L’accueil
Karz fut transporté dans cette obscurité totale jusqu’à ce qu’il reprenne conscience de ce qui l’entoure au sein d’une pièce nouvelle, inconnue de lui comme des autres prisonniers. Elle n’était pas très grande, et ne comportait aucun meuble. Tout juste des torches pour éclairer l’endroit. Au centre de celle-ci, juste devant l’apparition de Karz, une créature bipède étrange se tenait immobile, armée d’une hallebarde curieuse, et d’un poignard courbe.
La créature à la bouche/nez tentaculaire le lorgna un instant de ses petits yeux noirs, et poussa un petit cri discret, comme pour lui adresser la parole.
« Grrrouiik ? »Un de ses doigts crochu se gratta le dessus de la tête alors qu’il observait l’arrivant sans savoir visiblement comment réagir. Le vœu de Karz avait-il réellement été exaucé ?
La pièce comportait trois portes. Celles à l’ouest et à l’est étaient toutes les deux fermées, mais celle vers le sud n’était pas munie de panneau de bois. Tout juste s’agissait-il d’un passage vers la pièce voisine, dont on pouvait apercevoir la contenance. L’horrible contenance.
Car cette pièce contenait des squelettes en nombres, étalés, entassés à divers endroits, et dépourvu de toute possession et de toute chair. Seuls restaient les stigmates de leur mort : de nombreux carreaux d’arbalète les perçaient de toutes parts, s’ils n’avaient pas simplement les os broyés, détruits. Et l’origine de ces deux dispenseurs de mort étaient clairs : des meurtrières cernaient, en hauteur, toute la pièce, et on pouvait y voir le reflet glacial des armes de jet prêtes à être lancée sur tout imprudent. Et puis surtout, au centre de la pièce haute, un ogre de quatre mètre à l’air patibulaire, armé d’un marteau impressionnant pouvait réduire à néant quiconque recevrait un coup de celui-ci.

Et surtout, car c’était sans doute ça que cet ogre et ces arbalétriers cachés gardaient : une énorme porte toute de fer bardée. La porte de sortie de la prison, sans aucun doute possible. Le problème persistait néanmoins : la mort semblait reprendre ses droits, dans cette salle d’accueil peu accueillante.