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 Sujet du message: Re: Chapitre 2 : Le mensonge pour la Lune
MessagePosté: Mar 8 Déc 2009 18:26 
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Tiens donc, c’était qu’on aurait pu dire que le demi-aniathy que j’étais en imposait bien plus que l’on aurait pu le croire concevable, toutes les personnes dans la salle s’étant renfermées dans un silence qu’on aurait pu qualifier de respectueux tandis que je déambulais calmement d’humaine en humaine, m’efforçant de rester aussi inflexible que si j’avais été en train d’inspecter une marchandise pour en déceler les défauts et ainsi séparer le bon grain de l’ivraie. Qui plus était, ce qui pourrait paraître le plus étonnant pour des esprits trop peu raisonnables, c’était que j’étais véritablement aussi serein que j’en avais l’air, l’expression à la fois calme et éveillée que j’affichais n’ayant rien d’un masque de joueur de cartes puisque aucune agitation ne troublait ma psyché. Bien sûr, j’avais des craintes, notamment celle de déclencher involontairement quelque fâcheux mécanisme vicieux, ou encore de me faire saigner à blanc par ce Kal aussi psychotique que le cryomancien, mais étant donné que j’avais choisi la voie que j’appliquais désormais en toute connaissance de cause, je pouvais la suivre sans me voir ballotté dans les affres d’une angoissante incertitude.
De plus, la situation était loin d’être aussi potentiellement explosive qu’elle pouvait le sembler, puisque pour me couvrir en cas de danger, il y avait le preux Arhos, lequel se chargeait présentement d’empêcher le jeune homme aux cheveux blancs d’agir à tort et à travers, le brave garçon. Comme quoi, en encadrant convenablement les humains afin de les empêcher de faire l’une ou l’autre bêtise, il était tout à fait réalisable de les sortir de leur manque de capacités de planification à long terme et de canaliser leurs énergies pour leur donner la possibilité de faire des choses utiles ! Non pas que je fusse raciste, loin de là, m’est force m’était de constater que les faits parlaient pour la supériorité des sindeldi : si nous étions capables de séjourner sur des cités flottantes alors que les autres ethnies devaient se cantonner aux territoires qui se rattachaient directement au sol, ce n’était pas pour rien après tout.

Quoi qu’il en fût, puisque je pouvais être tranquille du côté du jeune étourdi, les Malehën n’auraient pas dû poser de problèmes, et effectivement, rien de fâcheux ne se passa lors de mon tour d’horizon, chacune répondant par l’affirmative ou la négative selon mes directives. Ainsi, il s’avéra que la première, qui prétendit être des nôtres, était une menteuse, aussi la rayai-je mentalement de la liste de choix possibles, la deuxième bénéficiant de son côté du bénéfice du doute sans pour autant que je prisse le risque de me montrer trop catégorique : il restait possible qu’il y eût quelque entourloupe là-dessous, et pour avoir une opinion plus exacte sur le sujet, autant poursuivre le questionnement. Toutefois, la suite ne fit que confirmer ce que cette indication permettait de supposer, la jeune femme suivante se montrant d’une franchise qui me fit soulever un sourcil d’étonnement mêlé d’amusement tandis que les deux dernières tentaient leur chance par la menterie, essai qui ne leur fut guère fructueux.
En définitive, la conclusion de cette expérience était un succès aussi probant que je l’avais espéré, et je ne me gênai pas pour afficher un radieux sourire satisfait de moi-même puisque après tout je n’étais qu’un gamin et n’avais donc pas à faire montre du professionnalisme le plus avéré. Cependant, en sus de cette expression de contentement existait une profonde mélancolie, celle de ne pas avoir quelqu’un pour m’accompagner dans de pareilles procédures ; quelqu’un comme ce si chèrement inestimable Aenigal qui n’avait jamais manqué d’avoir un mot ou un geste d’encouragement à mon égard lorsque je faisais des progrès. Ce fut à la recrudescence de ce sentiment de perte moins intense mais non moins présent qu’auparavant que je réalisai que peu importerait ce que j’allais pouvoir découvrir, mon oncle me manquerait toujours autant et je ressentirais toujours sa mort comme une affligeante perte irréparable.

Remuer ces peu joyeuses pensées ne m’empêcha pas de retourner promptement aux côtés de la Malehën qui ne pouvait qu’être la vraie et qui me fixait muettement avec des yeux dans lesquels brillaient une lueur d’espoir plus vive que jamais maintenant que la délibération allait de toute évidence en sa faveur. En vérité, il n’y avait pas à hésiter : tout ce qu’il restait à faire était de trancher les cordes qui la retenaient pour ensuite partir tous les cinq de cette pièce dont l’atmosphère de tromperie n’encourageait guère à un séjour prolongé… et poursuivre inexorablement cette série d’épreuves stupides. Mais dans l’exécution de ce plan, il y avait un petit souci qui était que je n’avais assurément pas la force physique nécessaire pour arracher des liens aussi robustes, et que je ne disposais d’aucun objet coupant sur moi pour remédier à cette faiblesse.
Mais pour quelqu’un de suffisamment intelligent, à tout problème, il y a une solution, celle de la situation présente étant tout simplement d’emprunter à la demoiselle l’arme blanche qu’elle portait à la ceinture et dont le fil permettrait sans nul doute de mener la tâche de tranchage à bien, quitte à s’y reprendre à plusieurs reprises. C’est que j’avais peut-être une puissance musculaire qui n’avait rien d’éblouissant et étais doté d’une aptitude à croiser le fer qu’on pouvait plutôt qualifier d’inaptitude, mais ça ne voulait pas dire pour autant que je n’étais même pas capable de soulever une épée ni d’en donner quelques coups sur un bête lien du genre de celui que j’avais en face de moi. Bien évidemment, j’aurais pu faire appel à ma magie pour abattre le boulot en deux temps trois mouvements ou requérir l’aide d’un des deux humains si prompts à frapper, mais d’une part je ne voulais pas dilapider mes fluides uniquement pour avoir l’air classe, et d’autre part, je préférais tant qu’à faire mener le résolution de l’épreuve moi-même d’un bout à l’autre. Ainsi, après avoir pris possession de la lame dont j’étreignis la garde aussi solidement que j’en étais capable, je me mis à l’abattre avec énergie sur les câbles de chanvre pour les gratifier d’une section nette, le tout avec un joli sourire de garçon charmant sur le visage, causant gaiement avec Malehën :

« Alors, t’as pas eu trop peur ? T’inquiète pas, en deux temps trois mouvements, tu seras sauvée ! »

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Tuia, sindel mâtiné d'aniathy, né, brisé, refaçonné, puis brisé à nouveau.


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 Sujet du message: Re: Chapitre 2 : Le mensonge pour la Lune
MessagePosté: Mer 9 Déc 2009 22:22 
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Les liens ne résistent pas longtemps à tes assauts, bien que faiblards. Un coup final vient délier la jeune femme aux cheveux roses qui s’étirent avec vigueur. La position devait être assez inconfortable. Après s’être ébroué, elle se reprend et finit par te répondre :

« J’ai eu un peu peur que vous ne me trouviez pas. Mais bon, cette mascarade est finie, il faut l’oublier. »

Sur ces paroles, Arhos vous rejoint souriant et content. Vous allez enfin pouvoir avancer au complet, un détail de choix pour la réussite de votre entreprise. Il semble optimiste et déclare :

« Je crois que ce premier problème est réglé, il ne nous reste plus qu’à avancer. Mais soyons prudent. »

Puis, il se tourne perplexe vers la porte, attendant sans doute comme Mahelen, les directives habituelles du gamin rouquin.

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Quatrinette pour les intimes, n'hésitez pas à poser des questions, je suis là pour y répondre ;)
Merci à Itsvara
Et surtout, bon jeu à tous !


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 Sujet du message: Re: Chapitre 2 : Le mensonge pour la Lune
MessagePosté: Sam 12 Déc 2009 07:34 
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Et vlan et vlan, et voilà qui fut abattu fort promptement ! Comme je l’avais prévu, quelques coups hardiment portés de ce couteau géant furent ce qu’il fallut pour amocher suffisamment les cordes jusqu’à ce qu’elles se rompissent, et même si n’importe qui d’autre que moi ici présent aurait très certainement pu mener pareille entreprise bien plus efficacement, il n’empêcha que la besogne ne me prit guère plus d’une minute. Qui plus était, détail pour le moins appréciable au sein des épreuves où un obstacle nouveau pouvait survenir à tout moment sans crier gare, rien de fâcheux ne se produisit, la salle toute entière restant au contraire plongée dans un silence et une inaction qui ne furent pas sans me frapper à tel point que je me demandai s’il n’y avait pas sérieusement anguille sous roche : jusqu’ici, Meredith et Kal s’étaient montrés tout autant volubiles l’un que l’autre, chacun à leur manière, mais ils se tenaient désormais renfermés dans une posture d’immobilité complète digne d’un golem dépourvu de source d’énergie. C’en était effrayant.
Enfin bref, pour garder la tête froide et revenir à notre prisonnière, ce ne fut pas la reconnaissance qui l’étouffa, celle-ci se contentant de s’adonner à quelques étirements pour chasser ses bien compréhensibles engourdissements avant de répondre de façon renfrognée, presque froide, à mes attentions pourtant si aimables de gentil garçon qui auraient certainement suffi à adoucir le plus fruste des cœurs. Voilà bien qui prouvait que les humains n’étaient décidément pas une race très encline au raffinement ou même à une finesse de quelque sorte que ce fût ; proprement inconvenant, mais pour bien lui montrer que j’étais fait d’un bois plus poli, je lui restituai l’arme que je lui avais empruntée sur un autre sourire certes un peu plus forcé que le précédent mais de bon aloi. C’était que manifestement, tout ce beau monde, j’allais avoir à me le coltiner pendant un bon bout de temps, alors tant qu’à faire, mieux valait faire en sorte d’entre en meilleurs termes possibles avec le maximum de personnes, surtout que plus les heures passaient, et plus les lieux avaient un quelque chose d’indicible mais d’oppressant qui menaçait mon self-contrôle si précieux sans heureusement réussir à l’atteindre… pour le moment.

Mais bon, il fallait ne pas partir en divagations, rester aussi calme et raisonné que jusqu’à maintenant, et, ainsi qu’Arhos qui était tout de même doté d’un certain bon sens le faisait remarquer, passer à la suite des épreuves puisque celle-ci avait jusqu’à preuve du contraire été remportée sans nulle anicroche par votre serviteur au cœur bouillant mais à la tête froide. Ainsi, dans un premier instant, je m’attendis à ce que les deux manieurs d’épée prissent quelque initiative, mais bien au contraire de cela, ils restèrent aussi stoïques et inactifs que des golems susmentionnés, comme attendant des ordres de ma part si j’en jugeais par les regards appuyés qu’ils me portaient. Sur le coup, j’avoue que j’eus une sorte de moment d’inquiétude qui confina franchement à l’angoisse : est-ce que tout le monde se changeait par hasard peu à peu en automate dénué de volonté propre, et n’avais-je été épargné qu’en vertu de quelque caprice de l’organisateur de tout ce cirque afin de voir ce que je pourrais donner en tant que meneur de toute cette bande pour une raison qui m’était inconnue ?
En vérité, la pensée avait de quoi donner froid dans le dos : certes, j’étais un magicien avoué, mais ce n’était pas pour autant que j’aurais jamais de ma vie penché du côté de la nécromancie, or, c’était dans cette branche passablement glauque et machiavélique que se comprenait le contrôle d’être privés de libre-arbitre comme avaient l’air de l’être mes compagnons de route d’une manière qui me mettait de plus en plus mal à l’aise. Si je leur donnais pour instruction les insanités les plus criantes, les respecteraient-ils tout de même en vertu de cette sorte de confiance aveugle dépourvue d’esprit d’initiative qu’ils me portaient ? On le concevra, la réflexion fut comme une once de noir prête à être broyée, aussi préférai-je l’écarter et me concentrer à nouveau sur des problèmes plus urgents et plus concrets tels que l’organisation de notre groupe : puisque ces deux-là m’avaient comme qui aurait dit donné le poste de guide, autant l’assumer de façon aussi génératrice d’efficience que possible. Je n’avais pas à le démentir, l’attitude de la blonde et du blanc ne m’inspiraient rien qui valût, raison pour laquelle je proposai en me retenant de justesse de laisser tomber mon masque pour me montrer aussi intelligent, acéré et stoïque que je l’étais :

« Dites, y’a ta copine… » Mentionnai-je en me tournant vers Malehën « … et Kal qui ont l’air bizarre ; faudrait vérifier qu’ils vont bien. Moi, pendant ce temps là, je vais ouvrir la porte ! » Claironnai-je avant de me diriger vers l’immense panneau bardé de renforts devant lequel je passais plus que jamais pour un être à la verticalité désavantagée, leur laissant les tâches subalternes pour me consacrer à ce qui relevait le plus du domaine de l’étude et du raisonnement.

Je ne tardai pas à m’en rendre compte, le système d’ouverture requérait en toute simplicité que quelqu’un calât ses mains dans deux creux prévues à cet effet, ce quelqu’un ne devant toutefois pas être n’importe qui comme l’indiquait l’allure des moulures de même que la logique de l’épreuve : pas besoin de se retourner le cerveau pour savoir que notre humaine aux cheveux roses était celle destinée à être la clef de cette serrure si unique en son genre. Bien sûr, une crainte à avoir était qu’un tel mécanisme ne renfermât quelque piège, mais d’autant que je pouvais en juger, rien ne laissait présager que cet énorme monceau de métal en comprît un, et de toute manière les chances qu’un piège fût inhérent au fonctionnement de l’ouverture de ce bel engin étaient dans l’absolu égales à celles que la moindre parcelle du sol sur lequel nous posions les pieds en inclût. Bref, tout ça pour dire que tergiverser n’était guère productif, et donc, après avoir fait mine d’étudier tout cela de plus près pour la forme, je me tournai en direction de l’ex-prisonnière et la hélai :

« Hé, Malen ! Tu pourrais venir voir ? On dirait qu’il faut que tu mettes tes mains pour continuer. »

Voilà qui était fait, et à propos de mains, je pouvais momentanément m’en laver les miennes puisqu’il n’était en l’occurrence plus de mon ressort de me charger de la suite immédiate des évènements. J’en fus d’ailleurs satisfait, car cela ne put que me donner l’opportunité de pousser plus avant une réflexion qui m’était venue au fur et à mesure que le temps que nous passions dans cette salle s’écouler, et à laquelle je désirais à présent apporter quelques données supplémentaires tant que j’en avais la possibilité : j’avais réussi à discerner la vraie Malehën parmi toutes les fausses, et cela était fort bien, mais qu’en était-il de ces clones ? Pourquoi avaient-ils cessé tout remue-ménage alors qu’ils avaient auparavant été si agités ? Qu’étaient-ils au juste pour être capable d’une telle capacité de mimétisme ainsi que d’une propension évidente à la capacité de penser et d’improviser pour réagir de manière aussi cohérente qu’ils l’avaient fait face à nous ? Je ne me voyais pas trop disséquer l’un des sosies à la manière d’un batracien de cours de science pour trouver des réponses à mes interrogations, et nous étions de toute façon un peu trop pressés par les évènements pour que je m’appesantisse sur le sujet, aussi me décidai-je pour une question toute simple que j’adressai à la copie conforme la plus proche :

« Mais au juste, si vous êtes pas Malen, vous êtes qui ? »

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2 : Le mensonge pour la Lune
MessagePosté: Lun 14 Déc 2009 00:02 
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Continuant de couper corde après corde, je vis Arhos se glisser entre Mahelen et moi, me disant :
« Ne vous précipitez pas, je crois que notre ami Tuia a trouvé une bonne tactique »
(Nôtre ami hein ?...)
Je n’avais guère envie de m’arrêter, ayant mon plan en tête pour me sortir de cette « épreuve ». D’ailleurs quel étrange déroulement pour un « tournoi ». J’avais imaginé que les épreuves seraient plus actives et moins portés sur les énigmes comme ça se trouvait être le cas maintenant. Déjà nous avions passé la porte à force de réflexion et nous enchaînions avec cette situation grotesque qui ne requérait, apparemment, pas le moindre de mes talents. Heureusement peut être au vu des pulsions quelque peu bestiales qui me sautaient à la gorge sans crier garde. Enfin, maintenant, le grand blond bête me demandait de m’écarter… comme quoi le plan de Tuia serait meilleur que le mien…
(Bien sûr qu’il l’est, il réfléchit lui, tandis que moi je fonce, je veux me sortir d’ici. Je veux retourner à Tulorim, y tuer, continuer mon apprentissage et mon entraînement…)
La tentation de m’attaquer à Arhos me prit un instant. Durant une seconde, une très longue seconde, mes pulsions meurtrières se ranimèrent… moins bestial qu’avant néanmoins vu que j’arrivais à exercer un certain contrôle. Peut-être était-ce dû au fait que cette préméditation de meurtre soit du fait de ma pensée ; quoi qu’il en soit, j’envisageai la possibilité d’assassiner Arhos sous tout les angles possibles. Néanmoins, à chaque tentative, ce même instinct qui m’encourageait à tuer me soufflait qu’il fallait prendre garde cette immense épée noire.
Finalement, je décidai qu’il ne servirait à rien d’attaquer dans ces conditions forts peu avantageuses où je me trouvais être blessé, seul contre deux, avec un adversaire dangereux de surcroit… nous avancions dans la même direction, donc pourquoi m’opposer à eux…

Je m’écartai quelque peu de la scène, rangeant mon wakizashi dans son fourreau orangé, puis j’observai tranquillement le déroulement du plan de Tuia avec intérêt.
Le gnome passa devant la seconde humaine qui répondit d’un « oui » sonore. La troisième fit de même, puis, à mon grand dam, la quatrième, celle que j’avais commencé à libérer ultérieurement, répondit d’un déni tout aussi franc que surprenant… qu’avait-elle en tête ? Enfin, les cinquième et sixième répondirent elles aussi d’un « oui ».

(Bon. J’avoue m’être trompé… Alors Tuia, quelle est la bonne ? )
En effet, les cristaux colorés avaient réagi de concert avec les voix des humaines, s’irradiant à chaque fois d’une teinte claire ou foncé, restant néanmoins dans le violacé. Le gnome devait avoir trouvé la solution car il affichait un immense sourire de contentement, regardant les humaines avec des yeux pétillants d’excitations. Ainsi, il revint se placer vers la troisième humaine, la contemplant quelques temps dans les yeux. Etait-ce donc l’originale ? Autant pour moi. Je vis donc l’agaçante petite créature se munir de l’arme de l’humaine pour se mettre à bûcher sur les liens qui la retenait, et se faisant, il lui soufflait quelques encouragements pour le moins inutiles.
Quelques pensées s’animèrent alors en moi : l’origine de ce qui m’avait un peu « motivé » dans ce tournoi, ces mésaventures étaient dû aux promesses de l’assassin félon qui m’y avait entrainé, et ainsi que l’appât de quelques gains qui pour le moment n’avaient pas vu le jour. Je ne pouvais pas prendre les paroles de l’assassin au sérieux… non, je ne le pouvais pas. Mais tout de même, en réfléchissant clairement à tout ce qui était arrivé jusqu’à maintenant, y avait-il quelque chose qui m’avait fait progressé ? Non, rien. Il était vrai, cela dit, qu’il n’y avait guère de temps que cette aventure avait commencé… depuis combien de temps avais-je achevé mon combat avec Denin… quelques heures tout au plus. J’avais rencontré quatre singulières personnes avec lesquelles j’avais réussi à ouvrir une porte pour le moins complexe, et nous nous trouvions maintenant à la fin de cette seconde épreuve. Epreuve où ma participation et mon utilité furent aussi manifeste que l’intelligence de l’elfe blonde, personnage qui semblait d’ailleurs être en état de choc depuis que nous avions pénétré cette salle. Enfin bref, j’avais été inutile : même Arhos, l’animal de trait, avait montré quelques talents, de paysans certes mais indéniablement utiles, à porter celui sur lequel se portait ma suspicion. Celui à qui, à mon grand dépit, revenaient tous les éloges dans la résolution de cette énigme…
Toujours en retrait, je ne pus que le regarder libérer celle qui était manifestement la véritable Mahelen qui, à peine libre, se mit à s’étirer de long en large, faisant circuler son sang et sortant ses muscles de leurs engourdissements. Ayant fini, elle répondit alors à la précédente remarque de Tuia avec une placidité qui ne laissait en rien penser qu’elle avait subi quelque chose d’extraordinaire.

(Bien, alors avançons maintenant.)
Et à peine la pensée était-elle nait en moi que le grand, le beau, le brave et blond Arhos l’avait traduite, puis il se tut, fixant le gnome et semblant attendre quelques directives de sa part, avec l’humaine.
(Mais qu’est-ce que ? Tuia ? Chef de ce groupe ? Eh bien bas les masques dans ce cas)
A peine voulus-je m’avancer pour l’invectiver à nouveau que j’entendis ce petit bout de rien du tout s’adresser à l’humain, disant que Meredith et moi-même étions « bizarres ». Il était vrai que je n’avais pas pipé ni bougé depuis quelques temps, me contentant de me confondre dans mes pensées et d’observer les actions de mes « compagnons ». Mais c’était à cause du certain malaise que je ressentais depuis que nous nous étions tous rencontré… oui, j’étais différent d’eux. Toute ma vie, avant que mon destin ne m’amène à entrer sur la Voie, n’avait été que rien, oui rien, et maintenant tout ce qui m’animait s’axait autour de l’art de tuer. Je ne m’en plaignais pas, mais je ne pouvais m’intégrer avec ces gens, même si je l’avais désiré, de par ce petit quelque chose en moi… cette boule sombre qui n’était en fait que ma nature d’assassin.
Un assassin vit seul.

Je sentis mon visage s’assombrir, mes traits se durcissant tandis que mes paupières se plissaient autour de mes yeux de braises. Je venais de prendre conscience d’un élément fondamental de ma vie, la solitude, et l’émotion chaotique qui menaçait de me submerger m’obligeait à voiler mes traits. Ce fut à travers une vision sombre et floue que je vis Tuia découvrir le mécanisme d’ouverture de la porte, une des rares choses pour lesquelles j’aurais pus avoir quelques mérites, puis appelé la fille pour quelle ouvre l’immense battant.
Pendant ce temps, mon cœur s’était glacé tandis qu’au fond de moi quelque chose s’était cassé… mon enfance, ma candeur, ma naïveté…
Certes je passerai du temps avec mes maîtres, certes j’apprendrai encore d’eux, certes je me ferais peut être des intimes que je pourrais élever au rang d’ami, mais pour la majorité de l’existence qui suivrait, je serai seul.
Je me souvins alors du sixième conseil que m’avait donné Ethernia, de prier le dieu de la mort… et je me mis à prier, sans sortir de ma posture.

(Phaitos, mon dieu, je suis Kal votre serviteur. Suivant la Voie qu’Ethernia m’a enseigné, je vous demande aujourd’hui de m’apporter votre force car mon cœur est ceint par d’effrayants ténèbres… les ténèbres de la vérité. J’ai pris conscience que vous servir, ô mon dieu, reviens à m’enchaîner des liens de la solitude et cette révélation trouble mon âme. Aidez, ô mon maître, votre humble serviteur.)

Je n’attendais rien de cette prière mais le simple fait de m’être confessé à mon dieu m’avait sorti de ma torpeur maladive, me permettant de me rapprocher du petit être. Je m’étais soudainement rendu compte que je n’avais plus rien à lui reprocher. S’il voulait se cacher, qu’il le fasse, je n’en avais cure, il vivrait sa propre vie comme je poursuivrais ma voie. Néanmoins j’avais une question à lui poser, et, attendant qu’il finisse de poser la sienne à l’une des copies de Mahelen, je lui demandai d’une voix que je ne me connaissais pas… sombre que calme et pesante :
« Tuia. Puis-je, s’il te plait, te poser une question ? Comment as-tu su discerner la vraie des fausses ? »


(((Prière à phaitos comme action)))

_________________
Image

-Nous, assassins, ne rendons de culte qu’a Phaitos, le dieu de la mort.
-Pourquoi lui rendre un culte ?
-Il est le dieu de la mort et nous la semons. Nous sommes ses envoyés.


Dernière édition par Kal le Ven 1 Oct 2010 01:02, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2 : Le mensonge pour la Lune
MessagePosté: Mar 15 Déc 2009 20:19 
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Alors que j’inspectais avec circonspection l’actrice attachée dans l’attente des propos qu’elle tiendrait en réponse à ma question, je pus voir du coin de l’œil que Kal était sorti de l’espèce de léthargie qui m’avait causé tant d’inquiétude et m’avait fait croire l’espace d’un instant qu’il s’était pour ainsi dire désactivé. Incertain quant à ce que pourrait être sa réaction devant mes manifestations d’astuce peu commune, je le guettai en tâchant de ne pas trop en avoir l’air alors que, manifestement plongé dans ses pensées, il se remettait lentement en mouvement avec cette même gestuelle cauteleuse qu’auparavant, cette fois-ci moins précipité dans ses mouvements toutefois, ce que je ne sus comment interpréter : était-ce le signe qu’il avait décidé de faire preuve de plus de sagacité et de sang-froid, ou ce masque de tranquillité ne masquait-il au contraire qu’une colère refoulée en attendant le moment opportun pour la relâcher à la face d’une victime qui aurait bien pu être moi ? Je l’avoue, cette éventualité ne fut pas sans me causer quelque inquiétude dans la mesure où je n’étais guère désigné pour me garder d’atteintes purement physiques, mais, me faisant la réflexion qu’il ne servirait de toute façon à rien de me torturer l’esprit avec ce souci, je ne me laissai pas envahir par la panique, faisant mine de remarquer à peine l’approche de l’assassin alors que celui-ci venait à mes côtés.

Lorsqu’il se mit à parler, je me tournai dans sa direction, et, presque involontairement, je laissai un de mes sourcils se hausser, mimique que j’observais parfois quand quelque chose m’interpellait, la chose en question étant l’allure patiente et posée que celui qui s’adressait à moi avait prise afin de m’aborder. Il y avait de quoi se demander ce qui avait pu causer chez lui un tel revirement de personnalité, et sa psyché aurait été certainement un sujet d’étude des plus intéressant, mais en l’occurrence, puisque nous avions tous d’autres chats à fouetter, il allait falloir que je reléguasse ce sujet au second plan de mes préoccupations actuelles. De toute façon, être de raison avant tout, j’étais comme je l’avais prouvé jusqu’ici capable de m’adapter selon ce que les circonstances auxquelles j’étais confronté requerraient, alors si Kal avait changé sa manière d’être pour de bon, tant mieux, sinon, tant pis ! Après tout, il était connu que les humains, de par leur faible espérance de vie, pouvaient facilement s’avérer des créatures changeantes, aussi je ne m’étonnai pas tant que ça de voir le spécimen que j’avais en face de moi passer d’une hargne téméraire et farouche à une placide curiosité courtoise.
Ainsi, il voulait que je lui divulgue quel avait été mon modus operandi pour résoudre l’énigme qui nous avait incombé ? Cela était aussi aisé que mon raisonnement l’avait été, et lui apporter satisfaction ne serait pas difficile, même si, sur le coup, je regrettai de devoir m’y prendre de manière imparfaite et détournée alors que cela aurait été au combien plus simple dans un environnement plus paisible et avec des notes à lui transmettre ! Enfin bon, voilà que je me laissais aller à la nostalgie de ces passionnants moments d’étude passés avec Aenigal tout au long de ma vie, et si je ne me ressaisissais pas, j’allais finir par avoir l’air aussi amorphe que Meredith l’était en ce moment même de façon si curieuse, voire inquiétante. Reprenons donc le fil des évènements que j’avais commencé à laisser filer : le regardant d’un air aussi innocent que d’habitude couplé à une fierté toute enfantine, je ne fis pas le difficile pour répondre sans façons avec une candide vanité à sa question.

« Bah, c’était facile ! » Clamai-je en préambule à ma démonstration. « Les cristals, là… » Fis-je en indiquant les objets susmentionnés de l’index. « … ils ont "Mensonge" et "Vérité" dessus, et quand les Malen parlaient il y en avaient qui brillaient et d’autre pas selon… bah si elles disaient un mensonge ou la vérité quoi ! Alors il suffisait de leur demander si elles étaient avec nous dans la salle d’avant pour voir qui c’était la vraie en regardant les cristals qui brillaient à chaque fois. » Et pour conclure cet étalage de science qui aurait certainement eu de quoi renverser les sages les plus savants, je mis le point final à mon exposé par un « Et voilà ! Facile, hein ? » ponctué d’un gentil sourire désarmant.

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