"Ca te fera du bien... La journée de demain sera longue."

Elle me demande de quoi écrire et je hoche la tête en signe de négation, l'enviant un peu de savoir lire et écrire...

Je la regarde retourner vers le centre et continue mes tours de ronde.
La nuit se passe sans autre incident. Nous nous remettons en marche. Je reste silencieuse, soucieuse dans ce décor qui en temps normal plairait plus que tout à une druide comme moi. De la végétation inconnue à perte de vue, que rêvez de mieux. Le problème est justement ce "à perte de vue" qui n'est pas respectée. A certains endroits la végétation est complètement dévastée sans même la moindre petite vie aux environs.
J'ai une impression de pression qui n'est pas dû à ce temps lourd et humide, mais bien à ses trous de végétation. Je ressens autour de moi une pression et une peur des végétaux. La vie est luxuriante pour eux, mais à la fois très dangereuse. Ce sentiment se projette violemment sur moi. A nouveau une ambiguïté se forme en moi: Comme ces plantes vivaces et proliférantes, je vais pouvoir grandir et me développer comme jamais sur cette île. Mais d'un autre coté, je risque de me détruire et de me consumer complètement.

Le repas du midi arrive, un vent calme et presque rassurant soufflant dans les hautes branches. Bogast semble nettement plus heureux que moi, entendant son élément.
"Le vent dans les feuilles... ces bruits... "

Soudain il semble soucieux et s'écrie:
"Ce n'est pas le vent le responsable ! Armez-vous vite !"

Je n'ai pas le temps de suivre son conseil qu'une pluie étrange nous tombe dessus. Je réalise très vite qu'elle n'est certainement pas inoffensive.
(L'aniathy...)

Visiblement, je ne suis pas la seule à penser à la petite créature embarquée contre son gré. Je me précipite pour la protéger de mon corps, Seldell semble avoir la même idée. Sans attendre plus longtemps et sans que je l'aie décidée réellement, je lance alors un bouclier terrestre peut-être suffisamment protégeant pour empêcher les sangsues de s'accrocher.
(Choisis vite. Trois autres personnes.)
Très vite la peau de Seldell, Keynthara grisonne, se mélangeant dans ma tête avec une plaque de roche. Tournant la tête, je vois Seyra déjà bien touchée avec d'autres créatures voulant s'y accrocher. Je la choisis, juste à temps. Je vois à son tour un mur de rocher s'approcher d'elle pour se fondre à sa masse et faire griser sa peau, à la surprise de Lelma. Enfin ma propre peau prend un aspect plus mat.

(C'est pas le choix idéal, mais c'est mieux que rien.)

En effet, c'est mieux que rien, les sangsues déjà accrochées restent, mais il est impossible aux autres de percer nos peaux. Je peux alors me relever, sachant l'aniathy hors de danger.

La "pluie" cesse alors, les dégâts sur chacun étant plus ou moins important.
(Tu sais que l'aniathy ne craignait rien?)
(Pas eu le temps de réfléchir, bon, on enlève ça comment.)
(Comme ça.)

Elle me montre mentalement Fizold grillant une bête sur la peau de De. Au même moment un jet de feu part de l'elfe gris dont je ne sais rien à part qu'il possède les magies de feu et d'obscurité.
"Avec des gens comme toi, je comprends mieux les trous de végétation dans la forêt."
Cependant, cela va me permettre de ne pas attendre que Fizold ait fini. Je me dirige donc vers l'arbre prenant une branche fine au sol que j'élague avant de la couper pour qu'elle ne fasse pas plus d'un mètre de long. Utilisant le feu fait par le pyromancien, je fais chauffer ma branche jusqu'à ce qu'elle devienne brûlante puis me retourne vers Lelma qui m'a suivie.

"Excusez-moi, vous pourriez m'aider à brûler la sangsue sur ma nuque, je ne peux pas le faire moi-même..."

En effet, une de ses sales bêtes a été se logé sur mon cou, juste sur la fleur de lys devenu un véritable tatouage bien détaillé et précis, trop pour être un vrai tatouage d'ailleurs...

(Qu’est ce que j’ai dans la tête moi ? Evidemment qu’elle n’a pas de quoi écrire, personne n’a idée de partir en voyage avec du matériel d’écriture…)

La Petite retourna vers son lit d’appoint aussi silencieusement qu’elle l’avait quitté, puis s’assit sur la couverture, observant le gros sac de sa voisine…

( Oh bah tiens, c’est une cartographe après tout, elle doit avoir de l’encre et une belle plume dans son sac… Et en plus, ils sont trois, on ne m’en voudra pas si j’utilise un peu de leur matériel… personne ne s’en rendra compte, avec tout ce qu'ils doivent avoir !)

La petite Aniathy était une véritable petite chipie, mais elle ne pensait pas à mal. Elle allait enfin pouvoir écrire un peu, et c’était tout ce qui comptait. Keynthara se doutait qu’elle allait perdre la main si elle ne s’entraînait pas régulièrement, elle qui s’était donné tellement de mal pour l’apprentissage en solitaire de l’écriture, durant les heures perdues de son ancienne vie.
Alors elle défit le nœud sommaire qui fermait le sac à dos de la jeune femme, profondément endormie, puis fouilla un peu avant de tomber sur ce qu’elle cherchait…

( Voilà, c’est parfait, il ne faut juste pas abîmer ses affaires…)

Keynthara sorti finalement le parchemin qui lui avait servi à apprendre sa toute première magie de lumière et commença à rédiger son journal personnel, comme elle le faisait auparavant…
Petit à petit, le détail des journées s’inscrivait sur la feuille magique au rythme du poignet de la Petite et bientôt, elle arriva à la fin, anticipant sur la journée qui allait bientôt arriver…

( Bon allez, on ne sait jamais ce que nous réserve demain, alors c’est le moment de dormir encore un peu…)

Elle était satisfaite de son travail et rendit les objets empruntés à sa propriétaire assoupie, puis s’allongea sur le côté pour ne se relever qu’au petit matin…

Fatigué par la journée je m'endors rapidement, Seyra à mes cotés fait de même. Tout semblait calme, deux gardes dont la druide nous protégeant des dangers extérieurs.

Nous sommes réveillés en sursaut, la nature s'affolait. Les oiseaux s'envolaient en piaillant. Je sors armé, prêt à faire face à un ennemi, mais rien ne venait. Je fais le tour du campement en observant les anomalies mais je ne distingue rien au delà de la lumière des flammes. Je pars pour me recoucher quand le sol se met à trembler, une violente secousse qui me fais tomber à terre. J'entends des arbres qui se couchent dans la forêt, abattus par le séisme. Heureusement cela ne dure que quelques instant mais qui durent une éternité. Je fais à nouveau le tour du campement, il ne semble pas y avoir de blessés, tant mieux.

(Qu'est ce que c'est ?)

(Un tremblement de terre je suppose ?)

(Oui, mais tu en sais l'origine ?)

(Non, je l'ignore.)

(Il était assez violent, il ne faudrait pas que cette île sous soumise aux séismes !)

(On verra bien, il faudra faire bien attention !)

Rassuré je repars me coucher. Seyra m'attendais devant la tente.

"Ce fut marrant, c'est quoi ?"

"Un tremblement de terre, et non ça n'est pas si marrant !"

Je n'allais pas lui raconter l'histoire de mon royaume et du lien étroit qu'il avait avec le Fluide Vital du Feu. Un lien paradoxal et mortel qui faisait que notre royaume devait la vie à cette chose mais en mourrait de même... L'instabilité du fluide caché au coeur de notre capitale Surana créait parfois des tremblements de terre, dont le plus violent avait rasé Surana il y a quatre siècles.

J'ai du mal à m'endormir par crainte d'une nouvelle secousse. Mais la respiration de Seyra, qui avait plongée sans crainte dans le repos, me berça et je succombais aussi au sommeil. Un sommeil chargé de message.

Ce rêve étrange restera gravé dans mon esprit toute la journée. Mais au réveil d’autres préoccupations me le font oublier un moment. On rassemble nos affaires, on prend une collation matinale et on repart pour notre marche, malgré les petits bobos et les courbatures de la marche d'hier. Seyra est pleine d'entrain comme à son habitude et chante un petit air tout en m'aidant pour les affaires et elle continue sur le chemin, rendant le sourire aux mines endormies du matin.

La marche est aussi pénible que hier, voir plus, les nués d'insectes sont toujours là, l'humidité suintante rend le sol spongieux parfois, la végétation est toujours aussi dense. Et c'est à coup de glaive que je taille un chemin pour les suivants. D'autres en tête font de même. Je veille par contre à ne pas me mettre des végétaux coupés sur moi pour ne pas en toucher ou en ingérer, craignant par ce biais de m'empoisonner.

Parfois nous passons à coté de zone de quelques mètres de coté où la végétation se meurt putréfiée, où aucun insecte ne bourdonne. Un air pesant plane au dessus de ces zones. Par prudence on se refuse d'en traverser. J'ignore à quoi est dû ce phénomène mais il est inquiétant.

(Une idée de ce que ça peut être ?)

(Je ne sais pas, je n’ai jamais vu ça... On dirait que la composition du sol a changé, sûrement que la zone est volcanique ce qui peut expliquer le séisme.)

(Donc cette montagne serait en fait un volcan ?)

(On verra bien.)

(Espérons qu'on voit ça à temps !)

Nous marchons encore un temps jusqu'à l'heure du repas de midi. Nous nous restaurons tranquillement quand le capitaine Bogast dit un truc que je n’entends pas, puis crie de nous armer. Je me lève d'un bond et prend la rapière près à en découdre. Une pluie molle nous tombe dessus.

(Mais qu'est ce que c'est ?)

(Sangsues !!!! Ne te fais pas mordre !)

J'essaie d'en trancher en vol mais c'est difficile, plusieurs s'accrochent à moi. Je vais pour protéger Seyra, elle en a pleins sur elle. Soudain sa peau vire au gris à mon grand étonnement. J'ai d'abord la crainte que ça soit l'oeuvre des bestioles mais Aakia me rassure.

(C'est un bouclier de protection utilisant la magie de la terre. Occupes-toi plutôt à enlever ces bestioles, elles vont sucer ton sang et te rendre malade si tu tardes trop !)

La pluie de bestiole cesse, Seyra ne se sent pas très bien et vient vers moi.

"C'est quoi ça ??? Ca pique !!!"

"Viens avec moi, on va t'enlever ça."

Je suis Lothindil qui chauffe une branche dans un feu allumé par mégarde par un des magiciens de nos compagnons. Elle se retourne et me demande si je peux brûler la sangsue sur sa nuque.

"Bien entendu, dois-je brûler la bête en un endroit précis ?"

Visiblement mon bouclier a été efficace, mais trop tard pour véritablement protéger la jeune fille.
(Bonne question... il doit cramer où?)
(La tête idéalement, mais comme je doute qu'il la distingue, où il veut.)

Je ne me retourne pas et me baisse un peu pour être à sa hauteur.
"Où vous pouvez ! Idéalement la tête..."

Il le fait sans trop de difficulté et la bête finit par lâcher ma peau dans une odeur nauséabonde de chair carbonisée. Etrangement mon tatouage n'a pas changé et la marque de la morsure n'est qu'à peine visible.

"Occupez-vous de Seyra. Elle est plus fragile que nous. Je vais faire une autre branche pour ôter les deux bêtes qui se sont infiltrées sous mon armure. Je m'occuperais des vôtres après."

Sans attendre, je trouve une autre branche que je prépare de la même manière. Je sais que l'humain s'occupera de la fille avant lui et donc que je peux m'occuper de moi avant lui aussi. Sans aucune gêne, je défais mon armure et le haut de ma tunique, tournant le dos à l'humain et au reste du groupe. Pouvant ainsi griller la créature qui est venu me sucer le sang au creux de l'épaule et l'autre un peu plus bas sur ma poitrine.
Calmement, restant de dos, je me rhabille, constatant que de petites plaques apparaissent à l'endroit des morsures.
(Je crois que ça va pas se passer aussi bien que prévu cette affaire...)
(Tu penses que c'est mauvais signe cette irritation?)
(Oui...)

Une fois à nouveau en armure, je reviens vers l'humain et vais faire griller un peu plus mon bâton.
"Vous avez fini de brûler les sangsues sur votre fille? Idée que je vous débarrasse de vos compagnons collants?"

Après cette nuit quelque peu agitée, Keynthara eut du mal à sortir de son sommeil. Ses étranges rêves l’avaient laissée tranquille pour ces quelques heures et avaient fait place à des songes on ne peut plus banals et totalement dénués d’importance.
Ce fut le capitaine Bogast en personne qui vint la réveiller énergiquement ce matin-là. L’Aniathy, fut prise de court et s’exécuta aussitôt, rangeant en vitesse ses affaires de nuit pour ensuite rejoindre les autres. Elle avait pu profiter d’un bon quart d’heure de sommeil en plus pendant que tout le monde se restaurait, mais il était maintenant largement temps de se remettre en route. Comme la veille, la troupe se disposa en file indienne relativement désorganisée, et ils reprirent le rythme de marche qui se voulait presque lent pour certains habitués, mais relativement soutenue pour la chétive demoiselle qu’elle était.

La forêt n’en finissait plus d’être dense et verdoyante, embellie par la chaleureuse luminosité de l’aube. Si tout autour d’eux était encore humide, la chaleur étouffante de la veille, elle, n’était pas encore au rendez-vous.
À plusieurs reprises, Keynthara et les membres de l’expédition s’arrêtèrent devant un spectacle relativement déroutant devenu de plus en plus fréquent sur leur chemin. Des végétaux de toutes sortes, arbres, arbustes, plantes grimpantes ou herbes sauvages, semblaient pourrir et se décomposer sur place, donnant l’aspect, sur une étendue de quelques mètres, d’un véritable cimetière végétal, à un détail près : il n'y avait absolument aucune trace d'insectes habituellement friand de cette nourriture en putréfaction...

(Qu’est ce que c’est que cette histoire… Je n’avais encore jamais vu ça. Il doit se passer quelque chose de pas très net ici. C’est pas la nature qui va faire ça toute seule, même sur une île nouvelle, comme ça, tout d’un coup…)

Keynthara réfléchissait avec les autres et était attentive aux commentaires de chacun, chacun devenu de plus en plus méfiant quant à cet environnement étrange…

Avec le bâton au bout fumant je brûle la bestiole, ne trouvant pas la tête j'appuie au centre. La sangsue grésille et fume, elle lâche prise. Sous la bestiole la Sindel a un étrange tatouage en forme de lys. Je n'ai pas le temps de lui dire qu'elle se retourne et me parle de m'occuper de Seyra et qu'elle s'occupera de moi après ça. Inutile de me le dire, je le sais déjà. Alors que elle se déshabille le haut sans gène, me tournant juste le dos je fais approcher Seyra et lui demande où sont les bêtes :

"Où sont les bestioles ? Que je te les enlèves !"

Seyra gardait son calme mais son teint était devenu plus blanc que d'habitude... Si c'était possible.

"Un dans le cou là, et les autres sur mon ventre et mon dos ! Papa ça pique, j'ai froid !"

"Attends je vais t'en débarrasser."

Je remets la pointe du bâton au feu et la presse contre la sangsue du cou qui explose sous la chaleur, déversant un sang clair. Je me mets à genou face à elle.

"Aller quitte ton haut, on a pas le choix, personne ne te verras."

"Ah si toi !"

"Non promis je regarderai pas !"

Je remets à chauffer pendant qu'elle quitte son haut. Elle en a une dans le bas du dos à gauche. Avec précaution j'y brûle et, à nouveau, un sang clair s'écoule. Deux autres sur l'omoplate sont détachées par le même principe. Reste deux autres sur la face ventrale. Seyra me fustige du regard, mais je n’ai pas le choix. Je mets à nouveau le bâton au feu et brûle la cinquième sur le ventre. La dernière se niche sous le bras, avec précaution et pudeur j'arrive à lui enlever.

"Voila c'est fini, tu vois ça a été vite fait. Ca saigne sur les plaies, il va falloir demander au docteur de te regarder ça ! Rhabilles-toi."

"Merci papa, à toi ! A tiens Lothindil viens t'aider !"

"Oui, j'ai fini ! Merci de m'aider, disons que dans le dos j'aurais du mal, j'en sens trois !"

Je m'ôte mon haut et me tourne.

"Vous les voyez ?"

La nuit se passe sans soucis, ormi le fait qu'un tremblement de terre se fait ressentir...
Etant étalé au sol, près de Malerin, je le ressens, mais n'en subit par les conséquences, alors que certains ont du mal à tenir debout durant celui-ci...

Au petit matin, la troupe repart et traverse une forêt...
Elle semble calme, presque apaisante... Pas comme la forêt des Faeras que j'ai visitée tantôt, mais...
Finalement, tout le monde s'arrête pour rpendre le déjeuné après quelques heures de marche.
Mais, Bogast semble inquiêt et en plein milieu du repas, il se lève, regarde vers les arbres, et pronnonce ces mots :

" Le vent dans les feuilles ... ces bruits ..."

Je me lève, sur mes gardes, et mes mains sur les pommeaux de mes deux lames...
Puis, il hurle :

"Ce n'est pas le vent le responsable ! Armez vous vite ! "

J'ai à peine le temps de réagir que déjà, une pluie de sangsue s'abat sur tout mes compagnons...!

(Trop tard ! Je n'ai qu'une seule chose à faire !)

Je bondis, et une fois arrivé à semi-hauteur, entre Malerin et les sangsues, j'entame une danse des lames aérienne, c'est une première, et nombre de sangsues tombent sous les mouvement de mes lames...
Je retombe sur le sol tant en évitant tant bien que mal Malerin d'un roulé-boulé, puis, je m'approche d'elle, et lui demande :

"Ca va, tu n'as rien...?"

Elle hoche la tête, mais malgré tout, elle essaye tant bien que mal d'enlever quelques sangsues collées à elle...
Je l'aide, en tirant chacune d'entre elles, au nombre de cinq, lui arrachant une grimace de douleur à chaque fois...
Je fais de même avec les miennes, j'en ai trois, puis je sors le baume que j'ai dans mon sac, et j'en passe sur nos blessures, pour éviter une infection...

Après ce petit désagrement, le groupe reprend sa route, et entame l'ascension d'un mont, pour arriver sur un plateau, plateau qui va nous servir de campement pour la nuit, la seconde nuit sur cette ile, qui commence déjà à tomber...

Malerin, ainsi que plusieurs autres membres de la petite troupe commencent à avoir des nausées...
Peu rassuré, mais certain de la provenance de tout ceci, j'apporte Malerin à notre médecin, que j'ai déjà rencontré tantôt, et lui demande :

"Excusez-moi sire, Malerin semble avoir contracté une infection à cause des sangsues... Auriez vous quelque chose pour l'aider...?"

L'humain ôte son haut. Sans doute est-il pas mal pour sa race, mais pour l'instant il y a autre chose à faire qu'à se perdre dans ces considérations pour le moins ridicule.
(Surtout que t'as pas le droit!)
(Je sais!)

J'applique la pointe encore rouge de mon bâton sur la première bête qui se décroche en étant encore vivante. Sans plus d'attention pour cette bête, je l'écrase de mon talon avant de continuer. Je trouve la seconde sur la colonne vertébrale, juste au-dessus du creux du dos. Elle ne met guère plus de temps que les autres à rejoindre les autres au barbecue.

"Plus que deux."

La troisième est sur les cotes et meurt rapidement. La quatrième est placée plus bas, au niveau des hanches.
(Tu vas quand même pas le toucher là?)
(Bah si.)

Sans attendre plus que ça, je prends la peau dans ma main pour maintenir la zone en place et éviter de brûler l'humain. Sans doute mes années à vivre plus souvent avec les arbres que les humains m'ont fait oublier quelques règles de pudeur et de bienséance, mais là, il faut y aller. J'approche mon bâton et brûle la créature.

"Voilà. Vous pouvez remettre votre haut. C'est fini."

Sur le chemin, Bogast rappelle tout le monde pour repartir. Je suis cependant inquiète par la pâleur et les diverses manifestations de ce qui semble être une maladie.

Arévoès vient juste de revenir lorsque Silinde lui demande de s'occuper de Malerin. Celui-ci lui monstre alors quelques plantes qu'il a trouvé, et commence à faire un petit feu sur lequel il pose une petite gamelle qu'il a emporté. Il met dans de l'eau en train de bouillir les herbes réduites en bouillie et y verse un petit liquide orangé. Après quelques instants, il retire la gamelle du feu et laisse refroidir. Une fois buvable, il en fait avaler à tous ceux qui se sent mal, c'est à dire Malerin, De, Cromax, et Seyra. Andelys lui ne ressent pas encore les effets, sans doute sa carrure lui permet-elle de résister plus longtemps...

L'effet n'est pas immédiat, mais le goût fruité du médicament est agréable et une demi-heure plus tard, ceux qui ont eut 5 sangsues sont totalement guéries, tandis que ceux qui en ont 6 sont encore un peu nauséeux. Dans tous les cas, vous conservez les courbatures. Le médecin finit par vous conseiller de boire beaucoup, et de manger solide en petite quantité...

Nous finissons par nous arrêter en fin d'après-midi, visiblement avant l'heure prévu. La marche de l'après-midi a été éprouvante pour ceux qui ont été les plus touchés et pour moi qui m'éloigne des bois pour rentrer dans une zone dévastée qui me mets visiblement mal à l'aise. De plus l'après-midi avançait, de plus la montagne se rapprochait deplus les arbres se faisaient rare. Pour ma part, je frissone à la vue de ce paysage dévastée.

Nous finissons donc par nous arrêter sur un plateau loin de tout arbre. Arevoés semble savoir que faire et soigne les malades. Je suis atteinte d'une maladie bien différente, même si ce désert me semble réconfortant en quelques sorte. Sous un prétexte quelconque je m'éloigne du groupe pour manger seule.

"Lirelan, que m'arrive-t-il?"
"Je ne sais pas..."

Moi non plus, je ne sais pas. Mais ce lieu dévasté me plonge dans une inquiétude et une anxiété rare. Pourtant le plateau en lui-même me semble réconfortant. Sa nudité, sa simplicité me semble d'une beauté rare mais inquiètante.
"Je suis fille des arbres et de la flore... Et pourtant."
"Et pourtant tu te plais à apprécier un lieu désertique."
"C'est plus complexe. Je n'apprécie pas ce lieu. Mais je m'y sens bien malgré tout."
"Je ne sais quoi dire..."
"Etrangement, je sens du calme ici. Juste un vide et une paix... La forêt me semble oppressante et cependant tellement attirante."
"Et ce désert..."
"Il me semble à la fois calme, reposant, mais repoussant."
"Quelle étrange gardienne tu feras..."

Le grand prêtre m'en avait parlé lui aussi. Je regarde mon tatouage me rappellant pourquoi je suis ici, pour devenir forte.
"Devrais-je aussi apprendre à aimer les lieux sans plantes?"
"Est-ce qu'ils sont de terre?"
Sa réponse me suffit... Oui, je suis fille de la terre et de Yuimen avant d'être une fille des plantes. Je rejoins le groupe et m'endors rapidement, des questions sur mon avenir dans mon esprit, sur la mission même que Yuimen attendait de moi en m'envoyant ici avec ces gens,...

La druide m'aide à enlever mes sangsues hors de portées dans mon dos. Elle est méthodique et appliquée. La dernière est placée en haut de ma hanche, une position un peu gênante, mais l'elfe s'en moque, elle me prend la peau pour maintenir la bête et la brûle la détachant elle aussi.

Je me rhabille et la remercie poliment.

Seyra me regarde durement !

"Papa !!!"

"Ben quoi ?"

"Tu n'as pas honte ?"

"Euh non pourquoi ?"

"Tu te laisses toucher !"

"Mais non c'est pas du tout ça, je n'avais pas le choix, tout comme toi tout à l'heure, tu vas bien ?"

"Je t'ai à l'oeil ! Je vais bien, j'ai un peu les jambes flageolantes mais ça ira !"

"Aller prépares-toi, on part déjà, rouquin a dit de partir de cette zone au plus vite."

Nous repartons, accélérant le pas, Seyra n'a pas le temps de voir le médecin mais elle semble quand même aller bien. Tout le monde se dépêche de quitter la zone de peur d'avoir une nouvelle pluie. Certain se sentent mal mais continuent quand même. Je n'ai que quelques vertiges qui passent vite, mais Seyra par contre m'inquiète. Une fois elle trébuche et je la rattrape à temps. Elle me dit que tout va bien, mais je vois à ses yeux que ça ne va pas...

Arriva ensuite la pause déjeuner en tout début d'après midi. Lorsque le gargouillis des estomacs furent probablement devenu insupportable pour le capitaine Bogast, il signala l'arrêt. Tous se rejoignirent alors pour prendre un bon petit repas et reposer leurs jambes très sollicitées depuis la veille. Keynthara, elle, se tenait assise, comme à son habitude, au côté de son ami Seldell et de son initiatrice en magie Lothindil. Ces petites pauses lui permettaient de se détendre totalement pendant que les autres se remplissaient la panse.
Les discutions allaient bon train depuis une bonne dizaine de minutes, sous le couvert des arbres frémissants, le capitaine s’en étonna d’ailleurs…

( C’est quand même étrange ce vent dans le feuillage, comme il dit… même pas une toute légère brise sur mon visage… alors que là-haut…)

La Pauvre n’eut pas le temps d’achever sa pensée car le capitaine s’était brusquement mis en alerte, criant aux autres d’en faire de même :

Ce n'est pas le vent le responsable ! Armez vous vite !

Tout se passe alors très vite lorsque la druide et Seldell se pressèrent au-dessus de l’Aniathy paniquée. Elle ne semblait pas comprendre ce qui était réellement en train de se produire jusqu’à ce qu’elle ait aperçu ces répugnants insectes rampants tomber au sol. Keynthara s’exclama alors en se levant d’un bond :

« Pouark ! Quelle horreur… Mais c’est quoi ces insectes immondes ! »

Sa peau commençait à étrangement se durcir, et elle se sentait un peu les membres raidis, mais le plus étonnant fut la teinte grisâtre que prit la peau de la jeune fille, tout comme celle de son second protecteur Seldell, ainsi que celle de Lothindil…

( Ce doit être elle qui a lancé un sort… Elle aurait quand même pu prévenir, ça fait peur…comme si je n’avais pas eu assez de frayeur comme ça… Mais au moins, nous sommes tous protégés, je crois…)

Bien sûr elle s’était trompée, puisque la druide et le cartographe s’attelaient maintenant à débarrasser leur peau et leur vêtement de ces ignobles sangsues, tout comme bon nombre des membres de la troupe.
Keynthara aurait aussi aimé se servir de son sort de protection magique pour les secourir, mais la magie n’était pas encore un réflexe chez elle.

( De toute façon, j’étais même pas sûre de réussir à lancer ce sort... Bon, voyons voir si je peux me rendre utile maintenant...)

Elle ne pouvait pas rester ainsi éternellement, à les regarder bêtement se démener, et elle était résolue à les aider du mieux qu’elle le pourrait. La Petite écrasait les sangsues restaient au sol qui tentaient de monter sur les chausses des aventuriers et elle essayait tant bien que mal de déloger ces sales bêtes des vêtements et de la peau de leurs victimes, mais cette entreprise fut sans grande réussite. Le feu semblait pour cela bien plus efficace et radical...

Ils se remirent alors rapidement en route de peur de rencontrer un nouvel incident. Ils quittèrent bientôt la forêt, ou ce qui en restait puisque plus ils avançaient, plus la végétation tendait à disparaître, morte et nauséabonde...
Ils trouvèrent enfin un petit plateau pour arrêter leur marche et se reposer enfin, en espérant que la nuit serait tranquille. Cette fois-ci, tout le monde était fatigué car le rythme de marche avait été beaucoup plus soutenu. Keynthara alla immédiatement se coucher alors que le soleil n'avait même pas encore complètement disparu.

Je me réveille en sueur, me rappelant que vaguement des ombres sinueuses qui avaient envahit mon esprit pour y distiller la terreur. A travers la toile de la tente, je perçois la lumière blafarde des feux de camps, entretenus au minimum à cette heure de la nuit. J’essaye de démêler les fils de mon cauchemar, d’en extraire des passages, mais seul un sentiment d’effroi à l’état pur me revient, me paralysant littéralement.

Un grognement à coté de moi me signale qu’Andelys ne s’est pas réveillé suite à mes mouvements brusques dans l’abri de fortune qui se montre petit quand le barbare massif fait parti de l’affaire. Je tente de me relever et de m’extraire de la couverture collante par ma sueur. J’ai si chaud que je décide de recommencer le sort que j’avais entrepris plus tôt pour remplir ma gourde et avoir un bâton glacé pour me rafraîchir. Je concentre à nouveau ma magie sur ma paume, mais en vain. La glace refuse d’apparaître et je sens encore une vague de chaleur me monter au visage.

(Décidemment, mon rêve m’a mis dans un état second…)

Je m’apprête à sortir de la tente pour prendre un peu l’air, quand j’entends des oiseaux s’envoler. J’ai à peine le temps de penser que ce n’est guère bon signe que ma main me tenant en position assise se dérobe sous moi et je retombe, gênant au passage Andelys. Mais cela ne s’arrête pas là : je sens le sol bouger, un peu comme le bateau quand la houle était importante. Les tremblements s’intensifient et la terreur s’empare de moi.

(Qu’est-ce qui se passe ?! Pourquoi le sol bouge-t-il ? Surtout, comment ?)

Les bruits à l’extérieur sont nombreux et j’arrive à deviner dans le brouhaha des chutes d’arbres et le réveil chaotique du reste du camp. Andelys aussi a perdu son sommeil et sort prestement de la tente sous mes yeux ahuris. Il s’éloigne sur des jambes flageolantes, mais il arrive à tenir alors que je peine à me traîner hors de la toile. Puis tout s’arrête soudain, le calme revenant, presque plus étrange que la folie qui l’a précédé. Certains font le tour du camp pour vérifier que tout le monde va bien et Andelys revient vite dans la tente, marmonnant que ce n’était qu’un tremblement de terre et que tout va bien.

(Qu’un !!! Si la terre bouge comme cela, l’île est tout sauf sûre. On devrait repartir avant qu’il ne soit trop tard.)

Mais m’imaginant brièvement expliquer cela à Bogast le lendemain, je décide de laisser tomber face à ses inconscients complètement bornés. L’heure est à nouveau au sommeil, pour se préparer pour la longue journée qui va arriver. Par contre, tous mes efforts pour me rendormir ne donnèrent qu’un sentiment de frustration énorme. Le séisme avait amené une panique passagère, mais ses traces, des flots d’adrénaline, tels des torrents furieux, continuent à battre mon sang dans un impétueux désir de me rendre alerte. Et puis une fois mon corps calmé, reste mon esprit qui ne veut pas s’éteindre dans les doux bras de Morphée. Je redoute de fermer les paupières, de revoir l’apocalypse qui s’étendait devant mon dans mon rêve, de la voir, cernée de noir, entourée par des cris d’horreur et de souffrance. Je reste ainsi, quelques heures, sans pouvoir dormir, mais la fatigue me rattrape et un sommeil de plomb, retombe sur moi, ne me libérant que le matin, alors que le camp s’apprête à être levé.

La marche dure une éternité. Seyra a de plus en plus de mal mais ne veut pas que ça se sache. Courageuse mais inconsciente Seyra ! D'autres sont aussi malades, se seraient donc les bêtes qui font ça ?

La forêt laisse place peu à peu à une zone où les arbres sont morts. Cette fois-ci nous n'avons plus le choix, nous devons passer par là pour grimper la montagne. Chose positive c'est que les insectes ont disparus, ce qui facilite notre vie. Nous commençons l'ascension mais les malades freinent le groupe, Seyra n'arrive plus à avancer et je suis obligé de la porter.

"Médecin, elle se sent pas bien ! Il faudrait s'arrêter pour la soigner, d'autres sont dans ce cas, je pense que c'est dû aux bestioles de ce midi !"

Mais le médecin n'est pas là, il est toujours dans la forêt à prendre des plantes, le rouquin me prévient et va en parler au Capitaine.

On arrive alors sur un plateau désert, Bogast décide de s'y arrêter pour la nuit. Le médecin revient juste derrière nous. Un elfe et sa compagne verte demande son aide, je vais vers lui et lui demande aussi. Il nous montre des plantes et nous explique qu'il va les soigner grâce à ça. Il prépare un foyer qu'il allume, met une gamelle dessus et y fait bouillir de l'eau. Pendant ce temps il réduit les plantes en une bouillie pâteuse qu'il verse dans l'eau à ébullition et rajoute un liquide orange. Il laisse ça se répandre puis sort la gamelle du feu et la laisse refroidir. Puis il donne le médicament aux plus touchés du groupe. D'abord l'elfe verte, puis Seyra, le fameux De et l'elfe gris à la faera.

Les effets ne sont pas immédiats mais ça semble aller dans l'ensemble. Arévoes leur conseille de beaucoup boire et de manger en petite quantité. Seyra reviens vers moi en marchant, ce qui est déjà un progrès.

"Ca va mieux ?"

"Un peu, j'ai encore mal partout et des nausées légères, mais c'est bien moins que tout à l'heure !"

"Tiens, prend la gourde et bois, tu dois beaucoup boire !"

"Et manger en petite quantité oui je sais !"

J'y souris et vais aider les autres à monter le camp. D'abord trouver le bois pour faire les cinq foyers puis monter les tentes. Une fois fini je retourne vers Seyra qui s'était déjà endormi et prend quelques lamelles de viande séchées. C'est bien peu, mais je pense que je n'ai pas la force d'avaler plus ce soir. Espérons que nous pourrons chasser plus tard, ici la zone n'est pas du tout giboyeuse.

Le médecin revient peu après avec des plantes, qu'il fait bouillir ensemble sur le feu, donnant ainsi une décoction orangée. Une fois celle-ci froide, il en donne à chacun de ceux qui souffrent des maux des sangsues affreuses et gluantes. J'en bois avidement une bonne gorgée fruitée, pour me reconcentrer ensuite sur ma garde. Le mal passe petit à petit et en une demi-heure, je ne ressens plus rien de la maladie.