Gorzol s'affala contre le sol, son sang répandu épars, ses yeux devenaient de plus en plus vitreux mais les shaakts n'étaient pas connus pour leur pitié ni encore pour leur capacité de ressentir d'autres émotions que le plaisir de tuer, de conquérir et d'éprouver de la haine envers toutes les races peuplant Yuimen. Endar était différent, il voulait le pouvoir à Khonfas non par vanité mais parce qu'il œuvrait pour un plus grand dessein.
Lorsque le surveillant d'Arthim'Olth lui exposa la vérité sur Oaxaca, cela lui fit un choc, jamais il n'aurait pensé qu'Oaxaca voulait ainsi sauver les opprimés, cependant cette volonté affichée était un leurre et sans doute la semi-déesse se leurrait-elle aussi en proclamant offrir la liberté tout en asservissant les peuples. Non, le discours du Garzok ne l'émouvait ni ne le convainquait.
- Oaxaca est aussi pernicieuse que les Shaakts, ton peuple ne lui sert que de chair à canon, de piétailles qu'elle peut abandonner à tout instant, cependant mes mots ne pourront jamais t'atteindre, tu es aussi idéaliste que je l'étais il y a quelques dizaines d'années avant que les mêmes gardiens obéissant à Oaxaca et à son père, Thimoros ne viennent pour me tuer. Oaxaca ne sera jamais source de paix et encore moins de liberté. Asservir les peuples par la force ne sert à rien, c'est pourquoi les royaumes humains et certains royaumes d'elfes se mettent en travers de son chemin et c'est pourquoi les Dieux eux même l'ont rejeté. La paix a besoin de personnes comme moi capable d'asservir les peuples pacifiquement.
Endar s'accroupit pour fixer le Garzok dans les yeux puis asséna sa vérité:
- Les Shaakts se sont toujours bien défendus contre les "bienpensants" et c'est de la faute d'Oaxaca simon peuple se déchire, Khonfas en est la preuve, tout comme Caix Imoros.
Son teint devenait de plus en plus blanc, il commençait à manquer de sang apparemment et Endar le savait que sa mort était toute proche, sa voix n'était plus qu'un long râle d'agonie et il dut s'approcher pour entendre ses dernières paroles. Il lui apprit qu'ils avaient récolté eux même l'argent noir et l'avaient forgé. Seuls les Garzoks et les nains avaient une véritable maîtrise de la forge, même en récupérant quelques échantillons, il ne pourrait jamais forger une arme et encore moins un colosse pour l'animer par la suite. Sa magie avait ses limites elle-aussi.
Puis, il l'informa sur les valets de Vallel, il y avait bien entendu le sergent Elath installé sans surprise à Elscar'Olth où deux Garzoks se rendaient à l'instant pour l'informer, en tout cas s'ils ne se faisaient pas dévorer en chemin par quelques créatures sauvages de la Lande Noire. Shaam et Gurfelion étaient à la tête de l'armée d'Andel'Ys, une cité qu'il aurait aimé sauver mais dont il ne pouvait plus rien faire vu l'énormité de la tâche de tuer chaque pilier de l'armée d'Oaxaca. Un certain Dol'Ther était à la tour d'Orsan, il avait quelques idées à ce sujet mais cela nécessitait de récupérer sa pleine puissance magique. Un certain Burgraar et Al'Carbonn se trouvaient sans doute dans l'une des cités conquises par les armées de la sombre demi-déesse.
Lorsqu'il tenta de continuer la liste, il le sentit partir, il ne servait à rien de lui hurler dessus, il était déjà passé de l'autre côté du voile, ainsi mourut Gorzol, le surveillant de la mine d'Arthim'Olth.
D'un geste de la main, il lui ferma les yeux puis se redressa de tout son long.
- Que les Dieux me viennent en aide... Zewen, maître des destinées, aide moi, prête-moi ta force et ta connaissance, je promets de te servir dès ce jour. Si les Orques se mettent à avoir des idéaux de nos jours, plus rien ne va.
Amenant le sifflet à ses lèvres, il appela le cheval ailé et quelques minutes plus tard, il le vit descendre au fond du gouffre et atterrir à ses côtés. Il sortit sa carte pour choisir sa destination suivante: Nagorin. Il lui fallait savoir comment augmenter sa magie et seuls des mages de grand talent pouvaient l'aider. Il chevaucha la monture ailée et lui ordonna de se rendre près du dirigeant de Nagorin.
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