La porte s’ouvre laissant entrer les bruits de
la rue. Non pas les chants, discussions amicales ou autres rires d’enfants habituels mais le bourdonnement sourd d’un essaim de hobbits furieux et en proie à une terreur primale et sans fondement réel.
Fenric pénètre en ces lieux la tête haute mais harassé, mentalement épuisé, d’être ainsi harcelé, houspillé de toutes parts sans pouvoir ne serait-ce que justifier sa présence. Devant lui s’élève un superbe dais de satin vert d’eau aux reflets irisés. Il le soulève et entre dans une pièce qui ne semble pas avoir de murs. En effet, où que se pose le regard, il ne rencontre qu’étoffes, tissus ou peaux. Le plafond lui-même masqué par un voile couleur sable donne l’impression de se tenir dans une immense tente telle qu’on en trouve dans les déserts d’Imiftil. Sur la gauche se trouvent les matières communes : toile de jute, laine, coton, etc. A l’opposé, les étoffes nobles telles que la soie, le satin ou le brocard sont entreposées. Les peaux et les cuirs sont rangés sur le mur de fond.
Surgissant de derrière une série de tenues cléricales, un kendran d’un âge certain. Il se tient raide comme la justice. Sa tenue est somptueuse : un pourpoint de soie à la coupe impeccable relève par sa blancheur un veston de cuir noir sans manches. Autour de son cou pend un foulard noir en satin noué en papillon. Son pantalon de cuir, noir lui aussi, semble de meilleure facture encore.
« Pien le ponchour, noble seigneur. Che suis Karl Agrotardus. En quoi puis-che fous aider ? »« Bonjour, je viens afin de vous commander deux livrées. Je désirerais acheter un ensemble de voyage solide et pratique ainsi qu’une tenue de tous les jours.
Pour la première, j’avais pensé à du cuir ou du daim de couleur brune avec des manches courtes et un maximum de poches, … »« Très bien messire. Je fais fous chercher du fil solide et une aiguille ! »« Pardon !? » « Eh bien oui mon pon seigneur. Si fous afez une itée aussi précise de ce que fous désirez, choisissez fos tissus et faites le fous même. Cela fous refiendra moins cher que mes serfices ! »« Veuillez m’excusez. Là d’où je viens, il est impératif de décrire au mieux ce que l’on veut sous peine de recevoir une robe de bure en toile de jute moisie. Reprenons tout à zéro voulez-vous ?
Bien le bonjour mon ami. Je souhaiterais que vous utilisiez votre immense talent afin de me confectionner un ensemble de voyage ainsi qu’une tenue pour le quotidien. »« Je fois que fous safez parler aux artistes mon jeune ami. Entrez que nous prenions fos mesures. »Sur ces paroles aimables, le tailleur fait monter le shaakt sur un tabouret afin de prendre ses mesures à l’aide d’un ruban semblant être sorti du néant.
Virevoltant autour de son client, Karl Agrotardus évalue, estime, jauge et quantifie chaque partie de l’anatomie du pauvre elfe noir complètement dépassé par les événements. Ce faisant, l’artisan ne cesse de se chuchoter à lui-même tout une série de remarques et autres notes personnelles sur son modèle et sur les futurs vêtements.
« Porte à gauche, plutôt rare… Quels yeux étonnants... Me reste-t-il assez de soie mauve ? Il est indispensable de recommander du fil d’argent sans quoi ce jeune homme ne pourra jamais ressembler à quoi que ce soit de correct… »Après plus d’une heure à ce rythme effréné, le kendran relâche enfin Fenric qui s’empresse de le remercier et de lui verser des arts.
« Fous pourrez fenir demain dans l’après midi afin de faire le dernier essayage. »C’est avec un sourire satisfait que le shaakt sort de la boutique et se dirige vers
la caserne de la milice.
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Fenric le Naak'Shaakty de Caïx Imoros, shaakt, fanatique
Un tout grand merci à Itsvara pour son travail sur ma signature et mon avatar !