L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 20 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Sam 23 Oct 2010 22:57 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 12 Aoû 2010 12:32
Messages: 2928
La Grenouillère

Image


La Grenouillère est une petite clairière joyeuse qui contient une belle mare envahie par les grenouilles, les libellules, les nénuphars et les roseaux. Un petit pont de pierre vétuste y est présent, non loin d'un gros rocher gris bleuté.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Sam 23 Oct 2010 23:00 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 12 Aoû 2010 12:32
Messages: 2928
Jour 1 - après-midi

Au beau milieu de la clairière aux grenouilles, un étrange arbuste venait d'apparaître dans le calme des croassements et des battements d'ailes oblongues avant d'être bientôt rejoint par une petite blonde ailée...

Alors qu'elle tentait de se défaire de sa prison végétale, le regard d'Aro se porta sur un petit caillou posé nonchalamment près de l'étang à batraciens. Ses rainures sinueuses un peu dorées étaient claires et précises pour la princesse de l'arbre-monde du bois de Bäl. Un palais aldryde siègeait non loin d'ici et ce petit caillou innocent en était une pancarte indiquant son chemin. A y regarder de plus près, elle pourrait même en savoir un peu plus...

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Dim 24 Oct 2010 23:35 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 19 Déc 2009 02:16
Messages: 159
Localisation: Forêt d'Oranan
Combien de temps s’était déroulé depuis sa curieuse métamorphose ? Quelques secondes ? Une minute ? Deux ? Plusieurs heures ? Il était vraiment dur de percevoir le temps passé quand végétal on était. Et Tips-l’arbuste ne dérogeait pas à cette règle universelle, dans sa verte composition. À dire vrai, il ne prit conscience de son état végétatif que lorsqu’un choc plutôt inattendu, nettement moins doux que les bras et la musique de Mélodie, le tira de sa bougonnerie. Quelque chose venait de lui tomber brutalement entre les branches, arrachant quelques feuilles éparses au passage. Et cette chose bougeait sur lui, pleine de vie, tentait de s’extirper du piège des branchettes ramifiées, tout en s’approchant dangereusement du précieux médaillon que lui avait confié la vieille ridée elfique. Cet état de fait était inacceptable, et juste avant de prendre la parole, il se changea à nouveau en sa forme première, celle du chétif gobelin de son enfance, avec sa grosse tête de benêt et ses grands yeux expressifs.

« Weulah qu’est-ce que c’est que c’est que tu fais là sur moi ? AAH ! »

Surprise, terreur, enfer et damnation : la vision d’une créature ailée, pas plus grande que la longueur de ses jambes, était posée sur sa main, tout près de son médaillon. Une souffrance ? Une colère ? Il n’avait toujours pas appris à les distinguer, et un réflexe inné la lui fit jeter par terre dans un mouvement instinctif particulièrement délétère. Dans le même temps, le petit être vert recula de deux pas, et manqua de tomber dans la petite mare qui s’étendait là, cet étang qui se marrait de le voir ainsi déséquilibré. De nombreuses grenouilles le regardaient œuvrer en croassant bruyamment, tranchant sur le vrombissement presque constant des libellules qui voletaient partout alentours.

La petite fée sans doute terriblement méchante était curieusement vêtue. Ses ailes étaient soyeuses et tout en elle inspirait la douceur. Si elle n’avait pas failli arracher l’arbuste qu’il était juste avant, elle lui aurait sans doute fait bien meilleure impression. Et il s’en voulut presque de l’avoir fait ainsi valdinguer. Dans un ultime sursaut, il ne put que laisser échapper :

« Oups… »

Avant de grimacer, gêné.

_________________
"Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune..."

Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Lun 25 Oct 2010 19:11 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 4 Sep 2010 22:25
Messages: 864
Localisation: Cour des Pendus
- Woaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhahhh… aïeuuuh !

Dès mon arrivée chaotique – et néanmoins pleine de grâce et de charmes, qui sont mon éternel apanage – dans la forêt d’Ynorie, j’avais su que je finirais le cul par terre, et voilà qui était fait.

(Non mais quel mufle, celui-là ! Foutu arbuste ! Me balancer comme ça, à bout de bras !)





QUOI ?!!!

Non mais, avant de partir en courant comme je le ferais sûrement si mon postérieur ne me faisait pas autant souffrir, laissez-moi vous conter comme il se doit les quelques minutes qui viennent de s’égrener, ainsi que la cascade d’évènements qu’elles ont déclenché – enfin, il n’y en eut pas tant que ça, mais… tout de même ! Bref, je vous prie donc comme à l’accoutumée de faire preuve d’attention. Merci.

Je chus donc sur un arbuste aux branchettes pernicieuses, tant et si bien que j’entendis une sinistre complainte, cri d’agonie d’une robe de silm sans prix qui se voyait ainsi ouverte d’une funeste déchirure – certes, j’admets qu’à l’heure actuelle je n’ai toujours pas su la discerner tant elle est infime, et pourtant un fardeau indicible s’abattit dès lors sur mes épaules, un chagrin sans nom, une peine ineffable.

Mais peu importe, car à cet instant précis tous mes désirs étaient tournés vers la liberté, car je n’avais pas ouvert péniblement la porte de la délicieuse Yscambielle pour ainsi me retrouver contrainte par d’exécrables feuillages dépassant à peine de terre ! S’il me fallait me battre, alors je le ferais, et ce n’étaient pas mes lucioles facétieuses qui auraient dit le contraire : elles tournoyaient avec empressement autour de moi, toutes trois me bourdonnant furieusement dans les oreilles comme pour me tirer au plus vite de cette maille vivace et impertinente.

(Oui, enfin, elles sont marrantes. C’est plus facile à dire qu’à faire, hein !)

A peine avais-je trouvé un appui convenable – l’artefact lisse, froid et brillant, vous vous en souviendrez sans doute – que le buisson fut pris de telles trémulations sporadiques qu’un cataclysme terrestre ne m’aurait pas autant ballottée. Vous imaginez quelle frayeur insidieuse et perfide s’insinua en moi en cet instant, moi qui venais à peine de me remettre de ma terrible chute ! Mon cœur ainsi rossé et morigéné frappait mes côtes avec des mouvements désordonnés, sans rythme ni cadence, tant et tant renversé d’envers en endroit et vice versa que j’en eus mille renvois nauséabonds. Le décor avait parfaitement disparu, tout dissolu qu’il était dans un amalgame de couleurs superposées, masse enchevêtrée d’éléments indistincts, bouillie verdâtre et infâme – tel qu’il sied à une forêt toute de vert vêtue.

(Mais le pire est encore à venir.)

Là, (là là !) ici – à ce moment précis dont je parle présentement et qui me laisse toujours pantoise à l’heure où je m’adresse à vous – là donc, la rude écorce des faibles rameaux et l’âpre tissure dont étaient faites les feuilles moites et poisseuses du buisson prenaient lentement la douceur discutable de la peau ; et sous mes yeux sans réaction, seulement ahurie que j’étais face à la situation pour le moins inconcevable et alarmante, le bouquet végétal se muait effroyablement en une créature au cuir vert. J’avais beau me dire qu’ainsi les lianes qui me retenaient prisonnière disparaissaient et me laissaient respirer, la frayeur prenait le dessus – je ne pouvais rien apercevoir de la bête, lui tournant le dos, mais j’étais sur sa main : une main affreuse, monstrueuse, terrible, qui certainement n’hésiterait pas à me saisir pour faire de moi un repas pour le moins succulent !

J’entendis soudain un borborygme inepte duquel je sus relever quelques mots distincts dans un fatras de non-sens syntaxique, et avant même que j’eusse pu déployer mes ailes pour fuir au plus vite, le monstre sanguinaire m’avait éjectée au sol d’un mouvement vif. Tout avait été trop vite pour que je me rattrapasse au vol, et ce fut ainsi que mon derrière de noble Akrilla ô combien puissante et majestueuse alla rencontrer des pierres plates. Plates et manifestement assez dures pour commotionner comme il se doit une peau aussi délicate qu’est la mienne, et qui plus est à cet endroit-là.

A présent, je vous laisse imaginer la terreur qui me saisit, ainsi le préambule achevé – non, en fait, je ne vous laisse pas vous imaginer, car la terreur trop promptement laisse place à l’agacement le plus profond. Quand bien même les lucioles volettent autour de moi avec force pirouettes qui m’égaient d’habitude, je ne peux me résoudre à renoncer à mon courroux.

(Ma vengeance sera terrible, foi de princesse !)

Je me redresse sur mon céans contusionné, ce qui m’arrache une plainte frivole, je carre les épaules et bombe le torse, prête à me battre pour recouvrer mon honneur… mais ce qui se dresse devant moi me couvre de désappointement.

(Fruste petit personnage ! Il est… trop mignooon !)

Je dirais même plus : je chavire d’empathie et de tendresse pour mon bourreau penaud, créature certes verte et rugueuse, mais au menu corps si frêle ! Chef d’un être haut de deux fois ma taille seulement, alors que je m’apprêtais à voir un géant des Terres énormes, sa figure disproportionnée n’est par moitié constituée que de deux gros yeux globuleux noyés d’une expression gauche et sincère ; sa chétivité d’enfant naïf est encore accentuée par la démesure de sa cuirasse molle et cloutée, et par ce qui ressemble à une arme sans en être vraiment – mais plutôt un hochet de bambin auquel on aurait ajouté une myriade de clous qui se voudraient sanguinaires.

(Petit chou !)

Le cadre ne peut que me résoudre totalement à abandonner mes velléités vengeresses : qui pourrait en effet se morfondre d’une stupide colère alors qu’un étang paisible accueille sur sa rive une colonie de libellules charmantes, une autre de grenouilles affables, le tout dans un concert apaisant de bourdonnements tranquilles et de clapotis touchants ? Toute ma rage disparue, mon nez se laisse envahir par la fragrance subtile des nénuphars, qui pallie avec soin aux disgracieux relents de la vase. Non loin, un petit pont endormi malgré la joyeuseté ambiante croulerait presque sous la masse informe des mousses et des lianes qui l’étranglent, et semble mener en des mondes ignorés et magiques.

D'accord tout cela est bien joli, mais ceci dit, bien que je me montre compatissante et miséricordieuse, ce petit chose-là n’a qu’à bien se tenir ! Si jamais il ose réitérer son geste inconsidéré, je l’admonesterai plus que jamais il ne le fus dans sa courte vie. D’ailleurs, pour le lui montrer, je ramasse prestement un galet poli sur la rive de l’étang et le lui lance dessus. Il luit d’un étrange éclat doré qui m’interpelle alors qu’il file dans les airs, juste avant qu’un bruit sourd ne m’annonce que j’ai su non sans dextérité toucher ma cible.

_________________
.
CAHIDRICE ARO. PRINCESSE ALDRYDE, ACTUELLEMENT DANS LA MERDE.


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Mar 26 Oct 2010 23:42 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 19 Déc 2009 02:16
Messages: 159
Localisation: Forêt d'Oranan
La petite créature masquée, après avoir virevolté gaiement jusque sur son fondement semblait assez remontée contre le petit gobelin, qui pourtant n’avait fait que se défendre face à une agression extérieure violente, soudaine et non-identifiée. Il pouvait sentir le regard assassin de la bestiole ailée entourée de lucioles coquines sur son pauvre petit corps terrorisé à l’idée de faire face de nouveau à une colère ou une souffrance en mal de cruauté. Il en tremblait, presque, à prévoir à l’avance les sévices qui pouvaient germer dans un esprit si dénué de compassion. Il fallait dire que ses premiers rapports avec le peuple aldryde n’avaient pas été véritablement enchanteurs, et que comme tout un chacun, Tips avait tendance à généraliser honteusement les espèces en fonction de leurs actes isolés. Ainsi, les souffrances et colères étaient des oiseaux de mauvaise augure qu’il fallait mieux éviter sous peine d’être embroché par leurs lames acérées. Les elfes et les humains se ressemblaient, mais les humains étaient plus changeants : les mâles dominants étaient rustres et dominateurs, alors que les femelles et leur progéniture étaient plus tendres et compréhensifs. Pour les elfes, s’il se fiait à ce qu’il avait vu de ce peuple : Lumbo Desconti, il pouvait les considérer comme particulièrement ingrats physiquement, mais curieusement doté d’une grande confiance en eux. Les nains, eux, étaient des monstres légendaires assoiffés de sang gobelin. Même s’il n’en avait jamais croisé, et heureusement.

Mais du haut de sa petite taille, il ne se sentait guère à sa place dans le jugement ethnique extérieur à sa propre espèce, elle-même si controversée, et à raison, bien souvent. Aussi se contenta-t-il d’observer béatement les réactions successives et inexpressives de la petite chose qui lui était tombée dessus, dont les expressions étaient masquées par une décoration faciale plutôt originale.

Il haussa les sourcils, interloqué et curieux, lorsqu’elle ramassa un petit caillou blanc sans rien dire, et qu’elle lui balança dessus. Il était trop stupéfait de cet acte singulier pour faire quoi que ce fut pour y réchapper, et le petit caillou vint cogner son casque ferreux et cabossé, manquant de le faire choir de son chef. Il eut dès lors un mouvement de recul farouche pour rattraper la seule protection de ses trois précieux cheveux, et… il fallait avouer que reculer lorsque ses talons touchaient déjà la bordure de l’étang n’était sans doute pas la meilleure chose à faire.

L’inévitable se produisit donc : dans un SPLATCH vivifiant et tonitruant, Tips tomba à l’eau. Par chance, elle n’était pas profonde, sans quoi il se serait tout bonnement noyé, n’ayant que peu côtoyé l’élément aqueux, hormis en pluies et giboulées. Il se retrouva donc trempé de la tête aux pieds, une feuille de nénuphar sur le crâne, par-dessus son casque de fer, les fesses dans la vase et les mains dans la flotte, à cracher de sa petite bouche un flot discontinu d’eau poisseuse. Une libellule vint se poser sur son oreille, le prenant sans doute pour de la végétation locale et nouvelle… Mais sa seule réaction, restant assis dans l’eau sottement, fut de gémir étrangement.

« Beuuuuuh… »

Un mélange de surprise et de désappointement. Toujours sans avoir l’idée de se relever, il sortit sa main du plan d’eau, pour montrer à la petite virulente ce qu’il venait de récupérer : un petit caillou blanc qui avait précipité sa chute. Il posa ses yeux étonnés sur la petite pierre, sans savoir que faire…

_________________
"Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune..."

Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Mer 27 Oct 2010 11:29 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 4 Sep 2010 22:25
Messages: 864
Localisation: Cour des Pendus
(Navrant.)

Et oui, effectivement, ce petit être vert se montre absolument navrant, affligeant, consternant, et même quelque peu déconcertant. Une Akrilla de puissance mienne, terrasser un ennemi par une ardente action pleine de véhémence et de fougue altière ? Evidemment oui, mais non avec un galet gros comme une paume, enfin !

Pourtant si, telle fut la tragique fortune du petit chou (ouh, j’ai faim, moi !) qui se retrouve maintenant les fesses dans l’étang, la cuirasse inondée et flottant lamentablement – tout ceci, masse informe et sans éclat, accompagné de grosses bulles éclatant à la cantonade. Et la frêle créature n’en est que plus attendrissante, cependant : sur son casque difforme et d’une disgrâce insipide, une feuille de nénuphar étalée comme une crêpe ruisselle sans discontinuer entre ses deux yeux expressifs, louchant étrangement comme s’ils ne pouvaient s’en empêcher ; sa bouche quasiment invisible prend quant à elle la forme du bel o qui est l’attribut des fontaines, et déverse en réalité telle que l’eût fait une fontaine un joli flot cristallin. Je ne sais si son fervent désir est d’imiter les grenouilles belles et bien faites qui siègent avec bonhomie sur les lieux, mais le fait est que, sitôt le flot tari, le petit être lâche un gémissement rauque tout à fait semblable à un croassement :

- Beuuuuuh…

Navrant, proprement navrant. Mais là, ça y est : une peine terrible m’enserre le cœur d’une main tendre, et la mansuétude qui fait ma renommée de par le monde m’assaille en quelques secondes. Je vole à sa rescousse, petit être fragile que je brisai sans merci et que je laissai choir, exempte de pitié que j’étais, folle et hargneuse tel un moineau (!) monstre redoutable s’il en est. En quelques battements d’ailes, je suis sur la rive, soucieuse de ne le voir pas plus réagir que s’il avait été dans son cabinet de toilette, sur un fauteuil confortable en silm caressant. L’air surpris qu’il prend me laisse indécise, ne sachant pas si c’est là son apparence coutumière ou si réellement quelque chose l’importune.

(Enfin moi, à sa place, j’essaierai de sortir de là. Non ?)

Je ne sais que faire ni que dire face à une situation d’une telle incongruité. Moi qui ai toujours vécu dans un monde ordonné duquel rien ne se peut déroger, et dans lequel les gens n’aiment étrangement pas barboter dans un limon infâme, une telle absence de réaction me laisse abasourdie. Alors, tout simplement, nuançant mon propos originel :

- Navrée.

Et j’espère qu’il ne m’en voudra pas outre mesure, petit chose si mignon…

...

(Mais… attendez, là !)

Ne serait-ce pas, dans sa main d’enfant valétudinaire, le galet que naguère je lui jetai en pleine tête et qui fut la cause de sa chute dans la vase fétide ? Il luit toujours avec cet éclat mordoré que je le vis prendre, et ceci ne saurait être sans la volonté de Gaïa, ma déesse tant chérie qui toujours me protégea contre les dangers et me guida dans mes pérégrinations.

Je ne saurais toujours pas à l’heure actuelle interpréter l’expression de celui qui se tient face à moi, mais le fait est qu’il tient en main un objet qui ne me laisse pas indifférente. Pourtant, comment faire, dès lors, pour me l’accaparer sans commettre une effroyable bévue qui serait sans doute interprétée comme une attaque diplomatique d’intensité maximale ? Je m’approche à force d’ailes, tourbillonnant autour de sa figure déconfite, et lorgne en tapinois, aidée de quelques œillades discrètes qui font mon succès auprès des Aldrons, et je réussirais sans doute à voir ce qui donne à la pierre son éclat iridescent si le pouce de celui qui la tient ne venait pas grossièrement en cacher le peu d’intérêt.

Alors, tout ce qui me reste à faire, semble-t-il, est de dire avec la majesté qui est mienne :

- Cahidrice Aro, princesse Aldryde d'Yscambielle, pour vous servir. Désirez-vous quelque aide de ma part ?

_________________
.
CAHIDRICE ARO. PRINCESSE ALDRYDE, ACTUELLEMENT DANS LA MERDE.


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Ven 29 Oct 2010 17:56 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 19 Déc 2009 02:16
Messages: 159
Localisation: Forêt d'Oranan
Toujours assis dans sa flotte, le petit gobelin fut surpris de voir que la petite demoiselle ailée vola à son secours en présentant ses plus plates excuses, comme si son acte avait été accidentel ou irréfléchi, une pulsion incontrôlable dont il avait fait les frais. Tips ne savait pas que répondre à ce surprenant élan de compassion à son égard. Il avait bien plus l’habitude d’être traîné encore davantage dans la fange, lorsqu’il y était trempé contre sa volonté. Un peu comme cette colère ou souffrance qui l’avait agressé dans les montagnes des Duchés, sans raison apparente. Mais il n’eut guère le temps de se poser plus de question sur sa situation précise actuelle : la petite chose se présenta longuement, donnant un pseudonyme à rallonge qui surprit Tips, et le rendit perplexe. Comment était-il possible de porter un nom si long, alors que le sien n’était constitué que d’une syllabe unique. Sans prendre la peine de se relever de sa position délicate, il répondit simplement :

« Tips. »

Elle lui proposait son aide. Il voyait mal comment elle pouvait l’aider. Pas pour se relever, en tout cas. Et ce fut seulement à cet instant qu’il comprit qu’il était peut-être préférable qu’il demeurât debout plutôt que trempant dans la vase de l’étang. Faisant, dévaler des flots d’eaux contre lui, il se releva donc de toute sa petite hauteur, et sortit de la mare dans un bruit peu élégant de pieds trempant dans des chausses imbibées d’eau. Le ‘flotch’ était de rigueur, à n’en pas douter. Et ce son inélégant lui rappela la raison de sa présence ici.

« Dites, madame Cadixaroprin Cessadridiscambelle, z’auriez pas vu une musicienne ? »

Mélodie n’était toujours pas parue… Ni la personne, ni sa musique.

_________________
"Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune..."

Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Sam 30 Oct 2010 17:33 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 4 Sep 2010 22:25
Messages: 864
Localisation: Cour des Pendus
Ni une ni deux la marée fluctuante de mon regard s’interrompt : mes yeux, qui n’avaient de cesse d’alterner entre la main et le visage de la petite créature sous le nez de laquelle je volette avec aisance et dignité, aussitôt se figent avec aberration.

Tips. Il s’appelle Tips.

(Non mais vous parlez d’un nom, franchement !)

Pas une once de grâce poétique et chantante, pas d’attachement divin à la glorieuse femme qui en fit son fils, ni au paradis secret qui fut sa terre natale, pas même encore de titre sacramentel qui donne tout son poids à un individu. Qui veut-il être, cet adorable errant à la peau verte, sans un nom correct à présenter à ceux qui en valent la peine – moi en somme…

...

(Par toutes les frayeurs que donne Valyus… !)

… chers lecteurs, faites-vous sans délai oublieux de mes propos précédents, et remarquez Tips qui se redresse de toute sa taille, certes frêle mais qui aurait tôt fait de m’écraser toute entière et de faire de moi une compote alléchante ! Moi qui était si proche de son visage, je m’écarte avec vigueur sous le souffle saturé de son haleine qui expire dans l’effort, et c’est avec moults embarras que je tente coûte que coûte de ne pas me faire happer par les cascades immenses qui déferlent du haut de sa stature malingre.

Je ne comprenais pas qu’il ne se fût déjà levé de son céans, mais lui qui était ainsi à ma hauteur, il me paraît désormais un géant, et le considérer en contre-plongée me donne un certain vertige qui noue mon estomac avec force aigreurs. Tout de suite, lui avoir proposé de l’aide me paraît ridicule ; car tout de même, convenez que l’ossature légère et la musculature délicate d’une Aldryde dotée par Gaïa de tous les caractères d’une princesse ne peuvent assurément soulever trois ou quatre fois leur propre masse !

Je le contemple de mes yeux écarquillés, alors que les siens s’engloutissent toujours sous une expression niaise qui s’avère inébranlable. La feuille de nénuphar, qui, non contente de s’étendre nonchalamment sur le casque bosselé de Tips dégoûte encore tout son soûl sur son nez, pourrait être grotesque, mais au vu de la conjoncture actuelle le rire n’est pas ce qui m’assaille en premier lieu ; car devenu immense, ses pieds tout comme ses mains me semblent des massues prêtes à me broyer d’une simple chiquenaude. Mes épaules s’affaissent et mon visage se tourne avec une humilité non feinte vers le sol fangeux, comme soumis par la main invisible d’un marionnettiste de talent.

Mes lucioles, quant à elles, ne sont plus à mes côtés : couardes petites créatures, elles ont préféré fuir devant le danger imminent !

Et pourtant, c’est ce moment-là que choisit Tips pour s’adresser à moi, d’une voix de chérubin qui aurait trop fumé, mêlant d’une manière charmante les mots pleins d’une naïveté tendre à la rugosité d’une gorge étrangère – car il est de fait que je mets cette âpreté sur le compte d’un accent de moi inconnu. Et là, je me dois de vous faire part de l’hilarité fantasque qui me prend sur-le-champ, car Tips s’acharne tant à prononcer mon nom si noble qu’il l’empâte et l’amalgame en deux circonvolutions énigmatiques, assez proches de Cadixaroprin Cessadridiscambelle. Je note, alors que je parviens à suspendre mon rire compulsif, qu’il m’a appelée ‘Madame’, et cela me comble de joie plus que vous ne pouvez l’imaginer.

Vous vous doutez, dès lors – car vous n’êtes pas si diminués que j’aime à vous le faire croire – que ma peur est bel et bien envolée, et je suppute qu’elle ne réapparaîtra pas de sitôt. Mon esprit oublie très vite le maigre quiproquo qui l’avait saisi, et se recentre sans plus attendre sur l’objet de son désir : le galet ambré que Tips tient encore au bout de son bras ballant.

- … Z’auriez pas vu une musicienne ? me demande-t-il alors que je tournoie autour de sa main.

Je passe alors derrière son bras et me fige face à ses yeux globuleux, alors que dans ma mémoire se précipitent les images du premier songe dont je vous fis naguère le conte. Cela ne me paraît que d’une si piètre importance que je me borne à lui répondre :

- Une musicienne ? Ah, non, hormis dans un rêve, je n’ai pas eu l’honneur d’en apercevoir.

Son ton est si touchant que j’ajoute, tutoiement oblige :

- Appelle-moi Aro, ce sera plus simple pour nous deux.

Il est vrai que j’aurais tôt fait de m’impatienter s’il devait écorcher à nouveau mon nom sublime, héritage royale d’une mère princière et preuve d’un lignage sans pareil dans les hautes sphères aldrydiques.

Mais tandis que je lui parle, mon attention toujours converge vers sa poigne verdâtre, dans laquelle luit farouchement le galet poli. A nouveau je voltige avec adresse, inlassablement dirigée vers ce que je convoite ardemment. Ses doigts effilés sont quelque peu lâches, et laissent entrevoir sur la pierre grise et froide des lignes voluptueuses qui se développent en fines arabesques, non sans rappeler des lettres…

(Par Gaïa, notre Mère à tous !)

Je suis tout bonnement stupéfaite : ce sont là des mots de la langue aldrydique, à moins que mes yeux ne soient abusés par quelque sorcellerie !

Une nouvelle pirouette ailée, et me voilà face aux yeux de Tips, que je sonde en murmurant pour moi-même. Je repars aussitôt pour m’assurer de n’avoir pas rêvé, et non ! ce sont bien là les lettres dont use mon peuple de belligérantes douées du plus bel esprit. Sans plus me poser de questions, je subtilise le galet dans la main même de Tips et le lève à bout de bras dans un gracile rayon de soleil : les ciselures d’or chatoient avec une impétuosité toute magique, et, peu à peu, leur sens se voit à moi révélé.

_________________
.
CAHIDRICE ARO. PRINCESSE ALDRYDE, ACTUELLEMENT DANS LA MERDE.


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Sam 30 Oct 2010 20:09 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 12 Aoû 2010 12:32
Messages: 2928
Voici ce qu'Aro put déchiffrer du petit galet...

C'est vers le nord est que vous trouverez le palais de Camelia, notre akrilla-reine ! Prenez cependant plein-est puis suivez la rivière pour plus de tranquilité...

Image


"Gentille petite faera, puisque je te dis que je ne suis pas intéressée !"
"Mais vous avez été sélectionnée pour participer à la grande Croisière organisée par la Compagnie Air Gris. Mademoiselle Destinétoile ! Attendez..."
"Ouuuuh, mais je viens de te dire ce que tu pouvais en faire de ton billet gagnant !"
"Mais c'est une chance incroyable, Mademoiselle. Rendez-vous compte ! Le fleuron de la technologie Sindel ! Des paysages magnifiques..."
"Des dragons cracheurs de feu, des explosions, des taverniers complètement fous, des rues infestées, très peu pour moi, je vous dis !"
"Mais Mademoiselle..."

Arrivèrent dans la Grenouillère une centaure magnifique, talonnée de près par une petite faera qui tenait un billet en main. La centaure s'agenouilla près de la mare puis agita ses doigts dans l'eau. Cette dernière se troubla et ce qu'y vit la faera sembla la terroriser.

"Je ne voulais pas en arriver là mais vous m'y avez obligée !"
"Oh c'est affreux ! Les pauvres, il faut que je les prévienne !"
"Sauf que vous n'avez pas le droit ! Règle 48, alinéa 7 et je cite : une faera ne peut divulguer ce qu'une oracle a décelé dans les mailles du destin..."

Séchée, la faera fit une mine renfrognée et disparut dans un "pop" scintillant. La centaure s'en amusa d'un rire cristallin puis continua de regarder l'eau trouble...

"Ca va être la fête à la culotte, là-bas... Moi lâchée dans une île de débauche, non merci. J'ai bien trop à... Oh !"

De l'autre côté de la mare, un gobelin et une aldryde...

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Mar 2 Nov 2010 23:52 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 19 Déc 2009 02:16
Messages: 159
Localisation: Forêt d'Oranan
« Aro. »

Ça, c’était bien plus simple à prononcer que la diarrhée verbale qu’elle lui avait servi juste avant, et que Tips avait été incapable de retenir plus de trois secondes, et encore, de manière déformée. Il n’en savait plus d’ailleurs que d’éparses et lointaines bribes à peine reconnaissables. Il n’avait même pas envie d’essayer de se souvenir, tant il savait pertinemment que ça lui triturerait douloureusement les méninges d’effectuer un tel exercice mental dépourvu de sens. Ah qu’il appréciait ce nouveau sobriquet qui lui avait été présenté dans la plus grande simplicité, et pour des motifs sans doute excellents, puisqu’il les trouva à son goût. La petite créature ailée vêtue d’une fort belle robe s’appellerait donc désormais Aro, et rien de plus ou de moins. Pourquoi chercher la complexité lorsqu’on pouvait faire simple ? Tips n’avait pas le goût des choses raffinées et recherchée. Il était bien plus favorable aux petits plaisirs quotidiens, si rares et si beaux qu’ils ne duraient jamais plus d’un instant. Une crêpe au chocolat, une couche douillette au coin du feu, une fiole précieuse récoltée par hasard, un lendemain de garde, une douce et mélodieuse musique enchanteresse…

D’ailleurs en guise de musique ou de musicienne, la Mélodie tant attendue ne pointait pas le bout de son ré ! La petite fée aux lucioles coquines ne l’avait pas plus vue que lui dans cette forêt boisée, ni auprès de cette mare aux croassements et vrombissements vifs et répétitifs. Il était cependant intéressant de noter que tout comme chez le gobelin, la demoiselle artiste en question avait été aperçue en rêve, ce qui pouvait provoquer chez le commun des mortels une réflexion intense en élucubrations divinatrices, en suppositions hypothétiques, en intuitions généralistes. Ce n’était évidemment pas le cas de Tips, qui ne fit que noter mentalement cette coïncidence troublante. Enfin. Il n’était pas fort troublé, et ce fut avec un sourire étonné qu’il s’exclama :

« Oh ? Moi aussi je l’ai vue dans mes rêves ! »

Pour lui, l’incident était clos, et il regarda silencieusement le curieux ballet de la petite femme volante entre son visage et sa main, qui portait toujours le petit caillou blanc gravé de ciselures d’or. Tout ce qu’il fit à cet instant, à part jeter lui-même un coup d’œil à la petite pierre en écartant les doigts sans rien y comprendre, c’est passivement égoutter les dernières parties de son équipement qui baignaient dans l’eau. Le nénuphar sur son casque glissa mollement sur son visage, jusqu’à tomber à ses pieds dans un bruit flasque et mouillé.

C’est à ce moment précis qu’une voix retentit, à l’opposé de la clairière. Deux voix, en réalité, mais Tips ne distingua qu’une curieuse créature qu’il n’avait jamais aperçue auparavant. Oh il avait déjà vu des humaines, et des chevaux, mais jamais un mélange si habile des deux. La créature arborait de longues oreilles, et une corne sur la tête, qui trouvait son origine dans une touffe épaisse de cheveux longs et châtains. Elle n’était pourvue d’aucun vêtement, et sa frêle poitrine rebondissait à chacun de ses pas. Le bas de son corps, de la taille aux sabots, était celui d’un cheval à la robe pâle, qui marchait d’un pas cadencé et rythmé.

Les deux voix, donc, discutaient à propos d’un départ refusé vers des dragons terribles et des billets gagnants. Puis, la discussion se tarit, et l’être inconnu se mira dans les reflets troubles de l’eau de la mare. Tips était béat, yeux hagards et bouche entrouverte. Et puis soudain, alors que rien ne le présageait, la créature mi-humaine mi-équine s’aperçut de sa présence en poussant un petit cri de surprise. Tips recula d’un pas vers l’extérieur de la mare, grimaçant plaintivement.

« Ohoo… »

Il devait expliquer sa présence ici avant de se faire écrabouiller par les sabots puissants de la partie animale de la centaurette.

« Non non non, faut pas nous faire de mal madame ! On ne dit rien sur les alinéas du destin des oracles. On n’est même pas des dragons… »

Il avala bruyamment à cette dernière phrase. Ce n’était pas tout à fait vrai, pour sa part… Et le mensonge n’était pas dans ses habitudes. Il n’était juste pas habitué à se considérer comme tel. Aussi ouvrit-il de grands yeux en fermant sa petite bouche dans une moue ennuyée, muet désormais et attendant son sort avec soumission…

_________________
"Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune..."

Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Sam 6 Nov 2010 18:12 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 4 Sep 2010 22:25
Messages: 864
Localisation: Cour des Pendus
Je ne puis tout simplement pas y croire ! C’est fabuleux, fantastique, fantasmagorique, et même, je dirais : fantabuleux !

Oh, chers lecteurs de mon cœur, cessez de vous apitoyer sur la pauvreté de votre lexique – tout esprit qui n’est pas doté de la merveille des mots (‘fantabuleux’) est pour moi exempt du moindre intérêt et extrêmement médiocre – car devant moi s’ouvrent les portes d’un monde qui ne se peut refuser ! Des lettres de la plus belle écriture, lignes aériennes et antiques de mon peuple, circonvolutions du plus grand art, mordorées sur un galet luisant, certes.

Mais avant tout un message que je reconnaîtrais entre mille : la promesse d’un voyage, le désir ardent d’une pérégrination, le songe oublié d’un jour avoir la chance de rencontrer la noble famille de l’Akrilla-reine, dont je n’eusse jamais cru voir un jour la Cité radieuse ! Son nom était un mythe, un mirage dans l’Ouest pour la larve que j’étais et à qui on faisait contes et légendes, mais ici même, en cette forêt tant cherchée, je le vois gravé dans l’or.

(Camélia…)

Un nom glorieux pour une Akrilla glorieuse parmi toutes.

Son nom, mais également les indications pour se rendre dans sa demeure, noble palais d’une reine par trop noble ! Je ne sais que dire, tant mon émotion est grande : à cette lecture, dans le miel ambré du soleil qui dévoile un bonheur d’enfant, ma gorge se serre d’un sanglot heureux, mon cœur frappe mes côtes comme un tambour de fête, et mille poussières précieuses et tintinnabulantes semblent parcourir tout mon corps. Comment aurais-je pu un jour penser que…!

Déjà mon esprit s’envole vers les confins merveilleux qui égayaient mes rêves enfantins, et je ne peux que m’étonner déjà de la splendeur de cette Cité ! Naître dans la divine Ruche d’Yscambielle aux luxes infamants, et croire en sus qu’il y eût plus riche encore ?

...

...

(Non, là, faut que j’aille voir !)

Et en effet, c’est là le seul choix qui s’offre à mon cœur ! Je ne pourrais refuser pareil appel, souffle onirique qui réveille une foule de souvenirs et d’espoirs qui se croyaient naïfs et se voient pourtant aujourd’hui fondés.

Je ne le remarque pas, mais, je l’apprendrai plus tard, Tips me parle de sa Mélodie. Mon enchantement est bien trop grand pour que je prenne garde à quoi que ce soit, et je ne peux qu’admirer encore et encore ma trouvaille – il n’y a que Gaïa, notre vénérée Mère nourricière, qui ait pu déposer cela sur mon chemin, tout comme elle y déposa naguère une Femme-Arbre aux dons éblouissants et un Lutin qui seul sut faire chavirer mon cœur.

Ce n’est qu’au son flasque de la feuille de nénuphar glissant sur son casque, et tombant avec une flatuosité écœurante dans la fange, que me revient à l’esprit la présence de Tips, mon petit chou des bois au goût d’épinards rances.

- Tiiips ! m’écris-je immédiatement en m’envolant avec virtuosité jusqu’à son visage. Viens, il faut absolument qu’on aille voir Camélia !

Car un protecteur ne serait pas de refus, dans cette forêt aux aspects terribles qui pourrait receler quantité de dangers plus terrifiants les uns que les autres ; ceux qui, dans une gradation funeste, m’effraient au plus haut point : chats, moineaux, guêpes !

Guêpes !

(Guêêêpes, j’ai dit !)

...

Lecteurs ! Soyez comme moi offusqués de la réaction de Tips, auquel je viens de demander aide et protection sous couvert d’invitation heureuse. Mais soyez plutôt offusqués de son absence de réaction : car oui, cet impudent petit être verdâtre ose demeurer les yeux dans le lointain alors que je m’adresse à lui avec tout le prestige d’une princesse de mon rang, et ne daigne pas ouvrir la bouche et m’offrir un semblant de réponse.

Je n’imagine pas alors la dimension fatale de ce regard fourvoyé dans les limbes de l’horizon, et je me contente, en gracieuse Akrilla, de tourbillonner autour de son crâne chauve et (pour mon bonheur) dissimulé sous un casque bosselé. Mon inclination à cette heure est de redevenir pour lui le centre du monde, qu’il ne regarde que moi, ne voit que moi, ne connaisse que moi – et ce serait un tableau bien plus esthétique et pourvu de charmes considérables, admettez-le, que celui de cette Femme-cheval qui se tient telle une statue de sel sur la rive opposé de l’ét…

QUOIII ?!!!

Vous, piètres géants que vous êtes, lecteurs impies, vous osez ainsi ne pas m’avertir du sort étrange qui m’attend ici bas ? Ne pas pointer du doigt, tels des enfants devant un théâtre de marionnettes, le destin funèbre qui s’impatiente au-devant de votre suzeraine (… moi !) ?

Car voici qu’une femme des plus étrange se penche sur l’étang : montée sur quatre sabots, elle est équine au-dessous de la taille, et sa robe satinée chatoie avec l’iridescence lactée d’une lune gibbeuse tandis qu’une longue queue d’un roux pâle flotte derrière elle. Son crin a la couleur de sa chevelure – chevelure et non crinière, car sur l’aine le poil éclatant prend la douceur du derme d’une Aldryde, et la forme de son corps y est identique. Son visage rayonne, comme éternellement illuminé par un savoir cosmique, et sur son front haut, couronnant les traits d’une reine, une corne s’érige dans un paresseux dégradé de vert et de parme. Elle est désormais agenouillée, comme le font les biches, sur ses membres pliés et le corps projeté en avant.

(Eh, mais !)

Une Aldryde – est-ce possible ? – au-dessus de l’épaule de la Femme-cheval ! Fine et gracieuse ainsi que se le doit d’être une princesse de ma race noble et industrieuse, elle s’élève tout comme moi sur une huitaine de pouces, et vêt avec élégance sa peau délicate et légèrement halée d’une (très) courte robe étoffée de plumes de paon irisées. Sa beauté ne fait aucun doute, mais ce sont pourtant ses ailes qui me posent question : elles ne se froissent pas sous les murmures du vent en duveteux frissons, mais sont indénombrables et apparaissent de loin comme faites de métal.

Je m’avance vers les deux créatures, portée irrémédiablement par un charme qui m’attire, mais sans que j’y puisse rien faire, sans même que je m’y sois attendue, voilà que la créature qui tenait tant de l’Aldryde disparaît en une pluie d’or des plus invraisemblables !

Je me tourne vers Tips, bouche bée et les yeux définitivement écarquillés, atterrée que je suis des évènements toujours plus fantasques qui surviennent sur mon chemin. Il semble n’avoir pas vu l’être ailé pourtant d’une folle beauté, mais parle à la créature chevaline comme s’il la croyait capable de l’entendre d’aussi loin – comme si, étrangement, elle lui avait tenu discours. Quant à moi, je n’ai su rien ouïr d’une quelconque conversation, bien qu’il m’eût semblé voir les lèvres des deux femmes bouger.

- Non non non, dit Tips d’une toute petite voix, faut pas nous faire de mal madame ! On ne dit rien sur les alinéas du destin des oracles. On n’est même pas des dragons…

Sa prose est sans queue ni tête, c’est à n’y rien comprendre ! Et pourtant certaines bribes de cet enchevêtrement de complexes tournures dépourvues de syntaxe me glacent d’effroi. Il semble, vous l’aurez compris comme moi, terrifié à l’idée que la Femme-cheval puisse nous attaquer. Ma gorge se serre aussitôt, et un brusque tressaillement me saisit toute entière – ce n’est plus là, à mon grand désarroi, le plaisir retrouvé d’un conte d’enfance, mais bien la peur, à la saveur amère et mortelle.

Pourtant le désir de connaître la demeure de Camélia m’astreint plus que tout, et que ne serait le mot ‘oracle’ dans la bouche de Tips s’il ne voyait comme moi la Femme-cheval couronnée du savoir des astres ? Il a su comme moi voir en elle la sagacité du monde, et elle saura m’instruire quant à ma reine bien-aimée ! D’autant plus que sa comparse semblait tant appartenir au règne aldrydique ! Que ne s’est-elle enfuie au royaume de Camélia ?

- Tiiips !

Encore une fois je m’élance vers lui en m’exclamant – espérons cette fois qu’il m’entende. Et moi de m’envoler dans son dos afin d’y exercer forte pression : il ne bouge qu’à peine, et pourtant mon intention était de le faire largement mouvoir, afin que nous allions – moi princière et lui chevalier, moi reine et lui bouclier, que dis-je ? rempart tout-puissant – questionner assidûment la Femme-cheval couronnée d’étoiles.

_________________
.
CAHIDRICE ARO. PRINCESSE ALDRYDE, ACTUELLEMENT DANS LA MERDE.


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Sam 6 Nov 2010 19:35 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 12 Aoû 2010 12:32
Messages: 2928
Image


"N'ayez pas peur, je ne vous ferai pas de mal, promis !"

La centaure nue se releva puis avança doucement dans l'étang jusqu'à se trouver face à Tips et Aro. Une fois devant le gobelin, elle joua avec ses doigts et son pendentif et sourit à Tips.

"Cette vieille peau est vraiment maline... Te faire porter le collier de ma mère défunte t'assure sans nul doute la vie sauve en cette forêt... Comment va-t-elle ? Tu connais Boubou aussi ? Et vous, jeune aldryde, vous semblez émoustillée à l'idée de me poser des questions. Ne soyez pas timide ! Vous n'étiez pas avec Cétayales, me trompes-je ? Est-elle toujours aussi belle ?"

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Mar 9 Nov 2010 20:53 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 19 Déc 2009 02:16
Messages: 159
Localisation: Forêt d'Oranan
À l’apparition de la créature mi-équine, la petite fée et ses lucioles parurent tout aussi paniquées que le gobelin, mais cette panique se manifesta d’une autre manière, plus dans les gestes affolés, brusques et tournoyants que dans un libellé parolier incompréhensible, tel celui qu’il avait servi juste avant à la demoiselle cornue. Elle prononça à plusieurs occasions son prénom, sans plus signifier sa demande explicite, ce qui mettait le gobelin dans une situation plus qu’embarrassante : il savait qu’on attendait quelque chose de précis de lui, mais ne savait absolument pas quoi. Sortir son arme pour tenir en respect ce monstre sanguinaire ? Fuir à toutes jambes en servant de monture à la noble aldryde ? Creuser un trou dans al terre pour s’y calfeutrer ? Se transformer en arbre et faire comme si de rien n’était ?

Il n’en savait fichtre rien, et ce manque d’ordre précis le bloquait complètement. Il n’arrivait pas à prendre de décision, et c’est donc béat de peur et de confusion qu’il vit la dénommée Destinétoile plonger pattes antérieures les premières dans le petit étang peu profond pour les rejoindre calmement, sans se soucier visiblement de mouiller allègrement la partie chevaline de son anatomie. Il ne connaissait rien de ses intentions. Étaient-elles bienveillantes, comme le suggéraient son visage paisible et son attitude relaxée, ou cette-même attitude dissimulait-elle les pires tourments du monde rien que pour Tips et sa nouvelle petite amie. Heu… Amie de petite taille.

Les paroles d’Aro lui revinrent : ils devaient voir camélia.Tips n’était pas un botaniste confirmé, même s’il avait appris à la ferme qu’il s’agissait d’une fleur. Il était incapable d’en identifier l’aspect, et il se mit à regarder partout autour de lui, comme si une fleur pouvait leur venir en aide en ce moment singulier. Il ne connaissait que depuis peu la magie, et ignorait tout de ses secrets enfouis. Même s’il suspectait là une technique arcanique de la plus haute volée, au vu des manières de la petite fée.

Mais alors qu’il cherchait, son regard se planta fixement sur la poitrine dénudée de la centaurette. Enfin, pas vraiment sur sa poitrine : il était trop jeune et trop naïf pour s’émouvoir réellement d’une apparition aussi savamment émouvante qu’une menue poitrine nue. Non, ce qu’il voyait n’était autre que le pendentif qui pendouillait entre les… doigts de Destinétoile. C’était la sienne !

Instinctivement, il mit sa main sur sa gorge, où elle reposait l’instant d’avant… Mais…

« Hé ! »

Elle y était toujours ! Stupeur et tremblements. Cette apparition serait-elle une puissante illusionniste qui lui jouait un mauvais tour ? Hm non, peu crédible. Surtout que son petit esprit aussi chétif que son corps n’allait certainement pas penser à quelque chose d’aussi complexe. Il se contenta d’écouter les paroles de la demoiselle, non sans une grande perplexité. Elle parlait d’une vieille peau. Lumbo, à n’en pas douter. Le parallèle était vite fait, même pour Tips. Mais la suite était relativement incompréhensible, car trop abstraite.

« Qui c’est Boubou ? Et comment vous connaissez madame Lumbo, d’abord ? »

La méfiance s’était dissipée. Totalement. Naïf petit gobelin qui donnait trop facilement sa confiance. Un jour, sûrement, il s’en mordrait les doigts. Mais pour l’instant, comme elle se présentait en amie, il ‘avait pas de raison de penser inversement.

« Et puis z’avez pas vu une musicienne ? »

Après tout, c’était le dernier objectif réellement concret qu’il s’était fixé : un but en soi. Et il ne le quitterait pas avant de l’avoir accompli. Ou oublié, plus probablement. Mais pas pour l’instant.

_________________
"Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune..."

Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Lun 15 Nov 2010 00:54 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 4 Sep 2010 22:25
Messages: 864
Localisation: Cour des Pendus
(Alors là, j’en perds mon galet !)

Ou mieux, devrais-je dire, ‘mon galet m’en tombe’.

Car en effet, chers lecteurs, me voici devant vous comme à l’accoutumée, et vous n’ignorez pas que cela fait un certain temps déjà que, poursuivie par les aléas de la fortune, bonne ou moins bonne, les circonvolutions d’une vie par trop mouvementée s’enlacent devant moi – pour moi, princesse Akrilla ô combien prestigieuse, devant les charmes de laquelle vous ne savez que ployer avec humilité.

Non, lecteurs gracieusement aimés de moi, ici n’est pas le conte le plus fantasque que je vous aurais fait. Et pourtant grandement est-il merveilleux, doté d’enchantements enfantins et aussi terribles – terreur certaine dont atteste mon être tout entier qui, malgré son élégance connue de par le monde, ne sait plus rien faire d’autre que de se dissimuler avec une adresse extrême derrière son nouveau compagnon. Tips.

- Tiiips ! Elle vient ! parvins-je à murmurer tout près de son oreille.

(Eurk… crado, le petit chou.)

Verte à l’extérieur, son oreille gauche n’en est pas moins orangée à l’intérieur, largement tapissée tel un palais exquis et exotique de savants drapés cérumineux.

Bref, là n’est pas la question : l’histoire artistique de Tips et de ses orifices noyés de mystère, confins ténébreux s’il en est, pourra venir plus tard si l’envie vous en prend. Un mandat de vous, adorés que vous êtes, et je vous en rapporterai le détail. Tips, face à vous, ne saura piper mot, je vous en conjure.

Laissez-moi dès lors vous narrer plutôt ce qui nous occupe présentement. N’est-il pas vrai que je vous décrivis naguère le portrait d’une jeune créature que la Nature n’eût su faire plus belle, malgré l’apparence cavalière de ses jambes gratifiées d’une pilosité toute animale ? N’est-il pas vrai, également, que je vous la fis voir comme une presque-déesse couronnée par les astres sans âge, par la sagacité du monde et la sagesse du temps ?

(Bon, c’est vrai, arrêtez de chipoter !)

Désormais, imaginez-vous cette créature chevaline traverser avec une prestance digne d’une Akrilla-chonkra – ne riez pas, manants, de ces légendes fameuses dans les domaines d’Yscambielle, qui font l’honneur d’un peuple et le rêve de ses filles – traverser, donc, l’étang au bord duquel je l’avais vu boire.

Elle avance, frayant de ses longs membres à la musculature déliée un chemin drapé dans l’onde douce – onde qui chuchote, rumeur discrète et mélodieuse sur la route d’un oracle, annonçant déjà, je l’espère, des heures heureuses en sa noble compagnie.

- N'ayez pas peur, je ne vous ferai pas de mal, promis !

Voilà que d’une voix claire comme l’eau qui la caresse alors que, digne, elle se dirige vers Tips et moi, elle adresse des paroles tendres qui ne pourraient concerner nul autre que nous. Le cœur me bat comme il le fit parfois, chose que je vous racontai en nombreuses occasions car il m’arriva nombre de péripéties, et à cette heure l’angoisse ne veut évidemment pas me quitter. Etrangement, une paresseuse fluctuation s’empare de mon âme, parvenant à moduler comme seuls savent le faire les ménestrels agiles les transports peureux de mon corps. Certes, ils me tiennent toujours, mais j’ai l’esprit clair, et libre à moi de le faire vagabonder sur l’échine des questions qui cabriolent sous la voûte céleste de mon crâne princier.

Car Camélia, bien sûr, y siège en reine.

...

Mais désormais elle nous fait face, la Femme-cheval au front ceint d’étoiles. Regardez-la, contemplez-la ! La ceinture verdoyante de la clairière joue avec l’or du soleil, et fabrique pour elle un diadème d’émaux à nul autre pareil. Elle se dresse là, statue divine dans les rayons sucrés, grande, et fière, et altière ! Son regard est le pendant de sa tiare d’émeraudes, et j’y suis, malgré moi, tout à fait perdue…

Toujours cachée derrière mon héros et sauveur (j’ai nommé : Tips le Petit-Chou) je laisse ma conscience divaguer dans les ciels fabuleux que sont les yeux de la Femme-cheval ; et, sans plus prendre garde, ma méfiance légendaire éventée et fourvoyée, je me dévoile, je m’accoude, tel que je l’eusse fait à un bar des bas-fonds d’Yscambielle, sur l’épaule frêle de mon ami verdâtre.

Pourtant, telle n’est pas ma surprise, qui me réveille en un instant sans que j’aie pu m’y préparer, lorsque j’entends de la bouche de la Femme-cheval le nom tant estimé de Cétayales !

- Ah, ça ! m’écris-je alors. Pour sûr ! Cétayales est plus belle que tout ce que j’ai pu voir de mon vivant ou dans mes rêves, plus belle qu’Yscambielle la douce d’où je suis issue et qui m’a vue naître, plus belle, cela ne fait aucun doute, que les vaines et viles Akrillas que je honnis et qui pourtant me manquent, maintenant que je suis seule, plus belle, oh oui, que le ciel et ses joyeux fantabuleux, oui oui, plus belle que l’eau qui est la vie des poissons argentés, plus belle… plus belle ! Oui ! En tous cas, c’est sûr, elle est plus belle que Tips, ah ça, il n’y a aucun doute à avoir là-dessus, et puis, elle, je suis sûre que ses oreilles sont propres, hein ! Pas comme lui, mais lui je l’aime bien quand même, mais il est quand même moins beau qu’elle, mais vous aussi, hein, vous êtes belle ! Mais Cétayales c’est autre chose, elle ne parle pas, c’est à croire qu’elle ne saurait pas, mais en la voyant j’ai cru que c’était Gaïa en personne, ma Mère – notre Mère – bien-aimée qui avait pris forme sous mes yeux émerveillés, conquis, ravis même ! Et d’ailleurs, pour sûr Gaïa a-t-elle quelque chose à voir avec ça, et avec ma rencontre avec Péperci Foldelune, ah ça oui ! Parce que Gaïa est Mère de toutes choses, mais ce n’est pas pour autant que je ne m’interroge pas sur ses intentions premières, alors là ! Je m’en pose des question, oui oui, c’est dur d’être jetée de chez soi, comme ça, même si on se disait que c’était pourri ! Ah, oui, ça c’est de son cru aussi, hein ! Parce qu’il faut pas croire, mais c’est pas du tout facile de se faire dicter son chemin comme ça, mais c’est sûr qu’elle a plein de desseins pour moi ! Mais là, je comprends encore moins parce qu’elle a mis ce galet sur mon chemin, et là, vous voyez, c’est écrit en vieil aldrydique – que j’ai appris, hein, je suis une princesse, faut pas croire – que la demeure de Camélia est dans le coin, et alors, voilà, moi je veux y aller, c’est un rêve ! Mais je sais pas… Vous ne pouvez pas m’aider ?

Mon flot de parole, prolixe comme je ne le fus jamais, se tarit là. J’ai un mouvement de recul : qui aurait cru, à m’entendre, qu’il se fût agit de moi ?

_________________
.
CAHIDRICE ARO. PRINCESSE ALDRYDE, ACTUELLEMENT DANS LA MERDE.


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Lun 15 Nov 2010 04:20 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 12 Aoû 2010 12:32
Messages: 2928
Image


"Madame Lumbo ! Fut un temps où elle et ses compagnons se nommaient Lulu, Boubou et le vieux poivrot qui cuve à côté. Oh je les revois encore perdus dans cette forêt ! Si frêles... Aujourd'hui, on parle de Madame Lumbo, du grand Moboutou et... Humm, du vieux poivrot qui cuve à côté..."

Enthousiaste dans son récit, Destinétoile joignit les mains et haussa la tête comme pour activer sa mémoire mais lorsqu'elle finit sa phrase, elle roula des yeux malicieusement avant de les plonger dans le regard de Tips.

"Mademoiselle Courlevent, je présume... Elle se trouve dans une vieille cabane de chasseurs, un peu plus vers l'est, mais je ne crains que sa magie ne puisse vous guider davantage, ses récentes blessures lui font subir mille tourments. Le destin s'amuse ces derniers temps. Sais-tu, non je suis sotte, tu ne sais pas... Il existe un gobelin, comme toi, qui a été envoyé par erreur vers un destin qui ne le concernait pas. Sacré Fenouil, il est à hurler de rire, celui-là. Mais toi, c'est différent, je ne sais même pas pourquoi je te parle de çà..."

Aro, enfin, s'emporta longuement sur les éloges de l'oudio du bois de Bäl et lorsqu'elle eut enfin fini de parler, la centaure dénudée sortit de l'eau et s'approcha de la forêt.

"Pourquoi croyez-vous que je vous vouvoie, votre Altesse ? Nous autres centaures ne vivons pas dans de luxueux palais mais ce n'est pas pour autant que nous ne savons pas appliquer les protocoles royaux. A vos questions, je vous répondrai que je peux vous mener soit vers l'une vers l'autre. Mais cette aide aura un prix, votre choix ! Mais avant, je crains que vous devriez nous débarrasser de ces intrus..."

Elle montre de son menton l'autre bord de la clairière et à peine dix secondes plus tard, en sortent une poignée de squelette, enfin un poignée... Une bonne grosse poignée d'une dizaine de tas de côtes pas fraîches, à la carne qui fleure bon le faisandé, les mouches en prime. Leurs sabres en l'air vous promettent deux choses, une bonne bataille et la certitude d'une jolie infection cutanée...

"Il n'y a pas à dire, les squelettes sont vraiment moches..."

_________________


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 20 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016