Nous arrivâmes devant le bâtiment quelques peu décrépis, perdu entre une maison abandonnée et une taverne de très mauvaise fréquentation. Bien qu'en fin d'après midi, des habitués étaient déjà dehors, en train de discuter tout en éloignant les gêneurs. Un lieu tout à fait charmant pour accompagner une dame.

Nous nous approchâmes de l'entrée, sous l'œil de quelques uns de ces lourdauds. L'un d'eux commis d'ailleurs l'erreur de s'approcher, posant sa main sur mon épaule:

"Alors mon gros, on amène sa greluche au boss?"

Je saisis son poignet, le tordant dans un même mouvement. L'homme tomba à genoux, gémissant. Personne n'intervint.

Je me baissai pour être à son niveau, augmentant la tension au niveau de son bras, prêt à céder à présent.

"-Ce n'est pas une façon de parler voyons. Excusez vous.
-Par... Pardon madame...
-Bien. Maintenant tu vas veiller à ce que personne ne vienne nous déranger. Je peux compter sur toi?
-Oui.
-Oui qui?
-Oui messire...
-Parfait."

Je le lâchai, le laissant maugréer dans le caniveau sale. Un autre gars ouvrit la porte, nous laissant entrer dans l'antre des joueurs, Lyssena et moi.

Le lieu était quelque peu sinistre. Ce n'était pas le Tulorim riche et luxueux, mais plutôt une sorte de rues écartées, des personnages aux regards méfiants et sournois. Niché entre une auberge aux fréquentations suspectes et des habitations délabrées, qui aurait envie à part les adeptes de passer des journées là ?

A notre arrivée, des hommes commencèrent à nous adresser la parole pour faire une remarque de mauvais gout sur ma personne. Comme s'il n'y avait pas déjà eu les guerriers de trop ...

Longinus comme à son habitude infligea une correction à l'homme lui tordant le bras. Ce dernier s'excusa et nous affirma même qu'il allait surveiller les lieux pour ne pas être dérangés, quel homme soumis.

Le règlement de compte terminé, nous entrâmes accueillis par un deuxième homme surveillant les clients. Nous arrivâmes dans une antichambre permettant de poser quelques-uns de nos effets personnels.

La pièce suivante était la salle de jeux de taille respectable. Des croupiers rythmaient les jeux, les serveurs et serveuses satisfaisaient les clients et la tricherie se faisait sans grande discrétion. Un bon nombre de tables étaient mises en place, laissant libre cours aux envies et aux paris ...

Nous entrâmes. Les lieux étaient toujours aussi bruyants, les parieurs criant de joie ou de désespoir selon le résultat des cartes ou de la roulette. Je repérai aussitôt la petite salle arrière, qu'un homme plutôt fort en muscles gardait. Ainsi Yvanov était sûrement ici, comme prévu.

J'accompagnai Lyssena au petit comptoir très bien gardé lui aussi, et nous échangeâmes quelques yus contre la monnaie de la maison. Monnaie nécessaire pour jouer et se ruiner.

"Alors Lyssena, nous avons le choix entre le vingt-et-un, la roulette, et à priori une partie de poker. Je ne crois pas que les paris de gladiateurs soient ouverts. Vous m'avez dit ne pas connaître le vingt-et-un? Je vais vous montrer."

Ma main passant sur la hanche de la belle, au plus près de sa bourse un peu trop vulnérable, je la guidai vers la table de jeu. Là un homme s'effondra sur le sol, les cartes encore en main, dépité d'avoir perdu ses derniers deniers. L'une des brutes le sortit bientôt, et nous eûmes la place pour nous.

"Voilà comment cela se passe. Le jeu est un duel contre la maison. Le but du jeu est d'avoir une combinaison de carte la plus proche possible de vingt-et-un, d'où le nom du jeu. Le croupier distribue une première, puis une seconde carte face visible. Quand c'est à votre tour, vous pouvez demander autant de cartes que vous le voulez, pour vous approcher du vingt-et-un. Si vous dépassez vingt-et-un, c'est perdu. Les cartes nominales entre deux et dix ont leur valeur de carte, les figures valent dix et l'as vaut au choix un ou onze. Tenez je vous montre"

Je misai alors l'équivalent de vingt yus. Le croupier distribua alors ses cartes, m'offrant un sept et un valet, soit dix sept. Il avait pour lui seize.

"Vous voyez, là j'ai la main. Si je demande une nouvelle carte et que je dépasse vingt-et-un je perds tout. Mais si je ne demande rien le croupier risque de se rapprocher de vingt-et-un, et de gagner. Je vais donc être joueur, et tenter le coup. Carte!"

Le croupier sortit alors un trois. Chanceux pour un début. Quant à lui il sortit un as, puis une dame. Perdu pour lui!

"Et voilà. Je vous laisse mes gains! A vous belle damoiselle!"

Après avoir échangé quelques yus contre la monnaie du lieu pour jouer, Longinus m'accompagna sur une table de jeu du vingt-et-un. Ce dernier me montra à l'aide du croupier la démarche du jeu. J'observai mon compagnon faire le professeur pour moi et l'écoutai de toutes mes oreilles amusées de parier de l'argent.

Après la partie que mon Amant gagna, je le souris.

"Et vous qu'allez-vous faire ? Si vous voyez votre contact, n'oubliez pas de le saluer pour moi."

Ce fut à mon tour de jouer. Je misai la somme de 5 yus. Somme très basse, mais n'ayant jamais joué, je préférai laisser les plus grosses mises pour les prochaines parties.

Je reçue deux cartes, un premier roi et un cinq. Le tout valant donc quinze. Je demandai une troisième carte au croupier et reçu un trois. S'additionnant donc au quinze et donnant donc un total de dix-huit. Le croupier arriva plus tôt que moi au nombre vingt-et-un me laissant prendre conscience de la perte de ma mise.

Retentant ma chance une nouvelle fois, je fus plus chanceuse que précédemment. Tirant un as et un six. La suite continua dans mon sens avec un cinq qui me fit gagner la partie et les compliments du croupier.

"Bon jeu madame vous avez gagné votre mise."

Récupérant ma mise, je sortis de la table de jeu et me lançai dans une nouvelle table. La roulette. J'observai les joueurs parier sur les chiffres et les couleurs et ayant compris de moi-même le but et les manœuvres, je me lançai avec les parieurs.

Je misai une somme de dix yus, somme restante dans la monnaie de ce Tripot. Je misai sur un neuf noir. Le croupier anima le jeu avec des expressions telles que "Faites vos jeux" ; "Les jeux sont faits" ; "Rien ne va plus" ... La chance ne fut pas avec moi ou le manque d'honnêteté peut être. Je perdis les dix yus avec après les deux tours de la roulette. Je remisai une dernière fois contre un trois rouge qui ne me porta pas plus chance. Ayant dépensé tout l'argent donné par Longinus je décidai d'arrêter, un peu forcée par les finances. Je sortis donc des tables de jeu pour suivre en arrière plan les jeux d'ici et là.

Lyssena me demanda de saluer mon contact, avant de se laisser totalement absorbée par les cartes. Je la laissai donc, me dirigeant vers la porte du fond. Le garde, les bras croisés, me fit non de la tête, le visage sévère. Il était plus grand que moi, et semblait imposant.

Une fois l'homme assommé reposant contre le mur, dans une posture rappelant une sieste bien méritée, j'entrai. Je fus aussitôt saisi par les effluves d'opium, ou plutôt la chape de fumée grise. Une femme vint me demander à quoi je voulais jouer, et je sentis grâce au collier qu'elle n'appréciait pas son travail. Ni moi d'ailleurs. Les choses étaient toujours plus simples quand Lyssena était avec moi, du moins pour échapper un tant soit peu à la malédiction de Gaïa.

Je lui donnai un bon pourboire, lui demandant de me conduire à Yvanov. L'irritabilité de la fille disparut, et elle se fit une joie de me conduire par delà les tables de jeu et de chasse au dragon. Finalement elle tira un petit rideau, et j'aperçus mon contact. Avachi sur un sofa rouge, un verre à la main et la pipe à l'autre.

La fille disposa, et je me montrai à Yvanov, dont les traits se firent instantanément moins radieux.

"-Oh... Longinus. Ca fait un bail. J'peux faire quelque chose pour toi vieux?
-Oui. Je suis parti des affaires pendant un moment, et je vois que tu t'en sors toujours bien...
-Que veux-tu, c'est la rançon de la gloire.
-Et je me demandai justement: qui protège ce petit paradis du jeu? Je sais que les miliciens ont toujours eu du mal à mettre le nez dans tes affaires, mais si tu ne prends pas garde certains de tes clients risquent d'aller leur compter fleurette.
-Tu serais pas en train de me menacer là?
-Te menacer? Moi? Non, bien sûr que non. Disons que j'aimerais bien avoir mes entrées ici, et en échange m'assurer qu'aucune information n'arrivera aux oreilles de la milice.
-Ouais je vois... Attrapez moi ça les gars!"

Les deux gaillards qui s'étaient approchés pendant la discussion tentèrent alors de m'empoigner. Je portai un coup de garde dans le ventre du plus gros, qui s'affala. Le second parvint à me frapper au menton, mais il crut trop en sa chance en tentant un deuxième coup. Mon poing droit le heurta à la gorge, et il s'effondra dans un bruit d'étouffement désagréable.

Mon "ami" s'était enfoncé dans son fauteuil, visiblement très anxieux:

"-Tu n'es vraiment pas coopératif Yvanov. Je comptais te faire une proposition honnête, seulement la moitié de ton bénéfice. Mais les lieux ont l'air plus dangereux que prévu, et je pense que nous allons devoir monter les tarifs. Que dis-tu de deux tiers?
-...
-Yvanov!
-Oui oui, d'accord tu as gagné. Deux tiers des bénéfices pour toi.
-Parfait. J'enverrai quelqu'un à la fin du mois, je te souhaite un bon succès. Et si tu as le moindre problème, n'hésite pas à m'en faire part. Je séjourne au manoir des brumes, sur le port."

Il ne me répondit rien. Je quittai donc les lieux, allant rejoindre Lyssena.

(- 2pv )

Après avoir observé les jeux, les joies, les pleurs et les tricheries de beaucoup, je décidai d'attendre Longinus sur un des nombreux fauteuils mis à disposition.

Ce dernier ne se fit pas attendre et je l'aperçus sortir d'un endroit inconnu pour ma part et quelque peu à l'écart de la foule de parieurs. Je me relevai afin d'aller à sa rencontre. Au premier abord rien ne paraissait clocher et aucune blessure ne paraissait lui avoir été infligée.

"Votre contact a été coopératif ?"

Je l'avais laissé le voir seul, craintive de ruiner les plans de mon compagnon et décidée de laisser mon ami faire certaines de ses affaires seuls.

"Vous n'avez pas oublié de passer le bonjour de votre associée au moins ?"

La belle avait l'air de ne pas s'être trop ennuyée. De toute façon j'avais été plutôt rapide, Yvanov n'avait pas vraiment été un problème. Bien qu'il faudrait très certainement repasser plusieurs fois pour être sûrs de toucher notre dû.

Lyssena me demanda s'il avait été coopératif, et si je lui avais passé le bonjour.

"Oh oui, il a été un parfait gentilhomme, toujours aussi proche de ses affaires. Certes il a fallu passer outre sa garde rapprochée, plutôt inefficace, mais il s'est montré très raisonnable. Espérons juste que cela portera ses fruits."

Je l'invitai à se diriger vers la sortie d'un mouvement de la main.

"Et vous, avez vous fait fortune? Voulez vous continuer à jouer, où préférez vous aller vous préparer pour la pièce de ce soir?"

Longinus me raconta que son contact avait été coopératif malgré quelques gardes du corps peut être un peu trop méfiant mais rien de bien méchant. A ses dires en tout cas.

Mon compagnon me demanda si je voulais rester encore jouer, je lui répondis d'un sourire que non.

"Ce lieu est sympathique, mais je pense avoir assez joué pour le moment. Si vous voulez je voudrais bien vous accompagnez pour aller voir votre homme. Cela me fera une petite sortie pour jouer. Mais vous, vous n'avez pas envie de jouer ? Après tout vous n'avez fait une partie qui était encourageante."

[Depuis les habitations]

Progressant à taton dans la galerie, Rasliak finit par apercevoir une ouverture. Sans doute l'autre extrémité de la galerie, mal fermée. Il jeta un coup d'œil furtif dans la salle derrière la fausse cloison, et découvrit ce qui devait sans doute être le bureau d'Yvanov. À l'aide du miroir qu'il avait trouvé chez ce dernier, il vérifia que la salle était réellement déserte, avant de s'y glisser en silence. Il repéra rapidement le bureau même d'Yvanov, un meuble en chêne imposant, derrière lequel trônait un lourde draperie accroché au plafond servant de décoration. Sur le côté, un énorme fauteuil en velours, de très mauvais goût. Mais sans doute très cher. Rasliak résista à l'envie de l'éventrer d'un coup de dague... Décidément, il avait du mal avec le mobilier tape à l'œil de cet Yvanov...

(C'est pas la peine de lui laisser ma carte de visite... Mais par contre, il lui faudrait celle d'un décorateur...)

Avisant la lourde tapisserie, séparée de la chaise du bureau par une cinquantaine de centimètres seulement, il décida de s'y dissimuler. Ainsi, il pourrait facilement surprendre Yvanov lorsque celui-ci serait seul. Il se glissa en discrétion derrière les draps, vérifiant qu'aucune partie de son corps ne dépassait. Il n'eût pas à attendre longtemps: à peine eût-il replacé la draperie que des bruits de pas se firent entendre derrière la porte du bureau. Celle-ci s'ouvrit en grinçant, et les bruits de pas de plusieurs hommes résonnèrent dans la pièce vide... Rasliak pria pour que les battements de son cœur ne s'entendent pas... Il n'avait pas vraiment peur, il était bien trop excité pour cela, mais son cœur battait la chamade du fait de la dangerosité de sa situation. Bougeant le moins possible, il rentra la tête dans le col de sa tunique, pour atténuer le bruit de sa respiration.

" Bon, les gars j'espère que vous m'apportez de bonnes nouvelles! Je n'ai aucune envie de donner la moitié de mes gains à ce sombre imbécile de Longinus, mais encore moins envie de le voir rappliquer ici pour venir les chercher lui-même. Erwan, on en est où avec la banque?" prononça une voix grave.
Rasliak l'attribua à Yvanov. C'était sans doute lui qui dirigeait ici, et en plus de cela la voix semblait venir de l'immonde fauteuil de velours derrière lequel il se trouvait, dissimulé derrière la draperie. En tout cas, il venait d'éclaircir un point qui titillait le voleur depuis quelques temps, et Rasliak lui en était fort aise... Si Longinus avait un accord avec Yvanov pour lui extorquer de l'argent, alors le but de sa mission devenait beaucoup plus clair.

"On avance bien, patron" répondit une voix quelque peu bourru. "On a réussi à obtenir de Kilke qu'il nous aide à brouiller les comptes du Tripot légal avec celle de vos activités. Du coup, impossible de savoir d'où proviennent les différentes sommes d'argent."

"Bon. Ça risque de ne pas suffire, mais ça ira pour l'instant. Et pour toi Nirm?" répondit Yvanov.

"Pour nous c'est plus compliqué... Leur arrivée correspond pas trop mal avec un tas d'affaires pas claires, et plusieurs témoins ont vu Longinus se débarrasser en quelques secondes d'un Ronin très réputé. Du coup aucun de nos hommes ne me semble à la hauteur de la besogne. Et c'est tout aussi difficile de trouver un assassin compétent en ville. Surtout depuis qu'on à commencé à retrouver des cadavres de plusieurs hommes de main dans les ruelles l'autre jour... Aucun de nos contacts n'a envie de nous prêter un homme pour qu'on le lui renvoie en plusieurs fois... " Lâcha l'homme, d'une voix faible. Sans doute craignait-il la réaction d'Yvanov face à cette mauvaise nouvelle

Yvanov resta silencieux quelques secondes, avant de soupirer longuement...
" Je m'y attendais... Il n'est pas de ces hommes dont on peut se débarrasser facilement... Je vais peut être devoir faire jouer mes contacts personnels, mais je préfère attendre encore un peu... Cherchons encore un peu de manière plus traditionnelle quelqu'un qui puisse nous en débarrasser définitivement."
Il marqua un temps de pause, avant de reprendre, plus sèchement:
"Bien, maintenant laissez moi seul. J'ai des missives à rédiger et plusieurs affaires complexes à traiter. Remontez vous occuper de la sécurité dans la salle."

Les deux hommes s'exécutèrent, comme en témoignèrent leur bruits de pas, qui s'éloignèrent avant de disparaitre après le claquement de la porte...

Yvanov soupira à nouveau: "Tsss... Enflure de Longinus... J'avais réussi à monter un petit commerce rentable, et voilà que tu viens y fourrer ton nez... Jusqu'où as tu l'intention de me pourrir la vie hein?" Lâcha-t-il, se parlant à lui même, tout en retombant lourdement dans son fauteuil, qui recula de quelque centimètres. Risquant un regard, Rasliak s'aperçut que la tête d'Yvanov n'était plus qu'à quelques centimètres de lui. Avec vitesse, précision et silence, il passa sa dague sous la gorge de l'homme, tout en lui répondant:

" Apparemment, beaucoup plus loin que vous ne l'imaginiez. C'est justement sire Longinus qui m'envoie. À propos de vos comptes, fort peu clairs, figurez-vous. Je n'en doute plus d'ailleurs, après tout ce que je viens d'entendre. Dommage pour vous que tout cela ne soit pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Mais, vous auriez du le savoir: les murs ont des oreilles dans cette ville. Et des trous aussi, n'est-ce pas? " Lâcha Rasliak, avec un clin d'œil moqueur

Yvanov eut un sursaut de surprise en entendant la voix du voleur: à aucun moment il n'avait imaginé que quelqu'un d'autre puisse se trouver dans la pièce. Et surtout juste derrière lui. Il tenta de se dégager, mais Rasliak lui saisit l'arrière du crane, collant sa dague contre la peau de sa gorge pour le contraindre à se rassoir.

"Qui êtes-vous? Co...Comment êtes-vous entrés?"

"Mais, certainement pas par la porte mon brave! Et peu importe qui je suis, seul compte qui m'envoie pour l'instant... Comme je viens de vous le dire, sire Longinus m'a chargé de vous transmettre un message... Enfin, plutôt une recommandation... Il n'aime pas vraiment que l'on cherche à le doubler ou à le duper... Pour votre sécurité, il vaudrait mieux garder cela en tête. Vous devriez recontacter rapidement ce Kilke, afin qu'il s'occupe de clarifier vos comptes à nouveau... Il serait fort dommage pour vous que sire Longinus décide de passer lui même s'assurer de l'exactitude de votre service de comptabilité, ne pensez-vous pas?"

Le silence d'Yvanov était révélateur, et la couleur de son visage, ainsi que la sueur qui ruisselait sur ses tempes indiquèrent à Rasliak qu'ils étaient bel et bien d'accord sur ce point.

"Bon, je pense que nous nous comprenons bien. J'ai pour ordre de ne pas vous brusquer physiquement, mais gardez bien en tête que si je suis entré aussi facilement une fois, je pourrais tout aussi bien revenir un autre jour, à l'improviste. Avec de nouveaux ordres... Enfin, dans l'hypothèse peu probable ou sire Longinus n'aurait pas lui-même envie de régler cette petite affaire."

Le voleur contourna Yvanov, maintenant sa dague sous son coup, afin de se placer face à lui.
"Bien, après cette amusante discussion, je vous quitte. Je regrette toutefois de vous voir si peu loquace. Mais je dois dire qu'à votre place, je n'en mènerais pas bien large non plus..." remarqua-t-il avec un sourire moqueur.

Sans quitter l'homme des yeux, il recula avec souplesse jusqu'à la porte. Il l'entre-ouvrit, s'assurant que personne ne montait la garde derrière puis, avec un dernier regard pour Yvanov, toujours tétanisé par le fait que quelqu'un ait pu s'introduire jusqu'ici et le menacer de mort avec une telle facilité, Rasliak s'engouffra dans l'ouverture. Il se retrouva dans la pièce principale du tripot, ou régnait comme toujours une agitation assommante. Il n'eut aucun mal à se mêler aux clients habituels, puis à quitter la pièce. L'atmosphère du tripot était malsaine, pour lui plus que pour quiconque.
Il ne doutait pas qu'Yvanov retrouverait rapidement ses esprits, et s'il allait sans doute tenir ses comptes de manière plus claire dés à présent, il allait sans doute vouloir laver l'affront que venait de lui faire le voleur. Il était peu probable qu'il sache comment Rasliak avait réussi à s'introduire dans la pièce dérobée, mais nul doute qu'il ferait tout de même renforcer la sécurité... Mais tout cela importait peu. Rasliak avait eu pour mission de faire comprendre à Yvanov où se trouvait ses intérêts...

Il réalisa soudain qu'il n'avait aucune idée de comment contacter Longinus pour lui annoncer qu'il avait accompli ce qu'il attendait de lui. Il réalisa également qu'il ne savait pas trop pourquoi il lui avait obéi. La missive n'avait mentionné aucune récompense, simplement l'éventualité d'une nouvelle proposition. Or, Rasliak n'avait plus pour habitude d'agir sans raison... Sans doute le souvenir de l'aura écrasante de Longinus lors de ce combat en pleine rue l'avait-elle impressionnée.Il avait eu l'air d'être de ceux qui ne tolère pas qu'on lui tienne tête, sans pour autant donner l'impression d'être un assassin sans foi ni loi... Un personnage dur à cerner s'il en était.

(Et je n'ai absolument pas les moyens de me faire des ennemis comme lui pour l'instant... Mieux vaut essayer de lui être utile, ça ne pourra que me rendre service... Et puis après tout, c'était quand même bien marrant, la tête qu' Yvanov à faite en réalisant que j'étais derrière lui depuis dix minutes! )

D'un geste mécanique, il replaça son capuchon, dissimulant son visage, avant de s'enfoncer dans la nuit. Il n'avait plus qu'à retourner à l'auberge, à la recherche d'une proie à détrousser.

Alors que tu sors à peine du tripot, un être te bouscule et t’attrapant par le collet, te tire prestement vers l’un des côtés obscur de l’endroit. Sa poigne est ferme et tu ne peux t’en défaire. La créature est grande, plutôt bien bâtie mais surtout verte. Tu le remarque sur sa main, car son visage, tu ne peux le voir, il est capuchonné et de cet espace sort une fumée noirâtre. Arrivé dans la ruelle, il te jette devant lui avec dédain comme on jette une chaussette et il te dit avec dédain.

Tu cherche Longinus, Cabochard ? Il est plus en ville depuis un certain temps mais je peux peut-être t’aider… Tu lui veux quoi ?

Il t’inspecte de haut en bas avec surprise et finit par soupirer. A sa hanche, tu peux voir une paire de cimeterres et dans son dos, une arbalète. Pas le genre de gars avec qui on rigole quoi…

A peine sortit du tripôt que Rasliak fut bruptement hapé par un être encapuchonné.

(Putain, c'est quoi ce bordel?)

La poigne de l'inconnu était trop ferme, impossible pour le voleur de s'en défaire. Pendant un instant, Rasliak crut avoir affaire à un sbire d'Yvanov. Puis il remarqua la couleur de peau de l'inconnu...

(Qu'est ce que? Verte? C'est quoi ce bordel?)

La créature déclara pouvoir l'aider d'une voie sifflante... Selon elle Longinus n'était plus en ville...

Tout ceci puait l'entourloupe. Rasliak était naturellement sur ses gardes, la vie d'un voleur l'imposait... Mais cela ne lui avait pas permis de détecter la créature avant qu'elle le l'mpoigne...

(Bordel, je suis vraiment un crétin... Je le suis laissé griser par mes maigres progrés... Au moins j'aurais appris ça aujourd'hui...)

Il reporta son attention sur la créature... Son aspect étrange et la quantité d'armes qu'elle arborait renforçaient la suspicion que Rasliak lui portait...

Se redressant, et rabattant sa capuche sur son visage, Rasliak fit fî du sobriquet ridicule que lui avait donné la créature et lui répondit, sur un ton neutre et ferme:

"Ce que j'ai à faire avec Longinus ne regarde que moi. Et je doute que tu puisses avoir un lien quelconque avec lui. Il m'a l'air d'apprécier plus galante compagnie que la tienne... Que me veux-tu vraiment? "

Le voleur surveillait les gestes de la créature, sa dague dissimulée dans sa manche, prête à fuser. Il s'était entrainé longtemps pour pouvoir la saisir d'un geste sec du poignet, s'accordant un gain de temps précieux en cas de combat... Et bien que la créature n'ait pas eû l'air tendre, il lui suffisait d'un instant pour porter un coup et gagner suffisament de temps pour disparaitre.

A tes mots, l’inconnu émet un petit ricanement de plaisir, le même que les chasseurs ont devant une proie facile qui tente de résister. Cependant, il semble satisfait de ta réponse, car sa masse musculeuse se détend légèrement. Il rétorque avec ironie et confiance :

Malin, n’est ce pas ? Je ne te pensais cependant pas aussi vif d’esprit. Ta réputation n’exagérait donc pas, Rasliak. J’ai frappé à la bonne porte.

Il s’interrompt un instant, puis dégaine une de ses deux énormes lames qui luit dans la pénombre. Mais le geste ne porte aucune agressivité, il semble plus être destiné à vouloir inspecter l’impressionnante épée. Et tandis qu’il essaye le tranchant de son arme avec le plat de la main, il enchaîne :

Tu as raison quand tu dis que je ne suis pas envoyé par Longinus… Mon maître est beaucoup plus puissant… Cependant, ton maître, cela est vrai, n’est plus dans le coin. Et puis de toute façon, je crois savoir que tu n’as aucune obligation envers lui. Je suis donc là pour te proposer une affaire. Mais tu accepte d’abord, je t’en parle ensuite…

Suite à ces mots, et pour te mettre en confiance, il te lance son épée par le pommeau en jetant :

Qu’est ce que tu pense de cette épée ?

Rasliak fut surpris par le revirement soudain de comportement de la créature. D'une attitude menaçante et presque hostile, elle était passée à une pose beaucoup plus détendue. sa voie ne s'était pas pour autant défaite de son ton ironique, et sa tirade éveilla l'intérêt de Rasliak.

(Ma réputation? J'ai une réputation moi? Héhé, la classe... Mais si ce sont mes activités qui l'ont conduites à me contacter, c'est qu'il cherche quelque chose de particulier... Méfiance donc...)

La créature lui proposa une affaire, prétextant que le voleur n'était plus lié à Longinus, et qu'elle avait une offre bien plus alléchante à lui faire, avant de lui lancer une de ses armes, demandant l'avis de Rasliak sur sa qualité.

Le voleur rattrapa l'arme par réflexe, d'un geste vif et précis. Il fut surpris par la légèreté de l'arme. Il fit tourner son poignet afin de regarder le cimeterre sous tous les angles, avant de répliquer:

"Elle à l'air plutôt pas mal. Bien équilibrée, pas trop lourde et plutôt robuste. Drôle de métal, soit dit en passant. Mais je préfère ma dague, c'est plus pratique... Et plus discret à trimballer qu'une paire de cimeterres qui pendouillent aux hanches...

Il releva la tête, tentant de dévisager l'étrange créature, mais sans succès. Son capuchon masquait tout son visage, et cette étrange fumée ne lui facilitait en rien la tâche. Il relança l'épée à son propriétaire pour la lui rendre, tout en lui répondant:

C'est quoi cette affaire dont tu veux me parler? Si je n'ai rien d'intéressant à y gagner, tu peux d'ores et déjà chercher quelqu'un d'autre. Si la récompense est à la hauteur du travail à effectuer, alors je suis tout ouïe."

(Après tout, si Longinus n'est plus en ville, je ne risque pas d'être rétribué pour le cas d' Yvanov avant un moment... Autant chercher du travail ailleurs...)

La chose qui te sert d’interlocuteur semble passablement énervé par ta réponse. Il semble ne pas supporter que l’on fasse fî de ses instructions. Avec toi, il avait le gros lot. Il avança vers toi d’un pas lent mais sûr avec une attitude peu amicale mais pas hostile. Il semblait prêt à un conflit de paroles, à utiliser son maigre cerveau plutôt que ses gros bras. Sa poigne de fer faisait pourtant des merveilles comme tu avais pu le voir. Toujours est il qu’il déclama :

« Encore faut-il savoir se servir de cette dague… Alors que mes cimeterres , elles, ont fait des ravages parmi tous les peuples. Enfin là n’est pas la question. Je peux juste te dire que tu y gagneras beaucoup mais je ne t’en dirais pas plus si tu ne me donne pas ton accord d’abord. C’est le genre d’affaire avec lequel on ne rigole pas. Quand on est au courant, on en sort pas !»

Au final, tu n’en sais pas plus… La seule chose que tu remarque à présent est que l’inconnu t’as jeté dans une impasse et que tu n’as aucun moyen d’en sortir à l’exception de combattre. Une solution plus que désperé…