Une aventure du Commissaire Maigret ! Le Commissaire part à la retraite, et avant cela, on lui confie une enquête qui a lieu dans le milieu des péniches et des écluses, aux portes de Paris, à deux pas de chez lui ; un marinier devenu riche et puissant est retrouvé dans le canal, ayant pris un coup de couteau, et offre 20 000F à la police si elle trouve le coupable. Tout l'intérêt de la chose, c'est Maigret qui se coule dans le milieu comme un brise-glace, et la description des lieux, des gens, des rapports qu'ils entretiennent entre eux ; la position de la "victime", son histoire, la manière dont il vit sa nouvelle richesse, ses liens avec sa famille. Et au milieu de tout ça, le Commissaire, toujours tranquille, fumant sa pipe, observant, analysant, dérangeant le petit monde.

De Simenon, j'avais lu un peu plus tôt La maison du canal, qui n'est pas une enquête policière, mais une sorte d'histoire familiale, dans les Flandres : une jeune femme de Bruxelles, mère morte à la naissance, père décédé à ses seize ans, est placé dans la famille flamande de sa mère par le tuteur, où l'oncle (le père de famille, le frère de la mère, vient de mourir).

Autant l'ambiance d'Ecluse n°1 est solaire, c'est le printemps, et Maigret diffuse une sorte de joie de vivre un peu enfantine, du type heureux de faire son boulot, heureux de la manière dont il vit sa vie - une belle atmosphère d'avant retraite soit dit en passant ; autant La maison du canal, avec peu d'éléments, d'une grande simplicité toutefois, installe un malaise durable, qui sent le drame dès les premières pages, avec cette arrivée en deuil dans un deuil, l'écart des langues, de "distinction", et l'hiver brumeux et humide.

Mon père en a pas mal également, et je suis en train de me constituer ma petite réserve à moi, en occasions uniquement (nous avons la sale manie d'aimer assez nos livres pour faire des doublons dans la même maison). J'aime mieux les anciennes collection du Livre de Poche par exemple, plus basses, avec le bord des pages de couleur, et une illustration sur la première et la quatrième de couverture (et pas de résumé, pas de code barre, pas de trucs disgracieux, juste un titre et un nom d'auteur).