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 Sujet du message: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 3 Aoû 2009 21:32 
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Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
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La tempête fait rage, mais les cœurs semblent lourds, sur le Vaisseau-Lune. Tout lien maintenant le navire originel à sa réplique grisâtre a été tranché, et celle-ci s’en va maintenant vivre sa propre vie, aussi courte soit-elle… Chacun arbore une mine triste, alors que les vagues commencent à déferler sur le pont. Suivant le mouvement initié par Léonid, chaque aventurier se pare d’un masque salvateur, s’il faut en croire les mots du personnage ténébreux apparu en rêve…

D’un ordre muet, Aëlwinn fait un signe de tête à Ergoth, qui, une fois affublé à son tour de son masque impassible, brandit sa masse impressionnante et se dirige vers l’intérieur du navire, vers la cale… Quelques secondes plus tard, un choc sourd et puissant se fait entendre, suivi d’un autre, et d’un troisième, avant que le navire ne commence à tressaillir des flots qui le submergent lentement, et avec équilibre, comme si les trois coups portés avaient été calculés pour que le navire s’enfonce sans remous autres que ceux de la tempête dans les flots océaniques…

Ergoth remonte rapidement sur le pont, là où chacun demeure impassible, attendant son heure avec inquiétude, si ce n’est Gleol qui fait grincer son armure et tapote nerveusement sur la large lame de sa hache naine.

Alors que l’eau envahit le pont, la Capitaine aux yeux d’émeraude prend la parole, d’un ton absent…

« Une fois de plus, le Vaisseau-Lune prend la direction des Abysses de Moura. Mais cette fois, sa capitaine ne l’abandonnera pas. »

Et c'est alors qu'Ergoth s'approche de Dôraliës et s'empare de Santias, sans douceur aucune, mais sans faire mal à l'animal. Il a dans sa main un bassine de métal, et pose le chat par terre avant de l'en recouvrir... Sans doute est-ce sa seule chance de survie, sous les mers, cette bassine d'air qui ne se chargera pas d'eau... Et immobilisera pour un temps Santias sur le pont du Vaisseau-Lune...


Quoi qu’il en soit, une fois submergé, le vaisseau-Lune semble vouloir se mouvoir de sa volonté propre, ne suivant pas une trajectoire verticale comme tout bateau qui coule, mais se penchant vers l’avant, et avançant vivement, comme propulsé par une force invisible faisant gonfler ses voiles vers une destination inconnue…

Le voyage dure longtemps, un temps qui ne peut se mesurer, mais qui, selon vos sens, durerait entre 6 et 12 heures… et qui vous entraîne dans les profondeurs abyssales de l’océan, suivant une trajectoire rectiligne qui ne souffre pas de la moindre déviance. Animaux marins et autres plantes aquatiques, méduses et poissons, croisent votre route avec surprise… Mais le plus surprenant dans tout ça, c’est que, même lorsqu’aucune lumière n’est visible de la surface, les alentours du bateau semblent éclairés par une faible lueur blanchâtre, suffisante pour voir clair tout autour, à vue humaine.

Au terme de ce long et paisible voyage sans le moindre incident, une vision spectaculaire s’offre à la vue de tous : Une ville, une citadelle sous-marine, immense et inquiétante, qui semble être le point d’arrivée de votre voyage sous les mers…

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(Le voyage se fait en libre total, et vous pouvez pendant ce temps faire ce que bon vous semble pour la suite de l’aventure : Repos, entraînements, discussions avec les pnjs survivants, repas, observation de la faune et flore marine, affutage des armes, etc… Je m’occupe des réponses des PNJ. Vous avez jusqu’au vendredi 07/08, idéalement, pour faire tout ça.)

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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mar 4 Aoû 2009 07:32 
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Inscription: Jeu 27 Nov 2008 00:40
Messages: 102
Il est bien connu que face à quelque chose que nous ne pouvons pas supporter, la colère et la tristesse s’alternent, et en l’occurrence, après un moment de solitude à remuer la déprimante mixture de la seconde, des bulles commencent à en crever la surface dont les brumes de la première émergent, me faisant resserrer mes poings alors que ma mâchoire se crispe presque douloureusement en un rictus de rage impuissante, des larmes ardentes naissantes me brûlant les yeux à la pensée de l’injustice innommable qui est en train de se commettre et pour laquelle le coupable mériterait de tels tourments que la mort lui paraîtrait un soulagement bien doux. Eleth, celui qui d'entre nous était sans conteste parmi les plus braves et les plus admirablement enthousiastes, vient de se balancer de plein gré par-dessus bord en compagnie de dizaines d’autres personnes, et cela pour quoi ? Pour obéir aux directives de ce satané Machin de bordel de merde ! Ca me rend tout simplement fou ! J’ai l’impression que si quoi que ce soit qui serait un tant de soit peu de manière à m’agacer passait à ma portée, je me mettrais tout simplement à m’en saisir pour le broyer, le jeter à terre, le rouer de coups tellement je vibre d’énervement sous l’indignation qui m’habite et qui gronde à la manière d’un volcan menaçant d’exploser.
Autour de moi, les vagues continuent de rugir et de gronder de même que les nuages noirs lourds de tempête qui semblent se gausser grassement au-dessus de nos têtes de notre pitoyable situation, le visage de notre détracteur paraissant s’y détacher de la façon la plus déplaisamment goguenarde. Ah, si je pouvais lui crever les yeux par une paire de flèches bien ajustées, lui lacérer la peau de coups d’épée, comme je lui ferais payer les maux dont il nous a accablés ! Hélas, ces désirs ne sont que de grotesques fantasmes en comparaison de notre sordide réalité qui déjà se fait indistincte, la jumelle de l’embarcation sur laquelle nous reposons s’éloignant bien vite de notre position en un mouvement si inaudible au milieu de la furie des embruns et des éclairs qu’on pourrait croire que les malheureux ont été entraînés vers d’autres rivages en un geste feutré et presque bienveillant de la main impartiale de Phaïtos, le frère de Thimoros, ce même dieu qui doit bien se frotter les mains de nous voir pris dans une pareille tourmente.

Une tourmente oui, et Rana que je me sens tourmenté ! Je fais mon possible pour ne pas penser à une éventualité aussi cruellement écrasante, mais il se peut bien que si notre « commanditaire cruel » s’est joué de nous depuis le début, nous soyons tous voués à un aller simple pour l’au-delà… et… et qui sait si je reverrai un jour mon Ynorie chérie ! Qui sait si j’aurai l’occasion de franchir à nouveau les majestueuses portes de la ville que j’ai tant aimée afin de me rendre à la demeure qui m’a vue naître et dans laquelle j’ai grandi pour y retrouver ma famille, mon bon père Onmal et mon pétulant frère Lewis, ou mes plus chers amis, tels que la courageuse et infatigable Anaal ? Rien que de remuer des souvenirs qui sont désormais autant de coups de poignard dans mon cœur gros, je sens les larmes qui se massent maintenant au seuil de mes orbites, et tout autour de moi m’a l’air de se dépouiller de toute trace d’espoir pour ne plus être que tristesse, qu’une inéluctable et lamentable fin.
Mais soudain, une pression sur un de mes mollets me tire de ma désagréable et peu glorieuse torpeur, et, baissant les yeux, je découvre avec une agréable surprise que l’intrus dans mon cercle intime n’est autre que Silmeï, aisément reconnaissable malgré le masque apparemment sur mesure qu’il revêt à présent et qui rend son visage identique au mien. Le petit bonhomme, manifestement durement éprouvé par les cordes qui tombent, se hisse au creux de mes jambes avec une réplique qui fait presque tâche au sein d’une atmosphère aussi lourdement déprimante, mais qui ne m’en arrache pas moins un sourire toutefois assez pauvre devant un entrain aussi jusqu’au-boutiste. Le recueillant sans hésitation afin de lui fournir abri et chaleur, je poste ma main gauche contre le devant de son corps couvert de vêtements bien mal adaptés à de pareilles conditions météorologiques, et la droite au-dessus de sa tête dégoulinante d’eau afin de le garder des gouttes que crache le ciel inhospitalier. Geste bien futile, sans aucun doute, puisque d’ici quelques minutes à peine, nous allons certainement être trempés jusqu’à la moelle dans les étendues insondables de Moura, mais bon, c’est une question de principe !

« Silmeï, sachez que quoiqu’il nous arrive, ça aura été un honneur de vous connaître. » Déclaré-je d’une voix au timbre atone, étranglée par l’angoisse qui étreint mon cœur battant.

Et l’organe susmentionné fait un bond dans ma poitrine lorsque j’entends un choc si sonore que l’on pourrait croire que la coque du Vaisseau-Lune a soudain été percutée par quelque mastodonte marin inconscient de sa puissance et, éperdu, je jette des regards inquiets au reste de l’équipage désormais sévèrement réduit et qui ne semble étrangement pas surpris outre mesure par un tel boucan, se contentant de demeurer figé dans une attitude d’attente impuissante. Toutefois, alors que j’étais prêt à me lever pour crier alerte, je peux m’apercevoir qu’en parlant de mastodonte, Ergoth est justement absent de l’assemblée, cet élément fournissant l’explication d’un tel raffut qui agite la coque de notre embarcation depuis ses tréfonds mêmes.
Pendant l’opération, personne ne bronche, prostré dans un mutisme démoralisé et démoralisant, hormis le torkin bravache qui fait maintenant beaucoup moins le fier, paraissant toutefois puiser un certain réconfort dans sa proximité avec son attirail de guerrier, faisant légèrement couiner son lourd plastron et tripotant la tête de son arme comme un archer pourrait bander machinalement la corde de son arc afin de pouvoir se dire qu’au moins, en dernier recours, son arme lui sera toujours un secours disponible.
De son côté, comme il sera facile de s’en douter, le moral de la Capitaine du navire désormais en plein sabordage est au trente-sixième dessous, et c’est d’une voix éteinte vibrante d’émotion qu’elle s’exprime, ses paroles lui donnant l’air d’adresser une sorte de baroud d’honneur verbal à la terrible entité qui nous menace. Devant une résolution aussi superbe face au péril, quelque chose qui est un peu comme une énergie du désespoir me vient, et me permet de me confronter au danger de manière plus décente qu’en pleurant sur mon sort comme j’ai été à deux doigts de le faire il y a quelques minutes. Oui, nous sommes dans ce qu’on peut appeler assez crûment une merde salement noire, mais puisque nous n’avons jusqu’ici pas courbé l’échine face au Visage, ce n’est pas maintenant que notre courage doit flancher pour ne s’avérer avoir été que de fanfaronnades de bleus impertinents !

A propos de fanfaronnades, du côté de Dôraliës, je ne sais pas ce qu’il fabrique, mais on dirait qu’il est en train d’essayer d’élargir le masque qu’il tient en main afin d’essayer de faire rentrer dans la cavité de pierre froide le visage de son matou en plus du sien. Si c’est ce qu’il a en tête, il m’est avis qu’il ne devrait pas arriver à grand-chose, et manifestement, telle est également l’opinion du colosse elfique qui se montre plus constructif sinon plus logique dans son attitude, s’emparant avec fermeté du félidé pour le fourrer sans autre forme de procès sous une grande bassine de fer. Heu… désolé de le contredire, mais il ne me semble pas que les planches du pont soient si parfaitement jointes qu’elles puissent empêcher jusqu’à la moindre goutte d’eau de s’insinuer entre leurs interstices, et avec une tentative pareille, j’ai bien peur que d’ici peu de temps, la vie du dénommé Santias ne soit plus qu’un souvenir ! Enfin bon, j’imagine que ça ne me regarde pas, et de toute façon, j’ai à peine le temps de m’intéresser à ces manigances que déjà, les premières vaguelettes commencent à lécher les abords du bord avec une proximité dangereuse.

Et tout à coup, comme un vulgaire caillou jeté dans une rivière, voilà que le Vaisseau-Lune plonge d’un seul tenant au sein des flots sombres, si bien que je retiens à grand peine une exclamation de stupeur et de terreur, serrant plus étroitement Silmeï contre moi, aussi précautionneusement que si sa chair était faite de papier de riz et ses os de coquille d’œuf, me ramassant sur moi-même et retenant un grand coup mon souffle, ne pouvant détacher mon regard halluciné des cieux qui vont bientôt disparaître à notre vue et qui paraissent nous adresser leurs adieux par un coup de tonnerre plus violent que les autres. Me recommandant de toutes mes forces à Rana, déesse de la connaissance et de la liberté que je vénère entre tous les dieux plus ardemment encore en ce qui est peut-être ma dernière heure, je bouge les lèvres en une prière muette qui se prolonge tant que j’ai encore la possibilité d’avoir la bouche ouverte avant que les étendues marines aqueuses n’envahissent complètement le bateau.
Et lorsque, dans un grondement sourd de fin du monde, comme dans le cas d’un récipient qui bénéficie d’un très court temps de latence avant d’être complètement envahi de liquide, les lames océanes se mettent à déborder la résistance du vaillant navire, je rassemble tout ce que j’ai de cran pour fixer le danger droit dans l'écume, les traits tout de même congestionnés par la terreur indicible que m’inspire une telle puissance. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, nous voilà tous autant que nous sommes mis en bière sous la mer, mon esprit enregistrant tout ce qui lui arrive en un maelstrom de sensations, d’impressions et d’émotions confuses mêlant espérance et abandon tandis que j’oppose au balayement des vagues furieuses et irrésistibles mon corps bien chétif en comparaison, ramassé sur lui-même comme un rocher, dernier bastion de résistance individuelle fait de chair, d’os et de sang.

Cependant, il faut bien finir par céder, et pour ne pas mourir stupidement de manque d’air plutôt que de tenter ma chance avec le Visage, je prends le risque d’une timide inspiration après avoir voué une ultime fois mon âme à Rana avec la ferveur la plus sincère et la plus ardente. Et, stupeur et tremblements nerveux de soulagement qu’il y ait eu plus de peur que de mal, ça marche ! Je suis vivant, je respire, le fluide aérien propre à ma chère déesse qui alimente les poumons de tout être doué de vie en Yuimen coule avec la même facilité habituelle le long de ma gorge pour se répandre en moi ! Alors c’était donc vrai… nous avons bel et bien pu entamer sans en souffrir une traversée sous-marine : malgré sa nature fourbe, abjecte et sans pitié, l’insaisissable faquin onirique a tenu parole, et nous sommes donc miraculeusement préservés des atteintes de l’élément salin de Moura, de la même manière que si ces froids ornements de pierre rivés à nos visages avaient changé nos bouches en branchies.
Ne pouvant croire à un pareil miracle alors que je sens bien mes vêtements détrempés coller à ma peau et mes cheveux onduler derrière moi en une indolente crinière flottante châtain, j’ai les yeux grand ouverts d’incrédulité de les sentir ne pas se remplir d’eau, et ma respiration se fait haletante et précipitée, comme si mon organisme redoutait instinctivement que l’enchantement cesse tout à coup pour laisser sadiquement des tombereaux d’eau m’envahir la bouche et m’étouffer à vitesse éclair. Je peux également m’apercevoir que, par un extraordinaire prodige, au lieu de flotter plus ou moins librement comme cela serait normalement arrivé à n’importe qui immergé dans l’eau, je tiens aussi confortablement sur le pont du bateau que si je me trouvais sur la terre ferme, mais n’ose pour autant pour le moment pas changer de position, trop abasourdi pour me sentir de bousculer les choses.

Au passage, sous l’eau, le reste des aventuriers, cette petite assemblée de personnes aux faciès identiques a pris une bien étrange apparence, leurs corps recouverts et entourés d’eau ayant acquis un aspect bizarrement flou, et on dirait presque que d’un instant à l’autre, ils pourraient se mettre à s’évanouir tels des traces de peinture fugaces. Entraînés par le courant inhérent au mouvement continu et soutenu du Vaisseau-Lune encore miraculeusement mouvant, leur capillarité et leur pilosité donnent l’impression d’avoir acquis comme une semblance de vie : pyromancienne même sous l’eau, on dirait qu’Aëlwinn est entourée d’une royale couronne de flammes ondulante résistant miraculeusement à l’extinction de par le courage dont a toujours brûlé la Capitaine en dépit de l’adversité rencontrée tout le long de ce voyage qui manifestement est tout sauf fini. Comme d’habitude, tout cela paraît être égal au géant dont elle est flanquée, celui-ci se contentant d’observer ce qui l’entoure avec une apparente placidité, les bras croisés, un pied posé avec une ferme mesure sur la bassine de fer contenant le chat qui doit passer un sale quart d’heure, temps que durera probablement au mieux sa survie avant qu’il ne meure de suffocation.
En ce qui concerne Maelan le craintif, il applique l’expression « avoir les cheveux qui se dressent sur la tête » à la lettre, la bouche de son masque paraissant presque se déformer en un « o » stupéfait pour faire ton sur ton avec son manque d’assurance coutumier. Fein, lui qui arborait une coupe organisée avec un soin proprement proprement pompeux, en prend pour son grade, celle-ci partant désormais dans tous les sens, de même que les bijoux qui la parent, lui donnant ainsi plus l’air d’un zouave hirsute que d’un noble : grotesque !

Mais le plus saisissant se rencontre sans conteste auprès des deux personnes qui n’ont pas été mentionnées jusqu’ici et qui offrent un spectacle à l’aspect véritablement artistique en dépit de leur appartenance raciale bien différente : d’un côté, nous avons Dôraliës, dont les longues mèches ondulées couleur océan se confondent presque avec l’élément marin qui le cerne au même titre que tous les autres, celles-ci formant une traîne du plus bel effet ; et de l’autre, nous avons Gleol à la considérable barbe rousse froufroutant autour de lui de façon à la fois un peu comique et pourtant superbe, comme la crinière d’un lion, l’impassibilité du masque dont il est recouvert contrastant si fortement avec la furibonderie coutumière de son visage que l’effet créé en est des plus amusant. Pourtant, si regardable que soit tout cela, je me dois de donner la préférence à ce qui m’entoure et qu’aucun être humain n’a probablement pu observer, les fonds marins environnants étant réellement quelque chose qu’on pourrait passer des heures, et même des jours à parcourir et observer : même si les étendues célestes ranaéennes ont toujours indubitablement ma préférence, je ne crache pas dans la soupe, et me délecte avec un ravissement non dissimulé de ce que sa consœur Moura renferme en elle.
Bon sang de bonsoir, je ne sais pas où donner de la tête, et c’est avec une expression hésitant entre l’effarement et l’émerveillement que je promène mon regard de-ci de-là , la respiration accélérée par l’excitation qui me gagne de manière croissante, les périls de la quête et ses victimes ayant été momentanément relégués au second plan pour laisser place à un ébahissement pur. A voir du coin de l’œil mes coéquipiers, je me rends compte qu’il serait bien hypocrite de leur part de prétendre qu’ils n’éprouvent pas les mêmes sensations que moi à vivre quelque chose qui défie autant les lois de la réalité, aussi je ne fais pendant quelques bonnes minutes aucun effort pour reprendre une attitude plus professionnelle, mirant ce qui m’entoure avec des yeux dignes d’un gamin. Ici un… poisson, là un banc de… poissons plus petits, plus loin un… très gros poisson… bon d’accord, je n’y connais rien dans tout ça, mais bon sang de bonsoir, wahou quoi !

« Nom de Rana ! » Je m’exclame à la cantonade d’une voix pénétrée d’admiration aux accents extatiques. « Vous avez vu ça ?! »

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 5 Aoû 2009 18:00 
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Inscription: Mar 23 Déc 2008 19:03
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Semblant être dans l'œil d'un cyclone, littéralement fouetté par des rafales exceptionnellement puissantes, mon corps se sentait meurtri par tant de violence et de haine. Était-ce un signe avant-coureur qui prédisait notre fin à tous ? Oh ! Pourquoi un tel massacre ? Une magie incontrôlable était sans nul doute à l'œuvre... Où était la douce caresse du vent que j'avais éprouvé dans les champs près de Lùinwë ? Les pétales des fleurs de cerisiers dansaient dans cette douce brise, tout comme les courbes charnues et gorgées de joie de cette tendre Ysswa. Qui dirigeait ces mélodies enchanteresses ? Les Dieux ? Un maître musicien possédant des capacités qui dépassaient de beaucoup les miennes ? Où était-ce simplement le fruit du hasard, un fruit gonflé par le désir de nous voir sombrer dans cet océan de torture ? Je n'en saurai probablement jamais rien, au fond était-ce vraiment important de connaître le pourquoi du comment ?

(En cet instant tragique, pense aux roses et à leurs odeurs si chatoyantes, laisse-les te guider dans l'autre monde, celui où repose Sidö depuis déjà de nombreuses années.)

Rejoindre les âmes déchues de ce monde était imminent, pourtant, le souffle court, je repensais à tout ce que j'avais vécu depuis ma naissance. Le temps passé à me lamenter sur mon terrible sort avait occupé une grande partie de mon existence, laissant de côté tout amusement ou aventure... Pourquoi n'avais-je pas résisté à cette langueur étourdissante ? Pourquoi ?! Les jours s'étaient écoulés sans que je ne puisse me relever, la mort de mon cher ami m'avait fait succombé à la fainéantise, sans jamais me laisser de repos. Maintenant, c'était moi qui me trouvais face à cet ultimatum, transcendé par le pouvoir hypnotique du trépas, je n'aurais pu que me laisser aller à cette nouvelle étape, mais, je n'étais pas seul... Non ! Nous étions un groupe, peut-être désuni par les doutes qu'avaient immiscé notre ennemi cauchemardesque en nous. Cependant, cela n'était pas important car la vie de nombreuses personnes était encore en jeu... La réplique du Vaisseau-lune était en train de nous quitter, dirigé par le Capitaine Eleth qui n'avait pas demandé cette tâche, ni les responsabilités qu'elle impliquait. J'espérais de tout mon cœur que ces hommes défieraient les forces obscures qui s'abattaient sur nous, les repoussant jusqu'à en mourir s'il le fallait !

(Le temps est venu de faire face aux nombreux problèmes qui s'offrent à nous !)

La tension était palpable au sein des derniers aventuriers, le traître était toujours présent à bord et s'amuserait sans doute à nous mettre des bâtons dans les roues. Ce Valor ne ferait pas long feu parmi nous, mon unique but était de le bloquer dans ses objectifs perfides, le mettre hors d'état de nuire ! Toutefois, le moment n'était pas propice à un nouvel affrontement, ce vil assassin avait déjà retourné la situation à son avantage, je ne pouvais donc continuer à me pervertir ouvertement. Mais, une fois que nous serions au calme, je m'occuperai de lui une bonne fois pour toute, je lui montrerai que certaines tortures étaient plus terribles que la mort ! Sa vie perdurerait, mais, ses cris de douleur apparaîtraient au grand jour ! Mais avant de sombrer plus profondément dans le chaos de mes mystérieuses pensées, j'aperçus Ergoth, muni de sa massue, fondre dans les méandres du Vaisseau-lune qui tanguait à cause des vagues qui s'écrasaient contre la coque. Puis, trois coups sourds retentirent, sonnant sans doute le glas de notre aventure... Cet imbécile avait consciemment saborder le Navire, alors qu'il nous restait peut-être encore une chance, même maigre, de survie ! Je n'en croyais pas mes yeux et mes oreilles, c'était donc le moment de la destruction totale des mon corps et de mon esprit ? Cette mission n'était qu'un piège infâme destiné à nous anéantir par pur sadisme ! Où était ce sale traître qui se réjouissait intérieurement des caprices de l'océan ?!

(Tout ceci est invraisemblable !)

Le seul sentiment qui m'effleurait l'esprit en ce moment était la colère, une hargne profonde qui m'incitait à hurler contre ces assassins. D'un autre côté, je sentais émerger un autre sentiment : le regret de n'avoir pu aller jusqu'au bout de l'aventure de ma vie. C'était donc ça, il fallait qu'elle se solde par un échec ? Après tout, je n'étais peut-être pas fait pour partir à l'aventure... Mais, une chose étrange me fit sortir de ma démence, le bateau coulait d'une manière étonnante... Rien ne trahissait un déséquilibre, tout avait été calculé pour que le navire s'enfonce dans les profondeurs de l'océan... Incroyable ! Ce colosse était un véritable technicien habile de ses mains, je n'aurais jamais cru qu'un tel phénomène soit possible. Défiant les courants marins et les vagues implacables qui s'acharnaient à nous noyer, le Vaisseau-lune s'enfonçait dans le calme et la volupté. Personne ne semblait vouloir trahir le silence macabre qui régnait sur ce qui restait de notre magnifique Vaisseau-lune. Personne si ce n'était peut-être le stupide Nain qui aurait mieux fait de graisser son armure que d'atterrir sur notre bateau...

(Qu'allons-nous devenir !)

L'eau s'apprêtait à nous envahir, à moins que ce ne soit nous qui allions envahir les profondeurs sous-marines ? Malgré tout ce que nous avions vécu, je m'étais attaché au Vaisseau, sans doute moins qu'Aëlwinn qui ne pouvait que regarder l'océan lui prendre sa maison. Je m'approchais d'elle pour la soutenir dans cet étrange voyage qui nous attendait :
«Nous non plus nous ne vous abandonnerons pas Capitaine !»

Pourquoi mes paroles semblaient si fausses ? Comment survivre à ce sabordage inopiné ? Tant de questions sans réponse qui persistaient dans mon esprit troublé... Les événements allaient bon train, la vitesse à laquelle tout s'enchaînait était impensable, il m'était arrivé dix fois plus de choses en l'espace de trois jours que dans le reste de ma vie. Mais une nouvelle tuile me tomba sur la tête ! J'avais du mal à maintenir Santias dans le masque, l'animal gigotait dans tous les sens ne me laissant aucun répit... Que faire ? Je ne pouvais pas le laisser mourir, c'était mon seul ami, le dernier qu'il me restait dans le monde des vivants, l'abandonner aurait été pour moi une véritable déchirure, une blessure létale. Néanmoins, face à l'arrogance de mon tendre matou, Ergoth apparut et attrapa la bête de sa grosse main avant de le déposer sur le sol. Qu'allait-il lui faire ? Lui donner un coup de massue ?! Ah ! Au secours !!! Qu'avais-je fait à cet elfe pour qu'il me poignarde dans le dos aussi violemment ? C'était lui le traître, il n'y avait plus de doute !

(Je vais le tuer !)

Cependant, ma bêtise innée me frappa au visage lorsque le géant de muscles recouvrit l'animal d'une bassine métallique. Cette cage protectrice enfermait de l'air pour que l'animal puisse respirer une fois que nous aurons rejoint le pays des poissons. Je n'espérais qu'une seule chose : qu'il y ait suffisamment d'oxygène pour que le chat survive jusqu'à ce que l'on rejoigne la terre ferme. Pauvre Santias ! Cette aventure était un véritable calvaire ! Ne finira-t-elle donc jamais ?
«Merci Ergoth ! Vous êtes si prévoyant. Si je peux faire quelque chose pour vous, n'hésitez pas.»

(Enfin... Si bien sûr les Dieux acceptent que l'on reste en vie...)

Alors que la tempête se déchaînait sur nos tête, le Vaisseau-lune piqua du nez, plongeant littéralement dans l'océan... Je pris soin de bien ajuster mon masque sur mon visage qui selon Silmeï nous permettrait de respirer sous l'eau... Je priais intérieurement pour que le petit Aldryde ait raison car cette mort par étouffement aurait été purement atroce... L'eau commença par me rafraîchir les membres inférieurs, refroidissant ma chair, incitant mes poils à se hérisser sur l'entièreté de mon corps. Notre chute aquatique était mystique, avant de participer à cet acte inconsidéré de sabordage, je n'aurais jamais cru ça possible. Le Vaisseau-lune plongeait dans les tréfonds sous-marins, avançant calmement, paisiblement, sûrement. Rien ne trahissait la désastreuse situation dans laquelle nous étions prisonniers, on aurait dit que le Navire plongeait sciemment, d'une manière naturelle... Pourtant, rien n'était normal, un sortilège contrôlait le bateau à distance, lui donnant les ordres adéquates. Mais le tumulte de la tempête ne s'estompait pas, les vagues s'effondraient contre le bateau, tentant de le renverser sans grand succès. Les aventuriers étaient là, debout, pensant peut-être que la fin était proche. Tout le monde devait certainement se dire que dans quelques instants leurs vies ne seraient plus qu'un lointain passé...

Mais, bientôt, l'orage et le vent qui s'abattaient autour de nous disparurent dans le silence morbide de l'océan. En quelques instants, nous fûmes totalement immergés, laissant derrière nous le troublant désespoir de la mort qui nous pourchassait inlassablement. Silmeï avait eu raison en expliquant sa théorie sur le pouvoir des masques : nous avions acquis la capacité de respirer dans l'eau. Chose plus étrange encore, le courant marin bien présent n'avait pas la capacité de nous éjecter du Navire, nous étions collés comme si la cire d'une bougie nous maintenait plaqués contre le pont. Je devais bien avoué que tout ceci était surprenant et même si la peur de mourir s'était éprise de moi, je ne pouvais nier que ce périple commençait à prendre un côté fantastique non négligeable. Je fis quelques essais, relevant ma jambe gauche, puis la droite et me mis enfin à marcher sur le pont du Vaisseau-lune qui attaquait sa descente dans le monde sous-marin. J'eus quelques frissons en pensant à l'aventure que j'étais en train de vivre, il n'y avait aucun mot pour décrire ce paysage aquatique !

(C'est merveilleux ! Je marche !)

Toutefois, sentant les remous marins qui s'acharnaient à me repousser sans interruption, je me refusai à me mettre à nager, en quelques secondes j'aurais été éjecté de l'unique lieu où je pouvais encore vivre comme sur la terre ferme. Reprenant possession de mon esprit, je dus quand même m'habituer quelques instants avant de récupérer l'ensemble de mes aptitudes. Tout d'abord, j'eus l'impression de perdre une partie de ma vue, mais au fil du temps, je m'aperçus que ce n'était en réalité qu'une question d'habitude et les effets d'optique ne me dérangeaient plus. Ensuite, mes membres n'avançaient plus dans la même substance ce qui me ralentissait parfois un peu;je ne préférais pas imaginer ce que ça aurait été d'avancer dans un monde de marmelade... D'un autre côté, cela m'aurait permis de faire un petit peu d'exercice, néanmoins, la fatigue aurait pu m'empêcher de me battre, le moment opportun arrivé.

(Au tiens, c'est quoi cette chose gluante !)

Ce devait certainement être un champignon aquatique, le végétal possédait une coupole comme ses collègues terrestres. Les seules différences étaient les tentacules qui flottaient sous son chapeau et les va-et-vient qui lui permettaient de bouger. Tout portait à croire que la créature était vivante et animale, pourtant, il me semblait bien me rappeler que son homologue terrestre était un végétal... Il ne me restait plus qu'à examiner cette créature de plus près, je me devais de déterminer la nature d'une telle chose ! D'un geste fluide, j'attrapai le champignon aquatique, le relâchant aussitôt !!! Cette bestiole m'avait piqué, c'était donc un nouveau monstre envoyé par notre si charmant émissaire dans l'unique but de nous détruire !
«Aïe ! Mais, ça fait mal ! On aurait dit une décharge électrique ! Quel sale champignon !»

Il était clair que le manger aurait été plus que dangereux et aurait probablement pu nous tuer... Je devais rester sur mes gardes, de nombreuses créatures inconnues rôdaient dans les parages, je ne voulais pas finir dans le ventre d'un requin ou quelque chose comme ça ! Rien que cette morve aquatique avait fait des dégâts douteux, je ne préférais pas voir de quoi était capable un poisson de dix mètres de long... Je regardai ma main qui avait rougi à cause du maudit poison, comment soigner la blessure ? Peut-être que Maelan pourrait m'aider ? Je ne lui avait pas parlé énormément depuis le début de notre épopée, c'était le moment ou jamais !
«Excusez-moi, connaissez-vous cette créature aux tentacules irritantes ? Je viens de me faire piquer, j'espère que ce n'est pas trop grave...»

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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Jeu 6 Aoû 2009 13:16 
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Léonid :

C’est le nain, bourru et cloisonné dans sa carapace de métal, qui choisit de te répondre, en s’approchant de toi :

« Ben ouais j’l’ai vu. Qu’y s’approche, et j’lui plante ma hache entre les nageoires… »

Texte bien entendu imagé par le geste belliqueux qu’il effectue avec son arme sur un poisson imaginaire, mais dont on s’imagine clairement l’état après la frappe du nain roux.

« Pouah, fait trop mouillé ici ! Et puis où c’est qu’on va ? Et quand on arrive ? Et pis j’ai faim moi, y’a rien à becqueter sur ce maudit rafiot de tafioles ? Grmbl… »

Les autres elfes présents semblent éviter de lui répondre et s’écartent de vous, sans doute peu envieux d’être pris pour cible du nabot.


Dôraliës :

Maelan sursaute à ton arrivée et reprend son souffle tout en t’écoutant parler. À tes mots, il jette un regard de travers sur ta main rougie, avant de répondre d’une voix peu assurée.

« Je… je crois que c’est une méduse mais… j’ignorais que c’était dangereux… »

Il regarde plus fixement encore ta main rougie et légèrement enflée avant de reculer d’un pas.

« Vous… vous croyez que c’est contagieux ? »

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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Jeu 6 Aoû 2009 16:54 
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D'après ce que je pus voir, Maelan n'était pas autant enthousiaste que moi à l'idée de se retrouver dans les profondeurs océaniques. Dommage, le spectacle était grandiose, il devrait profiter avant qu'un nouveau problème pointe son nez... Pour l'instant tout était calme, la paix avait envahi ce lieu de rêve que l'on n'était pas prêt de revoir une fois de retour sur la terre ferme. Plus nous avancions, plus la luminosité alentour diminuée, cependant, une chose étrange attira mon attention. Malgré la profondeur à laquelle nous nous trouvions, il persistait encore et toujours des rayons lumineux qui n'auraient pas dû exister... Enfin ! Tout était relatif, plus rien ne pouvait me choquer à présent et en plus je me trouvais sur un Navire elfique qui fut certainement créé avec un peu de magie... En attendant, le bateau semblait luire dans l'obscurité comme si un enchantement avait été tissé tout autour de nous pour permettre à nos yeux de continuer à voir ce qui se tramait dans les ténèbres environnantes.

(Ce monstre a dû tout prévoir ! Sa démence le perdra !)

Le pauvre elfe sursauta en me voyant apparaître, il n'avait sans doute pas encore pris l'habitude de se mouvoir dans le liquide limpide. À moins qu'il ait cru que j'étais en réalité une bête des profondeurs comme cette horrible champignon aquatique qui m'avait attaqué si violemment... Tout comme moi, cette expédition était sa première grande aventure et c'était peut-être la seule qu'il ferait de sa vie... La tension qui pouvait se voir sur son visage était normale après tout, à moins que ce ne soit le poids d'un lourd fardeau qui pesait sur sa conscience. Était-ce le traître ? Ce jeune Homme était resté bien silencieux depuis le début de notre épopée, je craignais que des penchants morbides soient révélés au grand jour...

(Non ! Ne dis pas de bêtises Dôraliës, il est discret c'est tout...)

Pourtant, il ne m'envoya pas balader et alluma ma lanterne en ce qui concernait le champignon aquatique. Selon lui, ce devait certainement être une méduse, c'était donc ça ! J'avais déjà entendu ce nom là dans des livres et à chaque fois un petit paragraphe expliquait que ces créatures pouvaient être très dangereuses en banc car alors, leurs nombreuses tentacules faisaient des ravages sur les humanoïdes tels que les elfes ou les humains. J'aurais dû me douter que cette coquine ne s'était pas approchée de moi pour mes beaux yeux... Bref ! De toute façon, il était trop tard, mon imprudence maladive avait une nouvelle fois fait des siennes. Toutefois, Maelan ne s'arrêta pas là, allant plus loin dans sa réflexion, je vis une lueur de frayeur dans son regard. Pensant que la piqûre m'avait rendu malade par je ne savais quel poison, l'elfe recula d'un pas... Heu... Il n'avait jamais dû se faire piquer par une abeille de sa vie car les symptômes étaient semblables : une rougeur, la zone de la blessure qui enflait...
«Je ne pense pas être malade, ça m'a l'air d'être tout simplement une piqûre comme celles des guêpes ou des abeilles... Certes douloureuse, mais inoffensive... Enfin ! Dites-moi Maelan, vous sentez-vous bien ? J'ai l'impression que tout ce voyage ne vous réussit pas. Désirez-vous m'en parler ?»

Même si mes soupçons concernant le traître se portaient contre Valor, je ne pouvais tout de même pas rater l'occasion d'en apprendre un peu plus sur les motivations de cet Elfe. Cachait-il son jeu ? Était-ce un assassin ? Toutes les pistes étaient intéressantes !

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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Ven 7 Aoû 2009 01:11 
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Malgré le vent hurlant et l'écume déchaînée, le bruit que fait la terrible masse d'Ergoth lorsqu'elle frappe la coque me parvient sans problème, résonnant sinistrement sur tout le pont. A chaque nouveau coup porté par le colosse, je sursaute dans les mains de Léonid resserrées autour de moi. Le doux contact de sa chair protectrice, au-delà de me préserver de la tempête qui fait rage autour de nous, me réconforte et m'apaise alors que la panique est sur le point de m'étrangler impitoyablement de sa main pernicieuse. Je ne peux empêcher mes pensées de s'affoler et de virevolter douloureusement dans mon esprit à la vitesse des vents infernaux qui balayent tout autour de nous. Vais-je mourir? Le grand (vingt centimètres tout de même!) Silmeï va-t-il finir au fond de l'eau et servir d'encas pour des poissons?! Je repense à Kiana, cette chère Kiana, à qui j'ai promis de revenir la voir. Que cette promesse paraît futile, au milieu de ce maelström hurlant! Et ces folles... Je vais crever ici sans avoir l'occasion de me venger, de les faire payer toutes jusqu'à la dernière le calvaire sans nom que j'ai enduré pendant un siècle! Nom d'une foutue Akrilla, on est vraiment parti pour clamser.

Une fois n'est pas coutume, je me revêts malgré moi de cette bonne vieille chape de désespoir, qui m'enserre et m'étouffe comme un cruel étau, bien loin de la délicatesse de la poigne de mon compère humain. Alors qu'Ergoth refait surface, le majestueux Vaisseau-Lune semble lentement vaincu par les milliers de gouttes de pluie qui, avides, pilonnent sans relâche son pont, le chargeant d'un fardeau de plus en plus important. Puis comme la douce et royale plongée d'un cétacé, le navire elfique tire sa révérence, et commence à sombrer dans l'océan. Des vagues affamées viennent déjà lécher la carcasse tout juste fumante du bateau, et poussées par leur instinct de charognard, se répandent peu à peu sur le pont, humant le bois blanc, goûtant nos corps terrifiés. Recroquevillé dans les mains de Léonid, j'assiste les yeux fixes au cataclysme qui se produit sous mes yeux. En quelques secondes à peine, l'eau se trouve à mon niveau, ayant déjà englouti une bonne partie du corps de mon protecteur humain. Et là, si je puis dire, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase (ou plutôt le mètre cube d'eau), et les digues qui tenaient la bonde à ma panique éclatent d'un coup. Oubliant totalement les masques, et leur magie censée nous protéger, je me mets à hurler de terreur, tambourinant de mes petits poings les paumes qui semblent désormais m'étouffer. Les larmes roulent de façon incontrôlable sur mes joues, et vont sournoisement rejoindre l'onde salée qui menace de nous engloutir. Les traîtresses, comme si j'avais besoin de ça.

Cependant, malgré mes cris, malgré ma peur, le Vaisseau-Lune continue à s'enfoncer dans l'océan, et l'eau nous submerge. Au moment où des petites vagues viennent chatouiller mon cou (histoire de tromper ma vigilance bien sûr!, ma terreur se mue en une folie qui me fait sérieusement envisager d'utiliser ma magie pour geler cette saleté d'océan qui cherche à nous avaler tout crus (comme si j'en étais capable...). Si à cet instant, je ne me saisis pas de mon pouvoir, c'est uniquement grâce à Aurore, qui dans mon esprit murmure un apaisant babil, me rappelant la magie des masques, me rappelant sa réconfortante présence. Et c'est celle-ci qui m'empêche de totalement perdre l'esprit avant d'avoir la tête sous l'eau. Un réflexe absurde mais compréhensible me fait retenir brusquement ma respiration lorsque je ne peux plus me maintenir hors de l'eau. Et les secondes passent, interminables éternités durant lesquelles mes petits poumons guère entraînés à l'exercice tentent désespérément de retenir le fluide vital qui s'échine à s'échapper de ma bouche dans un filet de bulles à jamais perdues.

Puis vient le moment où l'air manque. Le moment de prendre sa décision: mourir étouffé comme un abruti alors qu'on possède un masque permettant de respirer sous l'eau, ou bien mourir noyé parce que le susnommé masque n'est qu'une énième saloperie du Visage, et donc parfaitement inefficace. Sous ce fichu masque justement, je dois être écarlate voire violet, à force de retenir ma respiration. Et soudain je ne tiens plus -au diable cette fichue trouille, je veux de l'air!!-, et j'inspire profondément dans un râle avide et plein d'espoir. Au moins, si c'est de l'eau qui arrive en masse dans mes narines, ma mort sera rapide, quoique probablement douloureuse.

Les secondes passent, plus rapidement cette fois-ci. Mais...Mais... Mais! Je suis vivant! Je suis toujours vivant! Nom d'un foutu bouloum, je respire!! Un rire nerveux me secoue soudain, tandis qu'une onde de soulagement parcourt délicieusement mes veines et me fait frissonner de vie. Eh bien il faut croire que le Visage n'est pas si affreux que ça finalement. Nous avons survécu. Du moins pour l'instant.

(Pfiou. Heureusement que je n'ai pas paniqué.)

(Bien sûr l'Aldryde. Tu ne te souviens pas du moment où tu as lacéré les paumes de Léonid en appelant après ta maman?)
(Une simple perte de contrôle de ma part. Momentanée. Rien du tout, en somme. Tais-toi donc, la Faera!) conclus-je en pouffant joyeusement de rire dans mon esprit.

Maintenant que le choc de la "noyade" est passée, je reprends un peu mes esprits et ma lucidité pour examiner ce qu'il se passe un peu autour de moi.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, tous les aventuriers qui ont enfilé leur masque semblent tout comme moi respirer sans problèmes sous l'eau. Chose encore plus étrange, même si je n'ai guère d'expérience en la matière, nos corps ne flottent pas à la dérive dans l'océan, mais restent fermement ancrés sur le pont. En fait, mis à part le fait que je suis trempé de la tête aux pieds en passant par les ailes, et que ma tignasse de cheveux sombres flotte de façon fantasque au dessus de mon crâne, j'ai l'impression d'être sur la terre ferme. Décidément, ces masques, c'est pas de la rigolade.

Curieux de découvrir ce monde nouveau dans lequel nous évoluons, je m'échappe doucement des mains de Léonid et descends (non sans difficultés) de ses genoux pour aller faire quelques pas sur le pont. Et quels pas, nom d'une Akrilla! Je me meus dans le fluide salé avec la même aisance que dans l'air, avec un soupçon de grâce en plus. Je me sens d'une légèreté euphorisante, qui me donnerait presque envie de m'envoler si je n'avais pas peur de perdre le bateau en route. Après mes premières enjambées sous-marines, qui m'amènent au bord du bastingage, je m'ouvre à tout ce qui se déroule autour de moi, et reste proprement interloqué. Tout est si... étrange, si différent, si passionnant et inquiétant à la fois que les mots me manquent pour le décrire. Tout d'abord le bois du bateau, qui irradie une douce lumière,un halo magique, nous permettant de distinguer clairement ce qui nous entoure. Et le bateau, encore, qui plonge insensiblement et inexorablement vers les profondeurs, tout en suivant un cap évident. Il y a quelques minutes encore, le majestueux Vaisseau-Lune flottait, à présent il vole. Mais surtout, c'est cet autre monde. Bleu et silencieux. Dansant et immobile à la fois. Harmonieux et terrifiant.

J'ai l'impression de voir le monde avec un filtre bleu collé sur les yeux. Ici, là, une infinité de bleus, sous toutes les formes, toutes les déclinaisons. Ici, là, un reflet bleu profond, une crevasse bleu nuit, un poisson bleu azur. Ici, là, du bleu qui me saute aux yeux et me fait monter les larmes tant il est puissant. Mais le tableau inoubliable ne se limite guère à un monochrome, et ici, là, des touches de couleurs plus souvent froides que chaudes (mais on lui pardonnera cette timidité.) parsèment la vue et la renouvèlent sans aucunement en altérer la beauté. Si le masque collé à mon visage ne cachait pas mes expressions, on m'aurait pris pour un ahuri complet: la bouche aussi grande ouverte que mes yeux sont exorbités.
Si l'océan est d'un silence apaisant, ce n'en est pas moins légèrement inquiétant à la longue, aussi suis-je soulagé d'entendre distinctement les paroles de mes compagnons de (d'in?)fortune. C'est donc revigoré par un spectacle aussi magnifique, et la voix de mon ami humain qui communique son émerveillement, que je réponds un sourire flottant sur mes lèvres invisibles:

" Oui, j'ai vu..."

Je doute qu'il m'ait entendu, cependant je pense que l'instant ne se prêtait guère aux cris. Dans le monde de silence qu'est l'océan, crier aurait été malvenu, voire même impoli. Enfin c'est mon sentiment.

Je reste encore quelques minutes, tel un gosse qui verrait du pays, à tourner la tête en tous sens, pour apercevoir tel poisson énorme, tel machin bizarre recouvert d'écailles pointues, tel truc gluant qui s'agite non loin de Dôraliës. Et chaque fois que j'aperçois une nouvelle étrangeté, je ne peux retenir des petits hoquets de surprise et d'exaltation, du genre "Oh le beau bleu!". Pitoyable, je sais, mais quand on passé un siècle enfermé par des folles dans une colonne de glace, on apprécie de voir un espace aussi gigantesque, connotant une liberté sans bornes, et on est -il faut l'avouer-, légèrement impressionnable. Mais légèrement.

(Cause toujours, Sil'! Tu ne savais même pas ce qu'était l'océan il y a à peine deux jours, et tu veux me faire croire que tu n'es qu'à peine éberlué?)

(J'encaisse facilement les chocs, voilà tout. Et si ça te pose un problème, tu peux aller nager ailleurs. Na.)
La merveilleuse Faera se contente d'éclater de rire et de m'envoyer un pied-de-nez mental. Adorable petite impertinente.

Je quitte quelques instants mon état d'observateur stupéfié pour me retourner vers l'activité du pont. J'aperçois non loin Léonid, en grande conversation avec Gleol, et de l'autre côté du pont, Dôraliës en train de tirer la jambe à ce pauvre Maelan. Il lui agite devant son nez sa main pour je-ne-sais-quelle raison. Certainement une coutume étrange de l'énergumène. Enfin, passons. Mon regard se pose alors sur Aëlwinn, et je ressens un profond pincement au coeur. La capitaine du Vaisseau-Lune désormais submersible et submergé se tient prêt de la barre, droite comme la justice, son masque inexpressif lui donnant un air de fantôme affligé. Je n'ose imaginer la douleur qu'elle doit ressentir: perdre ainsi ses amis pour assouvir les appétits de sadisme d'un Visage démoniaque, voilà qui doit lui retourner affreusement les entrailles... J'éprouve moi-même une profonde tristesse lorsque je songe au sort de ces pauvres marins et d'Eleth, qui ont dû finir broyés par la colère dévastatrice de la tempête. Je la fixe ainsi quelques minutes, perdu dans mes pensées.

Puis j'entends la voix de ma Faera dans mon esprit, toujours prête à dispenser de précieux conseils:
(Sil'! Je ne sais pas combien de temps va durer notre petit voyage sous l'eau, mais tu ne crois pas qu'il faudrait nous entraîner un peu? Regarde Léonid, il ne perd pas de temps, lui!)

Je tourne la tête en direction dudit Léonid, et constate qu'en effet, ce dernier s'éloigne en compagnie du Torkin en direction de l'intérieur du navire, une main instinctivement posée sur la garde de son épée. Eh bien, je suppose qu'il va falloir que je m'y mette aussi. Ca fera passer le temps, au moins.

Ce silence assourdissant me fait paraître le pont comme étrangement vide. Mais je suppose qu'il ne s'agit pas uniquement de cela: après tout, tous les marins nous ont quitté, et nous ne sommes plus que huit. Dont deux qui viennent de s'enfoncer dans les profondeurs du bateau. Donc en fait, non, le pont est réellement vide. Je n'ai donc guère besoin de chercher pour trouver un espace dégagé et tranquille, à l'abri des regards indiscrets (faudrait pas qu'un autre moineau vienne se moquer de ma pomme, hein! Comment ça, sous l'eau? Ah mais vous ne connaissez rien de la perversité de ces bestioles: elles pourraient très bien m'avoir suivi jusqu'ici, et ça ne m'étonnerait guère de voir l'un de ces piafs affublé du même masque que nous dans les parages.). Je me délecte, comme un gamin s'amuse avec un nouveau joujou, des quelques pas que je fais pour rejoindre mon sanctuaire magique, esquissant presque une petite danse en évoluant gracieusement dans l'eau. La voix mi-amusée mi-exaspérée d'Aurore m'interpelle:
(Tu as fini de faire mumuse, l'aldron?)
(Roh ça va, hein.) réponds-je, à la fois boudeur et grandiloquent.

Je farfouille dans mon sac à la recherche des parchemins de sort, quand soudain, je me pétrifie, proprement horrifié, et demande (ou plutôt crie) à Aurore:
(Aurore!! L'eau! Les parchemins! Ils vont être fichus!!!)
Je n'ose même plus remuer mon bric-à-brac dans mon sac, de peur de toucher une masse gluante anciennement magique. Rah, c'est pas vrai, j'ai perdu tous mes sorts! Tous mes sorts! Et je pars ainsi dans une litanie paniquée, si bien que j'entends à peine Aurore me répondre, rassurante:
(Mais non, ne t'inquiète pas Sil', ce sont des parchemins magiques, ce n'est pas un peu d'eau qui va les détruire!)
J'arrête immédiatement de geindre pour répondre, penaud:
(Ah... vraiment?)
(Mais oui, espèce de bouloum apeuré! Sors les donc de ton sac, tu verras bien! Ose me dire encore une fois que tu ne paniques pas facilement.) ajoute-t-elle, narquoise.

Je grommèle en farfouillant à nouveau dans mon sac, et finis par attraper le rouleau des parchemins. Je suis immédiatement rassuré à son contact: le papier semble sec, et encore craquant. Aurore doit avoir raison. Rasséréné, je les sors vivement de ma besace et les déroule promptement. Je jette un coup d'oeil aux écritures, toujours aussi incompréhensibles pour moi, mais ça semble être lisible pour Aurore qui acquiesce dans mon esprit. Je les parcours un à un du regard, afin que le petit génie qui réside dan ma caboche en prenne connaissance. Sérieuse tout à coup, elle me demande:

(Eh bien Sil', que veux-tu apprendre cette fois-ci?)
(J'aimerais apprendre le sort le plus puissant du lot. Histoire de leur montrer un peu de quoi je suis capable, au cas où. Pour me défendre. Et avoir des arguments plus percutants...) finis-je, en songeant au dédain de Fein et au désintérêt de Dôraliës à l'encontre de ma petite taille.
(Petits et puissants, hein!)
(Tu l"as dit! Alors, on a ça en stock?)
(Oui. Un sort qui s'appelle "orbe glacée". Comme son nom l'indique, il s'agit de balancer une grosse boule de glace sur l'adversaire. Du genre persuasif, si tu veux mon avis. Le sort ne devrait pas trop te poser de problème, il est facile à exécuter: il faut que tu concentres une dose importante de fluide dans une sphère devant toi, que tu projettes ensuite. Toute la difficulté est de maîtriser autant de pouvoir d'un coup sans s'en prendre dans la tête. Voilà, tu sais tout! Au boulot, l'Aldryde!)


Ni une ni deux, avec l'assurance du magicien aguerri et baroudeur, je me lance. Je plonge avec la rapidité, la grâce et la maîtrise d'un adepte des sauts de l'ange au coeur du gouffre où se terrent mes fluides glacés, pour les tirer d'une main ferme hors de leur repaire hurlant. L'opération se déroule sans encombres, et avec une rapidité toujours plus importante que la fois précédente, ce qui me remplit de satisfaction. Mon corps désormais habitué est parcouru du front aux orteils de frissons de puissance délicieux: les fluides de glace courent dans mes veines, en de rugissants et impétueux torrents. Voyons, que m'a dit Aurore déjà? Ah oui, concentrer des fluides. Je m'applique donc à suivre la consigne, répétant pour la énième fois l'exercice consistant à pousser hors de mon corps les fluides. Je les fait promptement se diriger dans mes mains, que je place devant moi. Ces dernières se mettent à briller du traditionnel éclat bleuté tandis que l'énergie magique s'accumule dans mes chairs et mes os. Au moment d'expulser les fluides hors de mes paumes, je rencontre l'habituelle résistance de la matière sur l'énergie, résistance que je brise sans presque sourciller, grâce à l'entraînement que m'a procuré mon apprentissage précédent. Arrive donc le moment le plus délicat du sort: concentrer en masse des fluides dans une sphère.

Les fluides de glace, ces filets d'énergie majestueux à l'éclat azuré traverse ma peau et suivant mon injonction silencieuse, commencent à se rouler en boule. Là encore, "modeler" les fluides est plus difficile qu'il n'y paraît, et demande une intense dose de concentration. Ces fichus fluides ont en effet une étrange tendance à s'égailler dans tous les sens, lorsqu'on ne fixe pas toute son attention dessus. Je m'échine donc à former une sphère conséquente tandis que des fluides de glace sortent sans discontinuer de mes paumes ouvertes. Au prix d'un effort de concentration pour le moins épuisant, je parviens à former une scintillante sphère d'une quinzaine de centimètres de diamètre, certes pas parfaite, pas néanmoins assez fidèle à l'idée qu'on peut se faire d'une sphère. Cependant, la quantité d'énergie que cela me coûte de maintenir sa cohésion me laisse pantois, et des gouttes de sueur auraient normalement dû couler sur mon visage si je n'étais pas immergé totalement dans l'eau. De plus, je mesure l'étendue du pouvoir que je concentre dans cette grosse sphère magique, et sens que mes capacités sont presque entièrement mobilisées. D'ailleurs une onde d'inquiétude me fait un instant douter: vais-je réussir à maîtriser une telle quantité d'énergie?

Et là, c'était la chose à ne pas faire. Car dès l'instant où le doute m'assaillit, ma concentration s'évapore, et je perds d'un coup le contrôle sur ma grosse boule d'énergie. Grosse boule d'énergie qui m'explose purement et simplement à la figure, les fragments de fluide expulsés se transformant en de petits éclats de glace qui viennent douloureusement heurter ma peau, sans heureusement vraiment la couper. Cependant je récolte quelques méchantes éraflures, qui me font grimacer. Ca fait bigrement mal, quand même. La soudaineté de l'incident m'a proprement coupé la chique, et je n'arrive même pas à pousser un juron digne de ce nom. Le souffle de l'explosion magique me fait tomber sur les fesses (très élégamment d'ailleurs), mes pauvres fesses à peine remises de la triple chute d'hier. Je grogne tout en me relevant. Nom d'une foutue Akrilla, c'est du sort quand même.

Je m'efforce d'oublier l'incident pour retrouver ma concentration. Allez, on est reparti. Quelques secondes d'efforts mentaux, et de maîtrise des fluides, et me revoilà avec une sphère magique étincelant devant moi. Cette fois-ci, je m'absorbe entièrement à ma tâche, faisant abstraction de tout le reste. Je dois mobiliser toute la puissance de ma volonté pour garder le contrôle de mon projectile (pas encore projeté.). Bon, il ne me reste plus qu'à le balancer. Je retiens ma respiration tandis que je vrille la cervelle pour ordonner à toute cette énergie de filer devant moi. A ma grande satisfaction, la sphère file droit devant moi, se transformant en une massive boule de glace au bout presque immédiatement. Vraiment massive. Trop massive. Oula, que se passe-t-il donc?? Mon orbe glacée se retrouve d'un coup à faire le double de sa taille initiale, et s'écroule sur le pont à quelques mètres de moi, dans un concert de bulles. Je reste un instant interdit devant le phénomène. Comment diable cette orbe a-t-elle doublé de volume?

Et soudain, la compréhension éclaire mon esprit: qu'est-ce que la glace sinon de l'eau sous forme solide? Or, ne suis-je pas actuellement sous l'eau? J'éclate alors de rire, constatant l'avantage certain que je risque d'avoir si la puissance de mes sorts de glace est ainsi augmentée. Bon je suppose que ça doit avoir quelques inconvénients, mais tout de même! Hé hé.

Maintenant que je maîtrise le lancer du sort, il ne me reste plus qu'à améliorer ma rapidité de lancement, comme d'habitude! Je passe donc une bonne heure dans mon coin sur le pont à planter d'énormes boules de glace (non comestibles), tentant de lancer les énormes projectiles de plus en plus vite et de plus en plus loin. L'exercice m'éreinte totalement, à cause de l'importante puissance magique que me demande ce sort. C'est donc finalement à cause de ma résistance qui ne résiste plus à grand chose que je stoppe l'entraînement.

L'apprentissage de ce sort m'a complètement vidé: c'est donc en ne faisant même plus attention au merveilleux océan qui m'entoure que je me traîne sur le pont à la recherche d'un truc à peu près confortable sur lequel m'écrouler. Je repère alors mon vieil ami le tas de corde qui m'avait sauvé la vie la dernière fois, et avec un soupir affectueux, je m'y hisse. Je m'y blottis, et immédiatement, mes paupières s'affaissent.

A moi, repos!


(Fini xD! A moi repos! :p Même s'il doit encore être corrigé)

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Dernière édition par Silmeï le Ven 7 Aoû 2009 17:23, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Ven 7 Aoû 2009 09:17 
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Pendant un temps qui pourrait bien se prolonger pour des heures et des heures entières sans pour autant que je me lasse du spectacle qui s’offre à moi, je reste plongé dans une contemplation toujours aussi muette et ébahie des flots si oppressants et pourtant synonymes de liberté, la bouche déformée d’une façon que j’imagine frisant le grotesque par un sourire positivement béat, les yeux presque vitreux à travers les fentes impassibles de mon masque au fonctionnement discret duquel je me suis si bien familiarisé que j’y n’y fais pas plus attention qu’à mes oreilles ou mon nez. C’est avec cet émerveillement d’enfant qui sait qu’une chose est admirable sans qu’il puisse réellement expliquer les raisons de son admiration que je me gave les prunelles du spectacle qu’offre cet océan au travers duquel nous filons, rencontrant sur notre passage tant de créatures marines diverses que je renonce très vite à mémoriser leur aspect, me contentant de m’étonner de l’aspect d’une avant de très vite passer à une autre.
Mais manifestement, l’un d’entre nous au moins ne partage pas mon enthousiasme en la présence de la montagne de muscle et de musc barbue qui s’approche de manière peu discrète de moi pour me faire part de ses observations en matière de zoologie marine, l’idée de réduire un membre de la faune locale en charpie lui étant apparemment bien plus séduisante que de se contenter de l’observer, le rustaud illustrant son propos par un moulinet si puissant de sa hache que l’on pourrait un moment craindre que l’acier ne fasse un second trou au Vaisseau-Lune, la tête s’arrêtant pourtant avec une précision il faut l’avouer impressionnante à quelques centimètres du bois blanc.

Malheureusement pour mes oreilles qui sont de toute évidence condamnées à supporter le boucan babillard de Gleol plutôt que de pouvoir se délecter de l’apaisante rumeur des fonds marins, le braillard n’en a pas fini, et poursuit sa diatribe plaintive en étendant son mécontentement à la situation toute entière, n’en finissant pas de poser des questions dont personne n’a de toute évidence la réponse, à commencer par moi qui n’ai rien demandé à personne et encore moins de me coltiner sa compagnie ! En tout cas, bien qu’on puisse considérer que cela révèle d’une simplicité d’esprit ahurissante, l’esprit du bougre est diablement prosaïque, ayant vite fait de passer outre ce qu’il vient de vivre pour se contenter de ses préoccupations les plus urgentes, on l’occurrence la satisfaction de sa curiosité et de son ventre, satisfaction, qu’il réclame avec sa subtilité langagière habituelle qui aurait certainement de quoi faire attraper une jaunisse à un orateur digne de ce nom.
Moi-même, bien qu’étant d’un tempérament que je peux revendiquer doux et conciliant, et ayant décidé depuis l’arrivée de ce petit personnage de faire tout mon possible pour le considérer comme un hôte et non comme un intrus, je ne peux cacher que je me sens fortement exaspéré par un tel manque de convenances. Heureusement que ce masque me recouvre les traits, car autrement, il aurait été difficile de ne pas laisser voir à mon interlocuteur en plein monologue le soupir exaspéré et las que je laisse échapper, commençant sérieusement à en avoir plus qu’assez de l’entendre sans arrêt râler comme si sa condition et tous les problèmes qu’elle induit était le résultat d’un complot universel lancé contre lui.

Me tournant dans sa direction, relâchant au passage mon étreinte légère et mesurée mais toujours présente jusqu’alors sur Silmeï, je peux m’apercevoir au passage que le reste de l’équipage opère un prudent mouvement de retraite, l’attitude évasive s’étendant jusqu’à Ergoth auquel tout paraît pourtant d’ordinaire indifférent. Voyant cela, c’est une grimace de déception qui fait suite à ma moue d’irritation, celle-ci provenant du sentiment de presque trahison que je ressens devant ces pleutres qui se gardent bien de s’exposer aux ennuis, de la Capitaine à l’Emissaire : les rats quittent le navire comme on dit, et l’expression me paraît tristement bien adaptée pour qualifier le comportement ce ces peu fidèles gens. Moi qui croyais que la camaraderie et l’esprit d’équipage primaient au sein d’un bateau… lâcheurs va !
Hé bien soit, je me chargerai de ce mastodonte tout seul, quels que dussent être les risques de se confronter à un malabar aussi imposant, non seulement verbalement, mais surtout physiquement, le bâti du torkin faisant grandement honneur à la réputation de robustesse supérieure que l’on prête à ceux de son peuple, sans parler de son équipement de métal tout rutilant dont la puissance latente n’est pas moins impressionnante ! Et justement, alors que je m’apprête à lui conseiller d’allez voir ailleurs si j’y suis dans les termes idoines pour éviter de me faire défoncer le crâne, il me vient l’idée que si cette machine de guerre de chair et de sang est aussi terrible au combat qu’elle le paraît, c’est que ses gestes doivent être mus par quelque science, ou en tout cas quelque expérience.
De là vient que je m’arrête un moment et pense à ma propre inexpérience en matière de combat autre que le combat à distance, la lutte rapprochée étant en effet loin d’être ma spécialité : pour un bleu comme moi dans ce domaine, en voilà quand on y pense une belle aubaine ! Je suis présentement en face d’une masse fort douée dans le domaine du pancrace, mais aussi certainement dans celui de sa hache, autrement dit, si l’on élargit ce domaine de compétence, dans celui des armes de mêlée, domaine dans lequel il ne pourrait être que profitable que je prenne des leçons afin de me préparer à la probable confrontation qui nous attend avec cet être à l’odieux ramage qu’est le sombre Visage. De plus, étant donné l’ennui qui l’accable, l’intéressé ne rechignera certainement pas à pouvoir se dérouiller en un exercice dont l’application est d’après ses atours son métier au lieu de rester accoudé au bastingage durant tout le temps du voyage à observer les poissons passer.

« Dites Gleol… » L’abordé-je donc avec un ton courtois, appel auquel le bonhomme se détourne des animaux qui ont sa hargne pour m’observer avec un air de suspicion perceptible même à travers son masque. « …puisque vous avez de l'énergie à dépenser, qu'est-ce que vous diriez de partager votre savoir ? J'avoue que je débute encore en matière de combat, et en guerrier expérimenté, vous pourriez m'apprendre deux ou trois choses. Qu'est-ce que vous en pensez ? »

A cette proposition, mon interlocuteur me jauge du regard avec une sévérité et une circonspection manifestes auxquelles je ne me serais pas vraiment attendu de sa part, ne me prêtant pas moins à l’examen avec obligeance, ne cillant pas tandis que les yeux d’anthracite m’auscultent de la tête aux pieds, s’attardant tout particulièrement sur mes biceps, ma musculature ne lui inspirant vraisemblablement rien de particulièrement élogieux, le hacheur restant neutre jusqu’à ce que son regard se pose sur la lame azurée qui pend sagement à mon côté, moment auquel il se fend d’un sourire et déclare avec enthousiasme :

« Tu t'bats à l'épée, p'tit gars ? J'peux t'apprendre une technique torkine de guerre, si tu l'souhaites ! »

Soulagé de ne pas être recalé rien qu’à ce premier examen, je me redresse non sans une légère appréhension de ressentir les puissants courants marins frapper de plein fouet ma frêle carcasse, ne craignant au passage pas d’incommoder Silmeï, le cryomancien ayant quitté le séant que je lui offrais pour vaquer à ses propres occupations, ce que je peux facilement concevoir : au même titre que les secrets de la magie sont peut-être à jamais voués à être frappés d’hermétisme à mon égard, l’affrontement les armes à la main doit laisser le minuscule magicien froid (sans mauvais jeu de mots). Une fois debout, je peux m’apercevoir avec un étonnement non moindre que celui que l’immersion dépourvue de noyade avait suscité en moi que je tiens décidément sur le pont de ce bateau aussi facilement que sur une terrasse, mais, décidant de rester professionnel, c’est à Gleol que je continue de m’intéresser et non à mon équilibre :

« Et cette technique, elle consisterait en quoi ? » Lui demandé-je prudemment, pensant à bon droit ne pas être taillé pour une manœuvre de guerre qui se résumerait à culbuter violemment l’adversaire, la hache brandie.

De toute évidence ravi que je lui aie posé cette question, mon instructeur en puissance se campe fièrement sur ses deux jambes, prenant son inspiration en vue d’un discours que je prévois d’une longueur proportionnelle à la hache du discoureur : c’est dire si je vais en avoir les oreilles rebattues ! Cependant, au moment où il va se lancer, il paraît coupé par une prise de conscience soudaine qui tue ses velléités d’orateur dans l’œuf, et le pousse à jeter des regards suspicieux aux alentours avant de me faire signe de se pencher dans sa direction, recommandation à laquelle j’obéis sans broncher en dépit des effluves de transpiration aigre et d’alcool qui émanent de son corps même sous la mer :

« C’est qu’j’préfèrerais qu’on s’met’ à l’écart. J'veux pas qu'les aut' asperges me chouravent le truc, t'vois ? C’est qu’l’art de guerre torkin, c’est sacré ! »

Ces mots, il les souffle en un murmure rauque à mon oreille, ses paroles renfermant un si grand sérieux que je ne sais à vrai dire si je dois être impressionné, amusé ou outré par ce qu’il vient de dire : d’accord, il s’est montré fort insultant à l’égard de ceux qui sont pourtant ses compagnons d’équipage, quoi qu’il en dise, mais je suppose que cela remonte à quelque ancestrale raison que je ne peux m’expliquer et qu’il serait de toute façon sans doute vain de vouloir lui extirper du crâne qu’il a fort épais comme chacun le sait. Toujours est-il qu’il prend son appartenance au peuple auquel il appartient très au sérieux, ce que je n’ai aucun mal à comprendre, de même que la confidence de l’arcane dont il entend m’instruire, traits que je me vois mal tourner en dérision, aussi réponds-je à cette proposition d’un hochement de tête avant de jeter un regard en direction de l’assemblée elfique : ils n’ont rien fait tout à l’heure, alors maintenant, qu’ils ne se mêlent pas de mes affaires !
De toute façon, ce n’est manifestement pas ce qu’ils entendent faire, aussi c’est sans en être empêché ni même dissuadé le moins du monde que j’emboîte le pas à Gleol, lequel se dirige vers la porte menant aux coursives du bateau qu’il ouvre d’une poigne ravageuse, comme désireux de causer le maximum de dommages à cette œuvre de menuiserie issue du peuple qu’il exècre. Malheureusement pour sa hargne, le mouvement du panneau de bois est grandement freiné par l’eau qui offre bien plus de résistance que l’air, aussi le bourrin en est-il quitte pour adjoindre un coup de coude à son geste précédant en grommelant son dépit alors qu’il s’engage dans les coursives du navire, suivi sans un mot par votre serviteur.

A l’intérieur du Vaisseau-Lune, je dois avouer que c’est presque comme si nous étions dans une autre construction, ou plutôt comme si nous étions dans une autre version de celle que nous arpentons présentement : les parois d’un blanc immaculé se sont teintées d’une pellicule verdâtre donnant comme un air de hantise aux lieux, au même titre que le flou ambiant, et j’avoue que je ne me sentirais pas très rassuré, surtout avec l’influence latente du Visage, si je n’étais pas en compagnie de cet être à la tête dure qui me précède. En effet, rien ne peut à ce qu’il semble le démonter, et c’est limite s’il ne prête aucune attention à ce qui l’entoure, y compris à ce petit éperlan –si je ne me trompe- qui se faufile d’une nage précipitée entre les cornes du casque du guerrier engoncé dans son armure et me passe à côté avant de filer par la porte restée ouverte derrière nous sans demander son reste.
En ce qui concerne le casqué, celui-ci s’arrête après quelques mètres parcourus, devant juger la distance suffisante, et jette son dévolu ainsi que son pied sur une porte proche après avoir vérifié d’un coup d’œil que personne ne nous a suivi. Qu’elle ait été verrouillée ou pas ne change pas grand-chose à l’affaire, toujours est-il que sous la puissance du choc, le rectangle proprement travaillé qui s’opposait à notre entrée va bringuebaler avec un craquement sur le côté, toujours aussi paresseusement cependant que son jumeau précédemment rencontré, ce qui lui vaut à lui aussi un coup de coude tandis que Gleol pénètre dans la pièce pour un état des lieux.

Celle-ci fait trois mètres sur six à une vache près, et devait servir de je ne sais trop quoi, étant donné qu’elle a été sévèrement démeublée pour les besoins de la mise sur pied du second Vaisseau-Lune, le seul matériel restant consistant en une armoire de bonne taille engoncée de la paroi du bateau et trois caisses de grande taille au bois apparemment trop friable pour être reconverti en planches. Justement, c’est vers une de ces dernières que mon professeur dirige son attention, posant momentanément sa hache de côté pour s’emparer de l’une d’entre elles et la positionner à la verticale contre le fond de la pièce, retournant ensuite récupérer son arme qu’il empoigne avec une assurance certainement issue de la force de l’habitude avant de se positionner devant ce qui est manifestement une cible improvisée avec un rictus farouche.
Se mouvant alors avec une habileté à laquelle je ne me serais pas attendu de la part d’un être aussi courtaud, il fait quelques pas rapides en direction de cet ennemi imaginaire, se courbant légèrement, sa hache prête, hache dont il assène soudain un coup violent de bas en haut, d’une vivacité insoupçonné, et dont la puissance scie le gros boîtier en une ligne droite presque parfaite dans un *Tchrach* à peine étouffé par la gangue d’eau ambiante. Son mouvement fini, il se tourne vers moi, satisfait, sa respiration ne s’étant sur le coup même pas accélérée en dépit de l’effort qu’il vient de fournir pour se déplacer avec la célérité qu’il a observée et manier son outil de bûcheron comme il l’a fait.

« J’vais t’le faire moins vite maint’nant. R’garde bien hein ! » Prévient-il, un index sentencieux dressé en l’air, se remettant ensuite en position

Comprenant que je n’ai pas affaire là à une démonstration de force pour l’esbroufe, mais bel et bien à un aperçu de la technique que je suis supposé exécuter, je me concentre davantage sur sa gestuelle, faisant de mon mieux pour décomposer ses mouvements en une suite de postures précise de manière à pouvoir ensuite les imiter, ainsi qu’on m'a appris à le faire pour le tir à l’arc et comme j’ai vu qu’il était coutume de le faire pour le maniement du sabre. Ainsi, je peux voir en quoi consiste cette technique torkine à ce qu’on dirait si prisée : d’abord, une avancée vers l’ennemi de manière à l’approcher sans pour autant être dans le champ d’action de son arme, puis une sorte d’accroupissement dont le but est manifestement de concentrer l’élan donnant à la frappe verticale qui s’ensuit toute son ampleur destructrice. Simple comme bonjour en somme, mais je me méfie, car ce sont parfois les choses les plus évidentes au premier abord qui s’avèrent être les plus retorses à gérer, et ce qui me détrompera ne sera pas le sourire confiant dont Gleol me gratifie alors qu’il se fait un piédestal des deux caisses restantes, s’y hissant afin de m’observer à l’œuvre :

« Allez, à toi maint’nant ! Sors ton arme et mont’ moi c’que tu sais faire, mais prépare toi à trimer, c’est technique c’te… technique. »

En fait, ce qui m’intimide le plus, ce n’est pas le fait d’avoir à me familiariser avec une manœuvre de combat, ce que j’ai été habitué à faire depuis le tout début de mon apprentissage d’archerie, mais que ce soient là mes premiers réels pas dans le monde des armes de corps à corps. Oh, bien sûr, je ne suis pas non plus complètement manchot, et je sais tenir un bokken sans le bon sens, mais je ne tiendrais pas une minute face à quelqu’un d’un tant soit peu exercé dans le maniement d’instruments de ce genre, raison pour laquelle Anaal a toujours su me démonter en deux temps trois mouvements à tous les duels à l’amicale que nous faisions pour nous amuser autant que pour nous entraîner (avec une légère prééminence pour le premier impératif, je l’avoue).
Bref, quoi qu’il en soit, le moment est venu de m’améliorer, justement, aussi c’est d’un geste décidé que je dégaine l’Ongle qui s’extirpe de ma ceinture sans même un bruit et avec une aisance réellement impressionnante, le chuintement caractéristique de cet artefact de Rana se faisant entendre même au sein des profondeurs de sa sœur Moura. Pas bien sûr de la manière dont je dois amorcer mes passes, je me positionne donc le pied droit en avant, la tête bien rentrée dans les épaules, tâchant d’imiter la posture dans laquelle j’ai vu les apprentis escrimeurs d’Oranan.

« Rhaaa, pas com’ ça voyons ! Tu tiens ton épée comme une chochotte ! T’es là pour t’battre ou pour t’beurrer une tartine ? »

On dirait bien que je vais trimer…

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Et en effet, un temps indéterminé plus tard, il s’avère que j’ai bel et bien trimé, la preuve en est de mon souffle court aussi bien que de la transpiration que j'exsude heureusement bien vite noyée dans les étendues aqueuses et salines dans lesquelles je baigne, adossé contre une paroi de la pièce dans laquelle je me trouve bien entendu toujours et à l’intérieur de laquelle je n’ai cessé de m’escrimer selon le bon plaisir de Gleol, désormais fourbu, au grand désespoir manifeste de ce dernier. Pourtant, j’ai fait de mon mieux pour respecter ses directives (« Plus vite ! », « Plus bas ! », « Moins d’arrêts ! »), mais je n’ai toujours récolté en fin de compte pour fruit de mes efforts que de nouvelles harangues hargneuses divulguées, pour ne pas dire crachées par mon instructeur qui s’est montré pour la circonstance encore plus sévère qu’Aï, chose que j’aurais en réalité difficilement crue possible jusqu’à ce jour où il s’est avéré qu’en matière d’impitoyable et d’obstiné, on peut difficilement faire mieux –ou pire, c’est selon- que ce torkin !
C’est vrai quoi, qu’est-ce qu’il peut bien vouloir à la fin ? Malgré les difficultés, malgré les subtilités que je paraissais ne jamais appréhender de la manière qu’il fallait, j’ai toujours ravalé ma fierté et me suis efforcé d’obéir docilement à ses invectives sans broncher, mais peu importait l’acharnement que j’y mettais, on aurait dit que j’étais voué à une nullité totale et irrésoluble ; à être pour toujours un échec en matière de combat, avec « autant d’énergie qu’un pet d’sekteg » pour reprendre les propos de mon charmant professeur. C’est la troisième pause que je prends, et je ne sais pas combien de temps je pourrai tenir à ce rythme infernal qui va finir par me saper toutes mes forces et me laisser complètement anéanti sur le Vaisseau-Lune au moment où nous serons arrivés à destination !

« Mais c’est pas possib’ ! Fais un effort nom de Valyus ! Bouge toi les fesse ou r’tourne téter ta mère ! »

Comme on peut le voir, ce satané braillard ne manque toujours pas de souffle pour m’arroser copieusement d’insultes, railleries et provocations diverses, et plus le temps a passé, plus j’ai senti que le moment allait venir où la goutte d’eau déborderait le vase, moment qui, je crois, est arrivé ! Déjà, avant, ses amabilités qu’il pouvait se garder pour lui me mettaient les nerfs en pelote, mais là, trop c’est trop : en sus de l’énervement que ces nouvelles piques ont excité dans mon esprit déjà bien entêté des brumes de la fureur, gaz volatile, qui ne demande qu’à s’allumer, la mention de celle qui m’a donné naissance, cette grande femme des plus honorable, justement décédée, je sens qu’il y a quelque chose qui cède en moi et qui me fait agripper la poignée de mon épée en une étreinte presque convulsive, la lame de l’Ongle paraissant se teinter de reflets aussi noirs que Noir, en un reflet de ma furie désormais sur le point de se libérer.
Et le moment de la délivrance arrive alors que Gleol ouvre pour une énième fois, une fois de trop, son claque-merde pour me déverser un autre tombereau d’insanités verbales, et que je porte un regard lourd dans sa direction, ne pouvant définitivement pas supporter la vue de ce nabot haut perché qui joue les tyrans de sa grosse voix pataude : est-ce qu’il se croit plus malin que moi sous peine qu’il a pu gagner une cinquantaine de centimètres en se faisant un trône de ces fichues caisses ? Je vais lui montrer !

En vérité, avec mon expression rageuse, mon visage rouge de m’être dépensé aussi bien que de colère, mon air hirsute, mes vêtements mal ajustés ici et là, mon pas lourd et ma respiration rauque, je dois ressembler à celui auquel je veux justement mettre une bonne trempe, mais peu m’importe du moment que je peux lui montrer que je n’ai plus l’intention de me laisser marcher sur les pieds de cette manière.
Alors que je me précipite dans sa direction, j’adopte sans le vouloir le comportement qu’il s’est justement appliqué à me faire suivre des dizaines et des dizaines de fois dans le cas d’un assaut, mon corps suivant par une habitude devenue littéralement instinctive la gestuelle de la manœuvre que celui qui est devenu ma cible s’est efforcé de m’inculquer : une approche rapide, un accroupissement soigneusement calculé pour se positionner juste sous la garde de l’adversaire, et un redressement éclair pour le scier proprement !

Tout cela, je l’accomplis avec maestria sous le regard surpris de ce torkin de malheur qui n’a probablement même pas le temps de se rendre compte de ce qui lui arrive que ma lame est déjà sur lui. Malheureusement, pas le moindre millilitre de sang ne coule, car loin de perforer le harnois d’acier du guerrier, la lame ripe contre la surface décidément bien épaisse et bien solide en un bruyant crissement métallique aux accents mélodieux, l’Ongle de Rana traçant tout de même une belle ligne verticale sur le plastron de Gleol.
Et c’est à ce moment là, alors que, m’étant redressé de toute ma hauteur, je lui fais presque face, que je me rends compte ce qui s'est passé, l’arme me tombant des mains à la pensée de ce que je viens de faire : j’ai attaqué mon instructeur, une personne envers qui je dois normalement avoir un respect et une confiance qui ne devraient laisser aucune trace à des sentiments aussi bas que la déception, la rancœur ou la haine ! Mort de honte, m’attendant à sentir le poing ganté du combattant me défoncer la mâchoire, je balbutie quelques excuses, m’apprêtant à m’agenouiller devant lui ; aussi, quelle n’est ma surprise lorsque j’entends les éclats de rire tonnants du manieur de hache résonner dans les airs… heu, dans les eaux, puis sens son bras me ceindre les épaules pour coller mon front contre le buste du nain que je découvre radieux en relevant la tête, son sourire étant si large qu’il déborde de part et d’autre du masque.

« Bwahaha ! Ca c’était un beau coup Léo, franch’ment, j’ai rien à r’dire, c’était tout à fait ça ! »

Perdu, mettant du temps à ne serait-ce que comprendre ce qu’il est en train de me dire, puis saisir pourquoi mon crâne n’est pas broyé et seulement un peu étourdi par son choc contre l’acier de l’armure, je n’arrive à remettre un peu d’ordre dans mes idées qu’après que mon professeur ait consenti à me laisser partir. Une main sur ma tête qui tourne après que le sang m’y soit monté avant d’en partir aussitôt sous l’effet de la surprise et de la honte, une autre appuyée contre une paroi de notre salle d’entraînement improvisée, je peine à chercher mes mots tandis que le torkin vient me rejoindre à terre, ou plutôt à plancher, sautant à bas de son perchoir en un bond qui manque de défoncer le support sur lequel il atterrit et de le précipiter à travers jusqu’au fond des océans.

« Je ne comprends pas… » Finis-je par articuler d’une voix confuse après quelques secondes passées à attendre que les points noirs qui encombraient ma vision veuillent bien me laisser un peu en paix. « … je croyais que je me ratais sur toute la ligne ! »

Sans se départir de la jovialité qu’il a commencé à afficher depuis que j’ai pourtant eu un tête, dans ce moment d’étourderie déplorablement furieux, de lui trancher la couenne, il me fait face, appuyé sur le manche de sa bardiche, à la manière d’une statue. Lorsqu’il prend la parole, c’est avec une certaine solennité qui ne manque pas de me frapper malgré son parler toujours aussi relâché, d'un air à la fois cérémonieux et complice :

« Ouaip, c’est normal ça, faut t’t’ravailler les tripes au corps, faut qu’ça s’échauffe là-d’dans ! » Dit-il en ponctuant sa phrase d’un coup de poing sur son ventre bardé d’acier dans un bruit sourd. « Com’ ça, t’es bien à point pour fout’ exact’ment l’coup qu’y faut quand vient l’moment où t’en peux plus ! »

Etrange… étrange en réalité comme manière de procéder, mais en y réfléchissant et en repassant les faits, c’est vrai qu’elle n’était en aucun cas dénuée d’une certaine cohérence : tout en m’apprenant les bons gestes à faire, l'entraînement était ainsi un échauffement plus que convenable, mais « Pourquoi ? » faire bouillonner en moi une colère aussi dangereuse en m’assénant sans cesse des jugements dépréciateurs alors qu’il pouvait tout simplement me dire si ce que je faisais était bon ou mauvais ? Cette question, je la lui pose avec au cœur un remugle de rancœur qui s’estompe toutefois en voyant à quelle aptitude m’a mené mon apprentissage musclé : certes, je n’ai pas percé la carapace de Gleol, mais étant donné l’ampleur de l’estafilade que je lui ai asséné, et en considérant la résistance de cette coquille blindée, ce que je suis parvenu à faire n’est pas mal du tout, sans me vanter !

« Aaah, bah tu vois… » Entame-t-il comme s’il relatait de vieilles histoires qu’il peut désormais partager avec une nostalgie qui se perçoit dans le timbre de sa voix. « … c’te manœuvre, c’est le Passe-garde torkin, et l’but, comme t’as pu t’en rend’ compte, c’est d’fout' une trempe à l’adversaire en profitant d’sa taille pour passer sa défense. »

Désormais, je comprends mieux, et un demi-sourire un peu songeur se dessine sur mes lèvres alors que j’imagine sans difficulté toute la frustration et toute la rage que peut éprouver ce peuple en ayant à côtoyer des races pour la plupart d’une taille supérieure à la leur pour l’avoir ressentie moi-même sous le traitement de mon percepteur. Ainsi, cette technique transforme ce désavantage de verticalité en un atout de façon à renverser le cours de la bataille en tirant parti de la surprise que l’opposant ressent lorsqu’un combattant qu’il traitait avec dédain se faufile tout à coup sous sa garde pour lui asséner ensuite un coup d’une violence aussi terrible… véritablement, même si ce n’est peut-être pas digne d’une épopée, c’est là du grand art !

« Une revanche de torkin ! En déduis-je, résumant ainsi tout ce qui vient de me venir à l’esprit, suscitant un vif hochement de tête approbateur de la part de mon interlocuteur.
-‘xactement ! La l’çon du Passe-garde torkin, c’est « T’laisse pas faire ! ». Pas mal hein ? »

Vanné, je ne peux qu’acquiescer en silence, malheureusement pas avec le même entrain que le nain roux, car tous ces exercices m’ont à ce point épuisé que je tiens désormais à peine debout, mes muscles étant si engoncés dans l’application répétée de cette passe d’arme que je manque de me remettre machinalement en position pour répéter les gestes appropriés au lieu de glisser mon épée à ma ceinture comme je finis par le faire avec une lenteur proprement consternante. Même si la perspicacité n’est sans doute pas le fort de Gleol, mon état déplorable ne lui échappe pas, et c’est avec camaraderie qu’il me donne une tape amicale sur le bras, me donnant ainsi l’impression qu’il vient de m’enfoncer un charbon ardent de la taille de son poing sous la peau, mes muscles raidis et la retombée de l’adrénaline m’ayant rendu plus douillet qu’à l’accoutumée.

« Woula, ça va pas fort toi ! » Commente-t-il, apparemment inconscient du fait que je viens de retenir à grand peine un cri de douleur. « Allez, repos soldat, tu l’as bien mérité ! »

« Soldat »… je ne sais pas pourquoi, mais à l’entendre être ainsi prononcée par ce torkin qui vient de m’inculquer une leçon de valeur de son cru quelque chose dans cette appellation me plaît ; peut-être est-ce son caractère rigoureusement militaire qui me donne ainsi le sentiment de ne pas uniquement œuvrer pour ma petite personne mais pour mon pays tout entier ; peut-être est-ce parce que ce mot divulgue à la fois l’idée d’une personne capable d’être l’offenseur mais aussi et avant tout le protecteur… et peut-être est-ce simplement parce que l’injonction « repos » y a été associée ! Car ça oui, du repos, j’en veux, et qu’est-ce que cette simple syllabe sonne comme une douce musique à mes oreilles bien qu’elle ait été prononcée par un être à la voix aussi rocailleuse que le sieur Mirr’Brathas. Docilement, j’acquiesce à son ordre, mais, peu désireux de m’éclipser comme un voleur dès que j’ai eu ce que j’avais demandé, je ne manque pas de me plier bien entendu aux politesses d’usage, m’inclinant devant lui afin de lui transmettre ma reconnaissance :

« Merci beaucoup pour votre enseignement Gleol. J’espère en faire un usage digne de ce nom.
- Bha ! » Réplique-t-il en balayant de telles cérémonies d’un geste catégorique de la main, manifestement embarrassé d'atermoiements de ce genre. « D’jà, y va pas avec du « vous », ça m’donne des boutons ! Et t’en fais pas, c’est pas com’ si j’aurais eu mieux à faire avec les bouffeurs de salade ! D’ailleurs, ça fait du bien d’voir une vraie passe d’arme, ça m’manquait d’puis… »

A ce moment, il s’interrompt, et toute trace de jovialité disparaît de son visage, comme s’il avait soudain subi une douche glacée en plein dans l’intérieur du crâne, la main qui tient le manche de sa hache se resserrant alors autour en un tic nerveux, et en le voyant soudain si furibard, je ne mets pas bien longtemps à comprendre le motif de son énervement en retraçant ce que je connais de lui : de toute évidence, notre conversation l’a amené à retracer pareillement la chronologie de notre côtoiement jusqu’à ses débuts mêmes, notre premier contact ayant été suscité par l’explosion fracassante de l’Eclair de Roc dont tous les occupants ne sont plus maintenant que des défunts excepté pour un seul d’entre eux qui se tient juste en face de moi.

« Gleol… tout va bien ? Lui demandé-je, sincèrement inquiet de ce qui peut bien être en train de se passer dans la tête de ce torkin si rudement éprouvé par le Visage.
- Ouais… ouais, ça roule. » Ment-il éhontément puisque le timbre étranglé de son élocution et la manière dont il exécute des débuts de petits moulinets de son arme révélent aisément la vérité sur son état d’esprit. « Allez, ouste maint’nant. » Termine-t-il d’une voix atone.

Cela m’avait tout l’air du genre d’ordre qu’on ne discute pas, aussi bats-je prudemment en retraite, la démarche légèrement pataude, et c’est au moment où je referme la porte derrière moi que les premiers éclats de voix et de bois démoli résonnent avec fracas, Gleol se déchaînant de bon cœur, autant par le geste que par le verbe, autant sur le mobilier que sur le Visage, autant de son répertoire d’insultes diablement fourni que de son arme dont l’efficacité n’est plus à prouver. Pour ma part, malgré la compassion que je ressens, je ne me sens pas fou au point d’aller me mêler de ce qui ne me regarde manifestement pas, aussi je m’éloigne de la salle d’entraînement désormais défouloir jusqu’à ce que les bruits se fassent raisonnablement peu perceptibles, et surtout jusqu’à ce que mes jambes crient grâce.
J’élis alors la première porte qui me tombe sous le nez comme début –et, je le souhaite ardemment, fin- de mes investigations, espérant tomber sur une chambre à coucher… ou plutôt sur n’importe quoi dans cette pièce qui pourrait faire office de lit, fut-ce la réserve de coussins de soie privée d’Ergoth. Et, ô ravissement qui me frappe d’un choc charmant, là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté, puisqu’il figure parmi l’ameublement des lieux que je découvre un lit, ou plutôt ce qui a dû être un lit désormais reconverti en bois de charpente pour le jumeau de Vaisseau-Lune et qui n’est maintenant plus qu’un matelas avec des couvertures. A quoi ressemble ce gros tas de tissu ? A quoi ressemble d’ailleurs la salle dans laquelle je pénètre d’un pas fort peu leste ? Qu’est-ce qu’on en a à faire ? Il y a un lit, par Rana, et cela seul me suffit !

Après l’effort, le réconfort, comme on dit, et, rejoignant ce lieu de délices avec un empressement tout relatif étant donné mon état, je ne prends même pas le temps de me déshabiller de quoi que ce soit ni même de me glisser sous les couvertures, laissant simplement glisser mon sac jusqu’au sol avant de me laisser tomber avec un profond râle de soulagement sur ce support si agréable au toucher pour mon corps fourbu. Et ni les soucis relatifs au Visage, ni le boucan de Gleol à moitié étouffé par la distance et par les murs ne peuvent m’empêcher de m’offrir une bonne dose de sommeil du juste en une sieste qui devrait me requinquer le mieux du monde pour notre arrivée à destination, me mettant à roupiller avec sur mon visage masqué un sourire suscité par la satisfaction d’avoir maîtrisé le Passe-garde torkin.

[Apprentissage de la CC « Passe-garde torkin » réalisé en semi-dirigé avec, bien sûr, l’aval de GM9.]

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Ven 7 Aoû 2009 19:10 
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Alors que le vaisseau elfe approche lentement, mais sûrement, de la cité sous-marine, ralentissant l’allure de leur avancée mystérieuse dans les profondeurs océanes. Chacun semblait s’être trouvé un coin pour se reposer, que ce soit en dormant, comme le nain affalé sur les caisses brisées de la cale, en méditant, comme Valor Fein, le visage fermé et les traits sévères, mais détendus, yeux fermés et assis sur un des tapis de sol du pont, ou en observant la quiétude sous-marine, comme Ergoth, droit comme un i face à la proue, comme à l’accoutumée, ou Aëlwinn, debout, le regard fixe et perdu dans le vague de l’intérieur marin, près de la barre.

Maelan, quant à lui, reste assez distant dans sa réponse à Dôraliës :

« Oui oui tout va bien, je… je ne suis juste pas habitué à… tout ça. »

Il reporte son attention vers la citadelle des profondeurs qui semble marquer la destination de votre voyage. Quand soudain, ses yeux s’agrandissent dans une expression de terreur : Il bondit presque de peur et s’exclame en criant :

« Re… regardez là-bas ! On nous attaque !! »

Ergoth a aussi remarqué ce qui vous menace… Montant de la cité, des êtres étranges se dirigent vers vous, et leurs intentions sont très claires : vous semblez indésirables, et c’est en fervents défenseurs qu’ils se dressent face à vous. Ils sont dix en tout, humanoïdes qui semblent entièrement faits de métal, et qui se meuvent sans difficulté dans les flots grâces à une grande paire d’aile dont les plumes semblent plus acérées que des lames de rasoir…

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Le combat est inévitable, et déjà, Maelan s’empare de son arc, tout en reculant vers Aëlwinn, qui s’empare de la cloche située derrière elle pour sonner le branle-bas de combat ! Les dix êtres sont face au navire, en ligne, et le Vaisseau-Lunea stagné soudainement sa course, comme arrêté par les créatures qui pour l’instant, ne bougent plus… Ou pas encore.

(C’est donc, vous l’aurez compris, un petit combat qui s’engage ici, et que j’espère rendre original de par sa nature sous-marine. Je vous demande donc, dans vos actions, de tenir compte de l’élément dans lequel vous vous trouvez et de ses diverses et nombreuses possibilités. On commence le combat en dirigé, le nombre d’action par tour est déterminé par votre agilité… et un tour dure 3jours (et pas un de plus, je serai intransigeant ! En avant !)

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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Sam 8 Aoû 2009 05:52 
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Drelin drelin drelin ! C’est dans un fracas qui résonne à mes oreilles que je m’éveille en sursaut, me dressant sur mon séant ainsi que sur le gros tas de tissus sur lequel je m’étais laissé choir plus qu’allongé, la tête toute vibrante de ce réveil passablement violent pour quelqu’un qui dormait du sommeil du juste. Bon, hé bien on dirait que le temps du repos est passé, mais en tout cas, je ne sais pas si c’est parce que j’ai sommeillé tant de temps que ça ou grâce à la poussée d’adrénaline qui me galvanise le corps, mais je me sens parfaitement d’attaque et ne fais ni une ni deux pour me mettre debout et me ruer en direction de la porte toujours ouverte, manquant toutefois de m’écraser contre le mur en face de par la célérité imprimée à mes jambes encore un peu trop flageolantes.
Jetant un regard un peu hagard en direction du couloir menant à la sortie des coursives du Vaisseau-Lune, je peux voir de la salle dans laquelle j’ai précédemment passé mon entraînement sortir Gleol, lequel, une main empoignant son instrument de guerre qui décidément ne le quitte jamais, l’autre rajustant maladroitement son casque qui a légèrement glissée de sa tête marquée par un sommeil tout récent, me fixe d’un regard dans lequel se mêlent effarement et enthousiasme. Après avoir résonné avec insistance durant quelques secondes supplémentaires, la cloche finit par se taire, laissant ainsi un peu de temps aux ronfleurs que nous avons été pour échanger un regard et pour le torkin d’agiter sa hache en un moulinet évocateur qu’il double d’une exclamation pleine d’une fougue hargneuse :

« Taïaut p’tit ! C’est la guerre ! » M’envoie-t-il en guise de bonjour, ponctuant ses paroles d’un immense sourire qui montre combien le combat réel lui revient davantage que les passes d’armes d’entraînement.

Puis, sans autre forme de procès, le voilà déjà à moitié ricanant qui déboule en direction du pont, son arme au redoutable tranchant brandie d’une telle manière qu’il est heureux que personne ne se dresse par accident sous le chemin du bolide blindé ! La guerre hein ? Je n’en suis pas si sûr, mais c’est vrai que pour qu’on nous prévienne avec un tel fracas, il faut qu’il y ait de la menace dans l’air, aussi, alors que je surgis à la suite du guerrier pour rejoindre le reste des aventuriers, je finis d’enfiler mes kote qui ne seront vraisemblablement pas de trop pour me garder des assauts de toute résistance que nous pourrons éventuellement rencontrer de la part du Visage qui n’aura probablement de cesse de tester notre endurance à coups d’obstacles vicelards durant le le jeu pervers qu’il nous inflige.
Et effectivement, je découvre mes compagnons en position de combat, faisant face à une escouade qui ne compte pas moins de dix membres à vue de nez, lesquels sont positionnés devant le bordage du navire, figés dans une immobilité aussi déconcertante que celle que le navire a maintenant prise, attendant manifestement que nous prenions l’initiative. Et quels membres en vérité ! Ils ont de quoi figurer dans les bestiaires les plus invraisemblables, et la preuve en est que de près ou de loin, je crois bien ne jamais avoir entendu parler de créatures de ce genre ! Que l’on juge plutôt : être manifestement artificiels issus de quelque génie fou, les entités auxquelles nous sommes confrontés sont exclusivement constituées de métal, et arborent un physique tout ce qu’il y a de plus humanoïde, la morphologie allant jusqu’à des détails tels qu’une poitrine (je me demande bien qui peut mettre des nibards à une espèce de statue comme ça, mais bon, je ne suis pas cinglé moi) ou des doigts d’une finesse proprement ahurissante pour un ouvrage de métallurgie.

Toutefois, des traits pour le moins marquants viennent démentir cette humanité apparente qui pourrait faire croire que nous avons affaire à des être pensants, le plus frappant d’entre eux étant les ailes à l’apparence la plus dangereusement acérée que j’aie jamais vue, chacune de ces espèces de harpies en arborant une paire qu’elle darde dans notre direction en une menace plutôt éloquente en dépit des visages aussi inexpressifs que les masques que nous portons qu’elles arborent. J’ai déjà vu des montreurs de foire faire bouger des objets à distance pour amuser les badauds, et je soupçonne que cette manifestation que nous avons face à nous puisse s’apparenter à une puissance magique de la sorte, mais comparé à ces choses que nous allons très vraisemblablement avoir à combattre, de tels tours ne sont que de la poudre de perlimpinpin ! Je ne sais pas comment ces engins sont mus, mais il me semble plutôt clair que celui qui les contrôle n’est autre que le fourbe qui nous a fourni les masques que nous portons en ce moment même, et je l’imagine bien se frotter les mains devant une boule de cristal en nous regardant nous apprêter à en découdre avec ses créations !
En tout cas, si nous ne savons pas comment elles peuvent être fabriquées, il n’est pas difficile de savoir comment les détruire : par la force des armes, et de préférence, des armes à l’efficacité plutôt percutante telles que celle que manie le fidèle Ergoth à la redoutable massue ! Mais ce que je vois me chagrine, car toute cette belle équipée qui pourrait être d’une flamboyante efficacité est regroupée de manière bien tristement dépourvue d’organisation ou même de stratégie, la seule trace d’inventivité en la matière se trouvant sans doute chez Silmeï qui, perché sur Aëlwinn, regroupe ainsi la force de frappe de nos magiciens du bord. Autrement, tout le monde fixe nos adversaires avec des yeux qu’il sera bon pour la circonstance de nommer des yeux de merlan frit, ne faisant preuve d’aucun esprit de cohérence, chaque personne présente s’étant contenté de dégainer son arme pour attendre ensuite que les zigotos en face veuillent bien nous rentrer dans le lard.

Ah non, ça vraiment, c’est insupportable, et puisqu’il s’avère que personne ne fait l’effort de prendre tout ce beau monde en main, hé bien soit, je vais m’en charger sur le champ d’une manière qui ne traînera pas, foi d’Archevent ! Je n’ai peut-être rien d’un commandant, ni même d’un sergent, mais je me flatte tout de même d’avoir ne serait-ce que quelques notions de stratégie, et je compte bien les mettre en œuvre afin que nous ne soyons pas complètement dispersés face au danger qui nous pend au nez. Commençant par montrer que j’entends bien moi aussi partager à la lutte qui s’annonce farouche avec tous les moyens que je suis capable de déployer, je tire une paire de précieuses flèches à pointe de cristal de mon carquois, que j’encoche sur mon arc selon la méthode inculquée par Aïlayon Jessan, venant dans le même mouvement me poster à la droite du duo de lanceurs de sorts, Maelan occupant déjà la gauche. Ayant cogité sur une disposition à prendre selon les capacités de chacun, c’est d’une voix forte et claire que je donne mes instructions, du ton de celui qui n’entend pas être contrarié puisque de toute façon, personne ne semble avoir de meilleure idée que moi sous la main :

« Gleol, en première ligne ! Ergoth, couvrez nos arrières ! Dôraliës, soutenez Maelan ! Fein, avec moi ! »

Voilà qui est dit ! De cette manière, cette baraque de Gleol, qui n’aurait de toute façon probablement pas voulu avoir une autre charge que celui de receveur des premiers assauts étant donné la manière dont il bave presque d’un entrain rageur à l’idée de planter sa hache dans ces espèces de gargouilles, couvrira fort convenablement les magiciens sans pour autant gêner leur champ de vision. Quant à Ergoth, le pyromancien et le cryomancien n’auront probablement même pas besoin de faire attention à ce qui se passera derrière eux étant donné que je veux bien être pendu si un colosse de la carrure et de la vigilance de l’elfe si puissamment bâti laisse passer ne serait-ce qu’un seul coup en direction de la Capitaine au service inconditionnel de laquelle il est.
Pendant ce temps, moi et Maelan tiendront nos agresseurs à distance, ou en tout cas feront de notre mieux pour parvenir à minimiser le harcèlement que nous infligeront ces terribles créatures à la pointe de leurs ailes fatales, et si cela ne suffit pas, il y aura Fein et Dôraliës pour contenir les plus violents des assauts. Bon, j’avoue, pour ces deux derniers, c’était un peu le poste par défaut, car franchement, ils n’ont ni la carrure ni l’équipement qui pourrait les apparenter à des combattants, mais bon, qui sait, ils peuvent faire montre de capacités inattendues dans le domaine de la lutte ! Et puis à tout prendre, peut-être que cet affrontement permettra non seulement de les défouler, mais aussi et surtout de leur montrer ce qu’est vraiment la violence, de manière à les dissuader de recommencer leurs imbécillités le couteau à la main.

« Concentrez-vous sur le même ennemi, tâchez de concentrer vos assauts, et surtout, gardez vos positions ! L’unité pour la victoire ! » Prononcé-je en une harangue à l’égard de mes coéquipiers histoire de leur donner une ligne de conduite à suivre et sur laquelle se concentrer plutôt que sur la trouille qu’il doivent ressentir à l’idée de se battre.

D’ailleurs, moi-même, je n’en mène pas large, mais je puise dans tout ce que j’ai au niveau résolution et courage pour être une source d’inspiration et d’exemple pour mes compagnons, bien décidé à toujours être de toutes mes forces un point d’appui auquel ils pourront se raccrocher durant le tumulte des coups qui ne vont pas tarder à voler. A propos de voler, c’est ce que les harpies de métal continuent de faire, agitant leurs ailes pour se maintenir à notre niveau (oui, je sais, c’est totalement absurde qu’un machin d’acier puisse nager aussi facilement, mais on n’est plus à une absurdité près dans cette aventure) pendant que je suis en train de donner des directives à droite à gauche, faisant ainsi preuve d’une politesse déconcertante, mais il me semble que leurs mouvements sont en train de s’accélérer, aussi le moment me semble-t-il venu de donner l’ordre de l’offensive, ce que je fais le cœur serré d’une angoisse que je m’efforce de ne pas laisser transparaître dans ma voix :

« Maelan, quatrième depuis la droite ! Feu général, maintenant ! »

Et sur cette injonction, je décoche mes deux flèches sur l'adversaire que j'ai désigné, me préparant déjà à me saisir d’une troisième pour l’encocher aussitôt avant même que les premières soient arrivées au niveau de leur cible, avec cette célérité de mouvements qui caractérise tout bon archer oranien, espérant au passage que les autres font et feront preuve de la même diligence.

[Utilisation de la CC Double Tir, puis de Tir précis (ou un tir simple, si ce n’est pas possible).]

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Dim 9 Aoû 2009 00:12 
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Un bruit de cloche. Un tintement pur et perçant, qui se répercute sans encombres sur le pont silencieux du Vaisseau-Lune (à peine perturbé par le "bloubloutement" des bulles). D'autant plus perçant que contrastant radicalement avec le mutisme du monde marin. Alors que je me réveille en sursaut, et que je m'écroule à l'intérieur de mon tas de cordes, des souvenirs paniqués me reviennent en mémoire. Les cloches qui sonnent par dizaines. Puis la folie. Meurtrière. Et le carnage du port. Les corps qui s'empilent dans un joyeux bordel. Toutes ces images me frappent durement la caboche et m'embrouillent quelques instants l'esprit, tandis que mes boyaux témoignent de ma peur en se convulsant allègrement. Pas de doute: cette fichue cloche annonce qu'il y a du grabuge dans le coin. Grommelant une bordée de jurons estampillée "qualité Kiana", je me démène contre l'énorme corde qui m'écrase et m'étouffe en même temps. Allons bon, manquerait plus que je finisse écrabouillé par un tas de corde récalcitrant. Parfois, le burlesque de ces situations (on se souvient de mon premier réveil chez Kiana, lorsque j'ai manqué de peu de finir proprement étranglé par cette vicieuse couverture), comparé aux hauts faits d'armes que j'accomplis quotidiennement dans la plus grande humilité, me fait me demander s'il n'y a pas un quelconque vieux pervers perché au dessus de ma tête qui m'envoie des tuiles sur la tronche en éclatant grassement de rire. En plus du Visage, bien sûr. Mais revenons à mon ennemi de l'instant: m'agitant en tous sens dans déchaînement de bulles furieuses, je finis par pousser la corde loin de moi. Ronchon à cause de ce réveil clairement pourri, j'escalade le tas pour me retrouver sur le pont tout en marmonnant entre mes dents serrées.

Je fais quelques mètres en rajustant ma tenue de débraillé, puis consens enfin à lever la tête pour voir un peu ce qu'il se passe (je sais, je suis efficace dans les situations d'urgence.). Et là, ma bouche bée le plus largement possible, avant de se refermer bien vite en un sourire pincé d'appréhension. Car effectivement, la cloche annonçait une saleté. Ou plutôt, dix saletés. Encore une fois je remercie l'impassibilité constante que ce masque donne à mon visage, car je serais une fois de plus passé pour un demeuré. Mais en même temps, il faut me comprendre: devant la proue du navire sont alignées, presque parfaitement immobiles, dix... dix... Zut, je ne vois vraiment pas comment les décrire! Des Aldrydes en fer à taille humaine, peut-être. Toujours est-il que dix silhouettes féminines, sveltes et élancées mais dont la puissance ne fait aucun doute, nous fixent de leurs yeux métalliques, tout en remuant paisiblement de gigantesques ailes, à l'air pour le moins tranchant. Et douloureux.

(Mais comment ces blocs de ferraille font-ils pour ne pas couler?)
(Qu'est-ce que j'en sais? De toute évidence, ils vont avoir besoin de notre aide pour ça.)

En effet, je doute que l'arrêt subit de la progression du Vaisseau-Lune, et l'interposition de dix hachoirs à viande animés se solde par autre chose qu'une sanglante bataille. C'est tout de même étrange: pourquoi les créatures se bornent-elles à nous fixer sans passer à l'attaque? Je ne m'en plains pas cependant, car lorsque je jette un coup d'oeil à mes compagnons, je constate qu'aucun d'entre eux n'est prêt à livrer bataille. Aëlwinn est figée, une main accrochée à une cordelette reliée à la cloche au tintement lugubre. Ergoth lui, choisit l'originalité comme toujours, et se tient immobile à l'avant du navire. Il est d'ailleurs imité par les deux meilleurs amis du monde, Dôraliës et Fein, qui fixent nos futurs adversaires d'un regard sombre. Seul Maelan a saisi son arme, et recule avec un air paniqué auprès du capitaine. Léonid et Gleol manquent à l'appel, pour couronner le tout! Bien, il est temps de réagir! Avant de m'élancer, je consulte ma conseillère personnelle:

(Aurore, les bestioles en fer, on peut les faire exploser en alliant nos magies, Aëlwinn et moi comme pour la chaîne, non?)

(Oui Sil', c'est une bonne idée! Fonce!)

Je ne me le fais guère répéter, et m'élance en direction de l'elfe aux cheveux roux, qui dansent fantasquement autour de son visage sombre et concentré. Sans vraiment y prêter attention, je commence à battre des ailes, qui se meuvent sans trop de difficultés dans l'eau, et constate avec surprise que l'opération m'a fait promptement décoller du sol! Eh bien, il faut croire que je vais aussi pouvoir voler dans l'eau! Certes, ma vélocité n'est pas la même qu'à l'air libre, mais ce sera toujours ça de gagné. Quelques brasses et me voilà à côté d'Aëlwinn. Vu l'urgence de la situation, je me pose directement sur son épaule sans me préoccuper des éventuelles conséquences, et commence à lui parler au creux de l'oreille:

" Capitaine! Ce sont des créatures de fer! Vous les ébouillantez, je les refroidis, et elles explosent. Allions-nous! "

C'est à ce moment que Gleol débarque avec une joie non feinte sur le pont, suivi de Léonid, qui reste lui aussi quelques instants interloqué par le spectacle étrange qu'offrent nos chères amies acérées. Comme à son habitude, mon compère humain ne perd pas son temps, et donne à chacun des instructions que je ne peux qu'approuver. Gleol et sa redoutable hache au front, les archers, Fein et Dôraliës le soutenant, et enfin Ergoth pour assurer nos arrières, à Aëlwinn et à moi. C'est vrai que vu la trempe de nos ennemis (elles sont effectivement en acier trempé, pour ne pas faire de mauvais jeu de mot), la magie sera plus radicale qu'un coup d'épée, aussi barbare qu'il puisse être.

Bien, il est temps de voir ce que ma magie vaut. Attendant la réponse d'Aëlwinn, je saute dans le gouffre profond au fond duquel coule paresseusement ma magie, puis fais appel à mes fluides de glaces dévastateurs (du moins, je l'espère). Suivant mon injonction mentale, ces derniers se mettent à parcourir mon corps, dynamisant mes veines et faisant briller d'un éclat magique mes pupilles. Pendant que je me concentre, j'entends Léonid indiquer à Maelan sa cible. Quatrième en partant de la droite. Je dois avouer que je suis curieux de voir quels dégâts vont faire des flèches sur des androïdes de fer. Décidant que la bataille se déroulera pour moi à distance (vous me voyez affronter ces machins à mains nues? Je finirai en surimi.), je canalise vivement mes fluides dans mes mains qui, chargées soudainement de pouvoir, se mettent à scintiller. Du coin de l'oeil, j'aperçois les premières flèches de Léonid filer dans l'eau avec avidité en direction du monstre de fer. Bon, filons-lui un coup de main! Répétant un exercice maintes fois effectué et désormais maîtrisé, je fais sortir progressivement de ma main droite tendue un fluide de glace, que je prends soin d'entortiller sur lui-même au prix d'un effort mental soutenu. L'opération je prend guère plus d'une seconde, et mon projectile prêt, je l'envoie directement sur la cible de Léonid, avec toute la force dont je suis capable.

En espérant que toute cette flotte alentour ne fasse pas capoter mon sort.


[Lancer du sort Froid Perçant en attendant la réponse d'Aëlwinn! ]

A corriger

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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Dim 9 Aoû 2009 15:08 
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Pendant que chacun vaquait à ses occupations, s'entraînant pour certains, flânant pour d'autres, moi je cherchais à trouver des explications autour de ce mystérieux être qu'était cette méduse. Je demandai à Maelan de m'aider dans ce cheminement vers la culture pure et dure, mais, l'Elfe ne semblait pas être très enthousiaste à cette idée... Son trait de génie en me faisant passer pour une créature dévorée intérieurement par le mal de la piqûre me donnait plutôt envie de rire. Mais, bon, il s'apercevrait rapidement que je n'étais pas contagieux et le temps ferait des ravages dans son esprit, l'aidant à effacer tous les stigmates de ses peurs dérisoires. Notre avancée dura longtemps, des heures sans aucun doute, nous progressions aussi rapidement que sur les flots, nous enfonçant toujours plus profondément dans les sombres eaux. Nous ne savions pas où cette force implacable nous entraînait, ni comment nous réussirions à remonter à la surface. Toute cette aventure débordait de complexité ce qui ne me surprit nullement, la finalité de ce voyage était une nouvelle fois de nous dérouter, de nous perdre dans nos pensées les plus abruptes. Nous confondre ? Voilà qui était bien pensé de la part de cette créature onirique, son intelligence n'avait rien du néant que l'on pouvait trouver chez certains, tout avait été tellement bien réfléchi que nos efforts nous seraient certainement vains.

(Sombres eaux, guide-nous dans l'immortalité. Aide-nous à découvrir le point culminant de notre existence ! Pfff ! Comme si ça pouvait être vrai...)

Toutefois, mon interlocuteur ne semblait pas disposé à dévoiler ses peurs et ses craintes, masquant du mieux qu'il pouvait sa réponse... Mais, je n'étais pas stupide et je voyais bien qu'il me cachait quelque chose et cela ne me plaisait pas du tout ! Après tout, nous étions une équipe, alors pourquoi refuser de me dévoiler ses pensées qui seraient peut-être un frein à notre avancée ? Était-ce un être chaotique ? Voulait-il effacer son identité secrète de traître ? Cela ne m'aurait pas étonné, depuis le début du voyage, il avait l'air de rester en dehors de toutes les conversations, observant, prenant des notes, mettant une stratégie imbattable au point pendant que nous cherchions une solution à nos problèmes. Était-il possible que Valor ne soit qu'un leurre ? Après tout, il n'était pas impossible que sa bêtise incroyable soit sa réelle personnalité... M'étais-je trompé ? En partie peut-être, mais je ne pouvais nier l'évidence ce crétin m'avait tout de même attaqué ! Et puis, sa façon d'être était vicieuse, tel le serpent il avançait derrière nous dans l'unique but de nous assassiner. Cet Elfe était bien le genre de personnes à se laisser pervertir pour une dérisoire poignée de pièces d'or... Pourtant, l'esprit de Maelan était bien plus logique et apte à établir une stratégie digne de ce nom. Son air réservé et juvénile le mettait hors d'atteinte à la vue de ses coéquipiers, dans son coin il avait tout le temps de réfléchir à toutes les possibilités...

(Un seul mot me vient à l'esprit : «traître»)

Mais, l'ultime but de notre épopée sous-marine était à quelques lieux de nous, cette cité aquatique s'élevait devant nous, reine de l'océan, elle dominait les profondeurs. Sinistre à souhait, ses tours surplombaient l'univers de l'onde, scrutant sans doute l'obscurité pour déterminer si d'éventuels assaillants étaient assez stupides pour s'attaquer à elle. Il ne restait plus qu'à savoir si nous étions leurs amis ou leurs ennemis... Cependant, vu la réaction de Maelan en voyant apparaître des créatures plus qu'étranges de la citadelle, il était clair que nous étions considérés comme adversaires à leur patrie... Hé bien ! Il ne manquait plus que ça : une attaque sous-marine ! Comme si nous n'avions pas déjà suffisamment de problèmes comme ça... Bref ! En voyant les yeux exorbités de Maelan, je me rendis compte que la guerre qui se préparait allait être plus difficile à gagner que je ne l'aurais cru... Étrangement, ces bestioles ne possédaient pas de nageoires comme les poissons qui nous entouraient, ni même de tentacules, mais à la place des ailes argentées s'étaient greffées dans leur dos... D'ailleurs, non seulement leurs organes aux plumes étincelantes étaient métalliques, mais, leur corps tout entier était recouvert d'argent, de platine, ou d'un matériau encore plus résistant... Cependant, ces êtres se mouvaient aussi normalement que les créatures aquatiques normales, possédant même une certaine grâce dans leur mouvement.

(Quelle chance... On ne peut même pas se baigner tranquillement ! Mais où va-t-on ?!)

Rapidement, Aëlwinn sonna la cloche, le branle-bas de combat était déclaré, il était temps pour nous de récupérer nos armes et de passer à l'attaque. En tout, il y avait dix assaillants, pas un de plus alors que nous n'étions que huit, ils avaient donc la supériorité numérique, mais, plusieurs points leur faisaient défaut selon moi. Tout d'abord, il n'avait pas l'avantage de la diversité, ces créatures conformistes semblaient toutes identiques... Et puis, leur carcasse métallique devait certainement être faite dans un alliage ferrique et tout le monde savait que le fer, l'humidité et l'air présent dans l'eau ne faisaient pas bon ménage. Donc, il suffisait d'aider mère nature pour transformer ces armures indestructibles en tas de rouille inutile... Mais, que faire ? Nous ne pouvions accélérer le temps... Pourtant, nous allions avoir besoin de cet atout pour que nos armes puissent traverser leurs carcasses...

(La rouille est-elle la solution ?)

Apparemment, notre petit chef humain tyrannique se moqua de leur couverture métallique et préféra nous donner des ordres comme à son habitude. Oh que ça commençait à devenir lassant ! Enfin ! Son complexe d'infériorité plus ardent que les flammes de Meno faisaient partie de lui et même dans le royaume de Moura, il persistait dans sa volonté de brûler tout ce qui se trouvait autour de lui. Bref ! J'allais rejoindre mon poste, mais pas pour longtemps car une fois que ces êtres des profondeurs auraient paré nos flèches, il ne nous resterait plus qu'à défendre le Vaisseau-Lune de nos mains. Récupérant mes gants nouvellement acquis, je me les passai autour des mains, ils allaient certainement me servir à irradier la menace. Puis, donnant une impulsion avec mes pieds pour décoller, je me mis à faire quelques brasses pour me diriger non pas aux côtés de Maelan comme on me l'avait ordonné, mais, pour aller sous le Vaisseau-lune. À cet endroit là, je pourrai avoir une vue d'ensemble sur la totalité du champ de bataille et pourrai fondre sur une créature dès qu'elle aurait l'idée de s'approcher trop près de nous.

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Maître musicien pour vous servir...


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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Dim 9 Aoû 2009 17:53 
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Léonid : Jets d’arme à distance : échec, réussite.
Silmeï : Jet de magie : réussite.
Dôraliës : Jet d’habileté sous-marine : réussite.


La plupart des aventuriers prennent part à la stratégie fixée par l’humain Ynorien. Le nain, trop heureux d’être le rempart face à ces créatures diaphane semblant constituée de métal, se rue à l’avant du navire, tout en croisant Ergoth, qui, d’un pas lourd et rapide, rejoint la proue, prêt à défendre vos arrières. Si Dôraliës n’obéit pas aux ordres, il en est de même pour Valor Fein, qui au lieu de se porter en soutien exposé de Léonid, va se planquer derrière la capitaine flamboyante du Vaisseau-Lune, dégainant tout de même sa longue dague torsadée.

Ainsi, donc l’elfe bleu choisit de nager jusqu’à se trouver en dessous du navire elfe, chose qu’il parvient à faire avec dextérité. Sur le pont, Aëlwinn répond d’un simple signe de tête à Silmeï, précisant tout de même :

« Elles n’exploseront pas, mais seront affaiblies ! »

Et elle se concentre alors dans une incantation fulminante, alors que ses yeux d’émeraude semblent se peupler des flammes de sa magie. Une aura de feu semble la cerner, la rendant impressionnante, si bien qu’un frémissement est presque perceptible chez vos ennemies pourtant farouches… S’en suit aussitôt une projection ardente qui vient percuter les trois premières ennemies en partant de la gauche, laissant un sillon d’eau bouillante sur son passage. Le métal ornant la peau des trois créatures semble être chauffé à blanc, et l’eau commence à bouillir également, même si elles n’en paraissent pas aussi touchées que prévu, comme le témoigne la réaction d’Aëlwinn…

« Mais ? Que… L’eau diminue ma puissance ! »

La quatrième créature en partant de la droite, elle, est percée par deux flèches, ainsi qu’une projection de glace : une flèche de Léonid qui vient se ficher dans son ventre, une de Maelan, qui vient se planter dans son épaule, et le projectile glacé de Silmeï qui transperce l’armature de son aile gauche de part en part.

Les quatre demoiselles des fonds océans touchées par cette furieuse défense n’interviennent pas de suite, restant immobile, en file… Mais les autres passent à l’action : Les deux sur l’extrémité droite filent en piqué vers l’aventurier esseulé sous la coque du vaisseau-Lune, prêtes à en découdre avec lui. Dôraliës, voulant avoir une vue d’ensemble de par le dessous de la coque, se voit donc en face de deux ennemies, le tout invisible aux yeux des autres aventuriers…

Les quatre créatures restantes passent à l’assaut, laissant les 4 blessées en une ligne défensive, à l’arrière. Deux des attaquantes se ruent vers Gleol, qui se tient prêt à les accueillir avec sa lourde hache, et les deux restantes se ruent vers le groupe central du navire, leur barrant la voie vers les blessées…

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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 10 Aoû 2009 06:22 
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Bon, au moins, mon appel au rassemblement est loin d’être resté infructueux, et ce n’est pas l’absence de clairon ou de tambour qui empêche que les têtes qui sont pourtant les plus dures n’obtempèrent face à mes directives, les deux armoires à glace de la bande que nous formons occupant l’avant et l’arrière de notre petit groupement afin que les mages puissent orchestrer leurs attaques plus aisément. Malheureusement, du côté des deux guindés, le résultat est beaucoup moins probant, ces pète-sec n’ayant que faire de mes conseils et faisant apparemment passer leur orgueil et leur égoïsme avant notre survie qui est aussi par conséquent la leur : certes, Dôraliës s’avère moins branque dans le domaine du combat que je ne l’aurais cru, exhibant deux lames de poignet au tranchant assez ostentatoire, mais au lieu de favoriser l’unité, le voilà qui saute à bas du navire pour disparaître de notre vue, étant parti faire l’andouille je ne peux trop savoir où.
Hé bien tant pis pour lui, il le regrettera certainement ; s’il se fait tuer, ce sera de sa faute, qu’il aille à Thimoros, et que Fein aussi aille à Thimoros pour être un tel pleutre et préférer sauver sa pomme comme un trouillard en se calfeutrant entre la vaillante Capitaine et l’imposant manieur de massue elfique ! Nom d’un chien de nom d’un chien, voilà une bataille fort mal entamée, et je pourrais ben sentir mon cœur se refroidir de déception et d’un sentiment d’abandon si celui-ci n’avait pas été bien vite réchauffé de ces glaçantes déconvenues par la chaleur de fournaise dont Aëlwinn irradie en une énergie si puissante que même les impassibles gargouilles de métal paraissent se rendre compte que ça va chauffer pour elles. Et effectivement, dans une vague de magie bouillonnante, son sortilège de grande ampleur se fraie un chemin pour venir échauder méchamment les engins de mort, la responsable de cette ébullition manifestant toutefois d’une voix étonnée sa déconvenue face au manque de résultats auquel elle se voit confronté.

« L’eau diminue ma puissance »… évidemment que l’eau va à l’encontre de l’épanouissement des énergies d’une pyromancienne, nom de Meno ! Je ne sais pas si elle s’en rend compte, mais à mon humble avis de profane, ce qu’elle a accompli est déjà particulièrement impressionnant étant donné qu’il faut, à ce que j’estime, quelqu’un d’une grande puissance pour être capable ne serait-ce que de monopoliser l’énergie des flammes au fin fond de l’océan ! Enfin bon, n’ergotons pas, et avant que les autres harpies en face ne se décident à se mouvoir avec la même célérité que précédemment, attaquons donc en espérant que les pointes de cristal dont mes flèches sont ornées pourront venir à bout de la carapace de métal de nos ennemies !
Malheureusement, que ce soit par la faute de quelque courant marin ou parce que je ne suis pas habitué à tirer en milieu aquatique –ce qui se concevra aisément-, mon double-tir se solde par un échec certes pas retentissant, mais à tout moins fort ennuyant, les deux minutions filant entre les jambes de l’entité de métal pour aller se perdre au loin. Qu’importe, tâchant de réparer ce faux-pas, j’arme un autre envoi, et, prenant exemple sur Maelan qui, lui, n’a pas manqué son coup, je tire une fois encore, profitant que la créature ait été déstabilisée par l’atteinte que mon confrère lui a portée, rencontrant cette fois-ci un heureux succès puisque c’est dans ce qui a été modelé comme un ventre que se fiche mon projectile sans casser. Et il s’avère que nous ne sommes pas les seuls à faire mouche quand un véritable épieu de glace se plante dans une des ailes de nos assaillantes pour poursuivre sans broncher sa route et traverser carrément l’épiderme d’acier, le trou qui en résulte formant une preuve de plus de la puissance du cryomancien.

Cependant, cela représente trop de succès aux yeux de nos adversaires qui, après s’être départis de deux de leurs membres dont la cible laisse peu de place au doute (quand je disais qu’il allait le regretter !), ils se scindent en deux groupes, un sur la défensive et un en pleine offensive, le second faisant à nouveau moitié-moitié pour que le premier duo fonde sur Gleol tandis que le deuxième, volant (ou « nageant » ?) plus haut de manière à passer par-dessus l’être à la petite stature, se rue sur nous. Nom de Rana, avec les deux ailiers que j’avais prévus qui manquent à l’appel, il ne va pas être évident de soutenir cette charge, et étant donné que je vois mal les magiciens comme l’archer se mettre au corps à corps, on dirait bien que ça va être à moi de jouer pour stopper leur avancée ! Evidemment, je ne suis pas très rassuré par la perspective de m’exposer à la morsure de ces ailes méchamment acérées qu’elles exhibent assez éloquemment, mais puisque ceux qui auraient dû nous soutenir ont déserté les postes qui leur étaient assignés, il faut bien que quelqu’un s’en charge, et si je ne suis pas capable de rassembler le courage nécessaire pour m’exposer au danger pour la protection de mes équipiers, qui sera là pour le faire ?

« Ergoth, continuez de couvrir ! » Lancé-je au géant alors que je remets mon arc en bandoulière pour empoigner mon épée dont le sifflement cristallin montre l’envie que cet artefact de blancheur azurée a d’en découdre avec ces viles femmes-oiseaux artificielles.

Jusqu’ici, ni lui, ni son homologue torkin en ce qui concerne les capacités de bourrinage, n’ont pu se mettre à l’œuvre, mais à en juger par la façon dont ces méchantes choses ont manifestement fini de faire le pied de grue et de nous laisser nous organiser comme ça nous chante, il y a de fortes chances pour que l’on puisse avoir droit au spectacle de ces deux masses de muscles en action pour du défonçage d’automates en règle.
De mon côté, même si ce ne sera très probablement pas aussi violent, je compte bien ne pas être en reste, et, prenant mon appui sur le bois toujours solide du pont, je me débarrasse de mon sac d’un mouvement d’épaules pour ensuite détendre mes jambes avec énergie et me projeter de tout cet élan en direction de la paire d’attaquantes, la lame en avant pour une rencontre qui promet d’être percutante. Pourtant, innovant en matière de combat, et pour prouver que les enseignements du Sieur Mirr’Brathas n’ont pas été vains, j’exécute un mouvement de brasse des mains tout en faisant onduler mon corps de manière à incliner l’espace d’un moment ma course vers le bas avant de remonter en chandelle, l’Ongle de Rana pointé droit sur l’abdomen de mon opposante la plus proche.
Je dois avouer que la sensation de l’eau qui sature placidement l’atmosphère tout autour de moi, et dans laquelle je peux me mouvoir de la même façon qu’un oiseau file dans le ciel -bien qu’à allure réduite, je l’admets-, est assez grisante, et l’étreinte douce de l’Empreinte de Rana à même ma peau ajoute à cela une impression de protection supérieure fort réconfortante. En réalité, si nous n’étions pas en plein cœur d’un combat face auquel chacun d’entre nous est plus ou moins pris au dépourvu et au cours duquel nous allons écoper à tout moins de bien vilaines blessures, je me sentirais tout à fait d’humeur à lutter de la sorte avec le sourire aux lèvres. Car d’un autre côté, rien de plus stressant que de se dire que si l’on rate son coup, on s’expose à de cuisantes représailles, et pour cette raison, j’espère vivement que, comme tel est le propos du Passe-garde torkin, ma frappe par le bas pourra empêcher mon ennemie de replier les volumineuses ailes dont elle se servait pour la nage afin de me barrer la route, mettant toute la force de mes deux bras dans mon assaut.

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mar 11 Aoû 2009 16:49 
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Inscription: Mar 23 Déc 2008 19:03
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Mes jambes regroupées pour ne faire qu'une firent des mouvements de va-et-vient qui me permirent de me mouvoir à une allure somme toute satisfaisante. Aidé de mes bras qui me dirigeaient à travers les flots où le courant était loin d'être négligeable, je m'approchai de la coque d'une manière plutôt habile. Avais-je découvert une nouvelle passion ? La nage ? Pourquoi pas ! Cela me semblait à la fois amusant et sportif, activité que je ne faisais qu'une fois toutes les décennies autant dire jamais... Enfin ! Cette promenade sous-marine au milieu des poissons n'en était pas réellement une car au bout de mon objectif se trouvait une guerre sans merci qui s'apprêtait à déferler sur le Vaisseau-lune dans un grondement de fer. Me postant lentement sous la coque, j'attendais de voir ce que l'avenir nous réservait, espérant patiemment le moment où mes aptitudes seraient les bienvenues. Je vis tout d'abord des flèches fondre sur les boîtes métalliques, suivies rapidement d'un projectile glacé certainement l'œuvre de Silmeï. La quatrième bestiole ne fut pas la plus chanceuse, j'eus même mal pour elle vu l'attaque qu'elle venait de se prendre en pleine face... Elle aurait sans nul doute quelques problèmes à se remettre de cette première salve dévastatrice... Toutefois, je n'avais pas vu tout de suite une espèce de boule de feu qui s'était dirigée tout droit sur d'autres boîtes, laissant sur son passage une nuée ardente signe d'une intense chaleur qui se déplaçait dans l'onde... Néanmoins, cette puissante attaque qui aurait dû immoler littéralement un être de chair sur la terre ferme chauffa simplement la carcasse des créatures qui ne furent pas très atteintes... La magie ne serait donc pas notre meilleure amie, on aurait dû s'en douter, l'eau diminuait la puissance des flammes... Dommage Capitaine !

(Mais... Qu'est-ce qu'elles font !)

Érodant en un instant mon fantastique plan qui venait de prendre l'eau, deux bestioles s'approchèrent de moi à une allure imparable. Moi qui croyais être à l'abri de ce genre de violence, hé bien je m'étais totalement trompé ! Déçu par mon manque de réflexion, je venais de me rendre compte que mon acte avait été une nouvelle fois le produit de mon caractère... La situation se retournant contre moi, victime invisible aux yeux de tous, je devais bien me résoudre à me protéger ou à fuir ? Non ! Je n'étais pas un couard, et ce n'étaient pas deux femmes métalliques ailées qui allaient m'effrayer ! Foi de Dôraliës ! C'était le moment rêvé pour montrer ce que je savais faire, bien que personne ne puisse m'observer... Bref ! Mon honneur en dépendait et puis, j'avais une tâche à accomplir : retrouver le traître et lui faire payer l'affront commis contre l'ensemble de l'équipage ! Cependant, en cet instant précis, je me sentais terriblement dénué face aux ailes acérées de mes charmantes assaillantes qui bientôt ne feraient qu'une bouchée de mon frêle corps. Déglutissant à l'idée de recevoir une plume de métal en plein cœur, je devais bien admettre que ce combat allait se révéler bien plus complexe que je ne l'aurais cru... Bien ! Au lieu de tergiverser et d'attendre comme une andouille le déluge qui n'arriverait probablement jamais vu que je me trouvais au fond de l'océan, il fallait que j'agisse en toute simplicité.

(Et si je tentais de charmer ces créatures cauchemardesques ? Non ! Elles pourraient mal le prendre... Bon, hé bien, je pense que je vais devoir jouer de mes mains !)

Me positionnant à l'envers, les pieds en haut et la tête en bas, je donnai une nouvelle impulsion contre la coque du navire ce qui me permit de prendre de la vitesse et de descendre de quelques centimètres dans les profondeurs. Fébrilement, n'écoutant que mon instinct de survie qui m'ordonnait d'en finir avec ces démons océaniques, je me déplaçais dans les eaux, mon masque me protégeant de la substance aqueuse qui m'entourait. Mes jambes exerçaient des mouvements fluides, m'aidant à avancer dans ce milieu hostile. M'approchant de la boîte de gauche, je fonçai sur elle, gagnant en vitesse pour créer le plus de dommages possibles. Le poing droit en avant, le gauche collé contre mes côtes; seules mes jambes me permettaient d'avancer. Le regard perçant comme celui d'un épervier, je me préparais à la collision, à moins que mon adverse ne réussisse à m'éviter au dernier moment...

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Maître musicien pour vous servir...


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 Sujet du message: Re: Chapitre 4 : Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 12 Aoû 2009 12:02 
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Aïe. Aïe aïe aïe. Pour un premier assaut, on peut dire qu'on aurait pu mieux s'en sortir. Les harpies de fer nous laissaient un bel avantage à attendre ainsi comme de vulgaire boîtes de conserves dans un chamboul'tout d'être frappées, aussi avions-nous l'occasion de déchaîner toute notre puissance sans semonce. C'est donc avec une grimace de dépit que je vois les projectiles de Léonid filer entre les jambes de sa cible, sans l'endommager, ou que je constate la disparition pure et simple de Dôraliës, ou bien encore lorsque je vois ce pleutre de Fein qui, au lieu de soutenir nos flancs, vient pitoyablement se planquer derrière Aëlwinn. Quand je pense que ce cancrelat a survécu alors qu'un elfe comme Eleth a dû succomber à la tempête, il me vient des pulsions meurtrières qui me feraient presque changer de camp juste pour avoir le plaisir de lui faire manger ses entrailles. Qu'il puisse se rendre compte lui-même à quel point il a un goût abject.

Enfin, positivons tout de même: le capitaine, en bonne maîtresse des flammes, a méchamment endommagé trois de nos ennemies, bien qu'avec une puissance diminuée (qui est au moins dix fois supérieure à la mienne...). Et la cible que nous avions tous prise se retrouve criblée de deux flèches et de mon propre projectile de glace, ce dont je ne suis pas peu fier. Cependant je déchante bien vite : nos assaillantes passent subitement à l'action, actionnant funestement leurs ailes vengeresses, dans une coordination qui ferait pâlir n'importe quelle armée. Simultanément, six harpies rompent les rangs et lancent une attaque par groupe de deux. Les paires meurtrières se répartissent sans aucun problème leurs cibles: Gleol attend de pied ferme, sa hache frémissante, un premier duo, tandis qu'un second disparaît sous le navire pour je-ne-sais-quelle obscure raison, et qu'un troisième fonce sur notre petit groupe.

Mes yeux s'agrandissent subitement devant le danger qui court droit sur nous. Avec un pincement au coeur, je jette un coup d'oeil coupable à Gleol qui se retrouve à devoir lutter contre deux adversaires, seul. De malaise, je me mords férocement la lèvre inférieure. Cette situation infernale était encore le fait de ce foutu Visage pervers. Je me refuse clairement à perdre un autre compagnon (enfin, bon, pour Fein et Dôraliës, je ne sais pas.), aussi suis-je un instant déchiré par l'inquiétude de voir le robuste nain transformé en viande hachée sous nos yeux. Mais l'évidence s'impose bien vite: Gleol semble loin d'être sans défense, alors autant se préoccuper d'abord des deux harpies qui foncent sur nous en fendant l'onde de leurs plumes acérées.

Léonid, toujours prompt à la réaction, n'hésite pas un instant à se jeter sur l'une de nos attaquantes, s'érigeant en fidèle protecteur. Pas comme cette taffiole de Fein. Je suis sur le point de suggérer à Aëlwinn d'attaquer la même harpie que Léonid, avant de me rappeler que l'attaque de la magicienne risquerait de faire bouillir notre compagnon en même temps que la bestiole caparaçonnée. Bon, il faut donc régler son compte à sa petite copine, qui fond sur nous, se trouvant dangereusement à proximité. Bien trop à mon goût, d'ailleurs. Comment diable faire pour nous débarrasser d'elle rapidement?

(Une idée de génie peut-être?)

Seul le silence apeuré d'Aurore me répond. Je n'avais pas encore remarqué le mutisme de ma Faera, mais dès l'instant où les harpies ont commencé à passer à l'attaque, ma petite boule de fluide s'est subitement tue, me donnant l'impression d'être seul dans mon esprit. Comprenant qu'elle s'inquiète pour moi, je lui envoie une profonde onde de chaleur, d'affection et de réconfort, bien plus éloquente qu'un discours. Allez Aurore, courage!

Aïe. Elle sera sur nous d'instant à l'autre. Il faut réagir, maintenant. J'empoigne à nouveau fermement mon pouvoir glacé, et annonce précipitamment aux elfes qui m'entourent, sans m'embarrasser de politesses ou de ronds-de-jambe:

" Aëlwinn, vous la cuisez. Moi je me charge de la clouer au sol avec une flèche de glace. Fein, dès qu'elle est fixée au pont, vous clouez son aile avec votre dague. Ensuite Ergoth, vous l'abattez. "

Une seconde plus tard, la créature est sur nous. Je crie à mes compagnons un péremptoire "Poussez-vous!", avant de brusquement prendre mon envol en battant furieusement des ailes. Je grimace devant l'effort physique que cela me demande, sans compter le fait devoir tenir la bonde à mon pouvoir. Ceci me permet de me placer au dessus de la harpie, qui se trouve désormais entre le bois du pont et moi. Espérant qu'Aëlwinn passe à l'action, je fais sortir un nouveau fluide de mon bras droit, tout en l'entortillant sur lui-même, attendant le moment parfait pour clouer notre saleté d'acier par terre. Ce moment me semble être arrivé.

Avec toute ma puissance et ma hargne, j'envoie mon furieux projectile de glace contre la harpie visant la base de son aile droite, ce qui, j'espère, la clouera par terre comme un vulgaire papillon dans la collection d'un entomologiste.

Tout ceci sans cesser de prier pour notre salut.


A corriger

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