Cromax a écrit:
Une fois le campement installé, la nuit tombée et le repas terminé, chacun regagne sa place pour dormir ou monter la garde. Comparé à la veille, il n’y a presque aucun vent sur ce sommet enneigé, bien qu’il fasse toujours aussi froid. C’est le petit humain rouquin qui veillera sur notre sommeil cette nuit, enveloppé dans une lourde couverture. Il gardera le campement avec Bogast, simplement habillé, un tantinet pas assez même, qui est pour le moment en train de s’amuser avec des mini tornades au creux de sa main. Je rejoins une des tentes, et avec étonnement, remarque que la jolie Cheylas me suit dans mon choix, s’installant tout à côté de moi. Je me couche face à elle, la regardant droit dans les yeux. Elle fait pareil. Son regard semble de braise et rien que de la regarder ainsi couchée à mes côtés anime en moi une chaleur nouvelle, bienfaitrice.
Sa menace de la veille est encore bien présente dans mon esprit. Aussi, je me contente de prendre doucement sa main dans la mienne, la serrant un petit peu. Un sourire naît sur mes lèvres, et sur les siennes. Nous restons ainsi, couchés, à nous regarder l’un et l’autre sans jamais nous quitter des yeux. Une sorte de symbiose s’installe entre nos deux corps, qui semble fonctionner au même rythme, réclamant les mêmes besoins. Dans ma poitrine, mon cœur bat vite et fort. Je sens à chaque battement le sang jaillir tel un feu d’artifice dans tout mon corps, gonflant mes vaisseaux sanguins. Je sens ce liquide vital parcourir les veines de ma gorge, monter jusqu’à mes tempes, inondant mon cerveau de vie et de pensées.
Soudain, sans avoir à me poser la question, mon regard se pose sur la poitrine de Cheylas, dans laquelle je devine un cœur semblable, battant au rythme de sa vie. L’elfe grise a peut-être une autre interprétation de mon regard et l’instant d’après, lâche une de mes mains pour la poser doucement sur mon visage. Elle caresse ainsi ma joue, tendrement, délicatement. Je ne bouge plus. Je ne sais plus que faire. Je suis désorienté par cette elfe qui me touche, dans tous les sens du terme. Sans plus réfléchir au moindre de mes actes, je pose ma main sur sa hanche et la tire un peu vers moi, rapprochant nos deux corps dans cette tente sous un pâle et beau clair de lune. Comme la nuit précédente, nous nous enlaçons l’un contre l’autre, face à face, couchés sur le sol. Nos mains cherchent les caresses dans le dos de l’autre, effleurent les vêtements sous toutes leurs coutures.
C’est elle qui plonge la première sa main sous mes habits, frôlant mon dos de ses doigts emplis de froid. Je frissonne, et essaie de ne rien laisser paraître. Malgré moi, un léger soupir de satisfaction sort de ma bouche et je recroise à nouveau le regard de Cheylas. Il est allumé d’une lueur coquine qui me retourne l’âme. Sa main griffe légèrement mon dos, arrachant mille frissons de bonheur à ma personne. J’essaie de rester maître de moi-même, effleurant sa nuque, ses hanches, ses cuisses,…
Nos visages se rapprochent l’un de l‘autre, laissant nos nez se toucher légèrement, jouant un peu avec. Elle me dépose alors un baiser au coin de la lèvre, discrètement, puis éloigne un peu sa bouche de la mienne en passant sa langue entre ses lèvres fines. Lèvres qui se referment bientôt sur les miennes, sans que j’aie à rien faire. Le baiser vient naturellement, nos chaleurs corporelles se mêlant. La langue de ma partenaire creuse un nid de douceur contre ma bouche, caressant le bout de la mienne.
Nous nous embrassons fougueusement, maintenant. Elle me grimpe presque dessus, me surmontant. Ses griffes dans mon dos se sont faites plus fortes et l’elfe grise paraît devenir sauvage, ce qui est loin de me déplaire. Je me laisse faire, l’embrassant, la caressant, la sentant frémir sous mes mains. Elle glisse sa main sur mon torse, faisant frémir toute parcelle de peau et…
Un rugissement, puissant, horrible, retentit à l’extérieur. Un peu sonné, je ne réagis pas tout de suite. C’est Cheylas qui se lève la première, mettant un terme à nos ébats nocturnes. Elle sort de la tente alors que je suis en train de dégainer ma rapière pour foncer à sa suite. Je sors et avance de quelques pas, sans bien encore distinguer ce qu’il se passe. Ma vision s’améliore et là…
Je lâche mon arme, qui tombe sans un bruit sur la neige glaciale. Je reste bouche bée, arrêtant d’avancer, complètement ahuri par la vision qui s’offre à moi.
Bogast est seul en train de lutter contre une créature géante et remarquable. D’une blancheur immaculée, un être majestueux, doté d’une splendide paire d’ailes faites de plumes soyeuses et longues, surplombe mes compagnons. Quatre pattes puissantes dotées de griffes acérées forment l’assise de cette bête fantastique. Son corps est recouvert de milliers d’écailles encastrées les unes dans les autres avec une précision remarquable. Son long cou est terminé par une tête de saurien, elle aussi composée d’écailles blanches. Sur sa tête et le long de son épine dorsale, de longs épieux forment une saillie pointue par endroits. Dans le prolongement de sa colonne vertébrale, une longue queue puissante et terminée par un fouet claquant au vent termine ce spectacle déroutant.
(Quelle splendeur…)
Je suis fasciné par la merveille qui se trouve devant moi. Maudit celui qui pourrait appeler cette créature merveilleuse un monstre. Bien que ses dents semblent aussi tranchantes que le fil de mon épée, je ne bouge pas d’un poil. Je suis prosterné devant une telle représentation de puissance et de beauté rassemblée dans un seul être, rugissant comme le tonnerre.
Mais nos guides ne se laissent pas désemparer par la créature. Bogats file des énormes gifles de vent à l’animal divin, alors que Fizold lui balance des boules de feu terribles, qui ne semblent pas beaucoup affecter la bête. Le Sindel pyromancien adopteur de sangsue hurle à tout va que cet animal royal est un dragon et semble vouloir familiariser avec, sans succès. Il continue à courir vers le dragon blanc, dans la neige, seulement paré d’un minuscule pagne qui ne laisse rien en secret de son anatomie virile, quoique certainement très diminuée par le froid de la montagne…
Le cryomancien hurle à son tour joyeusement le nom de la déesse des glaces, mais je ne sais si c’est pour lancer une prière pour se protéger, ou si il croit apercevoir une apparition par la créature.
Finalement, après s’être pris une flèche dans l’œil par notre petit Seldell, le dragon se fait repousser par une forte rafale de l’aéromancien et disparaît au loin après s’être pris une dernière boule de feu. Un peu paniqué à l’idée de ne jamais revoir cette bête magnifique, je ramasse ma rapière et commence à courir à toute vitesse vers l’endroit où il a disparu. Je cours, mais je me rends vite compte que je ne le rattraperai jamais… Je m’arrête et tombe à genoux dans la neige, criant de toutes mes forces…
« NOOOOOON REVIEEEEEENS ! »
Inutile cri, qui ne fait que raisonner dans la montagne autour de moi. Je baisse la tête, résigné, et reste ainsi quelques minutes…
(Le destin a placé cette créature sur mon chemin…Faites que nos routes se croisent à nouveau…)
(C’est plus que probable…C’est rancunier ces bêtes là…)
(Merci Lysis…Mais tu connais cette créature ?)
(Pas personnellement, mais c’est un dragon…Ils sont rares et se cachent la plupart du temps. Ce sont de terribles créatures qu’il vaut ne mieux pas avoir à combattre…)
(Qui voudrait tuer une telle merveille…)
(Oh crois-moi, ils sont beaucoup…)
(Je ne les laisserai pas faire…)
Avec une rage au ventre, je me relève et rejoints le campement, sans dire un mot à personne...Je retourne près de Cheylas, que j'enlace sans rien dire...