Le regard doré de l’elfe mauve se posa fixement sur Erfandir alors qu’il discourait. Lentement, il posa la chair crue et encore saignante de la créature qu’il venait de tuer dans une assiette d’argent, et croisa les doigts tout en écoutant attentivement, impassible. Il ne détourna même pas le regard lorsque Léandre s’éveilla, affaibli, de son sommeil de plomb. Ni même lorsque l’aldron tenta de minimiser les paroles d’Erfandir en les rendant plus diplomatiques et explicitées. Il ne réagit même pas lorsque Tathar, revenant sur ses pas, franchit le pas de la porte de sa cellule isolée, éclairée de cette blafarde lumière violette.
Lentement, toujours lentement, il caressa la tête de dragon de son sceptre, et le tendit, tout aussi calmement, vers le théurgiste. L’instant d’après, une boule d’ombre noirâtre semblant avaler toute lumière alentour déferlait sur Erfandir, sans qu’il puisse l’éviter. Son corps fut percuté de plein fouet, et la boule le pénétra, immatérielle et terrible. Il resta immobile deux secondes, le regard figé, les muscles crispés. Puis tomba sur le sol lourdement. Avant même son dernier tressaillement, toute vie l’avait abandonné. Il était mort, et Naral, aussi ému par ce décès que par celui de la cocatrix l’instant d’avant, tourna enfin son attention sur les autres personnes présentes.
« Hihihi. »
Son rire était froid, et arracha un frisson à chacun. Un frisson d’effroi. D’une voix paisible, il prit la parole.
« Voilà. Votre compagnon sait désormais que jamais nous ne serons égaux, et que mon offre généreuse ne laisse pas la moindre opportunité de marchandage. Vous l’aurez compris également, j’imagine… »
Le corps d’Erfandir, curieusement, se mit à se consumer sur place. Mais pas à se consumer de feu ou de flammes. Il se mit à se consommer d’ombre. Des volutes obscures le dévorèrent en l’espace d’un instant, ne laissant bientôt de lui que ses haillons, et l’épaulière de fer cabossé qu’il avait récoltée sur les squelettes du couloir. Sans paraitre s’en émouvoir, Naral poursuivit.
« Il est, je crois, dans votre intérêt de rester mes alliés. Hihihi. Il est également évident que si je vous demande de récupérer ces objets, c’est que je ne le peux moi-même. La puissance n’est pas la seule arme, ici. La réflexion, la ruse, peuvent avoir leurs côtés tranchants. Les résidents de ces lieux me connaissent, savent ce que je désire. En cela, vous êtes plus… puissants que moi. Persuadez-les, intimidez-les, volez-les, tuez-les, achetez-les, faites comme bon vous semble. Mais j’ai besoin de ces objets autant que vous avez besoin de moi. »
Puis, se tournant vers Léandre, poursuivit :
« Je me nomme Naral Shaam, et je suis votre pire cauchemar. Hihihi. »
Ethel, dans l’ombre d’un coin, n’avait pas bougé. Elle observait, sans rien dire, sans esquisser le moindre geste…
[HJ : Erfandir, je te contacte par MP.]
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