Killak fut agréablement surpris d'être encore en vie, il pensait être piétiné à mort lorsqu'il était en quelques sortes, sortit de sa cachette qui s'était par ailleurs changé en une belle plante, qu'elle comble pour un arbuste,...
La métamorphe se tourna vers Killak et il put voir son visage, s'était une femme belle dont le visage était taillé dans une espèce de sérieux militaire mais en même temps était baigné d'humour. Il ne répondit pas à la remarque de la jeune femme, ni à celle de l'autre d'ailleurs qui lui avait fait une remarque sur ses cheveux, elle était étrange celle-la. Bref, l'elfe avait comprit qu'il fallait faire silence s'il ne voulait que le bruit des sabots des équidés ne soit son requiem.

Après que l'hybride eut fait sa diversion auprès des gardes, ce qui en passant fonctionna très bien. Après quelques heures de marche, le groupe arriva dans un endroit assez sombre, la lumière de l'astre solaire passait difficilement car, les arbres étaient nombreux et ils filtraient les rayons et ne laissaient rien pour les habitants de la forêt, ni même pour les visiteurs indésirables et désirables d'ailleurs. Le silence était un mot tabou avec le lutin qui parlait tout le temps, le centaure le fit taire en voyant un danger potentiel et lorsque ce dernier fut loin, le rôdeur fit les présentations.

"Je m'appelle Killak Goddien, désolé mademoiselle si j'ai surgit derrière vous mais,... en vrai c'est vous qui avez surgit devant moi"

Killak souriait, il fit un peu d'humour pour détendre un peu l'atmosphère, il répondit également à la remarque de l'étrange jeune fille.

"Et pour votre information jeune fille, je suis bel et bien un elfe, ma coloration est due à un allergène suite à un empoisonnement et il n'y a pas que ça qui a changé mais bon,..."

Tremblepensée, répondant par le strict minimum à Luneoh nous mène à travers la forêt. Il s'arrête soudainement, manifestement sur ses gardes, nous demandant le silence par la même occasion. Je m'arrête, simplement, et regarde autour de moi. Mais à part un troupeau de cervidés qui passent devant nous, qui nous regardent avant de partir à nouveau en gambadant à travers la forêt.

Le centaure nous conseille dès lors d'être sur nos gardes tout en reprenant sa route. Tâchant de me rappeler les mélodies apprises dans le bateau, je sers dans ma poigne ma flûte de cristal. Je m'approche et à défaut de pouvoir lui chuchoter à l'oreille, je lui demande tout doucement, de la voix la plus fine que je puisse :

"Vous auriez vu une femme jouant de l'oud, avec des cheveux bizarres, comme les tresses des hafiz dans cette forêt ?"

La rencontre avec les bestioles à six pattes ainsi que le voyage dans la goélette elfique n'ont pas réussi à chasser ma vision de la fille dans les rues de Kendra Kâr et je suis persuadée qu'elle se trouve ici, quelque part dans cette forêt.

Je n'obtenais aucune réponse à mes deux questions ce qui était plutôt compréhensible car, dans un premier lieu, le centaure nommé Tremblepensée ne devait même pas m'avoir entendue avec le lutin le saoulant de paroles et, dans un second lieu, l'elfe à la chevelure flamboyante ne semblait pas prêt à rencontrer les congénères de notre guide. Ces cheveux avaient par ailleurs une drôle de couleur même pour un être comme lui mais comme on Hailindra le disait, l'heure n'était pas aux présentations. Je suivis donc le groupe dans la forêt et trouvai dommage de quitter cette clairière pour retourner sous l'inquiétante frondaison des arbres. Prudente, ou peureuse peut être, j'hésitais à prendre mon arc afin de me défendre au cas où mais je ne savais pas comment réagirait notre guide semi-équin dans ce cas précis.

(Les forêts ne sont pas dangereuses, non les forêts ne sont pas dangereuses...)

Lorsque l'être mi-homme mi-cheval s'arrêta soudainement, je commençai à paniquer pour me calmer aussitôt en voyant le troupeau de jolis cervidés devant nous. C'était avec fierté que je me félicitai de ne pas avoir encoché une flèche sur mon arc car dans la panique, j'aurais bien pu faire du mal à ces bêtes innocentes. Nous reprîmes notre marche ensuite, le silence seulement troublé par le lutin, évidemment, et l'elfe qui se décida à se présenter. Le fait d'avoir surgi devant lui était faux car je n'avais pas bougé, du moins j'en été persuadée, et savais pertinemment qu'il n'était pas derrière moi sur le chemin devant moi.

Le fait que je sois sous une forme ou une autre ne vous donne aucunement le droit de me surprendre. Cela pourrait être dangereux qui plus est.

Je m'étais rapprochée de l'elfe afin de lui parler le plus bas possible tout en gardant un espace raisonnable afin qu'il ne se méprît pas sur mes intentions. L'humour pointait dans ma voix et je ne pouvais empêcher le rouge de me monter aux joues en lui parlant, comme à pratiquement tous les étrangers que je rencontrais. Ceci dit, je me détournai de l'elfe et me concentra sur le paysage alentour.

Bien que visiblement agacé, Tremplepensée prend la peine de répondre à Luneoh et est plutôt patient. Bon nombre aurait déjà jeter le lutin au loin pour ne plus avoir à entendre cette pipelette, mais quand le centaure demande à tout le monde de se taire, Luneoh plaque rapidement ses deux mains sur sa bouche en prenant une brève bouffée d'air. Il reste ainsi quelques instant, mais comme je m'en doutais, cela ne dure pas. Il ne peut réprimer un "Waaaaah" admiratif à la vue du cerf et de sa petite famille. Noble créature à la coiffe boisée. Quelle chance de pouvoir en voir d'aussi près...mais que fais Luneoh...Ah non pas encore! Reviens ici petit lutin inconscient...Pourquoi je m'obstine alors qu'il ne m'entend pas et même si tel était le cas, il ne m'aurait pas écouté.

"Qu'ils sont beaaaaaaux."

Aussi beaux ces animaux soient-ils Luneoh, cette forêt est dangereuse...Je vous en supplie Yuimen si vous m'entendez, faites qu'il ne lui arrive rien, il est inconscient mais pas méchant. Bon d'accord il a mit de la potion de Longue-Tignasse dans la boisson des prêtres du temple aux lignes, mais ce n'était pas méchant...Une simple farce de lutin, protégez le s'il vous plait. Je me demande si les dieux peuvent m'entendre, toujours est-il que notre petit compagnon voleur de chaussettes a réussi à s'approcher un peu de ces magnifiques créatures jusqu'à que ces dernières s'enfuient, bondissant avec agilité entre les arbres pour disparaitre dans la pénombre des sous bois.

"Ooooh."

Luneoh semble déçu, c'est compréhensible, en bon lutin des sylves, il adore les animaux et il avait probablement une envie irrépressible de faire des papouilles au cerf, mais bon il s'en remettra. Il trouvera bien un autre centre d'intérêt d'ici quelques secondes. Tiens pas manqué! Le voila de nouveau en train de jouer avec les papillons qui sont étrangement attirés par sa salopette. Riant et dansant, notre petit lutin en oublie ses compagnons restés derrières et s'enfonce plus en avant dans la forêt au rythme de ses petits pas de danse guillerets.

Killak n'était pas vraiment embarrassé par la réponse de la jeune demoiselle qui avait surgit précédemment devant lui. Certes, sa réaction était un peu poussée mais il y avait cette touche d'humour dans sa voix qui plaisait au rôdeur. Par contre le gnome voleur de chaussette commençait à l'inquiéter, il faisait beaucoup trop de bruit dans une forêt aussi dangereuse.
Il se rapprocha doucement de l'archère et lui glissa quelques mots.

"Il est vrai que lorsque vous êtes apparue devant moi, j'aurais dut m'écarter mais j'ai été très surpris, excusez-moi".

Il parla doucement, très doucement aussi prêt de l'oreille de sa compagne de route improvisée.

"Votre amie là, elle est mage? Elle connait un sort de silence? Parce que si on se fait repéré dans une foret surtout aussi dense que celle là, on est,...mort".

Il regarda un peu partout dans entre les arbres, à travers des buissons, en l'air dans les branches,... Le soleil ne passait pas, mais la bonne vue de l'elfe lui permettait de voir mieux dans le noir qu'un simple humain.

Le centaure me répond en utilisant plus de mots qu'à son habitude. Je note mentalement toutes les informations qu'il vient de nous transmettre. Ainsi la jeune fille jouant du oud n'était pas seulement une apparition, mais bien réelle et se nomme Fédora. Tremblepensée l'a croisé, et l'a emmené à l'abri, près des troupes de l'Anorfain.

(Que pouvait bien faire des elfes blancs de ce coté-ci du monde. Le capitaine avec qui nous avons embarqué m'avait bien dit que Luinwë était dans l'autre sens...)

J'ai soudain l'impression que le voyage ne va pas être de tout repos et que je me suis fait embarquée dans une histoire qui ne me concerne finalement pas en suivant ce lutin. Le centaure nous conseille enfin d'éviter la centaurée si, par malheur, on devait retourner dans ce coté du bois. Dommage, ils ont l'air gentil finalement ces héxapodes.

Je n'écoutais ni le centaure blond, ni Hailindra, ce qui était surement un tort par ailleurs mais l'elfe était beaucoup trop près de moi pour que je fisse autre chose que l'écouter et rougir. Celui-ci semblait très poli et sympathique, du moins pour le moment cependant, mon père m'avait appris à ne pas me fier à la première impression car c'était ainsi que les espions arrivaient à leur fin bien souvent. Un bruit venant du lutin et une autre phrase de mon voisin détournèrent mon attention de ce dernier afin de la rediriger vers le lutin qui semblait ne pas connaitre le sens du mot discrétion.

Oui elle est mage et non, je ne sais pas si elle connait un sort de silence. Maintenant, si vous voudriez bien tenir vos distances et garder ce mode de communication pour les situations l'exigeant, je vous en saurez grès.

L'elfe à la chevelure étrange était vraiment trop près et j'avais mis toute l'autorité que je pouvais déployer dans ma phrase afin qu'il comprenne que sa proximité me gênait vraiment. Il aurait beau être aussi sympathique que possible ou bien un envoyé de n'importe quel dieu que sa présence aussi proche de moi me gênerait. Cependant je devais reconnaitre qu'il avait raison sur un point: un peu plus de silence serait plus que bienvenu. L'être mi-équin parla suffisamment fort pour que je l'écoutasse et appris donc que nous étions arrivés à destination ce qui me soulageait un peu.