|
Pour répondre à Caabon et Anastasie et compléter les propos de 14, il me semble que l'incompréhension vient de l'expression elle-même.
"Culture du viol" me parait impropre, c'est en effet un peu un concentré-choc entre une cause (la culture) et sa conséquence (le viol).
Et le mot culture s'entend à mon sens dans ses deux composantes : la culture véhiculée par les médias (net, pub, tv...) qui finit par être assimilée par un groupe de la population (qui est à la fois cible et prescripteur).
Il ne s'agit donc pas de la culture du viol en tant que telle dont nous parlons, car ce serait répréhensible, il existe des lois! Cela explique aussi qu'Anastasie nous dise que personne dans son entourage cautionne le viol. La jeunesse et les jeunes adultes en question ne sont pas des sociopathes : je ne pense pas que dans leur grande majorité, il cautionne ouvertement un tel acte.
Mais en revanche, ils sont des consommateurs de cette culture rap entre autre. Je la cite car elle véhicule beaucoup cette image de la femme dans son petit short, avec des pauses suggestives… et qui sous prétexte de nous vendre une femme libérée, donc chaude à souhait, nous délivre le message d'une femme objet du fantasme masculin.
Il y a aussi toute ses petites blogueuses, les lolitas (Alizée en son temps en était un bel exemple), ... des exemples il y en a plein!
C'est aussi la question du porno, du net et des nouvelles technologies. Porno lui-même reflet de fantasmes masculins d'une femme à la fois dominatrice et soumise. Là, il y a plein d'études sur l'image de la pute et de la madone…
Internet ce n'est pas si vieux que cela. Avant pour voir un porno les jeunes devaient se retrouver chez un pot, se mater une cassette en douce pendant que les parents bossaient : c'était la transgression d'un interdit.
Aujourd'hui, l'accès est quasiment libre et illimité et ce dès le plus jeune âge. Dès l'école primaire, circulent sur les portables des images ou vidéos de scènes brutes de décoffrage sans équivoque (quand ce n'est pas carrément de la zoophilie). Si le terme culture du viol pouvait avoir un sens, ce serait là : car c'est un véritable viol de l'imaginaire des enfants.
La pute et la madone : c'est aussi la question de la prostitution. Nous sommes loin aujourd'hui du trottoir. Beaucoup d’étudiants (es) … Je ne développe pas : traite d'êtres humains ? Libertés individuelles ? Chacun son opinion, mais cela se banalise, se démocratise presque.
C'est là qu'on voit que le mot culture ne se limite plus à une génération donnée, mais bien à une société, car les jeunes sont devenus adultes ! Et le problème risque de se pérenniser, car ils transmettront à leur tour cette culture à leurs enfants.
Et le problème par rapport à ce que je disais tout à l'heure par rapport au développement de l'identité sexuelle, c'est que cette culture assimilée dès le plus jeune âge empêche les repères les plus élémentaires et les interdits de se mettre en place.
La femme et maintenant les petites filles (car une pré-ado ou une ado contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire est une enfant) sont des objets. Elles sont déshumanisées et leur consentement n'a plus lieu d'être. Et de là au viol il n'y a qu'un pas.
Tout à l'heure j'ai employé l'expression « tournante » . En voilà une qui est bien intéressante. Car soyons clairs, une tournante est un viol collectif ! Mais effet de la banalisation : exit la notion de viol et du coup celle de la culpabilité. Et si nous allons plus loin, qu'est-ce que je fais tourner ? Un pétard ? On en revient à la notion d'objet. S'il n'y a plus de sujet, plus de viol : il n'y a plus de notion de culpabilité. Rajoutons à cela la dynamique de groupe avec la dilution de la culpabilité (plus il y a d'agresseurs ou de transgresseurs moins chacun à l'impression d'être responsable).
Dons si je ne fais rien de bien répréhensible, pourquoi ne pas passer à l'acte.
C'est donc bien la culture dans toutes ses composantes, ses interactions et ce qu'elle a de plus complexes et insaisissables dans la construction d'un individu qui induit, par la banalisation, la déshumanisation de l'autre, de tels passages à l'acte, sans que les agresseurs ne soient ni sociopathes, ni n'aient le sentiment au moment du passage à l'acte de commettre un acte abominable.
Je finis en me faisant l'avocat du diable. A mon sens, les agresseurs sont eux aussi victimes de cette culture (ce qui ne les dédouane aucunement de leur responsabilité, sauf s'ils sont jeunes mineurs...)
_________________ Ali ibn Abi Talib
*
|