(à lire de préférence en écoutant "A Silhouette Of Doom" d'Ennio Morricone)
La demoiselle répondit d'un ton peu farouche, m'engageant même à répandre un peu plus de sang. Le pauvre homme était dans un état piteux, tremblotant d'un sentiment situé quelque part entre terreur et fureur. Il répondit, semblant agacé:
"Je... Je... Non, vous ne pouvez pas faire ça... Je..."
Il n'eut pas le temps de parler plus, car la porte s'ouvrit violemment. Six hommes entrèrent, se plaçant de chaque côté de l'ouverture. Le regard sombre, la mine renfrognée et la main sur la garde.
Deux autres les suivirent: un homme assez âgé, accompagné d'un sabreur au yeux d'étain. Sans doute le dénommé Hakura. Il fallait avoué qu'ils avaient été rapides pour intervenir. Cela dit, la communauté d'Oranan était réduite à Tulorim, ils ne devaient pas séjourner bien loin.
Le vieil homme, le chef fut le premier à s'exprimer:
"C'est donc vrai, un homme pâle portant un sabre a tué nos hommes. Tant pis pour lui, car le ronin Hakura est là. Et une fois qu'il en aura fini, nous brûlerons les lieux! Oser protester contre notre autorité, quelle infamie."
Le cuisinier tomba à genoux en entendant les paroles du criminel. Je m'avançai alors, contournant le comptoir pour me mettre face aux huit adversaires. Je parlai, à l'attention d'Hakura:
"- Un guerrier comme vous se lier à cette tripoté d'idiots? Je suis sûr que vous valez bien mieux que cela. Et il se trouve que nous avons besoin de personnel... compétent. -Jamais. Vous portez un sabre de samurai, alors que vous n'êtes qu'un gaijin. -Comme il vous plaira. Si votre honneur vous commande de servir un pathétique bandit en fin de vie."
Les petites frappes s'écartèrent alors que le ronin s'approchait, la main posée sur la garde de son sabre. Ses yeux me fixaient et livraient déjà bataille, sa mâchoire était tirée et ses lèvres sèches se serraient l'une contre l'autre.
Je me rapprochai, la main sur ma propre garde. Nos yeux ne se quittaient pas. Ses pas étaient dissimulés par la jupe de guerrier qu'il arborait. Le cuisinier nous regardait tendu. Les hommes étaient captivés. Je pouvais sentir le regard de Lyssena derrière moi. L'attente semblait interminable, mais elle ne dura en réalité que quelques longues secondes.
Nous dégainèrent, il leva l'arme, frappa, j'esquivai d'un pas de côté, frappai de tranche. Il gémit, son kimono se teintant de rouge. Il s'écroula alors. Mort.
Je n'attendis pas, et à peine l'avais-je achevé que je bondis en direction des autres ennemis. Surpris ils se battirent à peine, et j'en tuai cinq dont le chef. Les autres pourraient raconter qu'il ne valait mieux pas affronter notre nouvelle organisation. Organisation dont il fallait encore trouver un nom...
_________________ Longinus, Chevalier des ténèbres.
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