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 Sujet du message: Le Redoutable Jugement (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Mar 7 Juin 2011 11:25 
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Le Redoutable Jugement

(Joueuse : Silmeria)


Le Redoutable Jugement tient son nom de sa ligne de coupe Ô combien différente des bâtiments conventionnels. Celui-ci, dessiné et construit par un contingent d'officier dans le but d'accomplir un navire rapide, léger et solide et capable de braver les mers les plus terribles.

Ses voiles latines lui permettent de naviguer presque contre le vent, sa longue proue dépasse de loin les tailles conventionnelles, on raconte que de nombreux marins devinent de l'extérieur que la proue ne serait en réalité que la colonne vertébrale du navire, et qu'elle se prolongerait jusqu'à l'intérieur, ne laissant qu'une partie d'elle visible à l'avant du vaisseau, défiant les mers et les navires que le Redoutable Jugement prendrait en chasse.

Si certains mentionnent colonne vertébrale, c'est parce que l'odieu navire noir semble être un squelette décharné sur les ponts supérieurs, de nombreuses griffes et dents de bois noirs dépassent, se courbent et forment d'infâmes dessins qui ressemblent à une mâchoire monstrueuse se refermant sur les marins de son bord. La nuit, lorsque les lampes sont allumés, on dit que de face, le navire perdu en pleine mer aurait des allures de créature mystique éclairé par les flammes d'un monde inconnu, tant les expressions terrifiaient.

Chacun de ses bords dispose d'une série de lame courbée en forme d'hameçon, dissimulées et rétractables, faites pour accrocher les navires en pleine mer. Une fois ceci fait, les monstrueuses sculptures en forme de crane aux dents pointues et à la gueule béante se mettraient à cracher des nuées de flèches noires qui sèmeraient mort et destruction partout où ils posaient leur regard.

Mis à part cet effet effroyable de guerre, le navire dispose de balistes légères situées en haut de chaque pont et dans les soutes, où les flèches sont également tirées au travers de visages sculptés exprimant des sentiments odieux de désolation et de souffrance. Peinture funèbre marine, le Redoutable Jugement semble tout droit arraché de l'imagination des esprits les plus dérangés, les plus anciens et pervers. Adopté par le domaine de Keresztur, la Baronne en a fait son navire de guerre personnel. Lorsqu'elle n'est pas à son bord, c'est le capitaine Ugléan qui s'en charge.

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Durée du trajet en bateau entre les villes des 4 continents
Vitesse : Rapide (x3)

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15 000 messages et une pluie de vaches pour torturer les pjs de la quête 15. Combien pour ceux de la quête 18 ?


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 Sujet du message: Re: L'Élégance (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Lun 15 Aoû 2011 01:12 
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L'ambiance à bord du Redoutable Jugement, contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'était pas des plus agréables. Surtout lorsqu'on est coincée dans une cabine lors d'une pleine tempête, mais ça, ce n'est jamais qu'un détail.

Silmeria avait enfin le contrôle de son corps. Ironie du sort, elle était accompagnée du capitaine du navire dans sa loge car l'embarcation essuyait une forte tempête. Hrist avait rendu le corps après avoir pris soin de se congédier temporairement de la Baronnie, prétextant de nombreuses affaires sur des traites commerciaux et autres obligations qui exigeaient sa présence personnelle. Le domaine revenait donc, par allégeance et au grand bonheur des villageois à Mircalla. C'eut été une réaction bien différente qui l'attendait si jamais elle avait décidé de confier cette tâche à sa seconde, Katalina. Cependant, elle n'était pas dupe, et n'avait pas spécialement envie de retrouver le château incendié par une bande d'enragés.

Silmeria boudait, accoudée à la table qui tanguait sans arrêt, elle fixait d'un air morne la bouteille vide qui roulait à gauche, à droite... Lorsque finalement, elle tomba et éclata par terre, elle poussa un soupir d'éolienne. Le capitaine quant à lui, eut une réaction tout autre et bien amusée. Il prétexta que c'était tout-à-fait normal que les objets soient balancés par les vagues. L'homme était très... très très très différent de Von Klaash. Déjà il n'était pas psychotique et n'avait pas de problèmes mentaux avancés qui le poussait à tuer tout ce qui bougeait. Non, lui n'était qu'un petit bonhomme empoté mais avec une grande expérience maritime. Cependant, il ne faisait que déléguer les tâches. Grand amateur de thé, il avait déballé devant la Baronne toute sa collection avant de comprendre qu'elle n'en avait strictement rien à secouer. Silmeria était bien trop occupée à se demander dans quel malheur allait la conduire la Frémissante.

Le capitaine du Redoutable Jugement fredonnait une petite chanson tout en faisant de petits tas d'herbes qui embaumaient la pièce malgré le parfum pourtant fort de bois humide. Dans son accoutrement ridicule, il jetait parfois un regard distrait à la femme, cherchant à capter son regard pour peut être relancer une conversation. Ensaché dans une culotte à pont collante comme un timbre, une redingote en poils de souris trop ajustée, de délicats souliers de cuir à bout carrés parfaitement incompatibles à la forme d'un pied normal, des bas immaculés parfaitement incompatibles à la vie en mer, le gilet fleuri de rigueur et une perruque pulvérisée de senteurs qu'elle semait au moindre coup de vent. Maquillé, de toute évidence en blanc et en rouge, petite mouche de soie noire sur la joue et aspergé toutes les heures d'un parfum trop musqué et poivré qui rendait la moindre tentative de rapprochement nocive et maladive.

Silmeria pétait vraiment une durite. En clair, pour elle, la situation était toute vue, non seulement Hrist quitte le domaine après s'être tirée de justesse d'un assassinat, maintenant elle partait à la Sororité de machin chose au nom imprononçable pour trouver la personne qui détenait ce collier mystérieux, si seulement elle savait...

Quelques centaines de lieux par delà l'océan, dans une salle aux murs clairs de crépis sous un soleil qui s'insinuait de derrières les voiles légers posés à la fenêtre, la mère supérieure de la Sororité s'entretenait avec une de ses secondes.

« Dame... L'assassin est mort. Son commendataire nous a fait faux-bond, il a exterminé par magie les deux autres. La Baronne est toujours en vie. Et elle a trouvé le collier, le gage qui fut donné à notre contact. De nombreux témoins précisent qu'elle est en mer pour rejoindre le continent. »

La mère supérieure ouvrit des yeux de borne kilométrique, elle se laissa tomber sur son fauteuil et entra dans une longue méditation d'environ dix secondes...

« Elle va venir ici, pour sûr... Nous n'aurions pas dû faire confiance à un homme pour cette mission...»
« Sais-tu pourquoi j'ai fait appel à un homme pour ce contrat ? »
« Non, mais les autres sœurs s'interrogent même sur la valeur actuelle de nos convictions... A ce sujet, du moins. »
« C'était l'ancien employeur de cette tueuse... »
« Croyez-vous qu'ils étaient de mèche pour nous tromper ? »
« Non... Ils sont tous deux assez solitaires. »
« J'ai... Une seconde question, à vous soumettre. Pourquoi un tel intérêt à vouloir cette Silmeria morte ? »
« C'est une longue histoire... »

Un temps passa, la mère supérieure s'engagea dans un monologue d'une voix absente, l'air grave et l'oeil humide de larmes.

« Ma sœur avait été enlevée par des goules. Nous savons que trop qu'elles tournaient non loin des bordures d'Oaxaca non loin de Bouhen et de la Baronnie de cette femme. Elles se réfugiaient dans un ancien fort. Un poste de pierre fortifié qui contenait plus de cinq-cents des leurs...»

« Autant de goules ? Que faisaient-elles ainsi réunies ? »
« Plus personne n'en saura rien... Elles ont été exterminées. On dit que la femme est une entité étrange, qu'elle cache un esprit maléfique, un aura de ténèbres qui répondrait au nom de Hrist. Source venue de l'homme qui nous avait engagé l'assassin... »
« C'était donc elle, celle qui avait libéré les prisonniers de la ville ? » Répondit-elle d'une voix honteusement naïve.
« Si seulement... Elle ne souhaitait que la mort des goules. Elle fit catapulter des cadavres putréfiés et des excréments sur le fort. Lorsque par curiosité, les goules sortirent des bâtiments pour observer la chose, le poison avait déjà fait son effet, et elles tombèrent toutes malades... Les prisonniers aussi. Leurs chairs s'atrophiaient, on voyait les os, lorsqu'un soldat retira son casque, son visage était horriblement maigre. »
« C'est ainsi qu'elle mène ses combats ? » Piailla la jeunette, plâtrée de surprise et de dégoût.
« Il ne restait rien... Les goules supplièrent Hrist de les laisser sortir pour les affronter sur le champ de bataille, qu'elles puissent mourir avec honneur tant qu'elles en avaient encore la force. Mais elle en ria, et enfin répondit qu'elles n'étaient que des goules, qu'elles méritaient de mourir comme elles avaient vécus, à s'entredévorer dans leurs cachots putrides. Et lorsque quelques jours passèrent, elles n'avaient même plus la force de tenir une arme quand les portes furent défoncées... Même plus la force de hurler lorsqu'elles furent toutes passées par le fer. Un carnage, tout à l'épée, les prisonniers malades, les goules... Aucun survivant si ce n'était un enfant qui avait été épargné par la maladie et l'épée, a qui elle donna une pièce d'or pour qu'il raconte son histoire... Afin que les goules évitent à jamais ses terres.»
« Et … Pour vôtre sœur ? » dit timidement la jeune nonne.
« … »
« Je suis désolée...»

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: L'Élégance (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Lun 15 Aoû 2011 19:25 
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Toujours calfeutrée dans la cabine du capitaine à cause de l'inondation qui avait ravagée sa suite personnelle, Silmeria attendait que les dégâts soient réparés tout en ayant repris la conversation avec le capitaine, ivre de joie et de thé.

« Du thé ma chère ? Du sucre ? »
« Non, merci. »

Silmeria tentait d'en apprendre davantage sur les régions autour de la Sororité, vue la mission dans laquelle elle s'engageait toute seule comme une grande, elle avait bien besoin de savoir si elle pouvait trouver refuge quelque part, d'autant plus que la vie de château était terminée et qu'elle allait sans doute devoir se déguiser encore comme une pauvresse pour passer inaperçue, tant qu'elle n'avait pas à porter une robe en sac de pomme de terre et des sabots de bois...

Au fond du sucrier, Pouet avait cessé de mâcher l'énorme bouchée de sucre qu'il avait dans le bec. Enfoncé dans les cristaux blancs jusqu'aux épaules, et tout en écoutant les voix au dessus de lui, il ne se répétait qu'une seule chose :
« Ne pas péter, surtout ne pas péter. »

Hrist écoutait attentivement, prête à scruter les moindres souvenirs de la Douce quant à la région ou même une histoire entendue au sujet des mystérieuses femmes de la Sororité. En définitive, elle n'apprit pas grand chose de bien mirobolant, le capitaine savourait son thé sans sucre avant d'expliquer qu'il savait tout de même que les hommes y étaient chassés, et que seules les femmes pouvaient y trouver refuge, voire même y rester si elles y étaient acceptées.

Le plan de Silmeria prenait peu à peu naissance, elle s'imaginait déjà se faire passer pour voyageuse et infiltrer le couvent pour tenter d'y savoir plus. Toutefois, seconde information du capitaine expliquant qu'elles disposaient d'une propre milice armée et très bien entraînée la rassurait déjà moins. Tout problème possède une solution, se répétait-elle inlassablement, si ce n'était l'odeur musquée du capitaine et l'absence de seau d'eau dans les environs pour y remédier.

Pouet, au fond de son sucrier avait recommencé à mâcher son énorme bouchée de sucre, ses dents pointues sur les cristaux collants semblaient lui faire un bruit d'enfer (crooncht, crooncht) mais tant pis, il avait trop faim.

« Laissez-vous tenter par ce thé, feuilles de pommes et fleurs d'oranger. Du sucre ? »
«Une larme alors. »
Et là, la cuiller d'argent apparu et tomba vers le crâne rondelet de Pouet, racla le sucre au dessus de ses genoux et disparue, relaissant tomber le couvercle dans un claquement sec. Pouet dut aller récupérer sa respiration au fond de ses chaussettes.

« Dites voir, je sais qu'il y a un grand arbre fameux pour ses feuilles au parfum délicat, pensez-vous pouvoir m'en rapporter un peu ? »
«( Est-ce que je lui parle des marchés aux thés de Tulorim ou est-ce que j'ai pitié ? )» se dit la jeune femme avant de hocher simplement la tête d'un air distrait.
Pensive, elle n'avait de cesse d'accoster enfin et de pouvoir juger le terrain de ses yeux. Cette tentative de meurtre la retournait, presque autant que le navire dans la tempête.

Pouet avala le sucre avant d'ouvrir grand sa petite bouche et de reprendre une bouchée gargantuesque. Un marin vint annoncer à Silmeria que sa loge était sèche et disponible. Elle se leva donc, trahissant sans aucun scrupule son ennui pour le capitaine, et puis elle n'avait même pas terminé son thé. Le capitaine, en bon gentilhomme se leva également pour l'accompagner jusqu'à sa porte.

Lorsque le silence se faisait, si on faisait exception du tonnerre et du hurlement du vent qui faisait grincer les bois dans cet orchestre marin, le couvercle du sucrier se souleva (Croontch ?)

Pouet était un lutin, autrement dit, son seul et unique neurone était relié directement à son estomac, il métabolisait le glucose comme pas deux et était esclave de sa curiosité hors du commun. A tel point qu'il se mit même en tête de suivre la jeune femme. En plus, elle n'était pas friande de sucre, ça en ferait plus pour lui !

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 Sujet du message: Re: Le Redoutable Jugement (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Dim 10 Mai 2015 15:08 
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L'offre du capitaine

(Putain… Plus tapageur qu’une poule à rupin, mais dans le genre glauque…)

Faire ses bagages n’a guère pris de temps à Beorth, le tout de sa vie tient dans le vieux sac jeté en travers de son épaule ; le plus long de son escale a été pour un marabout douteux, dont les pouvoirs de guérisons sont sujets à caution, mais capable de concocter une potion contre la gueule de bois qui fait sa renommée dans toute la ville. Personne ne sait ce qu’il y a dedans, et personne ne tient vraiment à le savoir. L’homme n’est pas encore au sommet de sa forme, mais au moins n’a-t-il plus envie de poser une galette à chaque coin de rue, et les murs ne lui paraissent plus tanguer dès qu’il pousse sur ses jarrets pour accélérer un peu le pas.

Une surprise comme celle qu’il découvre à quai, il ne s’y était pas attendu. Pour sûr, les matelots en goguette auprès desquels il avait demandé le Redoutable Jugement l’avaient renseigné avec un drôle d’air, un regard par en bas assez éloquent, l’air de se demander à qui ils avaient affaire, ce que le guerrier a interprété comme des doutes de bon marin sur la qualité de la barcasse. Une coquille de noix abandonnée par les rats, voilà ce qu’il s’est attendu à trouver.

Là, ça ressemble plutôt… (Phaïtos qu’aurait posé sa pêche sur l’océan, après avoir bouffé j’sais pas quelle créature.) Dans l’esprit du mercenaire, tous les navires sont plus ou moins appelés à se ressembler : mats, voiles, coque, parfois des rames, et puis les variations imputables aux fantaisies des uns et des autres. (Celui qu’a conçu ce rafiot avait de sérieux problèmes…)

« Alors, tu t’es décidé à venir ? »

« On dirait… »

(Pas la combine la plus foireuse dans laquelle je me sois fourré, ça non. Pas nette, ça, ça doit… M’enfin bon… C’est vers Omyre qu’on vogue, pas de quoi se formaliser… Mais quand même, je sais pas ce qu’ils ont avec les os.)


L’allure générale de l’embarcation fleure l’agressivité, et sa finalité, une mort dans la souffrance. Soudainement, le capitaine appuyé au bastingage perd de son aura de brave gars ventripotent, même son sourire prend un double sens. Un type comme lui ne commande pas un vaisseau tout droit venu des Enfers, avec sa peau bien lisse, ses joues pleines, son air affable de bon tavernier, surtout pas s’il trimballe une troupe de mercenaires vers une cité à la sinistre réputation.

« Embarque donc, reste pas là. » s’exclame le gros, un sourire étalé jusqu’aux oreilles. (Le genre du type qui va héberger trois gosses perdus, et en faire du petit salé pendant la nuit.)

Pourtant, c’est avec un sourire mauvais que Beorth pose le pied sur le pont. Exech commençait à l’ennuyer, à la longue : mêmes tavernes, mêmes poivrots, mêmes emmerdes. Le boulot n’aurait pas manqué, malgré ses menus arrangements avec la fidélité, les chefs de bande sont assez pragmatiques et retors pour payer de la bonne marchandise en prenant en compte les risques. Mais… L’ennui… Omyre peut offrir de nouvelles possibilités. (Et si je m’emmerde, le camp d’en face n’est pas loin… Y’aura peut-être plus d’agrichage que dans le coin.)



Les côtes de l’Imiftil disparues au loin, le voilà qui déchante en partie. Avant de tromper l’ennui, il sera sans doute mort, étouffé dans sa propre gerbe, songe-t-il. Au départ, son estomac parvenait à régurgiter de solide, puis un peu de liquide. Puis sont venus les hoquets douloureux, la bile brûlante, les crampes au ventre à force de vouloir cracher du vide. (Les tripes me sortiraient du gosier que ça m’étonnerait pas…) Ainsi se déroule pour Beorth son premier jour de voyage à bord du Redoutable Jugement.

Vers Dahràm - Deuxième jour

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La plupart des hommes aimaient mieux être appelés habiles en étant des canailles qu'être appelés des sots en étant honnêtes : de ceci, ils rougissent, de l'autre ils s'enorgueillissent.

Thucydide, Guerre du Péloponnèse III, 82


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Dernière édition par Beorth le Sam 16 Mai 2015 14:50, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Redoutable Jugement (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Sam 16 Mai 2015 14:49 
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Vers Dahràm - Premier jour


Les premières manœuvres du jour ont tiré Beorth de son demi-sommeil malade, coincé contre le mat du bateau, abrité des embruns sous une vieille toile cirée cédée par un matelot, en sus de sa couverture. L’air est frisquet, humide, salé sur sa langue lorsqu’il tente de prendre une grande bouffée pour passer la nausée. Aux coins de sa bouche et sous ses lèvres sa barbe est raidie par les restes de vomissures ; pas moyen de taper dans les réserves d’eau douce du navire, et il ne se sent pas de fleurer la saumure. Tant pis, il fera avec. Les quelques sourires en coin moqueurs déclenchés par son lever maladroit ne lui font ni chaud ni froid. S’habituant progressivement au roulis, il titube un peu moins à chaque pas jusqu’au bastingage, essayant aujourd’hui encore de ne pas s’esquinter les côtes contre la décoration macabre, puis inspire bouche ouverte une brise pas trop dégueulasse. Son estomac vide se rebelle encore un peu, si bien qu’il n’ose pas demander ne serait-ce qu’un quignon de pain, des fois que les vomissements le reprennent. Au moins ne crache-t-il plus de la bile à s’en déraciner les tripes.

A mesure que le temps passe, sur l’espace découvert, puisque le temps est beau, l’activité s’installe au cœur de petits groupes constitués. Pas une goutte d’alcool ne circule sur ordre du capitaine de la troupe de mercenaires, seules des volutes de fumée viennent apporter un peu plus de gaieté aux parties de dés disputées sur des plateaux aux bords hauts.

« Eh les gars, j’peux jouer ? »

Rien de tel que le frisson du pari et du hasard pour faire passer une bouche pâteuse. Pas que Beorth ait spécialement envie de plumer le moindre des joueurs, ni de copiner avec eux, mais le roulement des petits cubes d’ivoire lui change agréablement les idées. Plus veinard que les autres sur deux gros coups, il rafle un beau médaillon d’argent représentant une tête de loup et quelques yus, puis mise petit ; deux plus mauvaises passes le font perdre moins qu’il n’a gagné et remontent légèrement son capital de sympathie, assez pour qu’il juge bon de se retirer de la partie : son expérience des tables de troquets lui a soufflé qu’il serait malsain de risquer de voir le sort tourner à nouveau en sa faveur.

Après être allé pisser, il va réclamer sa part d’eau pour accorder enfin à son corps de se remplir. A petite gorgée, il s’hydrate en contemplant les côtes de Nirtim qui se déploient à babord. Bientôt, elles disparaîtront, a-t-il entendu dire, car ils croiseront au large pour gonfler les voiles de vents plus forts, mais également éviter d’éventuels navires liés au royaume des elfes.

« Après demain soir Dahràm ! En attendant, j’veux qu’tout l’monde soit prêt au grain : pas impossible qu’un pirate ait l’audace de v’nir nous chatouiller les flancs. » gueule le capitaine de la troupe.

(Ca ferait passer le temps, au moins…)


Vers Dahràm - Troisième jour

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Dernière édition par Beorth le Sam 16 Mai 2015 22:04, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Redoutable Jugement (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Sam 16 Mai 2015 22:02 
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Vers Dahràm - Deuxième jour


Trois quatre quolibets se font entendre alors que vers la proue le guerrier enchaine quelques mouvements et étirements. L’envie ne manque pas à Beorth de rosser les amusés, mais le regard du capitaine de la troupe et de ses pires molosses, veillant sur les dogues de moindre importance depuis la poupe, le dissuade de ruer dans les brancards : pas question de saper la force du groupe en interne, encore moins sur un bateau. Celui qui lèvera la main sur son prochain sera balancé en pleine mer, et celui qui ripostera recevra le fouet : les conditions de la croisière ont été édictées sitôt les amarres largués.

(Attendez qu’on soit à terre… Que votre chaperon soit plus là… On en rediscutera…)

Son intention n’est pas de faire du zèle face à son éventuel supérieur, ou de s’attirer les railleries du bord. Son corps est depuis des années sont principal instrument de travail, et s’il aime s’adonner à l’excès à quelques vices que les ascètes réprouvent, il veille toutefois à rester prêt à l’action lorsque la situation l’exige. Hors de question de crever comme un chien galeux dans un coin de rue pour s’être laissé aller. Accoster à Dahràm signifie être sur ses gardes le temps de se faire à la ville, et d’en imposer assez aux gars du coin, il en a déjà fait l’expérience lors d’escortes antérieures. Depuis qu’il a réglé ses comptes avec son dernier employeur, il n’a guère manié la hache que pour dissiper le malentendu sur le port, et loin d’être idiot, il sait que ses adversaires ne faisaient pas le poids, et qu’un combat un poil plus long aurait révélé quelques faiblesses difficiles à compenser par de la force brute.

Reprendre la mesure parfaite du poids de la hache, de son équilibre particulier, de ses qualités et défauts. Elle est loin d’être une œuvre d’art, tout ce que Beorth attend d’elle, c’est une fidélité à toute épreuve dans l’usage qui est le sien : occire son prochain, efficacement, sans chichi, sans honneur, sans trop de risques.

« Vous aimez c’que vous matez ? »

Pendant un court instant, le guerrier regrette d’avoir laissé tomber la chemise pour avoir moins chaud et plus de liberté dans les mouvements : le regard du capitaine Ugléan le met vaguement mal à l’aise. Etre l’objet de l’attention de ce bonhomme rondouillard et trop lisse ne lui plait que moyennement, mais Beorth se dit que si l’homme ne veut pas le dévorer au sens propre, le reste est probablement quelque chose dont il peut jouer.

« Je salue simplement la conscience de mon investissement. Vous avez raison de prendre soin de votre corps. Ce qu’il faut de graisse pour ne pas trop souffrir de la faim, et du muscle étoffer cette grande carcasse. Bravo ! Bravo ! Vous devez faire sensation auprès des dames. »

« Tant qu’je manque pas d’yus, ouais. »

« Vous payez ? Voyons, vous pourriez vous en passer je crois. »

« Ben moi j’paye. »

« Oui… Pourquoi pas… Bon, la manœuvre m’appelle. Demain soir nous débarquerons. »

« Ouais. »

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 Sujet du message: Re: Le Redoutable Jugement (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Dim 17 Mai 2015 13:07 
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Trois jours. Il a fallut trois longues journées à Beorth pour s’habituer au mal de mer, en triompher, pouvoir manger sans vomir dans la foulée (Et ce soir on débarque, à la brune, discrets… Paraît qu’il n’y aura pas d’escale à Dahràm… Pas de tournée des troquets… Pas de femmes… Pas de repos… Bah, je me suis déjà assez reposé. Plus vite on arrivera, plus vite on passera à autre chose.)

S’exercer et raviver les muscles ne fait pas passer une journée, loin de là ; la sieste occupe un peu, si tant est que l’on supporte l’inconfort et le mouvement sur le pont, la puanteur de la promiscuité et de l’enfermement en dessous. Qu’importe : Beorth veille, et observe. Plongé dans une forme d’apathie, posé contre une caisse, il observe le petit monde sous ses sourcils broussailleux. L’inaction l’emmerde, tout comme le fait d’être enfermé avec tant de mâles au milieu de l’océan, lui qui sait à peine assez nager pour se tirer d’un étang aussi piteux qu’un chat mouillé. Pourtant, il sait qu’il doit apprendre. Jusque là, sa compagnie était celle d’hommes sans grande discipline, si ce n’est celle de l’argent et de la peur, rassemblement hétéroclite de talents douteux, d’allégeances discutables dont lui-même était le plus bel exemple. Les quelques gros coups auxquels il avait participé, d’un côté ou de l’autre, ne lui ont jamais donné l’aperçu de ce qui se trame à bord à quelques heures du débarquement.

Les mercenaires contrôlent armes et armures, guettant le moindre point de rouille suspect, sans doute également par souci d’être prêt à l’action. Les arbalétriers sont particulièrement méticuleux avec les arcs d’acier, ainsi qu’avec les mécanismes de déclenchement. Au milieu de toute cette concentration affairée, leur chef déambule d’un pas grave, balançant un conseil à la volée, un bon mot, une question.

De ce qu’il a compris, Beorth sait qu’il en aura encore pour trois jours de marche une fois à Dahràm, trois jours pour rejoindre Omyre dans une région pas franchement recommandée pour sa cueillette des champignons. Nul doute que trainent entre les deux villes bandes et troupes, plus ou moins désœuvrées, qui ne feront pas la différence entre un homme venu rejoindre leur rang et un voyageur à dépouiller. Les marcheurs solitaires n’ont guère d’espoir face à des soldats déterminés, mieux vaut les éviter autant que faire se peut. Aller trois jours comme un traqué, frémir au moindre bruit de botte, guetter son dos et l’horizon tout à la fois, se plonger dans les trous et dans l’ombre à la première alerte, voilà qui ne convient guère au solide guerrier. Si pour bénéficier d’un peu de tranquillité d’esprit et de sécurité il doit renoncer à quelques chopines et aux talents des prostituées de Dahràm, il est prêt à marcher de concert avec tous ces hommes, accepter leur rythme, les ordres, leur discipline. (Je trouverai bien de quoi me rincer le gosier et me vider les couilles à Omyre.)


Vers Omyre - Premier jour

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