Lillith a écrit:
Je suis à terre, incapable de bouger… Une terreur m’envahit, telle une résurgence des événements qui sont arrivé il y a peu. C’est vrai que le danger de l’île s’était révélé pleinement par ce dragon et le ravage du volcan. La noirceur nouvelle des lieux semble bloquer non seulement ma vue mais aussi mes pensées.
« Et la petite voix est partie… Elle m’a abandonné ?! »
Des larmes chaudes coulent contre mes joues alors que je sens un mal insidieux s’approcher. C’est indescriptible, et je ne sais pas trop comment, mais je ressens ce mal, annonciateur de grands maux. Dans des yeux flamboyants, je vois des lueurs de chaos et de destruction. Deux orbes rouges qui brûle d’une rage néfaste, qui sont bientôt accompagnés par des lèvres rouge sang, un sourire sardonique, qui se mue en paroles silencieuses. Mais même sans un bruit, je comprends la sentence : c’est pour bientôt.
*
* *
Je me réveille d’un coup, me relevant sec. Il fait nuit et je me trouve sous le couvert d’arbres. Le crépitement de feux de bois et quelques bruits d’animaux se font remarquer à mon oreille. Pour résumer, la vie m’entoure.
(La vie ! Je suis donc en vie ? Mais où suis-je ? L’île paraissait dévastée avant que je… m’endorme…)
J’essaye de prendre un peu connaissance la situation. Je vois non loin les feux de camps et les tentes, deux silhouettes montant la garde.
(Aurais-je rêvé tout cela ? Aurais-je imaginé le voyage alors que nous ne sommes qu’au premier jour sur l’île, atteignant la forêt au pied de la montagne ?)
Finalement, j’abandonne vite cette idée de rêve en remarquant que je ne dors pas sous une tente et que je suis torse nu. Je vois aussi la cicatrice à mon coude que je dois à une saleté de sangsue. La vérité faisant évidence, je me rallonge, un peu sonné par le poids des événements.
(Ainsi donc nous avons survécu à la nuée ardente… J’ai pu aider Bogast à sauver tout le monde.)
Je respire un grand coup et fixe les branchages se balançant sous le vent.
(Il semblerait que l’île n’ait pas été entièrement dévastée et les autres ont pu atteindre une forêt pour la nuit. Nous avons sûrement des chances de pouvoir regagner le bateau vivants finalement.)
Alors que j’avais dormi depuis ce matin, ou même plusieurs jours, je reste exténué. Mon corps ne demande qu’à dormir, mais mon esprit s’y refuse. Je ne veux pas fermer les yeux de peur de revoir encore les mêmes cauchemars. Je ne veux pas être à nouveau contemplé par ses yeux de feu dévorant. Tremblant et m’inquiétant pour l’avenir, je reste éveillé le plus longtemps possible. Pourtant, je m’assoupis peu de temps après, dans un sommeil sans rêves.
Le lendemain matin, je me réveille frais et en forme. Je glane assez rapidement des informations sur ce qu’il s’est passé après mon évanouissement, de la descente vers les restes de la forêt jusqu’au soins magiques de Lothindil, en passant par des étranges disputes et l’attention particulière à laquelle j’ai eu droit étant endormi.
(Deuxième fois qu’elle me sauve la vie ! Décidément, je suis bien heureux qu’elle ait croisé ma route…)
Tout le monde se réparti des tâches pour se réapprovisionner. Comme je n’ai jamais été très doué pour la chasse, comme le faisait s gentiment remarquer mon père à la moindre occasion, je décide d’aider De à récolter des mousses gorgées d’eau.
(Je pourrais aussi compléter à ma manière si nos réserves sont trop faibles.)
Je prends plusieurs gourdes et flasques puis part à la suite de De. Ce travail demande moins de précisions et discrétions que la chasse, mais un sens aigu de l’observation se révèle nécessaire pour trouver les mousses. Je dois tant y prêter attention que je ne discute pas avec l’elfe noir, trop concentré sur ma tâche.
Au départ, je cherche sur les troncs d’arbres, remarquant vite que la plupart s’orientent étrangement du même coté à chaque fois. Puis j’en découvre sur des petits rochers, à moitié cachée par les buissons envahissant. Celles-ci se révèlent plus humides que les autres. Néanmoins, la récolte est difficile : les gourdes se remplissent lentement et mon dos se fait douloureux par les mouvements incessants pour fouiller les buissons et décrocher les mousses des cailloux.
A la mi-journée, je retourne au campement avec moins d’au que je ne l’escomptais, mais qui devrait aider avant de trouver une meilleure source, comme une rivière. Pour augmenter les réserves, je décide de dépenser un peu de magie pour recommencer mon petit tour que j’avais utilisé quelques jours plus tôt. Le premier marche, remplissant une gourde d’une eau pure mais solide, qui fondra en temps voulu pour donner un rafraîchissement divin. Ravi, je recommence l’opération sur une autre gourde, mais en vain. Ma magie refuse de se concentrer sur l’humidité ambiante et se dissipe, laissant juste un petit air frais autour de moi.
(Mince… Je devrais peut-être éviter d’abuser de ma magie, au cas où… Avec tout ce qu’il s’est passé, je ne sais pas trop si je me suis entièrement remis.)
Nous reprenons la route vers l’Ouest l’après-midi, après un succulent repas grâce à la chasse giboyeuse de Lelma et Lothindil. La forêt laisse place au bout d’une longue marche à une plaine où nos pas martèlent le sol dans un doux bruit régulier, si apaisant après la déflagration de la nuée ardente qui bourdonne encore un peu dans mes oreilles.
A un moment, j’essaye de parler à Bogast pour connaître les raisons du choix de la direction. Après tout, il me semble normal de vouloir regagner le bateau vu que les vivres manquent et que les lieux se sont montrés très hostiles. Nous ne devons notre salut qu’à une prouesse où la chance doit avoir sa part aussi et je ne tiens pas à connaître les autres mystères de l’île. Et puis mes cauchemars ont commencés depuis le début de l’aventure, mais c’est une chose que je préfère taire, bien que ce soit une raison qui a son importance dans mon envie d’en finir. Malheureusement, le capitaine reste sourd mes suppliques, estimant que nous devons finir notre mission, avant de s’éloigner de moi, me montrant bien qu’il ne changera pas d’avis.
En soirée, le sol devient plus mou, s’ouvrant souvent en de grandes flaques boueuses. Au lin, cela semble empirer, formant un marais inhospitalier et malsain.
(C’est loin de se que je souhaitais comme source d’eau)
Nous établissons le campement avant d’être trop entré dans les marécages. Nous commençons à monter les tentes sur un talus, pour ne pas avoir de mauvaise surprise humide et ramassons du bois pour allumer les feux qui seront bientôt nécessaire avec la nuit qui tombe.