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 Sujet du message: [Luminion] Gars'rock (taverne)
MessagePosté: Lun 6 Mai 2013 17:59 
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Au Gars’rock !



Comme la majorité des bâtisses de Luminion, la taverne Gars’rock est massive, à pan de bois sur un haut soubassement de pierre. La porte en bois, haute et large, reste rarement fermée. Le passage y est fréquent ; les soldats en place y sont pour beaucoup.
Une cheminée carrée, ouverte aux quatre faces, domine le centre de la pièce principale. Des victuailles pendent à proximité et les tables s’organisent autour de cette source de chaleur et de lumière. Les fenêtres pourraient également apporter de l’éclairage, mais les carreaux sont crasseux et, dans un col de montagnes, le temps d’ensoleillement est particulièrement réduit.
Au fond, un comptoir ferme l’accès aux réserves de nourriture et de boisson.

Les soldats viennent dans cette taverne pour oublier l’horreur des combats et s’accorder le droit de rire, de se détendre, de vivre. Personne n’aurait l’idée de chercher les ennuis et quiconque s’emporterait serait mis rapidement à la porte, aidé par deux clients.

Surveillant cette belle famille se trouve un couple de gérants : Rogoune et Moumer. Ils entretiennent avec la clientèle des lieux une relation de confiance, de taquinerie et de bonne humeur.

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Alors il y a une règle que je veux que vous observiez pendant que vous êtes dans ma maison : Ne grandissez pas. Arrêtez, arrêtez dès cet instant. Wendy dans "hook" (petit hommage à Robin Williams)
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 Sujet du message: Re: Gars'rock : taverne de Luminion
MessagePosté: Sam 13 Sep 2014 00:05 
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La taverne grouillait de monde. A peine avait-il passé la porte, Léon savait que les prochaines heures seraient un calvaire. Peu importe, il était prêt à supporter la chaleur étouffante des lieux pour un maigre repas et une cruche de mauvais vin. Faisant son chemin entre les tables, Léon se dirigea vers le comptoir. La salle était presque exclusivement occupée par des hommes d’armes. Ces derniers venaient égayer leur quotidien de soldat d’un bon repas ou d’une partie de dés entre amis. Au fond de la salle, un homme à la barbe fournie, chantait un air montagnard qu’une partie de la salle reprenait à tue tête. Derrière lui, un vieil accordéoniste posait quelques accords au rythme des paroles.

« Ho Manon belle bergère
Le matin s’en alla aux buis
Ram’na des herbes à son père
et un ventre bien rebondi »


Le chanteur, porté par les encouragements de la foule, entreprit de retirer son gilet, dévoilant son énorme ventre et provoquant l’hilarité de son auditoire. Dans cette heureuse atmosphère, personne ne remarqua l’homme misérable qui alla s’accouder au comptoir. Rogoune et Moumer étaient derrière le bar et semblaient profiter d’un moment d’accalmie dans les commandes. Les yeux vitreux, Léon croisa le regard du premier.

« Bonsoir, maître Arthès, fidèle à tes habitudes ! Je t'attendais toutefois hier soir ! »

« Bien le bonsoir, Rogoune,effectivement, j'ai été pris par l'orage. J'ai trouvé refuge dans une grotte et ne suis arrivé en ville qu'au matin. »

« Et quel orage ! Il faut dire qu'il a fait un temps épouvantable hier. »

Suivit un silence gêné, Rogoune semblait attendre que Léon lui adresse la parole.

« … Hum bref, tu prendras le tour de plonge ce soir, après quoi je te ferai servir le soupé. En revanche mes chambres sont toutes prises. Si tu nous files un coup de main à la fermeture, tu pourras prendre une banquette. Il te faudra simplement déguerpir avant l'ouverture de la salle. »

« Ça me convient... »

« Alors file en cuisine ; a l'heure qu'il est la cuisine dégueule déjà de vaisselle à laver. »

Léon, fit mine de partir puis revint.

« Merci... »

« Fiche le camps ! »

Rogoune était une vielle connaissance. Ancien compagnon d'armes de Léon, il avait choisi de quitter l'armée suite à son mariage avec Moumer. Il y a quelques années, Léon y avait passé des soirées mémorables. Avec son régiment, il avait notamment fêté chacune de ses montées en grade dans cette taverne. Plus tard, Léon avait conseillé le Gars'Rock à bon nombre des voyageurs ayant fait appel aux services de sa milice. Depuis sa déchéance, Rogoune avait été bienveillant avec Léon, lui proposant même de travailler à plein temps chez lui. Mais il avait refusé, préférant se retirer dans les montagnes, dans l’oubli.

Les montagnes… Léon en rêva pendant toute sa tournée de plonge. Située à l'arrière des cuisines, il y régnait une chaleur épouvantable. Débarrassé de son bâton et de son manteau, le maître d'armes déchu, nettoyait à présent assiettes, couverts et plats à une vitesse frénétique. Son bras commença à le faire souffrir. Plus qu'une douleur, une brûlure intense le lançait au niveau de son ancienne blessure et se répandait dans son corps, provoquant une sensation de chaleur insupportable. De temps à autres, et avant de rincer la grande bassine dans laquelle il faisait son office, Léon s'aspergeait un peu d'eau sur le corps et trempait son bras dans l'eau saumâtre. Suant toujours à grosses gouttes, Léon continua son labeur, tandis que côté cuisine, le chef cuisinier hurlait des ordres à ses commis.
Les heures passèrent, et le service arriva à son terme. Léon s'aspergea une dernière fois le corps et sortit quelques minutes avant d'aller prendre son repas. Moumer lui servit quelques morceaux de viande froide ainsi qu'un pichet de vin. Léon se jeta sur le vin, bu quelques verres à grandes goulées et laissa patiemment l'ivresse embrumer son esprit tout en mangeant sa viande.
Dans la salle, l'ambiance battait toujours son plein. Les larges plats de victuailles avaient été remplacés par des cruches débordantes de vin et de bière. Le chanteur bedonnant fut rappelé à plusieurs reprises et ne manqua pas à cette occasion d’exhiber à nouveau son ventre. L'esprit de Léon était ailleurs, voyageant d'un souvenir à l'autre, de son passé heureux.


(((La suite au post d'après)))

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Dernière édition par byrnisson le Sam 13 Sep 2014 23:51, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Gars'rock : taverne de Luminion
MessagePosté: Sam 13 Sep 2014 23:50 
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On lui tapota l'épaule. La salle était presque vide, seule restait une table où des soldats terminaient une partie de dés. Léon retrouva ses esprits, bien qu'encore sous l'effet bienfaiteur de l'ivresse et commença à aider Rogoune dans sa tâche. S'armant d'une éponge, il nettoya consciencieusement les tables. L'alcool n'avait pas coulé que dans les gorges des convives et ces dernières étaient au moins aussi imbibées que les trois ivrognes qui jouaient bruyamment.

« C'est un trois, j'te dis ! »
« Mais t'as de la merde dans les yeux, j'ai fait deux.. »
« Bon ben on recommence les gars ! C'ui qui perd… cul sec ! »

Venu à bout des tables, Léon commença à passer la serpillière. Pendant ce temps, le groupe d'irréductibles soûlards, conclut au terme d'un subtil débat que la partie de dés méritait d'être reportée. Ils s'engagèrent ainsi dans un échange de propos philosophiques.

« La femme du lieut'nant Herss, je lui passerais bien dessus ! »

« Et moi la femme de Rogoune... »

«ON FERME les gars, va falloir penser à rentrer chez vous »

« Ouais ouais... »

Obéissant à Rogoune, les trois soldats se levèrent dans un raclement de chaises, récupérèrent leurs manteaux et se dirigèrent vers la sortie.

« Hé mais dîtes donc ! C'est ce bon vieux Arthès ! »

Léon se raidit immédiatement, tenant plus fermement le manche de sa serpillière. Après réflexion, les voix des soldats avaient effectivement quelque chose de familier.

« Hé Arthès ! »

Léon se retourna, et fit face à ses interlocuteurs.

« Alors comment s'porte not' bon vieux Colonel! »

(Rekson…)

Rekson était lui aussi un vieux compagnon d'armes. Lui et Léon avaient fait leurs classes ensemble mais à la différence du second, Rekson n'avait pas progressé dans les grades au même rythme. Léon s'était rapidement retrouvé à commander d'anciens frères d'armes. Suscitant jalousies et rancœurs, il y avait perdu quelques amitiés. Rekson n'était pas vraiment l'un d'eux. En concurrence dès leur arrivée dans l’armée, la montée en grade de Léon n'avait fait qu'intensifier leur rivalité.

« Ben alors Arthès, tu réponds pas ? Dis moi ce que tu mijotes en s'moment ! Un ptit fiasco comme tu sais bien les faire ? »

Ses deux amis, des inconnus pour Léon rirent grassement. Visiblement, eux le connaissaient, ou du moins son histoire. Léon, les ignora, baissa la tête et reprit son travail.

« Hé hé , c'est ça, nettoie ! C'était bien la peine de frimer quand t'étais colonel. Au fond… (il déglutit) c'était ton destin… ! Moi aussi je vais être officier, comme mon père avant moi ! C'était mon destin… Toi tu finiras comme tes bouseux de parent, à patauger dans la merde. »

A la mention de ses parents, quelque chose s'agita dans l'esprit de Léon. Il pouvait supporter les insultes sur sa personne, il le faisait depuis 10 ans. C'était son fardeau. Ses parents non. Ce fut la goutte de trop. Où plutôt l'étincelle… Quelque chose dans son corps sembla réagir à la soudaine lucidité qui illumina son esprit. De son bras, le feu habituel se répandit et embrasa son corps.

(Ce n'est pas ton destin Léon ! Bats toi !)

Répondant à l'appel, Léon se retourna promptement et en un éclair envoya le manche de sa serpillière à la rencontre du visage de Rekson. Surpris par la vitesse et la force de l'attaque, ce dernier tomba à la renverse et s'écrasa lourdement sur le sol.
Ses deux compagnons réagirent au quart de tour et en un instant, Léon se retrouva au sol, roué de coups. Il sombra, inconscient. Ils cessèrent lorsque Rogoune, alerté par ce remue ménage les somma de cesser sur le champs.

« Ça va hein ! Il a frappé not' colonel ! Il mériterait bien pire... Pouah, en plus de ça, il empeste la sueur. »

Ils aidèrent Rekson à se relever. Sonné, par l'effet conjugué de l'alcool et du coup de serpillière, il arrivait à peine à tenir debout.Tout trois se dirigèrent vers la sortie.

«  Allez on se tire ! Quant à ce puant d'Arthès, il ferait mieux d'être loin d'ici à l'aube. M'est avis que Rekson reviendra lui botter le cul à la première heure. »

Léon fut réveillé à l'aube, pris de tremblements. Il ouvrit les yeux et réalisa que c'était Rogoune qui le secouait sans ménagement. Il avait été installé sur une banquette de la grande salle.

« Enfin, tu te réveilles sac à vinasse !  Tu m'as fichu dans un sacré pétrin cette fois, déclencher une bagarre, avec des gradés en plus ! »

Léon refit le court des événements dans sa tête. Le ménage, les soldats, l'affront de Rekson...

« Pas de problème, je pars sur le champs. Désolé pour tout cela. Je ne reviendrai plus te déranger »

Rogoune sembla regretter ses paroles.

« Mais non, ne t'inquiète pas, je suis sûr que l'an prochain l'affaire sera oubliée. Tu pourras revenir, comme d'habitude, je t'accueillerai à bras ouverts. »

Léon rassembla rapidement ses affaires : son manteau, son bâton, sa flasque... Il laissa sa flasque puis se retourna vers son ancien frère d'armes.

« Tu ne comprends pas, je m'en vais d'ici Rogoune, je ne reviendrai pas l'année prochaine. »

« Et tu vas aller où ? Tu ne possède rien ! Pas même quelques yus ! »

« Peu importe, il m'aura fallu dix années, mais hier soir j'ai réalisé une chose : c'est que j'ai encore la force de me battre ! »

Rogoune ne dit rien, visiblement étonné par ce que se passait sous ses yeux. Aussi Léon, se dirigea vers la sortie de l'auberge.

« Une minute l'ami ! »

Il se rua vers les cuisines et en rapporta une besace quelques minutes plus tard.

«Un soldat emporte toujours sur lui de l'eau et ses rations de survie. Voilà quelques victuailles qui te permettront de tenir quelques jours... »

« Une fois encore, me voilà contraint de te remercier. »

« Espérons que ce soit la dernière. »

« Je l'espère aussi. »

Léon fit mine de partir puis se retourna.

« Mer... »

« Fiche le camps ! »



(((Fin du RP la suite dans les montagnes)))

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 Sujet du message: Re: [Luminion] Gars'rock (taverne)
MessagePosté: Lun 6 Fév 2017 15:37 
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Ainsi que l'a annoncé Rolf, la salle est presque comble et bruyante à souhait, mais l'ambiance y semble chaleureuse et détendue car les rires dominent largement le vacarme. Sinwaë renâcle sérieusement à entrer dans ce lieu fermé et bondé, mais je ne peux le laisser vagabonder seul dans le bourg, si bien que je passe plusieurs minutes à l'apaiser et à le convaincre de franchir le seuil de la taverne. Sa présence me fait du bien et la nécessité de m'occuper de lui me sort de ce subit accès de mélancolie qui m'a saisi, conséquence imprévue de cette formation qui me rappelle tant mes jeunes années et ce que j'ai perdu en quittant Nessima.

Le silence se fait peu à peu dans la salle lorsque nous entrons, les regards se tournent vers nous et diverses expressions passent sur les visages des humains lorsqu'ils découvrent l'Ithilarthëa, admiration, crainte, curiosité...je salue l'assemblée d'un hochement de tête, remarquant qu'elle est en majeure partie composée de soldats, et me dirige vers la table où maître Baguaudaim s'est installé, en compagnie de deux hommes d'armes assez âgés et couturés de cicatrices. Une grande cheminée carrée et ouverte sur ses quatre côtés trône au milieu de la pièce, dispensant une agréable chaleur et entourée de nombreuses victuailles. Le tavernier, un Kendran d'une cinquantaine d'années bien en chair, ne tarde pas à déposer devant nous de lourdes chopes de bière en plaisantant avec mes compagnons de tablée, puis il me scrute d'un air intrigué et remarque avec un large sourire:

"Pas courant de voir un Sindel dans la région, mais si vous buvez autant de bières que vous avez d'armes ça compensera tous ceux qui sont pas venus. Je vous sers un repas?"

"Je crains de vous décevoir, je ne bois jamais d'alcool, mais un repas sera le bienvenu. Et dites-moi, messire Baguaudaim m'a dit que vous aviez peut-être une chambre à louer?"

"Pour sûr! C'est pas un palace, j'préfère vous l'dire de suite, mais c'est propre et y'a tout ce qu'il faut. Vous pensez rester combien de temps dans notre belle ville?"

"Une quinzaine de jours environ."

"Ah. Alors vous devriez goûter ma bière, parce que l'honneur m'interdit de louer ma chambre plus d'une nuit à quelqu'un qui ne l'aime pas."

Il me donne une grande tape sur l'épaule en éclatant de rire, soulignant ainsi qu'il plaisantait, puis se remet à l'ouvrage aussitôt car ce dernier ne manque pas pour servir les soldats assoiffés qui le taquinent déjà sur la longueur de ses pauses. A peine est-il parti que c'est Rolf qui m'entreprend en désignant du menton la chope posée devant moi et en levant la sienne pour trinquer avec un léger sourire en coin. Ses deux comparses se joignent à la manoeuvre et me pressent de taquineries, supposant que je n'ai pas encore l'âge ou que je ne tiens pas l'alcool, ce qui est sans aucun doute la stricte vérité car je n'en ai pas touché une goutte depuis la nuit de la mort de Jaëlle, plus de trente années auparavant. Je tente bien de refuser mais ces bougres prennent alors à parti toute la salle, qui se met bientôt à taper du poing sur la table en braillant:

"Une bière! Une bière! une bière!"

Je ne sais pas ce qui me prend ce soir, mais je finis par hausser les épaules et vider ma chope comme un grand sous un tonnerre d'encouragements. A peine l'ai-je reposée sur la table qu'elle est remplacée par une pleine, accompagnée d'un grand bol fumant de ragoût et d'épaisses tranches de pain frais. Le tavernier a en outre la prévenance d'apporter un énorme os encore pourvu de viande et un récipient d'eau à Sinwaë avant que je n'aie eu besoin de le lui demander, un geste simple mais qui en dit beaucoup sur la nature de cet homme. De fil en aiguille je vide ma deuxième bière, puis un verre de ce fameux vin de Blanchefort dont Rolf m'a parlé, vite suivi d'un deuxième puis d'un troisième. Je n'ai pas l'impression d'être vraiment saoul, mais je me suis notablement déridé et je ne tarde guère à me joindre aux rires et aux plaisanteries, ce qui ne m'était pas arrivé depuis des décennies. Force m'est d'admettre que la bière et le vin sont excellents, tout comme le ragoût savoureux à souhait, et que cette soirée improvisée me fait le plus grand bien en me permettant de chasser provisoirement mes idées noires et mes questions existentielles.

La salle finit par se vider progressivement et, après une brève sortie pour permettre à Sinwaë de se soulager, c'est en tanguant quelque peu que je suis l'aubergiste pour gravir l'escalier menant jusqu'à la mansarde qui va devenir ma demeure pour ces prochains jours. Située sous le toit, elle est pourvue d'un lit tout à fait correct, d'une table et de deux chaises ainsi que d'un coffre et d'un nécessaire de toilette. Une petite lucarne triangulaire percée d'une fenêtre aux carreaux de verre épais doit laisser passer un peu de lumière, complétée par plusieurs cierges, mais à cet instant la seule chose qui m'intéresse est le lit qui me fait des yeux si doux que je n'ai pas la moindre envie d'y résister. Une fois l'aubergiste parti, je me défais de mon pesant harnachement avec un indicible soulagement tandis que mon fauve fouine partout avec curiosité. Je me décrasse sommairement avant de m'allonger, riant tout seul et tout bas de sentir le monde tourner follement autour de moi, ce qui ne semble pas enchanter Syndalywë que je sens boudeuse. Elle s'abstient pourtant de commenter, j'avais vraiment besoin de lâcher prise quelques instants et elle est assez sage pour l'accepter, ce dont je lui sais gré.

Quelques heures de méditation somnolente plus tard, l'effet des breuvages se dissipe, tout comme la légère euphorie qui m'avait gagné, ce qui me permet d'entamer une réflexion sérieuse sur l'avenir. Bien des questions se posent après cette entrevue avec le Duc, non seulement personnelles mais également à propos des Danseurs d'Opale car il me semble temps de préciser la stratégie de l'ordre pour les mois à venir. Je vais devoir consacrer une grande part de mon temps et de mon attention au conflit agitant Nirtim, mais cela ne doit pas occulter le fait que l'ordre, lui, doit également poursuivre son évolution et son action sur les autres continents. Ceci étant, Nirtim est devenu un point crucial de notre stratégie globale, une clé qui pourrait, à terme, nous ouvrir les portes du Naora et nous permettre d'influencer directement sur le destin de mon peuple. L'entrevue avec Robert de Pérussac m'a notablement renseigné sur les difficultés qui nous attendent, il nous faudra du temps pour devenir des interlocuteurs de poids auprès des dirigeants de ce continent, plus sans doute que nous ne l'avions imaginé. C'est une danse longue et complexe que nous abordons, l'Opale ne dispose que d'une puissance très restreinte à cette heure et les véritables Danseurs sont rares, il faut donc que les actions de chacun soient soigneusement coordonnées pour obtenir un impact maximal. Mais comment?

Je me rends vite compte en réfléchissant que je manque cruellement d'informations récentes quant à l'ordre. Je sais qu'il existe près de Mertar une forteresse de l'Opale, qu'elle devrait à cette heure être dirigée par le commandeur Illinwë que nous y avons envoyé depuis notre repaire en Imfitil, mais mes connaissances s'arrêtent là et c'est une grave faiblesse. Songeur, je m'empare de mon nécessaire d'écriture télépathique et rédige un court message à l'attention du dirigeant de Clair de Lune:

(Commandeur Illinwë, veuillez envoyer au plus vite votre maître d'arme le plus compétent me rejoindre à Luminion, assurez-vous qu'il soit en mesure de me faire un rapport détaillé de la situation de Clair de Lune et de l'avancée de vos objectifs. J'ai également besoin de connaître les missions en cours sur Nirtim et de savoir qui sont les agents s'en chargent. Probable ouverture d'une commanderie à Luminion afin d'en soutenir la défense, prenez les mesures nécessaires. Puisse Sithi veiller sur vous. Tanaëth Ithil.)

En parlant de rapport, il serait aussi bon que j'informe la milice d'Hidirain des résultats de ma mission, passer pour un déserteur n'arrangerait pas nos affaires. J'adresse donc un second message à l'officier qui m'a confié la tâche d'éloigner le diadème de la mère d'Oaxaca d'Hidirain et d'obtenir tous renseignements utiles sur les événements de Bouhen et ce nouveau monde dont il était question:

(Salutations. Rapport de mission de Tanaëth Ithil: fluide spatial de Bouhen mène au monde d'Izurith, en suis revenu et me trouve actuellement à Luminion. Rapport Izurith: monde très avancé technologiquement, peuplé d'humains, de Shaakts et de Sindeldi. Monde ravagé par arme effroyable nommée "canon", utilisée dans guerre entre humains et Shaakts-Sindeldi sept siècles auparavant. Humains ont été esclaves des Elfes, se sont rebellés et ont remporté la victoire. Dirigent aujourd'hui la seule ville, Izurith, sont environ vingt millions. Elfes survivants réfugiés dans camp souterrain situé dans terres désolées, forte tension et menace de nouvelle guerre avec les humains, raison de l'appel de Bouhen. Une unique déesse très peu connue: Zarha'Eïla, influence exacte indéterminée. Sindeldi arrivés sur Izurith depuis Eden, incohérence temporelle non résolue par rapport à historique Yuimenien. Seule ressource Izurith: technologies avancées. Manquent de nourriture, animaux, plantes etc. Danger pour Yuimen: technologie militaire, canon dévastateur. Vais tenter d'y envoyer un agent de l'Opale pour poursuivre mission. Rapport diadème: en ma possession, vais rester sur Nirtim et m'assurer que cela soit su par forces Oaxaca en les combattant. Contactez Danseurs d'Opale pour me joindre si nécessaire.)

Je repose songeusement ma plume après ce résumé succinct, repenser à la milice d'Hidirain me rappelle inexorablement Ethëll, et la décision que j'ai plus ou moins prise à notre propos hier soir. Tout me semblait clair alors mais, maintenant que je suis face à la surface vierge de mon nécessaire d'écriture télépathique, je réalise que tout est confus en moi. J'aime véritablement cette femme, si peu que nous nous soyons vus, cette décision que j'ai envisagée hier soir est-elle vraiment la bonne? Je n'en sais rien, fichtrement rien. Je répugne à me séparer d'elle en y pensant bien, mais quel avenir pour nous? Aucun, sans doute, dans le meilleur des cas nous nous croiserons durant quelques rares journées toutes les quelques années, est-ce ce que je souhaite pour nous? Non...je sais bien que non, mais cela ne rend pas ma décision plus aisée. D'autre part, l'avertir de cela par ce moyen télépathique ne me plaît pas, le plus élémentaire respect voudrait que je lui en parle en face. Mais je sais aussi pertinemment que, si je me trouvais devant elle, il ne serait plus question de rupture. Que faire, par Sithi?!

(Tu n'envisages que des extrêmes, mon bien-aimé. Peut-être n'est-ce pas la meilleure solution pour le moment?)

(Peut-être...mais je ne peux pas lui dire d'attendre un siècle ou deux que je me décide...ou que le destin décide pour nous. Ce serait...ignoble.)

(Je ne peux prendre cette décision à ta place, Lame du Crépuscule. Mais sache que les avenirs où tu partages sa vie comme vous en avez rêvé sont peu nombreux et très incertains, bien qu'il en existe. Le choix de les laisser ouverts, ou pas, n'appartient qu'à toi. Quoi qu'il en soit, la voie que tu as choisie, que nous avons choisie, nécessite que tu sois libre de t'y consacrer corps et âme, ne laisse pas l'amour devenir une entrave bien-aimé, fais-en une force, ou tu échoueras. Prends le temps de réfléchir, voilà mon conseil.)

(Prendre le temps...peut-être est-ce sage, en effet...mais je déteste ce sentiment d'indécision qui ne me ressemble pas...)

(Ombre et Lumière, Tanaëth. Et, entre les deux, un délicat équilibre. Personne ne t'a dit que ce serait facile.)

Je soupire doucement, conscient de la sagesse des paroles de Syndalywë mais ne parvenant pas vraiment à me faire une raison. Sans doute faut-il que j'y réfléchisse encore, les décisions hâtives et impulsives sont rarement les meilleures. Je range donc mon matériel et, réalisant que l'aube est en train de pointer, je m'équipe pensivement avant de rejoindre la salle commune de la taverne, où m'attend un solide déjeuner qui me permettra d'affronter le rude entrainement prévu pour cette nouvelle journée.


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 Sujet du message: Re: [Luminion] Gars'rock (taverne)
MessagePosté: Mar 7 Mar 2017 11:27 
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Partie précédente du chapitre

Arc du Souffle du Voile

Chapitre XI.3 : Un verre de trop au Gars'Rock



Arrivés devant la Taverne, pendant que le reste de la caravane dételait les chevaux pour un repos bien mérité dans une vraie étable, Akihito accompagna Brumal à la rencontre du fameux tavernier, passant par la porte d’entrée qui était maintenue ouverte en permanence par un trafic intense.
Dans la taverne, le bruit était intense et composé principalement de rire gras, d’exclamations enjouées et de vociférations de soldats misant entre eux leur solde aux cartes.

« Rogoune ! Alors, toujours accroché à ton vieux comptoir vieux radin ? »

Le Rogoune en question était un homme solidement charpenté à la chevelure châtain, les yeux marrons et un petit peu de bedaine arrondissant un tablier autrefois blanc, mais salis et usé à l’instar de celui de tout bon tavernier se respectant.
« Brumal ! Vieux briscard, on ne t’attendait pas avant 2 jours !


- J’ai avancé un peu mon départ, et j’ai ramassé 2 ptits jeunes en chemin, du coup on s’ra 2 de plus pour crécher. Dis, ce gamin à jamais goûter à ta bibine, sers nous 2 chopes !
- Tout de suite ! » dit le tavernier en prenant 2 chopes de bois cerclées d’acier et en les remplissant d’une bière d’une drôle de teinte rouge au tonneau situé derrière lui.

« Akihito, tu te souviens d’la façon de trinquer chez les Thorkins dont on vous a parlé ? » demanda le nain en prenant le verre en main.

(Evidemment ! Comment oublier un rituel aussi particulier ?) pensa Akihito en prenant à son tour le verre. Il choqua de la base de sa chope le dessus de celle du nain, faisant mousser la bière et l’obligeant à la boire d’une traite pour pas qu’elle ne déborde, puis celui-ci fit de même avec celle de Akihito qui se mit lui aussi à boire la bière longuement. Elle avait un goût très fruité, des fruits rouges avaient dû être incorporé à la bière, ce qui diluait un peu l’amertume habituelle de la bière.
Il n’arriva pas à terminer sa chope et la reposa au trois quart vide pour reprendre son souffle, ce qui fut rendu difficile par la tape dans le dos de Brumal.

« Eh t’as une bande descente pour un humain ! tonna le marchand alors que le reste du convoi pénétrait dans la taverne, Gramaar en tête. Tavernier ! T’nous en remets une de tournée pour moi et les autres ! »

La bière coula à flots, les nains montrant une descente exceptionnelle pour de si petits êtres. Une fois la deuxième chope vidée, la femme de Rogoune apporta à la table de nains une assiette pleine de bœuf d’Akinos, le village non loin de Luminion, agrémenté de divers légumes et re-remplit ensuite les chopes vides.
Akihito dilua cette troisième bière dans le plat, avant de sortir prendre l’air, la chaleur de la taverne l’étouffant quelque peu.
(Je me sens un peu embrumé par l’alcool avec toute cette chaleur, et l’air frais me fera le plus grand bien.)

Sortant quelques instants à l’air libre, Akihito ferma les yeux un instant et s’adossa au mur de la maison à côté.
Sentant son esprit devenir plus clair après quelques minutes, il ouvrit les yeux et se décida à rejoindre les autres. Au même moments, des éclats de voix lui vinrent de l’entrée de la taverne : deux hommes bien bâtis identifié comme des soldats grâce à leur blason brodé sur leur pourpoint jetèrent un troisième homme qui semblait bien ivre avec sa bouteille dans la main.

« Retourne désouler chez toi Akim ! T’as assez bu comme ça ce soir !


- C’est cette… trainée là… ella pas voulu m’recervir un autre godat.. gudet.. godet !


- Arrête de dire des conneries et fout moi le camp avant que je m’énerve ! » hurla le soldat.


En grommelant, le pochtron se leva, la bouteille toujours dans la main, et tituba dans la direction de Akihito qui avait regardé la scène de loin en se dirigeant vers l’entrée. Au moment où les deux hommes se croisèrent, celui ivre attrapa le mage au bras.
« Toi ! T’as tout bu n’essse pa ? dit l’homme d’une voix traînante et agressive.


- Absolument pas, j’étais sorti prendre l’air et j’allais rentrer.


- Mouarf.. » répondit le buveur en lui lâchant la main, avant de lui briser sur le crâne la bouteille qu’il tenait d’un mouvement ample.


Akihito cria de douleur et recula en portant les mains à son crâne.

« J’eume pas les blancs-becs comme toi ! Vous croyeeeeeeez tout savoir sur touuuuuut pace que vous vn’ez d’la ville c’est ça ? J’vais te dérouiller connaard !»


L’homme se rapprocha alors de lui et lui donna un crochet dans l’estomac, lui coupant la respiration et le mettant à genoux.
(Bordel, avec tout le boucan dans la taverne, les autres ne m’ont pas entendu !) jura le jeune homme en bloquant in extremis avec ses avant-bras un coup de pied qui visait son visage. (Je dois rentrer dans la taverne, et vite !)
Se relevant difficilement, Akihito essaya de se diriger vers la taverne, mais l’ivrogne lui barra la route, le menaçant de son tesson de verre.

« Nonononon mon p’tit père, tu restes là heiiin ? Va pas voir tes copains. »

Il tenta alors de lui porter un coup au bras avec le débris de verre, mais Akihito cette fois ci s’y attendait et pu l’esquiver en se baissant et lui porta un coup du gauche aux côtes, ce qui fait grogner son assaillant en l’encaissant.

« Tu frappes comme une fillette spèce de fiotte ! » répliqua avec rage l’ivrogne avant de lui porter un autre coup de tesson au bras gauche, ce qui déchira sa tunique et ouvrit sa peau en dessous.


Se tenant le bras de la main droite, le jeune homme blessé fit l’inventaire de ses options, qui n’était pas nombreuses malheureusement. Il avait peu de chance de battre à mains nues son adversaire, son épée était avec ses affaires, et à part le yus qui se trouvait dans sa poche, il n’avait rien sur lui. La seule chose qui lui restait donc, c’était son fluide. Il ne voulait pas l’utiliser contre cet homme, il ne devait surement pas foncièrement méchant. Mais saoul comme il l’était, il devenait dangereux pour sa vie, et son bras qui le lançait y faisait douloureusement écho.
Tout à coup, une idée lui vint, et Akihito sourit.

« Tu t’payee ma tête c’est ça ?????? ENFOIRE !! »
hurla l’homme en brandissant son arme.


(Décharge de Valyus !)

Tendant le bras, le fulguromancien envoya un éclair qui tonna dans la nuit et alla calciner la surface du pavé juste au pied du pochtron, qui arrêta tout d’un coup de beugler.

« La prochaine fois je te louperai pas, alors pose ce tesson de verre. MAINTENANT ! »
menaça le jeune homme.

Alors que l’homme terrorisé laissait tomber son débris de bouteille par terre, les soldats et Brumal sortirent de concert pour voir d’où venait cet éclair qu’il avait entendu malgré le bruit, et découvrirent la scène. Aussi médusé que terrifié, Akim se laissa maîtriser manu militari et emmener en prison par les soldats, alors que Pétunia, appelé par Brumal, accourait avec ses herbes et ses bandages.
Akihito se laissa faire, et raconta la courte agression qu’il avait subi.

« J’ai alors décidé d’utiliser ma foudre pour faire le maximum de bruit et pour que vous m’entendiez malgré le vacarme de la taverne. Force est de constaté que ça a marché !

- Bravo mon vieux, le félicita Hïo, t’as réussi à gérer cette situation sans le blesser !

- Gérer est un bien grand mot… Ca a failli mal tourné pour moi à plusieurs reprises. Et…
Ah, à voir le regard furieux que me lance Pétunia, je ferai bien d’aller me reposer maintenant qu’elle a fini les bandages.


- Vaut mieux, allez je t’accompagne ! » déclara le forgeron en passant le bras de son ami au-dessus de ses épaules pour le guider vers sa chambre qu’il partageait avec Hïo, Gramaar et Drom.

Une fois dans son lit, la blessure de son bras bandée et celle à sa tête (par miracle, il s’en tirait avec une « simple » énorme bosse) apaisée, Akihito sombra rapidement dans le sommeil, son corps se vidant petit à petit de toute l’adrénaline sécrétée.

« Alors c’est ça, l’aventure… »




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