Caabon a écrit:
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Bon.
Je suis arbitraire.
Le dernier chiffre du compteur à "bon" était trois.
Ce chiffre va donc être, le temps d'un flood, la raison d'une suite géométrique. Parce que le flood mérite parfois une exécution un peu originale.
Notez déjà comment, en à peine quelques messages, la contrainte n'est plus de restreindre mon propos mais de compter. Ne pas s'emmêler les pinceaux, voilà le défi. Je mobilise de vieux souvenir de contraction de texte pour juger, arbitrairement, ce qui compte ou pas comme un mot. Il y a des subtilités, comme les acronymes, que je ne maitrise clairement pas. De prime abord, la contraction de texte est un exercice pénible et répugnant. Cependant, elle en apprend beaucoup.
C'est un exercice d'économie, de compréhension de sens, aller au coeur du propos, rogner ce qui ne va pas, faire des choix, de style déjà, pourquoi pas. A appliquer à un texte que l'on aime, ce peut être un véritable crève coeur. Ou un hommage, c'est selon. A appliquer à son propos travail... pour moi qui m'épanche sans retenue, qui me livre - parce que ça m'amuse plus que parce que ça sert mon RP - parfois à quelques passages descriptif, qui rajoute du mot, du mot, encore du mot et par tombereau, c'est une ascèse douloureuse. Lorsque je m'y livre, c'est pénible. Me relire, déjà. Me rendre compte de tout ce qui peut virer. Ai je vraiment pensé tout cela, perdu du temps à le coucher sur le papier ? Où faire la coupe, à quel prix ? Que faut-il garder d'un texte dans lequel je tranche à grands gestes ? J'ai lu je ne sais plus où un propos d'Asimov disant que si une nouvelle demandait un trop gros travail de reprise, il l'abandonnait et passait à autre chose : c'était le signe que le texte n'était pas bon, ou au moins qu'il prendrait moins de temps de réécrire quelque chose. Je ne suis pas loin de partager cette méthode de travail. Pourtant je les aime, ces textes, avec leurs imperfections. Ce sont les miens.
Je travaille assisté, et ce post sera le dernier. La progression géométrique peut vite devenir quelque chose d'envahissant. Pourquoi travaillé je assisté ? Un compteur de mot, tiens ! Vous me voyez compter à la main tout cela ? Si encore j'en faisais un projet à part entière, je ne dis pas, je prendrais le temps de l'effort, puisque intrinsèquement lié à la démarche. Hasard ou marque de mon talent, je pouvais toutefois m'en passer. En plaquant le texte sur un compteur - car j'avais déjà une idée générale du volume que je devais produire - quelle ne fut pas ma surprise de constater que le compte était bon. Attention, on ne parle pas d'une phrase à neuf mots, comme c'était le cas il y a quelques minutes de cela. Plutôt de deux cent quarante trois mots. Et tout est parti d'un "bon", et d'un chiffre sélectionné arbitrairement au bout d'un compteur de post d'un forum de jeu de rôle. Me voilà déjà à devoir tenir la longueur de ce qui constituerait un post convenable pour l'histoire d'un de mes personnages. Un peu plus de sept cents mots me suffisent pour poser une petite péripétie, un élément intéressant de voyage, quelque chose qui ferait avancer, l'air de rien, un nain, une sorcière, sur le chemin que je leur trace quand je ne les abandonne pas. J'en viens à me demander si à un moment donné, ils ne prendront pas la décision, lassé de trop attendre, de continuer sans moi. Ce serait fou. Quasiment autant que de se dire que, si je persiste dans ce projet et que personne ne m'interrompt, à la fin de la phrase, je serai déjà en marche pour vous écrire, ici, un roman. Et oui mesdames et messieurs, rien que ça, un roman. Admettons que je me contente de dix messages, j'en serais à dix neuf mille six cent quatre vingt trois ; cinquante neuf mille quarante neuf au onzième ; cent soixante dix sept mille cent quarante sept au douzième. Si mes calculs sont bons, je pourrais consacrer quinze messages à cette suite géométrique avant de changer de page. Au final, vous pourriez lire un texte de quatorze millions trois cent quarante huit mille neuf cent sept mots. C'est énorme, rendez vous compte. Le forum est bien conçu, il m'arrêterait avant, et vous auriez largement le temps de faire défiler les pages avant que moi je trouve celui de poster. Et je me lasserais. Ou m'acharnerais pour me lancer dans une oeuvre nonpareille. Ou pas. N'est pas Rousseau qui veut, ou qui peut. Qui veut, en ce qui me concerne. Pour dire qu'être Rousseau, très peu pour moi.
Il y a fort à parier que peu de gens liront ce pavé. Fort heureusement. Et je ne le prendrai pas mal. Combien de gens autrement plus célèbres et talentueux que moi ne sont pas lus. J'exagère et devrais dire : peu lus. Ce pauvre Proust, ce malheureux Balzac qui se trouve rapidement cantonné à quelques classiques, sans compter ce triste Claude Simon... Euh... Attendez, je crois qu'on me souffle dans l'oreillette que certains l'ont bien cherché. Pour pasticher un autre auteur célèbre, je sais que c'est inutile, et c'est bien plus beau parce que c'est inutile. A ce niveau là ce n'est plus du pastiche, j'en conviens, presque de la citation. Le pastiche est l'excuse de ma mémoire défaillante et de la flemme qui m'empêche de me lever pour aller trouver la phrase exacte dans un bouquin pas loin.
Voilà, toute cette jactance digressive est fort peu de chose. Des données quelque part sur une mémoire, dans un réseau. J'encombre, je bouffe de l'énergie. Derrière cela, vous trouverez une bonne dose de fatigue, un poil de bêtise à n'en pas douter, la ressource de ceux qui ont programmé un compteur de mot, et bien des choses en somme. Et en plus, une chose très simple. Au prochain message, j'exprimerai de manière beaucoup plus simple tout cet habillage. Parce qu'au final, ces mots ne sont pas là pour faire sens. Pas pour moi ce soir, ni pour vous d'ailleurs. C'est là juste un peu de maths.
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C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ;
par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables.
Proverbes, 24, 3-4