Cromax a écrit:
Une fois tout le monde rassemblé avec nos provisions protéinées, nous décidons de nous remettre en marche pour le campement où nous attendent toujours nos compagnons d'aventure et notre mystérieux sauveur. Je regarde la carcasse l'animal que j'ai tué avec l'aide de Seldell et en savoure déjà le goût avant même de l'avoir découpé. Les douces effluves de son sang éveillent en moi comme un désir de chair chaude et sanglante contre ma langue et mon palais, sentir sortir le jus à chaque appui de la mâchoire sur l'aliment au goût prononcé de gibier... Rien à voir avec ces vaches goûtant l'eau que les fermiers engraissent sans faiblir pour qu'elles aient plus de viande à donner. Ici, le goût, la saveur, la texture sont plus sauvages, plus authentiques. On sent à chaque bouchée les difficultés que l'animal a subies pour arriver à devenir appétissant pour le chasseur chanceux et affamé qui passait par là. Je fantasme presque sur cette chair qui s'offre à nous sous cette peau pleine de poils brunâtres tachetées de blanc. De la bête morte, mon regard passe sur Lillith. Lui aussi me donne envie de chair, de plaisir charnel. Le moindre de ses gestes fait ressortir sa bestialité virile et je frissonne à l'idée de penser que j'aimerais le sentir en moi, au plus profond de mon être, le sentir me posséder par sa toute puissance. Ses traits rudes et pâles sont renforcés par ce bandeau qu'il a autour de la tête pour relever ses courts cheveux en l'air. Il me regarde aussi, mais je ne peux lire le désir dans ses yeux encore fragiles de son expérience secrète dans ce monde parallèle. Je m'approche de lui et désigne la carcasse encore tiède de notre proie morte.
« ça ne te dérange pas de la porter avec moi? »
Il remue la tête pour marquer son accord à ma demande et soulève le postérieur de l'animal mort. Je me saisis à mon tour de la poitrine un ensanglantée de la bête, faisant pendre sa tête inerte le long de ma nuque, laissant filtrer sans que je le voie une longue traînée de sang rouge sur mon armure. Nous reprenons la route vers notre campement, retraversant la plaine dans le sens opposé pour rejoindre nos amis, mais nous avons à peine le temps de quitter la plaine que des bruits étranges se font entendre sur notre droite. Je n'y prête guère attention au début, préférant mirer le petit postérieur de Lillith qui marche devant moi, mais Cheylas, qui devance le groupe, se tourne dans la direction et nous crie à tous:
« Attention, des orques! »
Je tourne aussitôt le regard vers la prétendue source d'agression et en une fraction de seconde, je vois un de nos assaillants brandir une lance et la balancer violemment sur nous. Je perçois aussitôt qu'elle est destinée à Lillith, et que l'orque est plutôt bon viseur, aussi, dans un réflexe salvateur, je bondis sur mon ami en une fraction de seconde, délaissant mon fardeau sanglant. Ma brusquerie fait lâcher aussi l'animal au cryomancien qui me voyant arriver vers lui, n'ayant pas réagi assez rapidement à l'appel de Cheylas, est très surpris de me voir bondir sur lui. Il m'agrippe les bras et se cambre en arrière, la tête rejetée vers le sol alors que je le soutiens par le bas du dos en me penchant en avant, les lèvres sur sa douce gorge. Le bruit de la lance qui se plante dans la chair me parvient aux oreilles.
(Ainsi donc j'ai failli?)
(Mais non bougre d'imbécile, c'est la biche qui a tout pris)
En effet, derrière moi, le corps inerte du cervidé est maintenant orné de la lance ravageuse qui nous avait été lancée. Son sang vermillon commence à s'étendre sur le sol sous nos pieds. Appuyant ma pression sur le creux des reins de Lillith, je nous relève de la posture et nous avons tous les deux un regard noir, glacial, meurtrier envers les ennemis qui ont dérangé notre petite promenade dans la nature. Une lueur rouge passe dans mon regard à la vue de ces abrutis à la peau verte et aux longues oreilles qui beuglent comme des veaux en galopant vers nous les armes au poing. Ils ne sont pas nombreux et semblent former une petite escadrille d'éclaireurs.
(Il ne faut pas qu'ils s'échappent...pas de quartier!)
Mes yeux se tournent alors vers Lillith, qui me regard aussi. Il semble me gratifier d'un regard plein de reconnaissance pour lui avoir sauvé la vie, et ce regard plongé dans le mien invite des envies et des frissons à me parcourir tout le corps. Mon regard se fait brûlant de désir pour le cryomancien qui me fait fondre de plaisir. Nous restons ainsi à nous regarder passionnément comme si l'absence de geste était simplement masquée par l'intensité de ce regard. En cet instant, j'ai l'impression de ne former qu'un avec lui. Les orques s'approchent de plus belle, mais nous restons les yeux fixés sur ceux de l'autre, dans un regard incendiaire qui brûle d'envie.
(Je veux son corps, je veux son âme, je le veux lui, maintenant!)
Mais les orques sont désormais trop proches de nous. Deux d'entre eux nous ont entourés et s'apprêtent à nous frapper dans le dos, mais je vois l'ennemi dans le dos de Lillith à temps, un sale orque poisseux au nez orné d'un anneau doré. Il tient à la main un gros glaive fissuré qui s'apprête à planter dans le dos de mon compagnon. Vif et précis, restant contre mon partenaire, je dégaine ma rapière et pare le coup prévu en lui plantant la pointe dans la cuisse droite. Il a une grimace de surprise mêlée à de la rage, et je poursuis par un coup d'estoc au niveau du bas-ventre que mon ennemi parvient à presque éviter comme un toréador éviterait un taureau enragé. Ma lame transperce cependant sa cuirasse et vient effleurer sa peau rugueuse, la perçant légèrement. Ma main gauche est toujours plaquée contre le dos de l'humain, et mon bassin collé contre le sien. Ainsi, nous évitons ensemble de nous faire embrocher ou broyer pas ces deux ennemis qui nous entourent et nous nous mouvons par saccades sèches, mais langoureuses. J'ai le temps de donner un dernier coup à l'horreur au glaive, avant que Lillith n'entreprenne un retournement de situation. Nos bassins toujours ensembles, nous tournons tels des danseurs épris de musique lascive pour finalement se retrouver dans la même position, mais pas face au même ennemi. Devant moi désormais, un autre orque répugnant, mais décoré stupidement par un large casque orné de deux grandes cornes jaunies. Il a cependant à la main une arme peu recommandée de se prendre en pleine tête: un fléau imposant dont le boulet est parcouru de piques acérées.
Gardant ma main plaquée dans le bas dos de Lillith, la descendant même un peu plus bas, profitant de la ferveur de la bataille pour ressentir encore plus de désir et de passion pour mon partenaire, mon amant, je frappe mon nouvel ennemi avec la même rage que le premier. Il reçoit mes trois coups de plein fouet sans parvenir à me toucher. Ses bras sont parcourus de trois longues traînées rouges qui s'étendent en un flot de sang le long de ses haillons de combattant faits de cuir terni par les années. L'orque n'en perd pourtant pas sa furieuse envie de m'envoyer son écraseur de têtes en pleine face. Mais Lillith étant toujours devant moi, face à moi, je n'ai pas l'occasion de libérer entièrement tous les mouvements qui pourraient m'être nécessaires pour mettre à mal mon ennemi. D'une pression de la main, je me retourne en même temps que je lâche Lillith, qui se tourne également vers son ennemi. Je laisse d'ailleurs mes doigts traîner une fraction de secondes sur le bas-ventre de mon partenaire, laissant à mon sens du toucher le soin d'imaginer les milles félicités que ce corps pourrait m'apporter.
Mais mon ennemi est là, je veux dire, celui qui était derrière moi, celui muni d'un glaive. L'anneau traversant ses narines lui donne un air plutôt bovin, confirmé par son regard abruti dénué de toute intelligence. Je fais alors directement le parallèle avec le casque cornu de son copain violent...
(Ils doivent être une sous-race de vache, ya pas moyen... Des ruminants qui seraient devenus carnivores...)
je donne un coup à mon ennemi, mais plus preste à le parer que la dernière fois, il interpose son gros glaive devant ma lame qui est déviée vers le sol. Mais dans la suite du mouvement, je la relève et coupe la peau de la cuisse droite de grandes oreilles. Derrière moi, j'entends Lillith se battre farouchement contre son assaillant. Touché par l'arme contondante de son ennemi, il m'agrippe les bras par l'arrière, bloquant ainsi toute défense de ma part face à mon assaillant. Il en profite d'ailleurs pour me donner un coup avec le plat de son arme dans les côtes, m'arrachant douleur et un petit cri à peine retenu. Aussitôt, toujours accroché aux bras de Lillith, je jette mes jambes par-dessus ma tête en cognant au passage l'orque à l'anneau. Je fais une culbute retournée sur le dos du Cryomancien, plié en deux sous mon poids pour l'occasion et finis par atterrir en frappant fortement l'orque au casque.
Nos ennemis ont reculé d'un pas grâce à la dextérité de mes coups de pieds et Lillith et moi sommes de nouveau face à face. Je lui fais un clin d'oeil et un regard complice. C'est comme si nous étions connectés ensemble et que nous pouvions prévoir les gestes de l'autre avant qu'il ne les fasse. J'ai envie d'imaginer que c'est l'attirance que je ressens envers lui qui me fait voir en lui, mais je ne peux m'y résoudre...
L'humain me saisit alors ma main et comme si nous avions répété cent fois ce pas à l'avance, nous nous jetons tous les deux en arrière, arme tendue vers notre ennemi. Je plante ainsi mon épée dans l'épaule droite de celui-ci, puis, rapidement, force la pression sur le poignet de Lillith pour que nous nous redressions. Dans le mouvement, je lance mon épée vers l'autre orque, que le cryomancien vient aussi de blesser, mais cette fois, mon coup passe à côté de sa tête affreuse, lui déchiquetant un bout d'oreille au passage. Nos ennemis reculent un peu. Je suis de nouveau face à mon partenaire, proche de lui, tout contre son corps. Mes lèvres se perdent à caresser la douce peau de son cou, et fais passer doucement ma langue dessus. J'ai envie de le mordre dans l'action du moment, emporté par le désir qui me dévore, mais je le repousse pour déchaîner toute ma passion et ma langueur. Je le fais tournoyer sur lui-même, le bras levé, sa main tournant dans la mienne. De son autre main, il projette quelques épieux de glace, de ceux qui m'avaient fait si mal et pourtant tant de bien sûr le pont supérieur de l'aynore...
L'orque armé d'un fléau est plutôt salement amoché par la magie de glace et semble étourdi pour le moment. Lillith se rattrape à mon épaule et je tourne la tète vers lui, le regardant avec envie, mutin. Par-derrière, je vois Cheylas occupée avec un orque. Elle jette vers nous un regard noir plein de rancœur et de jalousie. Mais elle n'a de temps de rester trop longtemps là à me toiser de son air écœuré. Elle reprend vite sa passe d'arme avec son assaillant.
Un court moment de flottement se fait sentir, et l'orque au glaive en profite pour essayer de m'assener un sale coup qui m'aurait décapité si le cryomancien n'avait pas réagi. Il me saisit le poignet brutalement et je laisse glisser une jambe derrière moi, la tête rejetée en arrière. La lame de l'orque passe au-dessus de mon crâne et se déséquilibre, surpris par cette esquive curieuse, mais jolie à voir. Je me relève en plantant sévèrement ma rapière dans la gorge de l'orque, dont le regard se vide. Ma lame est aspergée de son sang, mais il est toujours vivant. Un long flot noir coule le long de sa cuirasse et de ma rapière. C'est à cet instant que Lillith décide d'intervenir. De sa main libre, il touche ma lame qui transmet sa glaciale magie jusqu'à la terrible blessure de l'orque qui cesse de saigner tout d'un coup. J'ai du mal à comprendre ce qui se passe ensuite. L'attaque magique du cryomancien gèle le sang et la peau de l'orque, pour entièrement paralyser la gorge de celui-ci, qui devient plus pâle. Déjà, la vie a abandonné son regard. Un sinistre craquement se fait alors entendre et le cou cède sous le froid. La tête tombe sur le sol indépendamment du corps figé qui finit lui aussi par choir lourdement sur l'herbe. Je reste un moment immobile face à ce spectacle peu ragoûtant d'un orque crevé décapité. La main de Lillith caresse mon bras et remonte jusqu'à ma nuque, où il masse doucement mon cou. Ma peau se couvre de frissons de plaisir et je jette la tête en arrière en poussant un petit gémissement satisfait.
La mort de l'orque, ainsi que mon petit cri déstabilisent Cheylas, qui regarde soudain d'un coup dans notre direction, toujours aussi mauvaise. Cela suffit pour que son orque, harassé par les coups acharnés de l'elfe grise, tente de fuir, aussitôt poursuivi par Seldell qui bande son arc pour l'abattre. Mais sa flèche le rate et Cheylas est à son tour forcée à le poursuivre.
L'orque au casque à cornes a eu maintenant le temps de retrouver ses esprits et c'est mangé par une haine viscérale qu'il se rue sur nous en beuglant sauvagement. Dans un même mouvement, Lillith s'empare de l'épée qui pend à ma ceinture et nous lançons en avant un grand pas, bras armés tendus vers notre assaillant cruel. Dans cette position de fente avant, l'orque vient s'embrocher sur nos lames, qui traversent de part en part sa poitrine déjà fortement abîmée par les pieux de glace. Il s'effondre sans vie après un moment d'hésitation, comme si son corps refusait de croire qu'il était mort...
Je me relève face à l'humain en lâchant mon arme. Je suis essoufflé et je le regarde droit dans les yeux. Ma main droite croise ses doigts et les saisit au même moment où nos lèvres se rejoignent brutalement. Le contact est humide, fort, chaud, indescriptible dans sa passion et dans sa fougue. Ma main libre se plaque contre la joue de l'humain que je caresse avec désir, jouissant de toucher enfin cette peau tant voulue. Me langue sasse par mes lèvres et rencontre la sienne entre ses dents blanches et froides. L'instant est fort, viril, masculin. Le baiser est vif, sauvage, langoureux. La passion qui m'anime est telle que je l'embrasse à pleine bouche, libérant mes fantasmes les plus secrets et les plus fous. Je plaque ma main dans sa nuque pour attirer encore davantage son visage contre le mien, pour que ce baiser nous lie, ne fasse plus qu'un de nous. La passion ne tombe pas, ni le désir, qui se fait plus fort encore. Mais bientôt, trop tôt, les lèvres se séparent et les visages s'écartent un peu, juste ce qu'il faut pour que je voie l'objet de mes envies, cet humain de glace qui a éveillé en moi un tempérament brûlant... Je fixe ses iris, la main toujours sur sa nuque, ses doigts toujours dans les miens. Je pose mon front sur le sien en fermant mes paupières pour fixer à jamais ce moment dans mon esprit, pour que plus jamais cette sensation vive de liberté n'en sorte et que les sensations restent vives pour toujours...
Ma langue lape encore une ou deux fois les lèvres de mon amant, et je m'écarte de lui avec un sourire aux lèvres. Contrairement à notre premier baiser, je ne ressens plus trop de gêne. J'accepte d'être attiré par lui parce qu'il vaut bien cette attirance. Ma main reste en contact avec la sienne, mais plus douce. Et c'est à ce moment que Cheylas revient de sa chasse à l'orque, essuyant sa dague avec un pan de tissus...Son regard est sévère et froid et elle passe à côté de nous sans même nous dire quoi que ce soit. Visiblement, ils ont rattrapé leur orque et il a fini par périr lui aussi. De s'est également débarrassé des deux siens. Je ramasse mes lames posées sur le sol, croisées comme nos lèvres l'ont fait, l'une contre l'autre, et nous rentrons lentement au campement sans un mot. Je mets la biche sur mon dos, supportant entièrement son poids sur mes épaules, et nous repartons...