Lillith a écrit:
La méfiance de De me parait sévère, mais je n'ai pas envie de me justifier, ce qui signifirait passer par la remémoration de certains souvenirs.
(Ca finira par s'arranger, ne t'inquiète pas.)
En contre-partie, Lelma me redonne pleinement sa confiance, ainsi que Seyra dont l'humeur joyeuse me contamine. Je réponds par un sourire difficilement dessiné en forçant sur mon visage figé hors de toute humanité pendant une période qui m'a semblée bien longue.
Nous continuons vers le nord, dans un terrain à moitié enneigé. Je préfère archait sur les parties sous la neige car plus facile à répérer avec ma vue thermique. Nous atteignons un autre sommet en fin de journée et les cartographes font leur classique travail de traçage. Je vais du coté d'Avéroès, prévoyant de lui demander un menu service par la suite. Le long de la journée, j'ai pu étudier les silhouettes de mes compagnons pour les reconnaitre et je me sens un peu plus à l'aise dans le groupe.
Par contre, la période de dessin est d'un ennuie profond pour moi. Je ne peux contempler le paysage, ne voyant qu'un brouillard blanchâtre virant au gris par endroit. Au bout d'un moment, les autres s'agitent, a priori ayant remarqué un campement dans la plaine, non loin de la carcasse de l'aynore. Déçu de ne pouvoir voir tout cela, je fixe le lointain à la recherche d'une tache noire me présentant la présence d'un feu de camp ou d'une chaleur humaine, mais rien.
(C'est peut-être tout simplement la distance qui veut ça... Ca ne veut pas dire qu'ils ne sont pas toujours vivants.)
Pendant le repas, je regarde longuement Keynthara. Sa silhouette n’est pas noire ou gris sombre comme les autres, mais un gris clair qui m’interroge beaucoup.
(C’est parce que c’est une aniathy, c’est la magie qui l’anime, pas des chairs produisant de la chaleur.)
(Elle n’a pas d’âme ? Ma mère disait que l’âme est un petit feu dans notre cœur.)
(Ks ks ks… Non idiot, La magie a justement pour but de créer une âme dans une marionnette. C’est assez particulier. Ta mère utilisait une image, une métaphore.)
Sa révélation me déstabilise.
(Si la chaleur n’a rien à voir avec l’âme, pourquoi suis-je « chaud » alors que je suis destiné à la glace de Yuia ?)
(Parce que tu es humain tout simplement ! C’est corporel. Et ton allégeance au froid ne t’oblige pas oublier ta réalité physique, que tu as tendance à mettre de coté. Tu devrais te lâcher un peu plus. Ks ks ks…Ca réussit bien à certains de tes amis, alors hésite pas.)
Elle part dans un fou rire mental un peu désagréable et je replonge dans mes pensées sur le cas particuliers des aniathys. Avant de me coucher, je vais voir le médecin pour lui parler de mes yeux.
« Arévoès. Je vous voudrai vous demander un petit service. Voilà, comme vous pouvez sûrement le voir, ce n’est pas vraiment mon cas. Outre le jeu de mot, j’ai était victime d’un maléfice particulier d’un dragon cristallin qui m’a modifié les parties essentielles de l’œil, bloquant ma vision. Par un heureux hasard, j’arrive à compenser cela par une vue thermique, mais elle a ses limites et j’aimerais retrouver la vue. Je pense que vos soins magiques et le temps pourrait me rétablir. Vous voulez bien m’aider ? »
Arévoès examine un instant mes yeux.
"Je ne crois pas faire grand chose, c'est un phénomène étrange. Le mieux que je puisse faire est de désinflammer le tour des yeux qui a pris cher quand tu as reçu ce fameux maléfice. Quelques soins à base d'onguent pourrait aussi gommer la plupart des cicatrices."
Je hoche la tête et laisse le médecin faire son office.
(Je vais pouvoir retrouver la vue à ton avis ?)
(Je t'ai dit de ne pas t'inquièter sur ce coup. La magie finira par se dissiper. Seul les dieux peuvent rendre la magie éternelle.)
(Mais si ce n'est pas la magie elle même mais simplement une conséquence après la magie ?)
Kristal reste silencieuse. De toute manière, je crois que je ne préfère pas savoir la réponse si elle la connait.