La Taverne du Paladin

Une des nombreuses tavernes de Kendra Kâr, celle-ci est plus particulièrement fréquenté pour son ambiance joviale, même si bien évidemment, il finit parfois par y avoir des bagarres qui éclatent. Nombreux voyageurs voulant faire la fête sont de passage. Un petit orchestre improvisé dans le fond de la salle joue une musique enjouée qui se propage jusque dans la rue.
Peter Rhel, le tavernier rondouillard est considéré comme la personne la plus bavarde de tout Kendra Kâr. Quand on le lance dans une discussion, plus rien ne peut l’empêcher de tenir sa langue. Ce tavernier est réputé pour sa colère en cas de règlements de comptes physiques dans son établissement ! Gare à vos humeurs !



Tu entre sans problème dans la taverne. Il n'y a pas beaucoup de clients à cette heure et les discussions de comptoir vont bon train. Peter Rhel est occupé à essuyer des verres en parlant à qui veut l'entendre.

N'écoutant que son intuition, le borgne traversa les places et ruelles de Kendrâ Kâr à la recherche d'un lieu familier. Il pensait alors aux problèmes du roi, à la manière de les régler, des raisons pour lesquelles il lui rendrait service. Les idées filaient mais une pensée restait constante : il n'était pas le laquais de Solennel, et il n'y aurait rien de plus humiliant pour le chef de la Confrérie d'Outremer que de courber l'échine face à l'autorité kendrane...

Puis il s'arrêta. Il connaissait celle allée. La petite rue juste en face de la taverne. C'était là que Gallion Thunderhead l'avait battu. Il lui avait fait mordre la poussière et lui avait dit de tout plaquer, d'arrêter de vadrouiller comme un fou à la recherche de sensations fortes, d'arrêter d'inventer un sens à son existence. Au final, ces mots avaient eu l'effet inverse, peut-être était-ce voulu.

- Souvenirs, souvenirs...

Le passé et le présent étaient plus liés que jamais, car bien que les papiers étaient au nom d'Heartless, l'homme qui tenait véritablement les rênes de la Confrérie, c'était Thunderhead. Sirius avait depuis longtemps perdu l'envie d'une revanche, mais la sensation que pour affirmer son autorité, il allait devoir se mesurer à son vieil ami... Cette sensation le faisait vibrer d'excitation.

La récréation était terminée, il était temps d'arrêter de jouer au pirate et de devenir un vrai meneur d'hommes. Et il allait commencer par cette affaire de feu du ciel. Il était simplement venu pour voir quel genre d'homme était le roi des humains, mais il avait là une occasion d'envoyer un message, à Solennel, et aux autres. Peu lui importait si c'était un piège ou une machination.

Ses pensées remises en ordre, il poussa le portillon de la Taverne du Paladin. Peut-être n'avait-il pas fait le choix le plus judicieux de commencer par ce petit lieu de beuverie bien arrangé, il doutait pouvoir y trouver quelqu'un qui était familier avec les sales petits secrets de la Cité Blanche. D'un autre côté, les gens ordinaires sont bien plus coopératifs que les fripouilles.

Saluant d'une main, Heartless se dirigea vers Rhel qui nettoyait ses verres derrière son comptoir.

- Ho, tavernier. Comment va la bière ?

Sirius se rappela de sa réputation de pipelette, et préféra le diriger le plus tôt possible vers le sujet qui l'intéressait.

- Dis-moi, le ciel fait une drôle de tronche ces temps-ci. Les gens aussi d'ailleurs, à croire qu'ils ont peur de quelques couleurs. Parait même qu'il y a des tarés qui s'excitent à cause de ce "feu dans le ciel". T'en as entendu parler ?

Le marin espéra que cette petite tournure de phrase encouragerait le tavernier rondelet à déblatérer tout ce qu'il savait là-dessus.

(488 mots)

Dans quelle effroyable entreprise t'étais-tu lancé, en posant ainsi des questions au tristement célèbre Peter ? Car il tint pas moins d'un quart d'heure sur la seule question de « Comment va la bière ? ». Tu appris sans peine que le commerce allait bon train mais que ces rapaces de nains n'arrêtaient pas d'augmenter les prix, ce qui était difficile pour les petits commerçants. Heureusement, la qualité se maintenait, et donc la clientèle également.

Quant aux aurores, il te parla de ce que certains assimilaient à la fin du monde et d'autres à un message de Meno. Un prêtre ivre du dieu du feu avait assuré qu'il fallait faire pénitence, sans quoi la cité serait brûlée.

« Il y a également un type, dans le quartier des docks. Je l'ai jamais vu, hein, je fréquente pas ces gens-là... mais on dit que c'est un drôle d'illuminé, avec ses apôtres du renouveau, à prêcher un peu partout. Enfin lui, il est cool, mais un livreur m'a dit qu'ils te lâchaient pas la grappe, et que c'était pour ça qu'il était en retard... Bon, c'est un fainéant, ce gars là, je le connais bien, mais là, il était vraiment en retard. Bref, le prêcheur, oui... fait de mal a personne, au moins... Pas comme les autres... Comment que c'est déjà ? Les frères de la nuit de feu ? Eux, c'est des gars dangereux, apparu récemment. On dit qu'ils ont tendance à embrigader de force, ouaip... Ils disent que c'est le moment de tout changer ! Bah, après, tant qu'ils me changent pas ma bière... mais bon, c'est mauvais pour les affaires, tout ça. »

Il se pencha vers toi :

« Vous êtes comme cet autre type ? L'a une sacrée mine patibulaire... débarqué hier avec sa tronche d'illuminé... non que je dise que vous êtes comme ça, hein ! Mais voilà, il voulait aussi savoir des trucs sur les sectes liées aux aurores. Ce type, je le sens pas. Ces affaires de sectes, si le roi calme pas très vite, ça va tourner vinaigre, c'est moi qui vous le dis. Alors un petit conseil : faites attention où vous mettez les pieds. »

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Comme on pouvait s'y attendre, le tavernier grassouillet tergiversa pendant ce qui sembla des heures sur le sujet des bières avant d'en arriver au sujet qui intéressait le pirate.

Apparemment, une bonne partie de la population interprétait les aurores comme un signe de la fin du monde qui approcherait. D'autres pensaient que c'était un signe de la colère de Meno, et que la ville brûlerait des offrandes n'étaient pas faites au dieu de la forge.

Peter mentionna un groupes d'illuminés qui prêchaient un peu partout dans la cité. Ils semblaient peu commodes, à l'exception d'un de leurs membres qui traînait du côté des docks, à ce qu'il avait entendu dire. Ce groupe de prêcheurs, qui se faisaient appeler "les frères de la nuit du feu", auraient tendance à embrigader leurs membres de force, prétextant l'imminence d'un changement radical.

Puis Peter Rhel se pencha sur son comptoir, baissant d'un ton :

- Vous êtes comme cet autre type ? L'a une sacrée mine patibulaire... débarqué hier avec sa tronche d'illuminé... non que je dise que vous êtes comme ça, hein ! Mais voilà, il voulait aussi savoir des trucs sur les sectes liées aux aurores. Ce type, je le sens pas. Ces affaires de sectes, si le roi calme pas très vite, ça va tourner vinaigre, c'est moi qui vous le dis. Alors un petit conseil : faites attention où vous mettez les pieds.

Apparemment, les sectes de Kendrâ Kâr étaient bien moins secrètes qu'il ne le pensait. Le discours du tavernier encourageait Heartless à se rendre du côté des docks pour rencontrer ce fameux culte du feu nocturne. Mais l'histoire de "l'autre type" l'intéressait tout autant...

- Conseil retenu, l'ami. En vérité, ça fait un bail que je suis pas revenu à Kendrâ Kâr et j'ai perdu le contact avec certains de mes amis. Je sais même plus où crèche la plupart d'entre eux. Un de mes potes était du genre crédule et avait une sale gueule, alors j'espère que c'est pas lui qui est venu te poser des questions hier. Histoire d'être sûr, il était comment, et il t'a demandé quoi ?

C'était un mensonge plutôt recherché, mais Heartless ne voulait pas s'attirer les soupçons du tavernier en remuant trop la merde.


(315 mots)

Peter ne se fit pas prier :

« Bah ça... il avait un accent de la campagne de Bouhen, je reconnaîtrais entre tous ! Et pourtant, c'est pas courant, de les voir de sortie, ces gens là. Un grand brun, assez costaud, avec une barbe, qui m'a demandé tout comme vous, ce que je savais des sectes et où elles se trouvaient et... euh... bah il est derrière vous. »



En effet, un homme de grande taille, la mine sombre, la figure mangée par une barbe broussailleuse, te fixe d'un air suspicieux. Ses vêtements semblent vieux et usés, mais ont dû être d'assez bonne facture.

« Qu'est-ce' tu leur veux, à ces types, les apôtres et les frères ? J' te connais pas, moi. »

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Le fermier sourit, visiblement satisfait de ta réponse.

"Tu as raison. Ces gens sont dangereux... Moi et quelques amis, on les cherche, justement, pour leur... remettre les idées en place. Ça te dirait de nous aider ?"

Il te tend la main, prêt à sceller l'accord, mais tu sens que tu n'as toujours pas sa pleine confiance, et il te regarde droit dans les yeux, comme pour tester ta sincérité.

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La grimace de l'homme te fit clairement comprendre qu'il n'aimait pas ta décision et il resta un moment immobile, comme cherchant la position à adopter. Puis, finalement, il leva les mains d'un air fataliste :

"Je suppose qu'il faudra m'en contenter. D'accord, faisons ça. Mais je ne pourrais pas te présenter à mes amis... la confiance, c'est réciproque, tu vois ?"

Il te prit par l'épaule, avec une poigne impressionnante mais sans agressivité, pour t'emmener vers la porte :

"Voilà ce que je propose : aujourd'hui, on va juste essayer de trouver où ils sont. Ce serait quelque part dans les docks mais j'en sais pas plus. Ok ? Ensuite, on avisera."

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