Cromax a écrit:
Le matin arrive plus rapidement que je l’aie espéré. J’ai suffisamment dormi, d’un sommeil de plomb. Même un cataclysme comme l’éruption de la veille n’aurait pas réussi à me réveiller. A peine levé, j’entends De parler de tirer de l’eau de la mousse et aller chercher à manger. Sur le moment, je ne comprends pas très bien ce qu’il veut, étant encore à moitié endormi, puis, le voyant faire, je comprends de quoi il parle. Cette activité, bien qu’essentielle, ne me paraît pas plus passionnante que ça et je décide de partir chasser de mon côté. Lothindil et le milicien kendran partent eux aussi chasser, mais je pars dans la direction opposée, pour augmenter les chances de trouver quelque animal dans cette forêt.
(Cet humain serait capable de faire fuir même un animal sourd tant ses pas sur le sol sont bruyants…)
Je pars donc de mon côté, après avoir sommairement bu une petite rasade d’eau récoltée par notre compagnon drow. Je m’écarte suffisamment du campement pour ne plus entendre le moindre murmure des voix de mes comparses, ni les bruits agaçants du campement. Je suis ici dans la forêt, seul parmi les chants des oiseaux. Je m’accroupis derrière un tronc épais et écoute attentivement les bruits m’entourant…Outre le vent qui souffle dans les feuilles, et les petits oiseaux chantant gaiement sur les branches hautes des arbres m’entourant, je n’entends strictement rien.
(On dirait que l’éruption d’hier a vidé ce bois de son gibier…Et je comprends parfaitement ces animaux)
(Pas si sûr…Ecoute bien là-bas sur ta droite…)
Je porte mon attention sur un buisson dru et perçois en effet quelques frottements vifs et répétés… Je m’approche avec la plus grande précaution de l’endroit, dégainant doucement ma longue rapière…Arrivé à une distance acceptable du buisson, je lève le bras et d’un coup, plante mon épée droit sur la source du bruit, espérant toucher directement ma cible. Le bruit mat de ma lame atterrissant sur le sol se fait en tendre, et je ne peux juger si elle a réussi à transpercer quelque chose ou pas… Le bruit a en tout cas cessé…Sans retirer ma lame, j’écarte de mon autre main les quelques branches me gênant la vue. Aussitôt, j’aperçois ma lame, plantée dans la terre, juste aux côtés d’un petit lapin tout tremblant, et totalement indemne. Curieux, il lève son museau vers moi et semble renifler un instant de mon côté… Prudemment, je redresse ma rapière pour embrocher le mignon animal.
(Toi tu finiras dans mon assiette…)
Aussitôt, comme en réponse à ma pensée, le petit rongeur se retourne vivement et commence à sprinter dans la direction opposée. Par réflexe, je replante ma lame dans sa direction, un peu tard hélas. Pestant, je m’élance moi aussi à sa poursuite dans les bois. Le petit animal est rudement rapide et agile : J’arrive un moment à rattraper mon retard sur la bête et aussitôt, celle-ci fait demi-tour d’un bond et me file entre les jambes. Stupidement, j’essaie de ne pas quitter le rongeur du regard et abaisse ma tête entre mes jambes. Réflexe stupide je l’avoue, car la seconde d’après, je m’étale de tout mon long sur le sol recouvert de feuilles mortes…
J’entends ma faera se moquer ouvertement de moi dans un rire psychique qui m’irrite légèrement, même si une envie de moi-même rire de la situation ne tarde pas à effacer cette irritation. J’éclate tout seul d’un rire clair et incontrôlable, qui fait fuir tous les oiseaux à la ronde… Me relevant, quelle n’est pas ma surprise quand je vois mon ami lapin qui me regarde d’un air curieux à un mètre à peine de moi. Il semble avoir cru que je voulais jouer avec lui en le poursuivant ainsi. Il est là, à me regarder avec ses petits yeux marron, les oreilles dressées sur le crâne… Sa petite fourrure brune sur le dos et blanche sur le ventre semble douce à souhait…
(Il ferait une bonne paire de gants…)
(Oh quelle horreur ! Il est trop mignon, je ne peux pas le tuer…)
Je range mon arme dans son fourreau et m’abaisse vers l’animal… Il se rapproche encore de moi et vient sentir le bout de mes doigts avec son petit museau. Mes doits effleurent ses longues oreilles dressées et je pose ma main sur le sol, paume ouverte vers le ciel. Le petit animal vient se blottir dessus, se roulant en boule. Je caresse son pelage tout doux et le regarde tendrement. Je ne pourrai jamais le tuer, et encore moins le manger…
(Pathétique…)
(Tu n’as pas de cœur !)
(Il n’y a pas trois minutes, tu aurais tout fait pour le tuer…)
(Plus maintenant…)
Je vois alors un couple de pigeonneaux se poser non loin de moi, me prenant certainement pour un ami inoffensif de la nature, et se mettent à picorer le sol à la recherche de vers gluants. Eux ne me paraissent pas du tout mignons et je tourne mon regard vers mon petit lapin.
« Toi, je te garde auprès de moi, tu es trop chou pour vivre seul dan cette forêt ! »
Je le dépose délicatement dans mon sac et aussitôt, il passe sa tête par l’ouverture pour voir ce qu’il se passe. Sans hésiter davantage, je dégaine ma rapière et m’avance doucement vers le couple d’oiseaux. D’un geste précis, habile, et avec un peu de chance, j’embroche les deux roucouleurs d’un seul coup sur ma lame, que je redresse fièrement en l’air. Les deux carcasses d’oiseaux descendent dans un dernier tressaillement sur mon poignet, sur lequel elles se vident de leur sang. Peu ragoûtant, je l’avoue. Un peu écoeuré par la chasse, je rejoins le campement avec mes deux trophées, prenant bien soin de ne pas montrer aux autres la présence de Galipette, mon nouveau petit compagnon animal aux longues oreilles.
« Voilà de quoi un peu nous sustenter mes amis ! C’est tout ce que j’ai trouvé ! »
Je regarde un peu jalousement le butin de chasse de mes comparses, mais me dit que eux n’ont pas fait une adorable rencontre comme moi.
Peu de temps après, De ayant fini de faire des petites réserve d’eau, nous nous remettons en route. La journée de marche se passe sans trop d’ennui et vers la fin de l’après midi, nous nous retrouvons sur une petite plaine alors que le soleil commence à rougir dans le ciel, rejoignant l’horizon. Nous décidons d’établir un campement après être arrivés en vue d’un immense marécage. Le camp est vite monté et nous nous regroupons tous autours du feu pour partager un repas constitué de nos chasses de la journée.
Je dépose dans mon sac quelques herbes ramassées en route et Gali plonge dessus pur les grignoter avidement, toujours sans sortir de son abri…