Il serait bien aveugle ou bien stupide l'inconnu ne reconnaissant pas au premier coup d’œil les origines de Gwybodaeth. En effet, cette jeune elfe, à peine passée à l'âge adulte, descend d'une famille earionne qui n'a jamais subit d'altération, ou seulement à l'extrémité de quelques rares branches de l'arbre généalogique. Ainsi, ses parents et ses frères ont-il eux aussi une peau lisse, presque en permanence humide, d'un bleu pâle tirant sur le violet, des palmes entre chacun de leurs doigts d'une membrane fine mais bien plus résistante que la moyenne, et des yeux pâles, lumineux.

Cependant, leur petite dernière a développé certaines caractéristiques propres aux anciens earions: des écailles recouvrant une partie de son visage ainsi que chacun de ses mollets et une chevelure fluide d'un turquoise foncé. Mais sa particularité tient dans le fait qu'elle ai développé certaines caractéristiques qui, même chez les anciens, étaient rares: du corail avait poussé sur son visage à l'adolescence, comme un ornement, vivant de sa propre existence mais faisant partie intégrante de la jeune fille ; ses oreilles n'avaient pas la forme pointue qui était celle de l'ensemble des elfes et de la majorité des êtres de son peuple également, mais elles ressemblaient bien plus à des nageoires de poisson. Enfin, étant enfant, elle avait failli se noyer, chose surprenante pour son peuple, mais au lieu de mourir d'être restée trois jours dans l'eau, elle ressortit malade et avec deux entailles de chaque côté de son cou, à l'arrière, cachées par sa chevelure. D'aucun savait qu'il s'agissait de sorte de bronchites, mais on préféra ne rien lui dire, estimant qu'elles étaient endommagées, inachevées, défectueuses et qu'il s'agissait là d'une erreur de la nature ... d'un surgissement impromptu du passé.

Sa différence, même au sein d'un peuple aussi disparate que celui des earions, lui fit découvrir ce qu'elle aurait sans doute mis du temps à découvrir sinon: la jalousie, le désir, l'envie, l’orgueil et la honte. C'est de là que lui vient un caractère particulièrement paradoxal balançant entre la prétention, la suffisance d'une jeune fille ayant cultivée son originalité, désireuse d'être admirée et de vivre au milieu de la société ; et la méfiance, la haine et la solitude d'une enfant ne voulant pas accepter sa différence à cause de moqueries, mais ne voulant pas ressembler aux autres, bien trop ... communs.

Cependant, Gwybodaeth est aussi instable qu'elle est active. Elle a un caractère fort, n'aimant pas qu'on l'oblige à quoi que ce soit, elle aime pourtant aider de manière spontanée.

Gwybodaeth est la dernière d'une fratrie de six frères. Sa famille était donc une exception dans un peuple qui ne ressent pas le besoin d'avoir autant d'enfant vu leur longévité. La petite earionne qu'elle était ne vit quasiment jamais ses frères pendant son enfance, ils travaillaient et avaient quitté le foyer depuis quelques années déjà. Elle ne s'en formalisait pas et ne développa en aucun cas l'envie de fonder à son tour une famille. Les quarante premières années de sa vie furent semblables à celles des autres enfants de son peuple, elle partait le matin pour ne revenir parfois que deux semaines après, voulant visiter les contrées alentours. Son adolescence fut également semblables à ses camarades. Elle était cependant différente, cherchant le contact des autres races, voulant trouver d'autres personnes "différentes", comme certains autres jeunes la désignaient.

Bouhen, qui était la ville la plus proche de son village, lui apporta quelques satisfactions et quelques rencontres agréables, mais sa soif de curiosité, normale à l'âge adulte, ne diminua pas à l'adolescence et lorsqu'elle eut atteint les 90 ans, sa majorité, elle n'était pas l'elfe sage que ses parents espéraient. Le contact trop fréquent qu'elle avait établit avec les étrangers, notamment beaucoup d'humains et quelques nains, et sa volonté de cultiver son originalité, l'avaient éloigné de ses proches, de son peuple. Elle mit trois ans à s'en rendre compte, mais comprenant qu'elle ne pouvait plus, ni ne le voulait d'ailleurs, vivre au sein de sa famille, de sa patrie, elle décida de quitter les lieux. Elle ne choisit pas de rester sur le continent et partit pour Imiftil. Elle ne s'équipa que de peu de ressources et prit le large sur une frêle embarcation, étant là bien plus pour ses affaires que pour elle-même. Elle dériva jusqu'à Tulorim où elle décida de s'arrêter et d'y commencer sa nouvelle vie.

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