ValdOmbre a écrit:
Je ne me souviens pas avoir déjà entendu parler des forêts de Montana : que s'y est-il passé? Tu en sais plus?
Le bouquin, qui est assez important en volume, est écrit par une sorte de biologiste-géographe, Jared Diamond, et traite de la manière dont s'effondrent, ou ne s'effondrent pas les sociétés humaines. Il raisonne à partir de grands groupes de facteurs : les dommages infligés inconsciemment à l'environnement ; les changements climatiques (durables ou passagers) ; les relations hostiles avec les voisins ; les relations amicales avec les voisins, et notamment les capacités d'échange ; la manière dont une société réagit face à ses problèmes.
Il s'y intéresse aux cas de différentes sociétés passées (île de Pâques ; îles Pitcairn et Henderson ; les Anasazis ; les mayas ; les vikings au Groenland principalement, mais aussi dans le cas d'autres établissements) ; de sociétés contemporaines (Rwanda, les deux Etats d'Hispaniola, la Chine et l'Australie) ; et à une échelle plus grande le Montana, parce qu'il y vit et parce que s'y retrouvent diverses formes d'exploitation intéressantes de l'environnement, tout en montrant comment les raisonnements sur l'isolement/l'intégration jouent aussi bien entre des Etats/sociétés qu'en leur sein.
Son propos sur les forêts du Montana et les feux de forêt tient à la gestion des feux de forêt. Leur intensité et les ravages qu'ils causent sont en hausse depuis les dernières décennies. Il associe directement cela à plusieurs phénomènes : le premier est une obligation légale de circonscrire un feu de forêt dans un délai extrêmement réduit ; le deuxième au refus de défricher les sous-bois.
Dans le cas des feux de forêt, il y a des préoccupations des riverains/usagers de loisir : une forêt ça ne doit pas brûler, il faut la protéger. Dans le cas du défrichage, il relève à la fois des intérêts économiques (ça coûte cher de bien le faire) et des représentations de la forêt comme foisonnante, pleine de vie, impénétrable, et donc de trucs qui poussent, avec des associations de défense de l'environnement.
Seulement voilà : sa conclusion est que jusque là, la fréquence des feux de forêt d'origine naturelle permettait de nettoyer le sous-bois de tout ce qui pouvait y flamber vraiment, ne laissant plus que les grands arbres, aux branches hautes, qui peuvent résister à un feu modéré la fois suivante. Une fois les petits feux de forêts éteints dans des délais courts, et les sous-bois protégés par les intérêts économiques et/ou les intérêts "écologiques", les incendies qui ne sont pas immédiatement éteints prennent une ampleur démesurée, et deviennent dramatique, car le sous-bois contient assez de combustible pour permettre des feux qui grimpent assez haut, et brûlent assez longtemps pour attaquer les gros arbres. Et ça donne un peu ce que tu montres sur la photo.
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C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ;
par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables.
Proverbes, 24, 3-4