Espérance. Mot à la consonance douce et encourageante qui inspire chez les hommes force, foi et courage… parfois folie. Pour certain, le sentiment des faibles, pour d’autre, l’émotion de la conviction, pour Rosie Skufita, une arme. Après avoir offert ce nom au présent qu’elle avait reçu, imitant ceux qui l’entouraient, la semi-elfe avait plongé les mains dans la boîte qui lui était destiné. Les yeux toujours fermé, alors que dans un écho lointain et étouffé retentit le cri monstrueux d’une bête affamé, elle sentit sous ses doigts fins un métal froid et légèrement rugueux. Doucement, elle ouvrit les yeux sur une arme lui étant complètement inconnue. Le cœur battant, elle l’extirpa de la boîte avec délicatesse comme si un joyau valant tout l’or du monde reposait dans ses mains, comme si elle avait peur de le brisé où de le salir. Ébahie, elle contempla la lame aux courbes gracieuse, aussi noire qu’une nuit sans lune, la bouche légèrement entrouverte, les yeux ronds d’admiration, mais aussi de crainte. Dans le manche, assez petit, un orifice suspect criait au désespoir par le vide qui l’encombrait. Alors que l’adolescente allait caresser l’embrassure, une pierre d’un vert miroitant se cristallisa dans l’espace auparavant vide de l’arme, sous le regard affolé de la demi-elfe. Soudainement, une étrange sensation envahi sournoisement le corps de l’adolescente. Elle n’aurait su dire si elle aimait ça ou pas, mais elle en était sûre, c’était cette lame noire qui lui prodiguait toute cette énergie pour le moins bizarre.
« Rosie Skufita… »
Dans un hoquet de surprise, cette dernière sursauta, passant à deux cheveux de laisser tomber l’arme aussi inestimable que mystérieuse, qui reposait entre ses mains blanche.
( Qui a dit ça ? )
Elle aurait voulut prononcer ces mots à haute voix, mais ceux-ci restèrent coincé dans sa gorge. La jeune fille savait parfaitement, que ceci était loin d’être la voix d’un des trois autres hommes qui se trouvait avec elle. Non, c’était plutôt une voix éteinte et sifflante, une voix qui donne froid dans le dos, une voix qui fait frémir chacun de nos muscle, une voix qu’on ne sous estime pas. Les yeux d’émeraude posé sur l’arme, Rosie respira profondément, question de ne pas céder à la panique. Était-ce l’arme qui avait prononcé son nom ? D’ailleurs, comment avait-on su son nom? Cet objet était-il un cadeau empoisonné ? Malheureusement, la semi-elfe n’avait pas la réponse à toute ces questions. Pour l’instant, elle se devait d’accorder sa confiance à l’être qui leur avait offert ces présents. D’ailleurs, peut-être était ce le même qui, plus tôt leur offrait ces masques curieux. Masque qui en plus de leur permettre de vivre sous l’eau, avait en plus la simple propriété de camoufler les expressions faciales de ses propriétaire. En toute sincérité, Rosie s’en trouvais soulager, gêné à l’idée que les autres aille put voir sa réaction. Après tout elle paniquait peut-être pour rien. Elle ne devait pas constamment se méfier de tout.
Des grondements résonnèrent soudainement à l’extérieure, ramenant la jeune fille à la pénible réalité : Un monstre aux regards hagard et aux dents tranchante, se trouvait toujours là, dehors, le ventre horriblement vide. La demi-elfe leva les yeux juste à temps pour voir Anarazel, le capitaine autoproclamé, franchir la porte qui menait au pont. Mathis, lui, avait déjà déserté les lieux. Il ne restait plus que le drow, sabre aussi sombre que le voile des ténèbres en main, l’air fébrile. Elle l’observa un instant. Pour une fois, il n’avait pas cet air frustré et cette énergie négative qui l’entourait. Non. Là il avait l’air plutôt satisfait et ça lui allait mieux que la colère. Cet elfe noir, n’était pas si borné après tout, ses convictions et ses priorités se trouvaient tout simplement ailleurs, dans l’art de la guerre par exemple. Quoi que dans son cas art n’est peut être pas le mot le plus approprié.
De peur de se faire surprendre à le dévisager de la sorte, Rosie s’avança vers la sortie à son tour, se désintéressant de l’elfe. Pourtant juste avant de poser un pied à l’extérieure, elle lui jeta un dernier coup d’œil et remarqua son coffret. Elle inclina la tête un peu sur le côté et plissa les yeux, alors que ses lèvres bougeaient au rythme des syllabes qu’elle lisait.
« Shrez’Zarth »
Elle l’avait murmuré par inadvertance et l’intéressé tourna la tête vers elle, prouvant que c’était bel et bien son nom. Elle détourna les yeux et sortit rapidement. Il y avait, en ce moment, mieux à faire que de se tourner les pouces dans une cabine de capitaine. Un monstre repoussant menaçait toujours de gober le navire et la dernière chose que Rosie souhaitait c’était bien de se faire digérer. Elle ne prévoyait pas finir ainsi.
Une fois à l’extérieur, suivit du drow, Rosie ne put que constater tout le chemin que le monstre avait franchit depuis. Elle pouvait désormais voir reluire toute les petites écailles argenté qui tapissait le poisson humanoïde géant. Que pouvaient-ils donc faire contre cette bête affamée avide d’un repas de bois, de tissus, d’os, de chair et de sang. Cette créature était trop énorme pour qu’ils puissent en venir à bout avec leur arme. Ce serait comme essayer de tuer un humain à coup d’aiguille. Peut-être douloureux, mais au combien inutile. Pourtant, malgré le fait que tout semblait perdu, des gens s’activaient autour d’elle. Ruméus et Hallena étaient toujours au baliste, Anarazel non loin de ceux-ci et Mathis qui...
Rosie fronça les sourcils.
« Mathis? Mais qu’est ce qu’il fabrique? »
Ce dernier avait quitté le bateau à la nage et il était apparemment fort déterminé. Toutefois, il s’approchait davantage de la bête, risquant sa peau. Le poisson ne se gênerait certainement pas de le happer au passage
( Il est devenu fou, ça y est. )
Il changea soudain de direction. Finalement, il avait peut être plus l’intention de contourné le monstre. Rosie n’y pas le temps de vérifier ses dire, l’elfe sans nez s’était retourné vers elle et le drow. Il ne semblait pas être dans son état normal. Son être dégageait une sombre énergie.
«Je vais passer ces cordages autour d'un piton rocheux du fond de l'océan, pour essayer de le brider et de le retenir. Attachez le long de ces écoutes le plus d'objets susceptibles de le blesser sans risquer de sectionner le cordage. Plus il tirera dessus, plus il se blessera.»
( Bien oui… comme si c’est des cordes qui vont réussir à tenir ce géant. )
L’adolescente s’abstint par contre de le dire à voix haute, premièrement parce qu’elle n’avait pas de meilleur idée, deuxièmement parce qu’elle craignait de le contrarier. Ce personnage recommençait à lui faire peur, un peu comme à leur première rencontre, dans les rues de Kendra Kâr. Finalement, était-il un elfe… ou un démon?
( Pour l’instant ce n’est pas important. )
Non, effectivement, ce n’était pas le temps de se questionner sur le comment du pourquoi, sur le qui du où. Le shaakt devenu docile avait déjà commencé à s’exécuter, alors elle fit de même, déplaçant des vieux cordages, éventrant des caisses, défonçant des tonneaux, tout pour trouver quoi que ce soit pouvant être coupant ou pointu. N’importe quoi, tant que cela puisse faire mal. N’importe quoi n’aillant aucune valeur bien sûr. À bien chercher, elle parvint à trouver des reste de lances aux manches brisés dans une caisse, des éclats de miroir, de bois et de verre, des couteaux de tout genre et de toute les grosseurs dans les cuisines, ainsi que des armes aux lames un peu émousser dans le fond des dortoirs ainsi que sur le pont, des grappins dont les pirates c’était servit, ainsi que tout autre objet susceptible de blesser. Il fallait faire avec ce qu’on avait sous la main c'est-à-dire, avec très peu.
Bien que cette tâche n’était en rien aisé, le plus dure demeurait être à faire : Attacher tout cet arsenal sur la corde qui se perdait dans les abysses d’une gorge profonde. La jeune fille ignorait d’ailleurs complètement comment Anarazel avait fait pour que cette corde se rende jusque là. Pendant un instant, elle crut bien qu’il avait lui-même plonger dans la gueule de l’animal, avalé par un tunnel élastique. Mais, la semi-elfe chassa assez rapidement cette idée saugrenu de sa tête, se préoccupant plutôt de la technique à employer pour emmener avec eux tout le matériel qu’ils avait amassé. Ce n’était pas évident de transporter tout sans des les bras, surtout que tout avait été choisir pour couper, piquer, érafler. Après un rapide coup d’œil sur le pont, elle trouva la solution et transmis son idée au drow.
« Il y avait des toiles sur certaine caisse. Utilisons-les pour transporter tout ça. »
Et c’est ce qu’ils firent. Tout deux étendirent la toile de tissus sur le pont et y déposèrent le fruit de leur recherche aussi rapidement que possible, se coupant parfois au passage. Une fois tout cela fait, ils s’élancèrent tout deux à nage, tenant chacun un bout du morceau de tissus. C’était terriblement lourd et pénible à transporter. Rosie battait des jambes du mieux qu’elle pouvant, affolée à la perspective de s’approcher de la créature sous-marine un peu plus. Ils avaient enfin presque atteint leur but lorsque retentit derrière eux un léger déchirement. Certains objets étaient en train de transpercer leur sac de fortune. Rosie baissa les yeux et vit un éclat de verre énorme et inestimable tomber dans les profondeurs de l’océan.
« On perd du matériel! »
S’exclama Rosie, contrarié. La brèche était encore mince retenant les plus gros morceau, mais ils perdirent quelques éclats de verre et de miroir.
( Vite! )
Ils atteignirent enfin leur destination et entamèrent immédiatement les opérations avant qu’ils perdent tout ce qu’ils avaient réussit à trouver. Alors que le Drow tenait le sois disant sac, luttant de toute ses forces pour ne pas se faire entrainer vers le fond par son lourd fardeau, Rosie retirait les armes improvisé et les attachait solidement au cordage, les plaçant de façon à maximiser leur chance. Le processus était terriblement lent, trop lent.
Soudainement, le monstre se met à gigoter frénétiquement et se retourna. Elle semblait alors hors d’elle, encore plus en furie. Cela n’en devenait que plus dangereux. Rosie et Shrez’Zarth n’eurent d’autre choix que d’abandonné les opérations qui était alors presque finalisé, pour leur propre sécurité. Le Drow laissa tomber la toile ainsi que ce qui restait à l’intérieure, ne voyant certainement pas l’avantage à garder ce poids contraignant. Ils nagèrent tout deux vers l’Échangeur, beaucoup plus rapidement maintenant qu’ils n’avaient plus rien à trainer avec eux. La demi-elfe avait d’ailleurs presque atteint le navire lorsqu’un hurlement effroyable déchira ses tympans. Elle se retourna et vit la créature se débattre prisonnier du cordage piégé. La bête ainsi agitée, la jeune fille se refusa de trainer la plus longtemps et continua sa pénible route en direction du bateau, afin de rejoindre l’elfe à la crête de coq qui y était déjà. À peine fut-elle arrivé, qu’elle remarqua que ce dernier semblait préoccuper a regarder quelque chose. Peut-être tout simplement la créature, mais lorsque l’adolescente se tourna pour suivre le regard du drow, c’est un suicidaire qu’elle vit. Un capitaine improvisé qui se jetait carrément sur un monstre trop grand pour lui. Il s’époumona, hurlant des ordres, n’oubliant surtout pas Rosie et Shrez’Zarth.
« Rosie et Shrez’Zarth, détachez la grand-voile, nous allons nous en servir pour l'aveugler et l'étouffer! »
Encore une fois, elle devait faire équipe avec l’elfe noir, quoi que cela ne lui déplu pas du tout. En fait, dans le danger et sous des ordres, ce personnage s’avérait être plus accommodant, surement trop concentré par ce qu’il faisait. De plus, il était extrêmement efficace. Un allié à ne pas négliger.
Ils s’élancèrent donc tout deux à nouveau et commencèrent à détacher les voiles du mieux qu’ils pouvaient. La tâche était loin d’être facile. C’est alors qu’un nouveau hurlement retentit, pire encore que les précédents, faisait vibrer l’eau qui les entouraient. Par réflexe, la jeune fille agrippa la première chose qui lui tomba sous la main comme si elle craignait de se faire emporter par le courant. Ce qui suivit ensuite la plongea dans le sombre néant du désespoir. Anarazel fut projeter au loin, propulser par la bête enragé qui par la même occasion se libéra de la corde armé sur laquelle Rosie et le Shaakt avait mis tant d’effort. S’en était décourageant. Le poisson géant était maintenant plus que déterminer à ne faire qu’une seule bouché amas de bois qu’était le bateau et de ceux qui s’y abrite. Anarazel finit par revenir vers eux, mais Rosie ne lui prêta pas d’attention, plutôt préoccuper par le monstre aveugle.
« Pour s’en sortir faudrait lui faire exploser la tête! »
Ce qu’elle venait de dire n’aurait pas parut stupide si ils avaient eu en leur possession quelqu’un maitrisant la magie ou quoi que ce soit qui explose. Mais malheureusement, cela parut stupide.
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Lvl 12
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