La plupart des gens à qui j'ai parlé de cette série disent que ce qu'ils aiment c'est être surpris et le fait que tout le monde peut mourir, parce que ça donne la vision d'un monde sans morale, proche du nôtre, où c'est les forts qui gagnent et où tout peut arriver. Le problème c'est que la série a beaucoup capitalisé là-dessus, et je pense sans pouvoir en être sûr que l'auteur a capitalisé là-dessus également, bien avant que ça ne soit adapté. Mais l'un dans l'autre, j'aurais tendance à dire que malgré tout ça reste majoritairement la faute de l'engouement publique.
Donc oui, le nombre de morts et leur "importance" c'est pour moi de l'esbrouffe parce que ça essaie de donner l'impression que tout peut arriver et tout le monde peut mourir... Quand c'est absolument faux. Non, tout le monde ne peut pas mourir et tout ne peut pas arriver, à moins d'un plot twist final très putassier qui, selon moi, n'aurait aucune cohérence dans l'oeuvre, à moins que le but n'ait été de dépeindre le chaos très grossièrement et de la mauvaise manière.
En fait, le procédé est le même que dans n'importe quel fiction qui tire un tant soit peu vers la politique et/ou la guerre : on crée des personnages pour les tuer plus tard, et ce sera là leur fonction principale, pour dépeindre la dureté de la politique et de la guerre. Donc non, tout le monde ne peut pas mourir, ou en tout cas pas avant le rush final qui, dans toutes les fictions, se passe de toute façon de règle là-dessus en dehors de la conclusion, pour créer de l'enjeu et du drama. Seuls les personnages qui ont été créés pour mourir peuvent mourir.
Et tout ceci (et énormément d'autres choses, de symboles divers éparpillés dans la série, d'événements impactants et autres) me pousse à la conclusion que Game of Thrones n'est jamais qu'une série avec une morale, une morale relativement simple, plutôt bien ficelée, mais développée de manière classique, avec un peu plus de poudre aux yeux pour se donner une prétention plus réaliste. J'ai rien contre ça, mais morale simple + développement classique = événements prévisibles. Et c'est un biais qui me semble assez difficile à contourner. Et lorsque l'on a conscience de ça et qu'on remarque les coups d'esbrouffe pour ce qu'ils sont, de simples péripéties rajoutées pour choquer, rallonger ou surprendre... Bah on est bien moins impacté et la dernière des trois fonctions de ces péripéties fait rarement mouche, à part quand c'est le coup d'un raccourci scénaristique sans queue ni tête, auquel cas ça laisse juste un goût amer dans la bouche.
Mais en soi, si j'ai eu au moins un avis qui me disait qu'il aimerait fortement que je me trompe et que la série dépeigne effectivement le chaos, moi je suis en désaccord avec ça. C'est marrant pendant les péripéties le chaos, effectivement ça surprend, mais surprendre pour surprendre ça ne mène pas à grand chose. Si l'intrigue de GoT est bien plus simple et simpliste qu'elle ne le laisse entrevoir et si c'est assez décevant quand on s'en rend compte, je préfère cent fois qu'elle véhicule sa propre logique, sa propre morale, même classique, plutôt qu'elle nous mène en bateau avec des choix scénaristiques pour finir par nous laisser sur une conclusion chaotique dont le seul but serait de dire aux lecteurs/téléspectateurs : "lol, on vous a bien baisé, vous vous y attendiez pas".
Je pense pas qu'une fiction ait pour but d'être chaotique, parce que tous les éléments scénaristiques qui doivent nous faire vibrer pendant son cours, eux, sont le fait de choix partiaux du créateur, des choix qui n'ont rien de chaotiques. Essayer de rajouter du chaos imprévisible là-dessus c'est cracher à la gueule du public.