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 Sujet du message: [Luminion] Porte de l'Ynorie
MessagePosté: Mar 26 Avr 2011 22:46 
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Porte de l'Ynorie


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La porte Nord-Ouest de la ville est épaisse et solide. Elle date de plusieurs siècles, du temps où les duchés des montagnes étaient un territoire nain devant se défendre des humains de l'Ynorie et des tribus gobelines de l'Omyrhie.

Cette porte est située au creux du col, là où la vallée est la plus étroite. Quatre chevaux ne passent pas de face à cet endroit-là.

La porte, de fabrication naine, est un excellent moyen de défense. Un Thorkin sur une chèvre peut franchir sans mal le passage, mais un humain sur son cheval ne passe pas l'ouverture, trop basse pour cela. A côté des battants d'acier, des murs quasiment aussi profonds que larges et hauts de près de dix mètres barrent le col étroit.

Au sommet, sur le chemin de ronde, on trouve quatre tubes de métal, aussi lourds que de la fonte et aussi solides que de la pierre. Nul ne sait à quoi ils servent, mais ils étaient là quand les humains ont récupéré la ville et ils les ont laissés là.

Les Kendrans du village ont ajouté une défense supplémentaire entre la porte et le village : une forêt de conifères a été plantée il y a une quinzaine d'années. Elle s'étend sur près de six cents mètres désormais.

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Alors il y a une règle que je veux que vous observiez pendant que vous êtes dans ma maison : Ne grandissez pas. Arrêtez, arrêtez dès cet instant. Wendy dans "hook" (petit hommage à Robin Williams)
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 Sujet du message: Re: Porte de l'Ynorie
MessagePosté: Ven 29 Avr 2011 16:35 
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Gwylin, croyant se diriger droit vers la porte Sud de la ville, en direction de Kendra Kâr, marche vers le Nord-Est, en direction de la porte de l'Ynorie. Il marche, boitille plutôt, depuis à peine un petit quart d'heure, l'air pensif.

*****


Cela doit bien faire une ou deux heures que je me suis fait arracher mes derniers yus. Boitant vers le sud, je traverse la ville, me rappelant des souvenirs dans chaque ruelle ou devant certaines boutiques ou maisons. Je dois oublier ça et vite fait sinon je risque de faire une bêtise, genre faire demi-tour pour récupérer mes yus chez ce voleur.
Il faut que je pense à autre chose, et rapidement :

(Bon, réfléchissons. Il me faut un objectif. Ca c'est simple, ouvrir une nouvelle boutique me conviendra très bien. A Kendra Kâr ou dans un petit village loin des conflits. Maintenant que j'ai un objectif, il me faut des moyens de réaliser ce but... genre vingt ou trente mille yus. Bon, qu'est-ce que je pourrais faire pour gagner une telle fortune, moi ? A part rempailler des chaises, je ne sais rien faire. Mendier, ça rapporte pas assez. Je sais, je vais faire comme tous ces nazes qui traversent Luminion pour l'un ou l'autre contrat : je vais devenir aventurier. Qui sait, ça me plaira peut-être finalement ? Mais pour trouver ce genre d'offre, faut aller dans les grandes villes, je suppose.)

Ma longue marche me conduit à mon premier terrain sauvage. Je sers les poings et pénètre dans la sombre forêt où le soleil perce à peine. Je suis prêt à utiliser les faibles armes que je possède, comme le ferait n'importe quel aventurier et pénètre donc d'un pas décidé dans la forêt.

*****


Notre héros, boitillant toujours, finit par parvenir, au bout de trente bonnes minutes de marche, à la forêt qui sépare le village de la porte. Ses maigres possession ne lui serviraient à rien ici, c'est certain. En même temps, à part ses vêtements, il porte sur lui juste un couteau de table en fer forgé de deux pouces de long, une pique à deux dents dans le même matériau, un briquet un peu d'amadou... Soit pas grand chose.

Cependant, avec un certain courage, mais tremblant de peur, il pénètre quand même dans le bois.


*****


Je sors mon couteau de table, à défaut de dague, ça fera l'affaire. Je l'espère du moins. Je ramasse une branche au sol, elle me servira d'arme contondante. Plein de courage, les poings serrés sur mon équipement, j'entre dans la forêt.

L'ambiance est lourde, le soleil perce à peine la canopée. J'essaye au maximum d'oublier les légendes parlant de monstres divers et variés qui rôderaient dans les bois des différents duchés, attaquant et massacrant les voyageurs et n'oublie pas que je suis désormais un aventurier en recherche de contrat. Les aventuriers n'ont peur de rien, car ils savent sans doute que tout ce que l'on raconte ne sont que des contes pour enfants pas sages.

Je marche donc fièrement, évitant les troncs et les racines, écoutant le silence.

*****


L'ambiance est assez légère, le bois est sûr et à part quelques rongeurs, il y traîne peu d'animaux et pas plus d'hommes, à l'exception de ceux de la garnison de la porte d'Ynorie. Les hauts sapins forment une couche épaisse de branches au-dessus de la tête, filtrant la lumière du soleil qui ne pénètre que rarement jusqu'au sol ; celui-ci quant à lui est fait d'un épais tapis d'épines qui étouffent les sons, rendant la bois plus silencieux que la normal.
Il n'y a pas à proprement parlé de chemins ou de sentiers, juste un passage, plus écrasé, celui utilisé par les gardes.


*****


Rien ne vient percer le silence étouffant qu'il règne sur ce bois mortifère, pas le moindre chant d'oiseau, pas le moindre rire d'elfe ou de lutin. Je me traite de fou de vouloir rencontrer ces derniers, mais pourtant la présence d'un être, même aussi indésirable que ceux-là me paraîtrait plus reposant que la solitude et l'épaisseur de ce mutisme à rendre cinglé n'importe quel aventurier, surtout débutant.

J'en viens à me demander si je ne suis pas mort, car sur cette carpette végétale, mes bruits de pas sont étouffés, ne me rendant qu'un écho faible de ma propre existence. Mais les battements surpuissants de mon coeur affolés parviennent à mes oreilles, me rassurant sur ma vie, à défaut de le faire sur mon calme.

C'est à cet instant précis, que mon premier adversaire, créature aussi grise qu'une ombre sur les pavés, me saute dessus. Certes, elle n'est pas grande, mais elle est armée de griffes aiguisées et de dents non moins du même acabit. Mais plus étrange encore est sa puissance, même mon pas vers l'arrière ne peut m'empêcher d'être entraîner dans sa chute. Je chois ainsi sur mon postérieur, blessée à la gorge par ce monstre qui hante les bois.

Mes réflexes pas encore au point font que je prends le temps de tâter ma gorge pour me rendre compte de la gravité de la plaie qui me brûle au lieu d'attaquer ou de me relever. Je saigne un peu, mais ça ira, je survivrais certainement.

Je me redresse à quatre pattes puis accroupi et observe les alentours pour repérer mon adversaire. Aucune trace, il s'est évanoui dans les troncs d'arbre. Rageant de m'être laissé avoir, je reprends mes armes et continue mon trajet.

*****


Oui, c'est ce moment-là que choisit un mignon petit écureuil gris pour sauter sur notre héros. Celui-ci prit de panique a reculé et s'est pris les pieds dans une racine, se retrouvant ainsi sur le cul.
Bien sûr qu'il allait survivre de sa plaie, c'était juste trois petits écorchures aussi dangereuses qu'une griffe de chaton, juste assez pour faire perler la peau, rien de plus.

Quant à l'écureuil, si ça vous intéresse, il vécut heureux et eût plein de petits écureuils, mais cela est une autre histoire qui ne nous concerne pas vraiment...

Toujours est-il qu'après sa première mauvaise rencontre, au bout d'un quart d'heure de marche, Gwylin arrive enfin en vue de la porte d'Ynorie...


*****


La marche en pente, dans ce bois terrible, est épuisante. Je ne peux m'empêcher de regarder de gauche et de droite à la recherche de la créature. Enfin, je me retrouve face à un peu de civilisation : une grande porte orne un défilé étroit. Voilà mon premier point de passage avant Kendra Kâr.

"Que fais-tu ici Gwylin ?" C'est la voix de Lorian, un vieil ami qui a choisit la voie de l'armée. Ca fait chaud au coeur de le revoir une dernière fois avant de partir définitivement.
"Je quitte la ville, besoin de changer d'air, tu comprends ?"
"Reste dormir au poste de garde et évite de marcher de nuit, les montagnes ne sont pas sûr ces derniers jours."

Je ne vais pas refuser sa proposition, c'est sûr. Mais il faut que je lui parle de l'attaque d'abord :
"En parlant de ça, je me suis fait attaqué en traversant le bois. Une créature gris, pas très grande, mais avec des grandes oreilles poilues, des dents et des griffes aussi affutées que des rasoirs."
"Tu es certain de toi ? C'est pas bon signe, ça. Entre dans le poste de garde, sers-toi à manger si tu n'as pas encore mangé et prend un lit."

Bien qu'assez peu rassurante, la voix de Lorian m'incite à faire exactement ce que je comptais faire, j'y cours donc avec plaisir.

*****


Ce que Gwylin ne peut pas comprendre, c'est que le ton de la voix de son ami trahit une grande peur. En effet, personne à part Gwylin n'aurait été déclaré une attaque d'écureuil dans la forêt. Et la description de la créature telle qu'il l'a donné est celle d'une variété de gobelins à la peau grise qui rôdent depuis plusieurs jours dans les environs.
Ainsi, sans le vouloir, notre cher héros qui ronfle déjà après avoir fait bonne chaire vient de mobiliser toute une partie de la garnison à la recherche d'une bestiole qui est toujours de l'autre coté du point de contrôle...

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Chanson thème : "A l'aventure compagnon" de Naheulband.


En italique, c'est le narrateur extérieur, il vous conte l'histoire en vous expliquant les détails que Gwylin n'a pas capté.
En écriture normal, c'est la vision de la situation par Gwylin.
En bleu, ce sont les pensées et les paroles de Gwylin.
Dans les autres couleurs, ce sont les PNJ qui interviennent.


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 Sujet du message: Re : Porte d'Ynorie
MessagePosté: Mar 3 Mai 2011 22:34 
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Notre héros se lève le lendemain, après une nuit de repos tout à fait reposante pour lui, nettement moins pour les hommes de la garnison qui ne se sont arrêtés qu'à l'aube. C'est Lorian qui éveille Gwylin.

*****


"Réveilles-toi, Gwylin. Nous t'avons mis de la nourriture séché et une gourde d'eau pour ton voyage, on a trouvé que t'avais pas des masses de victuaille, où que t'ailles. Sur ce, je vais dormir."

C'est sur ces paroles que je m’éveille. Lorian est là, les yeux marqués de cernes visibles, ils ont dû chercher toute la nuit le monstre m'ayant attaqué. Encore sous le choc des évènements de la nuit, je me redresse péniblement, le dos courbaturé.

"Et la créature qui m'a attaqué, vous l'avez retrouvé ?"
"Aucune trace, nous reprendrons les recherches demain matin."

Lorian s'écarte et va rejoindre une autre partie du dortoir, tandis que je me lève et m'habille, sans avoir pu me rafraîchir.

"Tu as une salle pour te rafraîchir, si tu veux. Troisième porte à ta droite."

*****


C'est ainsi que notre héros crée un réel bordel sur plusieurs jours à la porte d'Ynorie de Luminion. Sans le vouloir, il a permis ainsi à la garde d'attraper trois sektegs à la peau grise, atteint d'une maladie désaturant le derme et causant une anémie grave. Finalement, ce qui aurait pu être une épidémie ravageant le village n'aura fait que deux victimes : un garde et un écureuil sauteur un peu fou. Mais tout ceci est une autre histoire, qui vous sera conté par une autre personne.

*****


A moitié réveillé, je ne fais pas spécialement attention au dortoir, où le bruit domine sur la vue dû à l'obscurité permanente de la pièce. Les ronflements s'alternent avec les grincements des lits aux cadres métalliques. A tâtons, je trouve la fameuse troisième porte dont me parlait Lorian.

La salle est proprette, pas très grande, avec un tuyau donnant sur l'extérieur fermé par un gros bouchon. Je tire sur le gros truc en écorce de chêne pour remplir une bassine, d'eau froide comme de bien entendu. Je me déshabille et attache mes vêtements, loin de l'eau, avant de jeter un regard fatigué sur le miroir qui traîne dans un coté de la pièce. Je ressemble absolument à rien, j'ai des branchettes de sapins qui sont restés collées dans les cheveux, de la terre sur le visage, des écorchures sur les bras, et surtout une belle marque brune de sang séché qui barre ma gorge. Je me lave, me rafraîchit rapidement, récupérant une figure nettement plus humaine qu'auparavant.

(Ce n'est pas difficile.)

Quittant cette salle, je retourne dans le dortoir, qu'il me faut retraverser absolument pour sortir. Une fois les yeux bien ouverts par l'eau plus que fraîche et habitué à l'obscurité, je découvre la réalité du dortoir. Je l'imaginais plus grand que ça, il contient à tout casser une dizaine de structures métalliques servant de lit. Le sommier n'est qu'une simple plaque de bois, comme mon dos ne le ressent encore que trop bien, autant que mes hanches. Pour le reste, à part quelques placards pour que les troufions puissent ranger leurs affaires, il n'y a rien, pas même une fenêtre.

Je finis par sortir de cette salle sombre pour arriver dans la salle à manger où en effet un repas gargantuesque m'attend. Sans me faire prier, je fais honneur à ce petit déjeuner de roi, engloutissant tout ce qui passe à ma portée : beurre, pain, pommes, confiture, viande séchée,... Je m'arrête quand mon ventre me hurle qu'il ne peut pas accepter une graine de lin supplémentaire. Je charge le sac à dos laissé à mon attention, il me déchire l'épaule tellement il est lourd, mais il sera utile, je n'en doute pas. Soupirant, je quitte l'avant-poste en direction de Kendra-Kâr et de mon destin.

*****


Toujours est-il qu'après un petit déjeuner bien bourratif et le sac à dos aussi plein de nourriture que son estomac, notre réparateur de chaise quitte Luminion en direction d'Oranan, sans le savoir...

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 Sujet du message: Re: Porte de l'Ynorie
MessagePosté: Mer 4 Mai 2011 01:38 
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Intervention gmique pour Gwylin


Après une grosse demi-heure de marche sans incident, Gwylin aperçut une suspecte bourrasque de vent s'approcher de lui. Lorsqu'elle s'approcha davantage, il put constater compte qu'il s'agissait bizarrement d'une nuée de coccinelles qui fonçait littéralement sur lui.
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Celles-ci continuèrent leur chemin sans se préoccuper du jeune guerrier. Lorsqu'elles furent au loin, celui-ci put remarquer qu'il restait une locataire sur le bout de son nez et aussi quelques-unes dans ses cheveux et enfin, une dernière qui tentait de mastiquer les lacets de ses bottes de cuir.

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À votre service, pour le plaisir de rp !


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 Sujet du message: Re: Porte de l'Ynorie
MessagePosté: Jeu 15 Aoû 2013 18:51 
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Il n'y avait que quelques heures de course entre le village d'Akinos et la Porte d'Ynorie. Pour cela, il préféra éviter de rejoindre la ville de Luminion et longer directement le col pour arriver jusqu'à la Porte. De cette manière, il gagnait plusieurs heures de marche, mais en plus, il évitait de faire parler de lui. Il savait déjà qu'en passant le rempart, il perdrait un certain temps à expliquer aux gardes le pourquoi de sa venue. En passant par la ville, il aurait risqué cette perte de temps. Après tout, il était le cousin de la race qui avait attaqué le Duché de Luminion...
La Porte d'Ynorie était en tout cas beaucoup moins grande que ce qu'il avait imaginée. Il savait que sur une monture, il ne pourrait clairement pas passer à travers l'ouverture. En revanche, l'architecture de la muraille était exceptionnelle. La qualité de la pierre était telle qu'elle donnait l'impression de n'avoir jamais subi le moindre assaut, tant elle était à peine éraflée. A son sommet, il y avait d'étranges tubes de fer pointés vers l'Ynorie. Il ne savait pas précisément ce que cela pouvait être, mais il eut vite l'impression que cela devait servir d'arme. Cela lui donna une étrange impression. Il n'imaginait pas qu'il y avait plusieurs siècles de cela, les nains aient pu se défendre face aux humains de l'ouest. Désormais, la menace n'était plus la même, mais pourtant, il y avait toujours des gardes présents pour permettre (ou non) aux voyageurs de passer.
Derrière lui, Ziresh laissait une impressionnante forêt de conifères, qu'il savait plantés là par les humains kendrans de Luminion, il y avait seulement quinze ans de cela. Six cent mètres d'une forêt artificielle... De quoi ralentir les possibles assaillants ou dissimuler ceux qui la connaitraient. Si Bruno Freinlyn avait raison, alors le groupe qu'il recherchait devait établir son campement dans cette forêt.

"Halte là !" cria l'un des gardes ynoriens quand Ziresh arriva une vingtaine de mètres avant la porte.

L'homme s'approcha de lui, laissant son autre collègue aux côtés de l'entrée. Il portait une armure étrangement similaire aux tassettes que portait Ziresh. Elle avaient été auparavant simplement en cuir et un forgeron de Kendra Kâr les avait améliorées en ajoutant des plaques de métal. Il avait lui-même alors précisé qu'il s'était inspiré des armures ynoriennes, en donnant à la fois une bonne protection à cette pièce et en lui laissant une assez grande souplesse pour ne pas altérer les mouvements. Le garde portait aussi une arme ressemblant à une hallebarde, mais dont la lame semblait bien plus longue et large. Le loup d'argent se souvint alors de Milyah, une jeune fille originaire de ce même pays, qui avait trouvé la mort dans les mines de Lebher. Elle portait la même arme et si Ziresh ne se trompait pas, alors il s'agissait d'un "naginata".

"Qu'est-ce qui vous amène en Ynorie, maître liykor ?"

"Plusieurs raisons, mais je crains de ne pas pouvoir passer la Porte maintenant, précisa honnêtement le loup. Je me présente : Ziresh de Liykkendra, Porteur de Lumière et maître d'armes de la Citadelle endormie, tenue également par Calimène, Dame Ligure et Chevalier Sirène. Nous avons été mis au courant de quelques attaques perpétrées aux alentours de la Porte, dans les Duchés. Seriez-vous au courant de quoique ce soit ?"

C'était la première fois que Ziresh se présentait à un étranger sous une telle forme. Jamais il n'avait eu un tel poste jusqu'ici. Il fallait l'admettre, il en tirait une incommensurable fierté, de se présenter de la sorte. Le garde se courba d'ailleurs poliment quand il sut quel personnage se tenait devant lui.

"Effectivement, Oranan a envoyé des courriers vers chacune des villes alliées. Malheureusement, je crains de ne pouvoir vous en dire davantage : nous sommes quelques gardes à tenir la Porte et nous ne savons pas encore ce qui s'y passe. Quant aux attaques aux alentours de Duchés, vous l'aurez compris, je pense que se qui se déroule à la capitale a un rapport avec cela. Il y a pas mal de camps ynoriens disséminés un peu partout dans les Duchés. Vous pourrez peut-être poser plus de questions aux groupes ce soir, à la nuit tombée. Ils ne devraient pas tarder à arriver. Ils campent toujours dans la forêt avant de repartir le lendemain matin."

Effectivement, comme à la Citadelle, le soleil se couchait très vite ici. Ziresh avait encore l'occasion de voir le ciel tourner à l'orange, mais entre ces montagnes, il faisait déjà terriblement sombre. D'autant plus avec cette forêt qui les couvrait. Les deux gardes en profitèrent d'ailleurs pour allumer les feux de la Porte. Les autres gardes se trouvant sur le chemin de ronde les imitèrent.
C'est en presque seulement vingt minutes que la Porte fut couverte par le voile de l'obscurité et que des lumières apparurent au loin, dans la forêt.

"Ah, ce doit être eux. Restez prêt de nous, le temps qu'ils s'installent et viennent d'eux-mêmes. Si vous vous approchez d'eux dans le noir, ils pourraient agir de manière impulsive."

"De manière impulsive ? Il y a déjà eu des accidents ?"

"Pas que je sache, mais c'est presque toujours le même groupe qui revient en premier. Et bon, je vous le dis à vous parce que l'on vous a envoyé un courrier, mais vous voyez, ils sont assez violents depuis un moment. Nous, à la Porte, on a jamais été confrontés à un quelconque problème. Mais dans les alentours, il parait que c'est assez dur. Je ne crois pas me tromper en pensant que vous avez connu des combats. Vous devez savoir ce que c'est, non ?"

Il y avait deux possibilités désormais. Soit Levon n'avait fait que de mauvaises suppositions et dans ce cas, cette violence était légitime. Soit les gardes ne savaient tout simplement rien de la Masamune. Mais si cette dernière solution était la bonne, alors reconnaître l'arme comme étant une relique ne serait pas facile. Après, les deux solutions pouvaient aussi être mêlées. Dans tous les cas, récupérer l'arme en toute discrétion n'allait être une mince à faire.

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 Sujet du message: Re: Porte de l'Ynorie
MessagePosté: Jeu 15 Aoû 2013 23:44 
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Malgré les mises en gardes du soldat de la Porte d'Ynorie, Ziresh se décida à ne pas trop attendre et à se diriger directement vers les lumières du groupe. Celles-ci avaient fini par ne plus bouger, très certainement pour ne plus bouger. Le loup d'argent jugea donc qu'ils s'étaient très certainement arrêtés pour établir le campement, sans aller vers la muraille. Toutefois, le liykor ne manqua pas de prudence. Ayant déjà été si souvent prévenu de leurs agissements, il savait que son approche allait devoir se faire avec tact. Mais en ce qui concernait l'approche qu'il voulait au départ discrète, il se rendit bien compte que cela n'allait qu'attiser le caractère déjà violent de la troupe si jamais il devait être repéré.

Lentement, donc, il avança vers le camp. Mais il n'eut presque pas le temps de voir une quelconque silhouette qu'un son violent le fit se jeter sur le sol. Les pattes derrières le crâne, il scruta le faible horizon qui lui était accessible. Dans cette épaisse forêt, il n'arrivait pas à voir plus loin qu'à trente mètres. Il put simplement voir que le bruit venait d'une flèche qui s'était plantée sur un tronc à sa droite, à seulement une petite cinquantaine de centimètres. Mais le temps de le réaliser, une seconde flèche vint cette fois-ci siffler juste au-dessus de sa tête. Il roula donc sur le côté pour se coller à un tronc un troisième et dernier projectile vint se planter sur le sol, attrapant au passage sa cape qui se décrocha de ses épaulières.
Collé contre le tronc, Ziresh se sentait enfin un peu plus en sécurité. Mais cela n'allait pas durer. Il allait devoir s'annoncer plus clairement s'il voulait rester en vie.

"Arrêtez ! Je ne suis pas un Noir ! Je suis un bratien !" cria-t-il aussi fort qu'il le pouvait.

"Pas de chien dans ces forêts !"

"Arrêtez !"

"Quoi ?"

"Cessez le feu, je vous dis !"

Vu le comportement de la première voix, il semblait clair que le porteur de la Masamune devait être lui. Cependant, il semblait être sous les ordres d'un autre homme, ce que Ziresh n'avait pas imaginé. Mais après tout, ce n'était pas impossible. Lui aussi était considéré comme étant le maître d'armes de sa Citadelle et pourtant, il y avait quelques personnages dont il écoutait les ordres.

"Approchez et mettez les mains où on peut les voir !"

Immédiatement, le loup d'argent s'exécuta et se mit sur ses pattes. Il n'avait aucune raison d'être certain qu'il ne serait pas attaqué plus facilement de la sorte, mais c'était le seul moyen qu'il pouvait avoir pour gagner leur confiance. Aussi, au moment où il fut debout, il prit le temps de poser sa patte contre la broche qu'il portait à son col. Une vibration magique lui confirma que son bouclier était activé. C'est seulement après cela qu'il se mit à avancer. Au moins, on ne pourrait pas le prendre par surprise.
Mais aucun projectile ne vint à sa rencontre. Sa marche sembla durer des heures avant qu'il ne puisse enfin discerner les silhouettes de ses assaillants.

"Voilà, c'est bien. Maintenant, venez dans la lumière, que l'on voit votre pelage."

Toujours aussi lentement, il marcha vers les lanternes du camp. De là, il put enfin voir la totalité de son "comité d'accueil". Ils étaient plus nombreux que ce qu'il avait imaginé d'une escouade régulièrement en patrouille sur les duchés. Une dizaine d'hommes présents, tous la main sur le pommeau. Ils portaient tous une armure d'origine ynorienne, à la manière des gardes de la Porte. Ceux qui n'étaient pas prêts à dégainer avaient déjà bandé leurs arcs. Au total, quatre flèches étaient pointées vers lui. Ziresh attendit un certain moment dans la lumière avant d'oser prendre la parole.

"Voulez-vous bien baisser vos armes, maintenant ?"

"Allez, baissez-les, vous voyez bien que c'est un bratien."

"Bratien, ce n'est jamais qu'une teinte différente !"

"Ganta, arrête, tu veux ?"

"C'est un loup dans les Duchés ! Rien ne dit qu'il n'est pas avec les sombres !"

Les archers n'avaient pas baissé leurs armes. Peut-être que le jeune homme qui leur avait donné ces ordres était leur chef, mais ce Ganta était possiblement quelqu'un de suffisamment fort et violent pour que le respect lui soit davantage accordé à lui qu'à l'autre. Aussi, le loup d'argent avait préféré ignorer les indications qui lui étaient données. Ils savaient qu'il était un bratien, alors le choix leur appartenait. Mais il ne pouvait pas mourir simplement levant les pattes. Il en mit alors une sir me pommeau de son épée. Cette seule action suffit à titiller les nerfs de la plupart des soldats présents qui le sommèrent d'arrêter.

"Vous avez vu qui il est, alors arrêtez immédiatement !"

"Si tu ne le tues pas... Je ne vais pas me gêner !"

Alors qu'il avait prévenu son attaque, l'homme fut incroyablement rapide. En un éclair, il dégaina son arme pour attaquer directement dans un élan des plus surprenants. Si Ziresh n'avait pas activé le pouvoir de sa broche qui lui avait été conférée par Pinga, il aurait fini la gorge tranchée. Au lieu de ça, l'arme ricocha directement, révélant une sphère protectrice autour du loup. Mais le guerrier fut si vif qu'il réussit à attaquer une seconde fois. Le Porteur de Lumière eut à peine le temps de dégainer son épée pour bloquer cette attaque. Mais la surprise ne fut pas la seule raison pour laquelle il ne sut pas tenir son arme. Le coup avait été si puissant que son épée avait été envoyée plusieurs mètres plus loin.
Une troisième attaque lui fut portée. Ganta avait cette fois-ci porté le coup de manière circulaire. D'ordinaire, le bratien aurait esquivé en faisant un saut en arrière. Mais les deux premières attaques lui avaient permis de constater à quel point la portée de cette épée était scandaleusement longue. Aussi, il plongea sur le sol. Il sentit un bout de sa crinière être emportée par la lame alors qu'il s'équipait de son hallebarde. Mais alors qu'il avait enfin la possibilité de se battre du mieux qu'il le pouvait, la même lame qui l'avait agressé déjà trois fois de suite vint se planter juste devant sa gueule, entre ses pattes. Il fut forcé de bondir aussi loin qu'il le pouvait en arrière afin d'éviter l'attaquer ascendante qui allait tout bonnement le trancher en deux. Mais pour cela, il dût se séparer de sa meilleure arme... qui resta aux pieds de son adversaire.

(Bon sang ! Ce n'est pas humain d'être aussi !)

"Je vais te briser sale chien !"

Ziresh fit l'inventaire de tout ce qu'il avait pour s'en sortir. Il aurait pu utiliser les poisons et les billes enivrantes qu'il avait dans son sac, ou même s'équiper de la lance harpon avec laquelle il avait tué le Dieu-Pieuvre. Mais il n'y avait absolument rien qu'il puisse prendre sans fouiller dans son paquetage. Et il ne pouvait tout simplement pas se permettre de perdre une seconde prendre ce dont il avait besoin. Car l'ynorien n'attendait pas et trois assauts furent de nouveau portés. Le loup d'argent sut éviter le premier en s'éloignant simplement d'un pas. Mais les deux autres suivirent exactement le même schéma que précédemment : une attaque circulaire, puis une autre ascendante. Comme avant, Ziresh sut éviter la seconde en plongeant, mais la dernière attaque racla dangereusement son épaulière qui garda une entaille indélébile. Elle ne fut pas transpercée, mais en revanche, elle n'absorba l'attaque qu'à moitié, puisqu'il infligea un gros hématome à l'homme-loup.
Le bratien n'était pas grièvement blessé, mais il le fut suffisamment pour ne pas pouvoir réagir assez vite à la quatrième et ultime attaque qui lui serait portée. Projeté sur le dos, il eut seulement le temps de voir la silhouette foncer sur lui. Il n'avait rien d'autre pour se protéger que son armure et ses pattes. La lame elle seule brillait alors que l'ombre semblait tout couvrir dans son champ de vision. Il était fini.
Un instant, il eut une pensée pour l'absurdité de son action. Il s'était préparé à chercher une arme simplement pour mettre sa pitié de côté et suivre ses objectifs. Et en s'écartant de sa mission initiale pour trouver cette relique, il trouvait la mort. Lui, alors qu'il avait sauvé son clan, créé une milice et tué un Dieu.
C'est alors que l'ombre devant lui cessa de grandir. Elle s'était stoppée, tout simplement. La lame, quant à elle, n'avait jamais atteint son but. Elle cessa de briller alors que la silhouette devant lui se divisait en deux. Une ligne se forma horizontalement, dévoilant la lumière des torches. Et le corps tomba dans un gargouillis sanglant qui vint s'étendre jusqu'au pattes arrières du loup d'argent.
Derrière l'attaquant se tenait l'homme qui l'avait justement sommé d'arrêter ses agissements. Ce même jeune homme, à peine adulte, se tenant droit comme un i. Ce n'est que lorsque Ganta toucha le sol qu'il rangea son long katana (bien plus long que celui de sa victime) dans son fourreau. Au moment où le fourreau claqua contre le pommeau, dans un rythme des plus hallucinants, on entendit le dernier souffle du soldat se mélanger au sang qui restant sa gorge.
L'assassin regarda simplement le Porteur de Lumière, alors que les archers se dépêchaient non pas par autorité, mais par peur, de ranger leurs flèches dans leurs carquois. Dans un sourire mélangé à un regard de compassion, il haussa les épaules.

"Désolé. Il était comme cela depuis des jours. Je n'ai pas pu m'en empêcher."

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 Sujet du message: Re: Porte de l'Ynorie
MessagePosté: Ven 16 Aoû 2013 14:55 
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Ce jeune ynorien l'avait sauvé. Et en plus, pour s'excuser de la gêne occasionnée, il avait été incroyablement hospitalier. Les huit autres soldats encore debout avaient allumé sur lequel ils installèrent une broche et quelques petits gibiers. Certains d'entre eux étaient même partis chercher la cape de Ziresh, encore plantée plus loin, dans la forêt. Et en seulement une demi-heure, deux très grandes tentes furent dressées, dont une avec une table de fortune à l'intérieur. Le loup comprit bien vite que c'était certainement dans celle-ci que devait dormir le chef et planifier les projets de chaque journée. Autant dire que les oraniens avaient le sens de l'organisation. Quant au cadavre de Ganta... Ils le laissèrent là, dans l'ombre de la forêt, non loin du camp.

"Cela servira à distraire les loups." eût dit le jeune chef de l'escouade, dans un sourire de satisfaction.

Ziresh aurait juré que Ganta était bien le détenteur de l'arme. Selon ce que disait Levon, son détenteur ne ressentait plus de pitié et voyait sa force se décupler. Mais si le guerrier s'était montré particulièrement puissant, le loup d'argent avait fait l'erreur d'assimiler "pragmatisme" et "violence". Au final, son sauveur avait démontré bien moins de pitié en tranchant son propre frère d'armes en deux, sous le prétexte de sa violence. D'une certaine manière, il avait bien fait, mais tout humain n'aurait pas agi de la sorte. De plus, couper littéralement en deux... C'était une performance incroyable. Un coup qui avait laissé le temps au maître d'armes de dégainer, d'attaquer et de rengainer son arme. Et la netteté de la découpe était digne du meilleur des bouchers : pas la moindre imperfection. Ganta s'était transformé en une véritable pièce de viande.
Le jeune homme avait enlevé se casque, dévoilant une longue chevelure noire de jais et un visage qui paraissait encore plus juvénile. Il devait avoir à peine plus de vingt ans.

(Si je me bats contre cet homme... Je suis mort. Ganta n'était rien face à lui...)

"Alors ? Que faites-vous ici ?"

Ziresh avait du mal à cacher son malaise, qu'il s'agisse de la situation dans laquelle il s'était fourrée ou la présence du cadavre à une vingtaine de mètres d'eux... De plus, il ne savait pas s'il devait jouer la discrétion en s'inventant une nouvelle identité ou préférer la franchise. S'il volait l'arme et qu'il était soupçonné, alors il ne risquait pas seulement son intégrité : il risquait sa vie. Mais c'était déjà trop tard : les gardes de la Porte d'Ynorie l'avaient déjà vu. Et c'était en toute fierté qu'il s'était présenté sous le nom de Ziresh de Liykkendra, Porteur de Lumière et maître d'armes de la Citadelle endormie. Quel idiot il faisait, maintenant...

"Je m'appelle Ziresh de Liykkendra. Je suis le chef de la milice de la Citadelle endormie. Nous avons été prévenu d'attaques aux alentours des Duchés des montagnes. Les gardes de la Porte m'ont dit que vous pouviez me donner quelques indications à ce sujet. Mais dites-moi, je ne connais même pas votre nom."

Évidemment, le loup d'argent était déjà au courant de tout ce qu'il devait savoir. Mais c'était la seule chose qu'il avait trouvée pour dissimuler ses véritables intentions.
En regardant bien l'ynorien en face de lui, de l'autre côté du feu, il remarqua qu'il ne quittait jamais son arme de la main. Il avait toujours au moins la main gauche contre le pommeau. Cet attachement était ridicule au point qu'il mangeait exclusivement des morceaux de viande qui pouvaient se tenir à une main.

"Oui, excusez mon impolitesse. J'avais omis ce détail. Je suis Shou Igami, chef de cette escouade, comme vous l'avez deviné. Mais, désolé, je ne saurais quoi vous dire d'autre au sujet de ces attaques. Nous nous en occupons : les troupes d'Oaxaca contournent la Porte, alors on suppose qu'ils veulent la détruire de l'intérieur pour en finir avec le rempart d'Ynorie. Pour tout dire, la Porte n'est pas la plus grande défense : ce sont surtout les patrouilles qui en cueillent le plus."

"Beaucoup de liykors noirs parmi eux ?"

Pour seule réponse, Shou posa la cuisse de lapin qu'il avait entamée. Et dans un mouvement des plus humbles, il pointa le ciel du doigt. Ziresh mit un certain temps avant de comprendre qu'il devait lever les yeux. Quand enfin, il les posa sur les branches des sapins, c'est un spectacle macabre qui se présenta à lui. Même pour des alliés, il ne put mesurer la grandeur de leur cruauté.

"Nous les avons accrochés principalement en hauteur, sur la lisière de la forêt. Je pense que ça les tient à l'écart."

Des têtes de loups. Des têtes de liykors par dizaines étaient accrochées sur les branches. Parfois, elles étaient mêmes plantées sur les branches, donnant l'impression que leurs gueulent vomissaient de l'écorce. D'un point de vue pragmatique, c'était une bonne idée : les liykors, lorsqu'ils sont en chasse, se déplacent souvent en hauteur. Une forêt de conifères est peut-être un moyen de ralentir des ennemis sur des montures, comme des humains, des orcs ou autres. Mais pour des fauves, noirs ou bratiens, c'était le meilleur des terrains de chasse. Mais Ziresh avait encore de la pitié. Même pour ses ennemis, c'était inhumain de les traiter de la sorte. Il ne comprenait même pas comment il avait pu faire pour ne pas remarquer leur présence en traversant la forêt, lorsqu'il faisait encore jour.
Il eut encore toutes les peines du monde à retenir ses larmes quand il vit la tête d'un louveteau.

"Il y en a donc beaucoup... fit le Porteur de Lumière, tout bas. Et des orcs ? Des gobelins ?"

"Il y en a moins, mais il y en a. Je ne sais pas si les loups viennent d'Omyre mais quoiqu'il en soit, il y en a trop. Peut-être que plusieurs clans y sont mêlés."

Cette seule information confirma une supposition que Ziresh avait fait plus tôt, lorsque Pinga lui avait dit que les Noirs ne pouvaient pas agir gratuitement avec autant de haine. Si c'était bien ce qu'il pensait, alors le clan qui les avait attaqués était mêlé à Oaxaca. Il restait encore à trouver le lien avec l'affaire à laquelle avait été mêlée Calimène : cet étrange loup difforme qu'elle avait trouvé en ville.
C'est alors qu'il repensa au danger que courait Oranan. Plusieurs rumeurs avaient pris forme autour de cet évènement. Il allait pouvoir s'en servir pour récupérer l'arme sans effusions de sang. Du moins... S'il arrivait à être convainquant.

"J'ai entendu beaucoup de rumeurs au sujet d'Oranan. La capitale d'Ynorie serait en danger ?"

"Je n'en sais pas plus que vous, Ziresh."

"Parmi ces rumeurs, j'ai entendu dire que les orques essayaient de creuser un tunnel pour déferler dans tout Mertar. En connaissant la ville basse, c'est quelque chose de tout à fait probable. Vous n'y seriez pas allé il y a quelques mois ou quelques semaines de cela ?"

A ces mots, Shou se raidit visiblement. Il serra d'autant plus sa main gauche contre son pommeau de son iaïto.
Avant que Ziresh ne parte, c'était Levon qui l'avait tenu au courant de l'existence de la Masamune de l'Imperturbable. Le fait que ce maître d'armes soit aussi cruel, contre toutes les apparences, c'était déjà un indice. Mais le loup d'argent savait que cette arme s'était d'abord trouvé en Mertar avant de finir entre les mains d'Igami. Cette réaction le confirmait désormais : cet homme détenait bel et bien la relique.

"Oui, oui, juste moi. Mais je n'ai rien vu de particulier là-bas."

"Pourquoi y êtes-vous allé, sans indiscrétions ?"

L'homme fit une longue pause. Il semblait clair qu'il cachait quelque chose. Lui aussi, d'ailleurs, devait s'en rendre compte. Car n'est absolument pas l'air assuré qu'il répondit :

"Je n'y étais jamais allé avant. Je visitais, c'est tout."

Une réponse qui, bien sûr, n'était pas au goût de Ziresh. Mais il ne pouvait pas insister : il n'en avait pas la posture. Toutefois, il pouvait se rapprocher de lui en lui faisant croire qu'il lui faisait confiance. De la sorte, il aurait encore une chance de récupérer l'arme... mais en plusieurs phases.
S'il n'arrivait pas à le convaincre de la lui donner, ou encore user de la discrétion pour la lui dérober, il avait toujours des poisons qui pourraient lui faciliter la tâche. Non loin d'eux, à côté de la tente, un petit tonneau de vin y était posé. Tous les soldats se servaient allègrement, sans pour autant tomber dans l'ivresse. Il avait plusieurs choix qui s'offraient à lui : il pouvait utiliser le fléau aveuglant pour enlever la vue à sa cible en lui servant un verre. Il pouvait aussi l'utiliser en le versant dans tout le tonneau pour aveugler légèrement toutes les personnes présentes ici (si l'on supposait que diluer le poison affaiblissait ses effets). Sinon, il pouvait utiliser l'eau désastreuse pour plonger Shou dans une dépression qui, éventuellement, pourrait le pousser à se défaire de son arme... ou le rendre désespérément plus violent et prompt à la colère.

"Voulez-vous du vin, maître Igami ?"

"Volontiers."

Au moins, il était d'accord. Cela facilitait grandement la tâche du bratien. Mais il n'avait encore aucune idée de quel poison il allait devoir utiliser. Et de quelle manière il allait pouvoir le faire en toute discrétion.

"Je reviens, donc."

Le deuxième poison était trop instable et incertain pour agir dans son optique. Le bon sens l'aurait poussé à utiliser le fléau aveuglant et agir aussi vite que possible. Aussi, utiliser l'invisibilité de sa Fleur de Lys pouvait l'aider, mais dans ce cas, il resterait un suspect. Le problème du fléau aveuglant, c'était qu'il l'avait récupéré dans les mines de Lebher, il y avait de cela plusieurs mois. Et aujourd'hui, l'entassement de ses biens dans son paquetage faisait que la fiole devait se trouver tout au fond de celui-ci. La récupérer en toute discrétion serait impossible : il devrait se défaire de toute possession. L'on verrait alors ses objectifs...

(Merde... Je ne vais pas avoir le choix...)

Aussi vite qu'il put, après avoir jeté un œil autour de lui, il défit son sac pour en prendre la fiole qui était le plus en haut de ses affaires. Pendant un instant, il faillit prendre l'une des gourdes de soin qu'il avait récupérées à Lebher. Mais un éclair de bon sens lui fit reconnaître sa fiole de poison.
Les pattes tremblantes, il remit son paquetage sur le dos et déboucha doucement le contenant. Il servit une légère lampée de ce poison bleu dans l'une des coupes de bois présentes et servit ensuite le vin, de manière à bien mélanger le tout, que la couleur soit uniforme. Il eut un instant de panique en voyant que l'alcool prenait une couleur violette. Mais très vite, il redevint pourpre. Un véritable soulagement pour le liykor.
Plutôt que de ranger la fiole dans le sac, il se décida à la mettre dans sa bourse, afin de gagner du temps. En revenant au feu de camp, il tendit immédiatement la coupe à Shou. C'est alors qu'il se rendit compte qu'il y avait une éventualité que cela ne se déroule pas comme il l'avait imaginé...

(Prends la bonne coupe... Par pitié, prends la bonne coupe, au nom du Père et de la Mère !)

Il avait volontairement mis la sienne en retrait, mais Shou Igami devait très certainement avoir émis des doutes suite aux questions que Ziresh lui avait posées. Il lui sembla alors que le choix de l'ynorien allait durer des heures. Sa main juvénile, nue de toute armure, s'était approchée lentement. Le loup faillit tressaillir quand il vit qu'elle avait franchi la limite de la première coupe, se dirigeant ainsi vers la deuxième...
Mais il ne fit que courber la main pour prendre la bonne. Juste une question d'avoir une meilleure prise, alors que de la gauche, il serrait encore la garde de son iaïto.

(Tu as failli me tuer, à être aussi indécis !)

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 Sujet du message: Re: Porte de l'Ynorie
MessagePosté: Mar 20 Aoû 2013 02:39 
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Shou ne fut pas aussi hésitant qu'il eut à boire le vin. Il était probablement assoiffé, ou alors il avait vraiment besoin d'alcool pour oublier ses méfaits. Mais dans tous les cas, il avait démontré ses talents de champion du levé de coude en avalant la mixture d'un coup, en l'espace de presque seulement trois secondes. A peine le temps qu'eut Ziresh pour y tremper ses babines. Il sentit alors l'obligation d'imiter son "hôte" et but le tout en une petite dizaine de coups de langue. Et il fallait le dire, cela avait été tout particulièrement difficile. Car le vin était vraiment, vraiment très mauvais. C'était certainement pour cela que l'ynorien s'était autant pressé.

"Pas terrible, hein ?"

Ziresh ne fit qu'acquiescer en hochant de la tête, l'accompagnant d'un petit couinement plaintif. Évidemment, le jeune homme ne put s'empêcher de rire face à une telle scène. Mais ce rire eut de quoi interroger le loup d'argent. En combien de temps était supposé fonctionner ce poison ?
Le liykor regarda autour de lui. Les soldats allaient et venaient dans les tentes, sans vraiment se donner de postes particuliers pour la surveillance du camp. Ils étaient sûrs d'eux. Et la perte de leur camarade ne semblait franchement pas les affecter. Peut-être gardaient-ils cela en eux. Ziresh avait entendu dire que les ynoriens ne pleuraient presque jamais en toute une vie. Seuls les deuils étaient une exception. Pour l'être sensible qu'il était, c'était invraisemblable. Mais si ce poison devait désinhiber cette tendance à se renfermer, alors il imaginait qu'Igami serait l'acteur d'une véritable pièce de théâtre dramatique. Mais pour l'instant, le poison ne semblait toujours pas faire effet.

"Comptez-vous rester encore longtemps ici ? Nous ne pourrons pas vous loger, vous devez vous en douter."

"Je le sais, mais j'aimerais en savoir davantage sur votre mission."

"Que voulez-vous savoir ? Nous ne sommes jamais que des soldats envoyés pour protéger la porte d'une éventuelle attaque. Nous tuons les liykors sombres qui viennent dans les Duchés, c'est tout."

"Tous ? Sans exceptions ?"

"Sans exceptions."

"Alors je comprends mieux pourquoi les têtes des enfants sont pendues au dessus de nous."

Ce n'était pas une maladresse. Ziresh ne voulait plus vraiment simuler une quelconque sympathie pour l'homme qu'il avait en face de lui. Et surtout, il avait envie de réveiller une culpabilité en lui. Pour tout dire, il n'avait absolument aucune certitude que cela puisse fonctionner. Mais c'était tout ce qu'il avait trouvé pour attiser les attributs du poison. Peut-être sombrerait-il dans la dépression en repensant à ses méfaits. Peut-être qu'au bout du coup, cette manière peu honorable de récupérer la Masamune permettrait à Ziresh de faire encore le bien, en faisant en sorte que Shou cesse de tuer sans discernement.
Mais pour l'instant, cela n'avait pas l'air de marcher.

"Excusez-moi ?"

"Vous avez très bien compris."

Trop tôt, probablement. Le poison n'avait pas encore assez agi pour qu'il admette ses erreurs. Mais peut-être, cependant, qu'il avait eu une assez grande influence pour rendre l'homme plus impulsif. Car même en ayant tué Ganta de sang froid, il s'était montré calme jusqu'au bout. Cette fois-ci, il s'était levé devant le feu, la main serrée de plus en plus fort autour du pommeau de son épée. Son bras tremblait, mais Ziresh n'arrivait pas à savoir si c'était à cause de la colère, ou bien à cause de la force qu'il exerçait sur son arme. Dans tous les cas, cela ne s'annonçait pas bien pour lui. Mais il avait compris quel genre de technique il allait utiliser. Comme Ganta, il dégainerait en un éclair pour l'attaquer.

(Je dois l'empêcher de sortir son épée...)

"Vous n'êtes plus le bienvenu ici, Ziresh de Liykkendra. Partez, ou vous le regretterez."

"Je suppose que tuer des enfants fait partie des traditions ynoriennes."

"Nous avons le même ennemi, bratien. Que voulez-vous de plus ? Ces enfants sont des tueurs. Ils deviendront seulement plus gros avec l'âge."

Les soldats s'étaient montrés plus attentifs à la discussion. Très vite, ils s'étaient tous rassemblés autour du feu et donc, autour de Ziresh. Il était en très mauvais posture. Mais cela ne l'empêcha pas de mener le débat d'une patte de fer. Il se leva à son tour, poussant tous les soldats oraniens présents à mettre la main sur l'arme.

"Vous vous battez sans honneur."

"Partez. Vraiment."

Il lui fallait plus de temps encore. Et il n'avait plus vraiment d'autres cartes dans la manche. Il lui fallait surtout de l'aide. Et même s'il savait que le groupe en lui-même s'était montré violent, il ne pouvait pas croire qu'ils étaient tous prompts à une telle
cruauté. S'ils agissaient par peur du maître d'armes, cette situation pouvait les sauver.

"Je sais que vous avez changé, Shou Igami. Avant, vous étiez un guerrier respectable, qui savait être conciliant et se battait avec honneur. Et quand vous êtes revenu de Mertar..."

Ziresh regarda un à un les soldats autour de lui. C'était principalement à eux qu'il s'adressait. En voyant leurs regards, il savait qu'il ne s'était pas trompé en faisant ces suppositions. Il y avait notamment deux soldats, côte à côte, qui semblaient entièrement d'accord avec lui. Du moins, c'était ce qu'il avait pensé à voyant à quel point ils tremblaient.

"Je pense que certaines personnes ici peuvent confirmer mes dires."

Mais avant que quiconque ne puisse prendre la parole, Shou mit la main droite sur son épée. Il était désormais prêt à attaquer. Ziresh eut heureusement tout le temps de prendre fermement son hallebarde.

"Vous n'en avez rien à faire de ces loups ou de ce qui se passe à Oranan. Vous voulez la Masamune de Siruha, la Sans-Cœur.."

Ziresh réprima un silence. Son interlocuteur avait raison sur le point de la relique, pas sur les autres. Mais il ne s'en défendit pas. Il ne fit que répondre, bien plus calmement par rapport au ton qui avait commencé à monter.

"Oui, j'ai cherché cette arme, car l'on me reprochait d'être trop conciliant. Mais quand je vois ce que vous êtes devenu, je n'en suis plus si sûr."

"Alors partez tant que vous le pouvez."

"Non. Je prendrais cette arme. C'est elle qui vous rend ainsi."

"Eh, le bratien, fit l'un des deux soldats qu'il avait remarqués. Est-ce que c'est vrai cette histoire ? C'est cette arme qui le rend comme ça ?"

"Elle me rend tel que je dois être."

La voix d'Igami s'était faite plus tremblante cette fois-ci. En cessant de chercher de l'aide pour regarder plus attentivement son adversaire, Ziresh remarqua alors que ses yeux étaient mouillés. Il n'admettait encore rien, mais peut-être bien qu'il regrettait.

"Nous en avons besoin. Combien de fois j'ai pu en entendre se moquer de moi, me manquer de respect uniquement pour ma jeunesse... J'ai cessé de les compter quand j'ai vu mes hommes se détourner de moi. Mais cette arme m'a fait gagner le prestige que je méritais. Elle m'a rendu efficace. Elle nous a tous rendus meilleurs, en faisant fi de nos sentiments. De notre pitié. Personne ne va plaindre un enfant loup qui a déjà égorgé tant d'autres personnes avant nous."

"Ganta n'était pas un loup."

"Non. Ni Shinta, ni Koro, ni Abe. Mais ils étaient gênants. Ils n'obéissaient pas aux ordres. Et vous aussi, Ziresh, vous êtes gênant. C'est la dernière fois que je vais vous sommer de partir."

"Je ne partirai pas, maître Igami. Vous le savez."

"Alors une autre tête sera suspendue dans la forêt de la Porte d'Ynorie."

Ziresh l'avait vu dans les regards des soldats présents. Ils avaient tous compris que la relique n'avait pas sa place ici. Mais aucun d'entre eux ne bougeait. Tous les huit, ils étaient figés sur place. Aucun ne voulait se confronter au maître d'armes Shou Igami, détenteur de la Masamune de l'Imperturbable.
Quant au loup d'argent, lui savait que le combat se ferait en un coup unique. Deux, tout au plus. La technique ne sera pas aussi agressive que celle de Ganta : elle serait propre, réfléchie, concentrée. Aussi, l'ynorien s'était posté derrière le feu, la jambe gauche en arrière, la droite devant, légèrement fléchie. Il semblait déjà concentrer toute sa force et calculer l'endroit et le moment auquel il allait frapper. Par honneur, Ziresh l'imita dans la posture, mais prit la Hallebarde Protectrice plus en hauteur. La lame de lumière avait un avantage dans la portée et se trouvait déjà au dessus du feu de camp.

(Tu n'as droit qu'à un coup, Ziresh... Tu n'es pas non plus obligé de le tuer...)

Le Porteur de Lumière observa encore son ennemi, tout en concentrant au maximum sa force. Il sentait le ki exploser dans son ventre pour aller circuler dans tous ses membres. Le haut de son corps lui donnait l'impression d'avoir un véritable sang ardent dans ses veines. Il y avait cent manières de se défaire d'un tel adversaire, mais toutes nécessitaient d'avoir un talent et une puissance exceptionnelle. Surtout s'il voulait en finir sans être responsable d'un meurtre.

(Assomme-le. Ou alors, tranche lui la main. Il faut seulement le séparer de son arme...)

Ziresh avait déjà vu Shou à l’œuvre. Même avec toute la volonté du monde, il ne pourrait pas le vaincre uniquement avec ses talents. Il allait devoir tricher. Et déjà une fois, il avait réussi à s'en sortir dans une situation désespérée. Grâce à l'échange du Dieu-Pieuvre...
Puisqu'il n'avait pas le choix, tout en tenant son arme en hauteur, il la fit glisser dans ses pattes de manière à approcher la lame de la hallebarde. Pour acquérir plus de puissance, il avait besoin de faire un tribut. Contre la victoire, il devait donner son sang. Quand la lame vint cueillir son dû en tranchant la paume du liykor, il ne vit encore rien. Mais quand une goutte de sang tomba dans le brasier du feu de camp, la vision de la pieuvre ornant les parois de la mine de Lebher lui revinrent en mémoire. C'est aussi à ce moment là qu'il sut comment vaincre Igami.
Il n'allait pas lui laisser le temps de mener l'assaut. Mais puisqu'il ne pouvait clairement pas contrer l'attaque éclair, il pouvait toujours l'empêcher de la porter jusqu'au bout.

Dans un élan désespéré, le chasseur de Liykkendra enjamba le feu et se jeta sur son ennemi. Bien entendu, Shou réussit à dégainer son arme, mais il ne réussit pas à frapper dans la portée qu'il attendait. Avant qu'il ne puisse bénéficier d'un élan suffisant pour traverser l'armure du loup, ce dernier avait dépassé le champ d'attaque pour aller la bloquer... avec son propre corps.
Une gerbe de sang sortit de sa gueule alors que la lame pénétrait son flanc, seule partie où son armure ne le protégeait pas entièrement, mais aussi la partie qui lui conférait une fluidité exceptionnelle dans ses mouvements. Endurant donc l'attaque, mais incapable de frapper avec la hallebarde tant leurs corps étaient proches, Ziresh laissa tomber son arme pour dégainer, aussi vite qu'il le put, son épée bâtarde.

"Je ne vais pas t'en laisser l'occasion !"

A cette distance, Ziresh pouvait facilement en finir avec ce combat. Shou l'avait comprit. Mais alors qu'il tentait de retirer la lame des côtes du liykor, celui-ci eut un esprit de sacrifice exceptionnel. Alors qu'il prenait sa propre épée de la patte droite, il utilisa la gauche pour maintenir la lame dans son corps. Le maître ynorien força plusieurs fois ainsi, sans jamais pouvoir se défaire l'étrange emprise qu'avait la bête sur lui.
D'un coup, la main droite de Shou Igami vola comme dans un drapeau de sang avant d'atterrir dans le feu.

L'homme poussa un cri déchirant. Mais même s'il tenait ce qu'il restait de son poignet par douleur, Ziresh, comme tous les autres, reconnurent là un cri de tristesse. De culpabilité. Il pleurait pas pour sa main, il pleurait parce qu'en s'étant défait de l'emprise de la Masamune, il se souvenait de tout ce qu'il avait fait.

"Gardez cette arme loin de moi !" cria-t-il.

Il redevenait l'enfant qu'il avait toujours semblé être. De sa seule main valide, il enleva maladroitement sa ceinture pour jeter le fourreau sur l'arme qui gisait maintenant sur le sol.

"Prenez-la... Prenez-la et ne revenez jamais... Car vous deviendrez ce que j'ai été..."

Personne ne parla. Même pour quelqu'un qui aurait détesté les agissements de Shou, ce spectacle n'avait rien de satisfaisant. Ce maître d'armes, parce qu'il avait besoin que l'on croit en lui, était allé jusqu'à vendre son âme. Et maintenant, ses talents étaient perdus. D'une part parce ce qu'il n'avait plus de main droite, mais aussi parce qu'il n'allait plus combattre.

"Je me retire... J'arrête de me battre. Je veux rentrer à la maison..."

Levon avait persuadé Ziresh qu'il aurait besoin de cette arme pour se défaire de ses sentiments. Pour savoir faire la part des choses face à ses ennemis et, simplement, les considérer "juste comme des ennemis". Ne plus rien épargner, mener sa mission jusqu'au bout en faisant fi de sa pitié. Mais quand il voyait l'état de ce qui fut autrefois le fier Shou Igami, maître d'armes ynorien le plus jeune de son escouade et chef de cette dernière... Il n'était plus vraiment sûr de savoir si cela était bon.
Il espérait seulement qu'il aurait assez de dignité pour ne pas complètement céder à la tentation et rester entièrement voué à cette seule arme.

Quand il la prit et l'eut rangée dans son fourreau, il ne sentit pourtant encore rien de particulier. Si ce n'était cette étrange aura qu'émettaient les reliques, comme la Hallebarde Protectrice. Cette espèce de vibration qui montrait leur unicité et leur puissance... Et quand il l'eut rangée à sa ceinture, l'échangea avec son épée bâtarde qu'il eut finalement placée dans son paquetage, il n'eut toujours pas l'impression d'avoir vraiment acquis quoique ce soit.

"Vous avez bien fait de me séparer de cette arme, Ziresh. Mais vous regretterez de l'avoir en votre possession... Je vous en prie, laissez-la là où personne ne la prendra."

Les autres soldats commencèrent enfin à bouger pour s'occuper de leur chef. Le loup, lui, était resté à distance et en avait simplement profité pour prendre la gourde de potion qu'il avait trouvée dans les mines de Lebher, comme la plupart des objets qui constituaient son équipement. Il ne lui suffit que d'une lampée pour ne plus ressentir la douleur qui torturait ses cotes. Le reste de sa dose, il la fit couler sur sa patte pour ensuite l'étaler sur sa plaie béante. Il ne s'en était jamais servi auparavant, mais il avait vu Amarante, défigurée, en utiliser une de la même sorte. En l'espace de quelques minutes, elle avait retrouvé son beau visage de vile sorcière. Il irait donc mieux d'ici là. Ce sacrifice avait donc été bien pensé, au bout du compte.
Puisque tous ne semblaient pas l'avoir pris en grippe, malgré cette étrange confrontation, Ziresh rangea aussi la Hallebarde Protectrice dans son dos. L'une de ses missions venait de toucher à sa fin. Il devait désormais aller à Oranan. Là-bas, probablement, il aurait l'occasion de découvrir la puissance de la Masamune de l'Imperturbable.

"Je suis désolé de vous quitter de la sorte, après ce qu'il vient de se passer. Mais je ne peux pas m'attarder. Je dois aller à Oranan, voir ce qu'il en découle."

"Nous nous y retrouverons... Mais je ne serai plus un guerrier. Tout aussi étrange que puisse paraître ce que je vais vous dire, j'espère que vous garderez toute l'intégrité que vous m'avez présentée. Je vous rendrai honneur en faisant enfin quelque chose de main avec ma seule main valide."

Dans un hochement de tête respectueux, Ziresh tourna les talons et se mit en route vers la Porte d'Ynorie. Bien entendu, les gardes l'interrogèrent immédiatement sur l'origine du cri. Ce à quoi le loup d'argent répondit la vérité. Qu'il avait affronté Igami et l'avait mis en face de ses démons.
Et aussi surprenant que cela puisse paraître, ils le laissèrent passer.

"Nous étions désespérés, même si je ne vous l'avais pas dit... Vous êtes vraiment un Porteur de Lumière."


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Apprentissage de CC AA :

Sacrifice : Le combattant se jette sur l'arme de son adversaire et le frappe violemment de son arme. La surprise et la force de l'attaque font très mal, mais l'attaquant ouvre sa garde de manière magistrale et risque de se faire très mal en même temps. (-2PV/lvl à la cible, 80-[lvl]% de chance que l'utilisateur de la CC perde -1PV/lvl lors de cette attaque. Ceci ne tient pas compte de l'endurance de la victime ni de l'attaquant).

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 Sujet du message: Re: [Luminion] Porte de l'Ynorie
MessagePosté: Ven 27 Jan 2017 22:26 
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Il me faut trois jours de marche pour arriver à la redoutable porte qui défend l'accès aux terres de Luminion. Bien que de taille modeste, la fortification est adroitement conçue et serait sans aucun doute difficile à enlever par la force car le chemin qui y mène est étroit et encaissé. Quatre cavaliers parviendraient peut-être à y chevaucher de front, mais guère plus, et des assaillants se trouveraient dangereusement exposés aux projectiles des défenseurs. D'étranges cylindres de fer dont je ne parviens pas à définir l'usage décorent son sommet, la porte elle-même est basse, trop pour qu'un homme à cheval y passe. Une solide garnison semble affectée à sa défense car je distingue passablement d'archers et de soldats sur le parapet, qui ne manquent pas de me repérer dès que je m'approche du passage fortifié. Sans me menacer ouvertement, les archers me surveillent attentivement, flèches encochées et prêts à réagir en cas de besoin. Je les entends s'exclamer lorsque mon fauve me rejoint d'un pas souple et silencieux pour venir se poster à mes côtés en grognant légèrement. Je l'apaise en lui parlant calmement et en le grattouillant derrière les oreilles, ce qu'il apprécie au plus haut point, puis je m'avance jusqu'à quelques mètres du pied de la muraille, mains bien en évidence. Un officier, sans doute de rang modeste, se penche aux créneaux et m'interpelle d'une voix sèche:

"Qui va là? Que voulez-vous?"

"Tanaëth Ithil, Sindel, Danseur d'Opale. Je viens en paix. J'ai une lettre de l'Imperator Kardân à remettre au Duc de Pérussac."

L'officier fait signe d'ouvrir la porte et y descend rapidement pour m'accueillir avec quatre gardes munis de piques qui, m'apercevant en compagnie de Sinwaë, reculent instinctivement d'un pas avant qu'un regard furieux de leur supérieur ne les fasse reprendre leurs positions. Je tiens fermement mon fauve par la peau du cou d'une main et, de l'autre, tends la missive roulée et cachetée à l'humain qui en examine attentivement le sceau avant de me la rendre. Il me détaille ensuite des pieds à la tête et cherche à lire mes intentions dans mon regard. J'ignore ce qu'il y trouve, sans doute pas grand chose, mais il finit par lâcher:

"Authentique, selon toute apparence. Passez, et pas de grabuge avec votre animal."

Ses hommes s'écartent de mon chemin en dissimulant des soupirs de soulagement, l'air avec lequel il surveillent du coin de l'oeil mon Ithilarthëa et lorgnent mes armes m'amuse et je leur souris férocement en passant, ce qui me vaut un geste exaspéré de leur officier qui me signifie ainsi de ficher le camp. Je ne demande pas mon reste et me dirige d'un pas vif vers le bourg de Luminion en riant doucement et en secouant Sinwaë qui grogne et me montre les dents, joueur. Nous traversons une forêt de pins assez récente et parvenons finalement en vue de la bourgade, blottie dans la vallée.

Des quartiers militaires semblent entourer la partie civile et forment une enceinte autour du village proprement dit, dominé sur la droite par le château du Duc. A pied et accompagné de mon fauve aux pattes agiles, je n'hésite pas à couper droit sur le château plutôt que de passer par le village, que je laisse en contrebas sur ma gauche pour gravir les pentes menant au castel.


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 Sujet du message: Re: [Luminion] Porte de l'Ynorie
MessagePosté: Mar 7 Mar 2017 11:04 
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Dans le chapitre précédent…

Arc du Souffle du Voile

Chapitre XI.1 : Un verre de trop au Gars'Rock



Devant un Akihito ébahi, une immense muraille se dressait. Monumentale était le premier mot qui lui vint à l’esprit pour décrire la construction, mais finalement, il ne lui semblait pas approprié.

« Titanesque. »

Oui, là le mot était assez fort, on aurait dit que cette muraille avait été créée par des Titans CONTRE des Titans, puisqu’elle semblait aussi haute qu’épaisse. Au bas mot, Akihito lui donnait 12 mètres de haut, mais c’était probablement plus. Des contreforts encadrant les portes venaient soutenir la structure où l’on voyait de chaque côté de curieux orifices d’où sortaient des cylindres de métal, comme de longs tubes couchés. Ces mêmes structures semblaient également être présentes en haut de la muraille, mais le mage n’en n’était pas sûr avant que la distance se soit suffisamment réduites pour effectivement les repérer.

(Est-ce que c’est un nouveau système de défense ? Un moyen plus précis de verser de l’huile bouillante peut être ?)


« Dites Brumal, ces objets en fer que je vois le long des remparts, à quoi ils servent ? je n’ai jamais rien vu de semblable.

- Pour t’dire la vérité gamin, tout s’qu’on sait sur ces machins, c’est qu’c’tait déjà là quand les habitants humains se sont installés ! Vu qu’la muraille est de construction Thorkin, ça m’étonnerait pas qu’ce soit de la main d’nos ancêtre ! »

Une autre caravane (humaine celle-là) attendait devant les battants de chêne renforcées d’acier pour passer la barrière. La hauteur des portes était également à la mesure de la bâtisse qu’elle protégeait : démesurées. Au moins 6 mètres de haut, mais une largeur bien moindre, à peine de quoi laisser passer une charrette un peu trop large. Cela formait un goulot d’étranglement qui aurait terminé de décourager le général déjà assez téméraire (ou suicidaire) pour se lancer à l’assaut de pareille défense.
Le contrôle semblait assez strict, puisqu’une fois que c’était leur tour, le contrôle dura entre 20 et 30 minutes. Les gardes de factions eurent un doute lorsqu’ils virent 2 humains dans une caravane de nains ; mais les faire passer pour des apprentis forgerons, appuyer par un complexe schéma d’explication de fonte du métal en plein vent dont les gardes ne comprirent pas la moitié acheva de les convaincre.
Ils laissèrent donc la caravane passer en leur souhaitant une bonne fin de voyage.


A suivre…

_________________


Dernière édition par Tergeist le Lun 7 Fév 2022 13:39, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: [Luminion] Porte de l'Ynorie
MessagePosté: Mer 15 Mar 2017 01:12 
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La nuit tombe lorsque je franchis enfin la porte d'Ynorie. Il m'a fallu aller régler le tavernier et renouveler mes provisions de voyage, ce qui n'a pu se faire sans vider quelques verres de son fameux vin de Blanchefort, si bien que c'est très légèrement éméché que je m'engage sur la route menant à Oranan. Les gardes ont bien semblé un peu surpris de me voir quitter la ville à cette heure tardive, mais j'ai dormi une bonne moitié de la journée et le pâle éclat de l'Astre Nocturne me permet d'y voir presque aussi bien qu'en pleine journée. Ce que je ne prends pas la peine de leur expliquer, me contentant d'un simple signe de la main pour les remercier de m'avoir ouvert la porte.

Sinwaë semble encore plus heureux que moi de retrouver la nature et manifeste sa joie par quelques rugissements sonores avant de s'éclipser dans les taillis, aussi silencieux qu'un fantôme. Dès que je suis hors de vue des fortifications, je quitte la route et me dirige plein nord avec un sourire dur aux lèvres. Demain à la même heure je serai en train de fouler les terres d'Oaxaca pour la première fois de mon existence...


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 Sujet du message: Re: [Luminion] Porte de l'Ynorie
MessagePosté: Jeu 20 Juil 2017 14:50 
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A voir apparaître devant moi l'entrée du duché de Luminion, je sens quelques larmes perler à mes yeux, j'y suis arrivé! Le cauchemar est fini, je vais pouvoir manger, me reposer, me soigner! Tel un cheval sentant l'écurie je presse tant bien que mal le pas, envahi d'une exultation que je n'ai pas ressentie depuis une éternité. Je suis à moins de cinquante mètres de la muraille lorsque, soudain, une volée de flèches s'en envole en chuintant légèrement dans les airs. Je recule précipitamment, incrédule, et contemple d'un air effaré les projectiles qui se fichent dans le sol en vibrant, à dix pas devant moi.

"Plus un pas pourriture de Shaakt! Un geste et on te transforme en porc-épic!"

Et merde. Dans mon épuisement j'ai oublié ce détail: je porte une armure d'Omyre et j'ai la bouille aussi noire que le péché. Je lève lentement mes mains vides de manière à les mettre en évidence et hurle d'une voix cassée:

"Je ne suis pas un Shaakt. Vous me connaissez, je me nomme Tanaëth Ithil! Regardez mon fauve, vous l'avez déjà vu!"

Méfiants, les gardes se penchent un peu aux créneaux pour m'observer tout en discutant entre eux,mais je suis trop loin pour entendre ce qu'ils se disent. Pour finir, l'un d'eux braille en réponse:

"Approche, et garde les mains bien en évidence!"

J'obtempère sagement et m'arrête à quelques mètres du mur en levant le visage vers les défenseurs afin qu'ils distinguent mieux mes traits. Mais cela ne suffit pas à les convaincre, si certains d'entre eux m'ont déjà croisé ils ne me reconnaissent pas, comment leur en vouloir alors que c'est à peine si je me reconnais moi-même? Néanmoins les portes finissent par s'entrouvrir et une escouade de soldats en sort, arcs bandés et piques prêtes à l'emploi. C'est leur officier qui me reconnaît après m'avoir scruté attentivement pendant plusieurs longues secondes:

"Eh bien, sieur Ithil, ça n'a pas dû être la fête tous les jours, dites-moi. Sans vouloir vous manquer de respect je crois que même votre mère aurait du mal à vous reconnaître. Laissez passer vous autres!"

"Comme vous dites, officier, les derniers temps n'ont pas été très cléments."

Je franchis la porte avec soulagement dès que les gardes me livrent passage puis me dirige sans plus tarder vers la commanderie d'Opale en coupant à travers bois, mieux vaudrait que je me décrasse et change de tenue avant de fouler les rues du patelin, prendre une flèche dans le ventre maintenant serait d'une ironie par trop amère à mon goût.


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