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 Sujet du message: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Mer 22 Juin 2016 00:34 
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L’Espoir


(Vitesse standarde : X1)


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Ce navire elfe petit et maniable, quoique ne rivalisant pas en vitesse avec les grand galions kendrans ou les célèbres frégates earionnes de Luinwë ou de Lebher, est conçu pour voguer en eaux variables. Vu son faible tirant d’eau, il ne permet pas de réaliser de grandes traversées océanes loin au large des côtes. Privilégiant les voyages côtiers, donc, longeant les plages et les falaises de Nirtim du nord au sud et d’est en ouest, la principale activité de l’Espoir est la contrebande.

Son équipage, formé d’humains et d’elfes de toutes ethnies, mais majoritairement hinions et taurions, est sous les ordres d’un semi-elfe impétueux et vif, mais qui sait se faire discret quand il le faut. Son but est de mener l’Espoir au bout de sa mission, mais pas à tout prix : il mesure et calcule sans cesse les risques pris par ses marins, et ne s’engage jamais dans une affaire sans être sûr de sa réussite.

Être de peu d’éthique, il accepte cependant n’importe quel type de marchandise sur son rafiot. Des officielles, en vente sur les marchés, mais de la contrebande, également. Des marchandises illégales, volées ou interdites en quelques lieux. Des armes, parfois. Des esclaves, même, rarement. Il ne rechignera pas à prendre également quelques passagers, si tant est que vous montriez patte blanche et bourse pleine.

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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Mer 22 Juin 2016 01:23 
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    « L’avenir, c’est la trahison des promesses. »


L’obscurité. Une noirceur impénétrable, oppressante. Voilà tout ce que je pouvais voir, depuis plusieurs jours maintenant. Et rien d’étonnant à cela. Aucune nuit magique n’était tombée sur le monde, aucun âge des Ténèbres. Un bandeau, une étoffe douce, quoiqu’épaisse, me masquait les yeux, ôtant à mon esprit le plaisir de la vision. Le crâne engoncé dans une migraine atroce aux relents éthérés, je tâchai de me souvenir de ce qui s’était passé. Tout semblait flou, et confus.

Du plus loin que je me rappelais, j’étais à Cuilnen la Blanche, m’éloignant du Belvédère des Marchands où je m’étais pourvu en fluides magiques. De quoi augmenter la force de mon pouvoir. Pourtant, leur absorption n’était pas à l’origine de mon état, et de ma cécité forcée. Je ne sentais, en mon corps, que ceux que je possédais jusqu’alors, et qui m’avaient été révélés, foudre crépitante, alors que je vivais encore dans les brumeux marais de l’Atha Ust. Je tâchai de me concentrer davantage. Et petit à petit, je sentais la mémoire me revenir, alors qu’un nom irradiait dans mon esprit comme la source de mes maux.

Almavendë.

La jeune elfe, fille d’une autre vie. C’était elle que je cherchais en quittant le Belvédère. Elle qui avait promis de me suivre dans la quête de mon passé, de mes recherches. Et cette promesse, elle l’avait faire à Thelenwë, la puissante Reine d’Anorfain, pour assurer sa libération. Une promesse rapidement oubliée, visiblement. Car à peine l’eussé-je aperçue au détour d’une clairière entourée d’habitations boisées, arborant un air grave et un regard presque désolé - presque - de ces regards qui demandent pardon, mais dont on sait qu’ils sont décidés, qu’un fort parfum d’éther aux senteurs boisées et végétale emplit mon nez, puis mes poumons, et avant que j’aie pu esquisser le moindre geste, prononcé le moindre mot, poussé le moindre cri, mes sens m’abandonnèrent pour me laisser inconscient.

Lorsque je m’éveillai, j’étais à cheval, yeux bandés et mains ligotées dans le dos, maintenues fermement par le cavalier qui me transportait devant lui. Je me perdis un instant dans la contemplation aveugle de mon environnement. Le galop du cheval, outre la nausée incertaine d’une course sans vision, m’indiqua que nous étions encore dans la forêt, sans doute encore en Anorfain, à parcourir ces bois sacrés qui faisaient la fierté des elfes sylvains. L’être qui m’avait à sa charge était un cavalier aguerri, sans aucun doute possible, car il fallait l’être pour maintenir la course d’un canasson, si brave soit-il, tout en gardant la main mise sur un prisonnier, poids mort plus gênant qu’une inerte marchandise. Je constatai également qu’il ne chevauchait pas seul, entendant tout autour d’autres chevaux galoper au même rythme. Trois. Quatre, peut-être. Fier de ces certitudes, je m’exclamai :

« Relâchez-moi ! Faites-moi descendre ! »

Le ton s’était voulu sec, impératif, mais l’assurance dont j’avais fait preuve était à revoir. Sans savoir à qui je m’adressais, ni être certain de l’endroit où je me trouvais ou dans la position où j’étais, il m’était difficile d’avoir toute la certitude requise pour ordonner une chose de la sorte. Et ça ne manqua pas : ils ne ralentirent même pas l’allure, ni ne daignèrent me répondre directement. Mais au moins, ils parlèrent, et cela me donna d’autres indices sur leur identité probable.

« Il s’est éveillé ! »

C’était une voix masculine, mais claire et pourtant posée. Un elfe, jeune mais adulte. Mon cavalier. Une vois sur la droite répondit, féminine celle-là, mais pas celle d’Almavendë.

« Et bien fais qu’il se tienne tranquille, nous sommes bientôt arrivés. »

Les intonations étaient caractéristiques de certaines tribus taurions vivant le long des côtes est de l’Anorfain. Un accent à peine audible, pour qui ne vit pas ici, mais dont j’avais su garder la trace. C’était de l’une d’elle que Cemastar, mon précédent avatar, taurion, provenait. J’acquis la certitude que ma fille par procuration n’était pas parmi eux. Ce qui signifiait, ou pouvait signifier plusieurs choses : c’étaient des alliés à elle. Elle m’avait confié à eux à l’aveugle. J’en ignorais le but, mais la certitude était acquise. Si elle avait été là, elle aurait répondu à la place de la dame elfe chevauchant à ma droite. Et si ça n’avait pas été des alliés, elle aurait eu un air moins subtilement assuré lorsque je l’avais croisée en la cherchant dans cette clairière. M’avait-elle vendu ? M’avait-elle confié à ses amis contrebandiers ? Dans quel but ? Pour quels desseins ? J’imaginais sans peine qu’elle veuille me fausser compagnie. Je croyais assez peu à sa promesse de me suivre, faite de mauvais gré, quoiqu’elle me doive. Elle n’avait pas non plus apprécié, sans doute, l’autoritarisme dont j’avais fait preuve en lui indiquant sa sentence. Ainsi, elle avait profité du temps de mes achats pour prévenir des connaissances, et organiser un rapt en bonne et due forme. Une question, parmi d’autres, demeurait pourtant : où m’emmenaient-ils ?

Je n’eus guère l’occasion d’y penser plus que ça : le parfum puissant qui avait eu raison de moi une première fois réitéra son effet, envahissant mon nez et mon esprit qui tomba dans les vapes sans me laisser un brin de conscience.

Et voici que je m’éveillais, groggy et nauséeux, les mains et pieds attachées, les yeux toujours bandés, et victime d’une migraine par trop désagréable. Je portais toujours mes habits, cependant. Et je sentais pendre sur mon poitrail le médaillon de la Reine de Cuilnen. Ils n’étaient pas des pillards. Une fois de plus, je m’adonnai à une exploration muette et aveugle de mon environnement. La chose qui me frappa le plus, dans un premier temps, furent les bruits de bois qui grince, et de flics et de flocs contre la paroi sur laquelle j’étais appuyé. Le rouli continu me confirma mes doutes : j’étais à bord d’un navire. Sans nul doute, j’avais été mené à Luinwë, le port le plus proche de la capitale elfe, pour me faire embarquer dans un navire accosté là. L’hypothèse du contrebandier se confirmait. Ces marchands de l’ombre possédaient souvent des navires leur permettant d’aborder facilement des criques extérieures aux grands ports. J’étais dans l’un de ceux-là. J’en avais maintenant acquis la certitude. Autre certitude : il n’y avait personne avec moi. Pas de garde, pas de spectateur. Je devais être à fond de cale, avec les marchandises de contrebande. Les marins, peu nombreux sans doute, sur ce type de navire, devaient tous être à leur poste. Ils ne pouvaient pas se payer le luxe d’un garde ou d’un type qui ne ferait que surveiller des êtres qui n’avaient de toute façon nulle part où aller. D’où les liens qui me maintenaient prisonniers.

Je décidai néanmoins de me débarrasser du bandeau qui me fermait les yeux. Frottant l’arrière de ma tête, où il était noué, contre la paroi de bois du vaisseau, je n’eus guère de difficulté à parvenir à mes fins, et bien vite, je retrouvai le sens de la vue, fort aise de n’être pas en pleine lumière, pour n’être pas aveuglé.

J’avais bien raison, dans mes certitudes : j’étais à fond de cale, sans garde. Les caisses et tonneaux de divers acabits me cernaient, laissant peu de place pour une vie confortable. Les contrebandiers avaient fait le plein en Anorfain pour distribuer les ressources du riche royaume aux humains plus pauvres qui vivaient en bordure. À moins que le voyage ne fut plus long. Mes affaires étaient à côté de moi. Ma besace et mon matériel d’écriture. Mes précieuses fioles de fluide.

Là où j’avais tort, par contre, je le constatai bien vite, c’est que je n’étais pas seul. Non loin de moi, en face, sur l’autre paroi du navire, une jeune elfe blanche semblait dormir. Inconsciente, elle devait également avoir été enlevée à sa vie sans comprendre pourquoi. Était-ce commun, ce genre d’enlèvements ? Je ne me souvenais de rien de tel. Je la scrutai depuis la pénombre du lieu pour en détailler les traits. Elle était jeune, pour une elfe, indéniablement. Les traits juvéniles de son visage paisible en attestaient. Pourtant, elle était sufisamment âgée pour avoir, déjà, un corps de femme, qu’une robe noble et sans doute fort onéreuse, blanche, bleue et or, mettait en valeur de la plus belle des manières. Une chevelure longue et soignée, blonde comme les blés, attestaient de la pureté de son sang hinion. Elle les portait à la mode de Cuilnen, de la noblesse de l’Aratmen. Elle devait revêtir une importance probable, aux yeux de son peuple. Voulaient-ils l’échanger contre une rançon ? Je n’en saurais sans doute rien. Elle resterait peut-être une inconnue, tapie inconsciente dans la cale d’un navire.

Car même si elle s’éveillait, pourquoi parlerait-elle à un être comme moi, sombre et difforme. Aux origines viciées. Ainsi, je restai en silence, à la contempler.


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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Mer 22 Juin 2016 11:38 
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La première odeur que je sentis, ma première impression fut l’odeur de la mer, et le tangage d’un bateau qui me berçait. L’eau salée. Je me réveillai, la tête qui tournait. Mes yeux prirent un peu de temps pour s’habituer à la pénombre. Mon corps engourdi ne réagissait pas. Ma mémoire me jouait des tours, quand je me souvins de ce qui s’était passé. Un enlèvement. Je commençai à bouger, et je me retournais quand je vis que je n’étais pas seule. Un être. Pas un homme, mais indéniablement de sexe masculin. Il possédait des caractéristiques de deux races, cela se voyait. Ce devait être un orque. Mais en même temps, certains de ses traits me semblaient trop fins pour cela. Et je me rappelai qu’il y a quelques jours, j’avais assisté à une audience de la Reine. Une personne avait expliqué à l’assemblée qu’elle faisait des recherches. Sur le « sang ancien », il me semble. Et c’était lui. Un semi-shaakt. Je vis alors le médaillon sur sa poitrine, toujours intact. Il ne pouvait donc pas m’avoir enlevé, sinon le médaillon se serait brisé. Il avait dû subir le même sort que moi. Je me raclai la gorge pour commencer à parler.

« Le sang ancien, n’est-ce pas ? C’est toi qui l’autre jour était venu nous faire part de tes recherches ? Je ne pense pas me tromper sur ce point. » déclaré-je.

Je me demandais s’il m’avait vue. J’étais assise près de la Reine à ce moment là. Je n’attendis aucune réaction de sa part pour continuer.

« J’ai été impressionnée par tes hypothèses et tes recherches. Ton travail m’intéresse. J’avais noté plusieurs de tes hypothèses, pour les comparer avec ce qu’on trouve dessus à la bibliothèque et dans les archives du pays. J’aurais pu finir mon travail pour te le passer après, mais tu vois… » me désignai-je.

Je pense qu’il ne m’avait pas vue. Bon, et bien tant pis. J'allais continuer, et zut.

« Au moins, je n’aurai pas à te chercher dans tout Cuilnen. C’est déjà cela. Je suppose que tu l’as compris, j’ai été enlevée. Et tu n’en n’es pas responsable, visiblement. » dis-je en pointant le médaillon sur sa poitrine.

J’avais fini mon monologue, cette fois. Je le regardais dans les yeux, attendant sa réaction. J’avais quand même réussi à être

Enlevée par des contrebandiers.

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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Mer 22 Juin 2016 13:39 
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    « Une vraie rencontre, une rencontre décisive, c’est quelque chose qui ressemble au destin. »


Assez vite, toutefois, je la vis se remuer, s’éveiller lentement. Ses paupières battirent, subtils papillons, pour dévoiler deux yeux céruléens notés d’une touche violette. De ces yeux où l’on tombe sans se relever, et dont toujours le souvenir reste gravé. Un regard d’elfe, comme j’en avais beaucoup, dans ma mémoire ancienne. Celui-ci se posa sur moi alors qu’elle émergeait doucement. Curieux, analytique, il me scrutait dans la pénombre du sous-pont.

Après cet instant de silence durant lequel nous nous jaugeâmes sans un mot, elle brisa le calme régnant ici en s’adressant à moi en des termes auxquels je ne m’attendais pas. Car les premiers qui sortirent de sa bouche furent « sang ancien », et qui m’étaient, du plus profond de mon être, intimement associés. Était-elle devine ? Possédait-elle ce rare don d’omniscience ? Mais l’explication, plus rationnelle, ne tarda pas à venir. Elle était présente lors de mon entretien auprès de la Reine, face à la Cour de Cuilnen. Ainsi donc, je n’avais pas tort d’avoir pensé qu’elle était importante pour ses semblables. Ce qui étayait mon hypothèse de la demande de rançon. Et ça ne sentait pas bon, même si je pouvais en conclure, temporairement du moins, que nos jours n’étaient pas directement en danger. Nous étions tombés sur des marchands, des monnayeurs, pas des assassins.

Ainsi donc, la jeune prisonnière elfe, à peine surprise d’être prisonnière, marqua un intérêt certain pour ce que j’avais pu dire à la Cour d’Aratmen. Visiblement, j’avais fait forte impression auprès de certains des siens, et elle en faisait partie. Au point même de vouloir me chercher dans la cité afin de m’aider dans ma tâche. Son dévouement hâtif et qui semblait pourtant sincère me surpris, et je ne parvins pas à le masquer. Cette jeune elfette, alors qu’elle était prisonnière, semblait aussi à l’aise que familière, sans doute rassurée de voir un visage amical et connu dans cette galère où elle était fourrée. Son intérêt non feint pour mes activités autour du Sang Ancien, passée outre la surprise, m’arrachèrent un sourire presque amusé.

« Hé bien, Zewen semble vouloir se faire farceur. »

Il me sembla pourtant curieux qu’une elfe de la haute, sans doute noble, quoiqu’elle fut jeune, m’adressait la parole avec un tutoiement bien familier. Ce n’était pas commun, dans leurs mœurs si codées. Peut-être était-ce de la sympathie, peut-être de la condescendance. Ne voulant pas l’offusquer, je ne m’y prêtai pas pour lui répondre :

« Je pense qu’effectivement, nous avons subi le même sort. J’aurais été drôlement doué, de vous avoir kidnappée les mains liées. »

Le trait d’humour, détendant, n’était pas sans un brin de cynisme. Je repris sur un ton plus solennel.

« Vous m’avez donc déjà croisé. Laissez-moi me rappeler à vous, en ce cas. Vadokan Og’Elend, chercheur de mon état. Comment puis-je vous appeler ? »

Les présentations étaient une introduction banale, mais efficace, pour faire connaissance. Une bonne introduction à une rencontre inattendue, dans l’attente d’en apprendre plus sur notre situation.


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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Mer 22 Juin 2016 14:11 
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Il me répondit, souriant, amusé.

« Hé bien, Zewen semble vouloir se faire farceur. »

« Je pense qu’il doit bien s’amuser là-haut moi aussi. De toute façon, il ne doit pas avoir grand-chose à faire, le pauvre. » confirmai-je en souriant.

« Je pense qu’effectivement, nous avons subi le même sort. J’aurais été drôlement doué, de vous avoir kidnappée les mains liées. »

« Effectivement. Mais tutoie-moi, par Zewen. Je suis plus jeune que toi, je n’ai que 70 ans. » ordonnai-je, les sourcils froncés.

Je n’étais pas si vieille. Quand même. En plus, les elfes n’accusaient que très peu le poids des années.

« Vous m’avez donc déjà croisé. Laissez-moi me rappeler à vous, en ce cas. Vadokan Og’Elend, chercheur de mon état. Comment puis-je vous appeler ? »

« Je connais déjà ton nom, et ta profession, Vadokan. Et je value ton travail, à son juste titre, lui accordant le mérite qui lui est destiné. » le coupai-je.

Je m’assis en tailleur, sur mes genoux. Je regardai ses yeux, noirs, dans lesquels je pouvais m’enfoncer, tomber, et essayer de trouver certains secrets bien cachés. Si je devais leur donner un adjectif, ce serait « ténébreux ». Mais je n’avais pas peur de ces ténèbres-là.

« Je me nomme Yuélia Al Samanya, je fais partie du corps diplomatique de l’Anorfain. » déclarai-je.

Je me présentais. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas fait. Mais je l’aurais fait tôt ou tard.

L’heure de se rencontrer était juste venue.

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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Mer 22 Juin 2016 14:48 
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La petite elfe, vivace et réactive, était pleine de la vigueur d’une jeunesse notable. Après une plaisanterie sur les occupations du Roi des Divins, le noble Zewen, elle m’ordonna de la tutoyer, sous prétexte qu’elle était plus jeune que moi. J’accueillis la sentence avec une surprise amusée. Tant de candeur et d’enthousiasme dans un être enlevé était à la fois curieux et plaisant. Elle ne semblait pas du genre à s’en faire, en tout cas. Je répliquai :

« Bien de tes semblables m’auraient pressé de les vouvoyer. Surtout ceux de la Cour d’Aratmen où la noble Thelenwë réside. Les êtres comme moi sont souvent mal vus, qu’importe leur âge. Je suis fort aise que ce ne soit pas vot… ton cas, Yuélia. »

Yuélia Al’Samanya. Ainsi s’était-elle présentée. Une elfe fort jeune, d’à peine sept décennies. L’adolescence, pour les siens. Ce qui expliquait son ingénuité notoire. Elle n’avait pas tort, en se disant plus jeune que moi, du haut de mes 111 ans. Selon le compte elfique ou non, par ailleurs. Elle vanta les mérites dus à ma profession, la saluant comme bien peu avant elle.

« Tu as toute ta place dans un corps diplomatique. Je ne connais que peu d’elfes aussi ouverts, qu’ils soient noirs, blancs ou verts. »

Je n’eus guère le temps de poursuivre que la porte menant à la cale s’ouvrit à la volée sur une silhouette à contrejour dont l’apparition m’éblouit, me forçant à plisser les yeux en grimaçant, révélant mes longues canines inférieures, souvenir de mes aïeux garzoks. L’homme, car il s’agissait d’un humain de sexe masculin, bien bâti, la trentaine bien tapée, descendit les quelques marches qui le séparaient de nous en s’accordant une voix vive et railleuse.

« Alors, mes cailles, on a bien dormi ? »

Soufflé par le culot familier de cet olibrius, sans m’en étonner outre mesure, cependant, je secouai la tête en lui répondant calmement :

« Que nous voulez-vous ? Pourquoi sommes-nous ici ? Où nous emmenez-vous ? »

Il s’arrêta, me toisant avec un dédain non feint, et haussa les épaules.

« T’as vraiment cru qu’j’allais t’répondre, l’noiraud ? Vous l’saurez bien assez tôt, c’qu’on va faire de vous. D’ici là, tenez-vous tranquilles. »

Il s’apprêtait déjà à faire demi-tour, mettant fin hâtivement à cet entretien subit, mais je lui répondis encore, avec une demande justifiée.

« Libérez-nous de nos liens, par pitié. Et vous avez ma parole que nous ne vous causerons aucun souci. »

L’homme se retourna vers moi, l’air sévère et dépréciateur. Son ton le fut tout autant, alors qu’il répondit.

« Et puis quoi encore ? »

Il avait cependant mordu à l’hameçon. Je poursuivis sans plus tarder.

« Ils sont douloureux, et vous ne risqueriez rien en nous les enlevant. Nous resterions enfermés ici. En pleine mer, où pourrions-nous bien aller, de toute façon ? »

Il s’approcha encore un peu plus de moi, et me scruta. D’une main puissante, il me releva et dégaina un poignard acéré, qu’il me plaça sous la gorge.

« Tu crois ça, l’noiraud ? Ben c’est ce qu’on va voir. »

Violemment, et totalement gratuitement, il me retourna une baffe violente qui me cueillit sous la mâchoire, m’envoyant tituber sur le côté sous la puissance du coup. Soufflant en me relevant, sentant ma peau brûler sous la douleur cuisante, je lui fis cependant face avec la plus grande sérénité, même si je dus pour cela me faire violence. D’un ton calme, je répétai :

« Vous avez ma parole. »

Il me jaugea de nouveau, regard glacé et sourcils froncés, avant ce passer son coutelas dans mon dos et m’en libérer les poignets. Instinctivement, je me les massai pour en retrouver toute la sensibilité. L’homme précisa :

« Le moindre faux pas, Noiraud, et c’est ligoté au mât que tu finiras l’voyage. »

Je ne réagis pas. Il n’était pas pertinent de le faire, j’étais arrivé à mon but : avoir les mains libres. Non pas que j’imaginais m’enfuir, mais le voyage venait de gagner considérablement en confort. Lorsqu’il se tourna vers la jeune Yuélia, j’espérais qu’elle comprenne qu’elle devrait se comporter comme je l’avais fait, et ravaler sa fierté, si elle voulait qu’il agisse de même avec elle.


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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Mer 22 Juin 2016 15:32 
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Il avait encore un peu de mal à me tutoyer. Enfin, déjà au moins cette règle était adoptée, je n’aimais pas être vouvoyée par les gens plus âgés.

« Le respect, Vadokan, n’a rien à voir avec la race dont tu fais partie. Il s’agit d’une valeur morale gagnée au mépris des vieilles querelles. Due devant des travaux qui pourraient être utiles aux gens, et due devant une personne qui possède plus d’expérience que toi. En plus, tu n’as pas demandé à naître ainsi, même si ce n’est pas un mal. Les nobles de la Cour d’Aratmen sont juste cantonnés dans leurs petites villas et point barre. Ils ne connaissent rien d’autre. Je te garantis qui s’ils en prenaient la peine, ils comprendraient ceci. » déclarai-je, tentant d’expliquer mes valeurs morales.

Il me fit part ensuite de son approbation au fait que je faisais partie du corps diplomatique. Habituée au « si jeune ? », ce fut un réel plaisir d’entendre qu’une personne ne faisait point cas de l’âge.

« Je te remercie. J’ai été élevée par de bonnes personnes, qui m’ont transmis leurs valeurs morales. Mais je pense que les shaakts ne sont pas si différents de nous au fond, et que toute race est bonne. On m’a appris à juger une personne sur son comportement, je ne peux pas juger tout le monde. En plus, qui suis-je pour juger le monde ? » expliquai-je.

L’homme qui m’avait enlevée réapparut dans la cave, et entra en grande trombe. Vadokan lui posa alors des questions, et demanda à ce qu’on nous retire nos liens. Il se vit gratifié d’une baffe, il se vit traité de noiraud, mais on lui retira les liens. Choquée, je regardais l’homme sans comprendre. Tant de racisme m’exaspérais. Je dus me contenir pour ne point exploser. Après avoir libéré Vadokan de ses liens, il se retourna dans ma direction. Si je commettais le moindre faux pas, je serais frappée, ou pire, violée. Ma fierté serait écrasée, mais je devais me contenir.

« Alors ma belle, tu aimes c’te endroit ? » dit-il en s’approchant, son haleine acide et chargée d’alcool m’effleurant le nez.

« Non, pas particulièrement. Pourrais-tu me détacher moi aussi ? » m’enquéris-je, à l’instar de Vadokan ces liens me serraient la peau.

« Avec plaisir, ma belle. » susurra-t-il d’un regard lubrique.

Mes jambes étant aussi attachées, il se mit en tête d’en voir le plus en passant. Il me poussa alors par terre et les releva, et je dus le laisser faire, dégoûtée. Je regardais Vadokan, le priant de m'aider ou de se retourner quand mes jambes furent détachées. Il libéra ensuite mes bras, attachés derrière mon dos.

« Ptête que je vais te garder pour moi au lieu d’te vendre ma jolie. » rigola-t-il, d’une voix que je trouvais digne d’un crapaud.

Je suffoquai de dégoût, cet être me répugnait. Ma fierté en contrebas, je décidai de m’assoir, la gorge sèche.

« Bon jm’en vais boire un p’tit coup, tu restes là ! » ordonna-t-il en riant.

Très drôle. Morte de rire. C'est ça, va te soûler. Je planquai ma tête entre mes genoux et me détournai de Vadokan, mortifiée.

« Il me dégoûte. Cet homme est répugnant. » murmurai-je.

J’avais comme une envie de m’en aller loin.

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Dernière édition par Yuélia le Jeu 23 Juin 2016 15:41, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Mer 22 Juin 2016 18:12 
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Laissant de côté mes mains enfin libre, mon attention fut toute attirée par la scène qui se déroulait devant moi. L’homme, imposant de sa masse, s’était approché de la si frêle Yuélia, à tel point qu’il la dominait en tout, faisant apparaitre de manière encore plus flagrante sa juvénilité. Celle qui avait parlé avec tant de sagesse du respect l’instant d’avant se retrouvait soumise par la force des choses à cette brute qui avait levé la main sur moi. Je priai en moi qu’il n’ose pas faire de même avec elle, sans quoi j’aurais eu du mal à ne pas réagir, à ne pas intervenir. Tout en sachant que je n’aurais pas pu, que je ne m’en serais pas donné la permission, car cela signifiait ma mort, et sa flagellation plus rude encore. J’espérais qu’en bon contrebandier, il prenne soin de sa marchandise, de peur de la dévaluer. Et qu’importe frapper un bâtard noir de peau, où les marques de sévices ne se voient que peu, et qui a de toute façon le visage suffisamment difforme pour qu’on ne s’y attarde pas. Mais une jeune elfe à la peau claire et fine ? Ça se verrait, indubitablement. Serrant les poings et la mâchoire, je m’accrochai à cette hypothèse comme à un étendard de lumière et d’espoir, au cœur des ténèbres.

Je ne pouvais pas agir, ni réagir, non. Car il n’aurait aucun mal à me contrôler, une fois mon unique sortilège lancé, et mon corps dépossédé de toute sa puissance magique. Et à me faire regretter amèrement toute vaine et hargneuse tentative à son égard.

Il libéra la petite, non sans satisfaire un voyeurisme écœurant en laissant ses yeux vicelards traîner sur les formes révélées de l’elfe en robe légère et courte sans s’en cacher nullement. Il la menaça de la garder pour elle, et s’en alla toutefois après l’avoir libérée de ses liens, souillée mentalement par la menace de lui appartenir. Salie par son attitude porcine dégradante. Il laissa Yuélia mortifiée, prostrée, à genoux contre le sol de la cale. Elle n’osait même plus me regarder, et je ne lui en tins pas rigueur. Je comprenais plus que bien ce qu’elle pouvait ressentir.

Entendant le cliquetis de la serrure qui se refermait, j’avisai la place où j’avais été laissé inconscient, et m’y installé, à côté de mes affaires, regardant l’elfe peiner dans l’obscurité. Bien que le réflexe de se rapprocher eut semblé logique, en ce moment, pour assurer mon soutien, je le trouvai maladroit et déplacé. Elle n’avait pas besoin qu’un inconnu à la sombre apparence vienne envahir son espace physique, après une agression morale si imposante, plus violente peut-être, finalement, que le coup que j’avais pris. Je tâchai, d’une voix sombre, de la rassurer :

« Il n’en fera rien. Il ne te fera pas de mal. Tu es une marchandise, pour lui. Il ne peut pas se permettre de te souiller. Et tu vaux sans doute trop cher pour qu’il puisse te garder. Ce ne sont que des menaces dans le vent. Ce n’est qu’un sous-fifre, notre gardien, à qui ce rôle ne doit pas plaire plus que ça, et qui se défoule en nous impressionnant. »

Je n’avais pas grand-chose à dire de plus pour la convaincre. Je n’étais moi-même pas convaincu au-delà de ce que j’avais prononcé. Je n’avais pas coutume de mentir, ou déguiser la vérité. Je m’adossai contre la paroi du navire sans plus la regarder, lui laissant le temps qu’il lui fallait pour se raisonner et retrouver une contenance. Je n’étais qu’un inconnu, à ses yeux. Elle n’avait sans doute rien à partager avec moi. C’était compréhensible.

Je fouillai mes affaires et en sortis les fioles de fluides de foudre. Elles étaient aisément reconnaissables, par leur couleur d’un mauve profond, de la couleur des cieux lors des tempêtes et des orages. Dans chacune des fioles, des éclairs semblent se projeter sur les fines parois de verre, flashs lumineux et stries immaculées brisant la monotonie sombre. Je les fis tournoyer un instant devant mes yeux noirs, observant ces étranges phénomènes empreints de magie, avant de les déboucher d’une impulsion du pouce sur le liège qui en formait la fermeture. Les bouchons partis, j’avisai les deux fioles, les déposai sur le sol en face de moi et, en tailleur, plaçai chacune de mes mains au-dessus des goulots. Je n’étais pas sans ignorer que certains préféraient absorber les fluides par voir orale, mais c’était un peu violent, à mon goût. Ça forçait la magie à pénétrer le corps, et à se débattre dans le système digestif pour rejoindre les réserves des mages. Je préférais à cette archaïque méthode la mienne, plus mesurée, plus respectueuse de la magie et de cette essence quasiment divine que sont les fluides.

Ainsi, imprégnant la magie déjà en moi, je rassemblai son pouvoir dans mes mains, et y concentrai toute ma puissance. La foudre attire la foudre, et bien vite, le contenu des fioles arriva de lui-même vers mes paumes, tournant autour de mes doigts, de mes poignets. Je les accueillis en levant les paumes vers le haut, me concentrant pour les accepter en moi. Ils ne tardèrent pas, vifs et électrisants, à pénétrer ma peau et investir mon être, remontant à l’intérieur de mon corps en parcourant mes bras avec un chatouillis grisant et à peine douloureux. Je les avais absorbés.

Électrisé, fébrile, je fouillai ma besace pour découvrir les deux derniers : ceux de glace. Semblablement qu’avec la foudre, je les débouchai et les disposai tous deux devant moi. Ça n’allait cependant pas être aussi simple que précédemment. Si la magie de foudre était intuitive pour ce corps, innée, du moins le temps que je la révèle, il n’en était rien de la magie de glace. Je redoublai donc de concentration pour tenter leur absorption à ma manière. Je fis le vide en moi, me concentrant sur l’intérieur. Plus rien de ce qu’il y avait autour de moi ne put interférer avec mon état. Je sentis les fluides bleu cristallin s’agiter, lents, lascifs, bien moins vifs que la foudre, dans leur flacon. Lentement, ils s’évadèrent et tournoyèrent autour de mes mains. Leur contact était glacial. Le froid personnifié, à congeler un être. Je soufflai pour me détendre, et forçai davantage sur ma maitrise des fluides pour ouvrir mon corps et les accepter en moi. Sinueux, il se passa plusieurs minutes avant qu’ils ne daignent pénétrer. J’étais alors exténué d’une telle concentration, las et l’esprit vaporeux. Et là, je relâchai, une seconde, mon attention. J’ouvris un œil pour le poser sur Yuélia… Et tout s’emballa.

Autant ils s’étaient montrés lents à l’extérieur, autant la sensation glacée qui s’empara de mon être fut immédiate, totale. Un froid intense m’envahit, et très vite ma bouche cracha de la buée comme si j’étais en pleine montagne, au rythme d’une respiration qui s’accélérait, tremblante. Car oui, je tremblais. Mes doigts, mes mains puis mes jambes et tout mon corps grelottait de froid. J’eus l’impression que mon corps gelait sur place, et je sentis la glace remonter jusqu’à ma gorge, plonger dans ma tête, se répandre dans ma cervelle et lui voler toute conscience. Je tombai inconscient sur le sol, le corps froid comme la mort, agité de soubresauts nerveux. Dans mon esprit, tout n’était pas noir : tout n’était que glace.


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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Mer 22 Juin 2016 20:04 
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Je ne pouvais plus regarder Vadokan dans les yeux. L’homme m’avait touchée. Il m’avait souillée, salie. Et devant lui. Je ne pouvais plus rien faire. Je n’avais plus envie de faire quelque chose. Peut-être que se rendre était une bonne option. Peut-être que non. Je ne savais plus quoi faire. Mon compagnon d’infortune prit alors la parole, m’expliquant qu’en bon contrebandier il ne me ferait rien. Quelle idiote. J’avais été libérée, reluquée, mais libérée. Et Vadokan lui, avait été frappé. Comparé à moi, il avait été le plus touché. Je m’appartenais, et j’avais encore les moyens de me défendre. Je n’étais qu’une imbécile. Je tentais de relever mes yeux quand je l’entendis farfouiller dans ses affaires. Il en sortit quatre fioles, que j’identifiai rapidement. Des fluides. Des fluides de foudre et de glace. Il les prit dans ses mains.

« Que fais-tu ? » demandai-je d’une voix mal assurée, qui avait du mal à sortir.

J’étais en train de trembler. Je ne savais même pas si je pouvais avoir confiance en lui. Mais je voulais que l’homme paye. Je voulais qu’il ne puisse même plus voir le jour. Qu’il ne puisse plus jamais voir une autre personne de sexe féminin de toute la vie qui lui restait. Je sentis le feu de la vengeance parcourir mon être, et mes doigts picotèrent, ma magie allait me servir. Mais pour l’instant, il n’y aurait rien. Il suffisait que j’attende le bon moment. Vadokan absorbait ses ampoules de fluides, il prit d’abord celles de foudre, qu’il réussit à absorber sans problème. Mais il ne les absorbait pas par voie orale. C’était plus élégant, plus subtil. Il les absorbait par les mains. Je suppose que ses fluides naturels étaient de foudre, pour avoir tant de facilité à les ingérer. Puis il sortit les ampoules de fluide glacial, et ses mouvements se firent plus hésitants. Moins assurés. Il les ingéra, plus lentement cette fois-ci. Des grelottements parcoururent son être, il cracha de la glace avant de sombrer dans l’inconscience. Je me précipitai vers lui, inquiète, oubliant tout ce qui venait de se passer sans retenue. Son organisme allait-t-il supporter ce fluide ? Me retrouverais-je seule ? Autant de questions qui me taraudaient. En attendant, je sortis de mon côté des herbes médicinales. Je ne pouvais pas grandement l’aider, mais je pouvais temporairement abréger la souffrance avec des herbes qui l’apaiseraient. Je lui donnai des herbes, pour faire passer la douleur, et restai à côté de lui pour le surveiller, et l’aider au besoin.

Allait-t-il m’abandonner maintenant ?

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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 11:31 
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    « Il meurt lentement celui qui ne se laisse jamais aider. »



Un œil, aussi noir que la plus profonde des nuits voilées, s’ouvrit dans l’obscurité. Puis après lui le second, avant que ne s’anime mon visage en une grimace douloureuse. Une migraine atroce me battait les tempes, comme si j’étais pris de fièvre. Mon ventre gargouillait d’une faim puissante, bestiale, rendant à mes traits orques leur bestialité sans borne. Faim. Manger. Ce regard ténébreux bifurqua sur une source de lumière dans l’environnement d’ombres qui me cernait de toutes parts. Une elfe, pâle et fraiche, me regardait d’yeux emplis d’une innocence poignante. Nourriture. Un grognement naquit, sans que je le veuille, dans le fond de ma gorge irritée par des heures de mutismes. Des jours, peut-être même, alors que je m’appuyai sur un coude pour me redresser. J’avais le regard d’un animal affamé qui aurait pu bondir sur n’importe quelle proie pour satisfaire un estomac trop vide. Un instant, j’imaginai planter mes crocs dans sa gorge, savourer le sang chaud et pur qui en giclerait, me satisfaire de sa chair tendre comme d’un repas.

Ma respiration s’amplifia alors que je me redressai davantage. En aurais-je la force, seulement ? Elle était jeune, elle était frêle, mais elle était en forme, et je n’étais qu’un amas de chairs faibles et dans le besoin. Et pourtant, cette gorge. Ces bras fins qu’un garzok, même le faible du clan, aurait pu briser comme des brindilles pour en extraire la substantifique moelle.

N’importe quel garzok.

Non.

Je n’étais pas un orque. Une force supérieure à la faim s’abattit sur moi et me découragea de cette vaine et horrible tentative. La raison. Elle était mienne depuis plus longtemps que cette chair qui clamait sa pitance, et retrouva sa voie alors que je finissais de m’éveiller, reprenant conscience de qui j’étais, d’où je me trouvais, et de l’identité de la jeune elfe à mon côté. Yuélia. Elle s’appelait Yuélia. Comment avais-je pu penser dévorer une personne dont je connaissais le nom ? Je soupirai, soufflai en me penchant vers le plancher de cette cale poisseuse. Et là, je les vis. Les vivres qu’elle avait pu rassembler, et qu’elle avait gardés pour moi au cas où je m’éveillerais. De quoi satisfaire ma faim, de quoi me revigorer. Sans plus de retenue, avec une attitude toute animale, je me précipitai vers les denrées comestibles et les dévorai à pleines mains, me remplissant la bouche et la panse avec toute la violence d’une faim inassouvie.

Et alors, je me remémorai ce qui s’était passé. L’absorption. L’inconscience. Le sentiment omniprésent d’une gangue de glace m’emprisonnant dans ses griffes terribles. Et puis, soudain, une chaleur inattendue, celle d’un feu couvant sous une peau pâle. À la vision de glace me barrant l’esprit se substitua celle d’une accalmie aux teintes vertes comme les plantes qu’elle m’avait sans doute fait gober dans mon somme forcé. La paix s’était répandue dans mes membres, dans tout mon corps, et à la glace, finalement ingérée, s’était substituée la sérénité de la nuit, noire et obscure paisible, et amenant finalement à mon éveil.

La panse repue, la raison retrouvée, je me tournai vers elle et lui prit la main entre les miennes, la regardant avec intensité, pour lui souffler, reconnaissant :

« Merci. »

Un simple mot, qui voulait pourtant dire tant. Je l’avais laissée, abandonnée dans une situation critique, et malgré ça elle avait su prendre soin de moi, m’aider, me veiller. La reconnaissance était lisible dans mon regard, et je la libérai de mon contact, reculant pour m’adosser contre le bois du navire. Je regardai autour de moi, reprenant conscience de toute la réalité. Je lui demandai :

« Que s’est-il passé ? »

Combien de temps s’était écoulé ? Je n’étais pas en mesure de m’en rendre compte. Plusieurs jours, peut-être. Sûrement, vu la faim qui irradiait dans mon ventre.

Elle n’eut cependant guère de temps pour répondre : la porte s’ouvrit, et notre gardien apparut, lorgnant de ses yeux notre situation. D’un air ravi, il s’exclama :

« Ah, l’Noiraud est plus dans les choux. »

Il s’approcha de nous et m’inspecta, reniflant bruyamment. Je soufflai :

« S’il vous plait… »

Son regard torve me fixa d’un air soupçonneux alors que je poursuivais :

« Laissez-moi prendre l’air. J’étouffe, ici. J’ai… j’ai besoin de respirer. »

Il éructa un rire gras avant de s’exclamer de plus belle :

« Ah ! Et puis quoi encore ? »

Ce à quoi je rétorquai, implorant :

« Pitié. Vous l’avez dit vous-même : nous sommes sur les flots. Où pourrions-nous donc aller. Vous avez eu ma parole, humain. Vous l’avez toujours. »

Il sembla hésiter, me regarda quelques secondes, maussade, avant de faire demi-tour sans un mot et s’en aller de la cale, laissant cette fois, derrière lui, une porte ouverte. J’avais gagné. Je regardai Yuélia, à mon côté, plein d’entrain de revoir à nouveau le soleil.


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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 12:11 
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Il ouvrit les yeux, plus vite que je ne l’aurais imaginé. J’étais rassurée, je n’étais plus seule. Il me considéra un moment, la faim se lisait dans son regard. J’hésitais à m’enfuir ou à crier, je ne voulais pas mourir si vite. Mais il sembla se raviser, ce qui eut pour effet de calmer ma peur de lui servir de casse-croûte. Mon compagnon d’infortune se releva, puis aperçut la nourriture durement acquise, que j’avais gardée pour lui. Cette petite manne suffit à le rassasier. Il me remercia ensuite, emplit d’une reconnaissance non feinte. Je voulais lui dire que c’était naturel, que c’était normal. Mais aucun mot ne réussit à sortir. Ma bouche était bloquée. Il recula ensuite avant de me demander que s’était-il passé entre temps. Je ne pouvais pas le raconter. Je n’y arrivais pas. J’allais tenter de faire sortir un son de ma gorge quand l’homme arriva.

« Ah, l’Noiraud est plus dans les choux. » s’exclama-t-il ravi.

Sa « marchandise » n’était pas abimée, c’est ça ? Quel homme dégoûtant. Je ne pouvais plus m’approcher de lui. Vadokan marchanda alors pour que l’on puisse prendre l’air. J’aimerais moi aussi le prendre, cet air frais. L’homme allait-t-il accepter seulement ? Je voulais voir le soleil. J’avais passé trop de temps dans les ténèbres ces derniers jours. Contre toute attente, il accepta, laissant la porte ouverte. Je me précipitai sur le pont, Vadokan à mes côtés. Mes jambes tremblantes, je titubais en marchant, et faillis tomber à plusieurs reprises. Ma tête me faisait mal, mon estomac réclamait de la nourriture. Je réussis, non sans peine, à m’accrocher aux barres du bateau. Ce serait bientôt à mon tour de sombrer. Je n’allais pas tenir longtemps. Je n’avais pas mangé depuis un bon moment, ou peu, voulant garder plus de nourriture pour Vadokan, qui lui était malade. Son regard inquiet me poussa à lui expliquer ce qui s’était passé.

« Qu…quand tu es tombé…je suis r...restée à côté…et j’ai rendu…rendu un service…au contrebandier…pour avoir assez de…nourriture…comme…comme je savais que tu aurais…faim…je n’ai…pas…beaucoup mangé… » tentai-je misérablement d’expliquer, avant de tomber par terre, telle une poupée désarticulée.

Misérable. J’aurais dû faire attention. Mes pensées étaient confuses, un amas inextricable de bordel mental innommable. Je ne tenais plus. Mon estomac ne grondait pas, mais la souffrance était là. Je n’avais jamais manqué de rien, la sensation m’était inconnue, mais je l’identifiai de suite. Un mal de ventre effroyable. Je massais mon ventre doucement, pour tenter de faire passer ce mal, mais le goût de la bile m’emplit alors la bouche.

Un mal inconnu me tombait dessus.

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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 13:53 
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Aussitôt qu’elle vit la porte ouverte, et sans prendre le temps de finalement me répondre, ou d’exprimer son ressenti sur mon évanouissement longuet, la jeune elfette se précipita à l’extérieur, titubant, comme ivre de liberté. Comme l’aurait fait une plante avide de soleil et de lumière après une longue captivité si elle avait eu des jambes. Soufflant devant tant de fougue, je me campai sur mes jambes et finis par la suivre vers l’extérieur, où nous débarquâmes bientôt. Le soleil agressa mes pupilles, et je dus les plisser pour bien voir ce qui m’entourait. La mer.

La mer, certes, mais pas que. Car à bâbord, sur notre gauche se dessinaient, au loin, les côtes de ce qui semblait toujours être Nirtim. Ainsi, nous voguions au large des côtes, longeant le continent par le sud. Le navire n’était pas un navire pour les eaux profondes, fait pour la traversée des océans. Un navire de contrebandiers, fait pour les missions discrètes, les passages dans les cryptes étroites, dans les grottes marquées de signes reconnaissables d’eux seuls.

Yuélia, se tournant vers moi, plus pâle que jamais, chose que j’aurais associée aisément à la lumière si elle ne m’apparaissait pas également hâve et creusée, m’indiqua d’une voix faible et hésitante qu’elle avait rendu un service à notre gardien pour obtenir de lui plus de nourriture. Celle dont, gardée précieusement pour mon réveil, je m’étais empiffré sans réfléchir. Apparaissait alors au grand jour tout le sacrifice que cette étrangère, cette inconnue, avait fait pour moi, pour prendre soin de moi, à mes côtés, veillant contre le sommeil, jeûnant contre la faim.

Pourquoi ? Pourquoi une elfe noble de pure race s’écharperait de la sorte pour un bâtard de deux races détestables comme moi ? C’était contraire à toute leur superbe, à leurs mœurs ancestrales. Elle avait eu beau m’expliquer ses valeurs, sans que j’en doute, je n’imaginais pas que ça puisse signifier à ce point pour elle. La petite n’avait pas hésité à se sacrifier pour un confort incertain au cas où je m’éveillerais. Un acte d’une grande bonté, mais également d’une naïveté sans égal. Que se serait-il passé si j’avais été fidèle à l’image que je donne, un être perclus de violence et de manipulation ? Un sang-mêlé mi orque, mi shaakt ? Que se serait-il passé si j’avais alors agi tel que les siens évoquent les êtres comme moi ?

Je ne pus m’empêcher de la regarder avec tendresse. Elle rattrapa, par ce seul acte, l’ingratitude et l’irrespect de celle qui fut ma fille, Almavendë. Et c’est d’une protection toute paternelle que je voulus la combler, alors qu’elle s’effondra au sol, tellement faible qu’elle ne pouvait plus même tenir debout. Je me précipitai à son côté pour la soutenir, plaçant une main derrière sa nuque pour qu’elle ne subisse pas l’inconfort du bois sous son crâne. Elle se massait le ventre, grimaçant de douleur. Je la regardais sans savoir que faire. Ce fut alors que mon regard se posa tout autour de moi. Les elfes, les hommes nous regardaient sans agir, sans bouger. La plupart œuvrait à leur tâche de marins, quoiqu’interrompue par notre irruption, accompagnée de leurs regards curieux. Je les apostrophai, clamant l’aide dont elle avait besoin.

« Ne voyez-vous pas qu’elle est souffrante ? Allez-vous la laisser là ? »

Nul ne répondit, jusqu’à ce que notre gardien intervienne pour défendre son pain.

« Elle a eu ce qu’elle a demandé. J’peux rien d’plus. Elle a même eu le droit d’grimper ici. C’est une comédienne ! »

Je le regardai hargneusement, sentant mes fluides électriques me brûler le bout des doigts en crépitant intérieurement. À tel point que Yuélia elle-même eut pu sans doute sentir de léger chatouillis. Je les maîtrisai cependant : le moindre faux pas de ma part signifierait notre mort à tous les deux. Et le gardien de répliquer avec plus de virulence :

« T’auras rien d’plus, Noiraud. Maintenant tu te la fermes avant qu’on n’t’enferme. »

La menace fut entendue, et je lui jetai un regard noir comme le charbon braisé d’une colère enfouie. Je me relevai, protecteur, faisant barrage entre ces rustres et le corps de la jeune Yuélia, mais bien vite, coupant court à la situation, une silhouette sortit des ombres. Il s’agissait d’un semi-elfe, car il était à la fois plus musclé qu’un elfe, et plus séduisant qu’un humain, les traits plus fins. Lorsqu’il apparut, tous se turent et l’observèrent en silence. Je n’eus aucune peine à reconnaître en lui le chef de cette expédition. Le capitaine du navire, dirigeant des contrebandiers. Il arriva à ma hauteur en me toisant droit dans les yeux, et après un moment me bouscula sans ménagement sur le côté. Il était fort, et je fus poussé de mes appuis, alors qu’il se penchait sur le corps faible de l’elfe pour la soulever de terre, la portant dans ses bras, allongée, comme un mari porte sa fraiche épouse pour passer le seuil de leur habitation commune, dans certaines cultures. Sans un mot, ni plus un regard pour moi, il l’emmena vers la poupe, où une porte menait à sa cabine personnelle. La cabine du capitaine. Il y pénétra sans tarder, et lorsque je tentai de le suivre, me claqua la porte au nez d’un coup de talon. Je posai une main sur la porte, fermée, avant de me retourner vers les marins. Tous me regardaient sans rien dire. Et au bout d’un moment, voyant que je ne tentais rien, ils reprisent leurs activités sans plus faire attention à moi. Seul le gardien, énervé de ma réplique, resta à me lorgner avec colère, avant de rejoindre la cordée pour aider ses frères dans les manœuvres.

Pour ma part, j’essayais de me convaincre que le taiseux capitaine prendrait bien soin de la jeune Yuélia. Je n’avais que ça à faire. Accoudé au bastingage, je regardai les flots et, au loin, les terres de Nirtim. En moi, je n’arrivais pas à ôter le discours de la vieille elfe du Belvédère des Marchands prononcé quelques jours plus tôt en de prémonitoires paroles.

Près d’une ville des Hommes se trouverait ma rédemption.


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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 15:16 
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Tomber. Toujours plus bas. Toujours de façon encore plus douloureuse que la précédente. Mon corps étalé, sur le bois inconfortable du plancher. Mes gémissements de douleur. Une main sous ma tête, et une présence à mes côtés. J’étais trop fatiguée pour ouvrir les yeux. Ma gorge ne réclamait qu’un peu d’eau. Un tout petit peu. La présence à côté. Il me semblait que c’était Vadokan, priant pour que l’on me soigne. Que c’était gentil. Mais s’il voulait obtenir quelque chose d’eux, il lui faudrait une monnaie d’échange. Et comme je le disais, notre geôlier refusa, disant que j’avais eu ce que je voulais. Déjà que j’ai dû m’humilier en le laissant me toucher pour obtenir plus de nourriture, il ne pouvait pas faire un effort ? Je sentis alors des chatouilles sous ma nuque. Des fluides de foudre. Je comptais sur lui pour se calmer, sinon nous serions mal. Il réussit à se contenir, et la voix de notre gardien retentit alors sur le pont.

« T’auras rien d’plus, Noiraud. Maintenant tu te la fermes avant qu’on n’t’enferme. » répliqua-t-il.

Il jouait bien l’agresseur. La main de Vadokan quitta alors ma nuque, et selon ce que j’entendis, je suppose qu’il se leva. A ce moment là, un silence notable tomba sur l’assemblée. Que se passait-t-il exactement ? Je tentais d’ouvrir les yeux, sans succès. J’essayai donc de me concentrer le plus possible sur les bruits ambiants. Une personne tomba, était-ce lui ? J’espérai que non. Puis, je fus soulevée par des bras puissants, des bras qui auraient pu aussi appartenir aux membres de l’équipage. Prions pour qu’ils appartiennent bien à Vadokan. Je me laissai porter en espérant pouvoir avoir enfin un peu de repos. M’emmenait-t-il dans notre cale ? Une porte claqua, et je pénétrai un lieu silencieux, paisible. Je sentis sous mon dos un matelas. Ce n’était donc pas la cale. Je commençais à douter sur l’identité de celui qui me portait. Mon compagnon ne m’aurait pas défendue de cette manière sans être sûr que je sois bien traitée après. Encore une fois, je comptais sur lui. Je me laissai faire, avec un peu de regrets. Je serais plus rassurée avec lui à côté. Puis je sentis une odeur délicieuse, ensorcelante, et magnifique, et…c’était l’odeur de la nourriture.

« Ne t’inquiète pas. Tu pourras manger tout ce que tu souhaites. Calme-toi. » murmura une voix inconnue.

Ainsi Vadokan m’avait donc bien confiée à quelqu’un. Mais il fallait que je me calme, pour l’instant l’heure n’était pas aux questions. J’ouvris alors la bouche avec peine, pour manger. L’homme me mit de la nourriture dans la bouche, que je tentais d’avaler sans recracher.

« Là, là. Pas trop vite, ma jolie. Allez. Tu en auras autant que tu voudras, ne t’inquiète pas. » dit-t-il avec calme, et douceur.

Soulagée qu’on m’ait confiée à un homme doux, et calme, au lieu de ces rustres prêts à me battre s’il le fallait, je mangeai avec appétit, et me calmai peu à peu.

« J’ai soif… » suppliai-je.

« Tiens. » me répondit-t-il.

J’eus droit à de l’eau propre, avec une pensée coupable pour Vadokan, qui n’avait pas eu lui de la nourriture d’aussi bonne qualité. Je lui en apporterais le plus possible. Je pus enfin ouvrir les yeux, et voir ou je me trouvais. Dans une cabine luxueuse, meublée avec goût. Et à côté de moi, un homme. Richement habillé. Pour posséder une cabine pareille, ce devait être le capitaine.

« Merci de m’avoir donné de la nourriture et de l’eau. Mais en attendant, pouvez-vous s’il vous plaît appeler mon ami ? Je voudrais le voir. » demandai-je.

L’homme fit alors venir un marin, à qui il chuchota des instructions. Deux secondes plus tard, j’avais Vadokan en face de moi. Je m’assis et soupirai.

« Eh bien…quelle histoire ! » déclarai-je en souriant.

Je lui passai de la nourriture dans les mains, il en avait aussi besoin.

« Fais-toi plaisir. Mange et bois autant que tu veux. » ajoutai-je.

Je voulais savoir s’il allait bien. C’est important, je voulais savoir si on l’avait frappé.

A cause de moi.

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MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 16:37 
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Je ne sus combien de temps passa avant que l’être qui s’était enfermé avec Yuélia revint sur le pont, droit vers moi, pour me signifier de le suivre. Je le regardai m’approcher, sorti de sa cabine, et me faire signe sans un mot d’y pénétrer. Surpris, je le reluquai un instant, interdit, avant de finalement le suivre. Il me laissa entrer, et sans fermer la porte, se mit en travers du chemin en m’offrant un moment intime avec Yuélia. Je fus surpris qu’il soit si respectable. Autant son gardien était un peu rustre pour un contrebandier, autant lui était un vrai chevalier. Ne comprenant pas ce soudain chouchoutage, mais ravi de m’y plier, je m’approchai de l’elfe alitée. Elle s’assit pour me recevoir, et je fus soulagé de constaté qu’elle avait repris des couleurs. Non pas qu’elle fut moins blanche, puisque telle était sa carnation naturelle, mais elle avait l’air moins malade. Un sourire était même revenu sur ses lèvres, éclairant son visage.

Je lui rendis, apaisé, et l’écoutai m’inviter à me nourrir et boire en suffisance. J’acceptai l’eau, fraiche et pure, et non croupie comme celle qu’ils nous avaient servie, et en bus de longues rasades, mais déclinai l’offre nourricière.

« Merci. J’ai suffisamment mangé, maintenant, et je ne voudrais pas m’alourdir. »

Regardant vers la porte, et m’assurant que le semi-elfe capitaine ne nous écoutait pas, je m’approchai de la petite et murmurai plus discrètement :

« Nous voyageons près des côtes de Nirtim. Quand tu seras rétablie, et en forme, rejoins-moi sur le pont. Lorsque l’occasion se présentera, nous sauterons à la mer pour nous échapper. Il faudra faire preuve de force et de détermination. Je veillerai sur toi. »

Avant de la laisser répondre, je m’éclipsai et quittai la cabine principale du vaisseau, écartant poliment le capitaine pour qu’il me laisse sortir. Surpris de me voir déjà dehors, je le saluai d’un regard approbateur avant de rejoindre le bastingage et de regarder le décor défiler sous mes yeux. La nuit tombée, je n’avais toujours pas de nouvelle de Yuélia. Elle dormirait sans doute dans la cabine du capitaine. Je rejoignis pour ma part la cale, où je me reposai jusqu’à l’aube.

Le lendemain, je retournai sur le pont. J’étais devenu comme un meuble, pour l’équipage, et ils me contournaient sans m’adresser la parole. J’avais certes encore croisé quelques fois le regard courroucé du gardien, mais il n’avait pas osé s’approcher, comme s’il s’était fait remonter les bretelles par son supérieur. Lorsqu’enfin la jeune elfe arriva sur le pont, me rejoignant sans tarder, que j’avisai le paysage. La côte n’était pas loin, comme prévu. Il ne nous faudrait pas plus de quelques brassées dans la tumultueuse eau salée pour rejoindre le courant côtier d’une marée montante qui nous aiderait à rejoindre la plage. Le navire elfe ne saurait s’y aventurer pour nous poursuivre, et nul ne risquerait de plonger à notre suite. C’était l’issue assurée, si tant est que nous survivions à la nage, et qu’aucune flèche ne nous atteigne dans le dos, au cas où ces braconniers d’humains préféraient nous voir morts que fuyant leur hospitalité. Je tâchai de me représenter le décor côtier pour me repérer sur le continent. Au sud, indéniablement. Vers les sud-Ouest, sans doute, mais je n’avais plus nul souvenir précis d’une cité dans cette zone-là. Nous allions atterrir dans le Royaume kendran, sans aucun doute possible. Et il nous serait loisible de nous abriter, s’ils ne me fléchaient pas à vue, dans une auberge de la route. Alors qu’au loin, je vis apparaitre des remparts, signes qu’une cité était bien présente à cet endroit, j’agrippai Yuélia et la soulevai de terre, dans mes bras, lui clamant :

« Maintenant ! »

Et prenant une impulsion sur le bastingage, refusant de la laisser hésiter, je plongeai avec elle dans les flots océaniques. Nous disparûmes dans une gerbe d’écume, alors qu’encore, les mots de la vieille elfe percutaient mon esprit.

Au-dessus de nous, le soleil se miroitait sur la surface de l’eau agitée, et déjà le navire s’éloignait. Sans relâcher Yuélia, je forçai sur mes jambes pour remonter à la surface, et lorsque nous y fûmes, je la lâchai pour nager vers le rivage, la gardant toujours dans un coin du regard, au cas où elle aurait besoin de mon aide.



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 Sujet du message: Re: L'Espoir (PNJ - v = X1)
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 17:59 
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J’attendais que l’homme aille chercher Vadokan, impatiente de voir s’il allait bien. Il se pliait à tous mes désirs, bien que Valyus me foudroie si j’y comprenais quelque chose. Vadokan arriva assez vite, et je fus ravie de constater que personne ne lui avait fait de mal. Je l’accueillis donc d’un grand sourire, heureuse de le revoir. Il se servit volontiers de l’eau que je lui donnais, mais refusa la nourriture afin de ne pas prendre de poids.

« Je t’en prie. C’est pour cela que je t’ai fait venir. Si j’ai un luxe comme celui-là, je t’en ferai toujours profiter. » promis-je, contente de lui pouvoir l’aider.

Il se pencha alors vers moi, puis me fit part de son plan pour s’évader, et me jura de veiller sur moi. C’est vrai qu’il n’était pas au fait de mes pouvoirs, et de ma capacité à me défendre. Je le préviendrais plus tard. Il partit de suite, laissant étonné le capitaine, et me laissant souriante, heureuse de pouvoir m’en aller. Le capitaine se retourna alors vers moi.

« Te plais-tu sur notre bateau, ma douce ? » demanda-t-il doucement en s’asseyant à côté de moi sur le lit.

« Je t’avoue ne point avoir trouvé de charme à croupir dans une cale, Monsieur le capitaine. Surtout après avoir été enlevée de cette manière. Vas-tu réellement me vendre ? » interrogeai-je le capitaine.

Il prit mes mains qu’il commença à caresser doucement.

« Non, je ne te vendrai pas. C’était l’objectif d’un de mes hommes au début, mais quand il t’a ramené sur ce bateau, tu étais si belle endormie que j’ai décidé de te garder. Je capturerai une autre hiniönne, voilà tout. Ne m’appelle pas « Monsieur le capitaine », c’est trop formel ma douce. Appelle moi Elaryë. Je suis un semi-elfe blanc. » expliqua-t-il.

« Bien, Elaryë. Alors, que comptes-tu faire de moi ? Parce que mon gardien, m’a reluquée, et m’a dit qu’il allait me garder pour lui. Vais-je appartenir à ce gardien aussi ? » le questionnai-je.

« Je n’étais pas au courant de cet affront. Je lui ferai payer de t’avoir salie. Veux-tu autre chose ? » s’enquérit-t-il, visiblement énervé.

« Oui. Je souhaiterais méditer, s’il te plaît. Pourrais-tu me laisser ? » répliquai-je.

« Dors bien, ma douce. » chuchota-t-il avant de sortir de la cabine.

Je me mis à méditer plutôt rapidement, compte tenu du temps passé à veiller au chevet de Vadokan. J’étais vraiment fatiguée, et je me réveillai le lendemain matin, la main d’Elaryë sur la cuisse. Incroyable. Comment a-t-il osé ! J’enlevai rapidement sa main, puis rejoignis mon compagnon sur le pont. L’eau était agitée, mais les courants nous permettraient de vite rejoindre la côte. Il me prit, me souleva rapidement et cria que c’était le moment. Nous sautâmes dans les vagues, agrippés l’un à l’autre pour ne pas que les courants nous séparent. On remonta assez vite vers la surface, et je le lâchai pour nager de moi-même. J’avais appris à nager, et ces longues heures à barboter m’étaient bien utiles finalement. J’adressai des remerciements intérieurs à Siris, qui avait eu bien du mal à me l’apprendre. Au prix d’une bonne demi-heure de nage, nous atteignîmes tous deux le rivage. Je sortis de l’eau, et me séchai rapidement, tout comme Vadokan. Nous étions libres. Une cité se dressait devant nous, je l’identifiai rapidement comme Bouhen. Un souvenir me frappa. J’avais entendu qu’à Bouhen, des humains d’un autre monde avaient installé leur campement. Je ne savais pas s’il était occupé, mais je décidai de tenter le tout pour le tout.

« Vadokan ? Nous sommes à Bouhen. Au sud-ouest de Nirtim, dans les terres kendranes. Je veux te proposer quelque chose. » déclaré-je.

J’avais capté son attention. Je le regardai dans les yeux, pris une grande inspiration et continuai.

« Je ne sais pas si tu es occupé ou pas. Si tu as beaucoup à faire. Mais je voudrais te demander de m’accompagner. Voilà ce que je te propose. » commençai-je.

Je lui racontai toute l’affaire. Mes parents disparus, la mission donnée, l’enlèvement, ce que j’avais entendu sur ce campement. Il m’écouta, sans dire un mot, sans rien faire.

« Voilà toute l’histoire en gros. Je préférerais retrouver mes parents, mais ça passera après. Il faut que l’Anorfain ait des dossiers dessus. En plus, on est déjà en terre kendrane. Il s’agit de mon devoir. Des accords financiers énormes pourraient être conclus. Et ça te permettra de continuer tes recherches, ces humains d’un autre monde possèdent peut-être des pistes qui t’aideraient. Et par la même occasion de m’accompagner. Ça te va ? » finis-je.

Renoncer à trouver mes parents était douloureux, mais mon devoir passait avant. Il sembla un instant peser le pour et le contre, puis hocha la tête.

« Merci beaucoup. Allons-y ! » m’exclamai-je.

J’étais rassurée qu’il m'accompagne. En tous cas, en finissant cette histoire, je pourrais peut-être écrire un livre. Le titre serait :

S’échapper en 10 leçons.

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