L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 11 messages ] 
Auteur Message
 Sujet du message: Les mines
MessagePosté: Sam 30 Mai 2015 16:25 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Les mines


Image


Les mines de Rock Armath forment un inextricable labyrinthe dont nul ne peut se targuer de connaître le plan exact. Elles sont constituées en partie de galeries creusées, mais également de nombreuses grottes naturelles. La plupart sont aujourd'hui à l'abandon, certaines sont en partie effondrées, voire noyées par de l'eau ou de la lave, pour les niveaux les plus profonds. Quant aux mines encore en activité, leur accès est jalousement gardé par les familles qui les exploitent, vous aurez peu de chances d'être admis à les visiter.

De sombres histoires parlent de créatures redoutables tapies dans les ténèbres, de mineurs disparus, d'éboulements ravageurs ou encore de trésors enfouis. Mais qui peut savoir ce qui se cache en réalité dans l'infini dédale souterrain? Une chose est certaine, le danger rôde...

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Les mines
MessagePosté: Mer 8 Juin 2016 23:38 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 26 Fév 2015 21:51
Messages: 6796
Localisation: Nessima, Naora
Le forgeron ne tarde guère à m'apporter le résultat de ses efforts, de somptueuses jambières et brassards de mithril rouge de même facture que mon extraordinaire armure. J'examine soigneusement les pièces, non pour en vérifier la qualité mais pour en admirer la perfection, puis je m'en équipe rapidement et effectue quelques pas dansants pour m'assurer qu'elles ne me gêneront aucunement pour combattre. Je souris en constatant que je les sens à peine, me voici fin prêt pour aller une fois de plus combattre dans les profondeurs! Je remercie le vieux Baldwinn et dépose dans sa main une véritable petite fortune, sans le moindre regret car son travail la vaut largement et ma vie, elle, n'a simplement pas de prix.

Je rejoins Nôrek qui m'attend impatiemment et lui indique d'un hochement de tête que nous pouvons nous mettre en route sans plus tarder. Je lui emboîte le pas alors qu'il se dirige vers l'entrée de l'une des nombreuses mines perçant le Rock et débouchant dans les forges, vaste galerie approximativement rectangulaire d'une dizaine de mètres de large pour la moitié de hauteur. Nous nous y engouffrons sous les regards étonnés de quelques mineurs, sans doute peu coutumiers de la présence d'un Sindel, et marchons d'un bon pas dans cette galerie régulière durant près d'une heure. Divers couloirs de moindre importance filent de part et d'autre de notre chemin, des puits percent le sol ici et là, mais mon guide les ignore et ne s'arrête que lorsque nous parvenons dans une salle de jonction assez vaste pour accueillir une bonne dizaine de chaumières. Six galeries identiques à celle que nous venons de suivre partent de ce lieu, quelques chariots vides servant à transporter du minerai sont rangés contre les parois, mais mon attention est retenue par un groupe d'une dizaine de Thorkins qui semble nous attendre près de l'un des départs. Tous sont lourdement armés, haches, marteaux de guerre et pesantes armures, leurs barbes et leurs chevelures sont soigneusement tressées pour ne pas les gêner dans un combat, leurs regards sont sombres et inquiets. L'un d'eux, un rouquin aux traits profondément burinés doté d'une armure bardée de gemmes flamboyantes, se détache du groupe et s'avance vers nous en s'exclamant:

"Ha! Nôrek! Par Valyus, enfin!"

Il s'arrête à trois pas de moi et me scrute sévèrement des pieds à la tête avant de grommeler:

"Foutus elfes, z'auraient pu nous envoyer une escouade et quelques archers, au lieu d'quoi...un seul type, et un étranger encore..."

Nôrek s'apprête à rétorquer mais je lui impose le silence d'un geste de la main. Je fixe le guerrier avec un léger sourire en coin et lui rétorque calmement:

"Foutus Thorkins, réclament de l'aide et quand elle arrive ils bougonnent dans leur barbe. Si tu me conduisais vers ces maudits Shaakts avant de juger de l'aide des Elfes?"

Le nain hausse un sourcil broussailleux et me fixe durement pendant quelques secondes avant de tourner la tête en direction de Nôrek pour lui poser une question dans leur langue rocailleuse. Le chef des éclaireurs lui répond dans la même langue avec une certaine véhémence, faisant hausser un sourcil étonné au bougon qui me dévisage à nouveau d'un air dubitatif:

"Humpf. Alors c'est toi l'Sindel qu'a récupéré l'Ardente. Mon frère est parti la chercher, l'est jamais revenu et c'était pas une fillette. Tâche de pas l'offrir aux Shaakts, m'f'rait mal au sac que c'te vermine s'en empare. J'm'appelle Gurkan Aerekôm, fils de Durik Aerekôm, descendant de Bakram Hache Sanglante, sergent de la Lance ardente, fléau des Locusts et écrabouilleur de sektegs."

Le Thorkin s'est redressé au fil de sa tirade, prononçant les derniers mots en bombant fièrement le torse et appuyant sa présentation de quelques coups sur le sol de la lourde tête de son marteau. Comme il semble attendre que je me présente de même je prends un malin plaisir à le satisfaire:

"Tanaëth Ithil, Fils de Sithi, descendant d'Ethernëm Ithil et de Syriën, Hirdam du Naora, Seigneur de l'Opale de Lune, calamité des Shaakts. Bon, maintenant que les présentations sont faites...on y va?"

Nôrek et Gurkan échangent quelques mots dans leur idiome, puis nous nous mettons en marche sans plus tarder à la suite de l'éclaireur qui m'explique rapidement:

"Les noirs sont en train de fouiller une zone labyrinthique en quête d'un passage. Ils ont perdu du temps mais ils s'approchent de la galerie menant au palais, faut qu'on se hâte!"

"Je te suis. On a une idée de leur nombre?"

"Pas précisément, j'dirais entre trente et cinquante d'après les traces que j'ai vues."

"Hum, et on y va gaillardement à dix?"

"Ouais. Y'a plus beaucoup de guerriers Thorkins au Rock, mais si les noirs arrivent jusqu'au palais ils vont tomber sur un os. T'as peur, l'elfe?"

Si j'ai peur? Bonne question. J'éprouve une légère appréhension, comme avant chaque combat, vague tension qui se dissipera dès que les armes s'entrechoqueront. Mais de la peur? Sithi veille sur moi, elle me rappellera à ses côtés lorsque le temps sera venu, alors pourquoi éprouverais-je de la crainte? Je réponds doucement à notre guide:

"J'espère simplement revoir la lune, les étoiles, ma compagne, mes amis. De la peur...sans doute est-elle présente d'une certaine manière, mais sois tranquille, mon bras ne tremblera pas."


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les mines
MessagePosté: Sam 11 Juin 2016 00:01 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 26 Fév 2015 21:51
Messages: 6796
Localisation: Nessima, Naora
Quelques minutes plus tard nous parvenons à une nouvelle salle de jonction, presque identique à la précédente si ce n'est qu'en son centre plonge une faille béante, sur laquelle sont jetées quelques épaisses planches. Nôrek nous chuchote d'attendre dans le couloir par lequel nous arrivons pendant qu'il va faire une rapide reconnaissance, Gurkan en profite pour me rejoindre et me dire à voix basse:

"On est tout près d'ces maudits, alors écoute-moi bien: t'es l'seul à avoir un arc, alors tu restes derrière et tu m'lardes ces ombruscules pendant qu'on les bouscule un peu, compris?"

J'acquiesce d'un simple hochement de tête, me saisissant de ma relique glaciale sur laquelle j'encoche un trait, puis demande d'un ton neutre:

"Vous comptez foncer dans le tas comme ça, sans savoir combien ils sont ni s'ils sont tous là où vous le supposez?"

Le sergent de la Lance Ardente m'adresse un sourire féroce avant de préciser:

"Formation en coin, on va les défoncer avant qu'y comprennent c'qui leur tombe dessus. Contente-toi d'faire comme j't'ai dit."

Je le dévisage un instant en silence puis je hausse les épaules, après tout ils sont chez eux et utilisent sans doute des stratégies différentes de celles que j'ai apprises au Naora. Je suis curieux de les voir à l'oeuve, mais j'espère quand même qu'ils savent ce qu'ils font car je ne tiens pas vraiment à me retrouver seul face à une cinquantaine de Shaakts déchaînés. Nôrek revient peu après, nous informant de la situation:

"Bon...z'ont atteint la galerie principale qui mène au palais, sont environ cinquante, et prudents avec ça. Ils ont une solide arrière garde, on les prendra pas par surprise."

La nouvelle fait grogner Gurkan qui cogite ferme durant quelques secondes avant de nous faire part de son plan:

"Alors on attend qu'ils se heurtent à la défense du palais et on leur fonce dessus une fois qu'y sont bien occupés."

Les autres Thorkins approuvent en grommelant dans leurs barbes puis, sur un signe de Nôrek nous nous remettons en mouvement et franchissons l'étroite passerelle jetée sur l'abîme avant de nous engouffrer dans un nouveau couloir qui remonte en pente douce. Une trentaine de mètres plus loin l'éclaireur nous fait signe de nous arrêter et de faire silence, ce qui nous permet d'entendre l'inévitable brouhaha que fait une forte troupe en armure en train de se déplacer non loin de nous, sur notre droite. Nous patientons quelques instants puis, soudain, des hurlements résonnent dans les mines, vite agrémentés du fracas de l'acier contre l'acier! Gurkan gronde quelque chose en thorkin à l'usage de ses compatriotes, puis les nains se précipitent dans un silence très relatif en direction du combat, sans plus se soucier de moi. Je souris légèrement et les laisse prendre une vingtaine de mètres d'avance avant de faire mine de sortir à mon tour dans la vaste allée souterraine perpendiculaire à celle dans laquelle nous sommes et qui, d'après Nôrek, mène directement au palais du Rock Armath. Mais ce dernier qui est resté à mes côtés alors que ses camarades se précipitaient me retient au dernier instant et murmure:

"Attends...j'ai entendu un bruit sur la gauche, y'a pas d'Thorkins de c'côté vu qu'c'est par là qu'les Shaakts sont v'nus..."

L'éclaireur voile rapidement sa lanterne et nous nous reculons un peu pour mieux nous dissimuler dans les ténèbres tandis que nous entendons la charge de nos compagnons qui percute bruyamment l'arrière garde des Shaakts. Je peine à distinguer quoi que ce soit tant les ombres sont épaisses, il y a bien une très vague lueur du côté de la bataille mais elle ne parvient pas jusqu'à l'endroit où nous nous trouvons et je ne discerne guère que la forme approximative de l'entrée de la galerie où nous sommes tapis. Je sens mon coeur accélérer légèrement ses battements, une sourde tension m'envahit au fil des secondes qui passent, je devrais être en train de vider mon carquois sur nos ennemis au lieu d'attendre je ne sais quoi! Je me force à respirer amplement et à rester immobile, si Norêk est devenu le chef des éclaireurs du Rock ce n'est sans doute pas par hasard, ce monde souterrain est le sien et ses sens sont certainement infiniment plus habitués que les miens à cet environnement. N'empêche que je n'aime pas ça et...mes pensées se focalisent soudain sur un changement diffus: je vois de mieux en mieux! Que...

(Sithi miséricordieuse!)

J'ai reconnu la silhouette monstrueuse qui vient de passer rapidement devant l'entrée de notre galerie. Je me sens blêmir. Les Thorkins pris à revers vont mourir. Pas un n'en réchappera. Je gèle la pointe de ma flèche d'une pensée et contrains mes mains à cesser de trembler, puis je fais un pas vers l'allée principale, je vais sans doute y rester aussi mais je ne peux pas laisser les nains faire face seuls à l'abjecte. Une nouvelle fois Nôrek me retient, d'une main puissante crispée sur mon bras. Deux silhouettes passent encore, humanoïdes cette fois et porteuses de flambeaux brillant d'un éclat si violent que mes yeux en sont brièvement aveuglés. Je détourne le regard et le pose sur l'éclaireur, blême et mortellement inquiet à en juger pas l'effroi qui luit dans ses prunelles. Il chuchote d'une voix blanche:

"Que Gaïa nous vienne en aide...un Arctosa...et deux prêtresses de Valshebarath...nous sommes perdus..."

Je pose une main sur son épaule et le fixe avec une assurance que je suis loin d'éprouver pour lui murmurer:

"Tu restes là, si je t'appelle tu fais toute la lumière que tu peux avec ta lanterne et tu avances jusqu'à la jonction des deux galeries. Entendu?"

Le Thorkin approuve d'un hochement de tête et moi je prends mon courage défaillant à deux mains, lisse soigneusement l'empennage de ma flèche puis me glisse comme une ombre jusqu'au croisement des souterrains en adressant une fervente prière à Sithi.


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les mines
MessagePosté: Sam 11 Juin 2016 13:19 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 26 Fév 2015 21:51
Messages: 6796
Localisation: Nessima, Naora
[:attention:] Le rp qui suit comporte des scènes de violence susceptibles de heurter certaines sensibilités. [:attention:]


C'est une scène de cauchemar que je découvre en parvenant dans la gigantesque allée carrée de plus de vingt mètres de section menant au palais. A une petite centaine de mètres de moi le petit groupe de Thorkins que j'accompagne s'est heurté aux Shaakts qui forment dans la sinistre pénombre une véritable marée d'ombres machiavéliques. Les Nains se sont visiblement empêtrés dans l'arrière-garde des elfes noirs et luttent maintenant désespérément pour leur survie, leur vaillance ne parvenant pas à compenser leur infériorité numérique dans cet espace trop vaste. Plus loin, de l'autre côté de la troupe noire, je devine d'autres Thorkins, qui reculent pied à pied devant la fureur déployée par les démons de Khonfas. Les râles d'agonie forment une trame sonore odieuse, rivalisant de volume avec le vacarme de l'acier qui martèle chairs et armures d'un même élan meurtrier. Des hurlements résonnent, en Shaakt, en Thorkin, tout aussi incompréhensibles les uns que les autres en ce qui me concerne. Et, entre mes compagnons d'armes et moi, l'horreur. Un monstre velu à mi-chemin entre le scorpion et l'araignée se précipite à la curée, seuls quelques mètres le séparent encore des Thorkins qui, lui tournant le dos, sont inconscient de l'atrocité s'apprêtant à s'abattre sur eux. Puis, entre l'araignée géante et moi, deux prêtresses vêtues de noir porteuses de flambeaux dispensant une puissante lumière poussent l'arctosa en direction de la mêlée, utilisant en cela la crainte de cette créature infecte pour le feu.

J'avais l'intention de transpercer l'une des prêtresses de mon premier trait, préférant de loin affronter un combattant, même aussi redoutable et ignoble qu'un arctosa, que de la magie noire, mais les nains vont être déchiquetés en quelques secondes si je laisse l'atrocité leur tomber dessus. D'autant plus que le premier regard m'a suffit pour comprendre que ce n'était pas là une vieille créature affaiblie comme celle qui a bien failli avoir ma peau dans ces mêmes profondeurs du Rock, mais un monstre en pleine possession de ses moyens. Je bande mon arc à l'extrême et décoche ma flèche de toute la puissance de ma relique, visant la nuque de la créature ignominieuse et priant Yuia et Rana de toute mon âme pour que ce tir soit mortel.

Mon trait se fiche rudement dans la bête, pénétrant sa chair sur une profondeur de deux ou trois paumes pour ce que je peux en voir mais j'ai mal calculé son mouvement et tiré à peine trop à droite, c'est donc l'équivalent de son omoplate qui trinque au lieu de sa nuque. Malédiction! La créature se retourne rageusement tandis que j'encoche vivement un nouveau projectile, tout comme l'une des prêtresses qui regarde dans ma direction d'un air surpris et colérique. Sithi, si tu veilles encore sur les tiens, c'est le moment ou jamais de regarder par ici...

Je décoche ma deuxième flèche elle aussi gelée d'un effort de volonté sur la prêtresse qui m'a repéré. J'ai peut-être une vague chance de survivre à l'arctosa mais aucun espoir de m'en tirer si de sombres pouvoirs déferlent sur moi en même temps. Mon trait file droit comme le fil d'un inéluctable destin, et cette fois avec plus de succès car il se plante en vibrant dans la bouche qu'ouvrait la maudite pour prévenir sa comparse! Les yeux de la Shaakt s'écarquillent de stupeur, elle porte machinalement les deux mains à la hampe de bois qui sort de sa gueule comme une langue maléfique et parvient à l'en arracher dans un soudain flot écarlate qui inonde le bas de son visage, puis sa poitrine. Elle tombe à genoux puis s'affale ventre contre terre ainsi qu'un vulgaire sac de farine, agitée des derniers soubresauts d'une existence qui s'achève. Je ne m'attarde pas sur ce répugnant spectacle, bien qu'il engendre en moi une sombre exultation, je puise vivement un nouveau trait dans mon carquois avec la ferme intention d'infliger le même sort à sa comparse. J'ai encore quelques secondes avant que l'arctosa qui se rue maintenant sur moi de toute la vélocité de ses quatre membres recouverts de longs et rudes poils d'un noir de suie ne me tombe dessus, il faut que la deuxième prêtresse crève avant, il le faut!

Je tends donc une fois encore mon arc dans cette volonté lorsque un souffle sépulcral m'atteint de plein fouet, sombre sortilège qui submerge mes maigres défenses mentales comme marée d'équinoxe une plage de galets. Je sens ma vie être littéralement arrachée de mon corps, j'ai l'impression d'être une gourde que l'on viderait de son contenu, je suis aussi impuissant que ce vulgaire objet à empêcher ce qui m'emplit de s'échapper et je songe fugacement que je n'ai jamais rien vécu d'aussi effroyablement déplaisant. Je titube tandis que ma flèche se perd vainement dans les hauteurs de la galerie, heureusement surpris d'être encore en vie lorsque le sortilège s'estompe mais faible et nauséeux à en vomir.

(Bordel c'était quoi?!)

(Souffle de Thimoros! Tue-la avant qu'elle recommence, VITE!)

Elle en a de bonnes Syndalywë parfois! Il n'empêche qu'elle a rudement raison, il faut que je me presse car l'adoratrice d'arthropodes velus s'apprête visiblement à réitérer, ayant réalisé que son premier sortilège n'avait pas été mortel. Je ne réfléchis pas, je laisse mon instinct guerrier me dicter la conduite à tenir et je provoque impulsivement une explosion de Ki inédite tout en dégainant ma lame ardente de la main droite alors que je tiens toujours mon arc de la main gauche. J'invoque le pouvoir de Rana à pleine puissance et utilise ma relique de glace comme s'il s'agissait d'une lame pour effectuer un bond prodigieux sur la prêtresse, qui recule d'un pas effaré en me voyant franchir d'un unique saut la distance qui nous sépare. L’extrémité de mon arc la percute en pleine poitrine et la projette violemment contre la paroi rocheuse, sans parvenir à la blesser directement bien évidemment, n'empêche que le choc est rude et la sonne dans les règles de l'art. Son brusque recul empêche mon deuxième coup de porter mais je lui colle aux basques et écrase brutalement sa trachée contre le roc au moyen d'une branche de ma relique glaciale, me retrouvant ainsi quasiment plaqué contre elle par l'élan de mon bond. J'ai le temps de songer que c'est une très belle femme malgré la noirceur de sa peau et de son âme, ses yeux couleur d’améthyste sont superbes et il émane d'elle une douce fragrance de parfum étrangement décalée dans ce lieu de mort, mais je ne sais que trop bien de quoi elle est capable et je plonge sans hésiter ma lame flamboyante dans ses entrailles, la clouant au mur comme un papillon de nuit épinglé par un collectionneur.

(L'arctosa! Derrière toi!)

Je laisse à nouveau mon instinct s'exprimer librement, plongeant à terre du côté opposé à celui par lequel le monstre arrive. Je ne le vois pas mais j'entends un impact écoeurant de chairs déchirées et d'os brisés juste derrière moi alors que j'effectue une roulade fébrile pour m'éloigner de l'arachnide qui vient probablement d'achever la prêtresse en voulant m'atteindre. Je doute fort que la velue fasse une grande différence entre alliés et ennemis à dire vrai, seules les flammes tenues par les adeptes de Valshebarath ont du permettre de la diriger plus ou moins jusque ici. Je savais que les Shaakts étaient des tarés notoires, au sens littéral du terme, mais je découvre là une nouvelle dimension à leur folie et je m'en serais volontiers passé!

J'achève ma roulade en me relevant fébrilement et je repasse aussitôt mon arc devenu inutile en bandoulière, espérant avoir le temps d'ingurgiter une potion de soin avant que l'autre atrocité ne m'achève d'une pichenette, mais je déchante aussi sec en la voyant fondre sur moi à une allure indécente! Je n'ai que le temps de brandir désespérément ma lame embrasée à bout de bras pour la forcer à interrompre sa charge et à obliquer pour contourner l'obstacle. Loué soit Meno d'avoir insufflé son pouvoir dans cette arme, la bête bondit effectivement de côté pour éviter la flamme! Sans cesser de la menacer j'attrape ma gourde et en avale hâtivement une gorgée tout en me collant à la paroi pour limiter les angles d'attaque possibles. La créature me lorgne maléfiquement de ses grappes d'yeux malveillants en cherchant la faille pour m'atteindre, ce qui me rappelle une situation passée que j'aurais largement préféré oublier. Mais mieux vaut quelques souvenirs déplaisants qu'une claque de cette puissante créature, vu ce que m'avait infligé la vieille créature affaiblie du temple oublié je ne suis pas pressé d'apprendre de quoi est capable celle-ci...

Je rebouche ma gourde et la range d'un geste pressé pour m'emparer de la lame de mon ancêtre, mais l'odieuse choisit l'infime instant où mes yeux dévient d'elle pour remettre la flasque en bonne place pour m'attaquer! Elle surmonte sa crainte du feu et écarte ma lame d'un balayage hargneux de l'un de ses bras en forme de pique, bon sang j'ai beau avoir une certaine force c'est tout juste si je parviens à éviter que mon arme ne s'envole au loin! La faille ainsi créée dans ma défense est néanmoins béante, et de son membre humanoïde opposé à celui qui vient d'écarter mon épée l'infecte fauche les airs avec violence au niveau de ma poitrine!

Je hais les arctosas. Et celui-ci plus que les autres. La protection relative recherchée en me collant à la roche se retourne contre moi, je ne peux pas reculer pour éviter ce coup et je le paie cher. Je tente bien de me baisser mais mon postérieur heurte le roc et brise la belle fluidité de mon geste. Je m'envole dans les ténèbres comme une poupée désarticulée et retombe lourdement en tas disgracieux une bonne quinzaine de mètres plus loin, souffle coupé, en proie à un vertige monumental qui fait tourner le monde autour de moi en une sarabande démente. Je sens mon épaule droite irradier de douleur pour m'être ramassé de tout mon poids dessus, je me suis aussi heurté rudement le genou droit également contre le sol mais ce n'est que délicatesses comparé aux protestations de mes côtes qui ont pris le coup de la bête de plein fouet. J'ai une fraction de seconde de panique en réalisant que je ne parviens absolument pas à inspirer et que la moindre tentative en ce sens m'inflige une souffrance encore plus aiguë, puis mon esprit est bienheureusement distrait par le liquide visqueux qui me coule dans les yeux, puis par une nouvelle douleur provenant de mon crâne. J'aurais dû acheter un casque, j'aurais vraiment dû...

(TANAËTH! BOUGE!!!)

Je perçois la panique dans l'intonation de ma Faëra. Tu m'étonnes. Moi aussi je panique, et je trouve qu'il y a de quoi en distinguant au travers du sang qui me coule dans les yeux l'abjection velue qui s'avance vers moi en distordant déjà sa gueule ignoble pour me déguster comme une friandise goûteuse. Je vais mourir, rude prise de conscience qui me fait instinctivement lever les yeux au ciel, comme si j'avais la moindre chance d'apercevoir la lune au travers de milliers de mètres de rochers qui me surplombent. Je ne vois qu'un plafond de roc évidemment, duquel pendent quelques longues stalactites rougeâtres. J'aurais aimé crever dehors, quand même, armes à la main. Non seulement je suis sous terre, mais en plus mon arme a fui ma dextre lors de mon envolée. Je la vois sur ma gauche, inutilement posée au sol, totalement inaccessible. Evidemment j'en ai d'autres, dont l'épée d'Ethërnem sur la poignée de laquelle ma main gauche est toujours posée, ironiquement. Seulement je suis incapable de la dégainer assez rapidement, et encore plus incapable de me relever pour me battre avec. Il y a des secondes longues comme un siècle, tout semble se dérouler au ralenti et pourtant on ne peut qu'observer, impuissants, le destin qui se déroule. J'ai une pensée pour Ethëll, une autre pour Lyann, une encore pour Sithi que je vais rejoindre dès que cet absurde ralenti s'achèvera.

Je souris misérablement en caressant un dernier espoir: partir avant que l'immonde ne commence à me mâchonner.


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les mines
MessagePosté: Sam 11 Juin 2016 17:11 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 26 Fév 2015 21:51
Messages: 6796
Localisation: Nessima, Naora
[:attention:] Le rp qui suit comporte des scènes de violence susceptibles de choquer certaines sensibilités. [:attention:]

(Il arrive fatalement un moment dans la vie d'un combattant où il se retrouve face à plus fort, plus rapide ou plus malin que lui. C'est inévitable, croire le contraire a mené des légions de guerriers exceptionnels à leur perte. Quand cela se produit, il faut impérativement accepter cet état de fait, et l'inclure dans ta danse. Nous sommes ainsi fait que nous sommes, tous, emplis d'égo, les guerriers plus que les autres. Je ne connais rien de plus difficile que d'oublier notre fierté, mais si tu y parviens, tu survivras peut-être. Montre-lui que tu sais qu'il est le plus fort, laisse-lui le temps de s'en gargariser, puis quand il aura bien gonflé, offre-lui le pire coup de pute que tu connaisses. Oublie l'honneur, oublie la noblesse, la gloire, la beauté du geste, l'art de la guerre, oublie toutes ces foutaises et souviens-toi d'une unique chose: tu n'auras droit qu'à une seule chance.)

Je ne sais pas à qui appartient cette voix. Je ne connais pas non plus le visage de celui qui la prononce, mais je sais que c'est un souvenir que Syndalywë partage avec moi, je sens son désespoir, sa tristesse abyssale qui m'inonde et imprègne chaque parcelle de mon âme. L'être en question a la peau aussi sombre que celle d'un Shaakt mais je sais intuitivement qu'il n'en est rien. Ses oreilles ne sont pas pointues, ses traits possèdent une dureté que je n'ai jamais vue chez aucun être, ce faciès m'évoque en réalité bien davantage un masque de pierre noire polie que le visage d'un vivant. Ses yeux ont la couleur de braises attisées, magnétiques et irradiant d'une sauvagerie primitive effrayante. Nulle compassion dans ce regard, nulle douceur, nulle faiblesse apparente. Il est comme un volcan sur le point d'entrer en éruption, implacable et inhumain à en frémir. Il est l'avatar des ténèbres, porteur d'un pouvoir incommensurablement sombre aussi ancien que le monde, écrasant, absolu. Et pourtant je pressens indistinctement qu'il n'est pas que cela. Il est aussi l'étincelle primitive, celle qui engendre l'espoir, et la vie. Je voudrais demander qui il est, ce qu'il est, mais la vision cesse brutalement et je reviens au présent sans douceur ni transition.

L'arctosa me surplombe de toute sa masse, le gouffre béant de sa gueule s'est distendu atrocement, capable d'engloutir un enfant d'une seule bouchée. Je discerne les crocs vicieusement recourbés qui vont me déchiqueter avec une acuité obscène. Je distingue chaque poil dru souillant son épiderme blafard avec une précision surnaturelle, c'est une vision abjecte mais je ne détourne pas les yeux. Mon ultime fierté, le refus catégorique du déshonneur ultime, je regarde ma mort en face et je trouve la force de croasser malgré que mes poumons soient vides d'air depuis de longues secondes:

"Je te crache à la gueule salope!"

Il y a sans aucun doute plus poétique en matière d'épitaphe mais je ne parviens pas à trouver la moindre bribe de lyrisme dans cette situation et, pour être franc, je n'en ai rien à faire.

(Oublie toutes ces foutaises et souviens-toi d'une unique chose: tu n'auras droit qu'à une seule chance.)

La créature odieuse pose une patte sur ma poitrine pour m'immobiliser, ce qui fait naître dans mon torse une douleur telle que je ne peux retenir un gémissement et quelques larmes qui roulent sur mes joues ensanglantées. Indifférente à mon tourment l'arctosa ploie son tronc pour approcher sa gueule de mon visage avec la ferme intention de me gober la tête, apparemment. Quelque part je suis heureux de ne plus pouvoir respirer, juste là, son haleine forme une espèce de brume putride dans l'atmosphère glaciale qui règne dans les souterrains et c'est bien assez en ce qui me concerne, je me passe allègrement de l'odeur.

(Tu n'auras droit qu'à une seule chance. Offre-lui le pire coup de pute que tu connaisses et tu survivras peut-être.)

Les paroles entendues se mélangent en mon esprit, à la fois infiniment lointaines et en même temps gravées au fer rouge dans mon âme. Une seule chance, hein? Soit. J'invoque rageusement mon tigre runique et lui ordonne d'une voix brisée:

"Déchire...massacre...tue...mords...bouffe!"

Le fauve apparaît avec soudaineté à ma droite, faisant bondir mon bourreau arachnoïde de côté sous l'effet de la surprise! Je parviens à aspirer une maigre goulée d'air tandis que le félin obéit à mon ordre en infligeant plusieurs coups de ses redoutables griffes à l'une des pattes du monstre qui riposte aussitôt en tentant d'atteindre son agresseur d'un coup de son dard. Je grimace en voyant l'aiguille pénétrer dans la chair de mon tigre, puis je roule sur moi-même pour m'éloigner du combat en couinant de douleur lorsque mes blessures appuient sur la roche. Je parviens ainsi à me dégager un minimum, pas question d'aller bien loin mais c'est suffisant pour me permettre de sortir ma lame de son fourreau. Je ne sais pas trop ce que j'ai l'intention d'en faire au juste car je suis trop faible pour me relever et je suis salement conscient que mon fauve va se faire écharper rapidement, même si pour l'instant il parvient encore à porter quelques attaques sauvages de ses griffes et de ses crocs, mais l'avoir en main me redonne une bribe d'espoir. Je ne reverrai pas l'Astre Nocturne, mais je mourrai l'épée en main.

Mon tigre succombe brutalement, transpercé par l'un des bras en forme de pique du monstre qui se tourne immédiatement à nouveau vers moi. Je lève piteusement ma lame dans le mince espoir de le planter lorsque il approchera quand soudain un projectile brillant percute la dos de l'arctosa dans un bruit de verre brisé! Je cille en voyant subitement l'atroce s'embraser, ne comprenant pas tout de suite ce qui se passe, plongé que je suis dans les brumes de la souffrance. Puis je saisis en voyant du coin de l'oeil un Thorkin se ruer sur mon adversaire, armé en tout et pour tout d'une simple dague: Nôrek! Le bougre a balancé sa lanterne à huile, qui s'est fracassée sous le choc! Le monstre crisse de rage, de peur et de douleur mêlée, un atroce son strident qui me vrille désagréablement les tympans, mais qui chasse aussi partiellement les vapeurs qui occultent ma capacité de raisonnement. Je crie du mieux que je peux au vaillant nain:

"Non! Recule!"

Nôrek se fige en me fixant brièvement d'un air indécis mais, avisant l'odieuse qui se tourne vers lui tout en tentant d'étouffer frénétiquement le feu qui rugit sur son dos de ses membres supérieurs, il recule précipitamment à mon plus grand soulagement. Je bande toute ma volonté et rassemble furieusement mon Ki pour lancer de toutes mes forces défaillantes un tranché de Rana en direction du plafond, juste au-dessus de l'arctosa. Mon coup n'est pas très précis, mais il l'est tout de même assez pour frapper de biais quelques bonnes grosses stalactites qui se brisent sous l'impact! Les pointes minérales chutent sans demander leur reste et j'exulte en les voyant s'écraser sur l'arthropode et l'aplatir au sol dans un nuage d'étincelles! L'une des piques naturelles s'est plantée dans le corps de la bête et ses pattes sont agitées de soubresauts frénétiques alors qu'elle tente de se dégager, blessée à mort mais encore vivante quand même! Bons dieux, il faut quoi pour la tuer?! Un sursaut de rage m'envahit et j'avale colériquement une première potion de soin, puis une deuxième droit derrière, il me faut au moins ça pour récupérer des coups subis! Je sens avec un soulagement incroyable mon corps reprendre vie et mes blessures se résorber, un peu incrédule quand même: je vis! Je vais survivre à ce monstre!

Dès que l'état de mon corps me le permet je file récupérer ma relique ardente et m'approche de l'arctosa avec prudence. Il va crever, c'est certain, mais pas avant plusieurs minutes et il n'en faut pas tant pour prendre un mauvais coup. Je rengaine l'épée de mon ancêtre et saisis mon ardente à deux mains en rassemblant une nouvelle fois mon Ki. Je puise dans ma rage, dans ma colère profonde d'avoir failli y rester pour le modeler dans ma lame un peu à la manière du tranché de Rana sauf que je le maintiens à l'intérieur du métal, je vais cogner sur ce monstre de toutes mes forces, de toute mon âme, je veux littéralement le fendre en deux, je veux voir ses tripes se répandre au sol et son odieuse caboche fracassée! Je sens la puissante énergie intérieure se façonner lentement dans la relique, je la sens couler dans mes veines, dans mes nerfs, écarlate de fureur maîtrisée, comme un lent fleuve qui va puiser au fond de mon âme le pouvoir d'infliger un coup monumental. Je n'entends plus le fracas de la bataille qui fait toujours rage dans l'avenue souterraine, je n'ai plus conscience de ce qui m'entoure, je ne vois plus que l'arctosa mourant. Je ne pense plus à rien hormis à insuffler toute ma force physique et spirituelle, toute ma technique aussi dans mon arme pour en faire le prolongement létal de ma volonté d'anéantir d'un seul coup cette monstruosité.

Je sens mon épée vibrer d'énergie accumulée, explosive, mais je la contiens encore et encore, focalisant de plus en plus précisément mon intention et mon Ki pour déployer ce coup colossal dont j'ai déjà entendu parler mais que je n'ai encore jamais tenté. Concentré à l'extrême, conscient du moindre de mes muscles, de la texture et du poids de ma lame scintillante de pouvoir mystique, je la lève d'un geste souple, me glisse prudemment entre les membres du monstre et l'abat soudain de toute ma puissance sur la tronche de l'arctosa en accompagnant et soutenant mon geste d'une explosion de mon Ki longuement condensé! J'ai l'impression d'être une vague océanique, profonde, puissante, dont ma lame serait la crête qui s'abat sur un rivage et ravage tout ce qui se trouve sur son passage.

Le coup est ravageur, l'abjecte caboche de l'arachnide se fend comme un melon trop mur, puis son torse se sépare en deux sur près d'une coudée avant que ma lame ne se bloque dans les os de la créature! Je la dégage haineusement et rassemble une nouvelle fois mon ki en relevant mon arme, que j'abats à nouveau avec la plus extrême sauvagerie! Je la relève à nouveau et je cogne comme un dément, encore et encore, jusqu'à littéralement séparer en deux le monstre! Je continuerai ainsi jusqu'à en faire de la bouillie si Syndalywë ne m'informait soudain d'un ton dégoûté:

(C'est bon là, elle doit être morte, tu sais...)

Je grogne en cognant une dernière fois pour la forme, tremblant de tous mes membres, partagé entre le dégoût du spectacle désolant que je viens de créer et la satisfaction perverse d'avoir déchiqueté cette horreur si totalement que c'est à peine si l'on peut encore reconnaître ce qu'elle fut. Je reviens à moi en voyant Nôrek s'approcher d'un pas légèrement hésitant, comme s'il craignait que ma furie guerrière ne se dirige contre lui. Je lui adresse un signe las de la tête pour lui indiquer que j'ai repris mes esprits, ce qui le pousse à me rejoindre sans plus tergiverser. Il observe brièvement le carnage d'un air étrange, mélange d'admiration et de répugnance, puis il me murmure avec une certaine gêne, comme s'il doutait de pouvoir m'en demander davantage:

"Tanaëth...mes frères...ils meurent..."


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les mines
MessagePosté: Sam 11 Juin 2016 22:13 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 26 Fév 2015 21:51
Messages: 6796
Localisation: Nessima, Naora
[:attention:] Le rp qui suit contient des scènes de violence susceptibles de heurter certaines sensibilités [:attention:]

Je hoche lentement la tête à l'intention de Nôrek "Lanterne des Profondeurs" puis je m'avance vers lui et presse brièvement son épaule en le regardant droit dans les yeux:

"Merci, Nôrek. Fameuse l'idée de la loupiote, je te dois la vie. Maintenant, voyons un peu si nous pouvons mettre un terme à ce massacre..."

J'essuie sommairement le sang et la sueur qui me coulent dans les yeux puis je scrute la bataille en cours pendant quelques secondes pour estimer la situation. Hum, mauvaise, sans le moindre doute. Des dix Thorkins que j'accompagnais, seuls trois sont encore en vie, ils se battent dos à dos et sont entourés de démons noirs. Gurkan fait partie des trois, il se bat avec une férocité létale et un tas de cadavres Shaakts s'amoncelle devant lui. Plus loin, du côté du palais, la situation semble un peu meilleure, sans doute les nains sont-ils plus nombreux, ils réussissent pour l'instant à tenir le passage mais il me semble néanmoins que leur aile droite recule peu à peu. Il doit rester une trentaine de noirs et, si la plupart me semblent être des combattants moyens j'en distingue au moins un qui se démarque du lot, c'est d'ailleurs lui qui parait faire reculer les Thorkins protégeant l'accès au palais. Seulement, pour l'atteindre, il va falloir que je passe sur le corps de quelques-uns de ses congénères. Je souris durement, l'idée n'est pas pour me déplaire, au contraire. Je pourrais tenter d'utiliser mon arc, évidemment, mais les risques d'atteindre un nain ne seraient pas négligeables et je préfère me lancer dans un assaut au corps à corps plutôt que de transpercer l'un de mes alliés.

Je dégaine ma deuxième lame et me dirige en direction du combat, d'une course lente pour commencer, puis de plus en plus rapide alors que je m'en approche. Je concentre une fois de plus mon Ki, tout en sachant que je vais bientôt devoir m'en passer car j'ai déjà bien puisé dans cette énergie. A quelques mètres des premiers Shaakts, lancé à pleine vitesse, je modèle mon pouvoir d'argent en une danse accroissant notablement mon adresse au combat et je fonce dans le tas avec toute la subtilité d'un Thorkin! En apparence du moins car j'ai méticuleusement choisi mon angle de pénétration pour dégager mes trois compagnons encerclés en priorité, ils devraient ensuite pouvoir m'aider à me frayer un passage jusqu'au combattant ennemi le plus redoutable.

Mon premier adversaire n'a que le temps d'ouvrir de grands yeux surpris alors que ma lame d'Eden lui sectionne à moitié le cou, l'imbécile s'était focalisé sur l'ardente, certes plus visible mais ô combien moins nocive pour sa santé dans le cas présent. Le deuxième pare joliment ma volte agressive et flamboyante de son bouclier, mon attaque manque un peu de puissance du fait que j'aie choisi de privilégier ma technique et ne parvient pas à le bousculer sérieusement comme je l'espérais. Il tente une attaque de sa hache dégoulinante d'ichor mais son fer glisse sur ma deuxième arme runique parfaitement positionnée. Je fais riper l'incendiaire contre son bouclier, vers le bas, et d'une sèche torsion du poignet je la fais remonter dès qu'elle est parvenue en dessous de la protection. Le Shaakt hurle de douleur lorsque ma lame enflammée lui tranche le bras à hauteur du coude, titubant d'un pas en arrière et ouvrant sa garde de manière magistrale. Je pivote brusquement sur la pointe du pied et fais décrire un rapide arc de cercle horizontal à ma deuxième lame qui percute sans douceur son torse, défonçant armure et côtes d'un même élan.

Les elfes noirs réagissent cependant en tentant de m'encercler pour m'empêcher de dégager les Thorkins, qui ne sont maintenant plus que deux. Je sais être capable d'écraser n'importe lequel de ces chiens galeux en duel, mais ils sont nombreux et déterminés, la tâche s'annonce rude! Je pare une lame visant ma tête au moyen de l'ardente puis une deuxième vicieusement dirigée contre mes genoux de mon autre épée, j'esquive malaisément une troisième attaque destinée à mon épaule mais la quatrième franchit ma garde et m'entaille légèrement la joue! Je riposte d'un large balayage de l'ardente, sa flamme impressionnante faisant visiblement son petit effet car la pression se relâche assez pour que je puisse porter une vraie attaque sur celui qui s'est efforcé de son mieux de me défigurer. C'est d'une pointe vive et précisément dirigée sur le défaut de son armure à la jointure du bras et du torse que je lui adresse mes remerciements les plus sincères pour la balafre infligée! Je sens la pointe de ma lame gauche se frayer un chemin entre les plaques d'armure, puis entre les os qui ne résistent pas à l'effet de levier qui poursuit mon geste. Je pivote en effet brusquement sur la droite pour parer de mon ardente le tranchant d'un sabre menaçant ma gorge, ce qui dégage ma lame runique de l'épaule du Shaakt en broyant salement chairs et os.

La mêlée devient confuse, les Thorkins redoublent d'audace et de vaillance en voyant qu'une aide leur est offerte, les Shaakts font de même en sentant le vent tourner, le monde se résume à une simple sphère autour de chacun, le seul espace qui compte vraiment dans une bataille comme celle-ci, au fond. Je ne sens pas la lame qui me zèbre la main droite, ni celle qui s'abreuve de mon sang en piquant ma hanche au défaut de la cuirasse. Je ressens en revanche le coup de hache qui m'endolorit le bras gauche, ma protection résiste mais cela n'empêche en rien le choc d'être brutal. Je cesse vite de compter les Shaakts qui tombent sous mes coups, tâche d'autant plus malaisée que certains blessés se relèvent pour reprendre le combat. Gurkan se démène comme un diable et parvient à nous ouvrir un passage jusqu'à la maigre ligne défensive de ses concitoyens, je réalise vaguement qu'à part Nôrek qui s'est tenu à l'écart il est le seul survivant du groupe avec lequel je suis venu. Un bref regard circulaire m'apprend qu'il ne reste plus qu'une dizaine de noirs pour le double de Thorkins, nos ennemis le réalisent probablement aussi car leurs assauts se font plus désespérés, maladroits et pourtant paradoxalement plus dangereux.

Gurkan et moi rejoignons finalement le rang des gardes du palais, nous joignant à eux pour repousser inexorablement les Shaakts vers les tréfonds par lesquels ils sont arrivés. Un à un les elfes obscurs tombent, nous avançons comme une meule d'acier sur les cadavres elfiques et Thorkins confondus, l'équilibre est rendu précaire par les corps, mais aussi par le sang et les viscères qui rendent la pierre redoutablement glissante. Je ne peux m'empêcher d'éprouver une certaine admiration devant l'acharnement de nos ennemis, ils sont perdus et ils le savent, mais pas un ne se rend. Le combattant que je souhaitais atteindre en me lançant dans la mêlée m'a échappé durant tout le combat, je n'ai jamais réussi à me trouver à sa portée, mais il finit par se retrouver seul face au rempart de boucliers formés par les défenseurs Thorkins, non sans avoir abattu trois autres nains depuis que j'ai rejoint le rang. Il recule enfin de quelques pas, ses deux longues et fines épées sombres dégouttant du sang de ses victime pointées vers le sol, mais il nous fixe d'un regard qui n'a rien de vaincu. Il nous défie au contraire avec un léger rictus aux lèvres. Les Thorkins font mine d'avancer mais je les retiens d'un "Non!" sec, sans même songer qu'ici, je n'ai rien à ordonner à qui que ce soit. Les Nains obtempèrent pourtant sans hésiter, me jetant de brefs regards en coin pour essayer de percer mes intentions.

Je plante mes deux lames de part et d'autre de moi, dans des cadavres de Shaakts, puis d'un seul geste fluide je saisis mon arc, y encoche une flèche et la décoche. L'elfe noir me dévisage avec stupeur, incrédule peut-être que je ne lui aie pas octroyé un combat honorable. Son regard s'abaisse lentement sur le trait fiché dans ses tripes, puis remonte sur moi en irradiant d'une haine telle que je n'en avais encore jamais observée. Je puise une nouvelle flèche dans mon carquois et le vise calmement sans qu'il ne fasse mine de faire le moindre geste. Les Thorkins retiennent leurs respirations tant l'instant semble surréaliste après la fureur de ce long combat, pas un ne bouge. Je souris froidement à l'elfe et lui dit d'un ton aussi glacial que ma relique:

"Pour Chilali."

Et mes doigts relâchent la corde tendue.

Une nouvelle fleur pourpre s'épanouit à côté de l'autre sur l'armure sanglante de l'elfe qui, visiblement, ne comprend pas le sens de mes mots. Mais je m'en fous, je ne lui demande pas de comprendre. J'encoche une troisième flèche lorsque le Shaakt se met soudain à hurler en me fonçant dessus! Je ne bronche pas et décoche mon trait qui l'atteint en pleine gorge, alors qu'il ne se trouve plus qu'à trois mètres de moi. Le maudit s'affale enfin, non sans m'obliger à faire un pas de côté pour l'esquiver. Je range posément ma relique de glace et récupère mes lames que j'essuie soigneusement sur le tabard du mort avant de les rengainer lentement. Je me tourne pour faire face aux Thorkins qui me fixent avec des expressions diverses. Admiration, crainte, envie, réprobation, je n'en sais rien, je n'ai pas l'habitude de déchiffrer les expressions des Nains, et là encore je m'en fous. Je me sens vide. Sale. Froid. Froid comme les cadavres trop nombreux que j'ai semé sur ma route aujourd'hui. Je ne regrette rien pourtant. J'ai simplement envie de sortir à l'air libre et d'aller me baigner longuement. Gurkan finit par toussoter pour rompre le pesant silence qui menace de s'éterniser, grommelant:

"Ben mon gars, j'retire c'que j'ai dit quand on s'est rencontrés. T'es un foutu archer, pis un foutu guerrier aussi. Jamais vu un type rester aussi calme alors qu'un d'ces démons lui fonçait d'sus."

Je hausse les épaules et lui réponds d'une voix indifférente:

"C'est par ma seule volonté que mes lames se meuvent. Vous vous êtes rudement bien débrouillés aussi."

Je souris quand même en voyant Nôrek accourir vers nous en criant quelque chose à ses compatriotes en Thorkin, que je ne comprends pas étant donné que ce langage rauque est toujours aussi hermétique à ma compréhension. Je devine tout de même le sens général de ses paroles en voyant les Thorkins jeter des regards effarés en direction du cadavre de l'arctosa. Gurkan se dirige vers l'arachnide, du moins ce qu'il en reste, et demeure immobile durant de longues secondes en fixant la bête avant de revenir vers nous. Il me fixe avec gravité pendant un instant, silencieux, puis déclare avec une solennelle componction que je trouverais amusante en d'autres circonstances:

"J'crois qu'le Rock a une dette envers toi, Tanaëth Ithil. Pis nous autres tout pareil. J'suis fier d'm'être battu à tes côtés. Les Anciens s'ront mis au courant, parole de Gurkan Aerekôm!"

Il me tend une main crasseuse à souhait, mais je n'en ai cure et la serre vigoureusement. Je sais que j'ai dorénavant un ami dans le Rock. Non, deux en comptant Nôrek qui vient à son tour m'offrir une poignée de main. Et je sais aussi qu'eux savent qu'ils ont un ami à l'Opale de Lune. Je me sens moins vide soudain, mais je n'oublie pas pour autant que la guerre ne fait que commencer et je propose aux Thorkins:

"Voyons s'il n'y a pas un Shaakt encore vivant dans le tas, des renseignements nous seraient fort utiles."

Nous nous mettons donc en quête d'un survivant, et ne tardons pas à en trouver un, une plutôt, mortellement atteinte mais possédant encore un souffle de vie et de conscience. Je m'approche d'elle et m'accroupis à ses côtés pour la questionner. Elle me scrute d'un regard voilé par l'agonie, empli d'une étonnante tristesse. Je ne lis nulle haine dans ses yeux, il n'y a que cette mélancolie incompréhensible à mes yeux, mais touchante d'une certaine manière. Je lui demande doucement:

"Pourquoi cette folie? Pourquoi avez-vous attaqué le Rock après toutes ces années de paix?"

Elle hausse les épaules et toussote en grimaçant de douleur avant de me répondre d'un ton infiniment las:

"Les ordres, Sindel. Les matriarches...ordonnent et nous...obéissons sans discuter, c'est le prix...à payer pour survivre, à Khonfas."

"Ces ordres, quels étaient-ils?"

"Tu me demandes...de trahir les miens?"

Je rive mon regard au sien et murmure:

"Je te demande de te libérer de ce que tu sembles détester. Il n'y a pas de haine dans tes yeux, juste de la tristesse. Tu voulais une autre vie? La liberté? Saisis ta chance, rien n'est inéluctable. Tu as un nom?"

Elle me dévisage avec un discret étonnement, puis hoche imperceptiblement la tête à ma dernière question:

"Iralyë. C'est...c'était mon nom. Les ordres...massacrer la défense du Rock Armath si possible, revenir avec des renseignements précis si ça ne l'était pas. Les prêtresses ont pensé que nous pouvions nous emparer de la cité Thorkine grâce à l'arctosa...pauvres folles...il y a...il y a une armée...qui...se dirige...sur Hidirain."

Elle se crispe brusquement en gémissant de souffrance puis murmure encore, si faiblement que je dois presque coller mon oreille à ses lèvres pour saisir ce qu'elle veut me dire:

"Reliques...Shaeya'naer Elsayim...mère...Oaxaca...une...à Hidirain...pour...pour ça...la guerre..."

Son regard gris s'éteint avec la soudaineté d'une chandelle que l'on mouche. Je soupire doucement, ainsi tous les Shaakts ne sont pas des animaux assoiffés de sang, je le supposais bien mais je n'avais peut-être jamais eu l'occasion de le vérifier, ou l'envie de le voir. Je ferme ses paupières avec délicatesse avant de me relever, puis je fais par des derniers mots de la Shaakt aux Thorkins, ils ont le droit de savoir, ils l'ont acquis en versant leur sang. C'est Nôrek qui finit par me répondre après avoir réfléchi pendant quelques secondes:

"Elle est pas au Rock, cette relique. Faudrait en parler aux Hinïons, le plus vite sera le mieux. C'qui est sûr c'est qu'on a intérêt à se préparer pour la guerre, si cette histoire d'armée est vraie. Et j'pense qu'elle l'est."

J'opine d'un hochement de tête et rétorque pensivement:

"Je pense aussi que ces informations sont valables. Je retourne à Hidirain, si cette relique est bel et bien en possession des Hinïons je tâcherai de les persuader qu'ils feraient mieux de l'envoyer au loin. Et visiblement si possible. Pas certain que cela évite une guerre, mais c'est une chance qui mérite d'être tentée."

Les Nains semblent dubitatifs à mes mots, certains du moins, j'imagine qu'il n'est pas vraiment dans leur nature de se séparer volontairement d'un trésor. Mais comme me l'avait si bien dit la mère d'Ethëll, aucune lame ne vaut ma vie. C'est certainement aussi vrai pour une relique, ou un trésor quel qu'il soit.

"Il ne m'appartient pas de prendre cette décision, quoi qu'il en soit. Je vais donc de ce pas aller aviser les Doyens d'Hidirain de ces informations, ils en feront ce qu'ils jugeront le plus sage. Mais auparavant, si vous permettez, je vais fouiller les corps des prêtresses que j'ai abattues, et celui du guerrier que j'ai fléché. Il pourrait y avoir quelque chose d'utile, voire des indices quelconques."

Gurkan me fait signe de procéder à ma guise, aussi je fouille rapidement les trois cadavres et récupère tout ce qui me semble intéressant avant de saluer amicalement les Thorkins et de me remettre en route pour la Perle Blanche.


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les mines
MessagePosté: Jeu 14 Juil 2016 17:16 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 15 Oct 2014 19:53
Messages: 213
Localisation: Alentours de Khonfas
Vision de ténèbres

Je m’avance avec circonspection dans le souterrain, voyant avec appréhension les lumières des feux des nains diminuer alors que je m’enfonce dans les ténèbres. Je n’attends pas d’être complètement dans l’obscurité pour fouiller dans mon havresac jusqu’à sortir cette petite luciole que j’ai acheté en compagnie de Tanaëth à l’Escarcelle d’Argent. Je la tiens quelques secondes entre mes grosses griffes, l’enserrant aussi délicatement que possible de peur de la briser. Il s’agit d’une petite boule qui flotte dans les airs et, lorsque je la lâche, je la regarde s’illuminer avec émerveillement jusqu’à ce que mes yeux ne puissent plus supporter son éclat. Mon regard se reporte sur mon chemin et je constate avec satisfaction que le tunnel est éclairé sur une bonne dizaine de mètres. Voilà un achat fort pratique.

Avec un dernier regard en arrière, je me mets en route, ma petite luciole artificielle me suivant partout avec diligence. C’est ainsi que je m’enfonce durant plusieurs heures dans les entrailles de l’Imiftil. Les tunnels autour de moi sont de pierre grise et dur s’effritant à peine, même lorsque je la racle de mes griffes, tant est si bien que je me demande comment les nains d’antan ont pu progresser ici. Ont-ils creusé ces mines à la seule force de leurs poignets et de leurs pioches ou se sont-ils servis de magie et d’outils étrangers ? Et que recherchaient-ils ici ? De l’or, du minerai, des joyaux ? Je regrette de ne pas leur avoir posé la question en partant car je ne vois rien pour me mettre sur une piste.

Dans ces mines obscures, et sous les conseils de Lungrund, je place à chaque croisement une petite marque creusée de mes griffes sur les murs, une petite flèche indiquant la direction que j’ai empruntée, puis je tente de dessiner sur une feuille avec un bout de charbon l’itinéraire approximatif que j’ai pris. Cependant, au bout d’une dizaine de tournants, je dois me rendre à l’évidence : ma carte improvisée ne m’est d’aucune utilité car je n’ai rien d’un arpenteur et les distances me paraissent déformée. Sans parler de mon sens de l’orientation, absolument inexistant en ces lieux. Quand bien même ma vie en dépendrait, je ne saurais dire où se trouve le nord.

Autour de moi, le silence devient pesant. J’ai parfois l’impression d’entendre les bruits de quelques êtres vivant en ces lieux, mais la plupart du temps il n’y a rien d’autre qu’un vide profond et abyssal par-delà le halo de ma luciole, comme si rien d’autre n’existait au monde. Jamais je ne me suis senti aussi seul, aussi oppressé qu’en ces mines abandonnées avec l’impression que les parois s’apprêtent à se refermer sur mes moustaches. Malgré les heures qui passent, je ne parviens pas à me défaire de ce malaise qui me remonte petit à petit dans la gorge jusqu’à ce que je me retrouve à avancer à catimini sur mes coussinets en scrutant les ténèbres de crainte de voir quelque vision de terreur se matérialiser devant mes yeux. Je commence à regretter de m’être lancé dans cette entreprise périlleuse de recherche de la Dague de Rana. Je ne sais même pas si elle existe ! Pourtant, quelque chose me pousse dans cette direction, bien que j’en ignore la source. Lentement, le sentiment d’être observé, épié, nait en moi et j’ai beau me dire qu’il n’y a rien d’autre que moi et l’obscurité, cette sensation persiste. A tel point que lorsque j’entends soudainement des gouttelettes d’eau tomber dans une flaque, je sursaute, mes poils se redressant sur mon dos, prêt à feuler dans la direction de ce pauvre liquide n’ayant rien fait de mal.

Le cœur battant, je me ressaisis et profite du petit bassin naturel agrandissant le tunnel pour faire une halte. L’eau éclairée par ma luciole est d’une clarté limpide, d’une pureté cristalline telle que je n’en ai jamais vu, tandis que la roche s’écarte pour laisser place à une modeste petite grotte. Je décide de bivouaquer dans ce lieu paisible qui calme légèrement ma nervosité, estimant l’heure au soir si j’en crois les gargouillis émis par mon ventre. Alors que je me sustente des mets fournis par mes amis nains, un sentiment plus serein commence à naître en moi. Peut-être suis-je en train de m’habituer à la vie souterraine des thorkins, ou peut-être avais-je simplement besoin de nourriture. Toujours est-il que je me laisse rapidement aller, adossé contre la roche, à un léger sommeil.

Je suis réveillé par un malaise soudain, une sensation de froid et d’oppression tels que je n’en ai jamais connus. Je bondis soudain sur mes pattes, toutes griffes sorties, feulant en direction des ténèbres au-delà du halo créé par ma luciole. Ma queue bat l’air avec irritation et appréhension, mais pourtant je ne vois rien ni n’entend rien. Etait-ce le fruit d’un cauchemar désagréable dont les reliquats subsistent à mon réveil ? Pourtant, je ressens toujours cette impression néfaste, comme si l’obscurité autour de moi est plus dense et que ses rais se tendent par-delà le cercle de lumière.

Je sursaute soudain, je crois avoir aperçu deux lueurs rougeoyantes ! De ma gorge commence à s’échapper un grondement sourd, autant pour apeurer la créature que je sais à présent être là que pour me rassurer. Loin de l’impressionner, je vois les deux yeux s’approcher jusqu’à la lisière du halo de ma luciole et flotter ainsi dans les ténèbres à hauteur d’homme.

- Que me voulez-vous ? demandé-je dans un grognement.

Un silence. Les deux points rouges semblent scintiller, puis une voix sépulcrale issue des ténèbres déchire les ombres :

- Je cherche ce que tu trouveras.

Un rugissement s’échappe de mes babines, mes griffes sont tendues, prêtes à mordre la chair. Mais la créature qui me fait face est-elle simplement une créature de chair ?

- Qui êtes-vous ?! Que me voulez-vous ?

Un nouveau silence.

- Je cherche ce que tu trouveras. Deux âmes errantes seront le prix de mes mots, Ô Woran, car je cherche ce que tu trouveras.

Soudain, les ténèbres envahissent la lumière et il ne subsiste plus rien de ma luciole que le noir complet et deux yeux rouges à quelques centimètres à peine de mon visage. Je suis tétanisé, absolument incapable de frémir ne serait-ce qu’une moustache.

- Lorsqu’à un choix tu seras confronté, choisi le pire et tu trouveras ce que je recherche, tu trouveras ce que tu cherches. Choisi le meilleur et la mort t’attendra. Je t’attendrai.

L’obscurité se fait plus oppressante encore et j’ai l’impression qu’une main gelée me saisit à la gorge et la presse, m’empêchant de respirer avant qu’elle ne reflue soudainement avec les ténèbres. En l’espace d’un battement de cil tout redevient comme avant. Ma luciole brille au-dessus de ma tête, éclairant le bassin cristallin, scintillant comme si rien ne s’était passé. Mon havresac repose au sol, intouché, de même que le fromage à peine entamé. Pourtant je m’effondre sur le sol sous le choc, le dos contre la paroi de pierre froide et dure, le souffle court, les yeux écarquillés. Mes griffes s’enfoncent sporadiquement dans la roche dans un crissement désagréable dont je ne tiens pas compte. Qu’est-ce que c’était que ça ?!

_________________
Image
Je pleure, parce que leur mort est mon fait.
Je pleure. Parce qu’elle était la vie, parce qu’elle était la fougue et la fureur d’aimer.


Thème de Sha'ale


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les mines
MessagePosté: Mer 20 Juil 2016 03:14 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 15 Oct 2014 19:53
Messages: 213
Localisation: Alentours de Khonfas
Créature dans l'obscurité

Il me faut plusieurs minutes pour me ressaisir de cette vision d’horreur. Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’était cette créature, pas plus que ce qu’elle me voulait. Ses mots, s’ils n’étaient pas réellement menaçants et néfastes, n’en avaient pas moins un goût amer de mort et de destin funeste. Qu’avaient été ses mots ? Quelque chose sonnant comme « Lorsque tu seras confronté à un choix, choisit le pire et tu trouveras ce que tu cherches, choisi le meilleur et tu mourras ». Mais d’où venait cette… chose ?! J’ai peine à croire que cette créature soit venue ici dans le seul but de m’aider et ses mots laissent dubitatif. Ils peuvent vouloir tout et rien dire.

Je finis par me redresser, incapable de me rendormir et me passe un bref coup d’eau sur le museau pour me rafraîchir. Je prends cependant garde à ne pas trop me mouiller, de crainte que ma fourrure mette trop de temps à sécher dans cet environnement froid et humide. Rapidement, non sans jeter un regard sur les alentours, je me remets en route, mon havresac sur l’épaule et ma luciole à mes côtés, éclairant la roche devant mes pattes.

Alors que je progresse de nouveau dans ce dédale de galeries, je constate qu’elles se modifient subtilement et que la roche grise laisse petit à petit place à une pierre plus brune, tirant sur le beige. Selon les nains du Rock, il s’agit de la couleur de la pierre au sud-ouest du massif d’Hidirain, indiquant que je me dirige dans la bonne direction. Plusieurs heures s’écoulent ainsi, sans qu’il n’y ait d’autre bruit que le crissement de mes griffes contre la roche et le silence oppressant de la solitude. A présent que j’ai fait cette rencontre, je commence à apprécier ces moments seul, sans ombre maléfique à portée de regard.

A plusieurs reprises alors que j’avance, je caresse l’idée de faire demi-tour, de retourner sur mes pas et de suivre toutes ces flèches gravées dans la pierre en sens inverse pour revoir la gentillesse de Lungrund et de Berth. Pourtant, à chaque fois quelque chose me retient. Est-ce ce à quoi la créature d’ombres pensait, lorsqu’elle me présentait ce choix entre le pire et le meilleur ? Car assurément, le meilleur choix semble être celui de faire demi-tour.

Cette sensation est soudain confirmée alors que j’entends un grognement provenir du couloir derrière-moi et se réverbérer contre la pierre, amplifiant le son pour le rendre d’autant plus inquiétant. Je lance un coup d’œil effaré vers l’obscurité, incertain de la marche à suivre. Je viens de dépasser un croisement, aussi j’hésite à me mettre à courir comme un dératé, comme mon instinct me dicte, ou à rester le plus silencieux possible en espérant être passé inaperçu auprès de ce qui se trouve non loin.

Contre toute attente, je décide de rester silencieux en attrapant ma luciole pour cacher son éclat entre mes pattes. Je tends l’oreille. Au début, je n’entends que les battements de mon cœur dans les ténèbres, martelant mes tempes. Mais, petit à petit, un autre son se fait entendre. Un pas lent et lourd qui s’arrête soudain. J’ai le sentiment qu’il est à la croisée des chemins et qu’il hésite. Choisis le chemin où je ne suis pas, choisis le chemin où je ne suis pas, choisis le chemin ou je ne suis pas…

Le bruit de pas se fait entendre de nouveau et j’espère de tout mon cœur qu’il ne se dirige pas vers moi, mais, au bout de quelques longues et pénibles secondes, je dois me rendre à l’évidence, le son se fait plus fort, et non plus faible. Je jure et me met à courir en relâchant la luciole de mon emprise. A peine fais-je quelques pas que j’entends les bruits qui me poursuivent s’accélérer et les grognements gutturaux reprendre de plus belle. Au son, la bête est grosse et parfaitement de chair et de sang et me veut du mal.

Courant à toute vitesse, je tente de trouver un lieu où je pourrais me retourner pour lui faire face dignement, pas dans un lieu aussi exigu que ce tunnel. J’entends la créature, se rapprocher de moi à toute vitesse tandis que je n’ose accélérer. J’ignore tout de ce qu’il se trouve à quelques mètres de la luciole et je crains de tomber dans un traquenard. Alors que j’entends la créature souffler à la lisière de ma bulle de lumière, je parviens dans un boyau légèrement plus large et plus haut que le reste, sur quelques mètres. Là, je fais vote face pour me retrouver confronté à mon ennemi, toutes griffes dehors, alors qu’il pénètre dans mon cercle de lumière.

Il s’agit d’une créature humanoïde d’au moins deux mètres cinquante de haut, toute de muscles et de faciès barbare dont les parties génitales sont cachées par un pagne de cuir. Sa peau est d’un gris foncé tirant sur le brun, très épaisse, comme pour la protéger du froid et des agressions extérieures. Dans ses mains, une massue gigantesque, presque aussi grande que moi et je la sens prête à s’en servir. Je pense qu’il s’agit d’un troll, si j’en crois les histoires que j’ai lues à leur sujet. Mes vibrisses frémissent d’appréhension.

Je m’apprête à la combattre, me ramassant sur mes membres, les poils hérissés. Je décide de porter le premier coup. Je m’élance en avant, prêt à bondir, mais à peine ai-je fais deux pas que la grosse massue me cueille au passage et m’écrase sur le mur du tunnel. Je m’effondre sur le sol, le souffle coupé, en tenant mes côtes abimées. Mais je ne peux pas battre une créature comme ça ! me dis-je dans un élan de panique. Comment pourrai-je seulement l’approcher si le moindre de ses coups est d’une telle puissance ? La créature a dû se faire la même réflexion que moi car j’entends soudain un son guttural qui s’apparente à un rire tandis qu’il s’approche de mon corps allongé. Il agite sa massue autant que notre petite grotte lui permet avec ce qui ressemble à un air de satisfaction. Il estime manifestement que je suis une proie facile et je crains bien qu’il ait entièrement raison. Son bras s’élève au-dessus de sa tête, sa massue prête à fondre sur moi.

_________________
Image
Je pleure, parce que leur mort est mon fait.
Je pleure. Parce qu’elle était la vie, parce qu’elle était la fougue et la fureur d’aimer.


Thème de Sha'ale


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les mines
MessagePosté: Mer 20 Juil 2016 16:30 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 15 Oct 2014 19:53
Messages: 213
Localisation: Alentours de Khonfas
A la hauteur des dangers de ces lieux

Alors qu’il amorce le coup destiné à éclater ma tête contre la roche, je roule sur le côté et me redresse pour me lancer à toute vitesse dans le tunnel, suivit par ma fidèle luciole. Il ne me reste que la fuite pour toute chance de survie. J’entends le troll s’étonner de ma disparition avant de comprendre où je me trouve et se lancer à ma poursuite. Laissant toute délicatesse de côté, j’accroche mon sac fermement sur mon dos et m’élance en avant, les deux pattes avant touchant le sol pour me rattraper alors que je me mets à courir à quatre pattes. Mes parents ont toujours dit que j’avais la fourrure du félin le plus rapide de la savane, j’espère lui rendre hommage. Il en va de ma vie.

Nous courrons comme des dératés dans les couloirs des souterrains d’Hidirain. Je n’ai pas la moindre idée de l’endroit où je me dirige, mais j’y vais résolument. Le troll, s’il n’est pas rapide, est plus grand que moi et recouvre plus de terrain avec ses grandes jambes, mais il ne parvient pas à me rattraper. Je ne parviens pas à le distancer non plus. Au bout de plusieurs minutes de ce rythme de course, je sens que la situation devient de plus en plus critique car je commence à m’essouffler tandis que le troll semble éructer toujours avec la même fréquence. Me voilà qui regrette le silence oppressant des tunnels.

Soudain, j’aperçois une lueur tout au fond du tunnel. L’extérieur ! Et sur le chemin m’y menant, une bifurcation vers les ténèbres. La solution me semble évidente, je vais sortir, embrasser la forêt et le troll n’osera assurément pas me suivre. Ce sont des créatures des souterrains et non du ciel, n’est-ce pas ?

La bifurcation approche à toute vitesse et je m’apprête à bondir vers la lumière lorsque les paroles de l’être de ténèbres me reviennent à l’esprit. « Lorsque tu seras confronté à un choix, choisit le pire et tu trouveras ce que tu cherches, choisi le meilleur et tu mourras ». Si ce choix ne correspond pas exactement à sa prédiction, que mes vibrisses m’en soient coupées ! Puis-je décemment choisir les ténèbres à la lumière sur l’allégation d’un être que l’obscurité définit ? Non, je ne le peux pas. Aussi, je décide de poursuivre et de courir toujours vers la lumière. Cette dernière est tamisée, étouffée et je comprends que c’est la nuit.

Plus que quelques pas et je serais à la bifurcation lorsque soudain, au lieu d’aller sur la gauche vers l’extérieur, je tourne vers la droite pour m’enfoncer dans les entrailles d’Hidirain. Deux pas de plus et le choix m’est définitivement ôté. J’ai choisi le pire.

Au moment même où je passe la bifurcation, mes yeux se perdent l’espace d’un bref instant dehors. Est-ce mon imagination ou je distingue dans la nuit d’autres créatures semblables au troll qui me suit et, parmi elle, une silhouette de ténèbres aux yeux rouges ? Ce n’est peut-être que le reflet de mon imagination, mais je redouble d’efforts pour échapper à mon poursuivant, toujours sur mes traces. Mes poumons sont en feu, je ne sais combien de temps je pourrai soutenir ce rythme effréné. Peu de temps, même si mes membres sont animés par l’énergie du désespoir.

L’obscurité semble plus forte ici alors que j’avance, comme si ma luciole peinait à éloigner les ombres. Sans doute est-ce dû à ce boyau dans lequel je m’enfonce qui s’étrécit à vue d’œil. Mince, je vais être piégé ! Quel choix fou ai-je fais en choisissant d’aller sous terre plutôt que de retourner au ciel auquel j’appartiens ?! Soudain mes yeux s’écarquillent alors que j’ai l’impression que les murs du tunnel se referment inexorablement sur moi. Si passage il existe devant moi, peut-être pourrai-je être suffisamment petit pour passer et ce monstre suffisamment gros pour être bloqué ! Je l’espère, car j’ai l’impression qu’il gagne du terrain sur moi alors que je m’essouffle. J’ai le sentiment que ses grognements ne sont qu’à quelques mètres à peine de moi.

J’aperçois le tunnel qui se réduit drastiquement avant de s’ouvrir d’un coup et je me faufile dans l’interstice laissé. Je fais quelques pas de plus avant de m’effondrer, essoufflé, sur le sol. Je me retourne pour voir le troll, lui aussi arrêté devant l’étrécissement. Il est manifestement irrité que sa proie lui ait ainsi échappé car il beugle et s’acharne vainement devant l’ouverture.

Je reprends petit à petit mon souffle avant de jeter un coup d’œil sur mes alentours. Le constat n’est pas fameux. Je suis dans une autre grotte dont je ne vois cette fois pas d’autre issue que l’endroit par lequel je suis entré. La cavité n’est pas très large, une douzaine de mètres tout au plus, mais j’ai l’impression qu’elle s’étend loin au-dessus de ma tête.

Mon regard est soudainement rappelé vers le bas lorsque je me rends compte que le troll arrêté de beugler et entreprend d’abattre des coups de masse énormes sur l’ouverture, dans le but avoué de se découper une voie d’accès vers ma fourrure. J’écarquille les yeux de panique. S’il parvient jusqu’au bout, il pourra entrer ici et alors plus rien ne me sauvera ou alors il pourrait tout aussi bien faire s’effondrer la grotte sur nous. Fichtre. Pourtant l’espèce d’ombre m’avait dit que je trouverai ce que je cherche si je prends le pire choix possible, soit la Dague de Rana et c’est pourtant ce que j’ai fait ! Et je ne l’ai toujours pas trouvée. Peut-être n’était-ce qu’un ramassis de mensonges.

Néanmoins je n’ai pas envie de tenter le destin aussi mes yeux fouillent frénétiquement la caverne. Non, assurément aucune sortie à portée de regard. Pourtant, il me semble distinguer à cinq ou six mètres au-dessus de ma tête un endroit plus sombre, parmi les stalactites et la roche humide. Peut-être que je pourrais parvenir à me faufiler là-bas. Je n’ai rien d’un adepte de l’escalade, cependant j’ai une force importante qui pourrait m’aider. Sans demander mon reste, je me précipite sur la paroi.

Cette dernière présente quelques prises avec des interstices entre lesquels je glisse mes griffes pour me hisser petit à petit sur la roche. Mes doigts me font mal et je crains que l’ascension ne m’arrache une griffe. Derrière moi, j’entends les « bang ! Bang ! Bang ! » de la massue qui tape la pierre. Je n’ose me retourner pour voir où en est l’avancée du troll, de peur que cela ne me déconcentrer. Une de mes griffes s’éclate en m’arrachant un gémissement de douleur et je manque de tomber, mais me rattrape de justesse en me cognant sur la paroi. Sans prêter garde à la douleur, je continue de monter.

J’ai presque atteint les trois mètres de haut lorsque j’entends des pans de pierre s’effondrer et je risque un coup d’œil derrière-moi pour découvrir les pieds du troll ensevelis sous la roche tombée, mais l’entrée belle et bien ouverte, suffisamment grande pour le laisser passer. Pris de panique, j’accélère la montée. Il parvient à libérer ses jambes et s’avance rapidement vers moi et tente d’attraper ma patte, mais à ce moment j’arrive tout juste hors de portée. Quelques prises de plus et je parviens à me hisser dans la cavité que j’avais convoitée. Elle est même plus grande que je ne pensais et j’ai l’impression qu’elle s’enfonce dans un nouveau réseau de galeries.

Je lance un coup d’œil en bas pour découvrir le troll avec sa massue tentant de l’envoyer dans ma figure, mais il me suffit de reculer de quelques pas pour me mettre hors de portée. La créature hurle et s’agite, consciente qu’elle vient de perdre sa proie et je m’autorise un léger sourire découvrant une canine. Pas maintenant, la mort, pas maintenant.

Sur un dernier regard au troll au-dessous de moi, je m’enfonce de nouveau dans les ténèbres. J’aurais pu choisir de sortir, de mourir sous les étoiles. A la place, ce sont peut-être ces souterrains qui seront mon tombeau. Je ne pense pas être à la hauteur des dangers de ces lieux.

_________________
Image
Je pleure, parce que leur mort est mon fait.
Je pleure. Parce qu’elle était la vie, parce qu’elle était la fougue et la fureur d’aimer.


Thème de Sha'ale


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les mines
MessagePosté: Sam 23 Juil 2016 08:07 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 15 Oct 2014 19:53
Messages: 213
Localisation: Alentours de Khonfas
Grouillez, charognes !

Me voilà complètement perdu, seul dans des artères sombres. Fort heureusement, ma luciole ne m’a pas lâchée de toute cette étrange aventure. Il est hors de question pour moi de faire demi-tour à présent. Je doute de pouvoir survivre à une nouvelle rencontre avec ce troll contre lequel ma force ne saurait rivaliser, aussi je n’ai d’autre choix que d’aller de l’avant en espérant qu’il ne s’agisse pas d’un cul-de-sac. Par acquis de conscience, je poursuis mon habitude de marquer les murs à chaque croisement, au cas où je me retrouve à tourner en rond.

Rapidement après ma fuite, je décide de faire une pause pour manger, reprendre mes esprits et tenter de comprendre ce qu’il s’est réellement passé. Si j’avais fait le choix de poursuivre dans la lumière, à l’extérieur, serai-je réellement mort ? Je l’ignore et ne le saurai sans doute jamais, mais la simple pensée que je doive la vie à une créature d’ombre me fait frémir.

Je m’enfonce de nouveau dans les tunnels de pierre durant plusieurs heures. Mes poils, faits pour l’extérieur, la lumière du jour et l’éclat du soleil, sont imbibés d’humidités et j’ai la sensation d’être constamment froid. J’ai beau serrer ma cape contre mes poils, cette impression d’être glacé jusqu’à la moelle ne me quitte pas. Je redoute de ne plus jamais revoir la lumière, la vraie et non celle de ma fidèle luciole.

Soudain, mes pas me mènent vers un précipice devant lequel je manque de tomber. Je m’arrête à un pas de poser le pied dans le vide et contemple les ténèbres qui s’étendent en dessous de moi, prêt à faire demi-tour pour tenter un nouveau boyau. Mais quelque chose me retient, peut-être ce petit bruit de grouillement que je perçois en bas, qui m’intrigue. Je ne distingue pas le fond de cette nouvelle grotte, qui pourrait aussi bien être juste sous mes pieds que six mètres plus bas, aussi je me saisis délicatement de ma petite luciole, qui virevolte derrière-moi, pour l’avancer dans la grotte et l’éclairer.

Grande, elle l’est assurément. Son plafond est haut, orné de stalactites qui descendent gracilement d’un mètre ou deux avant de s’achever en petite pointe de laquelle perle une petite goutte d’eau qui tombe dans les ténèbres. Je suis des yeux le parcours de l’eau dans l’air, la voyant chuter, atteindre mon niveau et me penche pour la suivre, jusqu’à ce qu’elle s’éclate deux mètres plus bas sur la tête d’une nouvelle créature de cauchemars. Celle-ci ressemble à un grand vers verdâtre orné au corps annelé orné de pics, à la mâchoire serpentine ornée de crocs. Elle n’est pas grande, une vingtaine de centimètres tout au plus, mais elle est effrayante. La créature semble lever ce qui lui sert d’yeux vers moi et pousse un petit cri strident auquel répondent plusieurs créatures dans les ténèbres. Je les entends grouiller et je distingue des bêtes ramper sur le sol pour rejoindre leur congénère. Elles sont nombreuses, peut-être une vingtaine. Elles m’observent quelques temps comme je les observent puis finissent pas se désintéresser de moi pour ramper vers une forme allongée que je distingue mal. Au début, je pense à un être vivant, mais en plissant les yeux je comprends qu’il n’en est rien. Il s’agit d’un ou deux macchabées, des ossements blanchis par le temps que ces charognards semblent tenter de ronger.

- Eh, poussez-vous, laissez-les ! crié-je aux créatures en agitant les bras pour leur faire peur.

Certaines daignent me lancer un regard avant de revenir sur leur sombre tâche, les autres m’ignorent simplement. Soudain, une pensée me vient. Ces macchabées, en bas… pourrait-il s’agit des cadavres de Lalyë Teraliel et Riklau Vryhel ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais je n’en poursuis pas moins mes cris pour chasser les charognards. Sans aucun effet.

Soudain, une ombre choit sur moi et je me débats pour la faire tomber, comprenant qu’il s’agit de l’une de ces créatures qui tente de m’atteindre à mon tour. Cela me déstabilise alors que je me tortille pour l’attraper et mon pied glisse. Je me retrouve dans le vide, précipité deux mètres plus bas contre la pierre et entouré de ces créatures cauchemardesques. Elles rampent autour de moi et je sens qu’elles souhaitent m’attaquer, tout en n’osant pas faire le premier pas.

Je me redresse brusquement, sortant les griffes et feulant dans leur direction. L’une d’elle s’approche un peu trop près de moi et je tends la patte vers elle pour la griffer et, à peine ai-je le temps de la toucher qu’elle se retrouve réduite en poussière. J’écarquille les yeux, mais que sont ces créatures, encore ! En grognant, je m’approche d’une autre pour lui donner un coup de griffe et vérifier si ce fait se réitère, mais elle recule brusquement en poussant un cri désagréable à mes oreilles. Pendant ce temps-là, les autres charognards m’encerclent petit à petit, leurs crocs dardés et prêts à mordre ma chair. Ils répandent derrière eux un liquide verdâtre et visqueux dont je redoute le contact.

Je comprends rapidement que si je souhaite me sortir de là vivant, il me faut passer à l’attaque avant qu’elles n’aient eu le temps de se mettre en formation autour de moi. Je m’avance lentement vers l’une d’elle, comme si je m’approchais pour l’attaquer brusquement, mais, au lieu de la griffer elle, je plonge sans crier gare vers une autre. A peine mes coussinets entrent en contact avec la bête, elle s’effondre elle aussi en poussière, dans un concert de cris aigus de ses compagnes.

Plusieurs d’entre elles s’approchent de moi en rampant et tentent de m’attaquer à mon tour, mais je sautille sur mes pattes arrière pour éviter chacun de leurs coups, tentant, lorsque je le peux, de poser le pied sur elles. Les bottes désagréables qui les recouvrent semblent ne pas avoir le même effet sur elles car elles ne se désintègrent pas à leur contact. J’en occis deux d’un coup de griffe avant de prendre de l’élan en en faisant reculer quelques-unes de crainte et de bondir hors de portée d’elles. L’une d’elle, peut-être plus vivace ou plus téméraire, tente de m’atteindre et je me contente de la toucher à la tête. Elle disparaît sous mes yeux en fumée et je me réceptionne sur le sol avec un sentiment de satisfaction. Je sais que ce n’est qu’un bref instant gagné et qu’elles reformeront bientôt un nouvel amas autour de moi, mais le temps ainsi récupéré est suffisant. Je me penche pour arracher mes bottes de mes pattes, ressentant comme une libération cette chape de cuir ôtée de mes pieds, avant de les balancer sur ces créatures.

Elles sont si nombreuses autour de moi que mon jet fait mouche, mais sans aucun effet que de générer de nouveaux cris stridents. Les griffes de mes pattes avant comme de mes pattes arrière prêtes, je me sens d’attaque pour les occire. Je prends appuis sur ma patte gauche et feint une attaque sautées sur elles, mais à la place je feinte et en touche deux avant qu’elles n’aient le temps de régir. Mais, pendant ce temps, l’une d’elle est parvenue à ramper au plafond et je la vois trop tard, alors qu’elle se laisse tomber sur mon dos. Je tente de la toucher, mais trop tard car je sens, juste avant que son poids ne quitte mon dos, deux rangées de crocs acérés me mordre la nuque. Je pousse un petit grognement déconfit. La douleur est forte et je ne doute pas que la morsure va infecter mon sang !

- Vous ne m’aurez pas comme vous avez eu ces pauvres corps, charognes ! Créatures de misère et de mort ! Fuyez ! leur crié-je, autant pour me donner du baume au cœur qu’en espérant leur faire peur.

Peut-être n’entendent-elles pas les sons, ou alors je ne suis à leurs yeux guère impressionnant, mais elles ne réagissent pas, si ce n’est en rampant de façon menaçante vers moi. J’ignore si elles le font exprès, mais soudain elles se mettent toutes à ramper dans ma direction et si je saute pour les toucher des coussinets sous mes pieds, je ne parviens pas à le faire suffisamment rapidement pour endiguer leur flot et trois d’entre elles parviennent à me mordre les jarrets en m’arrachant un nouveau grognement. Les bottes sont peut-être utiles, après tout.

Pour me laisser le temps de souffler autant que de composer avec cette nouvelle douleur, je bondis une nouvelle fois hors de leur portée. J’hésite à me placer dos au mur de la caverne, mais cela pourrait les inciter à se laisser une nouvelle fois tomber sur moi et je préfère l’éviter. Au final, je me retrouve à côté des macchabées et je remarque les crânes de deux personnes et leurs os entremêlés dans la mort, leurs vêtements encore autour deux. Les créatures ne semblent pas avoir eu le temps de faire trop de dégâts à leurs os blanchis par le temps, sur lesquels ne subsiste plus la moindre once de chair. Une nouvelle fois je me demande, sont-ce l’hinïonne et le shaakt de la légende ?

Je n’ai pas le temps de m’attarder de nouveau sur la question car je dois de nouveau faire face aux charognards qui se sont reformés. Leur nombre est sensiblement moins important que tout à l’heure, mais ils n’en restent pas moins dangereux pour moi. Déjà quatre d’entre eux sont parvenus à planter leurs crocs dans ma fourrure et qui sait quelles maladies ils véhiculent. Sans attendre qu’elles reforment cette masse compacte devant moi, je plonge une nouvelle fois vers elles, cette fois sans feinte aucune, dans la seule intention de les combattre à quatre pattes. J’aurais voulu pouvoir les mordre, mais je redoute d’avoir leur goût désagréable entre mes canines et qu’elles m’infectent par là. Mes griffes avant fendent l’air et les créatures explosent en poussière. Ma queue bat également l’air au rythme des félins agressifs, en fauchant parfois une au passage. Mes pattes arrièrent, elles, piétinent le sol, les empêchant de s’approcher trop et de planter leurs crocs. Certaines, pourtant, y parviennent et rapidement je me retrouve avec quelques traînées de sang qui maculent ma fourrure. Je grogne, je pourfends, je me défends et je sème la mort avec furie, tant est si bien que les créatures finissent par être de moins en moins nombreuses jusqu’à ne plus être du tout.

Essoufflé, à quatre pattes, mon sang palpitant dans mes veines et mes pupilles fendues dilatées, je mets quelques secondes avant de parvenir à calmer ma bestialité soudain ressurgie. Je n’ai jamais ressenti une telle sensation, comme un retour de mes instincts sauvages que les shaakts ont passé temps de temps à étouffer. Je me sens fou, je me sens galvanisé.

_________________
Image
Je pleure, parce que leur mort est mon fait.
Je pleure. Parce qu’elle était la vie, parce qu’elle était la fougue et la fureur d’aimer.


Thème de Sha'ale


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les mines
MessagePosté: Sam 23 Juil 2016 14:40 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 15 Oct 2014 19:53
Messages: 213
Localisation: Alentours de Khonfas
Brûle, petite flamme dans l'obscurité, brûle éternellement


Autour de moi, il n’y a que ce champ de poussière mêlé de mélasse verdâtre et visqueuse, puante. Lentement, petit à petit, je me redresse et me relève sur mes pattes arrières, mes vibrisses frémissantes, pour me rapprocher des deux corps entrelacés et me dresser de toute ma taille devant eux. A présent que je suis au calme, je distingue ce qui avait dû être, bien, bien longtemps auparavant une robe dont la couleur est à présent indéfinissable. Peut-être fut-elle beige durant un temps, puis déchirée et malmenée par les sévices et les âges. J’ai l’impression de voir des reliquats de tâches de sang par endroit, où est-ce simplement des marques laissées par le temps ? A ses côtés, l’autre corps est vêtu d’habits qui avaient dû être une armure de cuir, des vêtements et des bottes noires. Il semble tenir, même dans la mort, le squelette de la jeune femme. Entre leurs mains entrelacées, je vois un objet poindre, dont le métal répond à la lumière de ma luciole en étincelant comme si elle saluait le retour d’une amie bien longtemps perdue. Je m’approche encore un peu et distingue la pointe d’une dague enfoncée dans les entrailles du cadavre de l’homme. De forme courbe, la matière dont elle est forgée semble étinceler d’une lueur opaline, bienveillante malgré l’outil de mort qu’elle représente : la Dague de Rana. Les amants maudits.

Soudain, l’obscurité se fait plus denses et les ténèbres gagnent sur ma luciole alors qu’un froid indicible fond sur moi, me glaçant les entrailles. Je n’ai pas besoin de relever les yeux pour savoir que l’être de mort est devant-moi, flottant au-dessus des squelettes entrelacés.

- Tu as trouvé ce que je cherche, Woran. Tu as trouvé ce que tu cherches.

Je redresse ma tête, rageur, et plante mes iris jeunes dans le rouge des siens. Un grondement sourd s’échappe de ma poitrine. Loin de peur, il s’agit de courage.

- Vous avez ce que vous voulez, c’est ça ! Vous êtes heureux de vos jeux qui vous ont mené ici, n’est-ce pas ? Alors prenez la Dague, créature de mort, prenez la Dague et fis ! Laissez ces pauvres hères à leur repos.

La créature dans son manteau d’ombres semble osciller quelques secondes, saisie de pensées ou de sentiments dont je ne peux appréhender la nature. Sa voix, pourtant, s’élève de nouveau, aussi indifférente qu’elle a toujours été.

- La Dague ne représente rien aux yeux de mon Maître, rien de plus qu’une aiguille plantée dans le vent. Je suis venu pour eux, pour ces être que le repos a trop longtemps déserté.

Soudain, j’ai le sentiment d’entendre les cris conjugués de deux êtres sans que mes oreilles ne perçoivent pourtant le moindre son. La sensation est pressante, si forte qu’elle me précipite à genoux, incapable de soutenir la rage que je perçois dans ces deux hurlements conjugués en un seul et unique.

- Arrêtez, cessez, laissez-les en paix ! grogné-je entre mes dents, les mains sur mes oreilles dans le vain espoir d’étouffer ce son.

Alors que la sensation se fait insoutenable, elle se mue soudain en une impression toute autre alors que des pleurs font écho dans mon être. Une tristesse insondable, un amour impossible et une peine profonde ressassée durant des millénaires. Elle me transperce comme un millier d’aiguilles d’une douleur que je ne connais que trop bien. Des larmes s’écoulent sur mes joues, intarissables. Chilali, ô ma belle Chilali, mon oiseau des neiges, combien tu me manques…

Et soudain, deux rires entremêlés s’élèvent dans les ténèbres, l’un plus grave, l’autre cristallin. De la joie, de l’amour, le souvenir de murmures échangés et de sourires complices. Mes larmes pourtant ne cessent point de s’écouler, suivant les sillons noirs qui s’étendent sous mes yeux, témoins d’une période perdue et déchue. Riez, vous que la mort a réuni.

Avec effort, je relève la tête vers l’être de mort. A ses côtés, j’ai l’impression de discerner deux nouvelles formes, plus claires que sa silhouette de ténèbres. Elles semblent attirées l’une vers l’autre, comme des mains tendues vers l’espoir ou l’oubli. Lentement, j’ai l’impression de les voir se rapprocher jusqu’à s’effleurer et mêler leurs êtres l’espace d’un bref instant avant de disparaître, laissant de nouveau place à l’obscurité. La créature de ténèbres subsiste, mais je la sens s’évanouir petit à petit dans les airs, comme un cauchemar chassé par la douce veilleuse dispensée par ma luciole. Alors que les bribes de cet être de ténèbres s’étiolent, j’entends une dernière fois sa voix s’élever.

- Adieu, Woran, sans doute nous reverrons-nous, en ce monde ou dans l’autre.

Je m’effondre alors, laissant librement mes larmes choir sur le sol et s’entremêler à la mélasse, mes bras enserrant ma poitrine et mes griffes s’enfonçant dans mes côtes. Les épaules sont agitées de soubresauts incontrôlables tandis que les souvenirs de Chilali se succèdent, tous plus douloureux les uns que les autres. Je revois son sourire, j’entends de nouveau son rire et revis son air chafouin alors qu’elle s’apprête à enfreindre les règles. Les tableaux devant lesquels nous nous arrêtions pour échanger quelques baisers à la dérobée, loin des regards indiscrets. Puisse Phaïtos avoir recueilli ton être, mon oiseau des neiges, et le traiter avec tous les égards qu’il mérite. Toi qui était la vie, toi qui était la fougue et la fureur d’aimer.

Lentement, je reviens à moi pour voir les deux squelettes toujours entrelacés. A présent, leurs âmes ont rejoint un autre monde que j’espère plus beau, plus radieux, un monde où, peut-être, pourront-ils vivre ce qui n’aurait jamais dû leur être refusé. J’ai peine à les laisser ainsi retomber dans les ténèbres lorsque j’aurais emporté ma luciole au loin. Même si à présent leurs âmes ont rejoint le Dieu des Morts, leurs cadavres subsistent. De mon havresac, je sors la bougie éternelle que j’ai acheté à l’Escarcelle d’Argent et de quelques gestes je l’allume pour la placer délicatement au-dessus des deux crânes dont les fronts se touchent depuis peut-être des millénaires. Voilà, je la laisserai ici, elle éclairera à jamais cette caverne devenue le tombeau de ces êtres dont encore aujourd’hui nous contons les légendes.

Alors que je m’apprête à leur tourner le dos, mes yeux tombent sur la Dague. J’aimerais la laisser ici elle ausi, car elle appartient à jamais à Lalyë Teraliel, pourtant j’ai le sentiment qu’elle n’est pas faite pour demeurer ainsi sous terre, que sa place est sous le ciel, caressée par le vent. Aussi je me penche et, délicatement, je la retire en prenant garde de ne pas dénouer leurs doigts entremêlés.

Je la contemple quelques temps. Elle est belle, radieuse, aussi radieuse qu’avait dû l’être Lalyë en son temps. J’ignore s’il s’agit réellement d’un objet lié à Rana, de la relique, mais je le découvrirai sans doute. Je me dois de la ramener en un lieu où l’on prendra soin d’elle comme il se doit.

Une douleur commence à poindre dans mes muscles alors qu’ils se souviennent du combat qu’ils viennent de livrer et des morsures qu’ils ont subies. Je ne me sens pas très bien, je crains que mes plaies ne s’infectent. J’entreprends de les laver délicatement avec l’eau qu’il me reste, mais je crains que ce ne soit pas assez. Incertain, je me demande quelle conduite je dois adopter avant de me souvenir de cette petite gourde de soin que m’a donné Tanaëth. C’est sans doute le moment de m’en servir. Je la sors de mon havresac et la contemple un instant, ce liquide couleur sang contenu dans ce petit flacon. Je remercie mentalement le sindel de me l’avoir donnée, peut-être, par cet acte de bonté, m’a-t-il sauvé la vie. J’ignore où il est à présent, mais mes pensées de réussite l’accompagnent.

D’un geste, j’engloutis le flacon et, très rapidement, je sens mes muscles y répondre, les plaies me brûler soudainement avant de se calmer, ne laissant plus qu’une sensation de bienêtre. Je repose le flacon désormais vide dans mon havresac et lance un dernier regard au couple entrelacé, éclairé par une petite bougie éternelle. Ils resteront ainsi durant l’éternité, illuminé par une petite flamme dans ce tombeau au cœur des montagnes.

Je hoche la tête à leur souvenir, en signe de respect et finalement je me détourne d’eux. La Dague est-elle la véritable ? Je l’ignore, mais j’espère l’amener à quelqu’un qui me le dira, je l’emmène là où on saura quoi en faire.

_________________
Image
Je pleure, parce que leur mort est mon fait.
Je pleure. Parce qu’elle était la vie, parce qu’elle était la fougue et la fureur d’aimer.


Thème de Sha'ale


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 11 messages ] 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016