Contre toute attente et à la surprise de Depheline, son ami ne se montra pas fermé à son idée, bien qu’au départ, elle crut l’avoir vexé. Il avait cru que la magicienne les pensait trop faible, mais au contraire, toutes les aventures auxquelles ils avaient été capables de faire face confirmaient leur aptitude à s’en sortir. C’était d’ailleurs la seule pensée qui permettait à Depheline de garder espoir, face à cette quantité d’évènements semblant s’être ligués contre eux. Le volcan, l’étendue morbide à leurs côtés, la présence des 13 d’Oaxaca sur cette île, le maudit collier autour de leur cou. Tout.
« Je pense simplement que nous sommes forts mais que cela ne sert à rien. », conclut-elle simplement, avant d’appuyer le fond de sa pensée par une question rhétorique « Etre fort pour quoi faire, mh ? ». Elle avait appris cette façon de faire auprès de son mentor et était plutôt fier de pouvoir lui montrer qu’elle savait maintenant faire usage de ce type de communication spécifiquement conçu pour faire réfléchir et finalement convaincre.
Petit à petit, au fil des pas, Serpent s’était mis à réfléchir à toute vitesse, pendant que la sorcière faisait de son mieux pour ne fixer que la rive de l’eau, afin de ne pas obscurcir son esprit de la noirceur des terres sur son autre flanc. Il allait si vite que Depheline avait du mal à suivre le cours de ses idées, pour autant, elle crut en saisir l’essence principale : il était en train de constituer des plans d’avenir qui les plaçaient tous les deux en acteurs majeurs d’un collectif aux desseins politiques quelque peu mystérieux pour la néophyte.
« Arrête, tu me ferais presque rougir avec tes compliments, si je n’étais déjà pas toute rouge de fatigue et d’effort… », marmonna-t-elle avec un sourire dissimulé derrière sa touffe de cheveux fournie. « Tu me vois comme belle et intelligente, mais je n’y connais rien à la politique, je ne saurais même pas comment me servir de ces atouts que tu me prêtes. »
Après quelques minutes de réflexion, après argumentation de son ami, Depheline laissa retomber le fond de sa pensée, qui oscillait entre engouement, hésitation et scepticisme. L’utopie n’avait jamais été son fort, bien qu’elle eût nourri ses espoirs les plus secrets à Dahràm, depuis toujours.
« Je ne sais pas… »
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