L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Jeu 24 Déc 2009 01:03 
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Une fois le tourbillon passé, toute notion de temps ou d’espace se fait hasardeuse, perturbée. Vous semblez projetés à une vitesse prodigieuse à travers les flots, fondant littéralement à travers l’océan en une remontée fulgurante… Et pourtant vous ne ressentez rien, aucun sentiment d’oppression, de vitesse, de déplacement, même s’il vous est impossible de dire quoi que ce soit, ou même de bouger durant ce trajet qui ne dure que quelques secondes, qui valent chacune une éternité.

Le retour à la réalité…

Et puis soudain vous émergez, bondissant hors des flots. Et une fois le navire à une dizaine de mètres de la surface de la mer, la bulle éclate et disparait… Vous retombez alors lourdement sur les flots, comme si soudainement vous récupériez toutes vos sensations, la chute est rude, prenante, intense, et l’amerrissage est brutal, éclaboussant les alentours de gerbes écumantes…

Tout le monde est choqué, et ceux qui sont tombés se relèvent, un par un, comme émergeant d’un rêve éthéré. Pourtant tout est là, le navire noir, le reste émaillé des équipages, certaines armes noires… Seuls vos souvenirs sont brumeux, peu précis, comme suite à un réveil.

C’est alors qu’une voix s’élève, celle de Ruméus, le guerrier de Tulorim, toujours muni de son casque à cornes.

« Regardez ! »

Au loin, vous distinguez les formes d’un continent se dessiner. Nirtim vous fait face, et vous en approchez, porté par la puissance de Rana, qui s’engouffre dans les voiles sombres pour vous poussez vers la ville blanche. Dans deux heures, vous serez de retour dans la cité de départ d’une chasse au trésor… Le port rougi par le sang d’innocents resplendit à nouveau de sa blancheur d’autrefois, et est prêt à vous accueillir…

Et c’est à cet instant qu’une voix désormais familière résonne dans votre esprit, celle d’une personne désormais libérée de ses chaînes, qui énonce ses dernières paroles, son testament.

« Aventuriers de tous bords et de toutes contrées, c’est la dernière fois que vous m’entendez. Voici un long périple qui s’achève, et je ne reviendrai pas sur les choses passées. Vous aviez cru participer à une chasse au trésor, vous aviez cru partir au devant de richesses, et je vous présente mes excuses pour ce mensonge, le seul que j’ai proféré. J’espère que dans toute cette histoire, vous vous êtes aperçu que le plus grand trésor que vous pouviez trouver n’était pas fait de pièces d’or ou de pierres précieuses. Ce trésor, ces richesses, c’est vous qui les possédez, au fond de votre cœur. Courage, fidélité, foi, espoir, persévérance, pardon… C’est ce qui fait de vous des êtres uniques, des héros de votre temps. Et chacun de vous en est pourvu, sans exception. Vous êtes l’étincelle de lumière qui jaillit dans les ombres pour les repousser, vous êtes l’avenir, et moi le passé. Pour cela, et pour tout le reste, merci… »

Et à tout jamais, la voix se meurt et disparait, ondoyant comme une vague qui se perd à l’horizon.

À ce moment, chaque aventurier qui a abandonné sa lame dans la lumière des profondeurs voit des marques apparaître sur son corps, similaire à celles qu’arborent les « traitres » fidèles au Marionnettiste. En vous, vous sentez une puissance s’installer, les pouvoirs de l’être que vous avez voulu aider.

Après deux heures de trajet, vous arrivez enfin sur le port kendran, où une délégation officielle vous attend. Un général de la ville blanche est présent sur les quais, avec une escorte armée en tenue d’apparat. Lorsque la passerelle descend, Jena est la première à quitter le navire, initiant l’intérêt du général curieux :

« Bienvenue dans notre belle cité kendrane, aventuriers ! Alors, ce trésors ? »

La paladine se tourne alors vers vous tous et vous regarde avec un sourire mystérieux. Lorsqu’elle se tourne à nouveau vers le gradé, elle ne répond rien… Ca a été votre aventure, votre expérience, et c’est à vous de décider à qui la partager, et si vous la partagerez…

Un être étrangement familier muni d’une cape à capuchon vient alors se poster devant Aëlwinn et l’équipage du Vaisseau-Lune. Il a un message particulier à vous transmettre, un sourire aux lèvres.

« Capitaine Aëlwinn, vous m’aviez confié votre navire… Je vous le rends désormais, et je retourne à mes forêts… »

Il tire alors son capuchon en dévoilant son visage, tout en indiquant un bateau elfique entièrement blanc, à quelques encablures de là...

« Eleth !!! »

Et Maelan lui saute littéralement dans les bras, le renversant sur le sol, ivre de joie…

[Le soir même de votre débarquement, avant que vous partiez vous reposer, un messager viendra vous délivrer un message :
« Aux aventuriers de la chasse au trésor,

Dans votre hâte, vous semblez avoir oublié votre trésor à bord de votre navire. Vous pourrez venir récupérer votre part au port dès que vous serez libre de venir.

Bien à vous,

Général Malmaen. »


Vous vous rendrez vite compte que les cales de la Voile Noire regorgeaient d’or… Chacun recevra donc en se présentant une lourde bourse ne contenant pas moins de 8000 yus, ainsi qu’une arme argentée étrangement ressemblante à celles des squelettes noirs que vous avez combattu, et que vous pourrez choisir parmi les caisses présentes. Vous pourrez bien entendu préserver également le masque que vous avez reçu, ainsi que l’arme noire, pour ceux qui l’ont gardée… De même que tout ce que vous aviez pu ramasser durant cette aventure, éventuellement…]




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[HRP : Voilà la quête terminée. J’attends de vous un dernier RP, dans cette partie, afin de finir tout ça en beauté, conclure votre aventure. Je tenais à vous remercier de tout cœur, tous autant que vous êtes, pour les merveilleux moments que j’ai passé à vous diriger pendant ces huit mois. Ce fut un réel plaisir pour moi, et c’est avec difficulté que je vous laisse repartir à vos destins d’aventuriers… Un grand merci à tous, donc.
Je reste bien entendu à votre disposition pour toute demande, ainsi que tous les PNJs de la quête, qui en sont toujours à leur descente du navire. Vous pourrez les retrouver pour un au revoir (ou pour échanger vos adresses…ou plus si affinités !) non plus dans un topic de la quête, mais sur le sujet du PORT de Kendra Kâr ! Il me serait plaisant de les jouer avec vous, hors scénario, juste pour… pour poursuivre un peu tout ça…si vous le voulez…]

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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Lun 28 Déc 2009 06:33 
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Sensible à l’injustice, il m’est difficile de contenir cette peine. Tout petit, avant que mon père décide de m’initier à l’escrime et au combat, je me faisais harceler sans raison par de stupides garçons plus âgés que moi. Plus tard, après avoir acquis, grâce à la bienveillance de mon père, suffisamment de rudiments de combats pour me défendre me donnant par le fait même une plus grande confiance en moi, je me promis que jamais plus je ne laisserai de gros bêtas s’en prendre à moi ou à des innocents. Laissant ainsi le marionnettiste à une mort certaine, j’ai l’impression d’avoir failli à ma promesse.

Bien que d’ordinaire j’aime bien sentir tous les regards se poser sur moi, cette fois je préfère la discrétion. Je ne tiens pas à ce qu’on me surprenne dans un tel moment de faiblesse. Mon trouble n’a cependant pas échappé à Hallena, celle-ci ayant été témoin de mes premiers signes de détresse. Tout en demeurant silencieuse à mes côtés, la femme tatouée ne me darde pas de son dédain habituel envers les humains, au contraire, c’est plutôt de la sympathie que je perçois. Pour rajouter à ma surprise, cette femme, d’ordinaire très réservée, pose délicatement sa main sur mon épaule musclée. Ce geste réconfortant, ce simple petit contact me satisfait pleinement puisqu’il me retire de mon isolement. Je me nourris de cette douce chaleur et je réussis peu à peu à ralentir ma respiration et à reprendre le contrôle de mes émotions.
Les yeux toujours clos, je lui murmure ce simple mot :

« Merci »

Rien de plus, ces cinq lettres sont amplement suffisantes en ce douloureux moment. Cette femme, qui sait se montrer froide et peu tolérante envers la race humaine, vient à l’instant de poser une geste de compassion qui me touche énormément.

À présent que tous les survivants sont en sécurité sur le pont du bateau aux voiles noires, la passerelle se relève et l’énorme bulle se dirige vers ce tourbillon qui plus tôt a englouti mon fromage et mon pain crouté. Sans inquiétude aucune, les yeux maintenant ouverts, j’observe notre progression vers le maelström ; par la pensée le nécromant a ultérieurement répondu à mes questions et je sais que cette immense enveloppe qui entoure le vaisseau nous protège de tous danger.

Et puis une voix douce se fait entendre, c’est celle de l’ange qui nous avait parlé de la prophétie. D’une voix quelque peu troublée, elle nous révèle cette fois la vérité sur ce salutaire halo de lumière qui nous a aveuglés, guéris et débarrassés de la méchante cornue. L’entraide, la coopération et l’union de deux forces complémentaires, voilà ce qui nous a vraiment sauvés. Le nécromant, que je redoutais tant, s’est infiltré dans le corps de cette mince femme au visage angélique et ne faisant qu’un, la lumière et l’ombre ont réglé tous nos soucis.
Bien qu’elle soit une étrangère et qu’elle ne connaisse rien de moi, je ressens le besoin de lui parler même si ce n’est que très brièvement :

« Merci ! »

(Merci de nous avoir sauvés, mais merci surtout de nous avoir tout dit!)


Encore ce mot, le seul qui semble vouloir sortir de ma bouche, et qu’à deux reprises j’ai prononcé sincèrement. En effet, le temps n’est plus aux discours à n’en plus finir, mais à l’expression de ma gratitude. Malgré toute ma reconnaissance, une question me taraude :

(Et pourquoi, n’a-t-elle pas tout racontée lorsqu’elle est montée dans ce navire ? Cela aurait pu convaincre les dissidents de changer leur position !)

Et puis cette femme semble intelligente, si elle a gardé le silence c’est qu’elle avait une raison. C’est sans aucun doute cet être qu’on a cru si mauvais qui l’a persuadé de se taire. Résigné, il avait déjà accepté son sort. Je me console en pensant qu’il aura une délivrance, pas celle souhaité, ni celle on aurait bien voulu lui donner, mais une sorte de délivrance tout de même. C’est à mon avis dans la mort qu’il pourra se libérer de sa prison et il le fera le cœur léger, l’esprit purifié par sa dernière action. Les dieux seront cléments, et auprès d’eux, il pourra accomplir encore de bonnes actions. De toute manière, je doute qu’on aurait pu convaincre cet égoïste au cœur de pierre, cet infâme capitaine du Rubis sanglant de se défaire de l’arme noire.

C’est à ce point de mes pensées que la gigantesque bulle arrive à destination et traverse cette mystérieuse spirale.

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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Mar 29 Déc 2009 05:32 
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Le passage dans l’impressionnant tourbillon se fait sans heurt, laissant l’eau reprendre ses droits sur cette énigmatique citadelle. Quel dommage de voir une telle œuvre d’art se faire détruire ainsi. J’aurais aimé explorer plus à fond cette forteresse afin d’en connaître davantage sur les mœurs de ces mystérieux, fortunés et insolites gens qui habitaient les profondeurs de cette mer. Visite agréable dans laquelle mes yeux auraient assouvis leur curiosité tandis que mes poches et mon sac se seraient remplies de toutes les richesses que j’aurais pu y trouver. Au lieu de cela, je me suis battu inutilement pour sauver quelqu’un dont je ne connais que le sobriquet et je repars à la surface, avec pour seul trésor une dague argentée, volée à un squelette démantibulé.

Immobile malgré moi, je constate que nous amorçons, effectuons et achevons notre remontée à la surface dans un temps défiant, selon moi, tous les records dans cette immense bulle pourtant si minuscule dans ce majestueux océan. En fait, j’ai à peine le temps de remarquer notre ascension que la salvatrice bulle d’air émerge déjà à la surface.

Cette pellicule transparente qui semblait si résistante crève soudainement alors que nous sommes à quelques mètres au-dessus des flots, ce qui met abruptement fin au spectacle non commencé auquel je m’apprêtais naïvement à assister, croyant pouvoir m’extasier devant le bleu du ciel comme un aveugle qui recouvre mystérieusement la vue.

Aventuriers et lourd bateau subissons une chute de plusieurs mètres qui me semble pourtant en faire plus de cent tant la descente est rude. Bien que le navire soit sous mes pieds, j’ai l’impression de tomber dans le vide. Tout ce passe trop brusquement et rapidement pour que je n’aie le temps de penser à m’agripper à quelque chose ou à quelqu’un; je ne fais que subir le mouvement et comme un pantin sans plus personne pour le manipuler, je tombe lourdement sur les planches noires. Brutalement, mon dos frappe d’abord le sol.

« Humph ! »

Sans tarder ma tête l’imite.

« Poc »

Aucun casque pour me protéger, mon crâne encaisse durement le coup et une douleur lancinante m’envahit. Abasourdi, étourdi par le choc que ma tête vient d’absorber, à la limite de la conscience, je demeure couché le temps de reprendre mes esprits. Les yeux clos, j’entends des gens se plaindre, alors que je n’en ai même pas la force, j’en entends d’autres râler contre je ne sais trop quel dieu. Je me contente de rester là, couché, espérant que l’étau qui écrase les os de ma tête, finira par se desserrer.

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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Mar 29 Déc 2009 16:40 
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Plongé dans un désespoir profond, je ne pouvais qu'attendre la fin en ce lieu de malheur où nous avions perdu plus que nous ne l'aurions imaginé. Ma vie s'était changée en un océan de tristesse que je ne pourrais certainement jamais asséché... En tout cas, seul le temps avait le pouvoir d'effacer cette aventure de mon esprit et encore ! Mon cœur n'était plus qu'un vague champ de bataille malmené, jonché de corps en décomposition qui perpétuellement pourrissaient pour ne laisser que de simples squelettes froids et nauséabonds. Bientôt nous regagnerions la terre ferme, à moins qu'un nouvel incident ne nous détruise l'âme et la traîne jusque dans les griffes de Phaïtos. Je ne désirais pas reposer en paix, non ! Je n'aurais de cesse lorsque tous ces idiots auront compris le sens de leur acte imbécile. Pourtant, essayer de leur faire entendre était chose vaine et je le savais pertinemment... Depuis le tout début, ils n'avaient écouté que leurs consciences simplettes qui les avaient guidés dans un puits sans fond où seule régnait un soupçon de lucidité. Ils avaient voulu tuer le Marionnettiste et, j'en étais persuadé, il n'en démordais toujours pas... Hé bien soit ! Ils n'avaient qu'à penser ce qu'ils voulaient ce n'était plus mon problème à présent...

(Vivement la fin !)

De son côté, Aëlwinn vint me rendre une petite visite, peut-être avait-elle vu que je n'étais pas dans mon assiette, mais sa présence m'insupportait. D'ailleurs, elle non plus n'avait pas écouté mes paroles dans l'amphithéâtre, elle avait choisi d'en débattre avec des personnes de grande importance qui se donnaient des airs de maîtres du monde... En fait, cela ne donnerait certainement aucun résultat vu qu'ils étaient tous aussi butés que ce pathétique Valor qui était mort comme il le méritait ! Ils avaient tous voulu être têtus à leur manière alors pourquoi ne pas faire de même ? C'était bien beau de vouloir m'amadouer avec des paroles, mais, je n'avais plus aucune compassion pour cette fausse capitaine qui n'avait pas été foutue de prendre les bonnes décisions au bon moment ! Pourquoi devrais-je prendre le temps de l'écouter déblatérer ses sornettes ? Après tout je ne lui devais plus rien, elle avait fait ses choix et moi les miens, rien ne nous liait, pas un soupçon de parenté, ni d'amitié. Au fond, ce n'était qu'une simple inconnue avec qui j'avais fait un voyage éprouvant au bout du monde pour ne récolter que le poison violent qu'était la mélancolie...
«Allez voir Maelan, vous qui l'avez si bien soutenu... Peut-être qu'il sera plus enclin à écouter vos vaines paroles. Une chose est sûre, mes oreilles resteront fermées à tous ces boniments... Je pense avoir assez souffert pour ne pas que quelqu'un vienne raviver mes blessures.»

Ce fut ainsi que je replongeai dans un mutisme éprouvant, attendant le départ de ce sombre navire dans lequel avait voyagé la Cornue et ses sbires... Toute cette quête n'avait été qu'une grosse illusion, un quiproquo terrible où nous avions tous tant perdu... Cependant, cette fois-ci tout était terminé, oui c'était la fin, une fin bien méritée qui nous ramènerait sur la terre ferme. La passerelle remonta comme par enchantement et la sphère qui contenait le navire remontait sous l'influence de la magie du Marionnettiste. Une chose était certaine, en voyant tous ces mages user de leurs dons dévastateurs, je ne pouvais que tenter de comprendre les mécanismes qui les aidaient à maîtriser leurs puissances. Une fois que j'aurais rejoint le monde terrestre, je me débrouillerais pour apprendre à contrôler cette magie et peut-être qu'avec un peu de chance je réussirais à communiquer avec Santias... Enfin, il fallait tout d'abord qu'il se repose car pour l'instant il était toujours aussi immobile. Au moins, cette quête m'avait appris à côtoyer cette magie pour le moins étrange, pourquoi seules certaines personnes avaient la possibilité de contrôler ces sortilèges ? Pourquoi n'étais-je pas né avec ce genre de pouvoirs en moi ? Peut-être que je n'étais pas un élu de ces hypothétiques Dieux... Bref, une chose était sûre, même si ces drôles de divinités existaient, il y avait des entités terriblement puissantes, le Marionnettiste en était la preuve vivante ! D'ailleurs, je ne pouvais le quitter sans lui dire un dernier au revoir... Je ne savais pas si cela fonctionnerait mais le jeune humain avait l'air de communiquer avec lui par les pensées, alors pourquoi ne pas essayer :
«Bonne chance à vous messire.» tentai-je de lui transmettre.

Je ne saurais jamais si cela avait fonctionné, mais je garderais toujours l'espoir qu'il m'ait entendu. Néanmoins, une autre personne se mit à parler, à expliquer comment elle était arrivée à vaincre la Cornue et sa magie destructrice. Oui, je me souvins de l'éclair lumineux qui avait traversé la salle me faisant perdre mon contrôle sur le squelette invoqué par la puissante sorcière. Mais, ce n'était pas elle la source magique, en tout cas pas totalement... Le Marionnettiste, celui que tout le monde abhorrait pour ces dons de nécromant, avait pénétré cette femme liant sa magie pour désintégrer littéralement cette démone à la folie guerrière. Comment pouvait-il dire aujourd'hui que ce Marionnettiste était machiavélique, il n'avait cessé de nous aider depuis le début ! Quelle bande d'ingrats ! À présent, ils ne pouvaient plus nier l'évidence, leur erreur avait été fatale pour cet être, ils l'avaient détruit par pur égoïsme ! Je n'en revenais toujours pas...

(Et maintenant ils vont faire les étonner...)

Cependant, cette fois tout était bel et bien terminé, le navire traversa le vortex qui devait être une porte magique, puis tout disparut, nous laissâmes l'amphithéâtre se détruire sur le Marionnettiste...

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Maître musicien pour vous servir...


Dernière édition par Dôraliës le Mar 2 Fév 2010 21:21, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Mar 29 Déc 2009 23:26 
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Je ne peux dire depuis combien de temps je suis ainsi affalé sur le plancher. Je connais par contre la raison qui m’incite à me relever malgré la douleur qui bien que diminué continue à marteler mon crâne. Je fais référence ici à ma curiosité attisée par une voix grave et ferme dénonçant une certaine fébrilité :

« Regardez ! »

Dans l’espoir que Ruméus, silencieux depuis notre remonté en bateau, ait rompu le silence pour nous annoncer le voisinage d’un quelconque continent, je me relève péniblement; enfin je me contente de m’assoir en frottant doucement l’arrière de ma tête. Un coup d’œil autour de moi me confirme que je n’ai pas rêvé, je suis encore sur ce vaisseau sombre en compagnie d’une équipe disparate.

Encore sonné, je demeure assis. Ne pouvant constater de visu ce qui a justifié l’intervention du cornu, attentif à ce qui m’entoure, je devine assez facilement que nous approchons bel et bien d’un continent. L’expression de soulagement sur les visages ne sauraient mentir et puis, j’entends le piaillement des oiseaux, mouette ou goéland je ne sais les distinguer, qui constitue un signe particulièrement révélateur de la proximité de la terre ferme.

Puis, alors que je croyais qu’il avait sombré avec la citadelle, la voix du marionnettiste s’infiltre à nouveau dans nos têtes :

« Aventuriers de tous bords et de toutes contrées, c’est la dernière fois que vous m’entendez… »

Ses dires confirment ce que ma brillante intelligence avait déduit, il était bel et bien innocent et repenti.

« Ce trésor, ces richesses, c’est vous qui les possédez, au fond de votre cœur. Courage, fidélité, foi, espoir, persévérance, pardon… C’est ce qui fait de vous des êtres uniques, des héros de votre temps »

Un très beau discours, je l’avoue, mais qui ne pèse pas bien lourd dans ma bourse. Je me félicite d’avoir pensé moi-même à me ramasser un trésor. Je reviens de cette aventure avec un lance dard, une bague sertie d’une pierre, un rubis, un masque et une dague argentée. J’avais espéré ramener beaucoup plus, mais je devrai me contenter de cette maigre consolation. Contrairement à d’autres aventuriers, je ne reviens pas de ce périple qu’avec de belles paroles.

Suite à l’exposé du nécromant, je ressens un léger picotement sur mon front, comme si un dessin y prenait forme. Mais ce chatouillement ne vient pas seule, une puissance semblable à celle observée dans la lame noire semble s’installer dans ce motif dissimulé sous ma belle tignasse blonde. Le nécromant nous a apparemment donné un dernier présent.

Je me lève enfin et m’appuie sur la rambarde, laissant le soleil caresser ma peau et le vent jouer dans mes cheveux tout en regardant le continent s’approcher peu à peu. Je vais profiter du temps qu’il me reste pour réfléchir à mes futurs projets. J’ai quitté Kendra Kâr et je n’ai pas l’intention d’y revenir aussi tôt. Je ne sais pas où je vais aller, encore moins par quel moyen, terrestre ou maritime, je m’y prendrai ; je sais par conséquent que je veux fuir la solitude et je vais tenter d’y aller accompagné. Je règlerai ce petit détail sur le quai, pour l’instant, je profite du doux spectacle que m’offre la nature.

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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Jeu 31 Déc 2009 00:40 
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Besoin de calme, de solitude et de silence pour me retrouver un instant capable de me sentir loin de tout, d'avoir enfin un regard stable sur tout ce qui se passait et s'était passé. Depuis trop longtemps je ne faisais qu'agir en étant moi-même et je n'en avais plus l'habitude, plus du tout. Et s'il faut commencer par un aveu sur ce que je maitrisais le moins à cet instant : c'était le temps. Combien de temps avions nous passé sous l'eau, combien de jours s'étaient écoulés réellement ? Si je n'écoutais que ma fatigue et l'expérience vécue, je parlerais de vies … mais si je me laissais sortir de ce monde irréel j'aurais parié sur trois jours, en me trompant probablement, mais cet écart invraisemblable entre le temps réel et vécu était au final une comparaison parfaite pour se rendre compte du reste.
Lui était restait ici une éternité que je n'osais appréhender en terme d'années, mais tout l'empathie qui pouvait naître du rapprochement entre mon impression de perte du temps et son emprisonnement restait à l'état de larve ; aussi fragile et précaire qu'un cocon en plein tempête. Non, ce qui ressortait de cette observation n'était que la découverte d'un type de châtiment, puissant, inviolable, où la douleur devenait psychologique. Ah si nous en avions eu le pouvoir, nous aurions pu offrir à la cornue un châtiment bien plus impitoyable que la mort.

Perdue dans mes pensées, j'avais instinctivement suivi les pas de Pragatt' jusqu'à l'arrière du navire. Au pied des quelques marches menant à l'estrade du gouvernail, je le regardai caresser la barre comme s'il faisait connaissance avec sa future épouse. Fuir la totalité des êtres de ce navire était chose impossible, trop peu de place pour trop de groupe cherchant chacun une place loin de certains autres, et personne ici n'irait chercher la compagnie de Pragatt', et lui-même n'était pas genre à solliciter une discussion, d'autant que son sourire carnassier n'était sans doute qu'un préliminaire à ce tête à tête avec un navire sans capitaine. Il avait déposé le corps sans vie de Glenor en haut des marches et je m'y dirigeai, m'installant en tailleur à ses cotés après l'avoir recouvert de ma cape.

A mi-voix, je récitai une prière funéraire Ynorienne afin d'apaiser son âme.
Mon regard passa alors au dessus du pont, observant sans le vouloir tous les chasseurs sans trésors. Sur aucun de ces visages je ne vis la paix que je recherchais pourtant à travers ma quête d'une méditation stricte. La colère de certain était compréhensible, même si une part sournoise de mon être s'en délectait. Ils avaient échoué … à eux de vivre avec et je n'allais pas les plaindre ou apaiser mon jugement pour autant. Ce qui me troublait en revanche était d'en voir plusieurs pleurer … mais le trouble n'était point envers eux car toutes les raisons étaient présentes : la déception d'avoir échoué, la tristesse de perdre un être vénéré, la tension omniprésente qui n'avait trouvé aucun échappatoire valable. Non, ce qui me troublait était mon incapacité à le faire.
Depuis longtemps, très ou trop longtemps dirait peut être certains, je n'avais plus de souvenir de mes dernières larmes, et pourtant je croyais me souvenir encore de ce que cela pouvait faire, la sensation de se défaire d'un trop plein d'émotion, se délester d'une oppression profonde. Alors que mon regard s'attardait sur le jeune Ynorien au cœur d'un groupe des plus disparates, j'entendais les paroles des gens que j'avais rencontrés dans le passé
("elle est bizarre" "quelque chose n'est pas normal" "on dirait qu'elle est vide" "cette petite est perdue, beaucoup trop, elle me fait peur") Et en fermant les yeux une seconde, je vis le visage du seul homme qui n'avait jamais fui mon étrangeté, fruit d'une carapace protectrice, et qui m'avait fait croire que ce n'était qu'un pouvoir, qui mit entre les bonnes mains pouvait faire des miracles …
Pourquoi l'absence de ce qui l'était depuis toujours tenter de planter la graine du doute dans mon esprit, ici et maintenant ?
Mes doigts s'emmêlaient dans une mèche de cheveux blancs de Glenor, d'où j'enlevais machinalement les saletés qui s'y étaient accumulées. Sa mort m'avait troublé, plus que celle de Fino, du mage noir ou de l'orque ; Fino avait été une source de connaissance lors de notre rencontre et avait un esprit libre, un peu comme Pragatt' au final, si libre qu'il ne s'enlisait pas de questions éthiques, morales et ne tergiversait pas face à l'adversité, qu'elle soit matérielle ou vivante … son égoïsme avide était aussi à mon avis ce qui l'empêchait de sombrer corps et âme vers le mal. Mais Glenor n'était pas mort comme Fino, sur un pont à faire ce à quoi il s'était destiné ; c'était sous-estimer sa conscience et son libre arbitre que de persister à ruminer cela, mais je ne pouvais cesser de penser que sa mort n'était que le résultat de ma présence, il m'avait suivie, protégée, soignée.
Et malgré toute la culpabilité que je ressentais, malgré toute la détresse de n'avoir pas su l'aider à mon tour, l'injustice de l'avoir vu mourir quelques secondes avant que la vague blanche ne nous guérisse tous … je n'arrivais pas à pleurer. Un Ynorien ne pleure pas ses morts en public, mais je le sentais au fond de moi, quelque chose était brisé, aussi sec qu'un courant d'air chaud en plein désert.

Et je me maudissais de rechercher la trace de cette faiblesse que tant d'humains trainaient derrière eux. Mon étrangeté était ma force, c'était un pouvoir qui entre de bonne main, ferait des miracles. Toute cette aventure n'était qu'une succession d'épreuves dont je ne ressortirais pas affaibli ! Je m'employais alors à élever le déni au même rang que la ferveur, avec ce que cela pouvait apporter d'aveuglement.
J'avais du ces derniers jours agir par moi-même, aucun plan, aucun rôle, aucune règles qui dictaient ma conduite … j'avais du être moi pendant à peine quelques jours et je me sentais plus perdue et étrangère que jamais.

Une voix parvint à me détourner de mes pensées, heureusement ou malheureusement je n'aurais su le dire sur l'instant, il me fallut quelque seconde pour repérer la jeune femme dont le père avait servi de réceptacle au marionnettiste.
Et tel père, telle fille, elle nous avouait qu'elle avait accepté à son tour la présence de cet être en elle. Je frissonnais de dégoût en imaginant une présence autre que la mienne dans mon corps, lui donnait un pouvoir sur moi, lui donner accès à mes pensées, le contrôle de mes muscles, le battement de mon cœur ; d'entendre une voix dans ma tête m'étais déjà insupportable ; la magie dans les mains d'être vivants était aussi puissante qu'elle était écœurante et plus dangereuse que la plus meurtrière des lames, même tenu par les mains noirs d'un sbire d'Oaxaca.
Elle arrêta soudainement son récit, le temps d'un tremblement le long de mon dos en repensant à ce pouvoir contre nature offert par la magie … mais ses derniers mots, s'ils étaient faits pour convaincre les derniers septiques quant à la nature du marionnettiste tombèrent dans les oreilles d'une sourde.

(Il s'est sauvé lui-même, se rachetant au mieux son passage dans la mort après avoir entrainé tant d'être vivants dans ce traquenard fou, appâtant dans son désir de liberté égoïste l'un des sbires d'Oaxaca.)

Mais après tout, ce qui était fait ne pouvait être défait, et je restais intimement convaincue de la légitimité de ma décision. Il acceptait la mort avec plus de grandeur que ces alliés n'acceptaient l'échec.

Je me rendis compte que la bulle où étions s'était rapprochée du tourbillon, dernière seconde de doute au moment où l'avant du navire passa à travers, mais à quoi bon douter ou avoir peur, cela ne change rien sur ce dont on a aucun pouvoir. Je me relevais et me retournais malgré moi vers la salle sans observer directement la silhouette sombre au milieu de cette déferlante de roche et d'eau. Le plafond infini avait perdu toute profondeur, vaincu par la puissance de l'océan, les murs implosèrent comme compressé sur eux-mêmes et malgré la brutalité et la fatalité de la scène, je ne pus m'empêcher d'écarquiller les yeux, me surprenant à sourire devant la beauté et la puissance des éléments, alors que le tourbillon se refermait devant moi, dernière passagère avec Pragatt' à la poupe du navire.

La seconde suivante fut pour moi un nouvel épisode d'une rencontre avec l'inconnu, de se sentir ailleurs sans bouger, se sentir immobile tout en sachant qu'on est en mouvement…

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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Dim 3 Jan 2010 16:22 
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De retour sur le pont, venant à peine de rejoindre mes compagnons de l’Échangeur, j’attends impatiemment que le bateau accoste au port. Tel un petit enfant, impatient de quitter le vaisseau, j’observe la progression du sombre navire vers le quai de Kendra Kâr, sans le quitter des yeux. Ce dernier m’apparait dans un état bien différent de celui dans lequel nous l’avons abandonné, ne laissant plus aucune trace de l’horrible scène de violence et de barbarisme à laquelle nous avons dû participer, malgré nous, il y a quelques jours alors que nous entamions notre aventure. Les quais sont de nouveaux propres et débordants de vies: une poignée d’enfants jouent sur le quai avec un énorme chien noir trop poilu, probablement infesté de puces et niais comme tous ceux de sa race. Légèrement en retrait, afin de ne pas nuire à la circulation, quelques marchands ont étendu leurs marchandises sur des étals improvisés consistant en fait à des caisses de bois recouvertes de toiles propres, mais usées. Sans relâche, et la voix quelque peu enrouée à force d’avoir crié toute la journée, ils interpellent les passants, leur vantant la fraîcheur ou les mérites de leurs produits selon le cas. Plus près des bateaux, quelques marins s’affairent, terminant probablement les préparatifs pour un nouveau départ.

Contrairement à ce que j’avais prévu au départ, j’ai occupé les deux heures de navigation à une activité plus lucrative que la contemplation de l’océan. En fait, je me suis vite lassé de ses vagues monotones et de ce ciel couvert. Ne pouvant plus profiter de la douce chaleur du soleil, je suis parti à la découverte de trésors, longeant d’abord discrètement la balustrade sur laquelle j’étais appuyé pour atteindre la cabine du capitaine. Jetant un furtif coup d’œil aux alentours, m’assurant ainsi de ne pas être épié, sans bruit, j’ai ensuite ouvert la lourde porte de bois noir et me suis faufilé dans la pièce appartenant logiquement à la cornue. Joignant l’utile à l’agréable et dans le but de me procurer un alibi au cas où je me ferais surprendre, je me suis dirigé vers une petite commode à trois tiroirs en bois couleur charbon appuyée contre un mur et sur laquelle était déposés un immense bol et une carafe remplie d’eau destinée vraisemblablement aux ablutions matinales. Sans plus attendre, je me suis défait de mon sac que j’ai déposé par terre sans cérémonie. Ma chemise enlevée, j’ai débuté ma toilette utilisant le vase emplie d’eau à laquelle j’ai pris soin d’ajouter des herbes parfumées détrempées trouvées près du récipient de porcelaine. Je me suis d’abord rafraichie le visage, puis j’ai interrompu momentanément ma séance de nettoyage pour entamer une petite fouille des tiroirs à ma portée, laissant mes doigts habiles fureter un peu partout, mes yeux rivés sur la porte et mes oreilles attentives à tous les bruits singuliers pouvant m’alerter d’une visite importune. Les poches pleines, mon vêtement remis, j’ai entrepris de bien brosser mes cheveux tout en explorant d’un œil ce qui m’entoure. Noir, que du noir et encore du noir, du lit et ses couvertures, à la table de travail submergée par différentes cartes et manuscrits. Une fois mes cheveux bien coiffés et parfumés, j’ai rangé mon matériel dans mon sac et je me suis empressé de rejoindre mes compagnons sur le pont.

Douleur à la tête complètement évanouie, toilette maintenant faite, poches remplies, le sourire retrouvé grâce à une petite fouille sans incident de la pièce maîtresse de ce sombre navire, me voilà fin prêt à quitter le tangage du bateau pour retrouver le plancher des vaches. Plus tard, loin des regards indiscrets, je ferai le recensement de mon petit larcin.

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Dernière édition par Mathis le Dim 7 Fév 2010 07:30, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Sam 9 Jan 2010 19:17 
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Le temps n'était qu'une vaine valeur qui disparaissait dans mes pensées perturbées, informes et malmenées par cette aventure. Peut-être que nous passâmes plusieurs heures à errer dans un espace parallèle où nous bravions les dimensions spatiales, frôlant les portes d'autres mondes peuplés de créatures immondes. J'espérais que le navire savait où aller car l'idée de mourir aussi près du but était terriblement désespérante... Pourtant, nous finîmes par regagner l'air libre, les flots marins que nous avions quitté ou plutôt approché de plus près durant cette mission. Toutefois, à présent, la bulle protectrice qui nous soutenait toujours s'éleva, bravant les lois de la physique pour nous porter à quelques mètres de l'onde calme. Jusqu'où irions-nous ainsi ? Volerions-nous jusqu'aux rivages de Kendra Kâr ou bien vers une autre aventure déboussolante ? Non, en un instant, tout fut vraiment terminé, cette fois-ci c'était la bonne ! La bulle éclata, nous laissant sous l'influence de la gravité qui nous rappelait sur une surface capable de supporter le bateau. Nous étions en train de tomber vers l'océan, passant du monde aérien au monde aquatique en quelques secondes. Tout ceci était invraisemblable et pourtant nous venions de le vivre... Je n'en revenais toujours pas, cette magie contrôlait bien plus de choses que je ne l'aurais cru ! Mais, contrairement à ma personne assise, d'autres s'écroulèrent comme de vulgaires bouses... Qu'ils étaient ridicules ! Pour une fois, je me félicitais d'être resté dans mon coin, perdu dans mes pensées, au moins, je ne m'étais pas blessé malencontreusement...

(Hé bien voilà, je pense que nous sommes bientôt arrivés au port !)

Oui, le continent n'était plus très loin, une personne venait juste de nous le faire remarquer, dans quelques heures ou peut-être minutes nous regagnerions la terre ferme et retournerions à nos vies de pèlerins. Oh que j'étais heureux, oui, je ne l'avais jamais autant été depuis que nous étions partis et à ce moment-là, j'étais bien loin de m'imaginer tout ce qui nous arriverait... Enfin, je n'avais pas le don de voir le futur malheureusement, sinon j'en aurais usé jusqu'à en perdre la vie... Mais, une entité apparut dans mon esprit encore choqué par tant de maux, c'était le Marionnettiste qui n'avait pu oublier de venir nous dire un dernier au revoir. Ses mots me brisèrent le cœur et me rendirent pourtant un espoir perdu et oublié au fond de l'océan... Peut-être que le temps m'aidera à regagner cette confiance perdue, à reprendre un peu le goût de la vie, mais en attendant, je restais amer et la mort de notre guide n'allait pas me permettre de retrouver le sourire aussi rapidement ! En effet, cette créature mystique et énigmatique était mort pour nous, pour nous sauver du trépas terrible qui nous attendait en fin de compte et ces imbéciles auraient sans doute craché sur sa sépulture s'ils avaient pu;les ingrats !

(Qu'est-ce donc ça encore ?)

Une étrange sensation parcourut mon corps, une puissance qui me rappelait quelque chose. Mais quoi ? Je n'arrivais pas à m'en souvenir, pourtant ce n'était pas faute d'essayer... C'était fluide, semblait me connaître et s'immiscer dans mon âme comme pour m'aider dans ma détresse. Cela était si réconfortant mais en même temps effrayant, vivre en symbiose avec un être étrange ne me disait rien qui vaille surtout que je ne le connaissais pas ! Mais une lueur d'esprit me fit deviner ce qu'était cette force nouvelle qui ne m'abandonnerait sans doute jamais. Oui ! C'était l'arme éclatante qui devait abriter une partie de l'être du Marionnettiste, ou bien tout simplement l'âme d'une autre personne. Dans tous les cas, cela était vraiment très aimable de sa part et me donnait envie de poursuivre un peu plus longtemps la route de ma vie...

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Dernière édition par Dôraliës le Sam 30 Jan 2010 16:30, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Dim 10 Jan 2010 21:21 
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… Ce fut à quelques détails près l'image qui avait germé dans mon esprit lors du récit de Fino sur d'étranges voyages à travers les mondes. Un lieu où l'espace et le temps n'étaient plus une réalité à part entière ; aucun repère logique n'était visible malgré un savoir sur ce dont nous étions censés traverser. Mais ce à quoi je ne m'étais pas attendue était la totale absence de sensation physique et sensorielle que j'éprouvais à ce moment … ou pas. Ma vue était la seule à avoir encore un quelconque pouvoir pour me permettre de ne pas me sentir aussi vide qu'une poupée … et là encore je n'en étais pas sûre. Le bateau était aussi immobile sous mes jambes que mon corps était inconscient du mouvement. Je compris mieux le coté dangereux de tels voyages car une fois à l'intérieur, nous n'avions plus aucun contrôle et cela même sur nous même.

Finalement, le voyage se termina comme il se déroula … sans qu'on n'en sache rien. D'un univers indescriptible nous débouchâmes hors de l'eau, emprisonnés dans la bulle qui s'élevait dans les airs.
Pendant une seconde je regrettais l'absolue inconscience du vortex. Mes sens retrouvèrent la liaison avec la réalité au moment où je stagnais à une bonne dizaine de mètres au dessus de l'océan, autant dire que lorsque la bulle disparut, je me sentis aussi impuissante qu'une pierre qu'on laisse tomber dans un puits.

Puis tout bascula. Le bateau repartit en sens inverse, et si l'un de nous était prédestiné à savoir voler, ce ne fut pas ce jour là qu'il le découvrit.
Prise d'une panique spontanée, j'attrapais le premier appui stable venu, plus par instinct de conservation que de manière réfléchie. Les deux bras autour de la rampe de l'escalier menant à l'estrade du gouvernail, je m'arrêtai de respirer et fermai les yeux, cessant de penser avec la facilité de celui qui vient de s'éveiller d'un sommeil contraint. Je me concentrai sur mes doigts, agrippant le bois brut jusqu'à en sentir les échardes ; contractai mes muscles m'attendant chaque seconde à subir le contre-choc de l'atterrissage, qui arriva avec toute la brusquerie soupçonnée.
La douleur explosa entre mes dents jusqu'à l'intérieur des oreilles et je lâchai un juron à peine audible en me relevant maladroitement, les jambes encore tremblantes comme si elles avaient été coincées sous un poids pendant des heures. Une main sur la joue, le pouce passant en revue chacune de mes dents ; je failli rire de ma bêtise tandis que mon regard toisait l'ensemble des aventuriers, certains se relevant, d'autres surement déjà à terre restant sur place. Je m'étais recroquevillée en haut des marches, les genoux rabattus contre ma poitrine comme lorsqu'on chercher la chaleur de son propre corps ; autant dire que je m'étais préparé un solide barrage contre lequel ma mâchoire avait butté. Dans le fond, quoi de plus efficace qu'une petite décharge pour se remettre d'aplomb.

Physiquement, les choses reprenaient leur place, mais tout le reste n'était qu'une lourde brume d'automne qui tardait à s'effacer, gardant jalousement les rayons rassurant du soleil en elle. Ce navire entièrement noir n'était pas le nôtre mais tout un équipage d'étrangers y avaient trouvé refuge, fuyant une grande salle dont les proportions échappait à la logique malgré la réalité des ces dernières dans mon esprit ; le corps sans vie de Glenor était là et je me souvenais maintenant comment il avait péri, ainsi que mes anciens compagnons ; petit à petit tout s'imbriquait et je retrouvais finalement ce sentiment de profond gâchis tapis derrière l'immense brume, se faisant passé pour la clarté du jour. Cette aurore avait un arrière goût déplaisant et la voix qui s'introduisit à nouveau fut comme un clairon, de ceux dont on s'exclame, "pas encore !"

Son discours n'avait plus cette touche de fatalité dont mes souvenirs étaient emplis, pas d'ultimatums, pas de menaces ou de directives … mais entrainait sans son sillage une nouvelle vague de questions dont je décidais pour le moment de ne pas m'encombrer. Mon regard s'attarda au loin, vers les rivages d'une région dont je ne connaissais rien, une terre qui n'était pas la mienne où je ne trouverais aucun réconfort après toutes ces épreuves. La cité n'était encore qu'un point blanc dans l'horizon et il était trop tôt pour se demander comment elle allait accueillir les chasseurs que nous étions. Rien dans ce paysage n'allégeait mon esprit, je n'étais ni marin ni pirate, naviguant sur les flots avec le même plaisir qu'à cette lointaine époque où je naviguais avec charme autour de nos clients ; je n'étais pas non plus prête à rejoindre la terre ferme, ne sachant ce que je ferais le lendemain.
Aussi décidais-je de me tourner vers la seule personne sur ce bâtiment envers qui j'avais un devoir. Je me détournais des autres tant de vue que d'intérêt et m'agenouilla aux cotés de Glenor, relevant ma cape avant de passer mes doigts dans sa barbe pour la coiffer. Puis je me tournai vers Pragatt', le seul ici qui savait et pourrait m'aider dans cette tâche.

- Capitaine ? Lançais-je avec une pointe d'interrogation qui ne lui échappa pas. Il descendit son regard sur le corps tandis que je l'observai. Il se tenait droit, la main toujours posée sur la barre bien qu'une magie venue d'ailleurs nous guidait certainement déjà ; c'était à se demander s'il avait été ne serait-ce que secoué par la chute du bateau.
- Vas me chercher de quoi le recouvrir, une voilure, un drap, n'importe quoi.

Acquiesçant silencieusement, je me relevai et m'activai. Le pont du navire noir n'était pas exempt de traces de combat, et si l'on avait rencontré que la cornue, son équipage avait sans doute du rencontrer nombre de déboires. Sur le chemin, j'évitais les regards et me concentrais sur les objets, cherchant parmi les décombres un bout de toile ou un morceau de voile ; bonnes ou mauvaises je n'avais pas le cœur à la discussion et je me rendis vite compte que le silence régnait en maître un peu partout sur le pont. Au bout de quelques minutes j'aperçus enfin de quoi faire l'affaire, un grand carré de tissu de couleur sombre déchiré sur toute une longueur, autant moisi d'aspect que d'odeur ; mais cela ferait sans doute l'affaire, et n'embarrasserait plus Glenor là où il se trouvait.
Je retournais auprès du capitaine qui avait quitté son poste pour m'aider à envelopper notre compagnon. Je me gardais de le questionner à propos des gestes qu'il effectuait, de la manière de l'enrouler dans l'étoffe insalubre. Je suivis ensuite ses ordres silencieux, portant avec lui Glenor jusqu'au bastingage et lui laissa en revanche la tâche de le relâcher. Je n'eus pas le courage de regarder son corps atteindre les flots et s'enfoncer lentement dans les sombres eaux qui nous avaient engloutis bien trop longtemps … et je ne trouvai pas non plus de mots adéquats à une telle sépulture. Je ne voyais là qu'une manière brutale de partir, et je ne donnais guère de temps aux créatures pour venir à bout de l'enveloppe précaire qui protégeait son corps.

- Ils ne seront pas trop de quatre pour veiller sur mon Rubis Sanglant.
Le timbre de sa voix était un mélange de respect, d'adoration pour son navire et de rancœur envers la perte que cela signifiait. Mais en réfléchissant à ses mots, je compris qu'elle erreur de jugement j'avais commis. Ils n'étaient pas les enfants de Rana, marins et pirates ne remettaient pas leur cendres aux vents, mais leur corps aux créatures nées de Moura et leur âme à ce qui était plus un berceau que la terre qui les avaient vu naître.

Je quittais ensuite la compagnie du capitaine et me dirigeais vers l'extrémité du navire, assise dos au parapet afin d'observer la terre qui se rapprochait lentement de nous. Le temps n'était pas encore au repos, et sans doute n'était-ce pas encore le jour pour y arriver.

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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Mer 13 Jan 2010 00:48 
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Ainsi, tout s’achevait… Ou alors était ce simplement un recommencement, celui d’un cycle d’erreurs qui finiraient de nouveau par amener une aventure où nous perdrions compagnons et espoir, et d’où nous sortirions convaincus de ne jamais plus faire les même erreurs alors qu’un nouveau cycle s’enclencherait ? De cela, je n’étais pas convaincu malgré mon cynisme de voir tant d’immoraux personnages oser grimper sur ce navire noir en laissant mourir cet homme qui, malgré mes préjugés, s’avérait être l’un des plus sages hommes que j’ai pu rencontrés.

Marionnettiste, je ne t’ai que trop souvent insulter et juger. Aujourd’hui, je tiens à reconnaître dans la sagesse de ma déesse que tu es un homme bon et que tu ne mérites pas le sort qui t’attends. Qu’enfin la mort te libère pour que tu puisses goûter à cette jouissance qu’est la liberté, même si elle sera un peu différente. La vie devait elle donc toujours être aussi triste ? Je n’avais pas envie de vivre dans un perpétuel renoncement, renoncement à des choses qui aurait pu être sauvés par la lucidité des hommes. Hommes stupides, voilà ce qu’il fallait dire ! Une fois rentré, je partirais loin de ce peuple vaniteux et futile…

En parlant d’hommes, mes anciens compagnons vinrent se joindre à Jena et moi, silencieusement, déboussolé par les événements. Les choses étaient allés trop vite, nous n’avions même plus la mort de Jerth en tête. La mort d’Antariasi avait été éclipsée… Dans quel monde d’oublis, vivons-nous. La mémoire est un bien précieux mais ô combien difficile à acquérir.

De leur côté, les traîtres s’était regroupés entre eux, les plus tristes d’entre tous et je plaignais ces hommes qui avait su comprendre le nécromant et sa pureté bien avant que nous ne nous voilions la face par des préjugés ineptes. La seule chose intelligente est le discours de l’elfe aux cheveux de feu qui fait preuve d’une grande sagesse dans ces instants sinistres. Le nain aussi, avec une fraternité bourrue mais franche et sincère. Voilà qui méritait une grande admiration, ces êtres même à bout de forces parvenaient à engager des hauts les cœurs pour leurs compagnons complètement abasourdis… Moi, je restais humain, je n’avais plus aucune envie de parler dans ces instants. Mes sentiments vagabondaient entre l’envie terrible de tout détruire et celle d’éclater en sanglots.

Comment avions nous pu en arriver à un tel fiasco ? Tant personnel que communautaire, j’avais tout perdu. J’avais été un moins que rien. Darek, Torald, les marins, Jerth, Antariasi, tous était mort alors que mon rôle était de soigner et de veiller à la sécurité de chacun. Nous n’avions rien réussi, et tout raté, avec tant de morts sur la conscience.

Voilà qui faisait réfléchir tant à l’efficacité d’une lutte du bien contre le mal. Mais pourtant, j’étais convaincu que combattre ces morts-vivants, cette force sombre avait été le bon choix mais que le dénouement avait été tronqué par l’imbécilité humaine. Nous avions été exemplaires durant la bataille et plus bas que des détritus lorsque nos cœurs et notre tête avaient été sollicités pour sauver la vie de cet homme.

Quelle horreur, quel gâchis, quel sinistre aventure nous venions de vivre !


( L’optimisme est une valeur lumineuse, pourtant, Nécromant, ta mort n’apporte que tristesse dans mon cœur. Je n’ai plus envie de me battre pour des causes justes si c’est pour qu’elles soient détruites par la stupidité… Je m’excuse pour le tort que j’ai causé, tu auras acquis le respect d’un homme de bien avant ta mort… Du moins, si j’en suis un… Rien n’est moins sûr )

Ainsi, mes adieux étaient faits. Sobre et franc, comme rarement. Et la solennité de l’instant fut rompue par deux choses de plus ou moins grande importance. Tout d’abord, le navire démarra son ascension vers le maelstrom, dirigé d’une main calme par notre sauveur à tous. Puis, Jena finit par enfin rompre le silence pesant pour s’expliquer de manière peu claire sur ce qu’il s’était passé.

« Ce qui s’est passé… Je ne sais si j’ai la force de vous l’expliquer. Nous… nous l’avons vaincue, cette entité maléfique servante de Thimoros, suivante Oaxienne. Mais ce n’est pas moi qui ai mis fin à ce terrible combat. Pas moi seule… »

( Ainsi donc, tu as connu l’expérience de Jerth et toi aussi, amie, tu as compris la vraie et bonne nature de cet homme de l’ombre… Merci pour lui, merci de l’avoir gracié. C’est un petit geste mais qui a une grande valeur, Jena !)

« Je n’aurais pu y arriver seule… Il nous a tous sauvés. »

( Comment… Mais ce n’est pas possible une telle abominat…)

Je fus interrompu par un bruit terrifiant qui retentit dans mon dos, la salle venait de céder déversant dans une colère toute la puissance d’une eau trop longtemps contenue. Telle la tempête, elle ravageait tout et plus sur son passage, terrifiante et bruyante, l’eau reprenait son droit et rappelait à tous qu’elle seule était la maîtresse des mers…

Et dans le même temps, je ne pus que voir la mort du nécromant alors que nous étions sauvés, traversant peu à peu le maelstrom. Cette horreur était sans nom. Comme toutes les autres que j’avais dénoncée, je ne pouvais rien faire…



Le choc fut éprouvant, ce passage étrange n’était pas de tout repos, du moins pas tant qu’il l’aurait laissé supposé. Je fus cloué au sol pendant ce qui aurait autant pu durer dix secondes que trois heures totalement incapable de faire le moindre mouvement. Nulle parole ne pouvait sortir de ma bouche et je ne parvenais même pas à mettre en place une quelconque trame de réflexion pour penser et repenser encore ce qui venait de se passer. La traversée de ce genre de …machin était vraiment décoiffante.

L’arrivée cependant, était moins douce. Chuter d’une dizaine de mètres dans un navire de guerre sur de l’eau presque solide, c’était… impressionnant. Mais la gerbe d’eau qui nous avait tous rafraîchie faisait du bien aux esprits endoloris. Une forte impression d’avoir un testicule au niveau du gosier me fit presque défaillir durant toute cette descente vers le flot rugueux. Pourtant, un peu d’action ne me faisait pas de mal, elle me permettait au moins d’avoir la tête vide de toute pensée et de tout sarcasmes. Vous excuserez volontiers la vulgarité, il faut bien parfois justifier son âge.

Sur le pont, tout le monde semble sonné mais indemne, le choc avait été brutal mais tout le monde s’en tirait à merveille. Une dernière protection de la part de celui qui restera l’homme le plus valeureux que j’ai pu rencontrer. Il mériterait que je parte en chasse de son faux maître. Perhaillon était mauvais et l’avait châtié, si un jour je pouvais venger ce nécromant, je le ferais. Nous avions été misérables…

Une bande de gobelins apatrides et violets auraient sans doute fait bien mieux que nous… Pourquoi violets ? Je ne le sais pas. J’avais simplement envie de penser à une connerie maintenant que ça fait dix minutes que je déblatère sur le pourquoi du comment on est stupide… En fait, tout ne va pas si mal. Les hommes qui sont morts sont comme ceux de l’infirmerie, des inconnus partis trop vite et auxquels je m’étais attaché. Mais la déesse ne m’avait pas envoyé pour oublier ces hommes. Cependant, j’avais l’intime conviction qu’il ne fallait pas regretter d’avoir été soi-même un bon à rien notable mais qu’il fallait respecter la mémoire de ces hommes et les honorer. Retrouver le goût de vivre pour eux… Sans doute.

Vous avez déjà imaginé un gobelin violet ?

C’est là que vinrent les dernières paroles de notre sauveur, du guide spirituel que nous devions suivre pour atteindre les vraies voies de la justice lumineuse :


« Aventuriers de tous bords et de toutes contrées, c’est la dernière fois que vous m’entendez. Voici un long périple qui s’achève, et je ne reviendrai pas sur les choses passées. Vous aviez cru participer à une chasse au trésor, vous aviez cru partir au devant de richesses, et je vous présente mes excuses pour ce mensonge, le seul que j’ai proféré. J’espère que dans toute cette histoire, vous vous êtes aperçu que le plus grand trésor que vous pouviez trouver n’était pas fait de pièces d’or ou de pierres précieuses. Ce trésor, ces richesses, c’est vous qui les possédez, au fond de votre cœur. Courage, fidélité, foi, espoir, persévérance, pardon… C’est ce qui fait de vous des êtres uniques, des héros de votre temps. Et chacun de vous en est pourvu, sans exception. Vous êtes l’étincelle de lumière qui jaillit dans les ombres pour les repousser, vous êtes l’avenir, et moi le passé. Pour cela, et pour tout le reste, merci… »

( Vous nous avez appris à aimer la vie, à aimer les autres. Vous nous avez appris à mener en héros des situations désespérées. Vous nous avez appris à connaître le prix de la vie, par la votre notamment. Alors ne nous remerciez pas, c’est à nous de vous dire Merci. Nous vous devons tant… Allez en paix nécromant !)

Ainsi, il avait raison et rejoignais mon point de vue. Il fallait garder cet optimisme et cette joie des cœurs qu’il faut pour parvenir à atteindre la sagesse réelle. C’est dans la légèreté que se trouve parfois la vraie profondeur. Savoir garder l’esprit serein et amusé même dans les pires situation permet de garder lucidité et sang-froid… Cet homme était un sage, un preux chevalier. Nous avions manqué, et nous devions désormais garder la certitude d’être en étant à la hauteur de ses aspirations. Pas sûr que nous y arrivâmes.

C’est alors que j’aperçus les côtes. Nous revenions à Kendra-Kar, sur le port de la ville blanche où désormais il n’y avait plus une once du sang laissé par les combats. Quel dérision, nous avions fait tout ça pour ça… Mais malgré tout, je me sentais grandi par cette aventure, je savais désormais ce qu’était l’aventure. J’avais désormais vu la mort, le combat, le sang et j’avais prouvé ma quelconque utilité en toute sorte de situation. Il ne fallait plus regretter, mais au contraire profiter de cette expérience pour devenir à mon tour un emblème capable de transmettre de telle valeur.

La vie était souvent trop triste pour la laisser partir à une tristesse trop grande. Il fallait la vivre avec mordant et hargne, même à s’en casser les dents. Je voulais devenir un représentant des valeurs de cet homme. Je voulais représenter le courage, la lumière, l’espoir, le guide à travers l’obscurité pour rêver un monde meilleur où l’homme serait enfin humain. Je voulais éliminer cette menace qu’était Oaxaca. Je voulais tout et rien, je me sentais immortel, enivré de jeunesse et d’un espoir naissant. Les leçons de mes erreurs, je les avais tirées, maintenant, il ne fallait plus s’attarder aux pleurs et au regret. Il fallait rebondir et avoir des projets.

Je voulais représenter tout cela et les idées germaient en moi. Une compagnie, une force d’action réunies autour de quelques membres durs qui se battraient pour promouvoir les valeurs sociales et la lumière face à l’oppresseur Oaxaca… Maîtriser l’électricité… Voilant tant de projets qui trouvaient un écho en moi, comme l’espoir d’une vie nouvelle, une vie à la hauteur de mes morts. C’est ainsi que la traversée passa, me laissant à mes rêveries et à ma solitude intérieure.


… … … … … …

( Déjà ?)

Nous venions de toucher terre et le bateau était gentiment amarré par des marins du port. Une troupe de soldats officiels de la ville nous attendait accompagnée d’un général des armées. Il semble réjoui de nous accueillir en grande pompe. Quelle perte de temps !

Et alors que Jena n’hésite pas une seconde à s’engager sur le quai, le général nous interpelle :


« Bienvenue dans notre belle cité kendrane, aventuriers ! Alors, ce trésors ? »

Je me demandais bien à quoi rimait cette question. Mais il fallait bien répondre… Je lui fis, en suivant Jena de près, cette réponse :

« Ce trésor est inestimable mais vous ne l’enviez pas. C’est la seule chose qui est à votre portée et vous refusez de l’embrasser. Mon trésor, je le garde précieusement. »

Pour suivre mes paroles, je me tapote du poing sur le cœur, dans un mouvement glorieux de compassion pour cet imbécile.

Arrivé sur le quai, je rattrape Jena non loin, un peu déboussolé, pour qu’elle puisse enfin m’aider :


« Et maintenant, que vas-tu faire ? Cela me semble hypocrite de retourner à ma vie après tout ça… »


((( C’est le dernier post pour moi, On commence le dirigé par ta réponse sur le topic du port ? )))

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Terminator des cours d'écoles ! Théurgiste en formation, prêt au combat ! Près de mourir !


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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Mer 13 Jan 2010 23:47 
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Je ressentais une drôle de nostalgie à être assise ici, sans autre objectif que de mettre pied à terre ; pas de maisons à rejoindre, pas de nouveau contact humain même faussement franc, pas de lieux publics où les souvenirs viendraient restaurer ma place dans ce monde. Après toutes ces épreuves, de la plus plaisante à la plus détestable, j'allais simplement revenir à quai … loin d'un chez moi où je ne pouvais aller, pas encore, pas avec cette impression de laisser derrière moi plus d'énigmes que de solutions.
A quelques mètres au dessus de moi, le claquement des voiles dans le vent ressemblait à s'y méprendre au son de l'obi que les servantes secouaient et étiraient avant de m'en habiller, je pouvais presque sentir sur ma peau la douceur de la soie. Le mouvement du bateau filant sur une mer quasiment plane me berçait, son rythme régulier était comme un pendule dont se servait les sorcier ; les rayons du soleil réchauffaient peu à peu mon corps, aspirant les tremblements de ma poitrine. Mon esprit ne s'évadait pas, mais la fatigue et la torpeur prirent lentement le pas sur la tension, et doucement, je me sentis tomber dans un sommeil qui s'augurait sans doute agité.

… Quand je me réveillais finalement à cause du changement d'allure du navire ; je fus bien obligée et non moins satisfaite de me sentir reposée, même si cela ne devait durer que quelques minutes. Au lieu de turbulente, cette pause avait été calme, un sommeil sans rêve et un réveil presque indolent. Une légèreté qui ne dura pas, mais j'avais appris depuis longtemps maintenant à bénir ces petits moments.
Je respirai profondément, fermai les yeux et laissai doucement s'écouler toutes les implications et conséquences des lieux, du moment, de mon statut et de l'histoire. Une manière de permettre au personnage que j'étais de se remettre en marche après une déconnexion temporairement bienfaitrice.

Des marins sur le pont amarrèrent le navire, et déjà un groupe très officiel se regroupait en embuscade enthousiaste à la descente. Leur mine était d'ailleurs étonnement joviale et le court discours à l'opposé de ce à quoi je m'attendais ; mais dont l'absolue frivolité me fit froid dans le dos.
Le port avait retrouvé semble-t'il un visage normal, à faire passer pour le plus illuminé des fous celui qui raconterait l'hécatombe passée. La circulation sur les quais était fluide et ordonnée, on y voyait que des marins affecté au chargement ou déchargement des navires de marchandises, et ce groupe de militaire en tenue officielle.

Je descendis à mon tour du navire, devançant Pragatt' et lorsque nous approchâmes du groupe, celui vêtu le plus richement s'empressa de nous serrer la main avec vigueur, ne s'affolant pour l'instant pas des mines dévastées de la plupart des aventuriers rentrant au port.
- Bienvenue ! Alors …? Demanda-t-il à nouveau à notre duo
- Un peu trop de morts, répondis-je sur un ton bourru, avant de laisser ma place à Pragatt', m'excusant d'un signe courtois pour me faufiler et quitter cette compagnie un peu trop cérémonieuse.

Autour de nous, des groupes se reformaient sur les quais et l'agitation soudaine du coté des elfes finit par me donner l'impulsion nécessaire à ma dernière décision vis-à-vis de mon capitaine.
De tous les équipages, le nôtre avait subit le plus de perte, et de tous les capitaines, le mien était certainement le seul partit pour cette aventure dans le but de s'enrichir ; et voilà que la seule commandante avec lui ayant réchappée à tout cela retrouvait son bateau.
Je n'avais aucune intention de repartir sur les mers, mais l'arrêt du contrat signé avec Pragatt' ne pouvait se limiter à un au revoir, à la prochaine. La voile noire lui revenait, dernier capitaine rescapé et aventurier berné qui avait plus perdu que tout un chacun.

- Capitaine ? dis-je d'une voix basse en lui faisant signe de me rejoindre. Y'a quelques jours, j'ai signé un contrat pour être des vôtres le temps d'une chasse. Je reviendrais pas sur toute cette mascarade, mais je préfère être honnête, j'ai eu ma dose de bateau et d'océan pour mes deux prochaines vies … au moins. Je trouve ça moche par contre, qu'un navire reste sans capitaine.

Le ton impertinent sur lequel ma phrase se finit fut au final plus relaxant que n'importe quelle méditation, et la perspective d'action concrète avait au moins l'avantage de ne pas me faire sombrer.

((j'ai finis pour la quête aussi, je laisse l'honneur du retour à kendra kar à pragatt' ^^))

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Madoka


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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Jeu 14 Jan 2010 19:01 
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Je suis conscient que j'ai l'air complètement piteux, puéril, stupide à chouiner de la sorte, ma gorge étouffée de sanglots ne laissant échapper qu'un son plaintif digne d'un chien qui aurait perdu son maître, mais je n'ai pas... plus le courage de retenir ma tristesse, et même si je le pouvais, je crois qu'il ne serait pas prudent de le faire : tout ce que nous avons traversé, jusqu'ici, mon esprit l'a encaissé aussi vaillamment qu'il l'a pu, et maintenant qu'il n'est plus nécessaire de se braquer devant l'adversité, les larmes que je verse sont comme un tribut que je lui dois. De plus, si étourdi que soit l'imbécile que je suis, je ne suis pas sans savoir qu'il n'est jamais bon de trop retenir son chagrin, car à force de le renfermer en son cœur, il finit par y former une boule qui est vouée à soit éclater trop y tard, soit pourrir sur place, entraînant la corruption du tempérament de la personne.
Pendant un premier temps, j'espère vainement que nul ne pourra me voir m'épancher aussi peu glorieusement, mais en entendant des bruits de pas lourds accompagnés de cliquetis métalliques, je me rends bien vite compte que je suis très probablement à peu près aussi discret qu'une vache au milieu d'un pré. Les sons qu'émet l'individu qui s'approche de moi semble indiquer qu'il s'agit soit de Silmeï, soit de Gleol, et même si je n'ai envie dans mon état actuel de ne voir ni l'un ni l'autre, je dois avouer que ce sont certainement les deux aventuriers de toute l'escouade dont la présence me serait supportable. De toute manière, dans mon état actuel, ce n'est pas comme si j'étais en position de me faire respecter ou obéir de grand monde, aussi laisse-je approcher sans réaction mon visiteur qui s'avère être conformément à mes espérances le petit être en armure, ce cher compagnon s'agenouillant à mes côtés pour m'étreindre maladroitement mais chaleureusement.

Quelle étrange, quelle bizarre, quelle pitoyable scène nous devons former à nous deux ; jeune ynorien fagoté de manière improbable et aldryde caparaçonné dans une enveloppe de métal géante ! A cette idée qui vient se faire ajouter sur mes joues le rouge de la honte à celui de la tristesse, je fais mine de repousser mollement le bras et l'aile d'acier en bégayant un « Je vais bien. » peu crédible, mais mon geste manque à ce point de conviction que je finis rapidement par me laisser faire, toujours aussi inerte mais un peu réconforté par la présence du cryomancien dont l'étreinte, bien que glacée et inconfortable, n'en est pas moins motivée par des sentiments louables et aimables. Fermant les yeux, laissant un peu plus paisiblement s'échapper l'amertume, le chagrin et le fiel accumulés dans mon cœur, je reprends doucettement un peu d'aplomb, articulant comme un mantra à l'occasion d'un temps mort entre deux sanglots :

« Nous rentrons. »

Mais dans cette atmosphère de tendresse, une voix rude et presque rocailleuse, mais gaillarde, vient ajouter son grain de sel, Gleol étant également présent pour apporter son bon sens bonhomme au moulin de nos pensées. De toute évidence, ce n'est pas la première fois que le guerrier se retrouve dans une situation pareille pour en encaisser le choc avec autant de gaillardise : après avoir perdu tous les autres membres de l'équipage dont il faisait partie, s'être retrouvé au sein d'un équipage foncièrement hostile, et avoir dû prendre part à une lutte sans merci durant laquelle il était en danger de mort, il ne flanche même pas un peu ? Décidément, la longueur de la considérable barbe du roux semble refléter les années d'expérience qu'il doit avoir, et devant une telle facilité à passer à autre chose, je ne sais pas si je dois être admiratif pour autant de courage ou estomaqué pour un tel manque de considération et de respect envers les morts.
Quoi qu'il en soit, le prosaïsme dont il fait montre a certainement quelque chose de choquant, mais il reste indéniable que ce qu'il dit mérite d'être dûment assimilé et suivi : l'heure des cris, des hurlements, des larmes est passée, et ne serait-ce que parce qu'il s'agit là de la chose la plus sensée, sage et productive à faire, il est temps de renverser la vapeur pour ainsi dire. Ainsi, ragaillardi par les propos de mes compagnons, je me relève doucement mais résolument, prenant appui sur Bushido pour me remettre debout, encore fragile et dénué de la moindre envie de m'impliquer encore dans des manigances de conspirateurs, mais le cœur un peu plus léger et l'esprit un peu plus serein.

Ainsi, essuyant précipitamment mon visage tout humide, flanqué des deux personnes envers lesquelles j'ai le plus confiance en dépit des différences qui nous démarquent tous les trois les uns des autres, c'est d'un œil étonnamment détaché que j'observe le départ de la Voile Noire se faire, ayant l'impression de contempler tout cela depuis des horizons forts lointains tellement ma vision se fait plus objective, plus éclaircie, plus... Ranaéenne. De toute évidence, encore une fois, cette mise à flot magique en direction de cet immense tourbillon que nous sommes en train de vivre à de quoi faire sortir les yeux de la tête, mais je la subis sans panique ni effarement, me contentant de laisser l'effet se faire avec une circonspection détachée : advienne que pourra !
C'est alors que survient une énième révélation faisant partie d'une suite de rebondissements si nombreux qu'un de plus devient presque lassant : prenant la parole, la femme à la lance révèle confusément qu'elle n'a pas pu venir à bout de la Cornue elle-même mais a dû pour cela avoir recours à l'aide de celui-là même qui nous a mené ici, celui-là même qu'elle haïssait manifestement, celui-là même contre la libération duquel je me suis prononcé ; le Marionnettiste ! Et c'est étrange, car je sens que de toute évidence, Léonid Archevent devrait être stupéfié, outré, fou de rage qu'il se soit passé une telle chose littéralement sous son nez sans qu'il en soit le moins du monde mis au courant, mais je ne parviens tout simplement pas à me mettre en colère ou à éprouver du remords : les choses se sont passées comme elles se sont passées, et à la manière d'un sage, je suis surtout curieux de savoir plus en profondeur le pourquoi du comment de cette histoire qui se fait plus compliquée à chaque minute qui passe.

Certes, je tombe des nues, comme tous les autres, mais... c'est étrange ; au lieu de m'écraser sur la terre incommode de la désillusion après avoir chu du haut d'une maigre assurance, je me sens plutôt flotter dans les limbes de l'indécision, observateur discret et attentif du déroulement des évènements qui attend que ses idées autant que la situation soient plus claires pour agir. Oui, je le garde à l'esprit, toutes les incohérences, toutes les invraisemblances, toutes les objections que Silmeï et moi avons relevées dans le récit de l'être obscur sont toujours d'actualité quoi qu'on en dise, et il est indéniable que quiconque réfléchit bien à toutes les données que nous avons en main ne peut raisonnablement se satisfaire de ces éléments en guise d'explication pour tout ce qui s'est passé. Je ne sais pas encore que faire de toutes les incertitudes qui m'habitent, mais toujours est-il que je ne les laisserai cette fois-ci pas me submerger, mais attendrai au lieu de cela le moment propice pour jeter la lumière dessus. J'en suis certain, je ne serai pas le seul motivé par la perspective d'une telle entreprise, si floue soit-elle, et c'est d'une voix un peu lointaine, faible mais ferme que je dis à mon compère aldryde en lui posant une main sur l'épaule en signe de confiance aussi bien que de réconfort :

« Des pages non lues restent à être tournées. »

Pourquoi me suis-je fendu d’une pareille parabole ? Moi-même, je ne saurais pas vraiment le dire, car en vérité, les paroles me sont tout simplement venues d’elles-mêmes, s’écoulant sans réelle réflexion préalable de ma bouche… disons que ça semblait être la chose à dire, car en effet, si l’on veut poser le problème simplement, nous aurons dans un avenir probablement proche le choix entre vivre avec les incertitudes induites par toutes les données contradictoires que nous avons reçues ou creuser aussi profond dans la question afin de l’élucider une bonne fois pour toutes. Je ne sais en vérité pas encore comment nous allons bien pouvoir nous y prendre, mais le temps pour de pareilles considérations devra attendre un tant soit peu, chacun –moi y compris- ayant vécu des aventures par trop bouleversantes pour enchaîner sans une seconde de répit avec une autre chasse ; cette fois-ci aux informations. Toutefois, si désireux que je sois de m’accorder répit et repos maintenant que cette quête de fous touche manifestement à sa fin, je suis conscient qu’il faudra battre le fer tant qu’il est chaud si nous ne voulons pas voir nos possibles sources de connaissances nous filer entre les doigts.
Mais allons, pour le moment, nous partons, et c’est d’un regard méditatif, presque paisible et assuré que j’embrasse pour une ultime fois cet immense amphithéâtre en phase de ne plus être qu’une ruine comme l’indiquent les grondements rugissants de l’eau qui tambourine sur la coupole du plafond de la salle et la perce même à grands jets. Spectacle incroyable que la destruction de ce complexe sous-marin qui défiait les lois de la nature depuis une époque inconnue ! Opportunité unique que de pouvoir la contempler… et chance extraordinaire de pouvoir y survivre ! Et alors que mes sensations se font de plus en plus floues et que mon corps me donne l’impression d’être secoué dans tous les sens, comme si j’entrais dans une bulle géante, mon dernier regard est pour le Marionnettiste, toujours renfermé dans son silence et son immobilisme, et la dernière image que j’emporte est celle de sa silhouette confuse nimbée de chaos.

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Sam 16 Jan 2010 10:56 
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Validation du vol de Mathis:


Dans la cabine de la Cornue, tu ne trouve rien de bien faste. Visiblement, elle ne s'encombrait pas de richesses pour voguer vers sa funeste destinée. Ainsi, mis à part des livres détrempés rendus illisibles par les flots salés, tu ne trouves qu'un petit sac de cuir contenant 9 gemmes jaunâtres et finement sculptée. Ce ne sont pas là de vraies pierres précieuses, mais elles doivent bien valoir quelque chose à la revente...

(Gain: 9 gemmes jaunes: 55yus la pièce.)

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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Jeu 21 Jan 2010 07:30 
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Sur le navire, ce qui restait des différents équipages se regroupèrent chacun de leur côté cherchant le réconfort de ceux avec qui ils avaient partagé cet aventure. Tous se laissaient mener par leur émotion, Rosie la première ne pouvait pas non plus réellement y échapper. C’est le genre de fin qui serre les gorges et qui laisse toujours sur sa faim. Mais ce qui inquiétait vraiment la jeune fille à cette heure c’était la réaction de Shrez à ses côtés. Il n’avait pas rejoint les autres traitres, si on peut vraiment dire cela comme ça, qui s’étaient regroupés se soutenant mutuellement. Non, lui il était demeuré là à bouillir sur place. Rosie pouvait le sentir dans le tressaillement de ses muscles. Elle aurait voulut le toucher, lui parler, le soutenir, mais elle avait l’impression qu’il pouvait exploser à tout instant et elle craignait être celle qui déclencherait cette colère attristante. Elle préféra tout de même rester auprès de lui. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était toujours ça. Mérové, lui, attendait assis reniflant nerveusement l’air. Il sentait la fin imminente. La passerelle se remonta comme par enchantement alors que dans une bulle sombre, le navire noir s’éleva dans les airs se dirigeant vers le maelstrom, sous le contrôle du marionnettiste. Soudain une voix féminine retentit. Celle de cette jeune femme de lumière.

« Ce qui s’est passé… Je ne sais si j’ai la force de vous l’expliquer. Nous… nous l’avons vaincue, cette entité maléfique servante de Thimoros, suivante Oaxienne. Mais ce n’est pas moi qui ai mis fin à ce terrible combat. Pas moi seule… »

Rosie ne fut pas très sûre de vraiment comprendre tout ce qu’elle racontait, mais au moins elle saisissait l’essentiel, tout particulièrement cette dernière phrase qui vint tenailler les entrailles.

« Je n’aurais pu y arriver seule… Il nous a tous sauvés. »

Le bateau quittait donc la scène d’un crime alors qu’un rideau de pierre tombait sur le marionnettiste dont la dernière performance ne fut applaudit que par le sinistre grondement d’une mer en colère. C’est ainsi que devait se terminer le désastreux spectacle. Personne ne bougeait vraiment, personne ne réagissait physiquement. On aurait dit un bal de statues dont les visages refusaient de voir leur tord qui pourtant les saluait au bout de leur nez, les narguant en pointant cruellement du doigt leur faute, là tout au centre de cette immense pièce. Du moins c’est comme cela que Rosie le voyait et c’est comme cela qu’elle le ressentait. Même elle, elle se considérait comme fautive dans cette histoire. Coupable de ne pas avoir élevé la voix contre ceux qui attachaient si prestement la corde au cou du prisonnier. Peut être que rien n’aurait changé mais peut être que ci. Toutefois, il était trop tard pour le savoir. À présent qui pouvait vraiment dire ce qu’aurait été le futur si le passé avait été autrement.

C’est donc avec une teinte de regret que la jeune fille en rouge traversa, les doigts crispés, le tourbillon étrange à bord d’un sombre bateau tout aussi noir que les pensés de chacun. À cet instant, le monde redevint silence. Il n’y avait plus tous ces craquements et ces bruits de fracas qui résonnaient tout autour, ni ce grondement persistant de la bête qui faufilait ses longs doigts salés entre les fissures pour reprendre la place qui lui appartenait. Même le cœur de Rosie semblait s’être tut. Elle ne put croire que ce dernier pouvait bien s’arrêter aussi longtemps. Mais à partir de combien de temps pouvait-elle considérer que cela faisait longtemps? Durant l’instant qui s’écoula, la semi-elfe sembla ne même plus comprendre ce que pouvait signifier une seconde pour elle. Une journée, un année, un siècle… une éternité? Bien que l’adolescente eut une éternité pour ce posé la question, elle n’eut par contre pas le temps d’y répondre, déjà, le vaisseau noir émergeait toujours entourer d’une énorme bulle protectrice qui sembla vouloir les mener plus loin, continuant son ascension vers le ciel. Par contre, sa courte existence pris fin lorsque soudainement, elle éclata. Ce fut ce qu’on pouvait considérer comme un retour à la réalité, ce fut un choc brutal. Comme un aimant, l’océan attira le bateau à lui, avec la force la plus terrifiante et peut être la plus puissante qui soit, celle de la gravité. Rosie se sentit légère alors que sous ses pieds, un poids immense retombait, mais cet instant ne dura même pas l’espace d’une seconde. Rappelant la nature à l’ordre, le corps de la jeune fille suivit son prédécesseur. Le choc sous ses pieds fut si rude qu’elle ne parvint pas à s’y tenir, basculant vers l’avant se préparant à faire plus amplement connaissance avec les lattes de bois du navire. Mais dans sa chute, ses doigts s’agrippèrent à une imposante masse de poil l’empêchant de s’étaler au sol. Elle se retrouva plutôt durement plaquée contre un ours mécontent de son propre déséquilibre. Immobile, le visage presque complètement ensevelit dans la fourrure de l’animal étendu, Rosie pris de profonde respiration. Tout cela avait-il réellement eut lieu ? Elle leva les yeux pour apercevoir des aventuriers pour la plupart dans le même état qu’elle et c’est péniblement qu’elle se redressa doucement sans pour autant complètement quitter le sol. Elle demeura assise auprès de Mérové qui lui-même ne jugea pas nécessaire de se relever. Il était très bien là. C’est alors qu’une voix familière retentit.

« Regardez! »

C’était Ruméus qui s’était exclamé de la sorte. Rosie s’étira, suivant le regard de ce dernier pour finir par apercevoir ce qui semblait être un morceau de terre défiant l’étendu bleu de sa hauteur. Le navire n’était plus très loin de la terre promise, celle du retour. Ce n’était plus qu’une question d’heures à peine. La jeune fille voulut soudain succomber à la fatigue mais une voix qu’elle connaissait maintenant que trop bien résonna pour la dernière fois dans son esprit. Elle écouta une dernière fois ces paroles le cœur gonflé de tristesse d’autant que ce dernier s’excusait et les remerciait alors que ce n’était pas réellement à lui de le faire.

« …Vous êtes l’étincelle de lumière qui jaillit dans les ombres pour les repousser, vous êtes l’avenir, et moi le passé. Pour cela, et pour tout le reste, merci… »

Serrant ses mains jointes contre elle, Rosie leva les yeux au ciel afin de retenir les larmes qui engorgeait ses yeux.

« Non, à vous merci. »

À quoi bon s’adresser désormais à un mort situé à des mètres et peut être même à des kilomètres sous eux ? Rosie ne le savais pas, pourtant elle se sentait obliger de le faire. Mais à peine elle prononça ces mots qu’une sensation étrange et loin d’être complètement désagréable l'envahit. Sa respiration augmenta, essayant de contrôler ce qui se déversait en elle sans ménagement, comme si une puissante rivière d’énergie inconnue déferlait dans son crâne et s’infiltrait par la suite dans chaque partie de son corps bousculant tout ce qui s’y trouvait. Puis aussi vite que cela survenue, tout cessa. Cherchant à comprendre ce qui venait d’arriver, Rosie chercha le regard des autres sans réellement le trouvé. Seul Mérové toujours couché à ses côtés la dévisageait de ses petits yeux dorés avec curiosité. Il laissa tomber un reniflement et approcha vivement sa grosse tête de celle de Rosie. Il ouvrit la gueule et se mis à lui lécher joyeusement la tempe droite sans ménagement l'enduisant d'une bave visqueuse et rempli d'amour.

« Mais…que...Arrête! »

Rosie le reposa doucement complètement déconcerté par sa réaction.

« Qu'y a t'il Mérové? »

Comme unique réponse Mérové posa sa lourde tête contre les cuisses de Rosie tout en poussant un reniflement de soulagement avant de fermer les yeux pour un repos mérité. En le regardant sombrer ainsi dans un sommeil profond, la jeune fille réalisa que cet animal sortait non pas seulement d’un combat redoutable contre des monstres maléfiques, mais aussi d’un long sommeil de tourments incessants dans une enveloppe de pierre froide. Qui savait vraiment combien de temps la pauvre bête avait passé seule dans cette endroit avant que Rosie ne le découvre. Au moins si le marionnettiste n’avait pas put être sauvé, cet ours lui l’aura été. C’était bien là la seule consolation que pouvait s’offrir la semi-elfe face à un échec aussi cuisant. Elle caressa doucement le rescapé des profondeurs, consciente que là où il était, il ne s’en rendrait plus compte. Tout en jouant avec les poils de la bête elle ne pouvait s’empêcher de se demander si d’autres créatures étaient dans ces mêmes conditions de prisonnier dans cette citadelle, idée qui ne lui plaisait guère, réalisant avec souffrance que le mystérieux personnage qu’ils devaient sauver ne sera peut être pas la seule victime. Elle savait que même si c’était le cas, elle n’aurait pas put tous les sauvés, mais en même temps ça la rendait furieuse de se dire qu’ils n’avaient pas sauvé celui dont la libération était possible.

Dans un soupir, la jeune aventurière se frotta doucement la tempe droite qui picotait toujours un peu tout en essuyant de la salive d’ours qui n’avait heureusement pas encore eu le temps de séché. Si seulement elle avait eut un miroir. Elle aurait sûrement compris.

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Dernière édition par Rosie le Dim 14 Fév 2010 06:30, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le retour à la réalité...
MessagePosté: Ven 22 Jan 2010 09:32 
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...

Se retrouver enfermé trop longtemps dans sa propre tête c’est comme s’amuser à se chamailler avec ses frères et sœur. On trouve tous cela futile et anodin, mais ça fini toujours par se conclure avec des larmes et un peu de rancune.

Et bien justement, je déteste ces trop longs moments de solitude où chacun laissés à sois même, n’a rien d’autre à faire que de réfléchir à sa propre existence. C’est d’autant plus troublant après les derniers évènements survenus. On ne peut s’empêcher de craindre avoir fait les mauvais choix et le regretter amèrement le reste de sa vie. Je veux dire, il y avait tout de même des vie sur le tapis et c’est triste à avouer mais beaucoup de gens sont mort, on ne parle pas seulement du marionnettiste donc oui on peut en souffrir toute une vie.

Toutes ces âmes perdus au combat ça explique un peu le trouble qui se lit sur le visage de ceux qui ont choisit de condamner le prisonnier des profondeurs sinon j’aurais du mal à comprendre pourquoi ils sont si affectés par une mort qu’ils ont choisit eux même pour quelqu’un. Être mal intentionnée je leur souhaiterais à tous de vivre avec cette mort sur la conscience, qu’ils se maudissent chaque secondes d'avoir été le meurtrier, le bourreau, l'assassin de celui qui finalement fut leur sauveur. Toutefois, presque à mon propre désespoir, je ne suis pas comme ça, je ne me crois même pas capable de souhaiter une telle chose à qui que ce soit, mérité ou pas. Non je suis trop... faible, trop naïve. Je n’ai que trop peu d’ambition, mais surtout, je n’arrive pas à voir les choses de façon détachés même celles qui ne mérite pas ma pitié. Je voudrais être différente. Ne pas être ce que je suis. Je voudrais être aussi vive que Mathis, austère comme Hallena ou bien aussi circonspecte que Ruméus, je voudrais même être aussi fière et orgueilleuse que ce cher Shrez. Je voudrais être tout sauf moi, un chien errant que l’on regarde constamment de haut. Je ne vaux pas mieux en fait. Qu’est ce que je suis en réalité? Une gamine, sans famille, sans caractère et sans passé, qui n’est même pas réellement capable de souhaiter, même en pensé, du malheur à ceux qui le mérite, qui ne peux même pas tenir tête à une vieille qui refuse de rendre ce qui ne lui appartient pas. En plus de cela, je suis dans la rue. Qu’est ce que je possède? Une vieille paire de botte complètement fichu, des vêtements qui tombes en lambeaux et une hache qui ne demande qu’à rouiller… Non, je ne vaut pas plus que ce que j’ai sur moi. Le marionnettiste pouvait bien dire le contraire dans son discours d’adieu, ce ne sont que des mots après tout parce que sincèrement, je ne crois pas réellement avoir gagné ces richesses dont il parlait. Je n’ai pas l’impression d’avoir évoluer dans toute cette quête. Non au contraire je plonge plus profond, je comprends ce que je suis vraiment : une fillette ridicule qui se croit plus forte qu’elle ne l’ait et qui ne peut pas vivre sans les autres.

Pffff… on arrive quand au port?

Je l’ai déjà dit : Je déteste ces trop longs moments de solitude où chacun n’a rien d’autre à faire que de réfléchir à sa propre existence. Moi à chaque fois c’est pareil, j’enfonce et ce n’est pas bien.

Parfois je me dis que j’aimerais bien être une roche, oui ce serait tellement moins compliqué.


...

C’est ainsi que passèrent les longues heures qui séparaient le sombre bateau du rivage.

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