Ezak ne bougeait plus tenant encore la poignée de la porte en main. Ses yeux se mirent d’abord à détailler ce qu’il y avait autour de lui. Des bâtiments aux allures grotesques sans aucun soin artistique, des allées donnant sur des rues sales d’où émanait une odeur nauséabonde. Avançant de quelques pas, il se retourna pour apercevoir le sommet d’une tour imposante, inquiétante et noir.
Il ne lui en fallut pas plus pour supposer qu’il était à Omyre. Ce monstre de construction était devenu un mythe chez les Ynoriens. Le bruit courait que la voir était le début du désespoir. Ezak aurait presque pu comprendre ça s'il n’était pas nouvellement gradé de l’armée Oaxienne. En effet, ce statut devrait lui assuré une certaine immunité. Du moins, en théorie.
Le maitre d’armes ne put s’empêcher de grimacer, incapable de masquer sa frustration. Omyre était le repère de milliers de Garzoks, Sektegs et autres races obscures. Ces sous-races immondes qui lui donnaient l'envie de vomir. Il allait être obligé de marcher à leurs côtés, et l’idée même de respirer le même air que ces impuretés fit monter en lui un terrible frisson de colère. Énervement qui s’agrandit quand il aperçut cinquante guerriers tournés vers lui, semblant attendre qu’il s'intéresse enfin à eux. Certes, ils avaient l’air solide, et leurs muscles saillants indiquaient qu’ils étaient de véritables guerriers. Ils avaient l’air d’avoir entre la vingtaine et la quarantaine pour la plupart. De jeune adulte à peine sorti de l’adolescence au vieux briscard dont les rides commençaient à poindre. Ils étaient tous bien en forme et encore loin d’être incapable. Mais ce qu’ils avaient comme équipements n’était assurément pas apte à pouvoir guerroyer. Des gourdins, des lames émoussées, des piques courbées et des fourches. Quant à leur défense, elle était faite de boucliers en bois de mauvaise qualité, de métal rouillé et de casques inutiles. Et pour ne rien arranger, ils se dandinaient tous sur eux même, ne formaient pas de lignes et étaient placés dans un dispositif plus que brouillon. Comme un groupe de curieux venu apercevoir une rixe de rue. C’était tout simplement lamentable.
Le sergent posa une main sur son front et souffla longuement pour tenter d’expier toutes les pensées négatives qui lui traversaient l’esprit. Si Lorener avait été en face de lui, il lui aurait probablement recommandé d’aller se faire mettre chez les Whiellois, lieutenant d’Oaxaca ou pas. Il risquait de vivre un véritable calvaire durant les prochaines heures. Après s’être calmé, il daigna enfin s’adresser à ses hommes, il parla d’une voix claire mais blasée.
«Je suis Ezak D’Arkasse, sergent d’Oaxaca et à partir de maintenant vous êtes sous mes ordres. Que nous soyons du côté de la reine noire ne veut pas dire que j’accepterais vos écarts. Je ne supporte pas le chaos. Avec moi, il faudra de la rigueur et je n’hésiterais pas à vous couper les bourses pour faire un bon exemple. Un mot : discipline !»
S’arrêtant un instant, il attendit que les paroles percutent aux oreilles de tous ces hommes qui paraissaient un peu stressés. Quoi de plus normal ? Les gradés de l’armée Oaxienne ne devaient pas avoir la réputation d’être des tendres.
« Confirmez-moi une chose. Sommes-nous en Omyrie ?»
Certains secouèrent la tête pour répondre par la positive, ce qui eut dont d’agacer de nouveau le maitre d’armes.
« Quand je vous pose une question, répondez à haute voix !»
Un temps... Juste pour les laisser assimiler. Et ensuite, les brusquer.
« Est-ce clair ? »
« Oui !» répondirent-ils d’un seul homme.
Ezak grimaça à nouveau, embêté par le manque de discipline apparent de ses hommes. Il savait qu’il allait avoir beaucoup de mal et qu’il devrait sûrement prendre le temps de les former. Cela ne risquait pas d’être facile, mais rien n’était impossible pour un D’Arkasse. Mais pour l’heure, d’autres activités l’attendaient. Et tout en titubant sous les douleurs encore vives de ses blessures, il se mit en marche.
« Bien, et si nous allions voir cette ville de plus près.»
Omyre la sombre lui tendait les bras.
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"L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien." - George Smith Patton
Dernière édition par Ezak le Dim 15 Sep 2013 20:34, édité 2 fois.
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