Lelma a écrit:
Une nuit terrible, à peu dormir. Des cauchemars où je voyais Seyra enlevée par des Garzoks, des dragons qui déclenchent la colère des montagnes. Du feu partout, puis de la glace. Des délires, des craintes, rien n'était cohérent. Le réveil ne fut pas bien fameux, dormir dehors n'est pas rassurant. Seyra, elle, dort paisiblement dans mes bras, au moins, elle se sent bien.
Vu la mine des autres, l'ambiance n'est guère réjouissante. Nos deux compagnons disparus pèsent par leur absence. Nul rire, nul regard joyeux. La troupe que nous étions traverse une passe difficile. Et pourtant, sommes-nous vraiment soudé ? Après l'affaire du cryomancien je me méfie de tout le monde. Et je pense que chacun de nous fait de même. C'est compréhensible, mais dangereux pour la pérénité du groupe. Aujourd'hui une chose est claire : je ne parlerai à personne, je me contenterai de suivre et d'écouter. Essayer de comprendre s'il y a vraiment des personnes qui cherchent notre perte dans ce groupe.
Seyra se réveille et me sourit, puis regardant autour d'elle sa mine se renferme. Pourquoi l'ai-je emmenée ici ?
(Elle a choisit de venir elle, pas toi. Elle t'as poussée pour que tu participes au combat qualificatif puis elle s'est débrouillée pour grimper clandestinement dans le bateau.)
(C'est vrai, a t'elle fait ça dans un but précis ou juste parce qu'elle voulait jouer à l'aventurière avec moi ?)
(Tu poses des questions difficiles ! Actuellement je n'en sais rien, il me faudra plus d'éléments pour te répondre. Mais il est vrai que tu puisses douter pour la première possibilité. Ce qui voudrai dire qu'elle sait le futur, ou son inconscient... Mais là les hypothèses sont très floues et non vérifiables.)
(On verra, l'essentiel est que je la protège, et ça j'en fait mon affaire !)
Le repas avant de reprendre la route est vite avalé, comme forcé. Nous repartons dos au soleil levant, du moins ce que me dis Aakia car on ne voit pas le soleil. Face à nous, au loin, se dresse une montagne, certes moins impressionnante que le volcan de l'île précédente, mais une belle montagne tout de même. Depuis l'attaque d'hier par ses araignées monstrueuses nous faisons attention où nous mettons les pieds. Le sol est invisible et peut receler nombre de piège tel celui qui fut fatal au pauvre Andelys.
Et c'est après quelques temps de marche, en matinée, que nous buttons effectivement sur un nouveau piège des créatures. Trois de ces saletés nous attaquent. Fou de rage, les rendant responsable de la mort de notre compagnon, j'attaque, passant même devant le maître d'arme Sindel. J'essaye de transpercer la créature, qui, malheureusement, s'échappe et saute sur un arbre. Je la poursuit mais glisse et me colle à une toile. L'araignée me saute dessus, me recouvrant la tête, et manque de me piquer de son dard empoisonné au coup. Seyra vient de donner un violent coup de glaive à la bestiole qui perd deux pattes et chute, me libérant le visage. La terreur que j'ai eu à l'instant me glace les sang, je suis incapable de bouger, prisonnier de ma peur et de la toile.
La bestiole revient à la charge, marchant sur sa toile, je la vois revenir, cauchemar à six pattes et à huit yeux. Je suis incapable de bouger, ni de parler ! Je vois une ombre sauter ! C'est Seyra, elle a grimpée sur un arbre. Je sens mon corps tomber, la toile vient de rompre, Seyra tranche les attaches, me libérant de l'attaque de l'araignée mais pas de la toile qui s'enroule autour de moi tel un cocon. Dans la panique je me sens partir, je tourne de l'oeil.
La première chose que je vis en me réveillant est le visage de Seyra.
"Bouge pas, je tranche la toile, je te libère !"
Elle me dégage totalement de cette prison de soie. Je vis que Seyra était à nouveau tachée. elle haussa les épaules en voyant mon regard.
"L'araignée a fait plousshhh quand je lui ai mit un coup dans son gros ventre !"
Brave Seyra, elle n'a eu aucune peur, contrairement à moi. Elle a su quoi faire, contrairement à moi. Elle a combattu, contrairement à moi. Je la remercie et la félicite, elle fait d'énormes progrès dans cette expédition. Je me demande à présent qui protège l'autre. J'ai honte de ma peur, honte de ma faiblesse, mais elle gentille et innocente me réconforte.
"Tu as pas eu de chance, si tu avais pas glissé, tu ne serais pas tombé dans cette toile ! Et tu l'aurais tuée à ma place, ça c'est sûr !"
Sans blessures apparentes, le groupe repart dans son cheminement, la température a encore augmenté, et comble de cela, il pleut désormais une fine pluie d'eau chaude. Décidément qu'un climat détestable ! La forêt s'épaissit d'autant plus que nous approchons de la montagne. Nous sommes toujours attentif au moindre bruit, mais il n'y a que nos pas, le cliquetis de nos équipements, et parfois le souffle de nos lames qui taillent un chemin dans cette végétation dense. Le ciel morose n'arrange pas notre ambiance qui l'est tout autant. Même Bogast, qui semble dur comme de la pierre, semble en peine. Son ami est parti hier, cela ce sent ! Il parle à l'écart avec Cromax, le Sindel dragueur, le ton est dur, des accusations sont portés. Mais au final rien n'en ressort. Juste que le groupe est à cran et que tous doutent de tous, ce dont je me doutais déjà et ce dont je partage l'avais, doutant aussi de tous. Mais je ne partagerai avec personne mes doutes, en ayant déjà trop dit par le passé, et en ayant exposé Seyra a un danger bien trop grand. Désormais, rester cacher c'est espérer vivre plus longtemps.
Finalement après une journée de marche, nous arrivons au pied de la montagne, Bogast décide de nous arrêter dans un endroit légèrement à l'abri de la pluie qui crachote toujours. Nous dressons un camp de fortune, je trouve du petits bois secs puis des bouts de branches mortes. Avec l'aide de Fizold nous allumons un grand feu. Pratique sa magie ! Bogast m'annonce que je serai de garde avec lui cette nuit. Seyra n'est pas ravie de ça, me voulant pour elle. Je lui dis de se reposer, demain nous allions gravir la montagne, elle devait être en forme. En râlant doucement elle part dormir sous un arbre, pas très loin du feu qui rougeoie et siffle lorsque des gouttes tombent dans son âtre.
La nuit se passe là, moi d'un coté du feu, Bogast de l'autre, à ne pas se parler. Que dire ? Il doit être bouleversé par la disparition d'Andelys, il doit être curieux de savoir ce qu'est devenu le cryomancien et pourquoi. Mais je ne parlerai pas le premier, je n'ai rien à lui dire. Si d'autres du groupe avait raison sur lui ? Je garde donc tout pour moi, ne partageant aucune de mes hypothèses, même la plus farfelue, inspirée d'Aakia comme quoi Andelys ne serait pas mort mais prisonnier dans une salle souterraine... Mais ça n'est qu'une hypothèse farfelue, elle ne l'a pas détecté...
Dans la nuit alors que je nourris de temps en temps le feu qui me réchauffe mon coté droit, Aakia me fit voir par ses yeux une forme se déplaçant vers nous. Une araignée ! Je me lève et tire mon arme de son fourreau.
"Ne bougez pas Bogast, l'araignée est pour moi !"
Il ne l'a certainement pas vu avant moi et me laisse faire, la bestiole qui rodait autour de nous c'était dirigée vers Seyra, surement la proie la plus facile à emporter pour elle. Mais elle ne s'attendait pas à voir quelqu'un l'attaquer en pleine nuit ! Mon coup de rapière lui lacère l'abdomen sans la traverser. Surprise elle me saute dessus et me renverse. Du pied je la renvois sur le coté mais elle revient avant même que je me sois relevé. Une douleur me traverse le mollet, une des pattes m'a griffée profondément. Je ne cri pas, gardant en moi la douleur. De colère j'envoie ma rapière de pointe, embrochant la bête de part en part !
(Entre les huit yeux, bien visé !)
Je reviens en boitant, ne disant pas à Bogast que je suis blessé, lui lâchant juste un "c'est bon". La nuit se termine sans autres incidents, je panse en silence ma blessure avec des bouts de tissus trouvés dans mon sac.