" Je vous répondrai tout simplement que si c'est de notre faute que vous êtes ici, vous n'aviez qu'à pas venir. Cette mission était basée sur le volontariat de chacun, et vous ne pouvez pas nous reprocher de vous avoir embarqué de force. Il était explicitement précisé qu'il y aurait des dangers. Je ne nie également pas que certains hommes soient des imbéciles sans cervelle, mais on peut en dire autant de certains elfes. Et sachez que je ne vous juge pas, je voulais juste vous faire remarquer la bêtise de vos paroles précédentes en pratiquant un de vos raisonnements... Je ne suis pas pour la supériorité d'une race, mais pour l'égalité de chacune. Je ne souhaitais pas vous vexer. "

Il lui donna une tappe amicale dans le dos pour lui prouver sa bonne foi.

" Excusez moi si c'est le cas. Je ne suis pas votre ennemi. "

Je regarde le nuage ardent se diriger vers nous. Je ne sais pas si nous parviendrons à l’arrêter. Pour une fois dans ma vie, j’ai peur de la mort. Mes mains tremblent, je sens la transpiration perler sur mon visage. Je dégaine mes épées par habitude mais je ne sais vraiment pas quoi faire.

( La mort sera un chemin à suivre)

Bogast fait un signe au jeune cryomancien qui nous accompagne. Il lève la main vers le ciel et fait apparaître une petite tornade.

( Il veut combattre la nuée par la glace, c’est évident, pourquoi je ne lui ai pas dit avant)

Le cryomancien s’approche du capitaine, il ne semble pas rassurer. Il y a de la peur dans ses yeux comme dans nous tous. Bogast utilise sa magie pour dévier la nuée au-dessus de nous. Je sens la température monter d’une façon extrême.

Le jeune homme arrive à créer une sphère de glace autour de nous pour nous protéger. Le mage semble faire appel à son dieu, il force de plus en plus pour épaissir son sort.

La nuée touche enfin le bouclier, celui-ci tremble et se fissure par endroit. Je transpire de plus en plus, je sens le souffle de la mort planer au-dessus de nous. Le mage envoie toute son énergie dans le dôme pour sauver nos vies mais aussi la sienne.

La nuée enfin passée, je vois le mage tomber à genoux. Puis il tombe, en lâchant un dernier sourire, sur le sol exténué.

Je regarde partout autour de moi et ne revois pas le dragon.

( Celui-ci avait l’air plus puissant que l’autre. Pourvu que l’on en aperçoive pas d’autre.)

Je me retourne pour regarder le chemin que nous allons prendre et tombe stupéfait. La moitié de la forêt en contre-bas a été ravagée.

Je regarde Bogast complètement exténué qui continu à donner des ordres.

( Voilà l’âme d’un chef, une personne qui même fatigué continu à se battre)

Tout le monde est sous le choc, le groupe se relève doucement puis nous reprenons notre route. Sur le chemin, je peux voir des petites plantes se faire brûler par des flammes encore destructrices. Celles se trouvant proche de moi, je les éteins pour permettre à la nature de reprendre vie.

Une fois arrivé à la fin de la descente, un spectacle lugubre s’offre à nous. Tout à été réduit en cendre, je suis triste pour cette nature qui était luxuriante mais je sais très bien que ceci fait parti d’un cycle qui reprendra bientôt car la forêt est comme le phénix. Elle renaîtra de ses cendres.

Je prends ma gourde pour me désaltérer mais une seule petite goutte vient tomber sur ma langue sèche. Je n’ose pas demander à mes compagnons qui semble être dans la même situation que moi.

( Il faut que nous arrivions dans la forêt encore intacte au plus vite)

Nous arrivons enfin dans la forêt encore intacte. Je me retourne et dis à mes compagnons :

« Nous avons besoin d’eau et pour ceci, nous devons nous servir de la mousse que nous trouverons en chemin. La mousse est capable de retenir plusieurs fois son poids en eau avec de la chance la chaleur n’a pas pu évaporer toute l’eau. »

Je recherche un arbre avec de la mousse dessus ou à côté. J’en trouve enfin, je me penche et prends une poignée de mousse pour la presser au-dessus de ma bouche, un fin filet d’eau vient couler jusque sur ma langue. Je ne dirais pas que ceci a suffi à rassasier ma soif mais elle m’aura un peu rafraîchi. Je prends une grosse poignée de mousse entre mes mains et demande pour en faire couler sur le visage de notre compagnon encore endormi.

Apparemment je peux, je lui humidifie le visage puis vais en rechercher pour le désaltérer un peu.

( J’espère qu’il ira mieux bientôt pour qu’il marche à nos côtés)

Arevoès, d'un ton neutre et non malveillant comme je l'ai cru un peu auparavant, explique sa remarque, et avoue être désolé de ma réaction, il s'excuse même de m'avoir offensé, disant que ce n'était pas son intention. Mes doigts desserrent les gardes de mes lames et mon regard s'adoucit, même si ça ne se voit pas à l'extérieur... Je souris en coin...

(Tu vois, rien ne sert de s'énerver, la meilleure solution est dans la diplomatie...)

"Si je suis ici, c'est parce que je l'ai voulu, veuillez excuser ma réplique insolente, j'ai réagi stupidement. Vous êtes un humain bon, e je regrette sincèrement les jugements que..."

Ma phrase est interrompue par la sindel, Lothindil, qui se rue sur moi sauvagement, me giflant de sa main. Visiblement, elle n'écoutait pas ma réponse à Arevoès. Je ne réagis pas à l'attaque, trop éberlué par cette réaction disproportionnée. Elle m'empoigne violemment et, ses lèvres à quelques centimètres de mes yeux, m'envoie un sermon immense sur l'orgueil dont des elfes gris sont victimes sur le Naora. J'écoute chacun de ses mots sans rien dire, complètement paralysé par ce qui apparaît devant moi. Le visage de l'elfe, ainsi que les mains qui m'ont empoigné se couvrent de poils drus. Le monstre, la bête mutante, me balance sur le sol et rejoins je reste du groupe. Je reste un instant sans réaction, assis sur les fesses.

(Une Sindel poilue vient de me lancer en l'air...)

Je sens la colère monter en moi, mais une petite voix retentit dans mon esprit. Celle de Lysis.

(Calme-toi, je t'en supplie. Cette elfe est hors d'elle, comme tu as failli l'être toi-même il y a quelques instants. Ne tombe pas dans son jeu...)

(ça va être très dur ça..)

(je t'en supplie...Ne te bas pas face à elle...Cette expédition tournerait au carnage...)

La rage en moi est bien présente, mais encore une fois, j'arrive à la contrôler plus ou moins. Je me relève et rattrape Lothindil d'un pas rapide. En posant la main sur son épaule et en tirant dessus, je la fais pivoter vers moi. Mon visage est crispé, et je me retiens de venger l'affront dont elle vient de me faire part. Mon regard, malgré moi, s'allume un instant de rouge...Cette réaction qui n'était pas survenue depuis bien longtemps. Mais elle s'éteint aussitôt, par la force de persuasion de Lysis.

(Calme toi!!!)

J'inspire alors grandement et me lance à mon tour dans une réponse à son sermon, le plus calmement possible, bien qu'une pointe d'irritation profonde perce dans ma voix.

"Comme je l'ai dit à notre médecin, je suis venu par pure envie et j'assume parfaitement mes choix. Je ne remets pas en doute la valeur de ces humains, ils sont braves et courageux. Je n'ai dit ça que sous l'effet de la colère, et je vous excuse de réagir pareillement.
Je n'ai jamais dit être supérieur aux humains. Je n'ai jamais dit que les elfes gris étaient supérieurs aux humains. A vrai dire, je ne connais qu'un seul elfe gris, si je ne compte pas les membres de cette expédition.
Je ne connais rien de ce peuple dont vous semblez haïr la culture. Je ne connais rien de ma race. Je ne sais rien de nos coutumes, de nos habitudes. Je n'ai jamais été en Naora. Je ne sais même pas ce que sont ces créatures que vous nommez Aniathy!
Il y a certainement, comme dans chaque peuple, des ahuris et des stupides sindel. Je ne me prends pas pour un dieu, ni pour un fils béni, comme tu dis. Je ne connais pas mes parents, mais ils ne sont certainement pas divins!
Je ne veux pas non plus croire que les elfes gris ne sont que tels que vous le décrivez, des meurtriers imbus de leur personne. Il y a du bien dans chacun de nous, peu importe la couleur de notre peau ou autres changements physiques.
Ce que j'ai dit sur les humains, ce n'est que parce que j'ai vécu des expériences désagréables en leur compagnie que je l'ai fait! Je sais qu'il y a des bons humains, et je suis persuadé qu'il existe aussi de bons elfes gris!
Vos sermons pourraient se retourner contre vous-même, Lothindil. Les elfes gris ne sont certainement pas tous comme vous les décrivez...
Encore une fois, je m'excuse de mes paroles auprès des humains de ce groupe, et j'aimerais que vous aussi, vous vous excusiez quand à vos gestes déplacés. Bien que je ne peux vous y soustraire. En vous énervant ainsi, vous avez sorti la bête sauvage qui était en vous, au propre comme au figuré, et vous devriez apprendre à a contrôler..."

Je respire rapidement emporté moi-même par le flot de mes paroles. Je la regarde et un sourire discret retrouve sa place sur mes lèvres.

Je respire rapidement emporté moi-même par le flot de mes paroles. Je la regarde et un sourire discret retrouve sa place sur mes lèvres.

"Et essayez de ne plus lever la main sur moi désormais..."

je sens la marque de sa main chauffer de douleur sur ma joue grise, certainement plus foncée sur cinq traits le long de ma joue...La sindel n'y a pas été de main morte.

(Merci...)

En partie calmée, je commence à perdre mes poils, ce qui a la fâcheuse tendance à me gratter le dos.
(Au moins ça t'apprendra à t'énerver pour un rien...)
(Un rien? Tu as vu comment il a traité le médecin. Nous serions morts sans les humains.)
(Ce n'est pas une raison. Tu aurais pu le tuer, tu te rends pas compte de ta force.)

Je jette un coup d’œil derrière moi et souris.
(Bah il semble solide le gaillard au moins.)
(Heureusement, ça aurait pu être pire.)

Je m'efforce de me calmer pour dissiper totalement les effets de mon sort au cas où le Sindel reviendrait à la charge avec ses invectives sur les humains.
Comme je m'y attendais, il revient bientôt à la charge et m'attrape par l'épaule pour me faire pivoter.
Quand il parle d'aniathy je souris en songeant à Keynthara, s'il savait qu'il y en avait une ici dans l'expédition. Je rie intérieurement quand il parle de ses parents, me souvenant qu'il en avait parlé. Je grimace en revanche quand il parle de changement physique, me grattant la joue et arrachant une touffe de poils au passage.
(Allez vas-y, excuse-toi...)
(Non, mais ça va pas.)
(Excuse-toi!)
(Non, je m'excuserais pas, il a eu tort je lui ai remis les idées en place, c'est bon.)
(Tu me donnes pas le choix...)
(Bon ça va.)

Je ne connais que trop bien les pouvoirs de ma faera sur moi pour savoir qu'il valait mieux éviter de les provoquer. Je rage intérieurement, mais malgré tout:

"Excusez-moi. J'aurais pas dû."

Je réalise quand même, que la vision d'une espèce de chien-elfe miteux qu'il doit avoir devant lui n'est pas agréable et qu'elle mérite explication.

"Quant à mon coté.... bestial qui a ressurgit. Je ne suis pas certaine qu'on puisse parler de ça. C'est en fait l'effet passablement déplaisant que provoque mon sort de force. Je ne savais même pas que je pouvais le lancer en colère, ça ne m'est en fait jamais arrivé. Après tout, il vaut peut-être mieux pour vous et les autres que vous l'ayez vu auparavant. Je dois dire que je m'y habitue personnellement, mais j'ai dû mal à m'imaginer à quoi je ressemble pour les autres autour de moi dans cette situation."

Il me demande avec un léger sourire de ne plus lever la main sur lui, je le regarde avec un sourire franc:
"Je veux bien essayer... mais veillez à ne pas traiter les humains de responsables de tous nos malheurs, et d'incapables devant moi alors."

Je finis de perdre mes poils quand nous arrivons à une partie plus accueillante de la forêt.

Je reste là, la rapière dirigée vers la nuée ardente, défiant la montagne, le dragon et la mort. Seyra m'attrape le bras et me sourit de son sourire triste. Finalement nous allions mourir ici à l'instant. Quelle stupidité ! Nous avions tant à découvrir encore !

Soudain ma vision se brouille, nous étions déjà mort ?

(Non, c'est l'Ynorien qui créé un bouclier de glace !)

Effectivement il était avec le capitaine et se concentrait pour faire son dôme de glace qui nous protègerait, j'espère, de ce qui arrivait.

(Il n'y arrivera pas seul, son dôme se brisera lors du choc !)

(C'est pour cela que le capitaine va lutter avec sa magie de vent ! Le choc des éléments ! La nuée est un mélange de feu et de terre et nous avons avec ces deux le contraire : la glace et le vent ! Ca peut marcher ! Ca va marcher !)

Le grondement terrifiant de la nuée arrive sur nous, le soleil se voile derrière le nuage maléfique. Le choc allait être terrible !

Il l'est ! La structure bouge, des gouttes d'eau nous tombent dessus. Le vent repousse les assauts de la terre, la glace refroidit le feu qui nous entoure. Tout est noir, le soleil ne perce pas les poussières et tout ce qui compose la nuée. Quel cauchemar !

(J'ai du mal à comprendre d'où vient sa magie à l'Ynorien, il consomme bien plus de mana qu'il n'en a vraiment ! C'est très surprenant ! Comme s'il puisait de son corps même et d'autre chose !)

(Moi j'ai du mal à concevoir la magie alors bon je trouve extraordinaire le fait qu'ils puissent nous sortir de là !)

Soudain l'humain tombe au sol, complètement vidé. La menace est passée, la structure éclate en morceaux de glace qui fondent très vite. L'atmosphère est chaude mais viable, chargée de poussières. Je met le tissus qui nous servait de bandeau pour les yeux il y a peu autour du nez et de la bouche de Seyra, pour filtrer les poussières. Elle fait de même pour moi. Tout est ravagé. La montagne semble coupée en son sommet, heureusement le monstre rouge a disparu, pourquoi a t'il fait ça ?

(Je l'ignore... Mais sa puissance est considérable !)

Plus en contrebas une partie de la forêt est en flamme, l'autre est ravagée, brûlée, pêle-mêle de cendres et de troncs. C'est affligeant, une telle destructions en si peu de temps. Arevoès est par terre, sous le choc. J'y tends la main.

"Relevez-vous, n'ayez plus peur c'est passé !"

Mon ton se veut rassurant. D'autres sont sur le choc du moment, je les comprends. Je n'ai pas réellement eu peur, pas eu le temps ! Seyra elle sourit à nouveau franchement et va tapoter le dos du barbare.

"Aller remets-toi grand gaillard ! C'est passé !"

Elle détend l'atmosphère de tension et ceux qui doutaient reprennent confiance. Même Seldell qui pleurait à l'écart, consolé par l'elfe grise, son amie.

En écho à Bogast qui signale au groupe que l'on peut continuer à descendre je rétorque :

"Faites attention où vous marchez, le sol est instable et chaud ! Ne respirez pas les poussière et protégez-vous au maximum !"

Mais peu de monde semblait m'écouter. Pire une dispute éclate entre la druide et l'elfe gris avec la faera. Il est d'abord question de vie perdue, puis l'elfe traite les humains d'incapable ce qui me fait sursauter.

(Il lui prend quoi à lui ?)

(Stress post-traumatique mélangé à une arrogance typiquement Sindel, n'y fait pas attention !)

Il se prend une baffe de la druide, de sa même race suivit d'un discours de reproche... Enfin tout un truc bien ennuyeux sindelo-sindel.

(Ils sont toujours comme ça dans leur pays ?)

(Là c'est des cas spéciaux, il n'y a jamais de généralité mais les Sindels sont plus ou moins comme les as décrit Lothindil même s'il elle grossi le trait exprès tant elle ne les aime pas.)

(Enfin bref, ça ne me regarde pas!)

La descente continue et nous finissons par atteindre une partie de la forêt non atteinte par la nuée ardente. Le problème de l'eau se fait cruellement sentir, beaucoup n'en ont plus du tout...

Ma prédiction se révéla juste, du moins, en partie car ce ne fut pas Arevoès qui aida Bogast mais Lillith, qui n’avait bien sûr pas l’air très rassuré et ce fut rapidement mon cas, car sa puissance, d’après ce que j’avais pu en voir, n’était pas de taille à faire face à la nuée ardente.

Tout se passa très vite… le cryomancien lança un sort de protection sur le groupe tandis que Bogast faisait passer le nuage au dessus de nous. L’humain dût sûrement renforcer sa barrière à plusieurs reprises car son épaisseur devint de plus en plus importante.
De mon coté, je me recroquevillais un peu plus sur le sol… il faut dire que j’en avais ma claque de la neige et de la glace… Soudain, le bruit assourdissant de la nuée s’éloigna et la barrière blanchâtre se brisa, laissant apparaître un décor totalement brûlé et couvert de cendre. Lillith tomba à genoux, sans aucun doute à cause de son exploit, pour terminer sa chute la face la première contre le sol.

(Faudra que je pense à le remercier…)

Bogast était lui aussi dans un état d’épuisement avancé mais il parvint tout de même à donner ses ordres aux autres qui étaient tous sous le choc et il y avait de quoi. Personnellement, je ne pu qu’applaudir avec force.

« Bravo !! Bravo !! Bis !! Une autre, une autre !! Quoi ? Oui bon d’accord, je me tais… »

Nous continuâmes alors notre descente, la plupart du groupe restant silencieuse, n’en revenant pas que nous ayons survécu. C’est alors qu’une querelle commença entre deux elfe gris, Cromax et Lothindil, et ils furent vite rejoins par d’autres, exposant chacun leurs points de vue et tout cela se finît par une jolie claque venant de la sindel.

« Encore un qui aurait mieux fait de se taire héhéhé »

Un grand sourire s’afficha ensuite sur mon visage, nous allions bientôt quitter la coulée de la nuée pour pénétrer de nouveau dans la forêt, un de mes milieux préférés.

Tout est blanc.
Une blancheur éclatante m’aveugle presque, semblant jaillir de partout. J’ai l’étrange impression de flotter. Je suis au milieu d’un néant étrangement calme.

(Suis-je mort ?)

Alors que ses pensées me traversent l’esprit, les mots viennent à ma bouche, avec des intonations faibles. Comme si ma voix part dans le vide.

« Suis-je mort ? »

Bien que ne m’attendant à aucune réponse, je suis un peu déçu de ne recevoir ni indication, ni consolation.

« Ca doit être ça, je suis mort. J’ai trop puisé pour les sauver. Et puis, C’était ce que j’avais convenu… J’offrais ma vie à Yuia pour qu’elle les protège. »

Cette pensée ne me remonte pas autant le moral que je l’espérais. Bien sûr, je suis heureux d’avoir pu les sauver, mais mort, je ne pourrais plus vivre. Bien sûr, c’est évident comme raisonnement, mais ce n’était pas une chose à laquelle j’ai beaucoup réfléchit. Etant jeune et insouciant, je me disais toujours qu’il y avait le temps de faire certaines choses. Maintenant, c’est finit.

« Tout est finit ! »

Pas le moindre écho ne me rapporte mes paroles, dans un silence lugubre. J’essaye de m’asseoir avant de me rendre compte que les mouvements sont bien difficiles quand on flotte dans l’air et que poser mes fesses sur le sol serait bien dur vu qu’il n’y en a vraisemblablement pas. Je finis par rester sur place, méditant sur mes derniers instants.

« C’est quand même incroyable ce que j’ai pu faire grâce à Yuia… J’ai du mettre près de 8 ans à faire léviter de la neige, et en à peine un mois, j’ai beaucoup évolué. J’arrive à contrôler bien plus ! J’ai sauvé tout le groupe alors que j’arrivais à peine à battre un gobelin sur le chemin du temple dans les Duchés, et encore, c’était par malice et avec beaucoup de chance. »

Un frisson me parcourt alors que je fais face à ce constat presque effrayant.

« En même temps, j’ai découvert tant de choses depuis mon départ, ça m’a fait beaucoup évolué, c’est sûr. »

Je reste longtemps à méditer. Pendant des heures qui me semblent interminable, je commence à entrevoir ce que va être ma non-vie. Une éternité dans le vide, ne rien faire.

« Avec ce temps à profusion, je vais finir par devenir fou. Les images de ma mère et Lallydir vont vite s’effacer, devenant qu’un lointain fantôme d’une vie passée et révolue. Je ne veux pas oublier. Pourquoi a-t-il fallu que je sacrifie ma vie ? Pourquoi la nécessité de mon don de vie pour sauver les autres ? »

« Voyons, tu crois vraiment que Yuia est si aveugle et ce satisferais d’une mort ? »

Cette voix fluette est suivie d’un rire cristallin. Affolé, je tourne la tête dans tout les sens pour trouver l’origine de la voix.

« Qui est là ? »

Seul le rire me répond, semblant parvenir de chaque coin.

« Yuia ? »

« Tu n’en as pas assez de prendre tout le monde pour Yuia ? »

Je commence à prendre peur. Comment sait-elle cela ? Enfin, je suppose que c’est une femme par la voix. Mais pour connaître ma pensée, elle doit être… je n’ose pas y penser…

« Où êtes-vous ? »

« Ks ks ks… Tu le sauras en temps voulu. C’est bien trop tôt. »

« Je ne comprends pas… Ca ne sera jamais trop tôt, je suis là pour l’éternité. »

Elle se moque alors de moi, profitant de mon ignorance pour s’amuser.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Ks ks ks… Yuia aurait plus besoin de toi vivant et la servant que mort… Tu es juste dans un sommeil très profond. »

« Je ne suis pas mort ? »

Une lueur d’espoir naît dans mon cœur et je sens mon esprit s’éveiller en reconsidérer les possibilités de mon avenir. Mais d’un coup, tout le blanc hantant les lieux commence à s’assombrir.

« Eh bien tu es… Oh non… A bientôt Lillith, nous nous reverrons. »

« Attends ! Reste, qu’est-ce qui se passe ? »

Mais la voix s’est déjà évanouit, dans un petit sifflement sonore. Je suis à présent dans un noir d’encre. Je me sens lourd, et tombe sur un sol que je ne peux voir, sans parvenir à me relever ensuite. Je suis à nouveau seul, mais dans une détresse inouïe. Et dans l’immobilisme le pus total, j’attends la sentence des grincements stridents qui se réveillent peu à peu.

(((Je finis le reste du rp avec mon réveil )))

Keynthara avait pressenti la fin approcher pour eux tous, pourtant elle était toujours là en esprit, subissant une vision éthérée de ce qui était en train de se produire. Elle aurait souhaité partir avant cet atroce moment qu’elle était obligée de vivre malgré tout car elle semblait flotter, libérée de toute contrainte physique, au-dessus de son corps inerte, au côté de ses amis qu’elle ne discernait pas vraiment dans cette étrange brume lumineuse. Elle était seulement là, passive, et ne pouvait rien faire, seulement savoir, prendre conscience de ce qui arrivait, et se souvenir aussi... Se souvenir de son rêve troublant, celui du petit chat qui l’avait appelé, celui du nuage, noir, qui l’avait engloutie, torturée et étouffée... Tellement similaire à cette énorme masse aérienne qui allait s’abattre sur ses amis... Et elle restait là, à contempler sans pouvoir réagir, la mort qui descendait sur son corps immobile. La mort, ça ressemblait donc à ça... Une lueur sombre, digne des plus profonds abîmes, qui absorbée toute l’énergie, la lumière qui l’entourait. Ainsi c’était comme ça qu'agissait Phaitos, exigeant son dû, et bientôt il ne resterait plus rien...
Une lueur s’intensifia pourtant, prenant vie en Bogast, qui s’assembla harmonieusement avec celle de Lilith...
L’esprit de la Petite Aniathy cherchait en vint une logique à tout ce qu’elle pouvait subir et ne trouvait d’explication à ce qui était en train de se dérouler...

(L’affrontement entre le bien et le mal, la mort et la vie, le destin et la fatalité... Alors rien n’est jamais perdu, rien n’est jamais fini, le combat ne s’achève jamais...)

Une barrière semblait pourtant empêcher aux deux forces de se rencontrer et de prendre pied sur l’autre, mais le nuage, ténébreux et dangereux s’affaiblissait...

( Nous sommes sauvés... Merci...)

Elle ne comprenait pas comment les choses avaient pu prendre cette tournure, et déjà elle perdait à nouveau pied, pour redescendre sur terre, reprendre sa place et vivre les événements comme elle l’avait toujours fait auparavant...

Keynthara ne parvenait pas à ouvrir les yeux, elle se sentait faible, à un point inimaginable. Elle reposait dans les bras de quelqu’un, peut-être Seldell, mais elle ne pouvait pas bouger, elle ne voulait pas parler et se laissait bercer par les mouvements de son ami... Elle était en sécurité et ne voulait pas se rappeler qu’ils avaient tous frôler la mort....