Qu'on loue une fois de plus mes aptitudes remarquables de survie en milieu hostile! Mes petites mains, chargées de pouvoir glacé, ont tôt fait d'affaiblir la gencive du coffre-bête, et d'un coup d'un seul, je parviens à déloger un croc acéré de son embase visqueuse. De taille moyenne, je pourrai m'en servir comme poignard de fortune, si d'aventure je dois effectivement poignarder quelqu'un. Réjouissante perspective, je sais. Fort de ma nouvelle arme donc, que je glisse pour l'instant dans mon sac qui a déjà recueilli la gemme, je reporte mon attention sur ma compagne de cellule.
A ma grande satisfaction (si tant est que je puisse être satisfait enfermé entre quatre murs), Ethel semble se méfier au moins autant que moi de ce qu'il se passe dans le couloir. « Prudence est mère de sûreté », argue-t-elle... Je ne peux que l'approuver. J'ai une certaine propension à attirer les psychopathes autour de moi ces temps-ci, à commencer par l'autre Akrilla complètement cinglée. Je ne puis donc que pâlir de frayeur en essayant d'imaginer l'état mental des prisonniers du couloirs.
Silencieux et pensif, j'attends quelques instants tandis qu'Ethel écoute aux portes, initiative heureuse là encore. Avec une certaine surprise, je constate que je m'habitue plus ou moins à la panique et la fureur. A croire que j'ai vécu habité par ces sentiments durant toute ma vie (ce n'est pas faux, en fait). Je ne suis plus vraiment dans cet état tremblant et incapacitant des premiers instants; l'ire, la peur, les effluves de folie sont toujours bien là, en arrière-plan, mais n'entravent plus tellement le cours de mes pensées. Jusque quand cela durera-t-il?
Nous échangeons vivement des hypothèses sur notre situation avec Aurore, et comme toujours, la proximité mentale de ma Faera m'aide à reprendre pied et me réconforte plus que je ne pourrai jamais l'exprimer. La conversation se révèle être plutôt stérile et se tarit d'elle-même bien vite. Quelques piques lancées pour la forme, et le silence tombe à nouveau sur mon esprit.
Je songe alors aux fioles de fluide qui se trouvent dans ma poche arrière et décide subitement d'en absorber un. Ma dernière expérience d'absorption remonte à mon séjour chez Kiana, aussi l'acte est-il pour moi emprunt d'une félicité paisible. Profitant de l'inattention d'Ethel, je sors une des plus grosses fioles et la débouche vivement. Aussitôt, le fluide s'en échappe, harmonieuses arabesques de pouvoir. En de facétieuses circonvolutions, il prend la forme d'une sphère azur lumineuse flottant juste devant moi. Le fluide attend mon appel. Répétant l'opération qui m'a été enseignée par cette chère Kiana, je plonge au coeur de mon être pour faire résonner l'écho du pouvoir. Immédiatement, la sphère se scinde en deux et, s'allongeant en deux serpents de glace, s'enroule autour de mes deux bras tendus et remonte vers ma poitrine. Une seconde plus tard, le fluide pénètre mon torse et je retiens mon souffle. La glace, dans sa forme la plus pure et puissante, s'insinue dans ma chair et diffuse des frissons jubilatoires dans tout mon corps. J'halète. Chargé d'une nouvelle part de puissance, je ne puis retenir un sourire serein; le seul que je serai capable d'esquisser avant longtemps.
Je reprends doucement mon souffle et décide d'interrompre l'écoute d'Ethel afin de l'interroger à propos d'une étrangeté qu'elle a mentionnée et que je ne suis pas sûr de comprendre:
« La voix? De quelle voix parlez-vous? »
HRP: Absorption d'un fluide 1/4 (ce qui portera le nombre total de mes PMs à 10 (car dans les 10 qui étaient affichés sur ma fiche, 4 étaient dus à l'équipement. Je suis donc à 8/10))