Telle goujaterie point ne peut demeurer impunie, parole d’Akrilla !
Ô, que n’entendez-vous ces inflexions blessantes, vous qui pendez à mes lèvres pour en avoir récit, pourtant inénarrable s’il en est ! Que ne voyez-vous cette pâle figure déformée par les affres d’une haine naguère recluse dans la pierre du cœur, et céans déversée telle la houle sauvage sur la reine que suis ! Que ne frémissez, encore, comme le fais-je incessamment tout alors que résonnent les trémors éculés et barbares d’un être qui plus ne voit le jour depuis près de mille ans, peut-être ! Point ne peut-il s’évader, comme le suis-je est-il prisonnier… mais plus encore que ne sommes, nous, avec le Géant terrible nimbé d’un halo mauve, qui pouvons à moindre enclave errer dans corridors et dans antichambres de Mort, lui, Marmiton cloîtré, point ne sait franchir seulement le seuil des cuisines.
Là, ce qu’il me dit, de sa voix de pucelle, mais armée et de faux et de piques, belliqueux hasts maniés par la rage. Aussi m’invite-t-il – gare ! point n’est-ce là, que dis-je, d’invite, mais il m’ordonne plutôt de passer le vantail que naguère il m’ouvrit, d’installer la grâce faite séant vis-à-vis d’une gamelle, et sitôt qu’il le voudra, éprouver mes papilles d’une subtilité sans pareille à la bouillasse infâme qui mijote dans l’âtre !
(Bouah, plutôt crever, ouais !) Quoique… Il m’en coûtera de même, à goûter ou bien non, la mort assurément : que je le fisse, poison létal en mes veines coulera ; que l’outrageasse, contre le mur incontinent et l’encéphale en liberté on me trouvera.
Point ne sais-je de sort qui pût m’éviter l’un comme l’autre, et voilà dilemme de corneille, pour sûr ! Il me faut sur-le-champ implorer ma déesse, car si arme de Mort se trouve en le poison, point n’est meilleur écu que la Haute Lumière… Mais point, cependant, n’est de sort qui s’apprit sans la féroce litanie du temps. Que s’égrainent les minutes, dès lors, vers les vêpres toujours et vers la fin du monde ! Je saurai me sauver, en appelant à moi ruisseaux d’or et de feu, qui embrasent le lacis de mes veines ; et je saurai, de même, envelopper de babil mon hôte courroucé, qu’il répondît sur l’heure à kyrielle de questions, qu’il me fît le conte, peu à peu, de sa geôle sans nom, et que point ne mangeât la Princesse que je suis avant que Gaïa-Protectrice ne lui donnât sursis !
Alors me voilà sous ses yeux minaudant, feignant d’abdiquer, feignant, que sais-je ? de consentir, et tandis qu’en mon âme se forment les mots
(il ne me plaît guère d’accéder à votre requête), mon corps tout autrement se résout à son commandement.
-
Si-fait. Veillé-je passer à l’instant, vous m’en suivrez d’autant. Et, voletant sans ambages loin de sa portée, j’ajoute comme il m’en vient à l’esprit :
-
Je goûterai, et à plaisir vous dirai si de bien ou de mal vous savez cuisiner. Mais gare, ô aimable cuisinier, que ne vous dit une ombre de passage que si de prisonnière j’adopte les atours, du statut de Reine ne sais prendre le tour. Car de Grande Cité, d’Yscambielle la noble, me voyez-vous native. Si d’aventure votre maître…
(… car il faut bien qu’il en ait un, non ?)-
… venait à apprendre que sa protégée se voyait maltraitée, vous en paieriez le prix. Ne vous ordonne-t-il pas de demeurer céans ? Tandis que moi, du droit de vagabonder librement me vois-je ici dotée. Qu’en réalité je serais garante de la bonne marche de ses affaires, qui vous dit qu'anonymement (d’où la vêture) je ne serais pas là pour inspecter les lieux ? Toute d’esbroufe parée, voilà beaucoup de choses, et chères, misées en un pari risqué. Pourtant, qu’à hâblerie perfide il morde comme j’espère, peut-être de respect me couvrira-t-il dès lors. Qu’il n’y croie guère, et la fuite est possible. Je le précède encore, à l’esprit vestige de souvenir d’une gueule béante qui me sera un antre.
((Apprentissage de Anti-poison – Utilisation lvl8 | Tentative de bluff | Sortie vers les Cuisines))