Lothindil a écrit:
Après un repas que je prends léger, je repasse rapidement voir l'aniathy qui se repose tout son soûl. Ne voulant pas la réveiller, je remonte sur le pont où je m'assoupis durant deux bonnes heures.
Les jours suivants ont été calmes, passées en entraînements: Lillith pour lui apprendre la base de la magie comme je l'avais fait avec Keynthara et à savoir quand il est à cours de magie; Keynthara pour lui fortifier un peu son bouclier et moi finalement pour parachever l'apprentissage de mon sort de camouflage. Je prends aussi beaucoup de temps pour fignoler l'usage de mon sort de terre glaise qui s'avère être particulièrement complexe à manier.
Finalement au bout de plusieurs longs jours de route, Bogast fini par s'arrêter et laisser le navire avancer à son rythme, plus lent et plus paisible.
(Que se passe-t-il?)
(Je n'en sais rien, peut-être ne sommes-nous plus très loin de l'arrivée...)
(Ca serait pas de refus, la terre ferme me manque...)
Le repas se déroule dans une ambiance bon enfant, bien arrosé pour certains tandis que d'autres, dont moi, restent sobres. Finalement, je vais me coucher avant les autres et reste longtemps éveillée à imaginer à quoi ressemblera l'île où nous arrivons sans aucun doute. Je parviens malgré tout à m'endormir et j'ignore où est la limite entre mes rêveries, mon imaginaire et le fantastique de mes rêves.
Le lendemain, je me lève tôt, il fait encore nuit, décidément, c'est court deux heures de sommeil par rapport à la course du temps. Comme si 2900 ans ne nous suffisaient pas et qu'il faille en plus profiter de la moindre seconde ! J'en viens à me demander comment font les humains pour voir tout ce qu'il y a à voir dans le monde en 70 ans et avec un tiers de leur journée à dormir...
Je finis ma nuit sur le pont auprès des marins et des guetteurs nocturnes. Changement de rondes, changement de personnes, changement de lumière. Tandis que la nuit s'achève, l'aube vient prendre sa place, dévoilant une lointaine silhouette à mes yeux elfes, mais elle est encore trop perdue dans le brouillard pour être annoncée.
Le son fin d'une clochette signale que le premier repas est servi. Loin d'être frugal, il est même très complet, sans doute pour être prévoyant pour les repas suivant qui risquent d'être maigre. Cependant, comme à mon habitude, je mange léger, juste ce qui est nécessaire, rien de plus.
Peu après le petit déjeuner, la vigie nous annonce "terre! Terre! Voilà Verloa!". Suivant le mouvement je monte sur le pont pour voir à quoi ressemble le but de notre périple.
Je suis assez déçue, je m'attendais sans doute à des couleurs nouvelles, à une terre nouvelle... Mais non, juste trois montagnes au milieu d'un paysage forestier. Classique quoi.
(A défaut de paysage nouveau, il y aura sans doute des plantes et des animaux nouveaux)
(Et donc de nouveaux dangers auxquels aucun de nous n'est prêt.)
(Bien pessimiste.)
(Non, juste terriblement réaliste. Regarde-les...)
Mentalement j'indique Keynthara, Lillith, Seyra, Seldell.
(Mais ça ira...)
(Ils ne sont pas prêts... les deux premiers ne savent pas manier leur art et seraient en danger au moindre problème. Quant aux deux autres... ils sont totalement inconscients.)
(Méfie-toi des apparences. Le plus petit et le plus faible pourrait se révéler le plus puissant.)
Je ne sais pas de quoi elle parle, et ne le saurais sans doute jamais.
Bogast de sa main nous indique une plage près d'une plaine... Là où va réellement démarrer l'aventure.
Je prends le temps, avant de monter dans mon canot qui est quand même le quatrième d'aller bourrer mon sac de victuaille diverse en cuisine.
(T'as pas fini de chaparder?)
(Bah faut bien qu'on ait de quoi se nourir... je sais que t'en as pas besoin, mais c'est pas le cas de tout le monde.)
Je ressors de la cuisine mangeant une de ses merveilleuses petites pommes qui a l'intérêt d'entre croquante, mais douce et surtout qui se conserve bien.
Nous montons dans le canot, Lillith, l'elfe blanc maître d'armes, la mystérieuse elfe verte et moi-même. Il s'avère très rapidement qu'aucun de nous n'a le pied marin ni ne semble savoir comment manier cet engin. Finalement l'elfe blanc prend les rames et semble parvenir à nous faire avancer relativement dans le bon sens. Les trois premières barques sont depuis longtemps sur la plage, quand nous parvenons enfin à aller vers elle.
C'est au bout de plusieurs longues minutes que nous parvenons enfin près du rivage. Le crissement du sable sous la quille nous révèle que ce n'est pas la peine d'espèrer aller plus loin sans se mouiller. Nous sortons donc dans l'eau sans retourner la barque qui contient nos armes et notre équipement et trainons le radeau jusqu'à la plage où les autres attendent. J'apprécie pour la première fois réellement d'avoir vaincu ma peur qui m'aurait tout simplement tétanisée voire conduit à me noyer.
Guère le temps de se reposer, Seldell qui s'était glissé dans la première barque nous indique déjà l'est et la première montagne.
Je prends le temps de vérifier les sangles de mon sac, raccrochant mon arc par ce nœud merveilleux qui me permet de le récupérer en quelques secondes et fixe ma ceinture et mon fourreau. Puis, prenant mon bâton, j'attends, prête à partir à la découverte de cette île qui semble finalement fort banale...