Caabon a écrit:
J'aime lorsqu'un texte commence ainsi :
Citation:
Comme autant d'épigraphes en un alphabet indéchiffrable dont la moitié des lettres auraient été effacées par le polissage du vent chargé de sable, c'est ainsi que vous serez, parfumeries, pour l'homme sans nez de l'avenir.
gnééééééé
Vous nous ouvrirez encore de silencieuses portes vitrées, et sur les tapis vous amortirez nos pas, vous nous recevrez dans vos espaces d'écrins, dépourvus d'angles, parmi les revêtements en bois laqué des parois, vendeuses et directrices hautes en couleur et bien en chair comme des fleurs artificielles nous frôleront encore de leurs bras potelés armés de vaporisateurs ou de l'ourlet de leur jupe lorsque, sur la pointe des pieds, elles grimperont au sommet des tabourets : mais les flacons les burettes les ampoules à bouchons de verre taillés en facettes ou en pointe continueront en vain à nouer, d'un étalage à l'autre, le réseau de leurs accords de leurs consonances de leur dissonances contrepoints modulations et progressions : nos sourdes narines ne saisiront plus les notes de la gamme : les arômes musqués ne se distingueront plus des cédrats, l'ambre et le réséda, la bergamote et le benjoin resteront muets, scellés dans le sommeil tranquille des flacons. Oublié l'alphabet de l'odorat qui en faisait autant de vocables, d'un lexique précieux, les parfums demeureront sans paroles, inarticulés, illisibles.