Je suis seul, dans le noir. Assis, recroquevillé sur moi-même. Le temps semble avoir cessé de passer. Je me sens bien. J'ai chaud et ne manque de rien. Puis, un choc se fait ressentir, un autre. ça devient régulier. Et tendis que mes yeux s'entrouvent et je me remémore ce qu'il s'est passé un peu plus tôt. Puis je cherche à comprendre ce qui se passe, et mes yeux s'entrouvrent un peu plus, je suis porté par quelqu'un de fort... Tathar.

Je me souviens, Naral, et ma tentative futile. Les autres sont en train de parler, je ne bouge pas et écoute. Naral est tout près, et je ne me sens pas encore la force de lui faire face à nouveau. Une voix féminine parle, je ne comprends pas tout, mon esprit est encore embrumé.

Puis j'entends le mot "entrée du temple", j'ouvre complètement les yeux, et demande à Tathar de me lacher, ce dernier met quelques secondes à s'en appercevoir.
Il déssère son étreinte, et je me laisse glisser jusqu'au sol.

Je chancèle un peu, quand Naral m'a arrêté net après ma course, ça m'a tout de même mis un sacré coup dans l'estomac. Je ne dis rien. Je n'ai rien à dire.
tandis que nous nous éloignons, Rosbac arrive.

Quand il s'approche d emoi, il est pris d'un leger mouvement de recul et me contourne.

D'un ton fatigué, je lui lance:

"Je vous ai dit que je ne vous mangerais pas Rosbac, je ne mange pas de chair humaine. Si vous voulez avoir peur, craignez Naral, il est bien plus dangereux que moi."

Je m'approche d'Ezak, pret à m'excuser pour toute cette histoire, puis renonce, je ne suis pas très à l'aise dans ce genre de situation.Naral marche un peu en retrait, plus sur le bord du chemin, tandis que la femme marche en tête.Mon regard croise celui de Ramos, je ne sais quoi penser, alors je tourne la tête.

J'esquive le regard de Naral, celui de tout le monde en fait, puis m'approche un peu d'elle.

Je contemple son corps, ses formes, ses muscles qui se tendent et se détendent tandis qu'elle marche, ses cheveux portés par le vent. Elle est vraiment très belle. Je rêvasse quelques secondes tout en la contemplant d edos, quand je rends compte que tout le monde doit avoir l'impression que je la matte. Je suis pris d'un sursaut et je détourne le regard.

(peuh, c'est une elfe... une belle elfe néanmoins.)

Je m'interroge quelques secondes sur ce qui me plais, et repense aux danceuses du village Woran, elles sont plus... enfin moins...... les mots me manquent, toujours est-il que je regrette que cette femme ne soit pas au moins Woran. J'hausse les épaules et pousse un soupir, ça fait longtemps que je n'ai pas eu de compagnie.

Puis je me recentre sur des choses plus sérieuses, cette fille semble porter une croix bien lourde pour ses jolies épaules, et ses yeux semblent être à l'image du brasier qui l'habite, elle semble receler une colère sourde.

Je me met à sa hauteur et lui addresse la parole, tout en dénouant le bandeau qui retenait mes cheveux en arrière, ils retombent, me redonnant ma coiffure d'origine.

"Je suis Kafziel, membre du groupe à temps partiel, enchanté de faire votre connaissance."

Je parle sur un ton banal, je n'ai toujours pas digéré mon conflit avec Naral.

"Voyez vous je ne sais rien de ce qui nous attends, vous semblez y voir plus clair que la majorité ici, serait-il possible que vous nous expliquiez cui se trame avec ce temple?"

Les rugissements du chef Woran résonnent dans tout le village. Je ne comprends pas un traître mot de ce qu’il raconte mais les félins encore en vie ne tardent pas à faire le "ménage" dans le village.

Rorrouck nous fait signes. Un peu a contre cœur, je rejoins Naral et le reste du groupe. Les paroles du Worans sont claires. Il apparaît clairement que nous ne sommes plus les bienvenus et que de lui, nous n’obtiendrons aucune aide.
Ce Worran que je commençais à apprécier, me parait soudain comme la pire ordure sur cette terre.

(Ingrat ! Dire que j’ai risqué ma vie aux cotés de son peuple.)

Mais le problème est bientôt résolu. Une superbe elfe, fait son apparition. Elle est vraiment très belle et je me surprend même à la contempler longuement. Amalthia, c'est son nom. Et c’est elle qui nous mènera vers l’or tant convoité.
Mais malgré tout, mes sentiments sont plutôt partagés. Certes nous avons un guide, mais l’idée qu’un membre étranger s’ajoute à notre groupe ne m’enchante guère. On ne connaît rien de cette femme et puis son regard est vraiment troublant. J’espère sérieusement que l’on aura pas droit à un autre monstre façon Naral.

Quoi qu’il en soit, tout est réglé. Kafziel est à nouveaux par mis nous, nous avons finalement un guide et plus surprenant Rosbac fait son apparition alors que nous quittons le village.

Dire que je me suis inquiété pour lui, alors que pendant tout ce temps ce lâche se cachait derrière son tas de bois. Mais dire que je ne suis pas soulagé en cet instant serait me mentir à moi même.
Je fais mine de ne pas l’avoir remarqué et me rapproche de Selena. Je mets quelques temps à trouver mes mots mais finalement je m’exprime.

« Et bien… Merci pour tout à l’heure. Je crois que l’on peut dire que j’ai une dette envers toi. »

Puis je me retourne vers Rosbac avec un regard mauvais.

« Quant à toi. Je vais te faire regretter de ne pas être rester dans ta cachette. »

Il y eut un instant de flottement. Le sauvage enragé tremblait d'indignation, et il m'eût eu attaquée dans la seconde qui suivit si un hurlement dément n'avait pas détourné notre attention à tous.

« SORS DE MA TEEEEETE »

Brusquement, tous les combats cessèrent. Les regards des combattants et des blessés, peut-être même ceux des morts se tournèrent vers l'entrée du village d'où provenait le cri.
Au milieu de la place, Rann, le petit humoran noir et nerveux. Un rapide coup d'oeil au sauvage m'apprit qu'il n'était plus un danger, et je pus boire des yeux toute la scène qui suivit. L'humoran sembla s'affaiser tout d'un coup, vidé par son cri, puis il galopa jusqu'à la fontaine et y plongea tête la première.

(Qu'est-ce qui lui arrive ?)

J'avisai Naral qui prenait une posture où l'arrogance tirait vers l'intérêt hautain. Et quand Rann eut fini sa longue apnée, ce fut un autre humoran qui jaillit du bassin comme une flèche. Un humoran bien connu, au poil plus fourni, et strié de rayures orangées.

(Kafziel !)

Il était déchaîné. Dans un rugissement bestial, il fonça sur Naral, et, s'emparant de deux lances dans sa course, il lui bondit dessus dans l'espoir de le pourfendre. Je vis alors l'animal endiablé foncer sur l'elfe serein, et ce dernier repousser l'attaque dans un hurlement diabolique en saisissant Kafziel à deux mains. L'humoran perdit ses armes et se retrouva pris comme une brindille entre les griffes de Naral, dont la force surhumaine nous inquiétait tous.
Et encore une fois, je reconnus avec appréhension la lueur de folie qui brillait dans ses yeux lorsque notre chef ne se contrôlait plus.
Quand sa démonstration d'aliénation fut terminée, il lâcha brusquement sa victime et conclut sur une phrase sinistre à laquelle nous étions habitués:

« Allons messire humoran… Ce serait triste de vous perdre… »

Je frissonnai, regardant l'humoran effondré sur le sol. En détournant les yeux, je constatai que tous les sauvages avaient fui devant l'explosion de Naral. Que ne l'avait-il faite plus tôt ?
Nous n'étions plus entourés que par les morts et les agonisants. Les worans, épouvantés, attendaient dans un silence glacial.
Le seul qui ne semblait aucunement perturbé était Naral lui-même. D'un geste, il coiffa ses cheveux mauves puis s'appuya nonchalamment sur sa canne, comme pour contempler l'étendue de son oeuvre.
Je ne savais plus où penser. Aussi perplexe que les autres, mon cerveau décida de traiter les informations plus tard. Pour l'heure j'attendais béate la suite des événements.
Le silence qui suivit fut ponctué de râles d'agonie et de soupirs contenus. A mes pieds, Ezak semblait aussi mal en point.
Puis, le chef des worans reprit la situation en main. Depuis le rempart et à grands renforts de grognements incompréhensibles, il rassura ses villageois. Après son discours, ce fut comme si tout le village était mué par une volonté de réparation. Chaque woran prit en charge un mort ou un blessé, et tous d'un seul mouvement entreprirent de nettoyer le champ de bataille, dans un esprit de soutien mutuel qui me toucha profondément. Cette sensation tranquille fut rompue lorsque je les vis qui commençaient à balancer les corps des sauvages par dessus les remparts.

(Il n'y a donc plus aucune place pour l'honneur dans ce monde...)

Le chef woran descendit, puis s'adressa à nous en ces mots:

« Vous vous êtes bien battus, tous, et pour ça, je vous remercie. Mais votre présence ici est maintenant devenue dangereuse pour nous. Vous devez partir, tout de suite ! Nous ne voulons pas attirer les foudres des forces occultes de l’île sur notre village…Partez… »

On remarquait alors la crainte que portait son regard vers Naral. L'elfe lui répondit.

« Nous partons, cher ami…hihihi…Mais vous nous aviez promis votre aide si nous vous montrions notre bravoure…Qu’en est-il donc advenu, de cette promesse ? Hihihi… »

Le chef, gêné, rétorqua qu'il devait rester pour veiller sur son village; il ne pouvait nous venir en aide.

(On ne le trouvera jamais ce trésor...)

Alors que toute notre troupe d'aventurier paraissait dépitée, une voix très noble s'éleva derrière nous.

« Je les accompagnerai…Aventuriers, j’irai avec vous au cœur de la montagne…Il y a si longtemps que j’ai des comptes à y rendre… »

Nous nous retournâmes dans un seul mouvement pour découvrir la grande elfe qui venait de parler. Je fus frappée par l'aura de prestance qui émanait de sa personne et par ses yeux à l'étrange couleur jaune.

(Qui est-ce ?)

« Je suis Amaltia. Je sais où se situe l’entrée du temple… »

(Chouette !)

C'est alors que je vis une curieuse chose se produire. Naral eut un regard égaré, et d'une voix rêveuse il répéta son nom.
L'elfe impitoyable était-il sous le charme ? Sandro aussi vint saluer l'arrivante, puis Kafziel qui s'attarda également sur ses formes et enfin Ezak qui, remis de ses contusions, admira l'elfe aux yeux jaunes. Je détaillai à nouveau la majestueuse créature. Plus je l'observais et plus son allure me déplaisait. J'y voyais quelque arrogance et ses traits me parurent grossiers. Elle avait par ailleurs la carrure d'un homme. Au moins, elle nous mènerait au trésor...
Nous conformant aux demandes du chef woran et ayant trouvé un guide, nous nous réunîmes pour quitter le village. Alors que Tathar s'occupait de Kafziel, je m'aperçus que Raash n'était plus là. Mais je ne pouvais m'attarder pour lui. Je n'avais pas compris son problème et la menace de Naral me semblait trop grande. Le capitaine surgit brusquement de derrière un tas de bois et nous quittâmes le village.
Alors que nous partions, Ezak vint me remercier de mon « intervention » lors du combat. Je lui souris.

« Une dette? Tu plaisantes, je n'ai rien fait. Si Kafziel n'avait pas débarqué, ce sauvage nous aurait peut-être mangés tous deux ! »

Mes derniers mots étaient ironiques. Le guerrier alla ensuite vers Rosbac et je rejoignis l'avant du groupe.