Cromax a écrit:
Bonus de Cromax :
Lillith a fini par s'endormir doucement à mes côtés, bercés par mes dernières douces caresses sur sa fine peau... Il fait encore totalement nuit, et le soleil n'est pas prêt de se lever. Ça doit faire deux bonnes heures que le soleil est maintenant couché... La passion que j'ai partagée avec le cryomancien m'a redonné du courage et de l'espoir pour ma mission, même si celle-ci reste un véritable suicide... Misant tout sur ma discrétion, autant commencer tout de suite. Je me lève sans même réveiller mon amant, le laissant à ses doux songes. Si je venais à mourir, il garderait ainsi un bon souvenir de moi, et non pas des adieux pleurnichants ou maussades. Je le regarde dans son sommeil. Il dort paisiblement, la bouche légèrement entrouverte, son buste se soulevant au rythme lent de sa respiration calme. Je me surprends à le regarder en souriant béatement, admirant simplement cette force de la nature, cet homme qui m'a fait découvrir des sensations que je n'avais jamais osé imaginer... Après ce qui est peut-être mon dernier regard pour lui, je me dirige vers le centre du campement, où la plupart de mes compagnons sont endormis, vu l'heure. Bogast est réveillé cependant, et m'adresse un sourire quand il comprend que l'heure est venue pour moi d'appliquer le plan prévu...J'espère qu'ils feront le nécessaire de leur côté pour que tout soit prêt quand je reviendrai...Si je reviens... Le regard compatissant de celui qui dès le départ à été notre chef d'expédition inflexible, mais dont nous avons appris à cerner la dimension humaine et sentimentale, me touche et me trouble. Une boule naît dans ma gorge, et m'enserre l'estomac. Je sais que je vais droit à ma perte, mais je sais aussi que c'est nécessaire, que c'est pour le bien de tous, que c'est pour le bien de personnes que j'aime. Mon regard passe sur chacun d'entre eux, qui m'ont accompagné pendant toute la première partie de cette aventure... Lillith, Bogast, Lothindil, Lelma, Seyra, Arevoès, Seldel, De, Keynthara, Fizold, Thalian...Et Cheylas.
Couchée sur sa couche, elle semble dormir. Mais la clarté de la lune trahit une larme luisante qui coule doucement le long de sa joue. Elle ne dort pas. Je m'en approche doucement et pose ma main sur son visage. Ouvrant les yeux vers moi, elle la prend au creux des siennes en me regardant d'un air triste. Une nouvelle larme perle sur ses yeux, et elle la balaye d'un clignement de paupières. À genoux à côté d'elle, je la regarde aussi, tendrement, me rappelant nos souvenirs communs. Je sais que je n'ai pas été juste avec elle, mais j'ai suivi mon instinct en allant vers Lillith... Et je ne regrette rien, jamais... Alors que je veux me dégager doucement de l'étreinte de ses mains sur mes doigts, elle ramasse quelque chose sur le sol, me posant une paume sur l'épaule pour m'intimer de l'écouter.
« Tiens, prends-ça avec toi, tu pourrais en avoir besoin là-bas...Dessine un plan du campement et rapporte le nous! »
Elle me tend une feuille de parchemin vierge ainsi qu'une plume et un petit pot d'encre noire. Je les mets directement dans mon sac, sans la lâcher des yeux...
(Ainsi elle croit en moi, elle croit que je reviendrai, et que tout se passera comme prévu...)
(Et c'est aussi comme ça que tu dois penser! Ne sois pas pessimiste, tu as toutes tes chances d'y arriver...)
(Moui...)
Peu convaincu, je repense au nombre d'orques horribles qui nous étaient tombés dessus sur le toit de l'Aynore. Si je me fais remarquer, je ne ressortirai pas vivant du campement...Mon regard se repose sur le visage de Cheylas. Je cligne des yeux pour la remercier en me relevant, et elle suit le mouvement. Se tenant debout à côté de moi, elle me regarde fixement, et mon regard ne peut se décrocher du sien. Puis soudain, elle avance ses lèvres et les joint aux miennes. Je suis surpris au début de ce baiser, et ais presque envie de reculer, mais je reste sans bouger, me mêlant à cet échange ultime. Elle passe ses bras dans mon dos, et quittant mes lèvres, place son visage dans mon cou en me serrant fort contre elle. Je l'imite et l'enlace doucement, puis plus fort. Nous restons l'un contre l'autre plusieurs minutes, jusqu'à ce que Bogast se lève de sa couche et vienne interrompre nos adieux...
« Allons Cromax, il est l'heure... »
Je lui jette un regard affirmatif pour marquer que j'ai compris, et l'elfe grise desserre son étreinte. Les larmes aux yeux, elle me jette un dernier regard en me soufflant doucement:
« Reviens-nous vite... »
Elle se recouche alors dans sa couverture, et je quitte doucement le campement sous le regard de l'aéromancien. Bientôt, mon ombre se perd dans la nuit, en direction du camp orque...
Je marche assez rapidement jusque là, préférant arriver le plus tôt possible pour être certain de repartir quand il fera encore nuit, si je repartirai... Guidé par Lysis pour emprunter le chemin le plus court et le plus rapide, je marche de grandes enjambées rapides, telles que seul un elfe peut les faire, légères, souples et vastes. Après quelques heures sans qu'il ne se passe rien dans l'obscurité de la plaine, les lueurs lointaines du grand feu central de leur camp sont en vue, et c'est alors que je remarque un détail qui dans cette mission, prend toute son importance. La lune éclaire la nuit noire suffisamment pour me faire repérer si je ne suis pas assez discret. Le stress augmente et la boule qui me ronge le ventre semble s'épaissir au fur et à mesure que je m'approche de mes ennemis. Je devrai être encore plus prudent, encore plus discret que je ne pourrais l'avoir été. Rien ne devra être laissé au hasard... M'approchant maintenant sérieusement des premières tentes de leur camp, je redouble de prudence. Je me camoufle derrière des fourrés touffus, m'abaissant un maximum vers le sol pour qu'ils n'aperçoivent pas les mouvements de ma silhouette. Car ils sont nombreux à garder l'extérieur du campement. Des patrouilles empruntent régulièrement un chemin de garde selon un parcours défini. Je passe quelques minutes à analyser leurs moindre mouvements et finit par détecter une légère faille dans leur système. Un groupe orque est légèrement en retard sur ses prédécesseurs, et ce retard cause une petite zone de passage disponible, très brève, et dans le dos de la patrouille précédente. C'est unique chance de pénétrer dans l'enceinte du camp...
J'ai aussi pensé à essayer de neutraliser totalement une de ces patrouilles, mais ils sont trop nombreux et le moindre cri pourrait rameuter plusieurs dizaines d'orques en quelques secondes à peine. J'efface donc de mon esprit toute trace de passage en force, d'autant plus que l'alerte serait donnée au moindre cadavre découvert...Je dois rester le plus furtif possible, personne ne doit se douter de ma présence... Je laisse encore passer un tour du campement par le groupe en retard, et juste avant qu'ils ne tournent au coin de la tente à l'extrême droite, je m'élance vers l'entrée avec des pas souples, élancés et rapides, mais aussi silencieux que possible. J'arrive à me faufiler entre deux tentes juste au moment où le regard du premier guerrier de la patrouille se pose sur l'endroit où je me trouvais il y a quelques secondes... Avant de pénétrer plus en avant sur le campement, je reprends doucement mon souffle, contre la paroi en toile épaisse de la tente. Au moment où la patrouille passe à côté de moi, je coupe ma respiration en espérant qu'aucun d'eux ne puisse m'apercevoir en tournant la tête dans ma direction. Mais visiblement, ils préfèrent parler entre eux dans un langage ignoble que pourtant, je comprends sans difficulté...
(C'est grâce à moi que tu les comprends...Je te fais la traduction instantanée...)
Réjoui par cette nouvelle positive alors que je suis aux portes de l'enfer, je poursuis ma mission en pénétrant plus avant dans le camp. Me faufilant entre les tentes, je repère vite l'organisation globale du campement et fais une petite pose pour la noter approximativement sur le bout de parchemin que Cheylas m'a donné. Je me révèle pas trop mauvais en dessin et reproduit avec une plus ou moins bonne fidélité l'ensemble des choses que j'ai déjà vues. Je passe encore entre quelques tentes, évitant au maximum les allées principales où le passage de créatures ignobles armées jusqu'aux dents est fréquent. À plusieurs moments, je suis obligé par la force des choses de traverses les allées plus importantes du campement. Veillant à rester le plus silencieux et discret possible, je me fonds dans les ombres de la nuit, les seules que me laissent l'éclat de la lune. À chaque nouvelle tente, je fais une pause et regarde tout autour de moi si je vois quelque chose bouger. Je tends aussi régulièrement l'oreille pour entendre le moindre bruit de pas qui s'approcherait de moi. Mais la chance semble veiller sur moi, du moins pour l'instant, et mis à part quelques soldats orques qui se rendent dans leur tente, m'obligeant à m'abaisser vers les ombres du sol, je n'ai eu aucun ennui majeur...Du moins jusqu'ici...
(Et ça va continuer)
(Puisses-tu avoir raison, Lysis, puisses-tu avoir raison...)
Au bout d'un moment, je me suis plutôt bien enfoncé dans le campement, et e me dirige petit à petit vers le grand feu central, toujours en prenant les meilleures précautions pour ne pas me faire repérer. Bientôt, j'arrive à proximité de l'allée centrale, qui mène directement vers le foyer où quelques guerriers à la peau verte stagnent en discutant de leurs voix rocailleuses. C'est alors que j'aperçois enfin le but de ma visite. De l'autre côté du feu, une tente plus imposante que les autre se dresse fièrement à la lueur des flammes. Il ne fait aucun doute que c'est bien celle que je cherche, la tente de Crimson. Penser à lui me hérisse les poils. Je garde toujours en mémoire l'humiliation qu'il nous a fait subir sur le toit de l'aynore... Un lueur rouge passe dans mon regard, puis disparaît presque instantanément, une montagne de muscle passant juste devant ma cachette. Me pliant du mieux que je peux pour ne pas me faire voir, je laisse cet ennemi de taille filer vers sa destinée à travers de laquelle je ne me mettrai pas...ou du moins pas tout de suite, et certainement pas directement. Je le regarde passer avec un regard quelque peu apeuré, mais une fois qu'il me tourne le dos, je lui passe la langue pour le narguer sans qu'il m'aperçoive.
Mon attention se reporte alors sur la grande tente. Je sais que je ne pourrai pas y accéder par l'avant, le feu du camp étant trop bien gardé. C'est pourquoi je décide de faire le tour de celle-ci, pas trop prêt du centre, pour entrer par un autre côté. Je poursuis donc mes faufilages entre les tentes les plus proches, toujours aussi furtivement, puis, tourne pour accéder à nouveau à la tente principale, le logement sommaire du maître des orques, Crimson l'insupportable...
à l'arrière de la tente, je perçois un entrebâillement dans la toile, mal fixée au sol. À l'intérieur, une flamme vacille. Je dois m'assurer que les plans se trouvent bien dans cet endroit, aussi, je m'approche à petits pas vers l'ouverture, avant de discrètement jeter un œil à l'intérieur. Personne. La lumière que j'ai vue n'est que celle d'une petite lampe à huile posée sur une table, avec à ses côtés, un coffre.
(Vas-y, le coffre est là, tu n'as qu'à te servir, prends les plans! Ton honneur n'en sera que plus grand!)
(Oui, tu as raison, je vais leur prouver de quoi je suis capable...)
Prenant bien soin d'écouter aux alentours si je n'entends pas le moindre bruit de pas, j'entre dans la tente en glissant par l'ouverture, m'approche du coffre et essaye de l'ouvrir, prenant mon courage à deux mains. Mais à ce moment, j'entends les pas bruyants d'une patrouille orque qui arrive vers la tente. Paniqué, j'essaie d'ouvrir la malle, mais à mon grand dam, elle est fermée à l'aide d'une serrure. La forcer attirerait directement l'attention sur moi. L'idée de me saisir du coffre me traverse un instant l'esprit, mais il est trop gros pour que je puisse rester discret pendant ma fuite, et je doute même arriver à le soulever...
La porte de la tente s'ouvre, laissant place à la silhouette fine et bien reconnaissable du sergent d'Oaxaca, Crimson. Le regard de l'homme ténébreux se fixe sur le coffre à côté de la lampe, puis fait le tour de son habitation sommaire, l'air suspicieux. Mais je ne suis plus là. L'entendant arriver, je me suis rapidement faufilé sous la paroi de tissus avant qu'il ne puisse m'apercevoir. Je suis maintenant à nouveau à l'arrière de la tente, la respiration coupée, à croupis sur le sol, tous les sens aux aguets. La peur m'envahit le ventre.
(Et si il m'avait vu?)
Mais rien ne bouge, hormis la patrouille orque qui s'éloigne maintenant de la tente. Si l'un d'entre eux se retournait, il me verrait d'office et je n'aurais plus qu'à faire mes prières à un dieu auquel je ne crois pas pour ne pas que ma mort soit trop douloureuse...Quoi que la douleur me permettrait quand même de me sentir une dernière fois vivant...
(Tu as tout compris, la douleur ne peut te faire que du bien!)
(Non, c'est stupide ce que tu dis là!)
(Tu crois? Rappelle-toi ton rêve dans la montagne avec Lillith...n'était-ce point bon?)
(Si...si...dans certains cas la douleur peut-être bonne pour moi...mais je doute que les orques veuille vraiment me faire plaisir...)
Doucement, la patrouille orque s'en va, et je suis soulagé de constater que personne ne m'a repéré... Je pousse un soupir d'apaisement, pas trop sonore cependant car je sais que le maître des lieux n'est pas loin, juste à côté même... J'aperçois alors non loin de moi une tente vide et ouverte. Je m'y engouffre, serein d'être en une relative sécurité dans ce camp hostile, et reprend le parchemin contenant mes premières esquisses du plan des lieux. Je le peaufine en ajoutant les détails de la disposition centrale de la grande tente, derrière le feu, ainsi que la présence du coffre, dans cette même tente. Une fois mon travail terminé, je poursuis ma fuite furtive dans les ombres de la nuit. Je parviens à sortir de l'enceinte du campement orque en utilisant la même technique que pour rentrer, profitant du retard de la patrouille, toujours pas rétablie à sa place. Une fois assez loin des orques, j'oublie toute trace de discrétion et me relève pour m'encourir à toutes jambes dans la plaine. C'est alors que la voix de Lysis retentit dans ma tête...
(Ne t'encours pas trop loin...Suis-moi, ils se sont rapprochés... Ils ne sont même pas à une heure d'ici!)
(Je te suis)
Elle sort de mon diadème et se mue aussitôt en rouge gorge, la première forme sous laquelle elle m'est apparue... elle s'élance à plein vol dans les ténèbres de la nuit, direction notre campement fraîchement déménagé. Une ivresse de victoire s'empare de moi pendant ma course folle. Je ne le réalise pas encore bien, mais les dangers sont loin d'être passés...Mais j'exulte, je suis vivant, et en pleine forme...J'ai réussi ma mission avec brio!
(JE SUIS VIVAAAAAANT!!!)
Je cours dans la nuit vers mes compagnons, je cours dans le noir vers mes amis, mon amant, je cours dans les ténèbres vers la vie!
Peu après, je les aperçois au loin, petit groupe perdu dans les grandes plaines... Je parcoure la dernière distance qui me sépare d'eux, et une fois sur le campement, m'écroule au sol en riant, sous leurs regards curieux. Après quelques minutes pour reprendre mon souffle, un sourire béat collé sur le visage, je me reprends et les vois tous me regarder comme des ronds de flanc.
Avec un air satisfait, je leur déclare:
« Je sais où sont les plans! Je n'ai pas pu les prendre car ils sont dans une grosse malle dans la tente principale du camp, celle de Crimson. »
Je tends le plan que j'ai dessiné à Bogast, et attends leurs réactions...