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 Sujet du message: Le plateau d'Aras Mül
MessagePosté: Mer 29 Oct 2008 19:03 
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Le plateau d'Aras Mül


Ce plateau perpétuellement enneigé est situé au Nord-Est de Nosvéria. Il surplombe la ville et donne une impressionnante vue sur tout le continent de Nosvéris. Durant les beaux jours on y voit même la mer au loin, nimbée dans un manteau de brume et, parfois, l'oeil habile, s'il scrute en direction du nord-ouest, peut même fugacement entrapercevoir le temple Élémentaire.

Un immense escalier partant de la place des Arcades permet d’accéder au plateau d’Aras Mül. Les manœuvres militaires y étaient fréquentes, certains guerriers s’entraînaient en montant les innombrables marches en courant. Et, une fois arrivés en haut, ils exécutaient leurs exercices, perfectionnant ainsi la maîtrise de leurs armes.

Mais attention ! Il serait insultant de réduire ce lieu à une simple plate-forme militaire. Tout citoyen de Nosvéria a déjà eu à y séjourner. Avant le passage vers l’autre monde, les morts y sont laissés allongés sur un autel deux jours entiers, faces vers les étoiles. Durant ce temps, cette veillée mortuaire, ses proches restent là, à contempler la cité et à se souvenir afin de ne pas oublier les moments chaleureux et d'éliminer toute la rancune et la frustration que l’on peut ressentir à la mort d’un être cher, la douleur d’un abandon.
Après ces deux jours passés au sommet, le corps est redescendu et une cérémonie d’adieu se déroule à proximité du cimetière.

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Alors il y a une règle que je veux que vous observiez pendant que vous êtes dans ma maison : Ne grandissez pas. Arrêtez, arrêtez dès cet instant. Wendy dans "hook" (petit hommage à Robin Williams)
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 Sujet du message: Re: Le Plateau d'Aras Mül
MessagePosté: Sam 3 Mar 2012 00:19 
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La sourde énonciation du chiffre "trois", détendit les cordes et amorça le mouvement effréné des catapultes. Tout cela fut renforcé par une intervention de l'aéromancien qui, après avoir consommé un fluide magique, trouva le force de donner un coup prodigieux qui faillit détruire la machine d'Heartless, à défaut de l'ébranler dans sa structure. Frappé d'une nausée qui valait dix jours de cuite consécutifs, Heartless se rendit compte bien tard qu'il volait dans les airs, un hurlement s'échappait de lui malgré sa volonté. Lorsque l'homme ne fit qu'un avec le vent, il se heurta à la terre, élément bien moins tendre. Plaçant dans un réflexe félin ses quatre membres fermes devant le reste de son corps, les pieux bien tenus, le borgne se prépara au choc.
Son arrivée creusa la neige qui avait enseveli la paroi depuis des millénaires, le choc entre la roche profonde et les pieux de fer répercuta une vibration intense sur le corps tout entier qui s'en trouva engourdi. Les bras musclés s'affolèrent, les pointes éméchées glissaient sur la roche, il fallut plusieurs coups furieux pour arrêter la chute. Enfin, Heartless se stabilisa, il était médusé. Alors qu'il crachait la neige qu'il avait avalé en s'écrasant contre le bord de falaise et qu'il se remuait comme un chien mouillé pour se débarrasser du reste et des cailloux, Sirius poussa un cri strident, non de peur, mais d'extrême satisfaction. Il était heureux de braver la mort, de mettre une pichenette sur le nez creux de la face camarde de Phaïtos qui bavait d'envie de l’attirer dans les Enfers, cet insolent de borgne.

Le pirate regarda en-dessous de lui et aperçut, loin derrière, les trois autres suicidaires qui avaient tenté le trépas avec lui. Plagg montait comme un tigre furieux en sa direction, l'injuriant de mille reproches.

- Espèce de fou ! Tu voulais tous nous tuer ou quoi ? La prochaine fois que tu me demandes de partir avec toi, j'me cache dans un trou !!



Ses larmes de peur se perdaient au-dessus d'un sourire que l'acrobate ne contrôlait pas, les deux hommes se mirent à rire malgré eux. Était-ce dans un geste instinctif, profondément bestial qu'ils avaient osé commettre cette folie ? Cette situation provoquait chez eux une satisfaction, comme celle du bûcheron qui termine son œuvre tard dans le soir et pousse un soupir de soulagement, tout en se promettant de ne plus jamais tenter d'aller aussi loin dans son labeur. Après les sentiments, les marins passèrent à l'action et se mirent à gravir énergiquement cette œuvre titanesque de Yuia, sculpteuse de glaciers. Essayant le moins possible de regarder en bas pour ne pas vomir, Heartless, le ventre serré, plantait en rythme ses pieux dans la glace affermie par le temps. Dans sa traversée verticale, Plagg entendit un grognement étrange provenant des entrailles de la montagne. Il s'arrêta, intrigué, avant d'être rappelé à l'ordre par son capitaine. Sur le dos des grimpeurs, le matériel pesait de plus en plus lourd, certains s'arrêtèrent en hurlant qu'il n'y arriveraient jamais, avant de recevoir un sermon inhabituel de Sirius, qui s'était calmé, rassuré au fur et à mesure qu'il escaladait le titan. Lors d'un de ses encouragements, il ne se contrôla pas et perdit son regard dans l'horizon.

On ne voyait plus l'équipage, Rana avait étalé ses bras sur le monde alentour sous forme de nuages blancs et vaporeux, et Gaïa s'y était assise en souveraine. La vue de cet astre solaire éblouissant et chaleureux, qui s'écrasait avec une douceur infinie sur le voûtes célestes, réconforta les muscles gelés d'Heartless. Les dieux du ciel, amusés devant son insulte à Phaïtos, l'encourageaient-ils dans son ascension ? Il ne le sut mais il en avait bien l'impression, Heartless redoubla d'impatience de voir de ses yeux la cité mythique de Nosvéria. Il réajusta les planches de bois qui se balançaient entre ses épaules et continua à monter, monter jusqu'au ciel, jusqu'à effleurer du doigt les dix déités, la décade nyroise. Le ciel d'hurlant azur semblait étendre sa majesté sur le monde et se dévoila comme le premier présage favorable depuis des semaines. Lorsque le dernier homme l'eut doublé, Sirius revint à lui et se reconcentra sur le sommet.

Et enfin, ils y arrivèrent. Dernier du groupe, Heartless planta son pieux dans la bosse neigeuse qui servait de rebord et se laissa rouler hors du précipice. Allongé sur le sol, Heartless se cacha l’œil car le regard impérial de l'astre Gaïa n'était pas supportable par un humain qui s'y confrontait de si près. La silhouette élancée de Plagg rompit ce flot de lumière, le matelot tendit la main à son capitaine pour le relever. Heartless, encore sous le choc, demanda :

- On l'a fait ?

- On l'a fait, cap'taine !


Plagg aida le borgne à se relever et, attirés par un éclat suspect, ils se rendirent à l'autre extrémité du plateau, jusqu'à ce que, devant eux, s'offre à leurs yeux la majestueuse cité de glace : Nosvéria. Aucun mot ne pouvait la décrire. Ils eurent d'abord du mal à poser leurs yeux sur elle, tellement la ville scintillait de mille feux en réverbérant la lumière naissante du soleil et des étoiles désormais visibles en plein jour. Au sommet du plateau d'Aras Mül. Les tours et les rues se confondaient dans un immobilisme plaisant, éternel, les rues semblaient pavées de banquise alors qu'elles étaient à des milliers de mètres d'altitude. Il avait fallu presque une heure de grimpe pour arriver jusqu'à la contemplation de cette merveille, Heartless se sentait privilégié. Cela devait faire des siècles qu'aucune âme humaine n'avait jamais mis les pieds sur cette beauté préservée. Les temples de Yuia, Rana, Moura étaient reconnaissables malgré la givre et de hautes tours, celles qui ne s'étaient pas effondrées, taquinaient les cieux. C'était le lieu où semblaient cohabiter trois splendides divinités qui dévoilaient là tous leurs atouts, dans la profondeur marine de la glace, dans la douceur câline du vent... Une quatrième divinité les irradiait tous pour ce qui semblait être une paisible éternité, Gaïa modeste souveraine contemplait de haut cette merveille.
C'était le sommet du monde.


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C'est vraiment une cité maudite ? murmura Heartless d'une voix frémissante.

Plagg se retourna, il lui semblait que son guide pleurait sous le coup de l'émotion, mais celui-ci essuya ses larmes comme on essuie de la sueur. Il ne parvint à tromper personne, mais de toute façon, tous avaient les yeux brillants. Sirius retrouva ici une énergie inouïe à puiser et se retourna d'un geste impérial.

- Et ça se dit pirates, hein ? Séchez-moi ces yeux humides, vous m'faites de la peine ! Allez, faisons monter les autres, eux ne voient pas encore la lumière du soleil d'où ils sont !

Tous pris d'un entrain soudain, comme un seul homme, installèrent le matériel comme prévu. En une demi-heure, la poulie était prête.


Tout en bas de la montagne, les marins guettaient la corde salvatrice. Eliwin, anxieux, regarda les nuages dans le ciel, au travers desquelles peu de lumière filtrait à tel point qu'à cette heure du midi, on se croyait au faîte de la nuit. Puis enfin, un claquement singulier réveilla les hommes assoupis, un bout de cordage venait de tomber sur la tête d'Elias qui torchait une énième bouteille de mauvais rhum. Il hurla à la corde pendant que tous les autres hurlaient de joie. On rattacha la planche aux fils qui perçaient les nuages, puis on fit monter les bêtes et dresseurs en premiers. La planche disparut pour la première fois dans les nuages, puis revint aussi tout, engloutissant une seconde charge, seulement d'hommes cette fois, plus vite que la dernière : la force animale s’occupait de tirer l’ascenseur.

Puis, après de nombreux allers et retours, toujours précédés d'une inquiétude rituelle concernant la robustesse des cordes, on fit monter les derniers membres d'équipage, dont Tal'Aer.

Alors, l'ascenseur de Mazhui poignarda pour la dernière fois les nuages, la joie envahit l'équipage presque au complet, perché au sommet de la falaise, appelant joyeusement la dernière charge tandis que celle-ci montait doucement contre la paroi...
Peu de gens remarquèrent alors que le bruit menaçant qu'avait cru entendre Plagg venait de ressurgir des entrailles du plateau d'Aras Mül...

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Dernière édition par Heartless le Jeu 4 Avr 2013 22:29, édité 7 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Plateau d'Aras Mül
MessagePosté: Dim 4 Mar 2012 14:31 
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Je lâchais un série de vivats en même temps que les autres quand la plateforme de bois arriva pour la première fois en bas. Cela voulait dire que les autres avait réussi et se trouvaient à l'autre bout de ces cordes ce qui était déjà en soi une bonne chose. Quand à moi, depuis mon sortilège, m'ayant un peu moins vidé que ce que je pensais, la grosse fatigue qu'il m'avait imposé n'ayant été que temporaire, je suis retourner au coin du feu avec les autres et on m'as pas refusé un verre d'eau. Celle ci était d'ailleurs si froide que mes dents m'ont torturées à chaque goulées, mais je me devais vraiment de me rafraichir ma gorge. Je sais pas pourquoi j'ai crier quand j'ai déployé mes vents pour les aider dans leur ascension aérienne, sans doute pour me donner du courage, même si c'était pas nécessaire, mais bon je l'ai fais. Toujours est-il que la plateforme de bois est descendu. Les premiers à monter avec les bêtes ne sont pas très confiant. Mais il le font quand même avec un air étrange, comme si ils étaient habitué à ce que leur capitaine leurs demande toujours de faire des missions suicides et des folies ! Je commence de plus en plus sérieusement à douter de l'informateur d'O'nean quand à la réputation de ce groupe, à moins que justement ces actions soient ce qui les ont rendu un peu connus, d'ailleurs il est vrai que sans cet impulsion à la catapulte, on aurait peut être jamais pu gravir la montagne, trop haute pour être monté d'un seule traite par bien des hommes.

J'observe d'un air anxieux la lente monté du plateau de bois, qui emportait avec lui les quelques animaux transporté à l'intérieur du bateau, tout en avalant un second verre d'eau. Je failli le recracher en me rendant compte qu'il était hautement anormal de se trimballer avec des bêtes dans un navire de pirates. C'est vraiment un équipage atypique ! Les hommes sont en tout cas presque autant soulagé que la première fois quand il voit redescendre la plateforme, preuve qu'il n'y a finalement pas tant de raisons que ça de s'en inquiéter, enfin si il y en a toujours, ce système est hautement risqué, mais bon, contrairement au catapultage et le fait qu'on ait vu qu'il était possible, même si improbable, que l'on y survive, on se dit qu'au moins nos chances de revoir un autre coucher de soleil ne sont pas nulles.

Les voyages se font de plus en en plus rapides, et le vaisseau se vide peu à peu de ses membres, je fais partie du dernier groupe à partir vers le sommet, je l'ai moi même demandé pour me permettre un peu de repos, et puis je sais que de toute façon j'aurai eu cette place, car l'on ne me fait pas encore totalement confiance, je suis trop récent dans l'équipage, et mes rapports tumultueux avec le capitaines ne sont pas pour arranger les choses, mais après tout qu'est-ce que j'en ai faire. Je vais les quitter une fois qu'on aura réussi à rallier Oranan !

Enfin bon, une fois que mon tour fut arrivé, je rejoins la plateforme, et m'aperçois que je ne suis pas serein, mais alors pas du tout. Je sais ce que dut ressentir les autres pirates en se disant qu'ils devraient franchir des centaines de mètres de hauteurs sur un bout de bois branlant et construit par quelqu'un dont le travail du bois n'est pas son activité principale. Je déglutit un petit coup alors que mon estomac se retourne lorsque les planches de bois se mettent à nous soulever. Mes cinq compagnons marins semblent s'être remis de l'émotion plus vite que moi, même si leur visages n'ont pas encore recouvert leurs teintes d'origines ! D'ailleurs le bruit bizarre qu'on entends n'est pas pour nous rassurer, on dirait un mélange entre le craquement de la glace et le rugissement d'un animal. On se rassure en se disant qu'une montagne c'est jamais silencieux, enfin, jusqu'à ce qu'un bras bleuté viennent couper court à nos espérances.

Un immense bloc de glace sort de la falaise et vient se mettre sur la plateforme qu'elle balaye d'un simple mouvement de ce qui ressemble à un membre supérieur. Un infortuné marin se le prends en pleine poitrine et se retrouve hors du bout de bois qui nous suspends au dessus du vide. Les cris du pauvre hommes sont étouffé par le grondement de la créature anthropomorphe toute de glace faites.

On est tous saisi de peur face à cet être de deux mètres, sans visage, qui nous toise, mais une fois encore mon inexpérience de combat se dévoile au grand jour puisque je suis le dernier à me mettre en mouvement pour se dresser face aux monstre. Les sabres sont déjà tirés avant que je réalise qu'il me faille agir, et cesser de réfléchir au pourquoi de l'attaque. Mon poing gauche en arrière, je canalise en moi l'essence même du vent et la concentre en une balle condensés de rafales véloces ayant chacune un sens et une direction différentes. Et tandis que le monstre commence à lever un bras pour frapper de nouveaux un des quatre membres d'équipages restant sur ce qui nous sert à monter, je libère mon attaque en direction de celui-ci. C'est avec un bruit d'explosion que cette boule venteuse quitte mon bras gauche que je viens d'élancer dans un mouvement de coup de poing. Elle vient frapper de toute sa force le monstre en plein dans le haut du dos, et disperse de nombreux morceaux de glace à l'impact. L'élémentaire de glace ne voit qu'à peine son équilibre déstabilisé par cette attaque, mais au moins cela lui fait interrompre la sienne. Avec lenteur et horreur, il se retourne lentement vers moi, délaissant les marins qui entament à peine la glace qui le forme avec leurs épées. Avec une vitesse qu'on ne lui aurais pas supposé, il détends soudainement un bras pour saisir un des marins, qui visiblement l'embête plus qu'on ne semble le voir.

Il le porte à hauteur de son visage tandis que je suis paralysé par la terreur qu'il m'inspire, puis commencent à resserrer son étreinte ainsi que le signale la détresse et les mouvements désespérés du pirates qui n'a même plus le souffle pour parler. Ses trois compagnons essayent en vain de taper sur le golem qui continue de me fixer alors qu'il broie celui qui est aussi mon camarade à l'heure actuelle. Je ne prends plus le temps de réfléchir, me dit dit que si les attaques magiques ne suffisent pas, et qu'il en est de même pour les physiques, il allait falloir passer à la vitesse supérieur. Je me remémore le combat contre la harpie qui était insensible à la magie, et décide d'employer le même type d'attaque.

J'élance un nouveau cri inutile, symbole d'une rage que ce monstre inhumain ne peut comprendre, et m'avance d'un pas vif vers le bras droit de mon ennemi. Je profite de ma charge pour accumuler la puissance d'une petite tornade derrière mon coude, prête à donner toute sa puissance à mon coup, tandis que j'entoure mon poing lui même d'un coussin d'air destiné à atténuer le contrecoup sur mon bras ainsi qu'a augmenter la zone d'impact. Malgré cela le choc est assez violente pour interrompre mes hurlements et que je le ressente dans tout mon bras, mais je réussis à forer un trou dans l'avant bras du tas de glace, bien que cela ne semble pas l'affecter, alors je met la pression sur les bords du trou avec un autre sort. Dans un scintillement de débris bleutés, celui ci vole enfin en éclat libérant mon compagnon qui reprends son souffle d'un long râle pitoyable. Un sourire parcoure mes lèvres tandis que la satisfaction envahit mon être, mais mon adversaire ne souhaite pas me laisser de répit, et m'envoie son poing sans attendre. Je n'ai que le temps de tendre mes bras devant ma figure avant de partir m'envoler. Mon bras droit me crie de le laisser en paix tandis que la douleur l'envahit entièrement, et je atterris lourdement sur mes omoplates, heureusement à quelques dizaines de centimètres du bord. Mon souffle se vide entièrement et lorsque je me relève un vertige m'envahit et me fait perdre la vue un instant. Lorsque les ténèbres me laissent c'est dans le champ d'action de mon ennemi que je suis. Cette fois j'ai le temps de prévoir le coup, et réplique par l'offensive, envoyant mon propre poing à l'encontre du sien. Je me rends vite compte que c'était un idée stupide qui me vaut un bras gauche dans un état pire encore que le droit. Couplé à ma magie la force de mon coup m'a permis de repousser cette attaque, mais à quel prix !

La panique m'envahit alors que je me rends compte que je ne peux pas bouger mon membre supérieur gauche. Et cet état d'esprit va en s'aggravant alors que je m'aperçois que mon bras ne répond vraiment plus à aucune de mes directives. J'adresse un regard suppliants aux pirates qui comprennent ma situation et se jettent de plus belle sur l'élémentaire, même celui qui était au sol il y a encore peu, le fait, bien qu'avec peine. Notre ennemi est de plus en faible, et la glace qui le recouvre de plus en plus fine, mais il n'est pas encore fini. A un moment une épée se met à le traverser de part en part, je crois pendant un moment le combat gagné car cela fait mettre pied à terre la créature, mais celle ci se relève peu après, la lame encore coincé dans son thorax, et commence à se retourne vers ces hommes qui l'ennuient, mais je décide de ne pas lui laisser le temps.

Même si mon bras porteur du gantelet ne me réponds pas, cela ne veut pas dire que mes pouvoirs ne peuvent s'exprimer, et alors que j'exprime par le voix la force de mon défi au morceau de glace, la pierre à ma main se met à briller plus qu'elle ne l'avait jamais fait auparavant, et je délivre la plus forte décharge venteuse que j'ai lancé jusqu'à ce jour. Il s'envole et vient percuter la montagne, mais ça n'en est pas fini pour lui, en effet il se met à la remonter sous la force de mes vents, râpant sa surface contre la paroi sur une vingtaines de mètres avant que mon sort ne se dissipe, laissant retomber dans le vide un corps amputé de sa moitié arrière, moins solide que le roc de la montagne.

Les hommes se retournent vers moi et m'adressent des regards surpris, tandis que je met un genou à terre épuisé par les deux grands effort magiques que j'avais fait au cours de cette journée, et ma vision commence à se brouiller mais ce n'est pas ce qui m'inquiète. Mon bras gauche, pourtant seuil de largement assez de souffrance pour me rappeler son existence ne réponds plus à aucune de mes injonctions. Il me faut un médecin, ou n'importe quoi, mais je sens que je n'en reprendrais pas l'usage si facilement. J'élève un regards implorant vers mes camarades, oubliant pendant un instant qu'un des leurs vient de perdre la vie, et que l'un entre eux, celui qui s'est fait saisir dans l'étreinte de l'élémentaire, semble être dans le même état que moi, un bras pendant, et plus encore, se tenant les côtes de l'autre, valide, preuve que je n'ai sans doute pas pu intervenir juste à temps.

L'ascension reprends son rythme normal sans ce poids supplémentaires. Les autres en haut ont sans doute compris que quelque chose s'était passé, mais je laisserai le récit aux autres pirates, je ne me sens pas de parler, et je m'assieds prudemment, mon bras valide entourant une corde pour me tenir, et maudissant ce qui vient de se passer en contemplant mon membre invalide.

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 Sujet du message: Re: Le Plateau d'Aras Mül
MessagePosté: Lun 5 Mar 2012 21:52 
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Bien vite, les joyeux « Ho hisse » se transformèrent en cris d'horreur. En effet, la plateforme, lors de sa dernière ascension, venait d'être attaquée par une énorme bête qui était sortie de la falaise pour donner un coup de griffe vicieux avec autant de perversité qu'un serpent à sonnette. Alors c'était cela, le bruit guttural qui traversait la glace et effrayait l'intrépide Plagg ? Tout le monde, même ceux qui attendaient assis à contempler le paysage immortel de Nosvéria, se massèrent sur le rebord de la colline, le coeur serré à l'idée qu'il leur était impossible d'aider leurs camarades face à ce monstre insensible. Ceux qui étaient dans l'ascenseur, et Tal'Aer en faisait partie, étaient affolés par la sauvagerie de leur ennemi et essayèrent de riposter malgré la peur entremêlée de surprise. Le mage exténué par son effort précédent et son évidente inaptitude au combat restait en retrait. La terreur, bien sûr, contribuait énormément à cette immobilité. Les dégâts de la première offensive du monstre se firent sentir aussi bien en haut qu'en bas : son bras avait tiré très fortement sur une des cordes qui avait échappé au cheval qui servait d'animal de trait. Le lien filait à toute allure vers le gouffre, traçant des sillons serpentins sur la neige. Plagg fut le premier à réagir : il plongea pour attraper la corde et y arriva, cependant, il la suivit dans sa course, attiré par le poids de l'ascenseur. Elias le rattrappa mais le vieillard, avec si peu de force, ne put lutter bien longtemps contre l'irrésistible attraction et Iguru qui intervint ensuite non plus, emporté par son propre poids. Heartless fut le dernier à réagir et, en gardant les pieds au sol, il prit le gros homme par les pieds et freina leur chute, tout en arborant une grimace qui inspiraient une énorme douleur : les quatre à tirer pesaient leur poids. Plagg avait la tête en bas. Sirius, d'où il était, ne vit rien : il n'entendit que des bruits de lutte. Il lui sembla reconnaître la voix de Tal'Aer plein de souffrance et ses impulsions atmosphériques. Tout cela fut confirmé par une brève onde de choc qui fit trembler légèrement la montagne, provoquée par la pleine expression du pouvoir du jeune homme, puis le silence. Le monstre avait été projeté au loin par le vent de l'aéromancien. On remonta la plateforme avec une corde en moins et récupéra les blessés. Eliwin constata tristement qu'il manquait un marin avant d'entendre des gémissements provenant de sous la plateforme. Il remonta le disparu hébété grâce à ce qui restait du dernier lien et soupira, exaspéré.

On installa Tal'Aer sur le sol et on lui prodigua les premiers secours, car il était le plus à plaindre de cette mésaventure. Ses deux bras étaient blessés, il ne semblait plus pouvoir bouger le gauche qui s'était fracturé lors du violent impact avec la créature qu'un des marins décrit comme « une bête féroce aux écailles de glace et aux yeux vides ».

- Sûrement un élémentaire de glace. En déduit Mazhui.

Un autre des rescapés affirma que le jeune garçon avait joué un rôle déterminant dans le combat contre le monstre. Aussi, les hommes reconnaissants ainsi que les plus honorables comme Eliwin vinrent voir le blessé pour le féliciter. Cela irritait Heartless, certes, il n'apportait aucun crédit au rêve lugubre qu'il avait fait auparavant mais les exploits du garçon occultaient totalement les siens et ceux des autres grimpeurs qu'on passait à la trappe. C'était quand même grâce à eux que gravir le plateau d'Aras Mül avait été possible !

- Maintenant que tout le monde a grimpé cette fichue montagne, on se met en route, maintenant !

Les marins l'ignorèrent.

- Hey ! J'ai dit : on part !

Les marins continuèrent de l'ignorer.

- HO ! Bande de larves ! On a pas l'temps pour vos conneries ! Vot' capitaine vous ordonne de lever le camp !!

Cette fois, ses hommes lui accordèrent un regard inexpressif, presque méprisant. Il fallut qu'Heartless grogne en dégainant son sabre pour que le troupeau se mette à bouger tout en restant solidaire avec Tal'Aer. Frustré, Heartless se retourna et guida la marche. L'équipage au complet déambula les longs escaliers qui longaient l'autre face du plateau. Eliwin pensait que ces marches avaient déjà été foulées du pied des milliers de fois, les torches éternellement éteintes semblaient illuminer une plaine immaculée derrière elles, bordée de stèles funéraires. Une autre intervention lucide et ponctuelle du savant Ynorien :

- Il me semble que les Nosvériens montaient et descendaient ces marches pendant leurs cérémonies religieuses, comme les enterrements. Fascinant.

Heartless beugla silencieusement ce que venait de dire Mazhui, en y ajoutant des grimaces que lui inspiraient un manque de reconnaissance. Lorsque la dernière marche fut enjambée, Sirius déclara :

- Nous y voilà... Nosvéria.

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 Sujet du message: Re: Le Plateau d'Aras Mül
MessagePosté: Mar 6 Mar 2012 08:29 
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Aria Link avait du regarder impuissante le Géant de glace malmener, voir quasiment tuer ses nouveaux compagnons d'aventures. Il lui était rester un crainte au fond d'elle-même et le fait qu'Aria Link regardait constamment autour, ses sens en alerte, attira l'attention de quelque un de ses alliés qui commençaient à se posés des questions. Bon, il faut dire que c'était sa première aventure. Qu'elle n'avait encore jamais vue la neige avant aujourd'hui. Elle s'habituera.

Après plusieurs minutes de marche, qui semblait avoir durer des heures, Aria Link entendit un cri provenant de devant la marche. Elle s'arrêta un instant pour s'assurer que tout allait pour le mieux, puis lorsqu'elle fut rassurer, elle accourra rejoindre le groupe, ce faufilant entre les jambes des très grand hommes (parce qu'elle est minuscule à comparer d'eux) et ce releva juste à coter d'heartless.

Sur cette vue totalement indescriptible, emplit d'une atmosphère étrange, Aria Link écarquilla les yeux et admira la vue. C'était tout simplement magnifique. En un instant ses craintes s'étaient envoler et avaient laisser la place à cette vue au apparence de rêve.

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 Sujet du message: Re: Le Plateau d'Aras Mül
MessagePosté: Mar 6 Mar 2012 21:05 
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Je m'emmura dans mon mutisme et mes traits perdirent toute expressivité pendant un moment. Je quitte la planche de bois dès qu'il m'est possible et me rassoit dans la neige quelques mètres plus loin. Je ne fais pas attention à mon environnement, et les cris de mes compagnons me semblent parvenir de très loin. Le froid de la neige et du vent n'est rien comparé à la souffrance que m'apporte mon bras gauche, que je tiens à l'épaule avec mon autre bras, comme si cela avait un quelconque effet bénéfique, mais je ne pouvais m'empêcher de rester concentré sur cette douleur. Peut être que ce point de contact directement physique avec la douleur m'aidait à mieux me concentrer dessus, je ne voulais penser à rien d'autre, une sorte de réflexe masochiste un peu étrange, mais qui me permet de ne pas penser, car en quelque sorte penser me faisait mal à la tête. Je me demandais pourquoi. Enfin c'était le mot qui ressortait le plus : pourquoi cette attaque ? Pourquoi j'avais fait cette stupidité qui me vaudrait peut être définitivement mon bras ? Pourquoi un des marins était mort ? Pourquoi ? Pourquoi ? Et encore pourquoi ? Mais cela me faisait plus mal que mon bras, alors je détourner mon esprit vers ce dernier.

Heureusement pour moi une de ces questions se vit effacer par les effort d'Eliwin, qui remonta l'homme que l'élémentaire avait envoyé volé de dessous la plateforme. J'en fut soulagé un instant, mais pour une raison qui m'échappa un instant cela me fit encore plus mal, au cœur cette fois, mais je me rendis vite compte que c'était l'envie, il n'avait pas eu à participer au combat, il y avait survécu, et surtout jamais je n'aurai été capable de réussir un tel exploit.

Je ne refusa pas les soins qui me furent offert, mais ceux-ci ne font que calmer la douleur, et n'endigue pas le problème. Une sorte de tristesse générale m'envahit, et le fait que les marins semblent considérer mes exploits comme nécessitant des acclamations m'y enfonce plus encore. Je n'y vois qu'un échec, qui aurait pu être pire et se solder sur une mort. J'ai trop subi, trop de fatigues, trop de blessures, trop de pouvoirs. Je n'en voulais presque plus, je voudrais presque retourner dans mon petit village, auprès de ma mère malade, et même avec les coups de la bandes de singes bipèdes si il le fallait. Une larme échappa à mon œil mais les marins durent l'interpréter comme résultant de ma douleur physique et non mentale.

Heartless sonna le départ, mais les marins l'ignorèrent une première fois, je ne compris pas pourquoi et je resta donc cloué de stupeur, puis lors du deuxième appel je compris que c'était à cause de moi, de mon état. Ils avaient du assister au combat, et comprendre mes souffrances. Mais dans mon état actuel, même si je me dis que je serais sensé apprécier cette pitié, elle semble ici enfoncer le clou de mon désespoir, et je dis d'une voix faible après le troisième appel, cette fois-ci ponctué d'insultes.

« Ne vous inquiétez pas pour moi, et je vous ralentirais déjà bien assez comme ça quand nous serons en routes, pour qu'en plus nous retardions notre départ ! »

Et je me lève difficilement, m'appuyant sur mon bras valide, mais non point douloureux, et je tire pendant un instant une courte grimace avant de retrouver mon masque impassible. Je souhaiter retrouver un instant de solitude, c'est ce à quoi je suis habitué, mais visiblement les marins ne souhaitent pas me l'offrir, et reste autour de moi, malgré ma lente démarche. Ne pouvant avoir un moment de calme, j'admire le point de vue.

(C'est donc ça Nosvéria, cette ville éternellement gelée ? Quelle beauté ! Ces centaines de scintillements, de renvoie de lumière dans cette architecture au goût des plus fins ! Comment une telle cité peut ne pas être habité ? Je pense que je serais très bien capable de supporter le froid pour vivre dans un tel endroit, et pourtant je ne suis pas sur que mon humeur morose, mon repli sur moi même dans la douleur, ne me permette de l'apprécier entièrement.)

Perdu dans cette contemplation, je continue d'avancer, et fait fondre petit à petit l'armure de souffrance que je venais de me constituer. On arrive soudain à un escalier, que l'on se met à descendre petit, à petit, les marches elle même sont de glaces, et la chute est une option à envisager, mais j'ai lâcher mon bras qui de toute façon pend lamentablement, pour m'en servir d'appui contre la paroi. Nous ne somme pas loin de ce qui semble être un cimetière, et je réussis à me faire sourire en me disant que mon humeur y correspondait, puis que mon humour serait éternellement mauvais ! La procession semble se ralentir un petit peu, et j'attends les ordres du capitaine !

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 Sujet du message: Re: Le Plateau d'Aras Mül
MessagePosté: Ven 24 Aoû 2012 16:19 
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La stalactite géante s'écrasa juste à côté du cavalier et de sa monture qui tombèrent tous deux, soufflés par la déferlante de neige qu'avait causé le projectile. Le pirate roula sur le sol et son dos glissa sur la neige. Les éclats du projectile l'avaient frappé de plein fouet et de nombreuses petites coupures étaient visibles sur son visage ainsi que sur ses bras. Le cheval avait eu moins de chance, il avait dû se tordre le genou, à la manière qu'il avait de gémir et de bouger convulsivement sur le sol.

L'étranger dut l'abandonner, il avait déjà assez approché sa destination pour continuer en courant, bien que des gouttes de sang perlaient sur son front. En face de lui se dressait une place surélevée et gigantesque qui n'accueillait nul bâtiment comme les arcades de la ville, elle était seulement accessible par un large escalier destiné à accueillir des dizaines de personnes à la fois. C'était le plateau d'Aras Mül. Depuis la création de Nosvéria, cet endroit servait principalement à deux choses : elle était un terrain d'entraînement privilégié pour les soldats Nosvérians, et aussi un lieu de deuil où avaient lieu les funérailles des habitants décédés. On raconte que ces cérémonies duraient deux jours, deux jours durant lesquels le défunt était au plus proche des étoiles entouré de sa famille proche et de ses amis intimes qui restaient à ses côtés jusqu'à ce que son âme rejoigne les cieux. Cela s'expliquait par la vue magnifique qu'on avait à la fois de la cité, brillante, majestueuse et gigantesque, de la mer étincelante sous la brume, et du ciel. Ici, au sommet du monde, les nuages étaient en-dessous des gens, ils étaient les seuls à voir le vrai ciel, le ciel sans nuage dans lequel les astres de la nuit sont visibles en plein jour. Et le soleil qui brille plus fort qu'à n'importe quel autre endroit du monde de Yuimen exceptée bien sûr Nyr'tel Ermansi, la demeure des dieux.

Mais, je vous le garantis, quand on est poursuivi par une montagne vivante, on ne se préoccupe pas de ces choses-là. Ce qui intéressait le borgne, c'était davantage la périlleuse falaise au nord. Enjambant les marches deux par deux, l'homme au trident se précipita vers le bord du plateau enneigé où il pouvait sentir le vent marin battre son visage. Le colosse le talonnait, il enjamba le plateau et le domina de sa taille prodigieuse tandis que le sol tremblait sous son poids. Son ennemi l'attendait de pied ferme, un sourire narquois sur les lèvres, n'importe quel être intelligent aurait pu deviner que ce renard des mers mijotait quelque chose de bas et de fourbe, mais le golem n'était pas vraiment intelligent, n'étant qu'une machine animée par la magie. Le borgne le nargua pour l'attirer dans son piège, juste au bord du précipice.

- Ramène-toi tête d'enclume ! Viens prendre ta fessée !!

A son pied était attachée un corde qui longeait le flanc de la falaise et était enroulée à un rocher pointu : il comptait sur le poids de cette monstruosité pour provoquer un écroulement de la falaise qui guiderait le titan vers une chute dans la mer tandis que lui, plus malin, avait prévu de se raccrocher à un pan plus lointain du rocher. Mais comme beaucoup de plans élaborés à la va-vite, celui-là ne se passa pas comme prévu...



Le colosse se rapprocha de la pente périlleuse qui grondait sous ses pas et leva le pied pour écraser une bonne fois pour toutes cet orgueilleux cafard. Le marin se jeta de la falaise juste à temps pour éviter le coup qui ébranla la montagne et, comme prévu, le sol se déroba sous le monstre de glace qui chuta du plateau d'Aras Mül. L'intrépide capitaine savoura sa victoire alors qu'il se balançait entre les débris mais elle fut de courte durée : en effet, le fil usé par les âges céda sous son poids et il rejoignit son némésis dans sa chute mortelle. Leurs deux silhouettes disparurent dans la brume et s'engouffrèrent dans les ténèbres de l'océan.

Le pirate reprit ses esprits au contact de l'eau glacée qui brûlait sa peau et mettait ses nerfs à vifs. Lorsqu'il vit les remous de la surface au-dessus de lui, il ne pensa qu'à nager vers l'air libre, en oubliant son ennemi. Ce fut une grave erreur. Avant qu'il n'eut pu se mettre à nager, deux bras gigantesques le capturèrent; c'était le golem qui, fidèle jusqu'au bout au but qui lui avait été donné, s'acharnait à noyer le borgne avec lui. Prisonnier de l'étreinte des deux bras puissants, la proie n'avait aucun espoir de s'en sortir. Déterminé à ne pas abandonner, à survivre à tout prix, l'homme empoigna son trident et enfonça ses trois pointes dans le corps du géant, duquel émanait désormais une faible lueur. Sa source d'énergie fluidique était probablement située à l'endroit du cœur humain. Déployant toute la force de ses deux bras grâce, le porteur de l'arme étrange enfonça plus profondément sa compagnonne pour atteindre le cœur du golem, mais après quelques secondes d'efforts désespérés et vains, il comprit que c'était sans issue. Il avait déjà presque atteint les quinze mètres de profondeur et la pression lui faisait souffrir le martyr. Pourtant, jamais il ne relâcha l'étreinte sur son trident, qui se mit à briller d'une faible lueur.

Alors que tout semblait perdu, le guerrier sentit une douleur supplémentaire s'ajouter à celles qui le torturaient déjà et lui donnaient l'impression que sa tête allait exploser. Sur ses avants bras, derrière ses oreilles, sur son dos... et surtout sur ses jambes, une souffrance terrible le tenailla. A ces endroits, de petites nageoires apparurent, sortirent de sous sa peau. Son pantalon se déchira et ses jambes se parsemèrent d'écailles avant de devenir une grosse queue de poisson. Son corps entier se transforma en celui d'un homme-poisson grâce à un pouvoir mystérieux. Mais le combattant en danger de mort ne s'en rendit qu'à moitié compte. Avec une force prodigieuse, sa queue fendit et battit l'onde, appuyant sur le trident qui perça le cœur lumineux du colosse et en libéra les fluides magiques. L'abomination s'éteignit tandis que son corps entier se dissolvait dans la mer. Libéré, le borgne nagea vers la surface à une vitesse extravagante et remplit ses poumons d'air dans un long gémissement après qu'il en fut sorti. Il était tellement exténué par son effort qu'il se raccrocha au premier rocher venu, puis se traîna jusqu'à la banquise. Le triton se laissa tomber sur la glace fraîche qui agressait ses sens et, sorti de l'eau, vit ses nageoires et sa queue redevenir ses membres humains, non sans quelque douleur.

- Qu'est-ce qui... m'arrive ?

Dans sa main, il tenait toujours le puissant trident qui avait cessé de luire une fois extirpé de l'eau salée.

- C'est... cette chose ?

Sa peau bleuie par le froid tremblait convulsivement. Le borgne se releva avec lourdeur et, alors qu'il se tenait debout sur la banquise, il aperçut un vieux navire prisonnier des glaces. Il le regarda avec une certaine mélancolie avant de se retourner vers la falaise...


En haut du plateau d'Aras Mül, toute une foule s'était massée, avec à sa tête me devin Peleas qui regardait avec anxiété les soldats Nosvérians qui avaient déployée une corde solide pour venir en aide au téméraire inconnu si jamais, par miracle, il avait survécu. En vérité, personne n'y croyait mais Peleas était intrigué par la relique qui servait d'arme à cet homme prisonnier des glaces. Pour lui, c'était un signe des dieux sans-failles. Contre toute attente, un des milicien s'affola :

- Je sens quelque chose ! Quelqu'un a attrapé la corde !

Quelques minutes de dur labeur plus tard, les Nosvérians virent enfin la main de l'homme s’agripper au rebord. Tous, sauf le vieux sage, exclamèrent leur surprise. Cependant, lorsqu'un soldat prit le bras de l'étranger pour l'aider à se hisser sur le plateau, celui-ci refusa, il trouva même la force de gifler un des gardes. Son œil unique parcourut la foule avant de s'arrêter sur Peleas. Il lui fit signe d'approcher. Agenouillé au-dessus de celui qu'il considérait comme le sauveur de la cité, le doyen de Nosvéria approcha l'oreille pour écouter sa requête. L'homme était frigorifié jusqu'aux os. Ses lèvres bleues chuchotèrent :

- Je-je-je-j'ai... b-b-besoin...
- Qu'y a-t-il ? Dites le moi.
- un... p-p-p-p-antalon...
- Pardon ?


En contrebas, ses fesses nues souffraient mille châtiments de la déesse Yuia.

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