Au petit matin, vous repartez vers l'Ouest. Vous apercevez au loin la seconde montagne, bien plus petite que la précédente. En vous avançant, vous faites maintenant davantage attention autour de vous à d'éventuelles toiles et au sol. Vous avez d'ailleurs raison, puisqu'en fin de matinée, vous tombez nez à nez avec trois créatures, que vous hachez menu. Le reste de la journée, vous continuez d'avancer sous une pluie fine et une température toujours aussi chaude. La forêt est de nouveau dense. Certains membres sont toujours retournés par les récents évènements, comme Seldell, Crom (pour qui Andelys s'est sacrifié), Cheylas et Arévoès. Bogast tente de dissimuler sa peine, et ça se voit. En fin de journée, vous campez au pied de la montagne. Seule une araignée égarée viendra attaquer Bogast et Lelma, de gardes.

Etant donné qu'il ne se passe pas grand chose, vous pouvez papoter, chasser (mais c'est dangereux ), ou ... Faire ce que vous voulez

La nuit passe lentement, et je trouve difficilement le sommeil. Je n’ai pas envie de parler, je n’ai envie de rien faire. Je me sens un peu perdu dans mes pensées, qui se dirigent vers les deux disparus de notre expédition. Deux morts en un jour, bilan infernal et plus que négatif. Chacun est marqué des stigmates de sa peine, bien qu’Andelys soit certainement dans plus de cœur, tel celui de Bogast, de Cheylas.

Tous les deux, le grand barbare comme le cryomancien, nous ont sauvé la vie lors de cette aventure. Et tout deux ont péri, ou du moins ont disparu, car nous n’avons pas retrouvé leur corps, ni à l’un, ni à l’autre. Un doute commence à naître en moi. Plus qu’un doute, un espoir. L’espoir que la vie de ces deux aventuriers ait été épargnée. Ils ne peuvent trouver la mort car ils sont des héros, et ils demeureront à jamais comme tel dans mon coeur, vivants.

Je suis assis près d’un feu, et il fait nuit. Les autres dorment. Je n’ai pas été désigné garde, et ne me suis pas même proposé, mais je reste là, ne trouvant pas les bras du sommeil. Je me perds dans mes pensées, le regard vague.

Ainsi entré dans une semi somnolence pensive et nostalgique, j’attends le lever du soleil, qui arrive finalement, ramenant les autres à la conscience. Je les regarde se lever, chacun à leur tour, se réveiller, lentement. Cheylas me semble belle dans la tristesse qui affuble ses traits. Elle tenait à Andelys, c’est lui qui les a mené, elle et Seldell, ici.

Elle s’avance pour chichement déjeuner, à mes côtés. Je n’ai pas la force d’avaler quoi que ce soit, la vue même de la nourriture me donnant la nausée. Je ferme les yeux, et c’est alors que notre chef d’expédition nous donne l’ordre de nous mettre en mouvement. Même si il essaie de masquer sa peine, il est aussi attristé de cette disparition que chacun d’entre nous. Je me lève avec un effort non feint, et me saisit de la lourde hache du barbare, fardeau qu’il me faudra rapporter jusqu’à Kendra Kâr pour que soit honorée sa mémoire.

Alors que nous nous mettons en marche, je m’approche de Bogast, et lui désigne l’arme que je porte.

« C’est la hache d’Andelys…Il est mort pour cette quête…Méritait-elle vraiment qu’il donne sa vie ? Ne ferions-nous mieux pas d’arrêter les frais ? Je ne peux pas admettre que tant de vies soient sacrifiées pour une simple exploration ! »

Je baisse la tête vers la hache puissante et dorée du général Andelys. Je marche en m’appuyant sur cette arme lourde et puissante, tout en attendant la réponse du maître de l’air…

(Pourvu qu’il ne te laisse pas un vent…)

(Comment peux-tu trouver l’humeur de plaisanter en cette heure si sombre ?)

(Tu le dis toi-même…Il faut profiter de la vie, ne pas s’apitoyer sur son sort, si mauvais soit-il !)

(Tu as peut-être raison…Mais c’est difficile…)

L'aéromancien te répond calmement.

" S'il ne tenait qu'à moi de vous laisser rentrer, croyez moi, je le ferai... Mais d'autres vies sont malheureusement en jeu, sans doutes plus que le groupe que nous sommes... deux morts sur seize personnes, ce n'est pas tant que ça. Le bilan aurait pu être pire, bien que chaque mort soit difficile à accepter en soit. Lillith aurait pu faire un soldat de qualité... Andelys l'était, dévoué à son pays et à sa patrie. Un compagnon comme on en fait plus. Nous avons eut la chance de combattre sur le même front lorsque j'étais colonel avec lui. Nous nous fréquentions souvent. Même s'il paraissait "fonce dans le tas", il ne mettait jamais la vie de ses hommes en dangers s'il n'était pas sûr de la victoire... Il comptait donc moins de victoire, mais chacune était éclatante... "

Se rendant compte alors qu'il dévoile quelques souvenirs hors sujet, il se reprend rapidement.

" Bref... Il faut penser aux survivants de l'aynore avant de penser à nous. "

Il te tappote amicalement sur l'épaule, chose surprenante en soi puis commence la marche...

Bogast répond à ma question en invoquant le second but de notre mission, retrouver les survivants de l’Aynore dont on n’a aucune nouvelle. Je ne pense pas que ces aventuriers du ciel soient encore vivants désormais…Ils n’étaient pas préparés pour ce genre de voyage, eux. Si ça tombe, ils, ne possédaient aucune arme pour se défendre contre les mille dangers de ces îles maudites. Il dévie alors en parlant de la valeur de soldat d’Andelys, ce dont je ne doute pas. Il devait être un meneur d’hommes hors pairs, et comble de tout ça, c’est sous les ordres d’un autre qu’il a fini par périr… Peut-être aurait-il fait un meilleur chef d’expédition…Peut-être n’y aurait-il pas eu tant de doute si ça avait été lui qui nous aurait mené… Je regarde Bogast ressasser les souvenirs du passé, se ressaisissant finalement en me donnant une tape amicale sur l’épaule, démonstration extérieure dont il n’est pourtant pas friand depuis le début de tout ceci…

Il ordonne alors la marche, et nous partons vers notre destinée. Je n’ai plus rien à lui dire pour le moment. Il a presque parvenu à m’émouvoir et à me faire oublier que c’est après tout sur lui que portent toutes les accusations de ces derniers jours… Je me renfrogne dans ma marche, parmi les autres, en tête de troupe avec Bogast.

Au loin, une fois un peu à découvert des arbres, on peut apercevoir une seconde montagne, plus petite et moins impressionnante que celle de la première île…Dans mon for intérieur, j’espère de tout cœur ne pas rencontrer une nouvelle fois la fureur d’un volcan, car désormais, le cryomancien n’est plus parmi nous pour nous sauver en cas de besoin, et les sorts de l’aéromanciens ne sauraient être assez efficaces pour nous sortir d’une nouvelle mauvaise passe…

Nous sommes toujours dans la forêt, mais la végétation se fait moins dense, ce qui ne change rien au fait que nos pieds sont toujours invisibles sous un tapis végétal important, qui nous a valu de nous faire piéger par des toiles d’araignées la veille. Aussi, je suis d’une extrême prudence quand à mes pas sur le sol, vérifiant que je ne m’accroche pas encore à ces affreuses toiles gluantes et collantes.

Alors que la fin de la matinée approche, je suis toujours en tête avec l’aéromancien. Nous marchons silencieusement, quand soudain, trois bestioles venues, sœurs de celles du jour précédent, nous barrent la route et s’apprêtent à nous sauter dessus. Aussitôt, je dégaine mes lames en lâchant la lourde hache du barbare sur le sol et fonce vers l’une d’elle, mais avant même que j’ai pu l’approcher, Bogast envoie sur elle un puissant sort de vent, et la bestiole s’envole au dessus de ma tête, dans les cieux. Les deux autres araignées attaquent mes camarades, et je suis un peu vexé de ne pas avoir à me battre cette fois. D’autant plus que depuis la veille, un désir de vengeance quand à ces saletés m’envahit la poitrine. J’entends un sifflement au dessus de ma tête. Aussitôt, je lève les yeux au ciel et vois une grosse masse noire et poilue prête à me tomber sur la gueule. Je me recule prestement et en hurlant, frappe violemment de mes deux lames au moment où l’araignée atterrit juste devant moi. Cette dernière explose littéralement sur le sol, mes armes plongées dans son corps visqueux et gluant. Seule la forme de la trace infâme ainsi que ses huit pattes velues attestent encore que cet amas de chairs jaunâtres et peu ragoûtantes était il y a peu une exemplaire impressionnant d’arachnide géante.

Une fois débarrassés de ces horreurs vivantes qui le sont désormais nettement moins, vivantes, et non horrible, nous poursuivons notre trajet vers le petit mont qui s’offre devant nous. Je ramasse la grande hache et nous repartons… La rage qui bouillonnait en moi a explosé avec le cri que j’ai poussé en butant sauvagement cette araignée, mais ma haine envers ces créatures n’en est pas moins forte ! Désormais le douloureux souvenir de la perte de notre ami est lié à la rancune que je porte envers ces monstres, ces erreurs de la nature.

Vers le milieu de la journée, une fine pluie d’eau commence à ruisseler des nuages qui se sont amoncelés dans le ciel pendant la matinée. La température ne chute toujours pas et je commence à pester silencieusement contre le climat tropical tout à fait gênant pour la marche. Je redoute même à un instant que nos nuits soient infestées de moustiques dont le vrombissement me serait insupportable… Je pense ainsi à ces affreuses bêtes qui nous avaient attaquées sur la première île, et imagine très bien leurs semblables vaquer ici dans cette forêt abondante. Le couvert des arbres, se densifiant à nouveau, nous protège à nouveau des gouttes d’eau, dont cette fois, nous sommes certains de ne pas manquer… J’en profite d’ailleurs pour en boire une grosse rasade à ma gourde, toujours remplie…

Marcher me fait du bien, et le changement des paysages me permet de ne plus trop penser aux événements douloureux de la veille. Alors que nous faisons une pause, les traits du barbare se placent pourtant à nouveau dans mon esprit, et voyant mes amis tout aussi abattus que moi, je ne peux m’empêcher de penser à ce bon vivant qui nous a quitté… Mon regard noir se pose sur ses proches, Seldell, Cheylas, Arévoès, Bogast, qui semblent émus, tristes…

Je m’attarde plus longtemps sur notre chef d’expédition, et m’approche de lui, alors qu’il tente vainement de masquer son chagrin. Profitant qu’il soit un peu à l’écart du groupe, et que les autres ne nous entendent pas, et sont trop occupés pour nous écouter, je lui parle à voix basse, hésitant…

« Je…je ne sais pas si c’est le bon moment pour parler de ça, mais je dois vous faire part de quelque chose… Je crois qu’il est préférable que vous soyez au courant…Depuis cet incident au lac, je parle des squelettes invoqués, je crois que quelque chose a changé dans cette expédition… Il se pourrait que les aventuriers ne vous fassent plus confiance, car si quelqu’un de notre groupe aurait été assez puissant pour invoquer ces morts, ça ne pourrait, excusez-moi, être que vous… Alors rassurez-moi en disant que tout ceci est extérieur à notre expédition…Savez-vous quoi que ce soit sur ces phénomènes étranges ? »

Je le regarde avec un air inquisiteur, mais essaie par mes intonations ne pas me présenter comme un ennemi, plutôt juste comme quelqu’un qui veut comprendre…

Il semble hatéré devant la tournure que prend la situation.

" J'ai vraiment l'air d'être un Nécromancien...? Si j'avais posséder de la magie noire, pensez-vous réellement que j'ai pu approcher le roi une seule fois ?! Je ne sais pas plus que vous d'où viennnent les squelettes que nous avons vus. Peut être un Orc manipulant le vaudou ou quelque chose du genre. Plus rien ne m'étonnerait venant de cet endroit à vrai dire... Tulorim a peut être envoyé des troupes pour nous contrer, ou Omyre plus certainement... Enfin je ne peux pas parler des troupes d'Omyre par mesure de précaution. Il y a sans doute des traîtres parmis notre "équipe". "

Il se lève soudain et se met face à toi, te regardant dans les yeux, les bras toujours sur sa grande cape, lui donnant un aspect imposant avec ses larges épaules.

" Ca peut être n'importe lequel d'entre vous... Même vous peut être. Je ne crois pas avoir déjà vu votre nom parmis les miliciens de Kendra Kâr... "

Il finit sa phrase sur un ton imposant une réponse détaillée.

Bogast me répond d’une voix impérieuse, se levant et se plaçant devant moi pour me regarder dans les yeux, les mains à l'intérieur de sa longue cape, dont seule sa tête dépasse. Il essaie de me provoquer par son attitude, et sous-entend même que je pourrais être le traître. Qui plus est, il dit que Tulorim, pourrait avoir envoyé ces orques. Venant de la part d’un général humain, ça ne peut être qu’outrant Je sens la rage monter en moi, je fulmine intérieurement et mes mains, dans un réflexe de haine, se crispent sur les gardes de mes armes. Je suis prêt à dégainer pour lui planter ma rapière dans l’œil pour de si sordides et erronées accusations. Ses mots coulent en moi comme un venin et je ne le lâche pas du regard. À un instant, très court, mes iris se colorent de rouge, symbole de ma colère intérieure. Je suis prêt à de suite refroidir ce paltoquet qui m’injurie, mais Lysis hurle dans ma tête…

(Nooooon ! Ne fais pas ça ! Ce serait t’accorder une mort horrible…Même si tu parvenais à le tuer, les autres ne comprendraient pas ce geste et te tueraient aussi… Calme toi, calme toi, je t’en conjure, mon maître, mon amant, ma vie, reste serein et maître de toi…)

Les paroles de ma faera résonnent dans mon esprit et la lueur de mes yeux s’éteint aussitôt. Je détourne le regard et celui-ci se pose sur une motte de terre. Je lance un violent coup de pie rageur dans celle-ci, en hurlant de colère. Désormais, les autres s’aperçoivent certainement qu’il se passe quelque chose de pas normal…

Mon regard revient sur celui de Bogast. Mon ton est sec et beaucoup moins diplomate. Ma haine du moment est déchargée sur cette motte de terre qui a volé en éclats, mais la rancune que je conserve envers lui restera sans doute tenace… En parlant, je m’approche de lui, mon visage proche du sien.

« Je ne connais rien à la magie, comment aurais-je pu savoir si vous contrôlez la nécromancie ? Ce n’étaient pas la accusations douteuses, mais préventions ! Mais vous ne semblez pas partager ce sens de l’honneur ! Je ne suis en effet pas milicien à Kendra Kâr, est-ce un crime ? Combien parmi nous le sont ? C’était un enrôlement public, et non de la milice, à ce qu’il me semble !!! Je ne suis pas un traître, monsieur notre chef d’équipée ! Je ne suis pas un traître mais je risque de le devenir si je m’aperçois que vous nous menez vers un but sombre et ténébreux ! »

Ce disant, je pointe un doigt accusateur sur sa poitrine, que je retire aussitôt pour détourner mon attention, une envie de lui coller un pain me remontant des tripes… Plus calmement, mais toujours aussi sèchement, je poursuis.

« Et vous feriez mieux de révisez vos notions de démographie, général… Il n’y a pas d’orque à Tulorim depuis belle lurette…Lors de mes nombreux voyages, j’y suis souvent passé… »

(Tu as été maître de toi-même…Merci…)

(Il ne perd rien pour attendre ! On ne m’accuse pas sans en payer les conséquences ! Tôt ou tard !)

Lorsque tu lui parles sur un ton de reproche, il écarquille les yeux, non de surprise, mais plus de colère. Visiblement, tes remarques lui déplaisent, ce qui est tout à fait logique... Il reprend point par point lorsque tu as fini, gardant visiblement son sang froid.

" Il n'y a aucun rapport avec les connaissances de la magie, c'est du bon sens ! Aucun manipulateur de magie sombre en peut approcher le roi de Kendra Kâr, c'est connu ! "

Elevant la voix, il continu :

" Si vous êtes tellement persuadés que je vous mène à la mort, et bien retournez au navire. Je n'ai pas besoin de déserteurs ! Quant aux orcs d'omyre, nous savons que certaines personnes basées à Tulorim ont des troupes orcs à leur service ! "

Visiblement exécré par tes paroles, il se retourne vers les autres.

" Si vous voulez quitter l'aventure, il est encore temps. Vous toucherez moins de la moitié de la récompense... Les déserteurs n'ont pas d'honneur. Que vous ayez peur, je le comprends, mais que vous me choisissiez comme cible pour vos réflexions paranoïaques est particulièrement stupide. Si j'avais voulu vous tuer, j'aurai déjà pu le faire une centaine de fois. Nous ne bougerons pas d'ici tant qu'il y aura un de vous qui m'accusera de nos difficultés sur l'île. Est ce clair ?"

Il se retourne à nouveau vers Cromax et parle d'un ton plus calme, d'égal à égal.

" Je ne vous ai pas traité de traître, il n'y a aucune personne qui soit suffisament connue pour lui faire entièrement confiance ici, pas même vous. Ce n'était pas une insulte, elfe. Vous ne semblez pas avoir de sang froid. Vous partez au quart de tour. Vous êtes dangereux pour nous, et pour vous même. Faites attention à ne pas vous attirer de problèmes. Vos lames ne vous sauveront pas toujours la vie ! "

Finalement il se rassoit...

Il me répond en reprenant poitn par point les sujets sur lesquels nous discuttons, qui ne forment finalement qu'un tout nous concernant tous. j'admire même un instant sa fougue de chef de troupe, quand il prend chacun des aventuriers à témoin...Je ne peux m'empêcher de penser qu'on pourrait très bien le laisser là, seul, et continuer ensemble, mais je me retiens de le dire, de peur que les autres ne suivent pas cette idée, surtout dans ces temps difficilles...

Je finis par lui répondre, calmement, retrouvant un minimum de diplomatie dans ma voix.

"Je ne vous ai pas accusé de quoi que ce soit. Vous êtes un bon chef, excusez mon emportement, mais vous comprenez que nous sommes tous sur les nerfs ces jours-ci...Nous ne savons pas tous dissimuler nos sentiments, nous... Je ne suis pas un lâche et je vous accompagnerai, mais ne desservirai jamais mes principes..."

Je tais la rancoeur qui naît en moi sur ses commentaires sur Tulorim, de crainte qu'il ne m'apparente trop facilement à cette cité. Il dit que je suis un danger, et que mes lames ne serviront pas toujours à me sauver...

"Je ne suis pas l'inconscient que vous croyez...Tout ce que je souhaîte est la bonne entente dans ce groupe, et la seule issue face aux tensions, c'est la discussion...Ne croyez-vous pas qu'il est plus facile de travailler en équipe dans ce genre de situation?"

Je me retourne vers les autres...

"Il faut rester unis! Tous...Ne nous accusons pas à tort et à travers sans preuve autre que nos doutes...Unissons nos force pour mener à bien notre mission!"

Mes expériences en tant qu'instructeur à la milice de Tulorim me reviennent à l'esprit. La victoire est dans l'union, l'union fait la force!

Bogats visiblement content de ta réaction se contente de sourir, avant de repartir sur des méditations.

Une nuit terrible, à peu dormir. Des cauchemars où je voyais Seyra enlevée par des Garzoks, des dragons qui déclenchent la colère des montagnes. Du feu partout, puis de la glace. Des délires, des craintes, rien n'était cohérent. Le réveil ne fut pas bien fameux, dormir dehors n'est pas rassurant. Seyra, elle, dort paisiblement dans mes bras, au moins, elle se sent bien.

Vu la mine des autres, l'ambiance n'est guère réjouissante. Nos deux compagnons disparus pèsent par leur absence. Nul rire, nul regard joyeux. La troupe que nous étions traverse une passe difficile. Et pourtant, sommes-nous vraiment soudé ? Après l'affaire du cryomancien je me méfie de tout le monde. Et je pense que chacun de nous fait de même. C'est compréhensible, mais dangereux pour la pérénité du groupe. Aujourd'hui une chose est claire : je ne parlerai à personne, je me contenterai de suivre et d'écouter. Essayer de comprendre s'il y a vraiment des personnes qui cherchent notre perte dans ce groupe.

Seyra se réveille et me sourit, puis regardant autour d'elle sa mine se renferme. Pourquoi l'ai-je emmenée ici ?

(Elle a choisit de venir elle, pas toi. Elle t'as poussée pour que tu participes au combat qualificatif puis elle s'est débrouillée pour grimper clandestinement dans le bateau.)

(C'est vrai, a t'elle fait ça dans un but précis ou juste parce qu'elle voulait jouer à l'aventurière avec moi ?)

(Tu poses des questions difficiles ! Actuellement je n'en sais rien, il me faudra plus d'éléments pour te répondre. Mais il est vrai que tu puisses douter pour la première possibilité. Ce qui voudrai dire qu'elle sait le futur, ou son inconscient... Mais là les hypothèses sont très floues et non vérifiables.)

(On verra, l'essentiel est que je la protège, et ça j'en fait mon affaire !)

Le repas avant de reprendre la route est vite avalé, comme forcé. Nous repartons dos au soleil levant, du moins ce que me dis Aakia car on ne voit pas le soleil. Face à nous, au loin, se dresse une montagne, certes moins impressionnante que le volcan de l'île précédente, mais une belle montagne tout de même. Depuis l'attaque d'hier par ses araignées monstrueuses nous faisons attention où nous mettons les pieds. Le sol est invisible et peut receler nombre de piège tel celui qui fut fatal au pauvre Andelys.

Et c'est après quelques temps de marche, en matinée, que nous buttons effectivement sur un nouveau piège des créatures. Trois de ces saletés nous attaquent. Fou de rage, les rendant responsable de la mort de notre compagnon, j'attaque, passant même devant le maître d'arme Sindel. J'essaye de transpercer la créature, qui, malheureusement, s'échappe et saute sur un arbre. Je la poursuit mais glisse et me colle à une toile. L'araignée me saute dessus, me recouvrant la tête, et manque de me piquer de son dard empoisonné au coup. Seyra vient de donner un violent coup de glaive à la bestiole qui perd deux pattes et chute, me libérant le visage. La terreur que j'ai eu à l'instant me glace les sang, je suis incapable de bouger, prisonnier de ma peur et de la toile.

La bestiole revient à la charge, marchant sur sa toile, je la vois revenir, cauchemar à six pattes et à huit yeux. Je suis incapable de bouger, ni de parler ! Je vois une ombre sauter ! C'est Seyra, elle a grimpée sur un arbre. Je sens mon corps tomber, la toile vient de rompre, Seyra tranche les attaches, me libérant de l'attaque de l'araignée mais pas de la toile qui s'enroule autour de moi tel un cocon. Dans la panique je me sens partir, je tourne de l'oeil.

La première chose que je vis en me réveillant est le visage de Seyra.

"Bouge pas, je tranche la toile, je te libère !"

Elle me dégage totalement de cette prison de soie. Je vis que Seyra était à nouveau tachée. elle haussa les épaules en voyant mon regard.

"L'araignée a fait plousshhh quand je lui ai mit un coup dans son gros ventre !"

Brave Seyra, elle n'a eu aucune peur, contrairement à moi. Elle a su quoi faire, contrairement à moi. Elle a combattu, contrairement à moi. Je la remercie et la félicite, elle fait d'énormes progrès dans cette expédition. Je me demande à présent qui protège l'autre. J'ai honte de ma peur, honte de ma faiblesse, mais elle gentille et innocente me réconforte.

"Tu as pas eu de chance, si tu avais pas glissé, tu ne serais pas tombé dans cette toile ! Et tu l'aurais tuée à ma place, ça c'est sûr !"

Sans blessures apparentes, le groupe repart dans son cheminement, la température a encore augmenté, et comble de cela, il pleut désormais une fine pluie d'eau chaude. Décidément qu'un climat détestable ! La forêt s'épaissit d'autant plus que nous approchons de la montagne. Nous sommes toujours attentif au moindre bruit, mais il n'y a que nos pas, le cliquetis de nos équipements, et parfois le souffle de nos lames qui taillent un chemin dans cette végétation dense. Le ciel morose n'arrange pas notre ambiance qui l'est tout autant. Même Bogast, qui semble dur comme de la pierre, semble en peine. Son ami est parti hier, cela ce sent ! Il parle à l'écart avec Cromax, le Sindel dragueur, le ton est dur, des accusations sont portés. Mais au final rien n'en ressort. Juste que le groupe est à cran et que tous doutent de tous, ce dont je me doutais déjà et ce dont je partage l'avais, doutant aussi de tous. Mais je ne partagerai avec personne mes doutes, en ayant déjà trop dit par le passé, et en ayant exposé Seyra a un danger bien trop grand. Désormais, rester cacher c'est espérer vivre plus longtemps.

Finalement après une journée de marche, nous arrivons au pied de la montagne, Bogast décide de nous arrêter dans un endroit légèrement à l'abri de la pluie qui crachote toujours. Nous dressons un camp de fortune, je trouve du petits bois secs puis des bouts de branches mortes. Avec l'aide de Fizold nous allumons un grand feu. Pratique sa magie ! Bogast m'annonce que je serai de garde avec lui cette nuit. Seyra n'est pas ravie de ça, me voulant pour elle. Je lui dis de se reposer, demain nous allions gravir la montagne, elle devait être en forme. En râlant doucement elle part dormir sous un arbre, pas très loin du feu qui rougeoie et siffle lorsque des gouttes tombent dans son âtre.

La nuit se passe là, moi d'un coté du feu, Bogast de l'autre, à ne pas se parler. Que dire ? Il doit être bouleversé par la disparition d'Andelys, il doit être curieux de savoir ce qu'est devenu le cryomancien et pourquoi. Mais je ne parlerai pas le premier, je n'ai rien à lui dire. Si d'autres du groupe avait raison sur lui ? Je garde donc tout pour moi, ne partageant aucune de mes hypothèses, même la plus farfelue, inspirée d'Aakia comme quoi Andelys ne serait pas mort mais prisonnier dans une salle souterraine... Mais ça n'est qu'une hypothèse farfelue, elle ne l'a pas détecté...

Dans la nuit alors que je nourris de temps en temps le feu qui me réchauffe mon coté droit, Aakia me fit voir par ses yeux une forme se déplaçant vers nous. Une araignée ! Je me lève et tire mon arme de son fourreau.

"Ne bougez pas Bogast, l'araignée est pour moi !"

Il ne l'a certainement pas vu avant moi et me laisse faire, la bestiole qui rodait autour de nous c'était dirigée vers Seyra, surement la proie la plus facile à emporter pour elle. Mais elle ne s'attendait pas à voir quelqu'un l'attaquer en pleine nuit ! Mon coup de rapière lui lacère l'abdomen sans la traverser. Surprise elle me saute dessus et me renverse. Du pied je la renvois sur le coté mais elle revient avant même que je me sois relevé. Une douleur me traverse le mollet, une des pattes m'a griffée profondément. Je ne cri pas, gardant en moi la douleur. De colère j'envoie ma rapière de pointe, embrochant la bête de part en part !

(Entre les huit yeux, bien visé !)

Je reviens en boitant, ne disant pas à Bogast que je suis blessé, lui lâchant juste un "c'est bon". La nuit se termine sans autres incidents, je panse en silence ma blessure avec des bouts de tissus trouvés dans mon sac.

Le médecin semble avoir chaud lorsque tu lui adresses la parole. Il te sourit alors, et se prépare à t'expliquer un peu son histoire.

" J'ai été bercé par les connaissances druidiques pour les plantes... Je n'ai jamais était un fin manipulateur de sorts en tout genre, c'est donc le seul aspect que j'ai réellement pu conserver. Je soignais des gens dans les villages qui n'avait pas de guérisseurs, et qui ne devaient pas en vouloir... Certaines personnes craignent la magie, même la blanche. Pour les aider, il faut donc faire avec les moyens du bord. Les plantes médicinales sont donc un atout pour eux, et ils les cultivent. "

Il te sourit puis rajoute :

" C'est grâce à ça que je suis rentré il y a longtemps au service de la famille royale. Les magies ne soignent pas tous les petits désagréments quotidiens comme les maux de tête, ou de ventre des dames. Les potions ou décoctions font un plus grand bien, et sont plus naturelles que les magies qui sont plus utiles d'après moi pour les blessures importantes... J'ai continué à étudier les plantes, mais je me suis concentré sur celles qui étaient inconnus sur de nombreux continents.... je suis donc un peu moins déboussolé pour certaines variétés que l'on pourrait l'être. Et vous ? Vous semblez fort bien vous y connaitre aussi ? "

Je souris à mon tour, songeant à mon passé sur Naora... à cette ancienne vie. J'ai tellement changé depuis, pourtant ça fait parti de mon histoire.

"En effet, je m'y connais un peu. Disons qu'à l'origine, j'ai été bercé quant à moi dans une tradition très différente. Je ne trouve pas le mot en langue commune et j'ignore d'ailleurs s'il existe. J'ai étudié les plantes, les arbres, mais aussi les animaux, non pour aider les gens, mais juste par goût de la connaissance.
J'ai eu une longue formation, plus longue que celle d'un humain, dusse-t-il y consacrer sa vie. "

Je fais une pause, une ombre de doute voilant mes yeux à l'évocation de ma formation grise, mais je reprends.
"J'en vivais, gardant les domaines Royaux à Cyniar... enfin une petite partie. J'aidais les forêts à prospérer et à vivre. Petit à petit j'ai découvert que je ne faisais pas que connaître... Je sentais la vie des plantes, leurs pensées aussi et cela n'a cessé de croître depuis, c'est ce qui fait que je peux leur parler et leur faire comprendre mes intentions..."

Il sourit en coin.

" J'aurai aimé pouvoir parler aux plantes... Mais je ne pense pas qu'en une vie d'humain ce soit possible malheureusement. Même en trouvant la personne qui peut nous l'enseigner, nous mourrons trop "jeunes" pour réellement utiliser nos connaissances... j'ai donc préféré laisser ce domaine là aux elfes, et autres créatures dotés d'une longue vie. Mais je ne me plains pas. Je suis heureux d'avoir pu découvrir des plantes qui étaient inconnues pour d'autre. Ce n'est pas en soit très glorieux, car être le premier à découvrir quelque chose n'est que de la chance, mais c'est mieux que rien n'est ce pas ? "

Il regarde autour de lui.

" Ce lieu est remplie de nouvelles variétés inconnues. Certaines que j'ai repéré sont très rares car elles ont été cueilli pour leur capacité. J'en ai vu capable de paralyser un boeuf, d'endormir un dragon, de priver d'énergie magique, de faire perdre toute sensation... Et d'autres qui sont excellentes en salades ! "

Il se met à rire doucement...

Rapidement mon esprit se tourne vers Saraki et Nuilë... Humain, mais druide...

"Je ne pense pas que ça soit une question de temps en réalité. Malgré votre courte vie, j'ai vu des humains plus jeunes que moi, ce qui, à votre échelle, n'est guère difficile, mais plus sage et plus savant que moi. Vous autres humains compensez votre courte vie par une faculté d'apprendre bien plus rapidement que nous autres.
Mais si vous voulez tellement parler aux plantes, je crois qu'il y aurait moyen, si je retrouve mon énergie..."

Attentive, je l'écoute parler des plantes, avide de savoir.
"D'endormir un dragon? Voilà qui pourrait nous être utile si les mêmes créatures que sur l'autre île guettent ce lieu."

Je sors la pochette de mon sac et lui montre les baies que j'ai avalé l'après-midi quand j'ai été malade.
"Connaissez-vous ses plantes, je n'en ai jamais vu avant et elles m'ont intriguées... Sans doute leur forme d'étoile qui est si surprenante."

Il ricane.

"Endormir un dragon, oui... Encore faut-il réussir à le lui faire manger... Lorsqu'ils ouvrent la gueule, c'est certainement davantage pour vous lancer des flammes... "

Il prend la baie et la regarde en réajustant son monocle. Pendant quelques secondes, il la tourne dans tous les sens. Finalement il te dit :

"Ma foi ... La forme étoilée peut avoir un rapport avec le mana, ou bien peut paralyser... difficile à dire comme ça. Il faudrait que je l'étudie dans le laboratoire... "