Alors que mon gatch bratty et moi allons prêter main-forte à Glaya, celui-ci ne se prive pas de doucement nous tancer en un bref discours qui réprimande notre emportement tout en louant notre promptitude. C’est vrai que si on avait eu moins de pot, on aurait très bien pu se retrouver tous les deux à l’état de chiffes molles à tapisser le fond de la rivière… mais bon, mieux vaut ne pas y penser : les choses se sont passées pour le mieux dans l’ensemble, alors autant continuer comme ça en espérant que notre bonne étoile ne nous abandonnera pas ! Dans le même temps, notre solide guerrier nous fait également un petit compte-rendu de ce qu’il a pu apercevoir dans la grotte dans laquelle nous nous trouvons, et effectivement, en jetant un œil plus attentif, il n’est pas difficile de distinguer l’humaine que nous avions pour but de rejoindre (hourrah !) ainsi que les deux tristes sires sont nous nous étions séparés plus tôt (zut !). Bon, c’est pas que j’en serais carrément venu à espérer que les pièges dans le couloir les réduisent en confettis, mais quand même, s’ils avaient pu être découragés par ces obstacles, ça n’aurait pas été plus mal histoire de ne plus avoir ces deux antihéros dans les pattes.
Mais je n’ai guère le temps de maugréer que déjà, le mouvement reprend sous l’égide de la paladine toujours aussi irrésistiblement entreprenante. Elle a beau avoir dû laisser derrière elle de son matériel, avoir une jambe qui tire la tronche et dégouliner d’eau, ce n’en est pas moins avec un allant péremptoire qu’elle donne l’ordre de se diriger en direction de la jeune fille, soutenue par le musculeux Krochar qui fait un bien meilleur appui que me chétive personne bien chargée. A ce propos, je commence justement à me faire sacrément mal au dos en portant tout le barda que mon frère de peau a laissé derrière lui, alors avant toute autre chose, dès que nous sommes parvenus aux côtés des trois autres occupants des lieux, je dépose devant le garzok les pièces d’armure qui lui reviennent de droit en attirant son attention d’un :
« Tiens, il vaut mieux que tu les reprenne. On ne sait jamais ce qui pourrait nous tomber dessus après ! »
En vérité, je serais bien tenté de dire « un hiniön mégalo et un humain parano », mais bon, avec un peu de chance, et s’ils arrivent enfin à retirer les œillères qui leur pendent au visage, peut-être que nous n’aurons à court terme pas besoin d’en venir aux mains avec eux pour leur mettre du plomb dans la cervelle. Mais bref, alors que Glaya se charge de prendre les devants, j’enfile à nouveau ma cape désormais tristement imprégnée d’eau, et fais rapidement l’inventaire de mon sac avec un douloureux pincement au cœur en voyant le bordel aqueux en quoi consiste désormais mes possession. Pff, c’est vraiment pas juste : nous, on choisit le chemin rusé et on se retrouve à moitié noyés avec toutes nos affaires déglinguées, et eux, ils entrent par la grande porte toute pleine d’embûches comme s’ils étaient chez eux, et ils se portent comme des charmes. Normalement, si on avait été dans une histoire, la logique et la morale auraient voulu que ce soit ceux qui se donnent le plus de mal qui s’en sortent le mieux, et non pas l’inverse !
(Et oui, mais la vie n’est pas un roman. - Ouais, ou bien alors, c’est un roman nul.)
A cette réplique dépitée mais non empreinte d’humour, Minil’ ne peut sur le coup s’empêcher de pouffer d’un si joli rire qu’il me met un peu de baume à l’âme, faisant naître sur mon visage détrempé l’ébauche d’un sourire que je m’empresse aussitôt de réprimer de peur de mijoter quelque chose. Ah tiens, en parlant de mijoter, voilà que je retrouve l’outre ainsi que les rations que j’avais emportées avec moi, lesquelles n’ont apparemment heureusement pas trop souffert du trajet sous-marin. Au pire, elles auront un peu perdu de leur goût et auront une drôle de texture à cause de toute l’eau dont elles sont imprégnées, mais bon, pour quelqu’un qui a la dalle, ça fera l’affaire ! Mais alors que je me redresse avec la pitance en main, je m’aperçois que ce que j’avais pris au départ pour le bourdonnement de quelque déplaisant infect est un réalité une autre diarrhée verbale ronflante de la part de Lindeniel, lequel se prend apparemment pour un grand capitaine bien pensant puisqu’il fait vaseusement la morale à l’humaine tout en ayant l’air de la menacer autant que de la libérer. Devant une telle démonstration de mauvaise foi hypocrite mêlée d’un insidieux esprit dominateur, je manque encore une fois d’exploser et d’envoyer paître cet insupportable sot (voire pire), mais finalement, me doutant qu’il ne serait pas bon de risquer de mettre le feu au poudre une énième fois, je me contente de m’avancer dans un bruyant cliquetis humide et de trancher verbalement :
« Pas besoin d’être aussi soupçonneux, nom d’un chien ! On est tous dans la même galère, alors si elle doit avoir des choses à nous dire, elle nous les dira ! Pas la peine de lui faire un interrogatoire ! »
Sur ce, je pose les victuailles de voyage aux côtés de la demoiselle, et prenant d’une main la dague accrochée à ma ceinture, j’empoigne de l’autre une corde que je m’empresse de trancher, tout en faisant face à la blonde pour lui adresse la parole de façon plus aimable que le péteux elfique. Bon, je sais que d’apparence autant que de réputation, les sektegs n’inspirent pas confiance, mais j’espère qu’elle saura s’affranchir de ces premières impressions pour discerner la bonne foi de ma mine aussi bien que de mes paroles :
« Mangez un morceau et buvez un peu, ça vous remettra. Et vous inquiétez pas, on est là pour vous aider et on fera tout pour. »
_________________ J'ai décidé d'être heureux, parce que c'est bon pour la santé! _____________________________________________ Jakadi, voleur gobelin niveau 4 so unique en son genre vous salue bien. Bilan de la quête 18 : Buffet maritime gratuit , une tenue très tendance (merci beaucoup GM17 ), 1er contact avec les indigènes, découverte des spécialités culinaires locales , rééquilibrage de la balance des possessions Shaakts/Sektegs, tatanage de torkin (c'est une CC messieurs-dames!), un ventousage d'urgence , une obtention de balalaïka , une razzia sur des restes de bataille, du matraquage d'araignées géantes , la perte d'une bonne partie du groupe , un affrontement avec un esprit des ténèbres , un fort agaçant diseur d'énigmes , un combat contre une troupe entière de garzoks, de l'apprentissage de CCs par zigouillage d'araignée .
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