Nous étions arrivés dans la clairière pendant la nuit, et n'avions donc pas pu voir certaines choses. Mais maintenant que le soleil avait fait son apparition, le décor s'offrait à moi. Lorsque je fis le tour d'horizon, mes yeux furent abusés par cette butte. Il s'agissait d'un tertre immense recouvert d'herbe. J'aperçus aussi une petite entrée, avec un panneau. De ma position, il était impossible de lire ce qui y était inscrit. Plus loin, je remarquais la présence d'une rivière. Une source d'eau n'était pas de refus. J'avais soif, mais ce besoin se fit vite oublier.

Devant moi se jouait un spectacle plutôt curieux. Plusieurs petites bestioles ailées riaient, campées sur des feuilles de je ne sais quoi et dansaient sur une vaguelette.

(Qu'est-ce que c'est que cette merdouille...? )

Je ne savais pas ce qu'était ces choses, mais elles m'offraient un ballet plutôt agréable.

"He, Virina, t'as vus ça ? Tu sais ce que c'est ?"

Elles sont là, toutes rieuses. Elles dansent joyeusement, rient en s'amusant, comme des petites coquines, en buvant la rosée du matin ... euh, ah non, l'après-midi, pardon.

Je disais donc. Elles s'amusent comme des petites folles, en sirotant le rosé postméridien. Elles surfent à dos de feuilles sur les vaguelettes du petit ru qui coule ici ou là. Elles glissent sur l'onde sinueuse serpentant à travers les fourrés de la forêt chatoyante qu'est cette verdure environnante. Quand soudain */CRACK !/*

Gepsy arrive. Le sinari, fort épuisé, avance à pas de gorille sur le petit sentier avoisinant la rivière. Ce petit être faiblard survient tout blafard aux côtés des mignonnes aldrydes. Apeurées par l'arrivée soudaine de ce géant hideux, elles s'enfuient en glissant le long de la rivière.

"C'était quoi, ça, dites-moi ?"

"Aucune idée ..."

"Il ne faut pas les approcher ..."

"Elles sont jolies."

"Pas faux ..."

"Elles font peur."

"Pas vrai ..."

"Suivons-les ..."

"Au point où on en est ..."

C'est ainsi que Gepsy se met au pas pour suivre les petites créatures qu'il vit tantôt. Il suit le cours d'eau, tel un cadavre ambulant, vidé de toute vitalité.

"Attendez, mesdemoiselles ..."

Après une demi heure de marche intensive à vingt pieds par minute, il s'écroule d'épuisement par terre, devant un homme vêtu de rouge et une orque naturellement verte.

Cette clairière verdoyante bordée par une sympathique petite rivière offrait un magnifique spectacle pour les yeux. Du côté ouest, il y avait un tertre assez imposant, qui résidait en fait à unejolie petite butte de terre, ornée de pierres à sa base et recouverte d’herbes vertes. Un amant de la nature aurait aussi remarqué les papillons, bleus, jaunes et même des orangés à deux tons, se baladant de fleurs en fleurs butinant gaiement. Cependant, Virina, qui ne s’était jamais émerveillée par la beauté de la nature, n’avait rien relevé de tout cela. Rassurez-vous, elle était dotée d’un bonne vue, c’est juste qu’elle n’éprouvait aucun intérêt pour les créations de mère nature. Par contre, l’inscription à l’entrée du tumulus avait attiré son attention. Son intérêt ne portait pas sur la qualité ou la nature du panneau de bois, ni la calligraphie, mais bien seulement sur ce qui y était inscrit.

(Ici, repose Aman.)

Virina était curieuse de savoir ce que pouvait contenir cet endroit, mis à part la sépulture. Si ce dénommé Aman était un guerrier, ce tertre pourrait alors contenir des armes intéressantes pour une passionnée du combat telle que Virina.
L’orque en était là à ses réflexions, lorsque son compagnon de route l’interpella pour lui demander si elle avait vu l'action qui se déroulait sur la petite rivière. Pour soutenir ses dires, Franky lui montra la petite course qui se déroulait devant eux. Le jeune homme semblait fasciné et avec raison. Sur la rivière, profitant du courant et surtout des vagues qu’offrait le cours d'eau, de jolies petites créatures ailées, debout sur des feuilles de lauriers, affrontaient joyeusement les vagues en essayant vraisemblablement de remonter le courant.

« Non, je ne les avais pas vu et non je ne sais pas ce que c’est ! »

La guerrière ne les avait effectivement pas aperçues, et n’était pas du tout intéressée à les observer s’amuser sur l’eau. Elle avait d’autres plans et était un peu contrariée de s’être fait déranger dans ses pensées.

Le tertre occupait toutes ses pensées, et elle était bien décidée à aller l’explorer lorsqu’un nouvel intrus se pointa. Il s’agissait d’un jeune hobbit couvert de vêtements de couleurs extravagantes et plutôt mal en point si on se fiait à tous ces bleus régnant en maîtres sur ce visage bordé par une barbe de quelques jours. Aussitôt arrivé à leur hauteur, il s’écrasa au sol.

L'orque s’approcha du petit être et du bout de sa botte poussa le gros pied poilu avant de demander d’un ton presqu’aimable.

«Ça va aller ? »

La grande créature verte s’était informée de l’état du petit homme beaucoup plus par méfiance que par charité. Lorsqu'elle constata qu'il était inconscient, elle se recula de quelques pas.

Virina me répondit qu'elle ne savait pas ce que c'était, et qu'elle n'avait rien vu. Tout de suite, elle sembla s'intéresser à autre chose, ou plutôt quelqu'un. Et effectivement, nous n'étions pas seuls.

Un enfant, oui, au premier regard on pourrait le penser. Pour sa taille surtout. Mais à bien le regarder, sa barbe, sa corpulence, non, c'était un être d'âge mûr. Je failli glousser lorsque je constatais ce détail, et encore plus lorsque je vis la façon dont il était accoutré. Ses habits étaient hétérogènes, tous de couleurs bien différentes, et surtout très laids. Il semblait aussi assez mal en point. Si j'avais dû le qualifier, j'aurais dis que c'était un errant. Un pauvre homme perdu sans aucun domicile où aller. Au moins, il ne me ferait pas d'ombre.

Ce corniaud tomba comme une pierre sur le sol, la tête la première. Je ris d'un rire fort et tonitruant. La scène était comique. Mon rire s'accentua lorsque ma partenaire s'en mêla. Elle lui donna presque un coup de pied en le poussant avec sa botte, avant de lui demander presque aimablement s'il allait bien. Je ne me fis pas cette peine cependant. Je m’avançais vers lui, et dans un geste qui se voulait plein de compassion, je lui tendis ma grosse main avec un grand sourire accommodant, mais avec une pointe de sadisme comme je l'aimais.

Au cœur de la forêt frontalière entre Omyrhy et la République d'Ynorie, aux abords d'une clairière ornée d'un grand tertre, se trouve une rivière ruisselant lentement entre les arbre touffus de cette forêt de frênes. Sur les ondes de ce ru dansent au milieu des fleurs de toutes les couleurs Aldrydes et ... Aldrydes, tandis qu'un petit être, effondré dos contre terre, reprend du mieux qu'il peut ses esprits et ses forces.

Face à Gepsy, ou plutôt au dessus de lui, se tiennent deux êtres hauts en couleurs. L'un est une bête toute verte, à l'habit simpliste et guerrier, dont les longs cheveux gris trahissent un âge bien avancé. L'autre est un humain, semble-t-il, dont la parure est tout aussi inhabituelle que celle de l'autre : une veste rouge et un grand chapeau de même teinte, qui lui tombe sur ses yeux. Ce grand type sourit au sinari étourdi en lui tendant une main géante - main étant la première chose que Gepsy voit.

Face à cette irruption surprenante, Gepsy n'a d'autre possibilité que de sursauter en tentant de reculer et en poussant un cri. Problème étant son état physique : il n'a plus aucune énergie. Sa tentative est donc vaine et il retombe lourdement sur le dos. Tout ce qu'il peut faire à présent est d'ouvrir sa bouche pour parler ... et encore faut-il apprendre à le comprendre.

"Un géant !", s'exclame-t-il d'une voix faible mais terriblement convaincante.
"Un humain, crétin.", corrige-t-il, blasé.
"Oui mais soit ! Un danger !"
"Que font ces deux zigotos dans la forêt de l'Ironie ?", se demande-t-il calmement.
"Ils veulent nous voler le Tilori !"
"Ils vont nous tuer ..."

Là, le sinari semble plus s'adresser aux deux autres créatures.
"Vous l'aurez pas !"
"Il est à nous !"
"Bandes de voleurs !"
"Donnez le nous !"
"Nous tuez pas !"
"Mais tuez-le ..."
"Qui ça ?"
"Moi ?"
"Non, le Tilori."
"Ah, ouf."
"Ah bon ?"
"Bien sûr que je parlais de toi, abruti !"
"Mais qu'est ce que STOP !!

[Jugeant le semi-homme un tantinet excessivement bavard pour ce qu'il était censé lui rester d'énergie, le narrateur décide d'arrêter là cette stupide conversation et se tourne vers la réaction des deux êtres extérieurs à toute cette ménagerie.]

Alors que Virina avait poussé le hobbit de son pied, Franky pour sa part lui avait tendu sa large main.

Après quelques moments d’attentes, le petit être revint enfin à lui. Voyant ces deux géants devant lui, il eut tout d’abord un mouvement de recul bien naturel. Virina esquissa un tout petit début de sourire à peine perceptible lorsqu’il les regarda.

Détrompez-vous, il ne s’agissait pas de sa part un geste de gentillesse pour rassurer le jeune homme, mais tout simplement un soupir de soulagement de le savoir vivant. En effet, Virina avait craint un instant devoir transporter ce cadavre ailleurs ou encore pire creuser pour l’enterrer. Laisser un corps ainsi sur le sol aurait attiré les prédateurs, la vermine et la maladie. Ce surplus de travail étant écarté par la reprise de conscience du concerné, Virina ne pensa plus qu’à une chose, explorer ce tertre comme elle en avait l’intention avant l’arrivée de cet intrus.

Virina allait se retourner vers le tertre bien décidée à y entrer, lorsque le ressuscité se mit à parler, à se questionner et à se répondre en s'insultant lui-même. Virina, qui n’aimait pas converser inutilement, n’appréciait pas du tout ce verbiage et la suggestion de le tuer aurait pu être tentante si notre guerrière n’avait pas eu de jugeote. Mais moins stupide que ses congénères orques, elle savait que même si elle était forte, seule, elle ne pouvait vaincre tous les ennemis, et qu’il était préférable de se faire quelques alliés. Et puis, s’il se parlait tout seul, ça l’éviterait de lui répondre.

Après qu’il eut fini son monologue, elle lui dit d’un ton neutre :

« Je suis Virina, et je m’apprêtais à explorer ça ? » dit-elle en pointant l’entrée de la butte de terre.

«Vous voulez m’accompagner ? » rajouta-t-elle en s’adressant à ses deux compagnons cette fois.

Le petit homme eut un mouvement de recul en nous voyant, l'orque et moi. Il est vrai que celle-ci était assez impressionnante. Mon sourire sadique devait y être pour quelque chose peut-être aussi... Apparemment il devait être bien fatigué, car comme la première fois, il s'écroula sur le sol, de façon aussi ridicule que précédemment.

Soudain, il se mit à parler tout seul, d'un allure bien étrange ma foi. Bien au delà de la stupidité, il devait être fou. Je ne compris pas grand chose à ses dires, mais ses changements de ton étaient inquiétant. Pour sa santé s'entend, pas pour Virina ou moi. Au vu de sa taille, il ne présentait aucun risque à notre égard.

Ma - presque - belle coéquipière se présenta et lui dit qu'elle s'apprêtait à explorer le tertre. Je fus étonné, elle ne m'en avait pas parlé. Je commençais à la connaitre, et j'avais compris qu'elle parlait peu, presque pas du tout. Mais j'aurais pensé qu'elle m'aurait demandé mon avis, ou au moins que je l'accompagne. C'est d'ailleurs ce qu'elle fit, quelques instants plus tard, en s'adressant à moi et au petit homme. Un fardeau dans le groupe. Mais un fardeau pouvait parfois se montrer utile. Il suffisait de l'envoyer à la mort à notre place. C'était aussi utile en cas de fuite. Ce fut, je crois, la seule phrase que j'avais retenu de Wok, l'archer de l'équipage du Green.

Il m'avait dit, à plusieurs reprises, "Un homme est toujours utile, tant qu'il n'est pas mort ! N'abandonne jamais un camarade blessé. Pousse le à la bataille à ta place plutôt !"
Je l'avais écouté. C'était le premier que j'avais utilisé comme bouclier lorsqu'il s'était prit une flèche dans la jambe. Dans un élan de compassion, et surtout par commodité, je me présentai aussi. Cela m'aurait énervé qu'il m'appel "le mage rouge", ou "l'homme en rouge" à tout bout de champs. S'il devait rester parmi nous, autant qu'il nous appel par notre nom.

"Moi c'est Franky ! Je te suis Virina, tu viens le gnome ? C'est quoi ton nom à toi ?"

Deux géants colorés, un hobbit affalé, dans une grande forêt ... voilà où on en est. Au beau milieu de cette verdure forestière, l'ogresse et son compère comptent explorer les lieux. Un grand tertre de terre qui surplombait de sa grande silhouette toutes les petites bêtes qui grouillaient sur la terre. Le sinari le voit pour la première fois, et face à ce bas mont fait capitulation.

"Pas question !"
"Oh mais si."
"Oh que non !"
"Mais pourquoi ?"
"Ça se voit pas ?"
"Pas tant que ça."
"Mais bon sang, ce amas de poussière va nous tomber dessus au moindre tremblement de terre !"
"Et puis, on ne sait pas ce qu'on va y trouver."
"Euh, il serait de bon ton de vous en rappeler ..."
"Nous rappeler de quoi ?"
"Vous rappeler que l'on a vécu chaque jour dans une grotte similaire, et qu'il n'est jamais tombé ni squelette ni poussière ! Bidouille de fripouille !"
"Ah c'est vrai."
"J'oubliai"
"C'est pas vrai ..."
"Bon ben quoi ? On y va ?"
"Sûrement pas !"
"Oh que si, allons-y !"

Dans un effort ultime, en poussant sur ses mains, le sinari se lève, tremblant de tout son être. Il s'approche à grand peine de ses nouveaux copains, et d'un coup sans prévenir retombe dans les pâquerettes.

"Partez devant, géants. Gepsy doit se reposer. Ou si vous voulez de moi, il faudra me porter."
(Mais ... s'ils partent, qui va nous protéger ?)
(Ta gueule et pionce)

Laissons là ce petit être-là. Pour le moment, il doit se reposer.

Franky décida de suivre Virina. Pour sa part, le hobbit n’était pas vraiment en état. Cela faisait déjà un moment que la guerrière avait remarqué que ce petit homme qui délirait n’avait pas toute sa tête. Mais cette fois, force lui était de constater qu’il n’était pas en très grande forme physique.

Lorsque ce dernier leur demanda de le porter, Virina poussa d’abord un petit grognement de contestation. Cependant, après un petit temps de réflexion, elle en vint à la conclusion, qu’il pourrait être utile. Si une bête féroce se trouvait dans cette espèce de grotte, alors ils auraient le petit être bizarre pour la satisfaire ou pour la distraire.

C’est ainsi que Virina empoigna le collier qui était coincé sur la tête du hobbit et qu’elle traîna ce dernier avec elle vers l’entrée du tertre.

On pouvait voir les traces que faisait les gros pieds sur le sol, mais Virina ne se souciait pas de ce petit détail et pénétra dans le tertre, sans un regard à l'arrière.

Lorsque Virina entra dans le tertre, on put entendre un bruit singulier « Ploc » se répéter à quelques reprises. Il s’agissait en fait des gros pieds du petit homme inconscient qui frappaient chacune des marches usées que la guerrière descendait. Heureusement pour le hobbit, l’escalier n’était pas bien long et la femme à la peau verte atteignit assez rapidement la chaussée de terre.

C’est à ce moment que Virina, sans préambule ni précaution, lâcha l’anneau qui entourait la tête de son fardeau. Celui-ci tomba brusquement au sol sans toutefois accumuler de nouvelles blessures. Notre orque, qui comme ceux de sa race, était dotée d’une excellente vision nocturne, examina les lieux et aperçut trois galeries. Elle aurait bien aimé explorer l’une d’entre elles, mais cela lui était impossible pour l’instant, puisque l’obscurité totale régnait dans ces ouvertures.

Après une courte recherche, elle vit une torche accrochée sur le mur de pierre à proximité de l’entrée de la caverne la plus à sa gauche. Elle l’empoigna et la considéra un instant avant de s’exclamer à voix haute :

« La bataille de Torcheraude. »

D’autres que Virina n’auraient peut-pas fait le lien entre cette singulière torche et le tombeau dans lequel elle se trouvait, mais il en était tout autrement pour notre passionnée de combats. Cette dernière se délectait des récits historiques des grandes batailles, et elle était un jour tombée sur le texte racontant les exploits d’un grand général Hinion nommé Aman. Elle se rappela alors tous les détails de cette fameuse bataille qui dura plus de cents jours et qui faillit se solder par une défaite, n’eut été du secours in extremis apporté par une troupe de Torkins. La troupe de Trolls enragés fut alors disséminée, et le valeureux général mourut bravement sur le champ de batailles. Virina avait littéralement bu chaque page et chaque ligne de cette saga et n’avait pu interrompre sa palpitante lecture que lorsqu’elle l’eut terminée, se privant ainsi de quelques repas. Ce qui fut un exploit pour une orque affamée telle que notre vieille guerrière. C'est ainsi, qu'elle fit rapidement le rapprochement entre cette pierre et l’inscription à l’entrée.

Si l’intérieur du tertre n’avait pas été si sombre, ces compagnons auraient pu voir s’afficher un rare sourire sur le visage de la femme verte, ce qui ne fut pas le cas, puisque l’un deux était inconscient et l’autre n’était pas pourvu d’une vision adéquate pour observer l’étrange phénomène.

Envahie par un soudain enthousiasme non-dissimulé, notre vieille créature verte secoua énergiquement la pierre émeraude qui s’illumina aussitôt. Ainsi équipée d’une torcheraude, elle fit quelques pas vers le tunnel de gauche, sans toutefois s’y engager complètement.

L’envie ne lui manquait pas d’explorer cette galerie seule, mais elle savait qu’il était plus prudent d’y aller accompagnée. Elle se tourna donc vers ses deux compagnons et attendit leurs réactions.

Au loin à l'horizon, par delà le bout du monde, il plane comme une ombre au dessus des bas-fonds. Ses grandes ailes sans plumes se plient en harmonie avec les pulsations qui rythment la vie. Son plumage absent et son ramage puissant attirent l'attention de tout être vivant. Il vole là-bas, au bout de la terre, à la vue de chacun, à la portée d'aucun.

Trois petits êtres aux extrema membraux surdimensionnés contemplaient avec avidité ce volatile voler depuis le haut d'une tour dont le corps n'a pas de pied. Ils sont là, tous les trois, et sont las d'être là, car hélas il faut croire que leur unique espoir de remporter la gloire flotte dans les abysses du néant céleste.

Soudain l'un des trois nains s'écrie sans préavis, avec grâce et poésie :

(AMÉTHEU !! Mon pied ! Qui me l'a attaqué ?)

Ceci étant dit, il cherche autour de lui d'où provenait l'attaque que son peton subit. Rien ni personne, si ce n'était les deux autres, qui l'observaient d'un air catastrophé.

(Que va-ton faire de lui ?)
(Il est désespérant, hein ?)
(Plus que cela.)

Encore de nouveau, l'autre pesta contre un agresseur invisible qui lui frappait les pieds. Toujours personne en vue, et toujours ses deux frères qui à chaque coup de plus en plus désespèrent.

C'est quand les coups s'arrêtent et que le sinari se calme, que la tour penche la tête. Les trois petits êtres sont éjectés en bas, filant à toute allure, se rapprochant du sol à une vitesse folle. Et là ... c'est le drame.

Un grand bruit très bourrin. Un grand cri cristallin. Un néant plein de ... rien.
Le noir complet. Gepsy se réveille en poussant un grand cri, sous le coup de la douleur. Regardant autour de lui, mis à part une lumière venant d'un bout de plafond, il n'y voit rien du tout. Quelques secondes après, une lumière apparaît à ses yeux affaiblis. Une lumeriole verte scintillant dans le noir. La lumière éclaire un visage devenu familier depuis très peu longtemps, si peu qu'il en est encore effrayant. Un visage verdâtre, qui dans cette ambiance verte était encore plus vert et terrifiait beaucoup plus.

Il se lève rapidement, en poussant un deuxième cri. Il se dirige vers la lumière, en pleurant pour sa vie. Puis sa main intercepte son pied à l'entrée de l'escalier.
"Pas question de reculer !"
"Mais elle va nous tuer !"
"Faites ce que vous voulez, moi, je vais dormir."
"Ça va pas ?"
"Au contraire. Si je dors, c'est que je suis en forme."
"Il faut sortir !"
"Il faut revenir."
"Mais bon sang, t'es conscient ?"
"Parce que tu l'es, toi, peut-être ?"
"Hein ?"
"Avec toutes les bestioles qu'il y a dehors, on est mieux ici-bas."
"C'est pas vrai !"
"C'est décidé ! On fait demi tour !"

Pendant tout ce discours, on pouvait voir Gepsy se tenir le pied, devant les escaliers, tournant la tête à chaque réplique, changeant d'expression et de ton. Ce spectacle comique se termine par un retour définitif vers l'intérieur de la grotte. Ils sont partis pour affronter un monde inconnu, une nouvelle terre, un nouvel univers, un ... on aura compris.

Virina empoigna le petit homme par le collier qu'il avait autour du cou et le traîna derrière elle comme un sac de patates. Cette vision me fit aussitôt rire ostensiblement. C'était bien digne de ma coéquipière. Nous nous dirigâmes vers le tertre, tous les trois, sans même dire un mot.

Suite à ça, nous descendîmes quelques marches, puis, la belle orque lâcha le hobbit sur le sol dans un bruit sourd. Le pauvre, combien de fois avait-il heurté le sol de cette manière aujourd'hui ?! Elle examina la pièce quelques instants puis dit à haute voix une courte phrase que je ne pus comprendre. Elle secoua ensuite une pierre verte qui s’illumina alors telle une torche. C'était parfait pour explorer les environs.

L'homme qui nous accompagnait recommença son délire sans que je ne m'y intéresse. La seule chose dont je me préoccupais était de Virina, et de la grotte. Bon, en fait ça fait deux choses, mais ça revient au même. Il fallait que je sache un truc. Dans un murmure, je lui dis alors.

"Que compte-tu faire de lui ? Je veux dire, ensuite... "