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Le rp qui suit contient des scènes de violence susceptibles de heurter certaines sensibilités
Je hoche lentement la tête à l'intention de Nôrek "Lanterne des Profondeurs" puis je m'avance vers lui et presse brièvement son épaule en le regardant droit dans les yeux:
"Merci, Nôrek. Fameuse l'idée de la loupiote, je te dois la vie. Maintenant, voyons un peu si nous pouvons mettre un terme à ce massacre..."J'essuie sommairement le sang et la sueur qui me coulent dans les yeux puis je scrute la bataille en cours pendant quelques secondes pour estimer la situation. Hum, mauvaise, sans le moindre doute. Des dix Thorkins que j'accompagnais, seuls trois sont encore en vie, ils se battent dos à dos et sont entourés de démons noirs. Gurkan fait partie des trois, il se bat avec une férocité létale et un tas de cadavres Shaakts s'amoncelle devant lui. Plus loin, du côté du palais, la situation semble un peu meilleure, sans doute les nains sont-ils plus nombreux, ils réussissent pour l'instant à tenir le passage mais il me semble néanmoins que leur aile droite recule peu à peu. Il doit rester une trentaine de noirs et, si la plupart me semblent être des combattants moyens j'en distingue au moins un qui se démarque du lot, c'est d'ailleurs lui qui parait faire reculer les Thorkins protégeant l'accès au palais. Seulement, pour l'atteindre, il va falloir que je passe sur le corps de quelques-uns de ses congénères. Je souris durement, l'idée n'est pas pour me déplaire, au contraire. Je pourrais tenter d'utiliser mon arc, évidemment, mais les risques d'atteindre un nain ne seraient pas négligeables et je préfère me lancer dans un assaut au corps à corps plutôt que de transpercer l'un de mes alliés.
Je dégaine ma deuxième lame et me dirige en direction du combat, d'une course lente pour commencer, puis de plus en plus rapide alors que je m'en approche. Je concentre une fois de plus mon Ki, tout en sachant que je vais bientôt devoir m'en passer car j'ai déjà bien puisé dans cette énergie. A quelques mètres des premiers Shaakts, lancé à pleine vitesse, je modèle mon pouvoir d'argent en une danse accroissant notablement mon adresse au combat et je fonce dans le tas avec toute la subtilité d'un Thorkin! En apparence du moins car j'ai méticuleusement choisi mon angle de pénétration pour dégager mes trois compagnons encerclés en priorité, ils devraient ensuite pouvoir m'aider à me frayer un passage jusqu'au combattant ennemi le plus redoutable.
Mon premier adversaire n'a que le temps d'ouvrir de grands yeux surpris alors que ma lame d'Eden lui sectionne à moitié le cou, l'imbécile s'était focalisé sur l'ardente, certes plus visible mais ô combien moins nocive pour sa santé dans le cas présent. Le deuxième pare joliment ma volte agressive et flamboyante de son bouclier, mon attaque manque un peu de puissance du fait que j'aie choisi de privilégier ma technique et ne parvient pas à le bousculer sérieusement comme je l'espérais. Il tente une attaque de sa hache dégoulinante d'ichor mais son fer glisse sur ma deuxième arme runique parfaitement positionnée. Je fais riper l'incendiaire contre son bouclier, vers le bas, et d'une sèche torsion du poignet je la fais remonter dès qu'elle est parvenue en dessous de la protection. Le Shaakt hurle de douleur lorsque ma lame enflammée lui tranche le bras à hauteur du coude, titubant d'un pas en arrière et ouvrant sa garde de manière magistrale. Je pivote brusquement sur la pointe du pied et fais décrire un rapide arc de cercle horizontal à ma deuxième lame qui percute sans douceur son torse, défonçant armure et côtes d'un même élan.
Les elfes noirs réagissent cependant en tentant de m'encercler pour m'empêcher de dégager les Thorkins, qui ne sont maintenant plus que deux. Je sais être capable d'écraser n'importe lequel de ces chiens galeux en duel, mais ils sont nombreux et déterminés, la tâche s'annonce rude! Je pare une lame visant ma tête au moyen de l'ardente puis une deuxième vicieusement dirigée contre mes genoux de mon autre épée, j'esquive malaisément une troisième attaque destinée à mon épaule mais la quatrième franchit ma garde et m'entaille légèrement la joue! Je riposte d'un large balayage de l'ardente, sa flamme impressionnante faisant visiblement son petit effet car la pression se relâche assez pour que je puisse porter une vraie attaque sur celui qui s'est efforcé de son mieux de me défigurer. C'est d'une pointe vive et précisément dirigée sur le défaut de son armure à la jointure du bras et du torse que je lui adresse mes remerciements les plus sincères pour la balafre infligée! Je sens la pointe de ma lame gauche se frayer un chemin entre les plaques d'armure, puis entre les os qui ne résistent pas à l'effet de levier qui poursuit mon geste. Je pivote en effet brusquement sur la droite pour parer de mon ardente le tranchant d'un sabre menaçant ma gorge, ce qui dégage ma lame runique de l'épaule du Shaakt en broyant salement chairs et os.
La mêlée devient confuse, les Thorkins redoublent d'audace et de vaillance en voyant qu'une aide leur est offerte, les Shaakts font de même en sentant le vent tourner, le monde se résume à une simple sphère autour de chacun, le seul espace qui compte vraiment dans une bataille comme celle-ci, au fond. Je ne sens pas la lame qui me zèbre la main droite, ni celle qui s'abreuve de mon sang en piquant ma hanche au défaut de la cuirasse. Je ressens en revanche le coup de hache qui m'endolorit le bras gauche, ma protection résiste mais cela n'empêche en rien le choc d'être brutal. Je cesse vite de compter les Shaakts qui tombent sous mes coups, tâche d'autant plus malaisée que certains blessés se relèvent pour reprendre le combat. Gurkan se démène comme un diable et parvient à nous ouvrir un passage jusqu'à la maigre ligne défensive de ses concitoyens, je réalise vaguement qu'à part Nôrek qui s'est tenu à l'écart il est le seul survivant du groupe avec lequel je suis venu. Un bref regard circulaire m'apprend qu'il ne reste plus qu'une dizaine de noirs pour le double de Thorkins, nos ennemis le réalisent probablement aussi car leurs assauts se font plus désespérés, maladroits et pourtant paradoxalement plus dangereux.
Gurkan et moi rejoignons finalement le rang des gardes du palais, nous joignant à eux pour repousser inexorablement les Shaakts vers les tréfonds par lesquels ils sont arrivés. Un à un les elfes obscurs tombent, nous avançons comme une meule d'acier sur les cadavres elfiques et Thorkins confondus, l'équilibre est rendu précaire par les corps, mais aussi par le sang et les viscères qui rendent la pierre redoutablement glissante. Je ne peux m'empêcher d'éprouver une certaine admiration devant l'acharnement de nos ennemis, ils sont perdus et ils le savent, mais pas un ne se rend. Le combattant que je souhaitais atteindre en me lançant dans la mêlée m'a échappé durant tout le combat, je n'ai jamais réussi à me trouver à sa portée, mais il finit par se retrouver seul face au rempart de boucliers formés par les défenseurs Thorkins, non sans avoir abattu trois autres nains depuis que j'ai rejoint le rang. Il recule enfin de quelques pas, ses deux longues et fines épées sombres dégouttant du sang de ses victime pointées vers le sol, mais il nous fixe d'un regard qui n'a rien de vaincu. Il nous défie au contraire avec un léger rictus aux lèvres. Les Thorkins font mine d'avancer mais je les retiens d'un "Non!" sec, sans même songer qu'ici, je n'ai rien à ordonner à qui que ce soit. Les Nains obtempèrent pourtant sans hésiter, me jetant de brefs regards en coin pour essayer de percer mes intentions.
Je plante mes deux lames de part et d'autre de moi, dans des cadavres de Shaakts, puis d'un seul geste fluide je saisis mon arc, y encoche une flèche et la décoche. L'elfe noir me dévisage avec stupeur, incrédule peut-être que je ne lui aie pas octroyé un combat honorable. Son regard s'abaisse lentement sur le trait fiché dans ses tripes, puis remonte sur moi en irradiant d'une haine telle que je n'en avais encore jamais observée. Je puise une nouvelle flèche dans mon carquois et le vise calmement sans qu'il ne fasse mine de faire le moindre geste. Les Thorkins retiennent leurs respirations tant l'instant semble surréaliste après la fureur de ce long combat, pas un ne bouge. Je souris froidement à l'elfe et lui dit d'un ton aussi glacial que ma relique:
"Pour Chilali."Et mes doigts relâchent la corde tendue.
Une nouvelle fleur pourpre s'épanouit à côté de l'autre sur l'armure sanglante de l'elfe qui, visiblement, ne comprend pas le sens de mes mots. Mais je m'en fous, je ne lui demande pas de comprendre. J'encoche une troisième flèche lorsque le Shaakt se met soudain à hurler en me fonçant dessus! Je ne bronche pas et décoche mon trait qui l'atteint en pleine gorge, alors qu'il ne se trouve plus qu'à trois mètres de moi. Le maudit s'affale enfin, non sans m'obliger à faire un pas de côté pour l'esquiver. Je range posément ma relique de glace et récupère mes lames que j'essuie soigneusement sur le tabard du mort avant de les rengainer lentement. Je me tourne pour faire face aux Thorkins qui me fixent avec des expressions diverses. Admiration, crainte, envie, réprobation, je n'en sais rien, je n'ai pas l'habitude de déchiffrer les expressions des Nains, et là encore je m'en fous. Je me sens vide. Sale. Froid. Froid comme les cadavres trop nombreux que j'ai semé sur ma route aujourd'hui. Je ne regrette rien pourtant. J'ai simplement envie de sortir à l'air libre et d'aller me baigner longuement. Gurkan finit par toussoter pour rompre le pesant silence qui menace de s'éterniser, grommelant:
"Ben mon gars, j'retire c'que j'ai dit quand on s'est rencontrés. T'es un foutu archer, pis un foutu guerrier aussi. Jamais vu un type rester aussi calme alors qu'un d'ces démons lui fonçait d'sus."Je hausse les épaules et lui réponds d'une voix indifférente:
"C'est par ma seule volonté que mes lames se meuvent. Vous vous êtes rudement bien débrouillés aussi."Je souris quand même en voyant Nôrek accourir vers nous en criant quelque chose à ses compatriotes en Thorkin, que je ne comprends pas étant donné que ce langage rauque est toujours aussi hermétique à ma compréhension. Je devine tout de même le sens général de ses paroles en voyant les Thorkins jeter des regards effarés en direction du cadavre de l'arctosa. Gurkan se dirige vers l'arachnide, du moins ce qu'il en reste, et demeure immobile durant de longues secondes en fixant la bête avant de revenir vers nous. Il me fixe avec gravité pendant un instant, silencieux, puis déclare avec une solennelle componction que je trouverais amusante en d'autres circonstances:
"J'crois qu'le Rock a une dette envers toi, Tanaëth Ithil. Pis nous autres tout pareil. J'suis fier d'm'être battu à tes côtés. Les Anciens s'ront mis au courant, parole de Gurkan Aerekôm!"Il me tend une main crasseuse à souhait, mais je n'en ai cure et la serre vigoureusement. Je sais que j'ai dorénavant un ami dans le Rock. Non, deux en comptant Nôrek qui vient à son tour m'offrir une poignée de main. Et je sais aussi qu'eux savent qu'ils ont un ami à l'Opale de Lune. Je me sens moins vide soudain, mais je n'oublie pas pour autant que la guerre ne fait que commencer et je propose aux Thorkins:
"Voyons s'il n'y a pas un Shaakt encore vivant dans le tas, des renseignements nous seraient fort utiles."Nous nous mettons donc en quête d'un survivant, et ne tardons pas à en trouver un, une plutôt, mortellement atteinte mais possédant encore un souffle de vie et de conscience. Je m'approche d'elle et m'accroupis à ses côtés pour la questionner. Elle me scrute d'un regard voilé par l'agonie, empli d'une étonnante tristesse. Je ne lis nulle haine dans ses yeux, il n'y a que cette mélancolie incompréhensible à mes yeux, mais touchante d'une certaine manière. Je lui demande doucement:
"Pourquoi cette folie? Pourquoi avez-vous attaqué le Rock après toutes ces années de paix?"Elle hausse les épaules et toussote en grimaçant de douleur avant de me répondre d'un ton infiniment las:
"Les ordres, Sindel. Les matriarches...ordonnent et nous...obéissons sans discuter, c'est le prix...à payer pour survivre, à Khonfas.""Ces ordres, quels étaient-ils?""Tu me demandes...de trahir les miens?"Je rive mon regard au sien et murmure:
"Je te demande de te libérer de ce que tu sembles détester. Il n'y a pas de haine dans tes yeux, juste de la tristesse. Tu voulais une autre vie? La liberté? Saisis ta chance, rien n'est inéluctable. Tu as un nom?"Elle me dévisage avec un discret étonnement, puis hoche imperceptiblement la tête à ma dernière question:
"Iralyë. C'est...c'était mon nom. Les ordres...massacrer la défense du Rock Armath si possible, revenir avec des renseignements précis si ça ne l'était pas. Les prêtresses ont pensé que nous pouvions nous emparer de la cité Thorkine grâce à l'arctosa...pauvres folles...il y a...il y a une armée...qui...se dirige...sur Hidirain."Elle se crispe brusquement en gémissant de souffrance puis murmure encore, si faiblement que je dois presque coller mon oreille à ses lèvres pour saisir ce qu'elle veut me dire:
"Reliques...Shaeya'naer Elsayim...mère...Oaxaca...une...à Hidirain...pour...pour ça...la guerre..."Son regard gris s'éteint avec la soudaineté d'une chandelle que l'on mouche. Je soupire doucement, ainsi tous les Shaakts ne sont pas des animaux assoiffés de sang, je le supposais bien mais je n'avais peut-être jamais eu l'occasion de le vérifier, ou l'envie de le voir. Je ferme ses paupières avec délicatesse avant de me relever, puis je fais par des derniers mots de la Shaakt aux Thorkins, ils ont le droit de savoir, ils l'ont acquis en versant leur sang. C'est Nôrek qui finit par me répondre après avoir réfléchi pendant quelques secondes:
"Elle est pas au Rock, cette relique. Faudrait en parler aux Hinïons, le plus vite sera le mieux. C'qui est sûr c'est qu'on a intérêt à se préparer pour la guerre, si cette histoire d'armée est vraie. Et j'pense qu'elle l'est."J'opine d'un hochement de tête et rétorque pensivement:
"Je pense aussi que ces informations sont valables. Je retourne à Hidirain, si cette relique est bel et bien en possession des Hinïons je tâcherai de les persuader qu'ils feraient mieux de l'envoyer au loin. Et visiblement si possible. Pas certain que cela évite une guerre, mais c'est une chance qui mérite d'être tentée."Les Nains semblent dubitatifs à mes mots, certains du moins, j'imagine qu'il n'est pas vraiment dans leur nature de se séparer volontairement d'un trésor. Mais comme me l'avait si bien dit la mère d'Ethëll, aucune lame ne vaut ma vie. C'est certainement aussi vrai pour une relique, ou un trésor quel qu'il soit.
"Il ne m'appartient pas de prendre cette décision, quoi qu'il en soit. Je vais donc de ce pas aller aviser les Doyens d'Hidirain de ces informations, ils en feront ce qu'ils jugeront le plus sage. Mais auparavant, si vous permettez, je vais fouiller les corps des prêtresses que j'ai abattues, et celui du guerrier que j'ai fléché. Il pourrait y avoir quelque chose d'utile, voire des indices quelconques."Gurkan me fait signe de procéder à ma guise, aussi je fouille rapidement les trois cadavres et récupère tout ce qui me semble intéressant avant de saluer amicalement les Thorkins et de me remettre en route pour la Perle Blanche.