Mes coups acharnés se répercutent sur la carapace indestructible du monstre sans jamais la percer. Déjà, je m’apprête à fuir à toutes jambes, si tant est que l’on puisse user de cette expression dans un milieu marin, mais notre adversaire me devance et… sans raison apparente, prend la fuite vers d’autres cieux, ou d’autres vagues, au choix. Perplexe, je lève un sourcil sans pour autant rengainer mes lames. Je suspecte de sa part une ruse pour nous faire croire qu’il s’en va et déjouer notre attention pour nous prendre à revers, mais… il n’en est rien, et je me sens attribuer à des bêtes inintelligentes une raison assez développée. Est-ce là l’effet de ce monde qui m’est inconnu, une méfiance redoublée ?
Quoi qu’il en soit, je n’ai pu que remarquer une traînée verdâtre ayant fait fuir le bestiau, et sa provenance s’exclame bientôt en nous adressant la parole. Lui aussi a l’air complètement paranoïaque notre sujet. Il ne doit pas souvent voir des jumelles bleues nager dans son océan. D’un coup d’œil, je le détaille. Il ressemble assez à un elfe, si ça n’est ses pieds et mains palmées. Ses oreilles attirent également mon regard : elles semblent repliées contre elles-mêmes, comme pour éviter toute infiltration aqueuse…
Juste derrière lui, un animal gigantesque prenant la forme approximative d’une loutre flotte comme une embarcation en mal de passagers… Prudent, je baisse mes armes sans les rengainer et je prends la parole d’une voix aimable..
« Merci de votre aide, nous sommes… heu… »
N’a-t-il pas précisé lui-même ne pas vouloir le savoir ? Dans le doute, je reste vague… ce qui n’est pas très compliqué, dans ce monde marin.
« Nous sommes venus en paix. Et nous requérons votre aide, pour votre bien. Nous avons été prévenus d’un grand danger flottant sur votre monde. La source de ce danger se situerait dans un endroit dénommé… Qastreziam, la tour noire… Vous voyez ? Hum… Serait-il possible que vous nous indiquiez el chemin vers cet endroit ? »
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