J’étais la, observant le manège qui se déroulait devant mes yeux. Ces deux bêtes féroces se déchainant, l’une tentant de prendre l’emprise sur l’autre. Si mes paroles étaient émises tel un appel à la paix. Elles étaient, à n’en point douter, cette lame cachée sous le couvert d’une cape noble. Je venais en émissaire d’une paix que je ne pensais pas le moins du monde.
Karz, lui, ses méthodes étaient différentes. Lui, menaçait clairement Ashaar. En entendant ces paroles, je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils. J’étais complètement en désaccord avec ce qu’il venait de faire. Le nouveau Karz qui m’avait d’abord étonné, puis impressionné, était complètement en train de me déplaire. Qu’avais-je fait ce jour la à la taverne ? Je voulais en faire un homme déterminé, pas un de ceux qui, comme moi, se laissaient dévorer par leurs passions. Il était en train de devenir un frein à ma nouvelle façon d’agir. Je ne voulais pas qu’il me grille devant tous. Il me rappelait ce jeune homme que j’étais il y avait encore quelques semaines. Celui qui ne cessait de laisser exploser sa colère, au lieu de la contenir encore et encore, pour en faire un dard puissant qui frapperait dans l’ombre. Il fallait que je le maitrise ou que je l’éloigne de moi aux yeux des autres.
Mais pire que cela, en l’entendant, en prenant en compte toute sa nouvelle stature, qui me rappelait celle qui était encore la mienne, une apparition vint à moi. Le visage d’Eliss me parvint tel un flash, devant mon esprit. Elle était ma lumière, celle qui arrivait sur l’ile volante à me calmer du simple fait de son contact et de ses paroles. Tout cela, alors que j’étais prêt à ne plus faire cas de la vie de Margh le minotaure écervelé, à frapper Donald Mak pour son égoïsme qui avait faillit nous couter la vie, ou encore à rendre la vie dure à Karz pour avoir osé lever son arme vers elle. Elle était la clé qui m’empêchait de me laisser sombrer à toutes les colères. Le constat était clair, j’avais infiniment besoin d’elle car j’étais en train de couler inévitablement vers ma perte. Il me fallait un substitut, quelque chose ou quelqu’un pour me canaliser. Mais qui ?
Karz n’était définitivement plus qu’une arme et un soutient qui avait sombré bien plus profondément que moi. Tathar lui, me semblait bon compagnon, mais dans le couloir m’avait prouvé qu’il pouvait être une barrière contre mes actions d’éclats car nous n’avions pas totalement la même vision. Quand à Guasina… Sa gentillesse et son sens de la camaraderie étaient peut-être la voie. Mais en agissant de la sorte, elle ne pourrait que subir mon impulsivité, alors que j’étais incapable de faire le moindre mal à Eliss. Fichtre ! J’étais condamné et ne pouvait faire confiance qu’à un possible bon sens de ma part. Je me devais de grandir encore plus que ce que j’aurais pensé. Je n’en pouvais plus d’être l’arme de mon ascension et celle de ma destruction. C’était bien trop pour un seul homme.
C’est cette fatigue qui me fit lâcher prise, abaissant mes armes au moment ou, Ashaar relâchait son étreinte. Je ne voulais plus le tuer. Je n’étais pas devenu subitement bon, ni même inconscient. Je me disais juste que si ELLE était la, elle me dirait de me calmer, de faire confiance, qu’il ne trahirait pas mon secret. Après tout, était il assez bête pour se faire des ennemis en plus. Non, probablement pas. S’associer était une solution qui me paraissait bien plus logique, et plus raisonnable. L’ennemi c’était Vlash. Je devais tout faire pour arriver à ses côtés, gagner sa confiance, et comme d’autres avant moi, trouver la solution et son point faible. Il était hors de question que je meurs en me sacrifiant et encore moins que je meurs à son service. Je savais que trop bien ce qu’il était en vérité. J’étais perdu, mon cœur se déchirait à cause de mes émotions si différentes. Ce lieu aurait tôt fait de faire de moi son esclave, car déjà il s’accaparait de mon esprit. Mais la tendance du moment était qu’Ashaar allait vivre pour nous permettre de sortir d’ici. Il était utile et pas encore un traitre.
Je le regardai reculer, les babines pleines de sang. Il m’observait, plantant ses yeux vides dans les miens, répondant aux menaces de Karz en passant par moi. Croyait-il sincèrement que je le protègerais ? Ô ciel, il avait visé juste. Au final, je ne voyais pas de mal à ce qu’il se serve de moi aussi bien que je me serve de lui. C’était le lot des relations entre les hommes. En bref, totalement normale. Tant qu’il me serait utile, je pouvais bien l’être pour lui.
Alors, je me tournai vers Karz, le regard neutre mais qui voulait tout dire. Il fallait qu’il comprenne, il était hors de question que ses accès de colères nous nuisent à tous les deux. Si je faisais ça, c’était pour nous et notre pacte.
« Ne touches pas à Ashaar et ne le menace plus."
Puis, je me tournais vers la bestiole, qui entrait dans un état d’hystérie totale. A nouveau, le sang la rendit folle. Mais cette fois c’était le sien. Dans uns scène aussi absurde qu’horrible à regarder, elle planta plusieurs fois ses dents son poignet, s’arrachant de la chair, excitée probablement par cette odeur.
Une expression de dégout déforma mes traits, alors que j’observais la scène et qu’une envie irrépressible, peut-être même humaine, de m’éloigner de la chose naissait en moi. C'était absolument écœurant. Mais au delà de tous ça, j’avais une idée, comme une sorte d’illumination. Une créature rendue folle par le sang c’était à double tranchant. Nous pouvions nous en servir tout comme elle pourrait nous desservir. Mais au moins, il fallait essayer.
Observant ma main d’ou s’écoulait continuellement mon sang, je me disais qu’il y avait moyen de s’en servir. Ce que je voulais faire allait peut-être dangereux pour moi car je comptais rendre la créature accroc. Ainsi, je me dirigeai vers la porte, et je l’ouvris avant d’enduire le fémur de tout le sang que je pouvais. Je ne savais pas comment la bête risquait de réagir, il fallait que tous le monde sorte. C’est pourquoi je m’adressai à Karz et à Ashaar.
« Sortez ! Tout de suite ! »
Puis ayant finit ma tâche, sans plus me préoccuper des deux autres, j’attirai l’attention de la bête en lui montrant l’os recouvert de sang.
« Regarde ! Un os recouvert de sang frais ! Viens je te le donne. »
Puis sans attendre une quelconque réaction, je sortis rapidement prenant bien soin de lâcher l’os juste en sortant de la cellule. Je ne voulais pas me risquer à finir en charpie avec la main à moitié dévorée.
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"L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien." - George Smith Patton
Dernière édition par Ezak le Dim 20 Nov 2011 17:26, édité 1 fois.
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