Cromax a écrit:
La druide sindel finit par avoir l’idée de construire un pont de végétaux…Je ne reçois cette idée qu’avec un certains scepticisme…L’orgueil des elfes gris dont elle me parlait aurait-il repris l’avantage sur son esprit d’ouverture ? Je reste assis, pendant qu’elle s’acharne à faire pousser des plantes le long de la rivière, espérant sans doute que celles-ci soient assez solides pour nous permettre de traverser tous. Je ne crois pas beaucoup en un résultat probant de son initiative, bien que chacun essaie de faire du sien, le cryomancien ayant tenté de geler de glace cette rivière acide, expérience qui s’est hélas révélée vaine et inutile. N’ayant de mon côté aucune idée constructive pour franchir cette mauvaise passe, je laisse faire les mages de notre troupe.
Au bout d’un instant, un pont de végétaux est apparu sur la rivière. Je suis un peu étonné par ce résultat, qui malgré une apparence fragile, semble tenir bon. De, confiant, fou et courageux, s’élance le premier sur ces plantes pour atteindre l’autre rive. Je crains à chaque instant de sa traversée qu’il ne tombe dans cet acide ayant transformé peu avant notre rouquin préféré en loque humaine, suintant de tous les côtés.
À mon grand étonnement, mon ami drow traverse ce pont sommaire sans aucune encombre. Aussi, pour suivre la trace de mon « supérieur », bien plus costaud et donc plus lourd que moi, je m’engage à mon tour sur le pont végétal. En montant dessus, je remarque que la druide m’observe. Peut-être n’est-elle pas sûre de la solidité à long terme de son ouvrage en lianes…Je presse le pas, essayant du mieux que je peux de ne pas perdre l’équilibre sur ce pont qui balance doucement à chacun de mes pas. Sans me retourner, les bras ouverts autours de moi pour préserver un équilibre précaire, j’avance lentement sur le pont. Une fois à deux mètres de la rive opposée, j’accélère la cadence et finis ma traversée presque en courant sur les lianes. J’arrive donc sans aucun dégât sur la berge et rassuré, jette un coup d’œil derrière moi pour faire un signe approbateur et encourageant à Lothindil. Je m’approche alors de De, qui a déjà commencé l’élaboration d’un campement. Je l’aide à installer des tentes et les cinq cercles de pierre pour les feux, qui attendront un de nos pyromanciens pour être allumés.
Je vois alors De s’éloigner un peu du campement pour aller à la rencontre d’un animal. Une espèce de canidé pas très grand avec un pelage brun clair tirant sur le blanc au niveau du ventre. On dirait une sorte de renard, mais un peu plus grand, la queue moins touffue. De semblait croire que cet animal était solitaire, mais peu après, toute une harde de ces bêtes sauvages arrivent vers nous, montrant les dents, grognant de leur museau allongé, abaissant leurs larges oreilles sur leur nuque. Ils semble plutôt belliqueux, et contrairement à De, qui s’évertue à essayer d’apprivoiser le plus sage d’entre eux, je dégaine rapidement mes lames, prêt à subir l’assaut de quelques uns d’entre eux…
(Il n’approcherons pas le camp, ça c’est sûr.)
Quelques personnes arrivent encore sur notre rive, et les coyotes arrivent de plus en plus vers nous. Sans attendre qu’ils arrivent totalement sur nous, je m’avance vers eux, les armes au clair. Je frappe le sol pour essayer de les effrayer, mais rien n’y fait, ils continuent d’avancer. Je marche toujours à leur rencontre. Ils ne sont plus bien loin de moi et je relève mes armes, prêt à subir une attaque de leur part. Mon regard roule de l’un à l’autre, essayant de prévoir lequel sera le premier à me sauter dessus. Heureusement, je ne suis pas le seul à défendre notre camp et quelques uns de mes camarades attirent aussi ces créatures sauvages vers eux. Je me retrouve bientôt face à cinq coyotes, et pas les plus petits, qui grognent méchamment vers moi.
(Je n’ai pourtant pas une tête de steak…)
(Ça fait longtemps que tu ne t’es plus vu dans un miroir…)
(C’est malin ça je dois dire…Espèce d’amuse-gueule !)
Le plus gros des cinq me saute soudainement au visage. Je l’avais remarqué à l’avance comme le meneur de ce petit groupe de cinq, le plus agressif, et m’étais préparé à ce que ce soit lui qui tente le premier une attaque. Il bondit, mais je m’abaisse en levant mes armes vers lui et effectue un mouvement de rotation avec au moment où il atterrit dessus. Du sang écarlate me tombe sur le visage et le chien sauvage couine en retombant sur ses pattes, une profonde entaille au flanc.
C’est comme si cette blessure avait convaincu les autres bêtes à m’attaquer. Presque simultanément, deux d’entre eux me sautent dessus, les crocs en avant. Je me concentre sur celui qui me paraît le plus dangereux et effectue un geste de parade semblable à mon premier, blessant pareillement l’animal.
(Au moins il ne sera pas jaloux…)
Mais comme l’autre m’attaque en même temps, je n’ai pas le temps de retourner mes armes contre lui et dans un réflexe de survie, tends mon pied vers lui comme pour repousser son assaut. Dans son bond, il mord ma botte et je sens une douleur envahir mon mollet. Apparemment, mon sang, qui a du gicler dans sa bouche, lui plait, puisqu’il ne lâche pas prise et continue à mordre ma jambe. Je crie en lui envoyant mon épée en travers de la gueule. Dans un aboiement sauvage, et un éclat de sang dans les yeux, il consent à me lâcher le mollet. Les deux derniers coyotes semblent hésiter pour m’attaquer, et c’est le premier blessé qui se lance à nouveau sur moi. Cette fois, je ne le laisse même pas sauter. D’un revers d’épée, je lui tranche la gorge alors que ma rapière cloue sa nuque sur le sol. Un dernier gémissement sort de sa gueule et de ses plaies profondes et il abandonne le combat, et sa vie…
Les quatre autres bêtes semblent fort énervées de ce meurtre, et se lancent chacune à leur tour sur moi. Une des deux non blessées saute pour mon flanc pour me le mordre, mais est accueillie par le pommeau de mon épée, qui l’assomme sur le coup. L’animal tombe par terre, groggy. Le seul qui est maintenant encore en pleine forme essaie à son tour de me mordre, mais un balancement de mes deux lames sur lui lui enlève toute envie de s’attaquer à moi. Il est projeté un mètre sur sa gauche et fuit le combat la queue entre les jambes. Le coyote au flanc blessé revient à la charge en boitant légèrement, ce qui le ralentit considérablement. Mais moi aussi j’ai un appui affaibli à cause de la morsure de tantôt, et quand il me saute dessus, je tombe à la renverse. Heureusement pour moi, j’ai pointé mes deux lames vers son ventre et en atterrissant, il s’est empalé sur celles-ci, mourrant sur le coup. Sa gueule remplie de crocs tombe inanimée sur ma gorge, et je n’ose imaginer ce qui aurait pu se passer si mon coup ne l’avait pas tué…
D’un mouvement sec, je me débarrasse de la carcasse en l’envoyant vers le coyote blessé à la tête. Il ne semble plus voir grand-chose, car je lui ai entaillé une bonne partie de la gueule et le sang a giclé dans ses yeux, l’aveuglant momentanément. J’en profite pour le trancher la tête d’un coup d’épée.
J’ai le temps de me relever, alors que le coyote groggy retrouve petit à petit ses esprits. Me voyant avec trois cadavres autours de moi, il grogne férocement, tout en reculant prudemment. Une fois à distance raisonnable de moi, il se retourne et fuit retrouver son petit camarade de jeu tout aussi lâche que lui…
« Kaï kaï kaï »
J’essuie mes armes sur le pelage d’un des animaux morts et retombe sur mon postérieur au milieu des trois carcasses.
(Au moins nous aurons de quoi manger ce soir…)
Je regarde l’état de ma jambe, salement amochée par la morsure. La peau est arrachée et le sang coule. Je presse la plaie de mes mains pour tenter de stopper l’hémorragie… J'ai déjà perdu pas mal de sang pendant le combat, et ma tête commence à tourner...