommes pris dans un tel panier de crabes que la chose la plus sensée à faire reste de nous efforcer de percer la nasse qui nous emprisonne, alors si un jeune étourdi comme moi y est parvenu, des adultes comme eux y arriveront bien également ! Cependant, au cas où je n’aurais pas été assez clair, je prends soin de bien enfoncer le clou d’une voix cette fois-ci moins criante, ayant troqué un fort volume contre des tonalités reflétant une franchise glacée induite par ma détermination à aller coûte que coûte jusqu’au bout du parcours :

« Entretuez-vous donc si ça vous chante : Valor, vous avez bien montré que vous faire justice la dague en main ne vous dérange pas, et La Cornue, puisque la vie a si peu de valeur à vos yeux, tuez-le donc. Réglez vos comptes comme vous voudrez, mais pour l’amour de Rana, laissez les autres en dehors de ça et gardez plutôt votre haine pour le Visage qui est plus que quiconque le coupable à châtier dans cette histoire. »

Certes, la dénomination de « La Cornue » pourra fort bien déplaire à l’intéressée, mais je n’aurais pas eu à avoir recours à une telle appellation si elle m’avait donné son nom : j’aurais bien choisi quelque chose de moins stigmatisant, mais puisque c’est le trait physique qui ressort le plus distinctement chez elle, j’ai choisi sans réfléchir plus avant. Quoi qu’il en soit, me détournant des houspilleurs, je m’empresse de plier bagage pour un départ le plus prompt possible, allant chercher le dénommé Santias, le chat étrangement masqué, toujours inconscient, pour le glisser avec autant de délicatesse que possible dans le sac à dos de son propriétaire, la tête proéminente de manière à ce qu’il puisse respirer. Quant à son maître, l’attrapant au niveau du bassin et du buste, je le charge sur mes épaules, son estomac reposant sur mon propre sac, surpris au passage de me rendre compte de l'aisance j’ai à le soulever : peut-être, conformément à ses dires passés, ai-je plus de muscle que je ne le pensais, peut-être l’eärion est-il aussi léger que son physique fluet le laisse à penser, peut-être que l’eau rend de tels transports plus faciles… toujours est-il que, bien droit, je m’approche d’Aëlwinn sur laquelle je vois que Maelan s’est affairé avec succès, glissant toutefois au passage et à haute et intelligible voix à l’étrange magicienne aux cheveux de jais :

« Je vous remercie d’avoir soigné Dôraliës. »

Dans mon ton, nulle rancœur, nul cynisme, ni rien qui aurait pu faire croire que ces paroles avaient été prononcées à contrecœur : certes, je n’ai pas cette invitée surprise en odeur de sainteté, mais ce n’est pas pour cette raison que je ne reconnaîtra pas ses mérites à une aune aussi juste que celle que j'utilise pour juger ses méfaits. Quoi qu’il en soit, cette fois-ci, je n’ai plus aucune envie de prendre racine en un lieu peuplé de souvenirs d’aussi tristes actes, aussi je prends la précaution de ne pas m’attarder sur la vision du corps cruellement marqué d’Ergoth pour éviter de perdre à nouveau mes moyens, ayant déjà suffisamment de mal à soutenir la sensation des volutes sanguines ambiantes sans me laisser aller à un haut-le-cœur. A voir cette pauvre femme fragile que reste au fond la Capitaine de Vaisseau-lune au même titre que n’importe quel être de chair et de sang, je me sens encore une fois l’envie de partager sa souffrance, d’oublier la quête insensée dans laquelle nous nous sommes tous lancés pour rester à ses côtés et pleurer la mort du vaillant hiniön jusqu’à ce que nos larmes nous apportent peut-être quelque soulagement… mais je m’agrippe de toutes mes forces à la résolution de vaillance que j’ai précédemment prise et pose désormais fermement ma main sur l’épaule de la pyromancienne pour m’adresser à elle d’une voix aussi soutenue, encourageante et pénétrante que possible :

« Aëlwinn, nous devons y aller. C’est ce qu’Ergoth aurait voulu. Venez. » Je dois l’avouer, j’ai un peu flanché sur la fin, aussi compense-je cette faiblesse passagère par une accentuation compatissante de ma prise contre le tissu qui recouvre la chair de la dame elfique, puis je me détache d’elle pour la laisser réagir, poursuivant plus haut de manière à être entendu de tous : « Nous repartons sur le champ. Maelan, aidez Aëlwinn au besoin… » Me penchant dans sa direction, je le toise aussi directement que je le peux avec ces masques qui nous recouvrent le visage, faisant de mon mieux pour fixer avec insistance les prunelles exceptionnellement bleues de l’archer, comme pour lui instiller de mon courage, et lui murmure presque : « … je vous fais confiance. »

Puis, catégorique, je me détourne du groupe et prends une inspiration toujours aussi miraculeusement filtrée de l’eau avant de me remettre en route, reprenant le chemin que moi et Gleol avions précédemment suivi, excepté qu’auparavant, l’ambiance n’était pas aussi désastreusement morose… et que je ne faisais pas office de monture pour Dôraliës bien entendu. A mes côtés, le torkin qui est resté aussi silencieux que précédemment me suit toujours comme mon ombre, et, de la même manière que je n’ai pas manqué de glisser un mot d’encouragement à mon confrère de profession, je profite que nous soyons momentanément un peu isolés du reste du groupe pour grommeler avec beaucoup plus de franchise, n’étant pas content de me départir pour une fois d’un parler soigneux :

« Quel merdier… je ne suis pas fâché que tu sois parmi nous Gleol. »

Oui, je me suis mis à le tutoyer, mais étant donné qu'il le fait depuis longtemps, je peux bien lui rendre la pareille, et de toute façon, étant donné notre situation, j’estime qu’il n’est pas déplacé de faire preuve de familiarité : après tout, avec l’allure qu’a prise notre équipée, lui ainsi que Silmeï sont comme devenus mes fidèles lieutenants ! A cette pensée incongrue, je me rends alors compte qu’en m’étant efforcé de reprendre les rênes de notre expédition, j’ai possiblement bien involontairement adopté le rôle de meneur puisque Aëlwinn est en ce moment trop éprouvée pour le remplir, et à cette pensée, je ne peux m’empêcher de me fendre d’un sourire qui n’a absolument rien de joyeux, uniquement suscité par une forte nervosité empreinte d’ironie qui me ferait bien me laisser aller au rire si une telle manifestation n’était pas de nature à me faire passer pour un fou, ce que nous sommes peut-être tous en train de devenir avec les épreuves que nous avons traversées.
Quelle absurdité ! Moi, Léonid Archevent, le plus jeune membre de tout le groupe, qui n’aurait jusqu’à hier pas donné un yu de ses aptitudes de commandement, me retrouve littéralement à la tête d’une escouade hétéroclite d’aventuriers ; et au fin fond des mers qui plus est, rien moins que ça ! Non, vraiment, ça frise l’absurdité la plus criante, et si les douleurs, aussi bien physiques que mentales, que j’éprouve toujours après le combat que nous venons de mener ne me rappelaient pas sans cesse à la réalité, je pourrais une fois encore croire que tout cela n’est qu’un mauvais rêve. J’ai beau aborder la tâche que nous sommes en train d’affronter avec le plus grand sérieux, et en restant toujours aussi alerte que lors de notre première approche, je ne peux pas m’empêcher de me sentir aiguillonné par un sentiment d’invraisemblance qui va d’ailleurs se dissipant au fur et à mesure que nous revenons au contact de la colossale tour, l’ampleur de cette construction sous-marine n’étant pas pour évoquer les pensées les plus folâtres.

En tout cas, pour dire les choses simplement, cette chasse au trésor, c’est vraiment n’importe quoi.

_________________
Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Sam 26 Sep 2009 16:05 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 23 Déc 2008 19:03
Messages: 318
(…)

Une lumière, le souffle de l'air marin.

(…)

Arrivais-je enfin dans le monde aux âmes errantes de Phaïtos ? Était-ce une nouvelle épreuve qui m'attendait au bout de ce long et tumultueux chemin ?

(…)

Des voix amis résonnaient près de moi, mon âme devait s'élever, bientôt je pourrais observer la scène des yeux de mon aura... Au fond, ce n'était peut-être si mal que je ne survive pas à cette chasse au trésor, je n'avais pas l'étoffe des héros, des puissants magiciens et érudits qui marchaient poings et pieds liés à la surface du globe et qui pourtant réussissaient à s'en sortir avec les honneurs.

(…)

Adieu sombres vicissitudes, adieu joie, adieu amour, adieu si belle nature, adieu Santias... Tout simplement adieu...

(…)

Pourtant, les mots sonnaient tellement bien, tout me semblait terriblement réel, était-ce un tourment éternel ? Pouvoir sentir la vie des autres sans jamais pouvoir la tenir entre mes mains ? Quel comble ! Pourtant, je n'avais pas fait preuve d'une si grande négligence vis à vis des Dieux et des gens qui m'entouraient... Mais, je ne pouvais nier ma médisance à l'encontre des nains, envers ceux qui nous maudissaient pour des combats ancestraux... Toute cette haine n'était qu'une punition, ils le méritaient bien après tout...

(…)

Malgré tout, l'obscurité profonde dans laquelle mes sens se noyaient, se détruisant inexorablement l'un l'autre, ne semblait pas empreinte de mort, mais, simplement de tristesse et de fatigue. Autour de moi, aucune âme errante, il n'y avait même pas l'ombre d'Ergoth qui avait pourtant dépéri quelques minutes avant moi. J'étais seul, enfermé dans un cercle de solitude indestructible, cette cage ténébreuse serait sans doute mon logis jusqu'à la fin des temps...

Cependant, une puissance étrange me parcourut le corps tout entier, c'était une énergie féroce, implacable, redoutable, le genre de puissance qui ne pouvait être contrée que par une énergie égale, presque divine. J'avais l'impression que mon cœur arrêté s'était remis à battre, d'abord, lentement, propulsant ainsi le liquide vital dans mes veines et mes artères, puis de plus en plus vite. Les pulsations résonnaient dans mes tempes, mon pouls était de retour, plus vrai que nature ! Les fourmis qui engourdissaient mes doigts semblaient se dissiper, retournant sans doute dans leur tanière pour passer l'hiver, un hiver qui je l'espérais serait long... très long. Au fil du temps, tout mon corps se remettait à vivre, à retrouver sa vitalité récemment disparue... Mes paupières s'ouvrirent lentement, permettant ainsi d'observer le spectacle et l'arrivée d'une nouvelle personne. Ah ! Quelle étrange créature ! Était-ce la missionnaire de Phaïtos, envoyée pour me ramener dans un monde où le temps signifiait éternité ? En tout cas, elle n'avait pas l'air d'être vraiment marrante et ne plaisanterait pas si jamais je lui racontais une petite blague amusante... En attendant, je me retrouvais sur l'épaule d'un Humain qui apparemment n'avait pas envie de s'attarder en ce lieu. Je me mis à remuer pour lui faire comprendre que j'étais sorti de mon horrible coma, puis je descendis et restais debout, encore fébrile...
«Me... merci...»

(Aïe mon crâne ! Ça doit être le contre-coup...)

Mais, le visage de la puissante et mystérieuse créature dissipa aussitôt mes maux de tête, se faisant ainsi prendre d'assaut par une multitude de questions. Étions-nous tous décédés ? Car bien entendu, autour de moi étaient présents, l'Humain, Silmeï, Aëlwinn, enfin tout le monde ! Excepté Ergoth qui gisait toujours sur le sol près de la carcasse du monstre de métal qui nous avait affrontés... Tout ceci était dément, je n'arrivais pas à réaliser l'absurdité des événements car si je comprenais bien ce qui se passait, cette femme venait de me sauver la vie, à moins que ce ne soit un autre membre du groupe... Pourtant, ses cornes de bélier qui surmontaient son crâne et la tête de mort qu'elle portait dans sa main renforçaient l'idée que je me faisais de cette petite parvenue : elle était démoniaque ! Oui, mais alors, pour qu'elle raison m'aurait-elle sauvé ? Voulait-elle que je lui rende un service ? Avait-elle fait preuve de bonté en voyant mon corps suinter de tous les côtés ? Non ! Ce ne pouvait être cette chose remplie de mystère qui avait guéri ma mortelle blessure. En tout cas, cela ne me disait rien qui vaille et je préférais donc tenter de me relever, au cas où une tuile nous tomberait encore sur le coin du visage. Et, puis Santias avait encore besoin de moi, je ne pouvais le laisser seul dans son état, je ne voulais pas le perdre non !
«Heu... Je ne sais pas qui m'a aidé, mais, je lui en suis très reconnaissant.»

Mais, rapidement, je me tus, empêchant les mots de sortir de ma bouche, cette créature informe me faisait peur, je ne voulais pas qu'elle vienne me parler, ça non ! J'étais persuadé qu'elle voulait simplement s'amuser avec nos os, jamais je ne lui laisserai ce loisir ! Après l'arrivée du nain, voilà que nous allions devoir continuer notre route avec une nouvelle brebis galeuse, nous n'avions vraiment aucune chance... Qu'en était-il des autres navires ? Avaient-ils eu autant de problèmes que nous ? Quand même cela était invraisemblable, autant de malchance ne pouvait arriver qu'au vaisseau des elfes cela allait sans dire... Puis, reprenant peu à peu la totalité de mes esprits, j'observais les membres du Vaisseau-lune qui se trouvaient tous dans un piteux état, à commencer par la Capitaine qui n'était plus que l'ombre d'elle-même... Apparemment, la mort de son tendre chevalier servant l'avait atteinte plus que quiconque ne l'aurait pensé. Toutes ces attaques étaient une véritable sanction, un mal de plus qui nous détruisait de l'intérieur ! Comment vaincre notre ennemi invisible qui s'amusait à nous torturer l'esprit ? Nos forces s'amoindrissaient à chaque instant, nos muscles dépérissaient aussi vite que notre moral se réduisait à néant.

En plus de ça, nous venions de perdre un aventurier, nous n'arriverions donc pas au bout de l'aventure en un seul morceau... Dommage ! Cela aurait pu être véritablement un honneur et puis nous ne pouvions nier l'évidence : Ergoth était certainement la personne la plus puissante du groupe et celle qui nous avait sauvés plus d'une fois... Bien ! Nous n'étions peut-être pas condamnés mais, les dangers continuaient de rôder autour de nous et cela était vraiment angoissant... Si nous devions voir apparaître une bestiole étrange à chaque fois que nous nous arrêtions un instant pour reprendre des forces, il était clair que nous n'arriverions jamais à devancer les autres concurrents... En attendant, je déambulai maladroitement vers le lieu où j'avais quitté mon chat, mais à ce moment là une déchirure réveilla complètement mes sens encore en sommeil. Santias n'était plus là, il avait disparu, il s'était volatilisé, il m'avait abandonné ! Non ! Ce devait certainement être Valor qui l'avait tué, juste pour me faire souffrir une nouvelle fois, à moins que ce ne soit cette femme étrange qui avait vu dans l'animal une aubaine ! Oui, ce devait être cela, elle l'avait éviscéré pour jouer avec les os de mon si tendre ami !
«Aaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh ! Santias ! Il a disparu !»

Mon cri fut strident, une alerte éclatante qui me transperça même les tympans, je ne bougeais plus, figé sur place, mon cerveau fonctionnait à toute allure, cherchant un indice insoupçonné qui aurait pu me confirmer mes doutes. Je n'en revenais pas, toutes ces terribles émotions qui s'abattaient sur ma personne allaient certainement avoir raison de moi ! Non, je ne pouvais plus continuer dans cette intense psychose, c'en était trop !

_________________

Maître musicien pour vous servir...


Dernière édition par Dôraliës le Dim 4 Oct 2009 11:46, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Dim 4 Oct 2009 10:43 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 3 Jan 2009 13:20
Messages: 950
Localisation: Quête 26 - Cellule n°5
Tel le sang qui s'échappait des carcasses de fer, ma fureur suinte peu à peu hors de mon armure, tandis que l'accablement la remplace, m'enserre et m'écrase. Comme dans un cauchemar, je revois la lame sombre s'abattre au ralenti sur Ergoth, notre Ergoth, et le casser en deux avec une violence indescriptible. Ergoth, notre cher et silencieux compagnon, assurément le meilleur d'entre nous, notre sauveur un nombre incalculable de fois. Le colosse est tombé, sa mort creusant dans chacun de nos coeurs un fossé d'affliction noire et tourbillonnante. L'intensité de ma peine me fait redouter celle que doit ressentir Aëlwinn. La voilà à présent seule; sans équipage, sans navire, sans compagnon. Elle devra désormais porter seule, avec un coeur lourd et une jambe meurtrie, son existence. Si je n'étais pas aussi choqué et atteint par l'atrocité du moment, je me précipiterais sur notre pauvre Capitaine afin de lui donner toute la compassion possible, mais de toute façon, je doute que toute la compassion du monde fasse quelque chose pour cette âme écartelée.

Perché dans ma coque de fer, je me sens comme coupé du monde. Les hurlements de douleur d'Aëlwinn me parviennent de manière étrange, détournée, comme avec de l'écho, y ajoutant encore plus de poids et de pitié, ce qui me fait intensément frissonner. Ce nouveau choc psychologique qu'est la mort d'Ergoth porte un nouveau coup hargneux à ma stabilité mentale, qui décidément aura été mise à rude épreuve durant cette quête de fous. Ah, cruel Visage, j'espère que tu te délectes de notre douleur, parce que lorsque nous te trouverons, nous nous repaîtrons tels des ogres, ricanant, de la souffrance, que dis-je, de la géhenne que nous t'infligerons! Oh, Ergoth... Toutes les lanières qui enserrent mon corps ont laissé de profondes marques sur ma peau, témoins de la folie meurtrière qui m'a pris à la gorge, et qui m'a poussé à déchaîner ma violence d'une manière tellement barbare que j'ai craint d'y laisser ma raison. Que je suis heureux d'avoir eu à disposition cette armure, qui m'a permis d'exprimer toute ma violence vengeresse! Chaque os cassé par mes poings était une onde de soulagement indescriptible.

Et je reste ainsi, immobile, tandis que de macabres images dansent dans mon esprit. Je ne prête pas attention à mes compagnons, les survivants. J'ignore combien de temps je passe à fixer l'étendue bleutée d'un oeil vitreux. Je sais seulement qu'une voix autoritaire et inconnue me sort soudain de ma torpeur, dans un sursaut de boîte de conserve, et je m'empresse de me tourner en direction de ladite voix. J'essaye de ne pas apercevoir le cadavre mutilé d'Ergoth, cependant notre visiteur arrivant derrière lui, je ne peux empêcher mon regard de déraper sur le douloureux spectacle. Je finis cependant par détailler le propriétaire de la voix, ou plutôt la propriétaire. Un air hautain plaqué sur un visage humain au teint pourpre, de riches apparats, une belle paire de cornes perchée sur son crâne et un crâne perché sur sa main, voilà comment la décrire en quelques mots. Le plus intéressant ne vient pas de son apparence, quoique laissant subodorer une puissance au moins aussi importante que celle d'Aëlwinn, mais de ce qu'elle annonce en s'avançant: j'ai en face de moi la capitaine du vaisseau noir qui était parti sans encombres du port, largement en avance sur nous! Eh bien, on peut dire que je l'avais oublié, celui-là. Mais bon, au vu de toutes les saloperies qui nous sont arrivées, on m'excusera.

La capitaine cornue nous expose alors sa situation, et là, mon sang de fait qu'un tour: c'est à cause d'elle et de sa saleté de squelette qu'Ergoth est mort! Rageur, je fais un pas dans sa direction, tout cliquetant, puis m'immobilise. A quoi bon l'attaquer après tout? Je suis tellement épuisé que l'armure me porte plus que je ne la porte, et puis je doute de faire le poids face à l'étrange nouvel arrivant. Mais ce qui me fait surtout stopper net dans mon avance, c'est qu'elle s'adresse à Fein avec ce ton qu'on réserve aux vieilles connaissances, bonnes ou mauvaises. En parlant de Fein... Cette raclure est restée bien planquée pendant le combat! Si seulement il avait pu mourir à la place d'Ergoth. Immonde pédant poudré.
Je reste à distance respectable de la conversation, laissant le soin à Léonid de parler à la Cornue, comme il l'appelle. Cette dernière s'agite soudain, ramassant des plantes bizarres un peu partout aux alentours, avant de les appliquer sur le torse blessé de Dôraliës. Nom d'une Akrilla, je n'avais même pas remarqué qu'il était blessé! Bon ben trop tard pour m'inquiéter maintenant, tant pis. Merci madame la Cornue. J'entends ensuite assez distraitement Fein, Léonid et la nouvelle échanger quelques propos houleux, avant que le jeune humain ne reprenne une nouvelle fois en main les rênes de cette aventure, réconfortant Aëlwinn, motivant Maelan, puis chargeant sur son dos le pauvre Dôraliës, et se mettant en route aux côtés du redoutable nain.

(Il a raison, nous devons nous remettre en route. Toutes ces morts n'auront été que vaines, sinon. Et il faut faire payer le Visage.)
Je me rends compte alors que c'est la première pensée cohérente que j'arrive à "articuler" depuis la mort d'Ergoth, et n'en suis que plus troublé. Aurore, toujours présence réconfortante dans mon esprit, m'encourage doucement:
(Oui, Sil', il a raison. Allons-y.)

Je regarde quelques instants encore d'un air absent le groupe meurtri qui se remet difficilement en marche, mes compagnons pour le meilleur mais surtout pour le pire: en tête de colonne se trouvent Léonid et Gleol, échangeant à voix basse d'un air las; puis viennent Aëlwinn, soutenue par Maelan et Fein (sans commentaires); enfin la Cornue se met en marche, fermant la procession digne d'un enterrement qui se dirige d'un pas résolu vers la prochaine catastrophe qui la guette avec un rictus cruel au coin d'un couloir. J'actionne sans trop de difficultés les différentes lanières pour mettre en marche mon corps d'acier, rompu à sa manipulation grâce à l'apprentissage express qu'a été le combat. J'ai l'impression de bondir à chaque enjambée, et rejoins en quelques pas métalliques la Cornue, avant de marcher à ses côtés.

Pour l'instant, je n'ai guère envie de retrouver mes compagnons, je ne veux pas affronter l'affliction d'Aëlwinn, ni reconnaître dans le regard de celui à qui je m'adresse la même douleur qui teinte l'éclat du mien. Pour l'instant donc, je marche aux côtés de la capitaine de la Voile Noire, qui finalement se retrouve aussi seule qu'Aëlwinn. Puis, poussé par un instinct que je m'explique pas, peut-être est-ce juste dans le but de ne plus penser aux évènements atroces qui fouraillent mes pensées, je lui demande:

" Savez-vous qui se cache derrière toute cette mascarade macabre? Savez-vous pour quelle raison nous sommes en train de perdre nos vies les uns après les autres? "

Nul besoin de tourner autour du pot, ou de faire des manières. L'important, c'est que j'oublie, ne serait-ce qu'un instant, l'atroce scène dont nous avons été les acteurs infortunés.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Dim 4 Oct 2009 12:56 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Après l’intervention de Léonid, les deux belligérants semblent cesser toute hostilité, même si dans le regard de la Cornue, il y a la victoire qui se résigne à de la défaite dans les yeux masqués de Valor. La Capitaine de la Voile Noire ne semble pas s’offusquer du surnom dont elle est affublée, et se contente de répondre à la question de l’elfe bleu paniqué d’un air supérieur.

« C’est moi qui vous ai soigné. Tâchez désormais de ne plus vous abîmer, je ne sais pas si je recommencerai. »

Elle précise juste à l’intention de l’humain :

« Je vous ai signifié que vous m’étiez nécessaires, désormais. Fein y compris. Ce serait un gâchis de le tuer maintenant. »

L’intéressé ne semble pas vouloir réagir à la pique, et prenant certainement un air hautain, il se dirige vers Maelan qui déjà, aide Aëlwinn à se relever. L’ampleur de sa blessure à la jambe est moins grave qu’il n’y parait : elle en a encore l’usage, même boitant et douloureux, mais ne saura pas courir avant un bon bout de temps…

Gleol, lui, en tête de file avec Léonid, gratifie celui-ci d’une frappe amicale – mais vigoureuse – dans le dos avant de soupirer bruyamment.

« Ouais, faut qu’ça finisse ! Allez les gars, on avance ! »

Impératif, il est le premier à obéir à son propre ordre, comme s’il était à la tête d’une horde de nains. La troupe se met lentement en marche en direction de la porte.

À l’arrière de la petite cohorte, la démone cornue répond à l’aldryde caparaçonné :

« Qui se cache ? Mais se cache-t-il, seulement ? Il s’agit du célèbre Marionnettiste, âme damnée d’Oaxaca, serviteur machiavélique des treizes. Je ne sais juste pas au service duquel il est, cette fois-ci. C’est un esprit vicié et vicieux, qui se complait dans la manipulation et la trahison, à tout niveaux. Il a de puissants dons de nécromancie, et une volonté de fer, une discipline à toute épreuve. La raison de tout ceci ? Elle est simple : nous perdons nos vies car le but de ce maître des ombres est la mort et le chaos. Il a besoin de nous, mais nous méprise tellement qu’il sacrifie sans hésiter ceux qui lui paraisse les moins intéressants. Car n’en doutez pas, c’est lui qui les choisit, et non le Destin. Il fabrique notre destin, c’est ce qui lui plait. Ça n’est pas un hasard si c’est votre compagnon qui est mort, ou si je me retrouve seule survivante de mon bord… Mais nous n’y pourrons faire quelque chose que lorsque nous serons face à lui… Et là encore, la solution ne sera pas simple. »

Ténébreuse, elle laisses ses aveux faire écho dans l’esprit du petit être ailé. Dôraliës est resté un peu en arrière, et Maelan jette vers lui un regard triste, puis, l’appelle.

« Dôraliës, viens, mon frère. Suis-nous. Il faut avancer. »

Gleol a atteint la poignée, et ne s’encombre pas d’hésitation pour saisir sa hache et briser la serrure… La seconde d’après, la porte s’ouvre dans un grincement, pour dévoiler une pièce toute petite, contrastant étrangement avec la grandeur de l’entée… Prudent, mais téméraire, il pénètre dans la pièce en marmonnant… La seule chose de remarquable et de visible au premier regard est une porte, fermée, vous faisant directement face…

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: CItadelle des Profondeurs: Entrée Est
MessagePosté: Mar 6 Oct 2009 05:13 
Hors ligne
 Profil

Inscription: Jeu 27 Nov 2008 00:40
Messages: 102
Alors que je suis en train de m’éloigner, toujours aussi morose et déterminé à la fois, je peux sentir que ça commence à remuer sur mon dos, et de fait, je peux très rapidement m’apercevoir que Dôraliës est sorti de son inconscience aussi subitement qu’il y est tombé, le remède à base de plantes de la Cornue tenant décidément du miracle. Sachant qu’il n’appréciera pas plus que quiconque d’être trimbalé comme un fagot, je m’arrête un instant afin de l’aider à mettre pied à terre, délaissant ainsi le convalescent désormais apparemment en pleine forme bien que déboussolé par son expérience, lequel regarde autour de lui comme s’il n’était pas sûr d’être bel et bien resté membre du royaume des vivants avant de me remercier en bégayent. Autant parce que je me doute qu’il ne servirait pas à grand-chose de nous étendre en effusions que parce que je crains de laisser percevoir quelque défaillance dans ma voix, je me contente de me tourner vers lui et de lui accorder un signe de tête en guise de « Il n’y a pas de quoi. », aussi peu loquace pour l’occasion que l’avait été feu notre valeureux Ergoth, pensée qui me fait à nouveau naître un pincement au cœur.
Mais bon, encore une fois, ce n’est en rien le moment de joueur les pleureurs, aussi, en apparence inflexible et résolu, je continue de cheminer en m’efforçant de ne pas prêter attention à la réponse de notre nouvelle recrue décidément fort déplaisante à côtoyer qui ne se prive pas de rappeler pour une énième fois combien elle nous méprise et nous considère comme de simples outils. Tant pis pour elle si elle tient à se montrer aussi désagréable, car de toute façon, je n’avais pas l’intention de me lier d’amitié avec une personne aussi machiavélique et arriviste qu’elle, l’idée de m’acoquiner avec quelqu’un capable de retourner sa veste comme on change de chemise ne m’apparaissant guère séduisante.

Ainsi, je poursuis ma route vers les immenses ventaux avec à mes côtés Gleol le braillard qui mérite de nouveau cet adjectif puisqu’en entendant ma confidence, il répond de manière beaucoup moins discrète, m’assénant une bourrade dans le bas du dos qui me fait grincer des dents pour ne pas crier de douleur sous ce coup qui n’a pas manqué de réveiller la douleur de ma blessure à la hanche récemment reçue qui laisse échapper une nouvelle volute sanglante sous le choc. Nom de Rana, j’oublie parfois à quel point ce torkin est un bourrin, mais, comme s’il avait perçu mes pensées, il ne manque à chaque fois pas de me le rappeler par ses habitudes comportementales d’ours dans un magasin de porcelaine qui ne sont pourtant à ce que j’imagine que le lot quotidien de ceux de son peuple ! Enfin bon, ne soyons pas chiche : cette rudesse a au moins eu le mérite de me sortir de l’océan d’humeur noire dans lequel je baignais, et même si nous y trempons encore tous jusqu’aux genoux de par notre situation cauchemardesque, ce n’est pas une raison pour nous y abîmer, et le mieux à faire est justement de mettre un terme à cette « macabre mascarade » -dixit Silmeï- comme le fait remarquer le farouche guerrier à sa manière certes dénuée de toute subtilité mais pénétrée d’un entrain ô combien précieux.

Mais tout en avançant, je ne peux m’empêcher de traîner de l’oreille pour percevoir les échos de la réponse que la question de l’aldryde susmentionné a suscitée, et le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’ai pas à être déçu de mon indiscrétion puisque la Cornue, si elle est loin d’être une équipière de premier choix, s’avère être une véritable manne de renseignements au sujet de notre persécuteur. Ainsi, j’apprends bien des choses, et nom de Zewen, qu’est-ce que j’apprends ! Que notre mission toute entière paraît s’être déroulée et se dérouler encore sous l’égide d’une entité de l’espèce la plus abjecte qui soit puisque c’est un serviteur de la demi-déesse des ténèbres, pas moins ! Dans l’affaire, « les treize » sont également mentionnés, mais bien qu’il me semble me souvenir qu’il s’agit en quelque sorte des plus proches séides d’Oaxaca, je dois sur le coup avouer ne pas me rappeler de quoi que ce soit de plus probant que cette vague définition.
Quant à la suite du portrait du Marionnettiste (nom qui convient tout à fait à cet odieux manipulateur), elle ne me surprend guère puisque les éléments qui le composent sont en parfaite adéquation avec ce que l’on pouvait attendre d’un monstre tel que lui : un inébranlable pratiquant des arts obscurs perverti et corrupteur, voilà comment on pourrait le définir, et bien que la perspective d’avoir affaire à un personnage d’une telle ampleur me glace le cœur, un tel froid n’est rien comparé à l’ardeur de vengeance qui y brûle. Lorsque la dame aux cheveux de jais poursuit sa description, je ne peux m’empêcher de me faire la réflexion que la majorité des éléments qui caractérisent notre ennemi sont en parfaite adéquation avec le caractère de celle qui le vilipende aussi vertement, mais je me retiens bien évidemment de lui en faire la remarque, car je me doute que faire preuve d’une telle narquoiserie ne pourrait qu’amener la situation à dégénérer, ce qui ne pourrait que plaire à celui en direction duquel nous devons tendre nos efforts de défaite comme le fait si justement remarquer la Cornue qui a en tout cas le mérite de ne pas perdre le nord.

J’aurais bien des remarques à faire à celle qui s’y connaît autant en matière de salopards, notamment au sujet du « ce n’est pas un hasard si » : avec toute mon humilité de jeune archer Ynorien qui ne saurait en rien prétendre s’y connaître sur la façon dont on peut tirer les ficelles du Destin d’une personne, il me semble bien que les deux pertes qu’elle mentionne ne sont en rien dues à l’intervention de notre détracteur, mais bel et bien à celle de son taré de gros bras en armure qui s’est précipité sur nous comme un chien affamé sur un os, frénésie qu’elle n’a d’ailleurs rien fait pour empêcher si je ne m’abuse ! Il y aurait de quoi lui coller là quelques claques, et bien plus encore ! Mais bon, déjà que la hache de guerre est à moitié déterrée, pas la peine de nous en saisir pour se mettre à l’agiter au nez des autres, votre serviteur se sentant de toute façon trop las de violence pour avoir envie de s’échauffer la bile et d’échauffer celle des autres par de venimeuses palabres dignes de ce filou de Fein qui a en passant au moins décidé de ne pas en rajouter.
Mais tout à coup, j’entends derrière moi en cri de désarroi qui me fait tourner la tête, paniqué… pour reporter aussitôt mon attention vers les lourdes portes qui nous font obstacle, désabusé puisqu’il ne s’agissait que d’une fausse alerte de la part de Dôraliës qui n’a décidément guère l’étoffe d’un aventurier, celui-ci n’étant pas assez dégourdi pour s’apercevoir que l’objet de ses recherches se trouve juste derrière son dos. Estimant qu’il devrait s’en rendre compte bien assez tôt, je porte mon attention sur les colossaux panneaux de roc qui s’opposent à notre progression, et m’apprête à faire la remarque qu’il ne va pas être évident de passer ça quand un puissant *Crac* qui me fait sursauter accueille la hache de Gleol que celui-ci vient d’abattre sur le système de verrouillage, le détruisant sur le coup devant mes yeux pantois d’une telle énergie.

(Bon, ben plus qu’à rentrer alors !) Me dis-je, toujours incrédule quant à la force de ce malabar qui me surprendra décidément toujours.

Et en rentrant justement, puisqu’il n’y a pas vraiment le choix, je peux m’apercevoir que contrairement au grand hall ou au considérable vestibule auquel je m’étais attendu, nous nous retrouvons dans ce qui semble n’être qu’une antichambre de par sa petite taille comparée au gigantisme extérieur. Sans se poser de questions, le torkin roux a déjà investi les lieux, et, son arme brandie comme une torche, il grommelle des réflexions à la teneur inconnue dans sa langue natale, tandis que pour ma part, ne trouvant rien de mieux à faire, je lui emboîte le pas, l’épée à la main par mesure de précaution, une certaine appréhension au cœur, attendant patiemment que mes yeux s’habituent à la pénombre ambiante avant de pousser mes investigations plus loin de peur qu’un je-ne-sais-quoi tapi dans l’ombre ne nous saute dessus par surprise.

_________________
Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

Image


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 28 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016