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 Sujet du message: Route entre Tulorim et Eniod
MessagePosté: Ven 31 Oct 2008 18:14 
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Route entre Tulorim et Eniod


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La forêt tropicale, ne vous perdez pas!



Description du voyage à pied et/ou sur monture :

Voilà, il faut partir de Tulorim tout au nord pour arriver à Eniod tout au sud. En partant de Tulorim, vous traverserez d'abord la forêt qui borde la cité. Celle-ci est faite de petits bois épineux et d'arbres tordus.

Ensuite, vous atteindrez les montagnes qu'il vous faudra gravir. Les sentiers sont étroits et parfois forts raides. Le plus grands danger dans cette zone est pour les mâles car vous traversez le territoire des Sororités, ces amazones guerrières.

Enfin, vous arriverez dans la grande forêt tropicale du sud du continent. Aucun sentier n'existe, à part les pistes tracées par les animaux. Le risque le plus important est de s'égarer complètement et de finir dans le marais.

Enfin soit vous arriverez le long de la côte du grand océan que vous longerez vers le sud en direction du petit port d'Eniod, soit vous tomberez sur le fleuve qui vous y guidera en aval.

Durée du trajet à pied ou sur monture sur le continent d'Imiftil

Basez vous sur les cartes et présentations décrites dans les 4 continents de Yuimen

(Postez ici vos trajets de voyage entre les deux villes)

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Eniod
MessagePosté: Ven 30 Juil 2010 02:03 
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Localisation: En route d'Eniod à Exech
Nalewi avançait vite. On lui avait déconseillé la hidirain, c’est pourquoi il se dirigeait vers Tulorim. Le chemin était mal tracé, On pouvait voir au loin la forêt et tous ces mystères tapis sous ses arbres majestueux. Cela était surement du au fluide magique le parcourant et au magnétisme terrestre naturel car Nalewi n’avait pas la moindre hésitation sur le chemin à prendre. La route était peu fréquentée, chaque fois que Nalewi croisait quelqu’un, le sekteg s’écartait. Etait ce de la peur ou juste une mesure de sécurité ? Cela eut pour conséquence de surtout faire naitre des sourires de tous ces guerriers croyant être capable d’intimider n’importe qui par leur simple physique.

Au crépuscule, notre apprenti mage sauta même dans un buisson lorsqu’il croisa une caravane torkin fort bruyante. Une dizaine de nains encadrés un chariot rempli de tonneaux dont plusieurs étaient vides. Peu d’entre eux marchaient droit ou ne se tenaient pas à la carriole (le contenu des tonneaux vide n’étaient plus une inconnue…). Ceci expliquait leur manque de « discrétion ».
L’un d’eux vit le sekteg se cacher et sortit du groupe. Il était petit (comme un torkin), barbu (comme un torkin), mais plus frêle que ses congénères. Ses vêtements était sales et sa démarche hasardeuse. Il s’approcha du buisson, hache à la main, Nalewi tremblait de tous ces membres. Le nain leva son arme et c’est dans un rire strident et ridicule qu’un hockey l’interrompit. Surement dans un élan de survie, Nalewi lui sauta dessus. Il ne l’avait pas atteint qu’une lumière aveuglante surgit entre lui et le nain. Sa barbe roussit légèrement, emplissant l’atmosphère d’une odeur de cochon grillé, tandis que le Sekteg chanceux s’enfuit se cacher plus loin pour les espionner du haut d’un arbre.
Le nain se releva quelques minutes plus tard, sous une avalanche de torgnoles de la part de ses compagnons. Ne le croyant pas, ils passèrent leur chemin. Nalewi descendit de son arbre auprès duquel il s’adossa. Comme lui avait enseigné les oudios, il commença à méditer (surement pour se calmer) puis réfléchit sur cette nouvelle manifestation incontrôlée. C’est ainsi qu’il s’endormi étrangement épuisé.

(suite)

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Nalewi, Sekteg, Mage
Quand l'homme ordinaire atteint le savoir il devient sage, quand le sage atteint la compréhension il devient un homme ordinaire.
Thème de Nalewi


Dernière édition par Nalewi le Dim 1 Aoû 2010 22:33, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Eniod
MessagePosté: Sam 31 Juil 2010 22:46 
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Inscription: Dim 25 Juil 2010 18:52
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Localisation: En route d'Eniod à Exech
Le chant des oiseaux réveilla Nalewi. Sans attendre il se remit à marcher. Il voyageait léger : un sac tressé dans lequel tenait ses quelques provisions et son bâton que les oudios lui avaient offert. Le ciel était couvert. Tout comme la veille, il croisa peu de gens. Son regard s’arrêta sur un homme encapuchonné accompagné de deux archers. Ceux-ci ne firent pas attention et continuèrent leur route.

Le ciel s’assombrissait continuellement. C’est peu de temps après que les premières gouttes se mirent à tomber, suivi d’un abat d’eau comme rarement notre voyageur en avait vu. Il couru se mettre à l’abri vers un l’unique arbre des environs. La chance n’étaient décidemment pas avec lui ces derniers temps. Comme si l’orage ne suffisait pas, il fallait que cet abri soit déjà occupé. Il s’agissait d’une louve et d’une boule de poils se cachant derrière qui n’était autre que son louveteau. Contrairement à se que la raison aurait conseillé, Nalewi avança. Etait ce pour prendre possession de l’abri, tester ses capacités ou remplir sa besace de viande ? Lui seul le savait. La louve, tout en grognant, se releva et s’appuya sur ses pattes arrières. Nalewi avançait toujours, doucement mais surement. Il tenta d’intimider la louve de son bâton tandis que sa progéniture bondit se cacher derrière l’arbre. Les deux combattants se jaugèrent en tournant, attendant la première faille pour bondir. Celle-ci ne tarda pas à venir : Nalewi remarqua dans leur ronde que la louve avait une flèche planté sur son flanc gauche, la flèche appartenait surement aux archers rencontré plus tôt, par contre, il ne vit pas la racine sur laquelle il butta. La louve saisi l’occasion et lui sauta dessus, croc en avant.

Le jeune mage n’ayant jamais excellé dans le combat au corps à corps, offrit son bâton, tel un bouclier, aux mâchoire acérées de l’animal. Ses appuis étant instable sur le sol mouillé, il tomba sur sa droite entrainant la louve dans sa chute. Celle-ci atterri sur la flèche, l’enfonçant un peu plus dans ses chairs. Dans un glapissement, elle se releva, du sang s’écoulait de sa plaie. Nalewi en fit de même. Il tenta de l’assommer de son bâton d’une attaque verticale. L’animal blessé saisit l’ouverture et l’attrapa au mollet. Le Sekteg lâcha son arme de douleur. Par chance, le bâton tomba sur le flanc du canidé qui libéra sa proie dans un glapissement. Notre héros dans un « excès de bravoure » choisi de fuir de cet arbre. Peut être espérait t’il que la foudre lui vienne en aide encore une fois, mais le ciel en avait décidé autrement. La louve lui bondit une nouvelle fois dessus, avec tout l’acharnement d’une mère pour protéger sa progéniture. Nalewi tenta une esquive de coté, mais les crocs de la louve trouvèrent leurs prises dans son avant-bras. Etrangement, l’apprenti mage ferma les yeux et plaqua ses mains autour de la gueule de l’animal. Une seconde ne s’écoula pas qu’il les rouvrit. Aucune lumière n’apparu, aucun bruit ne se fit entendre. La louve lâcha prise et tomba à terre tandis qu’un sourire furtif apparu sur les lèvres du nouveau mage. Même si elle n’était qu’étourdie, son flanc encore saignant ne tarderait pas à lui ôter la vie.

Malgré ses blessures, il s’épuisa à tirer le corps inerte sous l’arbre. Ensuite, comme lui avait appris les oudios, il s’agenouilla puis prononça quelques mots dans un langage ancien. Il récupéra son bâton qui étonnamment n’avait subit aucun dégât et médita en attendant que la pluie cesse. Celle-ci ne tarda pas à s’estomper. Il banda ses blessures et reprit la route.
Peu de temps aprés, il entendit de légers jappements. Le louveteau l’avait rattrapé en courant. Il le nomma « Malis » et continuèrent leur route.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Eniod
MessagePosté: Lun 12 Mar 2012 23:54 
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Il était parti à son réveil. Shytlara disparue, ses amis rentrant dans une vie ponctuée par le travail, il se devait de lutter contre l'entropie et disparaître avant d'être un crouton. Il se devait de trouver une destination nouvelle, un horizon où il serait le Soleil, brillant de ses mille feux. La distance... Eniod. Son barda sur le dos, il commençait à fredonner dès l'entrée du bois qui jouxtait Tulorim.

« Du nord au sud d'Imiftil
Le baladin s'en allait
Sur les chemins et brûlait
D'admiratrices en file. »
Ce fut donc en sifflant qu'il pénétra la lourde forêt, première étape de son périple. Mais, vous savez quoi ? Je ne suis que l'humble narrateur de ce périple. Je vais vous laisser entendre comment lui-même décrivit son aventure, d'étape en étape, de taverne en taverne. Je vous donnerai quelques précisions sur la réalité aux moments où il déforma un peu trop la réalité. Notre première étape est donc une auberge, bien après cette forêt, au pied des collines. Il avait réussi à négocier une chambre et un repas chaud contre un peu d'animation et de musique. Voilà comment il raconta son premier périple.

« Messires, mesdemoiselles, quelle chance pour moi, dans un seul morceau, être parvenu jusqu'à votre fameuse bourgade, qui resplendit partout sur notre continent. Tous savent l'importance que ce village – et ce serait une honte qu'elle ne devienne pas bientôt la plus belle ville du centre. Mais pour y parvenir, il faut traverser ce que je nomme le bois aux murmures. Éloignez les jeunots et les vieillards, évitons aux premiers de mouiller leur bas et aux derniers de voir leur cœur s'emballer trop vite. Parce que ce qui habite ce bois est bien plus noir que l'obscurité qui règne à Tulorim. Partant donc vaillamment sur les routes pour trouver Eniod et de l'or pour mes chants, mes histoires et mon estomac, je quittai la ville engouffrée d'un brouillard épais mais rassurant. Le pas sûr et le menton haut, je marchais prestement, mon seul luth comme compagnon.

« Je ne suis pas trouillard, Tulorim en est témoin. J'ai bravé avec courage les pleutres qui, pour une chanson railleuse ou une demoiselle en fleur cueillie comme la beauté le nécessite, s'en prirent à votre humble agitateur. Mais dès mes premiers pas sous l'ombrage pesant des hautes branches, je sentis que quelque chose n'allait pas dans cette forêt. Les ronces prennent rapidement le pas sur toute avancée et mes lourdes bottes de marche me furent d'un grand secours. Je ne le cache pas, je suis solaire. J'aime, tout comme vous je pense, le toucher des rayons chauds et apaisants, la lumière diffusée en tout coin. Mais ce bois aux murmures, il ne vous en donne pas un instant l'occasion d'apercevoir le jour. C'est dans les ténèbres qu'il faut venir jusque vous et quelles ténèbres !

« Être privé de lumière est une chose. Ne pouvoir ne serait-ce que distinguer d'où – ou de quoi – viennent les murmures infinis qui hantent cet endroit en est une autre. D'abord, de nombreux chuintements, comme si, se déplaçant furtivement autour de vous, de nombreuses créatures foulaient l'humus tiède, frôlant les arbres et disparaissant en silence. Puis, vous remarquerez le bourdonnement incessant d'une nuée de vermines batifolant sur un festin. Quelque cadavre vous demanderez vous. Le vôtre, qu'elles attendent patiemment, à coup sûr. Pensez-vous être rassurés par quelque oiseau bienfaiteur ? Les hululements et les piaillements n'y cessent strictement jamais, espoir d'un repas original pour une obscurité banale. Je m'y connais, oh oui, en volatile. De tous ces cris que j'ai pu percevoir, pas un ne venait d'un nocturne ou d'un charognard. Maudite, cette forêt, assurément.

« Et puis, enfoncé davantage, viennent les tintements. Très haut perchés, ils sonnent un glas que l'on ne saurait voir, empêtré jusqu'aux cuisses dans les épines, obscurci par les lointains ombrages. Réguliers, vous ne pouvez ne serait-ce qu'imaginer ce qu'ils sont, sous peine de sombrer dans la démence et n'en jamais sortir. Mon hypothèse est que le ruissellement d'une rivière traversant sans doute la forêt amenait de nombreuses roches sur les armures des innombrables cadavres d'anciens aventuriers ayant tenté de la parcourir, glaçant le sang des nouveaux. Tout autour de vous, vous remarquez seulement que le bruit de fond. Trompeur celui-ci. Vous pensez que, s'il est de fond, il est passif, inexpressif, immobile. Mais vous écoutez attentivement et là, ce n'est pas la même. Crac. Crac. Crac. En permanence, des craquements. Partout, tout le temps. À des lieux comme à deux pas, des craquements, encore des craquements. Du mouvement. Des invisibles qui marchent sur des branches mortes. Enfin, souhaitez-vous que ce soit des branches. Pour distinguer une cage thoracique écrasée d'un serment, il faudrait avoir une meilleure oreille que moi et, sans me vanter, mon métier veut qu'elle soit excellente.

« Je ne saurais vous dire combien de temps j'ai lutté contre cette forêt avant de décider de camper quelques heures. Mourir de fatigue est bien moins honorable que mourir au combat. Je montai en hâte une simple tente qui m'accompagne partout lorsqu'un râle déchirant couvrit la multitude de sons. Vous avez déjà entendu, comme moi, les derniers mots d'un cerf. Ce râle, bien qu'y approchant, semblait provenir d'une bête monstrueusement plus grande tellement la puissance et le détresse perçaient les airs avec force. Alors qu'en était-il de son prédateur ? Que ce passait-il comme épique combat dans les affres de ce bois ? La vocifération continua, à mon grand dam, pendant quinze à vingt minutes avant de se terminer en un vacarme qui semblait correspondre à l'écroulement de la bête sur un énorme chêne qui se serait effondré ensuite. Ho, on peut le dire, je ne suis pas un froussard. Et pourtant, je redoublai mon feu et préparai du bois sec à proximité de ma tente. Je voulais à tout prix éviter que la terrible bête ne m'attaque. Je me couchai, peu rassuré, sous une épaisse couverture en fourrure. Et pourtant, je vous le jure, je sentais dans le sol, à travers même ma tente, grouiller des bestioles que j'espérais en quête du légendaire cadavre.

« Ce n'est que dans la nuit, ou plutôt pendant le sommeil, étant peu capable dans l'ombre des hauts bois de distinguer lune et soleil, que la peur se matérialisa, que le danger devint réel. Des bruits de courses, des battements d'ailes et quelques cris stridents de rongeurs apeurés furent les éléments précurseurs de mon réveil. Alarmé, Je sortis de ma tente dague, dague à la main. L'obscurité emplissait l'atmosphère, synonyme de péril. Je jetai alors quelques bûches pour que le feu se ravive. Les crépitements esquissaient dans un premier temps les sifflements de mon ennemi mortel mais mon ouï n'en fut pas dupe. Alors que les flammes s'élevaient, fières et salvatrices, j'aperçus à quelques mètres un terrible serpent. Levé sur un bon mètre cinquante, le reste de son corps se perdait le long de la forêt. Son ventre apparent montrait de larges anneaux, signe d'un vénérable âge et d'une terreur sans pareil pour votre pauvre ami. Sa collerette criarde de vert pomme, de rouge grenat et de jaune solaire se déployait en un voile baroque tout autour de sa gueule ouverte sur d'immenses crocs. Une crinière brune d'épines recouvrait sa colonne vertébrale. Des yeux luisants de haine et de faim plongèrent en mon regard. Sans avertissement, il fonça sur moi, décidé à m'enrouler de ses puissants muscles.


« Je courus me réfugier au plus loin du serpent géant, totalement paniqué. Je suis tout aussi endurant que bon coureur, je pensais évidemment m'en sortir au prix de l'abandon de ma tente et de mes affaires restantes. « Peu chère, la vie sauve, l'ami ! » me disais-je. Croyez-le ou non, amis, cette sale bête rampe, d'anneau en anneau se faufilant entre chaque brindille, chaque feuille, chaque tas d'humus, avec la dextérité d'un lynx et la rapidité d'un lévrier. Elle me rattrapa en quelques secondes, parvint à s'enrouler autour de ma jambe et me fit trébucher. Là, à terre, son immensité piégeant ma jambe avec une telle force que mes artères bondissaient sous mes braies. D'un coup réflexe, j'enfonçais ma dague dans l'un de ses pans, lui faisant lâcher prise. Seulement, sa crinière épineuse racla mon poignet, laissant une blessure parcourant tout mon avant-bras. Mes jambes me portèrent debout plus rapidement que la créature ne réussit à m'attaquer de nouveau. J'avais compris que fuir n'était pour le moment pas une option et m'élança vers l'arbre le plus proche.

« D'un bond, je saisis de mes mains une branche assez basse d'un vénérable chêne. D'une pirouette que les danseurs de mon acabit ont la connaissance, j'élançais à la force de mes bras et de l'inertie mon corps pour me retrouver les pieds sur mon perchoir. Le temps d'une large expiration, j'ai pensé être hors de danger. Juste une. L'horreur commençait déjà, tournicotant autour du tronc, à grimper à ma poursuite. Je tentais, alors que sa tête parvenait déjà à l'embranchement de mon refuge, d'atteindre plus de hauteur mais sans succès. Sautant au désespoir, je ratais ma forteresse d'altitude d'un ou deux doigts et tombait à la reverse. Les pieds rattrapés par le serpent, ma tête fleurait l'humus et mon sang m'y montait. La sienne se rapprochait dangereusement de mon torse. Enfin, j'aperçus ici mon issue véritable ! Ô joie pour votre compagnon ! Entre mon corps branlant au vent et l'arbre piètre refuge, il se tenait descendant, presque collé aux deux. Au moment où il passa auprès de ma poitrine, je décochais un vif coup de ma lame qui planta le monstre au vénérable.

« Ce premier, sifflant de douleur, me relâcha si prestement que ma nuque aurait cédé si le sol n'était de terreau mais de pierre. Criant ma souffrance et ma délivrance, je ne tardais de me retrouver sur mes pattes, prêt à courir jusqu'à l'orée du bois. Je savais pertinemment que mon stratagème ne fonctionnerait pas ad vitam eternam et que, malgré mes blessures, je me devais de me sauver. Sans demander mon reste, je parvins à saisir mon paquetage au vol et commençait, courageux mais pas téméraire, fuir. Dans un sursaut d'effort, la bête m'envoya sa queue – ou si l'on peut appeler ça ainsi pour un serpent – et me fit trébucher. Elle m'enserra la cheville droite et serra de tout son possible. Hélas pour elle, les plus bas anneaux, les plus jeunes, sont bien moins puissants et résistants que le sont les plus hauts et vieux. Malgré une pierre qui frottait mes côtes, je parvins sans problème de force coups de pieds à me dégager à jamais de l'horrible.

« Voilà, mes amis, la triste histoire de votre joyeux musicien. Après bien des lieux à foncer au travers de la forêt, je vis pénétrer peu à peu davantage la lumière qui m'indiqua une plus grande chance de survie. Cependant, jamais à un moment je ne me sentis en sécurité dans ces bois. Ce ne fut qu'à la sortie que je pus pleinement souffler et me reposer. Je ne sais ce que font les autorités Comté de Whiel pour laisser aucune route sûre pour parvenir vers des terres si importantes comme les vôtres, amis. Mais chose sûre, je vous conjure de ne pas vous aventurer dans ces terres. Ce que j'ai affronté, bien que terrifiant, n'est qu'une petite partie, j'en suis sûr, des terreurs qu'elles referment. Les murmures omniprésents en sont la preuve. Cette créature n'était qu'un messager : « Rapporte au monde ! Rapporte que cette terre n'appartient à aucun humain ! Aucun ne doit y passer et aucun n'en ressortira jamais ! » Mais nous sommes grands ! Nous sommes puissants ! Un jour, foi de Tulorien, nous parviendrons à franchir, sereins, une grand-route jusqu'à vous ! Et alors, notre chère capitale pourra se rasséréner de vos savoirs et de vos produits ! À vous, mes amis ! Que vos terres soient pour l'éternité prospères ! »

Telle fut comment Théodore le Jeune raconta la traversée du bois entre Tulorim et les collines de la Sororité dans une auberge au pied de ces dernières. L'histoire reçut les éloges du public et lui permit à peu de frais de se munir d'équipement et de vivre pour son périple, en plus de la nuit chaude sur une paillasse agréable et un repas gourmet. Mais vous, vous serez seuls à même de vouloir le croire ou non. Je ne rentrerais pas dans le débat. Que vous fassiez votre choix est mon seul objectif. Si vous préférez croire que le voyage dans le bois était sans danger mais, qu'en tant que citadin de naissance, il s'effrayait au moindre bruit, c'est votre choix. Si vous préférez croire que le serpent géant était en fait une couleuvre d'un demi-mètre inoffensive qu'il piétina à l'un de ses réveils, apeuré par la grandeur du monstre, c'est votre choix. La réalité ne compte pas dans la vie d'un ménestrel. Car, que vous fassiez ou non preuve de réalisme ou de concrétude, au final, son histoire est belle et c'est la seule chose que nous lui demandons !

Notre ami quitta donc, bien équipé comme vous le verrez plus tard, le petit village et tenta de trouver Eniod entre les femmes.

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Dernière édition par Théodore le Jeune le Mar 1 Mai 2012 16:34, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et Eniod
MessagePosté: Lun 9 Avr 2012 21:54 
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Ce fut donc à la lisière d'Eniod que nous retrouvâmes notre jeune voyageur racontant son périple. À une demi-heure de marche de sa destination, aux lumières tombées, il décida de s'arrêter prendre un peu de repos dans une auberge étape. Fleuron du commerce, la région regorgeait de gargotes de ce style sur nombreuses routes à caravane. De plain-pied, elles s'ornaient de larges et luisants murs blancs réfléchissant les lumières plongeantes d'un Soleil de plomb allant se reposer d'un sommeil bien mérité. De maigres colonnes brunes soutenaient, à chaque angle, le toit de tuiles ocre. Contrairement aux autres régions, les architectes de celle-ci préféraient intégrés à la structure leurs obélisques à chapeau directement dans les angles. La continuité affirmée, les bâtisses donnaient une impression de plénitude.

« Mes amis, comme je suis heureux d'arriver à la fin de mon trimard. Jamais je n'ai pu avoir aussi peur que dans les étranges montagnes qui séparent votre belle contrée de ma terre natale de Tulorim. Après une périlleuse rencontre, mais ceci est une autre histoire, au cœur de l'affreuse forêt bordant le Nord de ces monts, je m'aventurai en leur sein. Âpres au goût qu'ils laissent sur nos palais pleins de poussière, ils laissent un mauvais souvenir à celui qui les parcoure. En effet, ce n'est pas très glorieux – et la suite l'est encore moins – mais la seule chose que vous garderez en les franchissant, c'est un sacré rhume ! Des journées si chaudes que vous vous croyez en plein désert. D'énormes coups de soleil rougissent votre peau et rendent vos cheveux semblables à de la paille. Des nuits si froides et si venteuses que vous grelottez, même sous plusieurs couvertures.

« Mais le terrain est encore plus inhospitalier. La roche ne laisse que rarement la place à de la verdure et, lorsque le cas se présente, elle est jaunie et desséchée. Mieux vaut se prémunir à l'avance de la dureté du sol. Même avec mes épaisses bottes, je soignais, chaque soir, mes pieds ensanglantés par les assauts répétés des caillasses jonchant le relief de mon itinéraire. Sans compter qu'il faut accepter de se perdre dans ces montagnes. Aucun être civilisé n'y habite, cela se voit, car si vous espérez une route dans ce chaos, vous pouvez toujours rêver. Pas un bâtisseur n'eut l'idée, pourtant très bonne, de tracer une route vers la glorieuse Eniod depuis la belle Tulorim. Rivalisant de richesse et de culture, ces deux villes sont pourtant les plus importantes de notre continent. Pour se diriger, le soleil suffira pouvez vous escompter. Certes, en terrain plat. Lorsqu'il s'agit de contourner les pics, de prendre les cols, de ne pas s'aventurer dans les neiges éternelles, oubliez le soleil. Seul votre instinct – ou votre chance – vous sortira de là.

« C'est dans la matinée du deuxième jour au cœur des montagnes que j'ai rencontré un étrange personnage. Je l'ai aperçu, au loin, enlevant des vêtements à la va-vite. Lorsqu'il me vit, il m'ouvrit ses bras et, de sa voix la plus grave, se dit heureux de me voir. Devant mon étonnement et après m'avoir embrassé, il m'expliqua.

« " Vois-tu, me dit-il, tu rentres dans le territoire de la Sororité de Selhinae. Je travaille pour un marchand d'Eniod et vais régulièrement à Tulorim pour négocier certaines marchandises. Autant au retour, je rentre avec les biens en navire, autant l'aller est pour mes jambes. Une fois, alors que j'étais en mission comme n'importe quel travailleur consciencieux, je me fis poursuivre par une tribu de folles furieuses habillées comme des sacs mais avec des épées plus grandes que moi. Ne demandant pas mon reste, j'ai couru comme un dératé jusqu'à ne plus les entendre. Ce n'est qu'arrivé à Tulorim que je me suis renseigné. Il s'agit en fait d'une espèce de secte d'amazones complètement timbrées qui tue à vue tous les hommes qu'elles rencontrent. Je ne sais pas trop pourquoi mais en tout cas, elles sont plutôt dangereuses. D'où l'habile stratagème que j'ai mis en place ! "

« Il me montra alors les vêtements qu'il avait enlevé. Une épaisse et longue robe bariolée rembourrée au niveau des seins pour imiter une opulente poitrine.

« "Une fois rasé de près et avec un chapeau, de loin, tu ne cours aucun risque. Quelques-unes sont déjà venues me voir pour me prêter assistance, je leur ai dit que je ne faisais que traverser. Tiens, c'est cadeau. C'est ridicule mais tu sauves ainsi ta vie !"

« Il me donna sa robe et je traversais travesti alors le territoire des sœurs castratrices. Oh, je comprends les rires qui moquent votre pauvre ménestrel ! Mais pensez bien ! Cette robe, gage de mon ridicule qui, aujourd'hui, vous fait vous rouler par terre, hier m'a permise de garder la tête sur les épaules. Littéralement. Au bout d'une journée de marche, j'aperçus effectivement des cavalières aux plastrons travaillés pour mouler de larges poitrines. Mais, bien qu'enviables, gardez-vous d'en faire part. La froideur de leur discours me glaçait le sang malgré la température – et mon désir, car il ne faut pas nier qu'elles étaient belles. La liberté leur donne peut-être ce joli teint ou bien est-ce le fait qu'aucun homme ne puisse les avoir. Enfin, revenons-y ! Je leur répondis, d'une voix aigüe et chantante, que j'avais perdu mon mari et que je gagnais Eniod pour me mettre au service de ma tante. Elles gobèrent le subterfuge sans trop de problèmes et me laissèrent, seul, continuer non sans m'avoir indiqué la route à suivre. Je gagnais effectivement rapidement le fleuve qu'il me fallut alors simplement descendre pour me retrouver auprès de vous !

« J'espère que vous avez aimé mon histoire et vais désormais m'offrir une bière en attendant de succomber aux charmes de la riche Eniod ! »

Ainsi se terminait son périple. Il arriva à Eniod le lendemain. Tout était pour l'accueillir. Les vents marins retrouvés lui léchaient le visage de ses embruns si doucement salés et le soleil frappait, lui semblait-il, avec moins d'insistance. Lui, le citadin, retrouvait enfin la ville.

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